Grenoble, la difficile reconstruction

 

La saison 2010/11 des Brûleurs de Loups aura été celle de tous les contrastes. Obligés de dégraisser massivement à l'intersaison, les Grenoblois sont partis quelque peu dans l'inconnu avant d'aborder une nouvelle saison avec un entraîneur sans expérience, Jean-François Dufour, qui devait remplacer au pied levé le tandem Lusth-Rolland sans avoir constitué l'équipe qu'il était amené à diriger. À la tête d'un effectif fortement rajeuni et constitué de nombreux éléments avec lesquels il avait joué la saison précédente, la mission de Jean-François Dufour n'était pas simple pour une première expérience à ce poste. Même si les retours d'Amar et Krayzel lui apportaient un certain soutien, notamment sur le plan de l'expérience sur la glace, Dufour a dû composer avec un effectif très hétérogène, constitué de joueurs trentenaires en fin de carrière et d'autres très jeunes qui avaient à peine atteint la vingtaine.

Malgré tout, la situation sportive fut plutôt bonne durant la première partie de saison. Malgré quelques déconvenues automnales, Grenoble parvenait à rester dans le sillage du quatuor de tête en championnat et surtout restait compétitif en coupe de la ligue, seule coupe que le club grenoblois avait à disputer puisqu'il était encore exclu de la coupe de France. La première place de poule acquise devant Briançon révélait les ambitions iséroises dans cette compétition. Les quarts-de-finale passés sans encombre face à Chamonix ouvraient les portes d'une demi-finale face à Angers, bis repetita de la saison précédente. Et le scénario fut le même : bien qu'outsiders, les Brûleurs de Loups s'inclinaient à l'aller en Anjou avant de renverser la tendance au retour et se qualifier pour une nouvelle finale à Méribel. L'adversaire, Briançon, était dans la poule des Grenoblois. Et le résultat fut le même qu'en poule, l'un des cinq succès acquis face à Briançon cette saison-là. Baptiste Amar, auteur du but victorieux comme deux ans plus tôt, marquait symboliquement son retour.

Cette victoire, inespérée en début de saison, confirmait la capacité des Grenoblois à se transcender lors des finales. Même avec un effectif rajeuni, la soif de titres restait intacte. Et un nouveau trophée pouvait venir garnir la vitrine des Brûleurs de Loups. Malheureusement cette victoire en finale de la coupe de la ligue signifiait d'une certaine manière la fin de saison grenobloise. Peu après cette victoire, Baptiste Amar se blessait gravement à la cheville lors d'un entraînement. Saison terminée pour le capitaine. Même constat pour Eddy Ferhi après un match à Morzine où le portier s'est blessé au genou. Puis c'est au tour de Mitja Sivic de mettre un terme à sa saison à quelques semaines des play-offs.

Rassasiés par ce trophée, démotivés par les blessures à répétition, les Grenoblois enchaînent les défaites pour terminer à la saison régulière à une peu reluisante septième place, qui les conduisait à affronter le voisin villardien en match de barrage. Surmotivés par l'effet derby, les Ours ne faisaient qu'une bouchée des Grenoblois et se qualifiaient en deux manches pour les quarts de finale grâce à un Gauthier déchaîné. Douche froide à Pôle Sud. Grenoble, toujours dans le dernier carré depuis le retour en Magnus en 2000/01, ne passait pas le premier tour des play-offs et terminait la saison à la dixième place, ce qui constitue le plus mauvais classement national des Brûleurs de Loups depuis vingt-deux ans, saison 1999/2000 en D3 exceptée.

La fin d'une époque

Malgré cette fin de saison catastrophique, Jean-François Dufour était confirmé dans ses fonctions. Le trophée remporté à sa première saison plaidait en sa faveur, tout comme l'avalanche des blessures qu'un effectif trop juste en qualité et en quantité n'a pas réussi à digérer. Dès le départ, sa mission s'inscrivait de toute façon sur le long terme. Avec trois ans de contrat, Dufour a obtenu le temps nécessaire pour rebâtir dans des conditions difficiles. Car ne l'oublions pas, le club n'a toujours pas fini de purger la dette contractée au cours des "années Blache". Un plan d'austérité sur quatre ans devrait permettre de revenir à l'équilibre financièrement. En attendant, point de folie, ni de contrats onéreux. Dufour devra composer avec une enveloppe limitée pour constituer sa nouvelle équipe, la première vraiment à son image.

