KHL 2011/12 : bilan

 

Résultats du championnat russe

 

Dynamo Moscou (1er) : le lutin chanteur

Pour la première fois, la Coupe Gagarine a été soulevée par une équipe de travailleurs. Il fallait cela pour qu'un club moscovite redevienne champion face aux puissances pétro-financières de province. L'entraîneur Oleg Znarok a pu compter sur un effectif équilibré et défensivement appliqué, comme au MVD il y a deux ans avant qu'il se fasse absorber dans le Dynamo. Le seul joueur sélectionné aux championnats du monde dans cette équipe a ainsi été Denis Kokarev, un attaquant défensif aligné face aux meilleures lignes adverses pour les neutraliser. Cependant, le club moscovite n'a placé aucun joueur dans les cinquante premiers marqueurs, et ne semblait pas avoir de première ligne.

Le Dynamo dispose tout de même d'un budget suffisant pour se renforcer, et l'a utilisé pour recruter Mikhaïl Anisin. L'attaquant de poche s'est révélé au Vityaz et s'est fait encore plus connaître en chantant "O sole mio" lors du All-Star Game de KHL ! Mikhaïl s'est souvenu avoir écouté Pavarotti à la Scala quand son père - le célèbre international Vyacheslav Anisin - finissait sa carrière à Milan. Avec sa petite taille improbable de 1m64, Anisin a fait valoir ses feintes intelligentes et rapides au milieu des armoires à glace.

Anisin a complété une ligne forte, avec le centre défensif Konstantin Gorovikov et l'agressif Leo Komarov, qui se nourrit de l'antipathie que lui vouent le public et les joueurs adverses. Le lutin Mikhaïl Anisin, avec 14 buts en play-offs, a battu le record de Morozov de 2006 !

Le manque de gabarit n'a pas handicapé le Dynamo. En l'absence d'Igor Shchadilov blessé, aucun arrière ne dépassait 185 cm. Insuffisant pour être champion ? La preuve que non ! La mobilité était plus importante cette année. Fin janvier, les Moscovites avaient quatre défenseurs à l'infirmerie, Dominik Granak, Filip Novak, Janne Jalasvaara et Shchadilov. Mais Znarok a appris des erreurs de l'an passé, et n'a pas forcé les retours de blessure. Les trois défenseurs étrangers ont pris le temps de se rétablir à temps pour les play-offs, où ils ont joué un rôle important.

La touche décisive a été apportée par deux joueurs qui avaient déjà été champions l'an dernier à Ufa, mais qui avaient besoin de changer d'air. Aleksandr Eremenko n'avait presque pas joué, et le choix de remplacer un gardien étranger éprouvé (Garnett) par ce vétéran a été discuté. Mais Eremenko a travaillé techniquement et prouvé qu'il était loin d'être fini. Au tournant de l'année, sa place de titulaire semblait menacée par Aleksei Volkov, mais il n'en est arrivé que plus frais en play-offs. Eremenko y a remporté le trophée de MVP. L'autre transfuge du Salavat, c'est Jakub Klepis, arrivé à l'automne parce qu'il voulait plus jouer en supériorité numérique. Au Dynamo aussi, la concurrence est rude, et le Tchèque a parfois figuré en quatrième ligne. Mais le néo-moustachu était là au bon moment pour marquer le but décisif du titre.

 

Avangard Omsk (2e) : pas de hockey l'été pour les dopés

En novembre, le financeur de Chelsea et de l'Avangard, Roman Abramovich, a fait une visite à Omsk pour rencontrer le gouverneur. Au menu de leur conversation figurait le destin du club local. Les deux principaux bailleurs de fonds partageaient un constat similaire : leur argent était mal dépensé. Le manager général Anatoli Bardin, qui a pourtant le cuir dur et a survécu à nombre de crises et de scandales, a cette fois dû prendre la porte. Et l'on a re-créé un poste de président, confié à un ministre du gouvernement régional, Aleksandr Sterlyagov, afin de mieux tenir les finances.

L'Avangard connaissait en effet des difficultés inhabituelles de trésorerie, y compris pour payer - ô paradoxe - la "taxe de luxe" auquel le condamnait sa masse salariale au-dessus du plafond. Ce haut budget ne semblait pas employé à si bon escient, et l'on critiquait le salaire de star donné à Aleksandr Frolov, pour un joueur de troisième ligne qui travaille dans les coins. Quant à l'autre recrue offensive majeure, Denis Platonov, l'ancien buteur de Magnitogorsk a été mis dehors en décembre avec un seul but au compteur !

Le prochain à se faire débarquer, c'est l'entraîneur tchèque Rastislav Cada. La défense poisseuse, sa marque de fabrique tactique, produisait peu de résultats et commençait à lasser le public. Omsk a donc rappelé Raimo Summanen, que Bardin avait empêché de venir au dernier match de play-offs neuf mois plus tôt. Le Finlandais voulait sa revanche en préparant parfaitement son équipe pour les séries.

D'entrée, il apposait son empreinte en modifiant toutes les lignes. Il n'a d'ailleurs jamais cessé de changer et d'expérimenter, par exemple en intronisant l'habituel ailier Aleksandr Popov au centre. On s'est un temps inquiété d'un passage à vide de Roman Cervenka, privé d'un entraîneur compatriote et peut-être boudeur. Mais il en fallait plus pour démotiver l'attaquant tchèque, converti à la religion orthodoxe en se faisant baptiser dans les eaux du fleuve Irtysh (il aura décidément copié son modèle Jagr sur tous les plans). Il restait le meneur offensif de l'Avangard, jusqu'à devenir le meilleur marqueur des play-offs.

Comme l'an passé avec Riha, la Russie s'est donc prise de passion pour un coach plein d'émotions qui fonctionne à l'adrénaline : Summanen également a mené son équipe très loin, mais s'est avoué vaincu. Le Finlandais, amer, a qualifié d'infirmes ses joueurs qui n'ont pas su conclure une finale qu'ils ont menée 3 victoires à 1.

Aleksandr Perezhogin et Aleksandr Popov, qui ont échangé leur habituel partenaire Kuryanov pour Cervenka (avant de devenir champions du monde aux côtés de Malkin), ont pourtant excellé. Perezhogin, le joueur le plus régulier, avec son tir instinctif du poignet, a inscrit les trois buts décisifs de son équipe en finale ! Mais pour être champion, il en aurait fallu quatre ! Les autres lignes, en effet, n'étaient pas au même niveau.

L'autre souci est venu d'Anton Belov. Ce défenseur avait déjà fait scandale en demi-finale pour un coup de patin arrêté à temps, qui n'a touché "que" le maillot du prodige adverse Kuznetsov. Belov, qui voyait dans l'impact physique la clé de la supériorité de l'Avangard, a été le symbole de la victoire contre le Traktor par son but vainqueur en prolongation. Mais en finale, Belov a été contrôlé positif à la méthylhexanamine. Il a ainsi illustré les limites de la politique anti-dopage de la KHL. Le nombre de contrôles (856 en KHL, VHL et MHL, six fois plus que l'an passé), dont les autres ligues feraient bien de s'inspirer, n'est pas en cause. C'est plus la confidentialité des sanctions qui fait débat. Le cas Belov a été révélé à la presse par l'adversaire, le Dynamo, dans une sorte de guerre psychologique. Et surtout, le verdict rendu début juillet est ridicule : Belov a été suspendu trois mois... du 21 avril au 21 juillet ! Pauvre hockeyeur qui n'a pas pu jouer au hockey pendant... les vacances !

