Bilan de la saison NHL 2009/10

 

Premiers : Chicago Blackhawks. Le bilan de la saison 2009/10 est évidemment positif pour les Blackhawks de Chicago, qui ont remporté leur première coupe Stanley depuis 1961. Leur épopée en playoffs a été largement couverte sur le site, il convient donc non pas d’y revenir mais plutôt de voir comment ils sont parvenus à ce titre.

L’équipe s’est construite au fil des ans en se basant sur le duo Jonathan Toews – Patrick Kane, draftés en 2006 pour le premier et 2007 pour le second, qui symbolise le retour de la franchise au sommet après un passage à vide lors du milieu des années 2000. Le duo est surnommé par les fans "Daydream Nation", référence à l’album culte de Sonic Youth sorti en 1988. Le rapport avec l’album vient de l’année, qui est la conjonction du numéro du Toews (19) et celui de Kane (88) mais également leur année de naissance à tous les deux. Ce surnom leur va plutôt bien car ils ont effectivement fait de Chicago "une nation qui rêve" des sommets. Parmi les autres joueurs d’importance draftés par les Blackhawks, il y a également Duncan Keith et Brent Seabrook, qui forment la première ligne défensive.

Ensuite, il y a eu une suite de signatures importantes ces dernières années : Patrick Sharp, transféré de Philadelphie en 2005, ou Brian Campbell, signé comme agent libre en 2008. Enfin, Les Blackhawks ont recruté Marian Hossa l’été dernier, alors qu’il était sans doute l’un des agents libres les plus en vue du marché. Ce fut une signature cruciale pour l’équipe car elle a apporté un des meilleurs buteurs de la ligue à une équipe qui venait juste de briller dans les playoffs. Chicago est donc rapidement apparu comme un prétendant au titre sérieux.

Mais l’arrivée de Hossa envoyait un autre signal aux concurrents : du fait de son poids dans la masse salariale, même s’il était compensé par une manipulation comme celle du contrat annulé de Kovalchuk, l’équipe de Chicago serait confrontée rapidement à des problèmes de salary cap qui l’obligeraient à transférer beaucoup de joueur l’été suivant. Les Blackhawks savaient donc que l’équipe ne tiendrait pour partie qu’une saison et qu’il fallait capitaliser au maximum sur cette année.

Outre Hossa, Chicago a signé le même jour un autre Slovaque, Tomas Kopecky, qui évoluait avec lui chez les Red Wings de Detroit. Il devait renforcer la réserve de l’effectif et éventuellement jouer sur la troisième ou quatrième ligne. Personne n’aurait cru que les deux Slovaques termineraient la finale en première ligne avec Jonathan Toews...

De fait, les lignes ont énormément changé durant la saison, l’entraîneur Joel Quenneville se livrant à de nombreuses modifications. Ainsi, un site de fans qui s’était fait fort de mettre à jour les lignes à chaque changement a fini par jeter l’éponge, ajoutant au passage l’image d’un mixer. Quenneville a pu toutefois compter sur un effectif suffisamment fourni pour se livrer à ces modifications.

L’autre problème de la saison a été les gardiens. En soi, la performance du duo Huet – Niemi n’a pas été catastrophique mais elle a longtemps constituée un bémol d’importance pour les chances de Chicago de remporter le titre. Les Blackhawks avaient signé Cristobal Huet en 2008 pour endosser le rôle de titulaire mais il n’a pas vraiment convaincu. Barré en 2008/09 par Khabibulin, il n’a pas réussi à se montrer à son avantage cette saison, enchaînant des périodes probantes (en novembre et décembre) avec d’autres plus compliquées. Il a définitivement été écarté du poste de titulaire après deux défaites terribles en mars contre Detroit puis Columbus.

Finalement, Antti Niemi a donc pris le poste de titulaire et il a réussi des playoffs probants. Toutefois, comme il n’a pas trouvé d’accord avec l’équipe, il est devenu agent libre. Ce n’est pas forcément un calcul très intéressant pour lui : beaucoup d’équipes ont déjà signé leur duo de gardiens. De plus, les managers généraux seront sans doute très prudents avant d’accorder un gros contrat à un joueur qui, s’il a remporté le titre, n’a toutefois pas toujours été extraordinaire.

La bonne réussite défensive des Blackhawks est, en fait, plus à mettre au crédit de la défense que des gardiens. Sa solidité défensive a permis à Chicago de mettre en place un système de jeu basé sur la possession du palet et en a fait l’équipe qui a reçu le moins de tirs cadrés adverses. Il n’y a pas eu beaucoup de modifications dans les lignes de défense, l’équipe trouvant rapidement son rythme de croisière avec Seabrook-Keith sur la première et Campbell-Hjalmarsson sur la deuxième. Seule la troisième a connu quelques modifications, Quenneville ayant des difficultés à trouver un partenaire à Brent Sopel.

Le seul bémol de la défense concerne Brian Campbell. S’il a fait une saison plutôt correcte, il fait l’objet de critiques de la part des fans qui trouvent que son salaire (7,14 millions par an) est trop élevé par rapport à son rendement. S’il est vrai que Campbell est sans doute le joueur de deuxième ligne le mieux payé de la ligue, il ne faut toutefois pas oublier qu’il occupe également le rôle de meneur de jeu lors des situations de supériorité numérique. La question de l’importance du salaire est aussi prépondérante dans les critiques des fans à l’encontre de Cristobal Huet, qui émarge à 5,625 millions par an.