Pour cela, il a d'abord fallu composer avec les départs d'un certain nombre de cadres de ces dernières années. Le premier d'entre eux et le plus emblématique, le gardien Eddy Ferhi qui a choisi d'accélérer sa reconversion professionnelle en prenant la direction d'Anglet où il a obtenu un CDI dans la société Pull-In. Une dernière blessure l'a empêché de fêter ses adieux avec le public grenoblois dont il était le chouchou depuis son arrivée en 2006. Il faut dire que Ferhi a apporté une stabilité devant le filet qui a permis à Grenoble d'enchaîner enfin les titres. Un premier titre en coupe de la ligue puis la Magnus tant attendue en 2007. Une nouvelle coupe de France en 2008 avant le quadruplé historique de 2009. Ferhi a tout gagné avec Grenoble, et Grenoble a tout gagné en bonne partie grâce à Ferhi. Même si ses performances semblaient décliner d'une saison à l'autre, il était toujours capable de sortir des gros matchs qui permettaient à l'équipe de gagner même dans un mauvais soir. Son expérience des grands rendez-vous était inestimable et son départ laissera certainement un grand vide, y compris dans le vestiaire dont il était un des leaders.

Autre cadre historique à quitter le navire grenoblois, le centre tchèque Ludek Broz laissera lui aussi un grand vide, au centre de l'attaque cette fois. Broz, le métronome du power-play grenoblois, n'avait plus le même rendement que lors de son arrivée en 2005. Mais après une saison blanche sur blessure, le magicien tchèque avait chaque saison enchanté Pôle Sud de ses passes millimétrées et a fait preuve d'une régularité exceptionnelle en terminant chaque année meilleur compteur grenoblois des play-offs. Avec Broz, c'est la créativité du jeu grenoblois qui s'en va et une énorme expérience sur et hors de la glace.

Et la défense a elle aussi perdu l'un de ses piliers. Arrivé avant Mats Lusth, Viktor Wallin aura traversé toute "l'ère suédoise" du club grenoblois pour finalement s'en aller après le départ du technicien suédois et six saisons passées sur les bords de l'Isère. Lui aussi aura connu des performances déclinantes au fil des saisons mais il restait un formidable roc en défense, capable de se surpasser lorsque les circonstances l'exigeaient comme lors de la finale de la Magnus 2009 où il avait marqué trois buts au cours d'un même match. Au-delà de son tir puissant et de sa présence à la ligne bleue en power-play, Viktor Wallin restait une présence rassurante en défense où malgré son manque de vitesse, il était difficile à passer en un contre un.

Ces trois départs marquent la fin d'un cycle. Ferhi, Broz et Wallin ont été de toutes les campagnes victorieuses de ces dernières années. Ils tiraient l'ensemble de l'équipe vers le haut et servaient d'exemple pour tous les jeunes joueurs de l'équipe qui pouvaient s'inspirer des performances de leurs aînés tout en bénéficiant de leurs précieux conseils. Des cadres sur lesquels Jean-François Dufour pouvait s'appuyer et qu'il sera difficile de remplacer.

Au-delà des trois joueurs "historiques", Grenoble a laissé partir l'attaquant tchèque Ludek Krayzel, qui aura réussi son retour après une saison en division 1 à Brest. Même si sa production offensive n'a pas atteint les sommets espérés, son association avec Broz a plutôt bien fonctionné et a souvent permis de débloquer la situation en power-play. Enfin, le défenseur expérimenté Aymeric Gillet repart après seulement une saison. Malgré beaucoup d'envie et un bon état d'esprit, il n'a pas convaincu le staff de poursuivre l'aventure. La faute à une certaine lenteur dans le jeu et surtout à de trop nombreuses pénalités mineures concédées. Gillet n'a pas non plus été la force de frappe espérée en power-play.

Mais Grenoble n'a pas perdu que des joueurs d'expérience. Certains jeunes ont en effet quitté le navire plus vite que prévu. C'est le cas du défenseur international Maxime Moisand qui a confirmé tous les espoirs placés en lui. Vif et technique, Moisand a convaincu également le staff de l'équipe de France de l'emmener aux championnats du monde en Slovaquie. Une première pour lui et l'occasion d'ouvrir de nouvelles portes. Désireux de tenter sa chance en Suède, Moisand jouera finalement au Danemark dans le club d'Odense où il découvrira un championnat plus dense et plus rythmé que la Ligue Magnus. Une grosse perte pour Grenoble qui aurait bien aimé profité une saison de plus de son défenseur formé au club.