 

Traktor Chelyabinsk (3e) : l'étoile Kuznetsov et le recordman du monde Ryazantsev

Lorsqu'un club décide d'investir fort, il est rare qu'il en récolte les fruits immédiatement. Le Traktor Chelyabinsk y est parvenu, en terminant premier de la saison régulière, et en ne se ratant pas en play-offs... où il n'avait plus passé un tour depuis dix-huit ans ! Entre-temps, le Traktor avait passé du temps en deuxième division. Mais voilà ce club légendaire revenu parmi les grands du hockey russe.

Ce retour au sommet doit beaucoup à Valeri Belousov. L'entraîneur légendaire dans l'Oural n'est pas seulement rentré au pays, il a aussi convaincu quelques anciens poulains du Traktor d'en faire autant. Sa priorité s'appelait Konstantin Panov, en qui il avait toujours cru. Il en a fait le moteur de l'équipe, et à 31 ans, le méconnu Panov a fait sa meilleure saison pour son retour dans son club formateur.

Mais la star, c'est évidemment Evgeni Kuznetsov. On ne compare même plus ce grand talent à ses contemporains, mais à ses illustres aînés : il a fait mieux que Malkin mais moins bien qu'Ovechkin au même âge. Blessé aux ligaments en fin de saison régulière, il s'est fait poser une protection en fibre de carbone autour du genou en Allemagne au début des play-offs pour revenir mener son équipe. Il y est parvenu jusqu'en demi-finale face à l'Avangard Omsk, qui a élaboré un plan anti-Kuznetsov : les Sibériens ont profité de la mobilité de leurs attaquants pour en attribuer un au marquage du junior et l'empêcher de prendre de la vitesse.

Le Traktor s'est donc incliné face à un Avangard qui imprimait un rythme fort à quatre lignes. Il n'avait pas la même profondeur de banc, surtout avec des blessés importants comme Vladimir Antipov et Raymond Giroux. Les espoirs reposaient beaucoup sur le gardien Michael Garnett, enfin un gardien de play-offs pour Chelyabinsk. Il a été longtemps excellent, mais a perdu son duel face à Karri Rämö (Omsk) en demi-finale.

Les play-offs ont également montré les limites d'Aleksandr Ryazantsev. Le défenseur avait battu le record du monde de Kulyash lors du All-Star Game. Vainqueur du concours de puissance de lancer, il a réclamé deux essais supplémentaires et a été "flashé" à la vitesse incroyable de 183,7 km/h ! Solide dans sa zone, gros pointeur, il a réussi une si bonne saison qu'il a été convoqué en équipe nationale pour la première fois depuis 2005. Ryazantsev a cependant déçu en play-offs, où il a commis trop de fautes inutiles. À l'heure du bilan, Belousov a donc cité Deron Quint comme son arrière le plus fiable et le plus stable, malgré ses statistiques (y compris +/-) plus faibles.

 

SKA Saint-Pétersbourg (4e) : des renforts étrangers pas décisifs

Le SKA est devenu aujourd'hui une des grandes équipes russes. Il est sorti de l'ombre du Zénith, le club de football de Saint-Pétersbourg, et s'est construit son public propre, plus familial. Il a dépassé cette saison les 10 000 spectateurs de moyenne. Mais il lui manque toujours la consécration.

Aleksandr Medvedev, le patron de la KHL, soutient toujours le SKA même s'il a quitté sa position officielle de président. Il avait promis de se faire une coupe à la Beatles si son club remportait la Coupe Gagarine... mais ce n'est pas encore cette année que l'on verra le haut ponte de Gazprom en Sergent Pepper. Saint-Pétersbourg s'est arrêté en demi-finale, ce qui est quand même son meilleur résultat depuis 1994.

Le rouleau compresseur paraissait pourtant lancé en play-offs, mais il s'est bloqué face au Dynamo Moscou, avec une défaite en quatre matches secs. Encore une fois, les doigts se sont pointés sur le gardien tchèque Jakub Stepanek, qui avait été décisif au tour précédent contre l'Atlant, mais qui a paru nerveux, peut-être perturbé par des rumeurs (démenties) de recrutement d'un nouveau titulaire. Le leader défensif Dmitri Kalinin, malade avant cette finale de conférence ouest, n'avait plus son niveau habituel. Le SKA a aussi pâti de son indiscipline, l'incorrigible Evgeni Artyhukin - souvent rappelé à l'ordre par son entraîneur Milos Riha - n'étant pas le seul en cause.

L'échec du SKA est surtout celui d'un des plus gros potentiels offensifs de la KHL. Une attaque si dense que Vladimir Tarasenko, recruté comme joker, n'a évolué qu'en quatrième ligne. Une position qui a fait débat, mais qui n'a pas perturbé le talentueux junior puisqu'il a été le meilleur marqueur de l'équipe en play-offs.

Cela montre surtout que les leaders ont failli. Qu'est-il advenu des quatre étrangers qui étaient aussi les quatre meilleurs compteurs ? Les Suédois Mattias Weinhandl et dans une moindre mesure Tony Mårtensson ont faibli. Petr Prucha et Patrick Thoresen ont fait leur travail en infériorité, mais leur partenaire prévu de première ligne Maksim Afinogenov s'est blessé en octobre et n'est pas revenu aussi fort. Dans l'intervalle, Viktor Tikhonov junior a tout de même agréablement surpris en remplaçant efficacement Afinogenov. Riha a donc beaucoup modifié ses trios sans jamais trouver de ligne idéale.

Riha, qui dispose d'un des plus beaux effectifs de la KHL, n'a pu empêcher de se plaindre encore. Il a répété qu'il n'a pas choisi tous les joueurs et réclamé de travailler à long terme. Le coach tchèque a été exaucé puisqu'il a resigné pour deux ans.

 

Metallurg Magnitogorsk (5e) : meilleurs vieux de l'Oural

Aleksandr Barkov n'aura passé que deux mois dans l'environnement - pollué - de Magnitogorsk avant de retourner dans son pays d'adoption, la paisible Finlande. Il aura suffi de dix rencontres de championnat - et six défaites - pour qu'il soit licencié. Le bel ordre qu'il avait semblé installer en pré-saison n'a pas concrétisé, et il a renoncé de lui-même à ses lignes, sans résultat. Il s'est désolé du peu de patience des dirigeants qui l'ont licencié, en rappelant qu'il ne fallait pas espérer de miracles rapides après avoir changé 17 joueurs à l'intersaison.

Magnitka a alors appelé Fedor Kanareikin, l'homme du titre de 2007, qui avait été licencié quelques mois après pendant que l'équipe était troisième du classement. Quatre ans plus tard, il est revenu dans une situation autrement difficile. Le leader offensif Sergei Mozyakin traversait une crise de confiance, et le Metallurg était dixième de la conférence est à la trêve de novembre, même pas qualifié en play-offs...

Première réaction, l'arrivée d'un gardien finlandais Ari Ahonen, pour supplanter un Georgi Gelashvili parfois défaillant. Mais, en fait de sang neuf, Magnitogorsk a choisi de s'injecter du... sang vieux. Au grand désarroi de ses supporters, il a engagé Oleg Tverdovsky et Maksim Sushinsky, les deux ex-internationaux mis au placard par le Salavat Yulaev. Les résultats furent mitigés. Le défenseur Tverdovsky, qui se plaignait de n'avoir jamais eu la chance de jouer les premiers rôles en quatre ans et demi à Ufa, a subi le même sort dans l'Oural et a fini les play-offs en tribunes. En revanche, l'attaquant Sushinsky s'est réjoui de pouvoir délivrer des passes décisives à un pur buteur comme Mozyakin et s'est révélé tout son métier en play-offs.

Si le Metallurg Magnitogorsk a passé le premier tour après trois succès en prolongation, c'est uniquement par le métier de ses vétérans Sushinsky, Mozyakin et même Daniil Markov, le dernier joker recruté en janvier. Même Sergei Fedorov, à 42 ans, passait encore 19 minutes sur la glace. Mais cette formation vieillissante était à bout de souffle et ne pouvait plus rien faire contre Omsk, surtout que les meilleurs patineurs étaient blessés (Lisin au dos et Aaltonen au menton).