Moisand n'est pas le seul jeune défenseur à tenter sa chance à l'étranger. À l'essai dans un camp au Canada pendant l'été, Vincent Llorca a finalement décroché un contrat avec les Nepean Raiders dans l'antichambre de l'OHL. Une opportunité saisie par cet international U20 qui avait été lancé en senior par Mats Lusth à 17 ans seulement. Mais une autre lourde perte pour le club grenoblois qui mise sur la formation et qui voit partir certains éléments bien trop tôt.

En attaque, le seul jeune titulaire à quitter le club est Raphaël Papa. Lancé en équipe première en même temps que Baylacq et Arrossamena, il n'a jamais réussi à suivre leurs traces et à s'imposer véritablement comme un titulaire. Doué techniquement, Papa a une bonne vision du jeu qu'il n'a pas réussi à utiliser au niveau senior alors que sa saison en Espoirs Elite a été exceptionnelle sur le plan statistique. Un changement de cadre lui permettra peut-être de franchir ce palier, et c'est dans ce but qu'il part rejoindre son frère Cyril à Morzine.

Dans le sillage de Papa, Grenoble voit aussi partir quelques-uns de ses Espoirs Elite, finalistes du dernier championnat, dans d'autres clubs de Magnus ou de D1 où ils espèrent trouver plus de temps de jeu : c'est le cas du gardien Anthony Koren à Villard, du défenseur Jules Breton à Neuilly-sur-Marne ou encore des attaquants Kenny Martin et Nathan Bernier à Villard et Nice respectivement.

Un recrutement avec les moyens du bord

Après cette vague de départs relativement conséquente, Dufour a dû partir à la recherche de renforts capables de remplacer au mieux les partants, le tout en tenant compte d'une enveloppe budgétaire relativement limitée, remboursement de la dette oblige.

La priorité était de trouver un remplaçant à Eddy Ferhi dans les cages. L'option Sébastien Raibon, auteur d'un intérim honorable lors de la fin de saison dernière, a pu être envisagée. Mais le jeune gardien a été jugé encore un peu tendre par le staff grenoblois et c'est en qualité de doublure qu'il a été conservé. Pour le poste de titulaire, le staff a jeté son dévolu sur Ronan Quemener, le jeune portier de Gap qui vient tout juste d'être élu meilleur gardien du championnat avec Billy Thompson après avoir été élu meilleur espoir la saison précédente. Quemener, qui a également intégré l'équipe de France en tant que troisième gardien lors des derniers championnats du monde, reprend le flambeau laissé par une longue liste de gardiens français qui l'ont précédé dans la cage grenobloise, une des marques de fabrique du club : Ferhi, Rolland, Huet, Djian mais aussi Maric ou Sozzi sont autant d'illustres prédécesseurs et Quemener sera attendu au tournant. La pression qui l'entoure sur un tel poste sera plus forte qu'à Gap, tout comme la concurrence exercée par Sébastien Raibon, prêt à sauter sur la place de titulaire à la moindre défaillance de Quemener. C'est dire la pression qu'aura ce jeune gardien sur ses épaules. S'il réussit à s'imposer, les portes de l'équipe de France s'ouvriront sans doute durablement à lui. S'il échoue, ce sera un coup de frein pour sa carrière alors qu'il n'a signé qu'un an de contrat dans l'espoir de trouver rapidement une opportunité à l'étranger, son objectif initial lorsqu'il a annoncé son départ de Gap.

Après avoir assuré le poste de gardien de but, le staff grenoblois s'est penché sur la défense, à reconstruire après les départs de Wallin, Moisand, Gillet et Llorca. Pour remplacer Viktor Wallin, il fallait trouver un défenseur d'expérience capable d'aider Rouleau et Amar, les deux autres cadres de la défense, mais aussi d'encadrer les jeunes. Jean-François Dufour a choisi un compatriote dont il a croisé le chemin à plusieurs reprises au cours de sa carrière : Sylvain Dufresne qui évoluait dernièrement en Italie après avoir connu l'AHL notamment. Gros CV et recrue phare de la défense grenobloise, Dufresne devra s'imposer rapidement comme un pilier de la défense des Brûleurs de Loups et ne pas décevoir les espoirs placés en lui car il aura vraisemblablement un très gros temps de jeu.