L'élimination en quart de finale restait peu glorieuse pour le troisième budget de KHL. Le sort de Kanareïkin était donc réglé avant même le dénouement de la série. Ce partisan des anciens a en effet maintenu sous cloche la jeune génération de Magnitogorsk, pourtant prometteuse : les Zdunov ou Kosov auront-ils leur place l'an prochain ?

 

Ak Bars Kazan (6e) : l'entraîneur du XIXe siècle

L'arrivée de Vladimir Krikunov à la tête de l'Ak Bars Kazan ne pouvait pas se faire sans grincements. La première victime en a été Danis Zaripov. L'ailier gauche du super-trio depuis sept ans a été rétrogradé en quatrième ligne, voire carrément sur le banc, par un Krikunov insatisfait. L'agent du joueur, Yuri Nikolaïev, est alors monté au créneau : "Parfois il semble qu'à cause de certains entraîneurs vétérans, la Russie ne vit pas au XXIe siècle mais au XIXe." La phrase n'a pas plu à l'intéressé qui a dénoncé "l'agent provocateur" venu lui enlever son joueur. Après l'escalade verbale, la première ligne s'est reformée doucement.

Krikunov, lui, ne complimentait publiquement qu'un seul trio, Evgeni Bodrov - Dmitri Obukhov - Kirill Petrov. Les deux ailiers étaient même appelés en équipe de Russie. C'était avant qu'Obukhov se fasse de nouveau remarquer. Alors que son accusation pour viol était toujours en cours, le centre s'est fait arrêter en état d'ivresse et n'a rien trouvé de mieux que de fuir et de semer les policiers. Le problème est que sa voiture avait été facilement identifiée. C'est la goutte de vodka qui a fait déborder le vase, et Ak Bars a fait savoir qu'Obukhov ne porterait plus les couleurs du club. L'enfant du pays a donc fini la saison ailleurs... avant d'être réembauché pour l'année prochaine !

La seule autre ligne valable étant décimée, Kazan a vite compris que, comme toujours, sa réussite passerait par son premier trio. Même si Krikunov est souvent critique envers ses joueurs étrangers, le centre finlandais Niko Kapanen ne méritait pas d'être pointé du doigt car il a joué un rôle toujours aussi précieux de lien entre les ailiers Morozov et Zaripov. Les trois hommes ont, de nouveau, largement mené leur équipe.

Kazan retrouvait donc son niveau, mais pas sa ferveur. Le taux de remplissage de la Tatneft Arena stagne à 56%, le plus faible en province. Habitués à des titres, les supporters se sont même montrés nostalgiques. Au premier match des play-offs, ils ont ovationné leur ex-entraîneur et actuel sélectionneur Zinetula Bilyaletdinov, présent en tribune, lorsqu'il est apparu sur l'écran géant. Krikunov n'a jamais suscité le même enthousiasme.

Ce premier tour a été passé, face au grand rival Ufa, et Ak Bars pouvait encore remercier sa première ligne décisive. Mais son capitaine Aleksei Morozov s'est déchiré les ligaments latéraux du genou, et en son absence, toute l'équipe s'est ensuite montrée impuissante. Krikunov a alors rappelé qu'il n'avait pas composé cette équipe et qu'une seule ligne de choc ne suffisait pas.

À ce moment, les dirigeants tatars prétendaient encore que Krikunov resterait aux commandes de l'équipe, puisqu'il avait signé pour trois ans. Mais une semaine plus tard, il était viré. Il se dit que plusieurs joueurs importants ont fait savoir qu'ils ne voulaient plus jouer pour "l'entraîneur du XIXe siècle".

 

Torpedo Nijni Novgorod (7e) : le nouvel équilibre de Kari Jalonen

L'an passé, le Torpedo avait été mené par une triplette de scoreurs nord-américains. Il en avait perdu un, Charles Linglet, brillamment remplacé par le Suédois Martin Thörnberg, le nouveau meilleur marqueur de l'équipe. Les deux autres, Ryan Vesce et Matt Ellison, ont vu leur saison se terminer prématurément sur blessure (même si Vesce est finalement revenu pour les play-offs).

Du coup, Nijni Novgorod a dû chercher de nouveaux renforts : Robert Nilsson, dont la carrière prenait mauvaise tournure à Ufa et qui avait même été envoyé en équipe-ferme à Nijnekamsk, et Kim Hirschovits, dont l'entraîneur Kari Jalonen connaissait parfaitement les qualités pour l'avoir eu sous ses ordres au HIFK. Les jokers offensifs se fondaient bien dans le nouveau style du Torpedo, offensif et moderne, à la mode finlandaise.

La perte de sa première ligne n'a donc pas perturbé Nijni Novgorod, qui a au contraire signé son meilleur résultat depuis la chute de l'URSS. La clé de la réussite ? Une équipe beaucoup plus équilibrée, et puis bien sûr le gardien biélorusse Vitali Koval, très constant avec ses 93% d'arrêts. Le Torpedo a terminé premier de sa division Tarasov (décimée par la disparition du Lokomotiv Yaroslavl) et a ainsi bénéficié ainsi de l'avantage de la glace pour les deux premiers tours de play-offs.

Un avantage décisif face au Dinamo Riga : Jalonen a en effet parfaitement utilisé le droit au dernier changement pour museler la première ligne balte avec le trio de Vladimir Gorbunov lors du septième match décisif. Mais cela n'a pas suffi face au Dynamo Moscou, qui gardait un statut de favori. Il n'y a toutefois pas de déshonneur à s'incliner contre le futur champion.

 

Atlant Mytishchi (8e) : la fin de Kovalev et la résurrection de Zherdev

Bengt-Åke Gustafsson a été le premier entraîneur suédois à officier en KHL, mais cette expérience pionnière n'aura duré que deux mois. Il a été viré dès les premiers jours de novembre, en raison de l'inefficacité offensive de son équipe.

Mais un Suédois peut en cacher un autre. Janne Carlsson, coach champion de Suède en titre avec HV71, avait été d'abord approché par le Lokomotiv Yaroslavl : il avait perdu le poste (on lui avait préféré McCrimmon)... et a donc gardé la vie. Il avait accepté de redevenir simple adjoint de Gustafsson, comme il l'était lors du triomphe olympique de 2006. Il est vite sorti de l'ombre : sitôt Gustafsson parti, Carlsson a marqué son arrivée en changeant toutes les lignes.

Ses débuts furent excellents avec 10 victoires de suite, dont les 9 premières dans le temps réglementaire. Une transformation due en bonne partie à la résurrection de Nikolaï Zherdev, que Carlsson a replacé en première ligne avec Patrik Zackrisson et Jonas Andersson. L'ailier russe, capable de grands numéros de patinage mais souvent trop individualiste, est revenu au premier plan et a gagné sa place en équipe nationale.

Le contrat de Carlsson a été vite prolongé, mais les résultats se sont ensuite tassés jusqu'à une série de six défaites fin janvier, record négatif dans l'histoire du club. Une mauvaise série coïncidant - et ce n'est pas un hasard - avec l'absence de l'international slovaque Branko Radivojevic, hospitalisé pour une inflammation du nerf facial.

L'effectif de Mytishchi montrait ses limites. Le défenseur offensif finlandais Janne Niskala se sentait seul à l'arrière, où tous les autres renforts étrangers (Fernholm, Petrasek puis Stehlik) ont échoué tour à tour à s'imposer. Quant au plus gros salaire de l'équipe, le vétéran Aleksei Kovalev, il n'a jamais réussi à revenir après son opération du genou. Carlsson l'a essayé au centre, où il n'avait plus évolué depuis sa victoire en Coupe Stanley 1994, mais peine perdue. Kovalev n'était efficace nulle part. Il n'a donc même pas participé aux play-offs, son entraîneur estimant qu'il était moins bon que tous les titulaires.