Pour remplacer Gillet et Moisand, le staff grenoblois a opté pour deux joueurs au profil assez différent : Kévin Dusseau, grand espoir tricolore en défense, était sollicité depuis plusieurs saisons par le club. Après un faux départ en Suède et une première saison en Ligue Magnus à Briançon, le voilà qui pose enfin ses valises sur les bords de l'Isère. Frustré par sa fin de saison briançonnaise où son temps de glace a diminué, il espère rebondir à Grenoble où il aura tout le temps de glace nécessaire à sa progression. Avec en filigrane, l'espoir d'intégrer l'équipe de France senior alors qu'il a seulement 20 ans. Son gabarit et son tir précis devraient être précieux à la ligne bleue. L'autre recrue défensive est étrangère : Michael Steiner est un défenseur à petit gabarit mais extrêmement rapide sur la glace. Parfois aligné en attaque à Dijon, il devrait apporter beaucoup de vitesse dans la défensive grenobloise, un souhait émis par Dufour qui tenait à dynamiser le jeu de son équipe suite aux départs de Wallin et Gillet, défenseurs plutôt lourds et peu rapides.

Quant au remplacement de Vincent Llorca, c'est une solution interne qui a été finalement choisie avec le repositionnement de Maxime Suzzarini. Défenseur de formation, il avait été utilisé en attaque lors des deux dernières saisons en Espoirs Elite même s'il a disputé les phases finales en défense avec les U22. Utilisé l'an dernier comme treizième attaquant, ce jeune joueur aux qualités physiques hors normes pourrait s'avérer très utile, notamment en supériorité numérique. Sa pré-saison encourageante a incité le staff à lui faire confiance.

En attaque, il a fallu trouver les remplaçants de Broz, Krayzel et Papa et ne pas se tromper sur les futurs leaders de l'attaque grenobloise. Comme pour le remplacement de Wallin, Dufour a fait confiance à des compatriotes qu'il souhaitait plus jeunes que Broz et Krayzel afin de limiter les écarts entre générations dans le vestiaire. Avec Francis Desrosiers, il tombe dans le mille puisque le jeune attaquant québécois a le même âge que Baylacq et Avenel notamment. À Reims lors de sa première saison en France, il a démontré toutes ses qualités de vitesse mais aussi d'intensité. Desrosiers est un joueur spectaculaire, capable de réveiller une attaque et de marquer des buts. Il lui reste à intégrer le plus rapidement possible la différence de niveau entre Division 1 et Ligue Magnus avant d'espérer être aussi prolifique que lors de sa saison en Division 1 où il a terminé au deuxième rang des compteurs derrière Martin Gascon.

Autre renfort canadien en attaque, plus méconnu celui-là, François Ouimet, 25 ans. Son nom n'est pas inconnu (son homonyme avait été joueur à Villard dans les années 80) mais son profil l'est totalement. Après un parcours plutôt réussi en junior AAA au Québec où il fut notamment meilleur buteur lors de sa dernière saison dans cette ligue, Ouimet a opté pour un parcours universitaire aux États-Unis en intégrant Merrimack College. Mais durant ses quatre saisons universitaires, il n'aura pas connu la réussite de son coéquipier français Stéphane Da Costa, l'un des leaders de l'équipe. Malgré des débuts prometteurs, il fut cantonné essentiellement à des tâches défensives avec des productions offensives déclinantes d'année en année. Blessé lors de sa dernière saison, il vient en Europe pour relancer sa carrière. Avec Ouimet, Dufour fait clairement un pari en engageant un joueur aux références limitées. Mais il a choisi un joueur reconnu pour ses qualités de vitesse et de patinage notamment, comme Steiner et Desrosiers. Une constante dans le recrutement de Dufour.

Enfin, il fallait ajouter un joueur d'expérience à cette attaque pour combler le vide laissé par Broz. C'est Anthony Aquino qui aura la lourde tâche de succéder au magicien tchèque. Aquino a joué en AHL et en ECHL avant d'effectuer plusieurs saisons réussies en Italie où ses statistiques tournaient autour d'un point par match. Aquino vient avec une réputation de joueur complet, mais Dufour compte surtout sur lui pour marquer des buts, un domaine dans lequel les Grenoblois ont connu de grosses lacunes la saison dernière. À noter pour l'anecdote qu'Aquino a déjà foulé la glace de Pôle Sud lors de la tournée d'une équipe nord-américaine (Sport Aid impact) en Europe sous la houlette de Shawn Allard. C'était en septembre 2004 et Aquino avait été crédité d'une assistance lors du match de pré-saison disputé à Pôle Sud.

Dufour a donc recruté des joueurs plus jeunes, plus rapides et plus explosifs que les partants. Tout en assurant un minimum d'expérience dans l'effectif avec les recrutements de Dufresne et Aquino dont on attend beaucoup.

Une défense à reconstruire, une attaque plus performante ?

Dufour a souhaité bâtir une équipe plus jeune, plus rapide et plus dynamique. Sur le papier, elle ne semble pas inférieure à sa devancière, l'expérience en moins. Sans doute sera-t-elle plus adaptée au système de jeu préconisé par l'entraîneur des Brûleurs de Loups, très direct vers la cage avec des palets lancés au fond dès la ligne bleue franchie. Un système de jeu très canadien en somme, qui exige des joueurs très rapides pour prendre les défenseurs adverses de vitesse.

Devant les cages, Grenoble part donc avec un duo de gardiens Quemener-Raibon. Si Quemener ne se montre pas indiscutable, ce duo pourrait vite s'apparenter à un tandem 1A et 1B plutôt que un gardien n°1 et un back-up clairement définis. La tentation pour Dufour pourrait être de faire tourner, en mettant le gardien le plus en forme selon les matchs. Cette saine concurrence pourrait aider l'un et l'autre à se surpasser pour gagner sa place ce dont bénéficierait l'ensemble de l'équipe. Mais le risque est aussi que chaque gardien joue avec trop de pression en commettant des erreurs répétées et donc que Dufour ne parvienne jamais à trouver de stabilité à ce poste. Pôle Sud garde encore en souvenir la saison 2005/06 qui avait vu deux "jeunes gardiens", Burnet et Dietrich, alterner toute la saison dans les cages en proposant parfois le bon et très souvent le moins bon. Un (mauvais) exemple qu'il faudra à tout prix éviter de reproduire cette saison, mais Quemener a les clés.

La défense a longtemps été le point fort des Brûleurs de Loups, y compris la saison dernière où ils pouvaient s'appuyer sur un solide trio Rouleau-Amar-Wallin qui donnait beaucoup de garanties, du moins jusqu'à la blessure d'Amar. Avec Dufresne à la place de Wallin, Grenoble devrait de nouveau pouvoir s'appuyer sur trois défenseurs d'expérience. Baptiste Amar, c'est le capitaine mais aussi le pilier à la ligne bleue, aussi bon défensivement en un contre un qu'offensivement lorsqu'il s'agit de porter le surnombre en attaque. Capable de jouer près de trente minutes par match, il est indispensable à la défense grenobloise. La descente aux enfers qui a suivi sa blessure l'an dernier est bien là pour le rappeler. De sa capacité à revenir rapidement sur la glace en pleine possession de ses moyens pourrait dépendre une bonne partie de la réussite grenobloise. Quant à Alexandre Rouleau, c'est l'autre pilier. Il sait tout faire : défendre, attaquer, tirer à la ligne bleue, mettre de solides mises en échec. Très actif et volontaire, il montre souvent l'exemple sur la glace. Son défaut : un côté un peu trop émotionnel qui lui fait parfois prendre des pénalités stupides. Son début de saison n'est pas à la hauteur de ses performances habituelles. Grenoble aura pourtant besoin d'un Rouleau au top pour réussir une bonne saison.

Outre Dusseau et Steiner, Grenoble pourra compter sur le discret Jason Crossman. Sa progression est régulière et il vient enfin d'aligner une saison complète comme titulaire même s'il a subi la concurrence de Llorca en fin de saison. Son jeu est propre et sans fioriture. Défenseur essentiellement défensif, il reste souvent derrière pour couvrir les montées de ses coéquipiers. Rarement pris en défaut, il a pris du muscle pour s'imposer physiquement et devrait jouer un plus grand rôle cette saison. En soutien Colotti et Suzzarini, apporteront des solutions différentes pour pallier aux blessures. D'un côté le double mètre de Suzzarini pour la puissance et le jeu physique, de l'autre la vivacité et la pugnacité de Rémi Colotti, défenseur au petit gabarit qui n'hésite pas à porter le danger en attaque mais aussi à aller au charbon lorsqu'il le faut.

Si Grenoble parait bien armée en défensive, il faudra encore trouver de nouvelles associations pour que l'ensemble fonctionne. Dusseau et Dufresne devront également prendre leurs responsabilités pour les tirs à la ligne bleue en supériorité numérique car Amar et Rouleau ne pourront pas tout faire tout seuls. Mais l'efficacité de la défense grenobloise semble avant tout dépendre du retour en forme de Baptiste Amar.