Dans ces play-offs, l'Atlant n'a cette fois rien pu faire au second tour face au SKA Saint-Pétersbourg. Seules les performances du gardien international russe Konstantin Barulin ont permis de décrocher deux victoires face à un adversaire largement dominateur.

 

Salavat Yulaev Ufa (9e) : les exigences de Radulov

Vyacheslav Bykov avait conduit le Salavat Yulaev Ufa au titre de champion de Russie au prix d'un compromis avec la star de l'équipe Aleksandr Radulov : il faisait preuve de tolérance envers ses sautes d'humeur, ses mots déplacés, ses violations disciplinaires. Une attitude qui était nécessaire pour arriver à la victoire, mais qui a pu être nuisible à terme pour le joueur (qui serait crucifié médiatiquement quelques mois plus tard à Nashville pour une soirée trop tardive dans un jacuzzi), mais aussi pour l'autorité des entraîneurs suivants.

Le nouvel entraîneur Sergei Mikhalev - qui avait déjà entraîné Ufa et Radulov en 2009 - devait en effet gérer un Radulov un peu trop pédant, qui ne se contentait plus d'exiger du temps de jeu pour lui-même, mais souhaitait aussi que son frère Igor en bénéficie aussi. D'où un échange public via Twitter qui fit scandale quand Aleksandr Radulov confiait à Evgeni Malkin qu'il souhaitait quitter Ufa à terme à cause de l'entraîneur. La Russie était sous le choc : serait-il échangé à Saint-Pétersbourg ?

Non. La purge a finalement concerné les renforts étrangers (Jakub Klepis, Robert Nilsson). Quand la série de défaites s'est prolongée malgré le retour de Radulov, l'entraîneur Mikhalev est parti en accord avec le club, remplacé par l'éternel adjoint depuis dix ans, Vener Safin.

Mais le problème majeur restait intact : il y avait beaucoup trop de vedettes et pas assez de porteurs d'eau dans le vestiaire. Le club a donc négocié - moyennant une forte indemnité - la fin des gros contrats des vétérans Oleg Tverdovsky et Maksim Sushinsky, ce dernier ayant été recruté par Mikhalev pendant l'été.

Une question n'était pas résolue, le manque de confiance d'Erik Ersberg. Le gardien suédois a paru troublé de la concurrence interne, mais il n'a pas totalement convaincu même quand il a été conforté en titulaire.

Après tant de remous automnaux, le championnat est redevenu plus calme à Ufa. Aleksandr Radulov a rangé ses états d'âme au placard pour rester le meilleur marqueur du championnat avec 63 points. Le "Che" a ensuite surpris tout le monde en rasant sa barbe pour mieux la laisser refleurir dans la durée des play-offs. Le poil a très peu poussé puisque le Salavat a été battu au premier tour par son rival Kazan. Moins en verve, Radulov a pâti de l'absence temporaire de son centre habituel Sergei Zinoviev, "indisposé" : il semble en fait qu'il ait été sanctionné pour un retard à l'entraînement. Radulov, libéré dès début mars, en a alors profité pour solder sa dernière année de contrat NHL à Nashville. Il y a vite trouvé ses marques mais le bilan final est négatif : un problème disciplinaire monté en épingle et une blessure au genou qui l'a aussi privé de championnat du monde.

 

Severstal Cherepovets (10e) : comment saboter ses play-offs

Il y a un moyen en général assez fiable pour être sûr de saboter une saison : virer l'entraîneur à la veille des play-offs. C'est ce qu'a fait le Severstal avec Dmitri Kvartalnov, qui avait apparemment des opposants au sein des nouveaux dirigeants. La décision était assez incompréhensible, car la saison avait été plutôt bonne et sereine à Cherepovets. Adjoint arrivé en cours d'année, Aleksandr Smirnov a donc repris le poste d'entraîneur en chef, dont il avait été viré quelques mois plus tôt à Nijnekamsk. Mais la mission était piégée. Ce changement de coach intempestif a peut-être privé le Severstal d'une meilleure performance contre un adversaire prenable (l'Atlant). Il s'est fait éliminer en six manches.

Bien qu'il se soit mis à recruter des joueurs étrangers de bon niveau (le défenseur suédois Staffan Kronwall a été le plus solide d'entre eux), le Severstal est toujours mené par des hockeyeurs russes. Il serait donc logique de voir l'équipe de Russie s'appuyer sur eux...

Depuis cinq ans, Vassili Koshechkin était un titulaire régulier de la Sbornaïa. Mais l'arrivée d'un nouveau sélectionneur, Zinetula Bilyaletdinov, lui a été fatale : c'est sous sa direction que la carrière de Koshechkin avait failli dérailler à Kazan, et aucun des deux hommes n'a de bons souvenirs de l'autre. Par conséquent, le gardien du Severstal n'a plus été appelé en sélection, même pas sur une liste élargie, ce qui en devenait presque vexatoire ! Koshechkin a en effet réussi de nouveau une très belle saison.

Les deux autres vedettes de l'équipe ont été Maksim Chudinov, 5e pointeur parmi les défenseurs de la KHL, et Vadim Shipachyov, 4e pointeur chez les attaquants. On aurait pu s'attendre à les voir gagner leur place en équipe nationale pour les Mondiaux, surtout Shipachyov qui a participé à tous les tournois de l'Euro Hockey Tour. Il était bien du voyage à Helsinki, mais a été renvoyé chez lui sans jouer.

C'est donc un homme inattendu, le capitaine Evgeni Ketov, qui a finalement eu les faveurs de Bilyaletdinov. Le capitaine du Severstal n'avait inscrit que 26 points en championnat (contre 62 à Shipachyov), mais il correspondait mieux à un profil de quatrième ligne que recherchait le sélectionneur. Ketov est le seul joueur russe à n'avoir marqué aucun point aux championnats du monde, et il a passé les phases finales en tribune, mais qu'importe : il a la médaille d'or !

 

Barys Astana (11e) : attentat à la crème glacée !

Après des années de surprises, aucune équipe n'a renversé la hiérarchie cette année au premier tour des play-offs de KHL. De tous les prétendants, c'est le Barys Astana qui est passé le plus près.

En octobre, le Barys était pourtant loin de penser à ces play-offs. Il a en effet vécu une série noire en perdant 0-7 contre le Yugra puis 0-4 contre l'Amur. Cette dernière défaite tombait pile poil le jour de l'anniversaire d'Askar Mamin, ex-ministre et surtout président de la fédération du Kazakhstan de hockey sur glace. Les joueurs auraient voulu la peau de leur entraîneur Andrei Khomutov qu'ils ne s'y seraient pas pris autrement. Khomutov a donc été le premier coach viré dans cette saison de KHL, et il a été remplacé par Andrei Shaïanov.

Alors onzième de la conférence ouest, Astana a réussi une remontée fantastique dès le mois de novembre. Comme toujours, les Kazakhs se sont appuyés sur leurs deux premières lignes entièrement étrangères, conduisant la KHL à envisager d'imposer un plafonnement à cinq joueurs non-sélectionnables y compris pour les clubs non-russes. Le Barys serait bien embêté. Comme le Kazakhstan n'a pas la double nationalité, Kevin Dallman avait renoncé à la naturalisation. Le défenseur offensif, principale star de l'équipe, quittera même le pays après l'atteinte à la liberté d'expression dont sa femme a été victime en parlant de corruption sur son blog. Le nouveau joueur-clé est maintenant un Américain, Brandon Bochenski, qui dispose d'un temps de jeu de rêve et est devenu meilleur buteur de KHL avec 27 filets.

En trois années d'existence, le Barys n'avait pas gagné un seul match sur 10 rencontres de play-offs, tombant toujours face à Kazan. Cette année, il a changé d'adversaire et a affronté Magnitogorsk. Le sort lui semblait plus favorable puisque le club du Kazakhstan a mené 3 victoires à 1, avant de se faire remonter et dépasser sur trois prolongations. La plus frustrante fut celle du sixième match à domicile, une prolongation maudite où Nigel Dawes n'a pas converti une occasion idéale et où le premier centre Dustin Boyd a dû être évacué à l'hôpital en retombant mal dans la balustrade.

Ce sixième match a été marqué par un pénalty très controversé de Sushinsky et les supporters locaux étaient très mécontents de l'arbitrage. Lorsque Mozyakin a inscrit le but vainqueur des visiteurs, ils ont donc laissé éclater leur colère de manière originale. Ils ont utilisé comme arme la nourriture favorite des patinoires depuis l'époque soviétique : les glaces ! Fedor Kaneïrikin, l'entraîneur de Magnitogorsk, s'est retrouvé avec une grosse tache blanche qui fondait sur sa veste !

Malgré son effectif dominé par les "mercenaires", le sort du Barys reste lié à celui du Kazakhstan : Shaïanov a aussi remplacé Khomutov a la tête de l'équipe nationale, et comme celle-ci est redescendue de l'élite mondiale, il a démissionné de la sélection et s'est ensuite fait virer du club.

 

Amur Khabarovsk (12e) : pour l'Amour de l'or

L'Extrême-Orient russe étant réputé pour ses mines d'or, il était logique d'y voir débarquer Hannu Jortikka, qui fut surnommé le "roi Midas" en Finlande pour sa faculté de transformer toutes les équipes qu'il touchait en or. Son contact magique a fait l'office de "philtre d'Amour" à Khabarovsk. Il a mis en place un jeu assez simple, mais rapide, discipliné et intense. Ce style agressif dans la destruction du jeu adverse a gêné tous les adversaires qui n'étaient pas suffisamment engagés. Les Tigres, après trois ans en play-offs, se sont ainsi rapidement positionnés dans les premières places de la ligue avec une série de sept victoires d'affilée. Une plaisanterie douteuse tournait dans la KHL au sujet des joueurs d'Extrême-Orient : "ils ont dû inhaler la fumée de Fukushima, c'est pour ça qu'ils jouent si bien."

La série victorieuse s'est achevée le jour où Martin Ruzicka est revenu de blessure. Le Tchèque était le plus gros salaire de l'équipe et devait en être la star, mais il n'a jamais pu retrouver son meilleur niveau. Il a été éclipsé par un compatriote, Jakub Petruzalek, qui a gagné sa place en équipe de République Tchèque grâce à ses performances remarquées pour ses débuts en KHL. Cet ailier s'était fait connaître en Finlande et a été attiré par la notoriété de Jortikka. L'entraîneur s'était en effet impliqué dans le recrutement et avait aussi fait venir Mikko Mäenpää, le petit défenseur offensif de l'équipe de Finlande, qui a signé des statistiques impressionnantes en KHL (25 minutes de temps de jeu par match, 37 points et une fiche de +18).

Mais quand on se repose sur un petit nombre de joueurs-clés, on est vulnérable. Les blessures n'ont pas épargné Khabarovsk, qui a fini la saison sans ses deux premiers centres, Aleksandr Nikulin et surtout le meilleur marqueur jusque là Petr Vrana. Cette dernière perte a fini de démoraliser une équipe qui rêvait de la première place de sa division Chernyshev et a fini quatrième, fatiguée par les très longs voyages en avion vers l'ouest.

On a alors reproché à Jortikka d'avoir été trop léger dans sa préparation physique, ce qui expliquait le déclin de son équipe. Le vétéran slovaque Jan Lasak a été l'un des plus affectés par ce déclin, et alors que les deux gardiens étaient alignés à équivalence, c'est Aleksei Murygin qui a fini titulaire. Mais si l'on cherche des fautes, ce n'est qu'en comparaison avec un début de saison exceptionnel qui pouvait difficilement durer. L'Amur ne peut guère se plaindre après avoir obtenu son meilleur classement depuis neuf ans.

 

Dynamo Minsk (13e) : expulsé... de chez lui

Minsk avait distribué des passeports de naturalisation à plusieurs joueurs canadiens, le gardien Kevin Lalande et les attaquants Geoff Platt et Charles Linglet. Cependant, les meneurs offensifs n'ont pas été des Biélorusses, ni récents ni encore moins anciens, car les joueurs locaux tiennent toujours des rôles de second ordre. Ce sont des Européens, Teemu Laine et Zbynek Irgl, qui ont été les deux meilleurs marqueurs. Et en défense, l'international tchèque Lukas Krajicek et le repenti finlandais Jere Karalahti ont prolongé leur contrat dès janvier jusqu'en 2014, preuve d'un ancrage à long terme dont l'équipe a besoin pour se construire.

Cette construction, elle était confiée depuis deux ans à l'entraîneur tchèque Marek Sykora. Mais après l'élimination en quatre matches secs au premier tour des play-offs contre l'autre Dynamo (de Moscou), il a annoncé qu'il mettait un terme à sa carrière. On se méfiait de cette réaction à chaud, car à Magnitogorsk, il avait fait ses adieux au championnat russe après une demi-finale perdue, et avait ensuite regretté d'avoir réagi si hâtivement. Mais cette fois, Sykora a bien confirmé sa décision à froid.

L'entraîneur tchèque a connu de grandes difficultés à se trouver un gardien titulaire. Andrei Mezin, que l'on disait perturbé par le crash de Yaroslavl, n'était plus lui-même, et Kevin Lalande ne convainquait pas totalement comme titulaire. Alors, au dernier match de la saison régulière, l'international norvégien Lars Haugen était sorti du chapeau après avoir rongé son frein toute la saison. Les deux défaites 2-1 et 2-0 étaient difficilement imputables au gardien, mais pour le troisième match à domicile, Mezin était rappelé dans les cages. Le pauvre allait vivre un calvaire, préfigurant celui du Mondial, en se faisant sortir du jeu après trois buts encaissés en douze minutes, tous en infériorité numérique. En effet, Aleksandr Kulakov a "saboté" la série en prenant une pénalité de match pour une charge à la tête sur Boïkov, qui a coûté deux buts à elle seule.

Le Dynamo Minsk pouvait d'autant moins se remettre d'un tel coup du sort qu'il ne jouait pas chez lui. Alors qu'il dispose de la meilleure affluence de la saison régulière, il a en effet été obligé de s'exiler en "province" à Bobruisk car la Minsk Arena était occupée aux dates des play-offs par les championnats du monde juniors de patinage artistique ! Un raté qui fait tache dans un pays où le hockey était supposé être une priorité nationale...

 

Yugra Khanty-Mansiysk (14e) : gardien rôti puis doré

Qualifié en huitième et dernière position dans la forte conférence Est, le Yugra se retrouvait face au champion de la saison régulière, le Traktor Chelyabinsk. On n'aurait pas dû donner cher de sa peau, sauf que son bilan était positif face à cet adversaire, et que le Traktor était privé de son meilleur joueur Evgeni Kuznetsov.

La série a quitté Chelyabinsk à une victoire partout, et le favori avait presque changé de camp : en deux années de KHL, Khanty-Mansiysk n'avait en effet jamais perdu à domicile face au Traktor. À 6-2 en 25 minutes, le troisième match a presque tourné à la démonstration... mais dans un incroyable dernier tiers-temps, le Yugra s'est effondré 6-7. Une défaite dont on ne se remet pas.