C'est finalement en attaque où il y a eu le moins de changements. Un paradoxe si on se rappelle que l'attaque était le point faible des Brûleurs de Loups la saison dernière. Bloqué par les contrats de joueurs qui portaient sur plusieurs années, le staff n'a pu changer que le tandem Broz-Krayzel ainsi que Raphaël Papa et les remplacer par les trois attaquants canadiens. Pour le reste, on prend les mêmes et on recommence : le Slovène Mitja Sivic, seul attaquant étranger conservé, entame sa quatrième saison au club. Joueur rapide, il devrait pouvoir trouver plus facilement des automatismes avec ses coéquipiers qui auront le même profil que lui. Sa tendance à porter un peu trop le palet lui est préjudiciable mais il est encore capable de faire la différence sur une action individuelle lorsqu'il est dans un bon soir. Il sera désormais l'attaquant le plus expérimenté de l'attaque grenobloise et une grosse attente sera placée en lui.

Parmi les joueurs français confirmés, on recense toujours Christophe Tartari qui assure l'intérim au capitanat en l'absence de Baptiste Amar. Sa production a nettement baissé la saison dernière après une excellente saison 2009-10 où il évoluait aux côtés de Damien Fleury et... Jean-François Dufour. Au fil des saisons, il se spécialise dans un registre défensif où il excelle, notamment en infériorité numérique, mais n'a pas le rayonnement offensif d'un joueur de premier ou deuxième trio.

À l'inverse de Gillet, Matthieu Le Blond et Graham Avenel poursuivent l'aventure grenobloise après une première saison en demi-teinte avec les Brûleurs de Loups. Le retour de Le Blond a été décevant après une dernière saison pourtant très prometteuse offensivement avec Villard. Comme Tartari, Le Blond s'est spécialisé dans le jeu défensif où il joue un rôle intéressant. Son manque d'impact physique, notamment dans les bandes, peut être un handicap. Pour sa deuxième saison, une meilleure production offensive sera attendue de lui. Même constat pour Avenel dont l'adaptation à la Ligue Magnus a pris plus de temps que prévu. Ses prestations ne sont pas encore assez régulières avec quelques matchs très actifs mais aussi beaucoup de soirées sans. Un potentiel encore loin d'être exploité à sa pleine mesure. Lui aussi devra améliorer sa production offensive.

Julien Baylacq et Nicolas Arrossamena se sont pour leur part installés définitivement comme des cadres de l'attaque grenobloise : Baylacq, par sa débauche d'énergie sur la glace et son très bon jeu défensif, notamment en infériorité numérique, Arrossamena par ses qualités techniques et son sens du but. Si Baylacq a connu une progression constante la saison dernière avec notamment une efficacité accrue devant le but, son point faible jusque-là, Arrossamena a connu un déclic avec son doublé lors de la finale de la coupe de la ligue. Ensuite, ce fut une progression offensive régulière tout au long de la deuxième partie de saison au point d'être sélectionné pour les championnats du monde en Slovaquie après plusieurs prestations convaincantes lors des regroupements de l'équipe de France. Baylacq et Arrossamena sont désormais des titulaires à part entière de l'attaque grenobloise et doivent maintenant obtenir la régularité qui va avec.

La quatrième ligne devrait être la même que la saison dernière. Avec Loup Benoît qui continue sa progression après une participation aux championnats du monde des moins de 20 ans et un camp d'entraînement cet été aux États-Unis. Bon joueur défensif, Benoît doit maintenant contribuer aussi offensivement. Avec également Elie Raibon qui apporte sa fougue et son intensité lorsqu'il entre en jeu. S'il parvient à maîtriser ses nerfs et éviter les pénalités stupides, il a tout pour être un joueur intéressant d'autant qu'il est maintenant un cadre de l'équipe Espoirs Elite. Il peut franchir un cap cette saison. Enfin Joris Bedin a un bagage technique impressionnant pour son âge. Il lui manque certes le gabarit pour faire vraiment la différence au niveau des séniors. Mais ses apparitions régulières en équipe première la saison dernière ont été très prometteuses et devraient être rapidement confirmées. À ce contingent viennent s'ajouter César Joffre, très performant en fin de saison avec les Espoirs Elite, ainsi que Mathieu Briand, jeune attaquant au grand gabarit en provenance de Rouen, qui auront l'occasion de palier régulièrement les blessures tout en jouant avec les U22.