Dans ces cas-là, on cherche des coupables. Le gardien Mikhaïl Biryukov, le meilleur à son poste en saison régulière, était tout désigné. Or, son concurrent letton Edgars Masalskis était malade, comme une partie de l'équipe. Biryukov fut donc prié de jouer le match suivant, mais il abandonna son poste après six buts encaissés en se plaignant du pied. Une attitude peu appréciée de ses entraîneurs.

Pourtant, cela n'empêcha pas Biryukov d'être sélectionné troisième gardien de l'équipe de Russie, d'entrer en jeu quelques minutes en championnat du monde et de décrocher ainsi la deuxième médaille d'or internationale de sa carrière... alors qu'il doit encore prouver qu'il peut être un vrai gardien de play-offs.

Malgré cet échec, le Yugra a continué de se distinguer par son système de jeu très clair, un hockey collectif à l'ancienne. Son triumvirat d'entraîneurs renommés (Sergei Shepelev, Nikolaï Solovyov et Sergei Kotov) a donc été prolongé pour deux années supplémentaires.

 

Dinamo Riga (15e) : dissolution du cocon familial ?

Le Dinamo Riga est peut-être le club le plus familial de KHL. Il constitue en effet la grande famille du hockey letton, une famille endeuillée par le décès de Karlis Skrastins dans le crash de Yaroslavl en septembre, qui a beaucoup peiné l'équipe balte.

L'autre ancien défenseur de NHL, Sandis Ozolinš, commence quant à lui à accuser le poids des ans. Viré de son poste de manager de l'équipe nationale de Lettonie l'an dernier avec tout le reste du staff, il pouvait se consacrer à son club. Mais s'il était toujours précieux en supériorité numérique, son bilan à cinq contre cinq était beaucoup plus faible : sa fiche de -22 dans un club de milieu de tableau se passe d'explications. Ce sont donc Guntis Galvins et Krisjanis Redlihs qui sont devenus les défenseurs majeurs du Dinamo, et forcément, ils le sont également en équipe nationale.

En attaque, la domination de la première ligne a été encore plus flagrante. Martins Karsums, Janis Sprukts et bien sûr le rapide Mikelis Redlihs (poussé par la foule, il a gagné le concours de vitesse au All-Star Game à Riga pour un centième devant Kuznetsov) ont marqué 35% des buts de leur équipe, et même 50% en play-offs. Un pourcentage trop important, qui démontre qu'ils manquaient de soutien.

Les joueurs étrangers en particulier ne se sont pas imposés. Björn Melin, Ville Nieminen, Niclas Lucenius et Jakub Sindel ont marqué 2 buts à eux quatre ! Jamie Lundmark et Fredrik Warg, avec 17 points, ont eu une contribution offensive honorable, mais leurs fiches de -20 et -16 sont les pires des attaquants. Seul le joker Marcel Hossa, en perdition au Spartak, a retrouvé son sens du but en arrivant à Riga en janvier. Mais ce n'est pas surprenant : le Slovaque était le buteur du club voici deux saisons. Il est donc "adopté" en Lettonie.

L'étranger qui s'était le mieux intégré, c'est sans doute le gardien américain Chris Holt, qui disait vouloir rester dix ans à Riga si c'était possible et ne plus vouloir revivre les vicissitudes du hockey professionnel nord-américain. Mais si Holt se plaisait, ses performances restaient irrégulières. Juris Savickis, aux commandes après la démission en fin de saison du manager Normunds Sejejs, a donc décidé de ne pas renouveler son contrat, laissant Holt très déçu. Est-ce le signe que le cocon familial du Dinamo s'effrite ?

 

CSKA Moscou (16e) : luttes de pouvoir

Le CSKA a abordé la saison en pleine tourmente. Les arriérés de salaire étaient tels que le club emblématique a fait appel au Kremlin pour lui trouver un sponsor capable de le sauver. La compagnie pétrolière Rosneft est alors entrée en scène, d'abord discrètement, en réglant les dettes et en prenant le contrôle des coulisses. Mais cette discrétion n'allait pas durer...

Les problèmes financiers étaient réglés, mais absolument pas les problèmes sportifs. Le CSKA s'enfonçait même de plus en plus, jusqu'à encaisser un 8-0 à Khabarovsk début janvier, sa dixième défaite en onze rencontres. Ce soir-là, le gardien slovaque Rastislav Stana, si souvent abandonné, a été sorti après le troisième but et était si énervé qu'il a quitté la patinoire alors que le match était encore en cours. Il a été convoqué pour s'expliquer devant le manager Sergei Nemchinov.

Un Nemchinov qui était alors la cible de toutes les critiques. Il était accusé de s'être fourvoyé dans le recrutement, notamment en recrutant le gros bras Darcy Verot qui, loin du jeu brutal du Vityaz, n'a servi à rien. Le joker automnal Nikita Filatov connaissait un second retour de NHL beaucoup moins percutant que le premier deux ans plus tôt. Mais surtout, Nemchinov s'est fait beaucoup d'ennemis en interne. L'entraîneur slovaque Julius Supler ne supportait pas de le voir s'immiscer dans ses choix sportifs. Il n'était pas le seul. Le défenseur Mikhaïl Pashnin, en qui Nemchinov tenait son grand espoir défensif il y a peu, s'est tellement détourné de lui qu'il a préféré aller jouer quelques mois au niveau inférieur en rejoignant le Lokomotiv Yaroslavl plutôt que rester au CSKA.

Le plus gros conflit opposait cependant Nemchinov à celui qui l'avait embauché et qui avait été son plus grand soutien quand il était coach, à savoir le président Vyacheslav Fetisov. Celui-ci a annoncé sa démission de manière spectaculaire lors de la conférence de presse avant le All-Star Game de KHL. Il y a d'abord dénoncé Rosneft, en déclarant avoir trouvé Supler en pleurs parce qu'il avait été chassé de son bureau par un jeune cadre installé par le nouveau sponsor. Il a ensuite attaqué Nemchinov en imputant à son comportement autoritaire la responsabilité du départ des meilleurs joueurs.

Fetisov parti, Rosneft avait les coudées franches pour imposer sa loi. Julius Supler croyait avoir sauvé sa tête en gagnant les matchs-clés contre le dernier poursuivant, le Spartak, pour assurer la place en play-offs. Erreur. Limogé, Supler en voudra à Sergei Gimaev, consultant télé qui l'a critiqué pour le faible temps de jeu accordé au vétéran Aleksei Yashin. Mais il ne critiquera pas Rosneft, même si c'est un des agents du sponsor qui a annoncé la décision à l'équipe, étonnée.

L'adjoint Vyacheslav Butsaev a donc fini la saison comme coach, sans Yashin blessé à la main. Le seul enjeu était de sortir dignement en play-offs contre l'impressionnant SKA Saint-Pétersbourg. Le CSKA a totalement explosé à l'extérieur, mais a fait bonne figure devant son public en décrochant une victoire. Maigre consolation à cette nouvelle saison terrible vécue par l'ancien grand club soviétique.

 

Metallurg Novokuznetsk (17e) : quo vadis, Maksim Kitsyn ?

Après deux tristes années passées à la dernière place, les supporters de Novokuznetsk ont été ravis de retrouver une équipe compétitive. Le premier succès de prestige contre Kazan a été salué par une ola, preuve du nouvel intérêt d'un public qui commençait à y croire de nouveau.

Il y en a un qui n'y croyait plus du tout en revanche, c'est Maksim Kitsyn. Le champion du monde junior 2011, revenu de cinq mois passés au Canada en junior majeur, n'a pas connu du tout la même trajectoire que ses camarades. Pendant que Tarasenko ou Kuznetsov devenaient des vedettes de la KHL, le pauvre Kitsyn se morfondait en quatrième ligne, avec des résultats catastrophiques : 3 petits points et la plus mauvaise fiche de l'équipe, -17 ! Le junior a même été rétrogradé en fin de saison dans l'équipe-ferme de VHL, le Yermak Angarsk. Pourra-t-il rebondir l'an prochain ?