À la vue de l'attaque grenobloise, un constat s'impose tout de même : l'effectif est composé d'un nombre important d'attaquants travailleurs au profil défensif et très peu de joueurs offensifs techniquement capables de faire la différence. Une lacune qui pourrait s'avérer préjudiciable tout au long de la saison, surtout lorsque les rares joueurs offensifs sont blessés comme c'est le cas en début de saison avec Aquino et Desrosiers, tous deux absents pour une longue période, et le recrutement temporaire de Damien Raux n'a rien changé fondamentalement. À moins que le jeu collectif ne compense ce manque, les Brûleurs de Loups pourraient bien, comme la saison précédente, avoir du mal à trouver le fond des filets adverses.

Budget limité, objectifs limités ?

Jean-François Dufour a utilisé tous les moyens à sa disposition pour que sa deuxième saison à la tête des Brûleurs de Loups soit un succès. Il est allé observer pendant les play-offs et durant l'été les techniques d'entraînement des Penguins de Pittsburgh où son beau-père entraîne les gardiens. Il lui reste désormais le plus dur : les mettre en application avec son équipe et faire en sorte que ses consignes soient respectées sur la glace, ce qui n'est pas toujours le cas avec un effectif jeune et peu discipliné et des cadres pas toujours à la hauteur de leurs responsabilités en ce début de saison. La vitesse et l'explosivité des joueurs qu'il a souhaités ne suffisent pas, malgré de bonnes surprises comme Steiner et Ouimet. À défaut de disposer de grosses individualités capables de faire la différence, il devra mettre en place un collectif huilé et solide, ce qui était encore loin d'être le cas en début de saison.

À sa décharge, les blessures de cadres comme Amar et Aquino lui ont sérieusement compliqué la tâche. Mais cela est la conséquence directe du manque de profondeur d'un effectif qui ne peut se montrer compétitif sans ses trop rares joueurs clés. Depuis la saison dernière, Grenoble ne peut plus compter sur trois blocs homogènes et ses jeunes joueurs ont du mal à rivaliser avec des blocs plus expérimentés à fort bagage technique. D'autant plus que l'équipe manque singulièrement de joueurs offensifs capables de faire la différence en attaque ce qui empêche Dufour d'aligner au moins deux lignes offensives suffisamment percutantes.

Depuis deux saisons maintenant, les Brûleurs de Loups se serrent la ceinture alors que le club dispose du deuxième budget de Ligue Magnus avec 2,2 millions d'euros pour une masse salariale de 660 000 euros. La validation par la CNSCG a encore été compliquée durant l'intersaison et le plan de redressement est toujours en cours. Le club a donc dû changer ses méthodes de recrutement et apprendre à recruter bon et pas cher. Pas évident compte tenu du manque de variété des filières de recrutement, souvent limité à la Ligue Magnus et parfois moins efficace que celui de certaines équipes habituées à recruter malin à moindre coût.

Dans ces circonstances, quels peuvent être les objectifs raisonnables du club ? Celui fixé par la présidente en début de saison (une place dans les quatre premiers et conserver la coupe de la ligue) a déjà du plomb dans l'aile. L'élimination prématurée en coupe de la ligue est un premier échec pour une équipe qui avait pourtant laissé entrevoir de belles promesses avec la victoire au Trophée des Champions, aux dépens d'un Rouen certes diminué, sur un score fleuve (6-1). Autre objectif possible : la coupe de France, compétition dans laquelle Grenoble fait son retour après deux ans d'abstinence. Mais la part de chance est importante dans cette compétition. En Ligue Magnus, une participation aux quarts de finale serait déjà une belle réussite. Mais pour y arriver, Grenoble devra batailler toute la saison face à des équipes souvent plus expérimentées qui ont bien mieux ciblé leur recrutement. Et surtout compter sur le retour de leurs blessés. Les Brûleurs de Loups n'ont plus aucune marge sur leurs adversaires et vont souvent peiner pour s'imposer, même à domicile. Le retour au sommet prendra du temps.