L'air n'était plus bon pour le gamin... mais pour les vieux non plus ! Pour accrocher les play-offs, le Metallurg a misé en novembre sur Chris Simon, le vétéran canadien qui n'avait plus joué depuis six mois, et lui a offert la bagatelle de 150 000 dollars par mois, ce qui en faisait le joueur le mieux payé de l'équipe avec Sergei Brylin. Mais il n'y a que par leurs salaires que les vétérans, loin de leur forme d'antan, se sont distingués.

Le Metallurg était donc trop court pour espérer jouer en play-offs. Une victoire sur son homonyme de Magnitogorsk lui a fait croire à sa chance, et deux jours plus tard, les 7300 places ont - pour la première fois depuis trois ans - toutes été vendues pour le derby sibérien contre Omsk, le dernier match à domicile. Mais Novokuznetsk s'est incliné 1-4, non sans avoir eu l'occasion de revenir dans le match (poteau du défenseur Kuklev). L'efficacité aux tirs, la plus mauvaise de KHL, en dessous des 7%, a été le gros point faible de la saison. Le président l'a compris. Il a annoncé qu'il reconduirait tout le staff et promis de renforcer l'offensive.

 

Neftekhimik Nijnekamsk (18e) : fin de série pour un habitué

La dernière fois que Nijnekamsk avait raté les play-offs, c'était en 2003, à l'époque où seuls huit clubs y participaient. Autant dire que les Tatars ont été très désagréablement surpris de la mauvaise tournure que prenait la saison. Bien sûr, ils ont viré l'entraîneur, Aleksandr Smirnov, pour le remplacer par le vénérable Vladimir Golubovich, 57 ans. Mais à aucun moment, ils n'ont retrouvé le niveau d'autrefois, du temps de Krikunov, l'entraîneur de tous les succès qu'ils ont été contraints de libérer pour le grand club tatar, Ak Bars Kazan.

L'une des explications à cette saison médiocre est que les nouveaux gardiens n'ont pas convaincu. Le grand Finlandais Tuomas Tarkki, qui avait été meilleur gardien de SM-liiga en 2007 et 2008, a mis du temps à s'adapter à la KHL. On a même cru que l'autre recrue Denis Franskevich lui prendrait la place de titulaire, mais il n'a pas réussi à le concurrencer. Tarkki est resté numéro 1, mais avec un pourcentage d'arrêts très moyen (90%).

Pour tenter de s'en sortir, le club s'est également montré actif sur les transferts. Fin octobre, il a engagé un leader défensif avec l'ex-international finlandais Tuukka Mäntylä. Mais sa plus grande réussite fut un échange a priori mineur d'Anton Krysanov contre Yegor Milovzorov, un attaquant originaire de Novosibirsk qui n'avait jamais fait parler de lui, mais qui a marqué 33 points en 37 rencontres et mené l'attaque avec le capitaine local Maksim Pestushko.

Preuve que le Neftekhimik n'a jamais abandonné, il a toujours refusé les sollicitations des autres clubs qui s'intéressait à ses principaux joueurs, le défenseur international Nikolaï Belov ou les ex-attaquants de NHL Aleksandr Korolyuk et Oleg Kvasha. Il a eu le mérite de jouer le jeu jusqu'au bout et a fini la saison par trois victoires à l'extérieur, même s'il n'y avait plus rien à espérer.

 

Spartak Moscou (19e) : le club du peuple n'est plus populaire

Le Spartak avait cette saison recruté ses premières stars, Josef Stümpel et Marcel Hossa. Mais, peut-être marqués comme tous leurs compatriotes par le décès de leur ami de longue date Pavol Demitra, les deux attaquants slovaques ont très vite déçu. Le plus régulier des Slovaques, c'était finalement Stefan Ruzicka, joueur au caractère nonchalant s'il en est, mais qui terminera de loin meilleur marqueur de l'équipe.

Si le Spartak était encore dans le top-8 de sa conférence, c'était essentiellement grâce à son gardien Ivan Kasutin, qui repoussait régulièrement 40 tirs à chaque match. Mais il n'avait pas de doublure de valeur, et quand il est revenu de l'équipe de Russie B avec une angine après la trêve internationale de novembre, les rouge et blanc ont encaissé des cartons.

Pour tenter de débloquer psychologiquement leurs joueurs slovaques, le Spartak a alors engagé Frantisek Hossa, le père de Marcel (et de Marian) : et un coach de plus sur le banc ! Mais il arrivait au pire moment, avec un gardien malade, sans Stümpel victime d'une fracture du poignet, et pendant une accumulation de défaites humiliantes à domicile.

Les joueurs avaient plaidé la cause de leur entraîneur Viktor Pachkalin et les dirigeants voulaient donc le garder jusqu'à la trêve le temps de réfléchir, mais la huitième défaite à domicile d'affilée, un terrible 1-7 contre le Traktor devant la dernière poignée de fidèles (1200 spectateurs seulement), a obligé une réaction rapide.

Le club moscovite semblait alors dans l'improvisation totale : il licenciait Pachkalin, mais aussi le manager Andrei Yakovenko, sans même avoir préparé la succession de l'un ou de l'autre. Il fallait attendre une semaine supplémentaire (et une nouvelle rouste 10-2 à Saint-Pétersbourg) pour que Hossa père - l'ex-sélectionneur slovaque n'avait fait qu'assurer l'intérim - soit remercié à son tour et qu'Andrei Sidorenko arrive. Celui-ci remettait aussitôt l'équipe au travail. En effet, si Pachkalin était compétent tactiquement, il lui manquait un peu d'autorité. Sidorenko devait user de sa poigne de fer pour activer une équipe physiquement défaillante qui craquait à chaque fin de match.

Les entraînements redoublés devaient permettre une course-poursuite effrénée, qui s'est vite révélée vaine. Le Spartak a alors laissé partir Kasutin vers Kazan. La troisième doublure essayée dans les cages, Sergei Borisov, s'est retrouvé soudain titulaire... et a obtenu de meilleures statistiques. Le Spartak a retrouvé un peu de consistance et a donc prolongé le contrat de Sidorenko. Mais cela prendra du temps de reconquérir le public, car le "club du peuple" a aujourd'hui la plus faible moyenne de spectateurs de la ligue !

 

Sibir Novosibirsk (20e) : de l'infirmerie à la braderie

La profondeur de banc est assez limitée au Sibir, et le club a donc besoin que l'infirmerie soit vide pour atteindre les play-offs, comme l'an passé. Mais la chance ne sourit pas à tous les coups. Alors que le championnat avait bien commencé à Novosibirsk sous l'impulsion de la première ligne Enlund-Lehterä-Tarasenko, les ennuis ont rapidement commencé.

Aleksandr Suglobov s'est d'abord déchiré les ischio-jambiers le 18 octobre, puis le centre finlandais Jori Lehterä s'est blessé au ménisque onze jours plus tard. En l'absence de deux attaquants majeurs, le Sibir a perdu sept fois de suite et est sorti de la zone des qualifiées, pour ne plus jamais y rentrer.

On a alors procédé à une permutation : Andrei Tarasenko a laissé la place d'entraîneur à son adjoint, l'ancien défenseur Dmitri Yushkevich, tout en restant dans le club. Mais les résultats ont tardé à suivre et le nouveau coach s'est vite rendu compte qu'il ne servait plus à rien de parler de play-offs.