Christophe Laparra

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2010/11
33 QUEMENER Ronan       13/02/1988  184  76  Rennes            Gap         FRA-1
39 RAIBON Sébastien     03/11/1990  179  81  Grenoble          Grenoble    FRA-1

Défenseurs

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2010/11   MJ   B   A  Pts  Pén
 5 AMAR Baptiste        11/11/1979  183  80  Gap               Grenoble    FRA-1   25   6   9  15   42'
61 COLOTTI Rémi         30/10/1990  178  77  Grenoble          Grenoble    FRA-1   31   0   1   1   22'
                                                               GrenobleU22 FRAjr   19   7  19  26   50'
91 CROSSMAN Jason       15/03/1990  182  77  Montpellier       Grenoble    FRA-1   35   1   3   4   14'
                                                               GrenobleU22 FRAjr   10   3   6   9   46'
76 DUFRESNE Sylvain     24/07/1978  187  93        (Canadien)  Pontebba    ITA-1   43   7  12  19   38'
28 DUSSEAU Kévin        24/07/1991  187  91  Cherbourg         Briançon    FRA-1   38   6   5  11   40'
                                                               Reims U22   FRAjr    7   3   4   7   22'
32 ROULEAU Alexandre    29/07/1983  186  86        (Canadien)  Grenoble    FRA-1   38  17  13  30  136'
96 STEINER Michael      06/02/1986  173  73  (Brit/Américain)  Dijon       FRA-1   34   3   9  12   34'
68 SUZZARINI Maxime     07/12/1991  203 112  Grenoble          Grenoble    FRA-1   26   0   0   0    4'
                                                               GrenobleU22 FRAjr   21   6   9  15   96'

Attaquants

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2010/11   MJ   B   A  Pts  Pén
19 AQUINO Anthony       01/08/1982  183  87    (Ita/Canadien)  Valpellice  ITA-1   48  22  34  56   65'
90 ARROSSAMENA Nicolas  09/01/1990  183  73  St-Pierre         Grenoble    FRA-1   39  17   6  23   36'
                                                               GrenobleU22 FRAjr   10  11  10  21   26'
74 AVENEL Graham        26/06/1989  185  82  Caen              Grenoble    FRA-1   39   6  10  16   14'
                                                               GrenobleU22 FRAjr    8   3   4   7   29'
13 BAYLACQ Julien       10/04/1989  183  75  Grenoble          Grenoble    FRA-1   32  11   8  19   48'
                                                               GrenobleU22 FRAjr    5   3   3   6   20'
93 BEDIN Joris          04/02/1993  172  71  Grenoble          Grenoble    FRA-1   30   0   1   1    4'
                                                               GrenobleU22 FRAjr   16  13  11  24   10'
                                                               GrenobleU18 FRAcd    7   8   5  13   12'
12 BENOIT Loup          10/06/1991  177  68  Grenoble          Grenoble    FRA-1   33   2   5   7    4'
                                                               GrenobleU22 FRAjr   19  11  19  30   22'
38 BRIAND Mathieu       23/10/1993  196  85  St-Pierre         Rouen U22   FRAjr    5   0   1   1    2'
                                                               Rouen U18   FRAcd   22  11  15  26   16'
22 DESROSIERS Francis   27/06/1989  178  82        (Canadien)  Reims       FRA-2   26  23  38  61   30'
17 JOFFRE César         21/10/1990  182  70  Grenoble          GrenobleU22 FRAjr   23   8  11  19   56'
88 LE BLOND Matthieu    16/09/1987  182  82  Grenoble          Grenoble    FRA-1   39   6  12  18   34'
21 OUIMET François      10/12/1986  178  76        (Canadien)  Merrimack   NCAA    12   1   1   2    2'
11 RAIBON Elie          03/11/1990  178  92  Grenoble          Grenoble    FRA-1   26   2   3   5    6'
                                                               GrenobleU22 FRAjr   16  13  10  23   14'
24 SIVIC Mitja          01/10/1979  177  85         (Slovène)  Grenoble    FRA-1   35  15  22  37   24'
73 TARTARI Christophe   03/12/1984  189  81  Grenoble          Grenoble    FRA-1   39   8  16  24   73'

NB : les statistiques incluent la Coupe de la ligue, compétition à l'adversité équivalente à la Ligue Magnus.

Entraîneur : Jean-François Dufour (CAN, 35 ans).

Départs : Eddy Ferhi (G, Anglet, FRA-2), Anthony Koren (G, Villard-de-Lans, U22 Elite), Viktor Wallin (D, 5+13, Merano, ITA-2), Maxime Moisand (D, 1+3, Odense, DAN), Aymeric Gillet (D, 4+9, Bordeaux, FRA-2), Vincent Llorca (D, 0+0, Nepean, CANjrA), Raphaël Papa (A, 2+4, Morzine-Avoriaz, FRA-1), Ludek Krayzel (A, 17+15, Poruba, TCH-3), Ludek Broz (A, 4+36, Hradec Králové, TCH-2).

 

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