Le Sibir a donc procédé à une grande braderie en janvier. Les trois meilleurs défenseurs ont tous été cédés : Vyacheslav Belov à l'Atlant, Aleksandr Kutuzov au Dynamo et Grigorijs Pujacs à l'Avangard. Le plus déchirant, ce fut cependant de "prêter" à Saint-Pétersbourg le leader offensif Vladimir Tarasenko, qui tournait à un point par match. La jeune star locale avait en effet besoin de rallonger sa saison pour mieux se préparer pour l'équipe nationale (mais cela n'a pas suffi pour qu'il intègre l'effectif du championnat du monde). C'était en fait un adieu définitif à la Sibérie, puisque Tarasenko partira en NHL (Saint-Louis) l'an prochain.

 

Lev Poprad (21e) : bonjour, au revoir

Sportivement, les Slovaques étaient encore en phase de découverte pour leur première saison de KHL. Ils n'étaient pas en mesure de se qualifier en play-offs et ont donc laissé partir leurs meilleurs joueurs en janvier pour faire des économies : le défenseur Vladimir Mihalik, le meilleur marqueur Tomas Netik, le jeune international Juraj Mikus et la star Ladislav Nagy, qui a même menacé de porter plainte contre sa mise à l'écart, avant de retrouver un contrat à Minsk.

À ce moment, l'avenir du club était déjà en grande négociation. Le Lev a été racheté par un groupe tchèque qui souhaitait le déménager à Prague. Le maire de Poprad, Anton Danko, est alors monté au créneau pour conserver une équipe de KHL dans sa ville, en déclarant avoir le soutien du premier ministre Robert Fico sur le sujet. Mais l'enveloppe de 10 millions d'euros exigée par la ligue russe était rédhibitoire...

En fait, la KHL s'est servie de Poprad pour poser le pied hors des frontières de l'ex-URSS. Elle a démontré que c'était possible, et grâce à ce jalon, elle pourra bientôt s'installer dans deux capitales, Prague et Bratislava. Il est clair que la petite ville au pied des Monts Tatras ne l'intéresse plus.

L'enthousiasme dont a fait preuve le public de Poprad a donc été un peu douché. Il ne restera rien de très mémorable de cette saison en KHL. Juste quelques souvenirs fugaces qui resteront sans lendemain. Et peut-être aussi le fait qu'un certain Jan Laco, gardien jusque là inconnu hors de Slovaquie, a montré ses talents sur les patinoires russes avant de se révéler aux championnats du monde.

 

Avtomobilist Ekaterinburg (22e) : même joueur joue encore

11 voix contre 8 : c'est par ce vote très serré que le comité de la KHL a admis que l'Avtomobilist continue de participer la saison prochaine. Le club, qui avait vécu une grande crise financière la saison précédente, est toujours sur le fil du rasoir.

La saison 2011/12 a ainsi été éclipsée par d'incessantes batailles judiciaires. L'ex-président du club Vyacheslav Potekhin a été poursuivi par la justice pour évasion fiscale, mais il conserve encore un pouvoir en tant qu'actionnaire majoritaire de la patinoire, et il a essayé de s'en servir. En février, il a poursuivi les dirigeants de l'équipe en justice pour une dette de 50 millions de roubles, en interdisant l'accès à la patinoire à tout membre du club ! L'Avtomobilist a répliqué à son tour par une autre plainte pour rupture de contrat. Le tribunal local a cependant repoussé les audiences et permis que l'Avtomobilist puisse jouer normalement les dernières rencontres de la saison sur sa glace, sauvant ainsi les apparences.

Cela aurait fait genre d'être expulsé de sa patinoire. Au classement, il n'y avait plus rien à sauver. L'entraîneur Ilya Byakin avait démissionné fin novembre, et le seul coach restant, Andrei Martemyanov, a dirigé l'équipe vers un classement attendu à la dernière place de la conférence Est.

Y a-t-il eu le moindre éclair positif dans cette saison ? Oui, et on le doit au capitaine Andrei Subbotin, qui a été le premier joueur à franchir la barre des 1000 parties jouées dans l'élite russe, juste avant Proshkin et Troshchinski qui en ont fait autant dans les semaines suivantes. Ce palier atteint par l'aîné Subbotin est encore plus méritoire quand on sait qu'il est allé faire une saison de deuxième division en 2008/09 pour aider la résurrection de l'Avtomobilist. Le "premier" Avtomobilist, Subbotin - originaire de Tomsk en Sibérie - y avait joué en junior et dans ses premières années seniors, lorsque la ville s'appelait Sverdlovsk et non Ekaterinbourg du temps de l'URSS. On comprend donc que Subbotin, 39 ans, ait reçu de la KHL le prix du vétéran de l'année.

 

Vityaz Chekhov (23e) : le gang des récidivistes

Les goons du Vityaz sont comme les délinquants multi-récidivistes. Ils commettent les pires méfaits, puis viennent s'excuser en disant que, vraiment oh non vraiment, ils ne recommenceront plus. Et à chaque fois, ils s'en prennent à ce qu'ils trouvent, des joueurs qui n'ont rien demandé, les gardiens adverses, ou bien encore les supporters, comme l'a fait leur entraîneur Andrei Nazarov qui montrait le "bon exemple" (il a fini, très tardivement, par être remercié de toute fonction en équipe nationale).

Lorsque Jeremy Yablonski a frappé par derrière Andrei Ryazantsev d'un crochet du gauche, la ligue s'est finalement décidée à sévir et à le disqualifier jusqu'à la fin de la saison. Yablonski a alors exprimé sa repentance dans un reportage de KHL-TV et a poussé la ligue, dans sa grande mansuétude, à le pardonner pour son écart de conduite, puisque Ryazantsev n'avait pas de séquelles. Il s'agissait en effet juste d'une bête incompréhension. Yablonski n'avait pas compris qu'en Russie les autres équipes n'avaient pas d'enforcers et qu'il était mal vu de se battre.

Nazarov s'est alors fait lyrique : "Aujourd'hui, Yablonski est devenu un symbole du Vityaz. Le symbole du fait que notre ville petite mais forte, sans avoir les possibilités des oligarques ou les ressources administratives, compte dans l'espace du hockey russe. Nous avons donc décidé que notre artiste canadien aura le rôle du capitaine en première ligne. Tous les fans doivent savoir que le Vityaz a besoin de Yablonski pour ménager de l'espace à nos jeunes joueurs. Oui, nous avons échangé nos leaders [les deux meilleurs marqueurs Mikhaïl Anisin et Artemi Panarin, le premier nommé devenant la star de la fin de la saison une fois qu'il avait quitté le Vityaz], et notre capitaine Sazonov et les trois autres Canadiens sont suspendus. Cependant, nous n'abandonnons pas." C'est beau, non ? Non ? Bon.

Dès qu'ils ont été réunis, les quatre brutes canadiennes ont évidemment recommencé à distribuer des bourre-pif, et le président de la commission de discipline Gennadi Velichkin était totalement désabusé : "Si vous voulez connaître mon avis personnel, j'ai l'impression que nous sommes tous fatigués de tout ça. C'était amusant au début, puis étonnant, maintenant nous pouvons parler de farce grotesque. Le comportement de l'équipe, du staff conduit par Monsieur Nazarov et du club peut être qualifié d'inacceptable. C'est un théâtre de l'absurde. Notez qu'en tant que président de la commission de discipline, j'ai fait de mon mieux. Toutes les décisions ont été unanimes, et les pénalités maximales. Tout le reste est à la discrétion de la direction de la ligue et de la fédération."

Laissons le dernier mot à Nazarov : "C'est ma dernière interview de la saison. L'hystérie qui a accompagné les derniers jours de notre club peut être arrêtée uniquement par le silence. Ce ne sont plus seulement les journaux sportifs et les médias de politique générale qui m'appellent, mais aussi les chaînes de musique." Peut-être lui demandent-ils les vidéos des meilleurs moments de la saison pour servir de clip à des titres de heavy metal. Ce ne serait qu'un juste retour des choses à la bande sonore utilisée dans la patinoire de Chekhov pendant les pauses.

 

Marc Branchu

 

 

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