Sans surprise, les Blackhawks ont dû se résoudre à transférer ou à ne pas re-signer un certain nombre de leur joueurs afin de descendre sous le salary cap de la prochaine saison. Pourtant, il n’y a pas vraiment eu de purge car Chicago a conservé son noyau de joueurs cadres intact. Les seuls départs vraiment importants ont été ceux de Dustin Byfuglien et Kris Versteeg. Byfuglien a été un des héros de la conquête du titre, en marquant des buts importants en prolongations ou en utilisant sa puissance physique face au but. Toutefois, même s’il était un joueur apprécié des fans, il n’était pas dit qu’il aurait retrouvé ce niveau l’an prochain, lui qui a été critiqué durant la saison régulière pour un manque d’implication lors de certains matchs. Versteeg était également un joueur apprécié des fans, grâce à sa vitesse sur la glace mais il ne pouvait pas rester éternellement sur la troisième ligne de Chicago, il aurait sans doute fini tôt ou tard par partir pour rejoindre une équipe qui lui aurait donné une chance de jouer sur les premières lignes.

Le seul joueur que les fans ont vraiment craint de voir partir est Patrick Sharp. Stan Bowman, le manager général de l’équipe, les a toutefois rassurés en assurant qu’il ne le transfèrerait pas. Néanmoins, les ennuis de Chicago avec la masse salariale ne sont pas encore terminés, et il est maintenant presque inexorable que ce soit Huet qui en fasse les frais.

 

Deuxièmes : Philadelphia Flyers. Il valait mieux ne pas être cardiaque pour les fans des Flyers cette année. En effet, la saison de Philadelphie a été plus proche des montagnes russes que du long fleuve tranquille. Le ton avait été donné dès l’intersaison par quelques actes du manager général de l’équipe, Paul Holmgren. Ainsi, le jour de la draft 2009, il effectue un échange avec les Ducks d’Anaheim : il envoie Joffrey Lupul (ailier gauche de deuxième ligne), le jeune défenseur Luca Sbisa (drafté au premier tour en 2008) et les choix du premier tour de draft pour 2009 et 2010 pour recevoir Chris Pronger. Il a donc fallu payer le prix, mais Holmgren a obtenu un des joueurs les plus craints de la ligue, même si cela pouvait sembler cher pour un défenseur de 35 ans.

Autre mouvement risqué, il a choisi de s’adjoindre les services de Ray Emery, le fantasque gardien blacklisté de la NHL après son départ fracassant des Sénateurs d’Ottawa en 2008 à cause de nombreuses altercations sur et en dehors de la glace. Il avait rejoint la KHL et l’Atlant mais souhaitait retourner en NHL. D’ailleurs, Holmgren, mécontent des performances de ses deux gardiens (Biron et Niittymäki), n’en a gardé aucun et a préféré embaucher un ancien Flyer, Brian Boucher. Un des avantages évident de la paire Emery – Boucher pour garder les buts était le faible prix : 1,5 million de dollars pour le premier et 925 000 pour le second.

Les Flyers était donc considérés comme des favoris potentiels. Pourtant, la saison commence difficilement et l’entraîneur, John Stevens, est remercié alors que son équipe affiche 27 points en 25 parties. Peter Laviolette le remplace le 4 décembre mais rien ne semble aller : le nouveau coach démarre avec 8 défaites lors des 10 premiers matchs. De nombreux joueurs sont blessés durant cette période, comme Brière, Carter, Gagné et Timonen. De plus, Emery se blesse à la mi-décembre alors qu’il signait une saison plutôt correcte. Il est revenu ponctuellement courant janvier mais a contracté une autre blessure à la cuisse qui s’est révélée persistante. Il a dû déclarer forfait pour le reste de la saison, voire pour la prochaine.

Brian Boucher est alors devenu le gardien titulaire, jusqu’à ce qu’il se blesse à un doigt le 21 décembre face aux Panthers de Floride. Les Flyers viennent alors juste de récupérer Michael Leighton, laissé disponible par Carolina : il se retrouve donc propulsé gardien titulaire, lui qui n’a joué que 76 matchs en huit ans de carrière en NHL, dont 5 cette saison sans grand succès (84,8% d’arrêts). Contre toute attente, l’arrivée de Leighton dans les buts est bénéfique, car il enchaîne 8 victoires lors de ses 10 premiers matchs avec l’équipe. Finalement, il en joue 27, pour 16 victoires et 91,8% d’arrêts. Il est alors le titulaire indiscutable au poste de gardien... jusqu’à ce qu’il se blesse, à la mi-mars contre Nashville.

Boucher reprend le poste de numéro 1 mais peine à convaincre : alors qu’il rentre en cours de match face à Nashville, il encaisse son premier but après vingt secondes de présence sur la glace puis enchaîne les défaites. La position de Philadelphie au classement s’effrite et la qualification pour les playoffs se joue finalement sur le dernier match face aux Rangers de New York. Les Flyers passent aux tirs aux buts grâce à un arrêt crucial de Boucher face à Olli Jokinen.

Les choses s’emballent ensuite : ils écartent d’abord le rival New Jersey, puis rentrent dans l’histoire en devenant la première équipe depuis 1975 à combler un déficit de trois défaites dans une série pour finalement la remporter, aux dépens des Bruins de Boston. Alors que Boucher réussissait une belle performance depuis le début des playoffs, il se blesse face aux Bruins. Heureusement, Leighton revient de blessure juste à ce moment et parvient à clore la série face à Boston. Leighton se montre ensuite à son avantage face aux Canadiens de Montréal, en démarrant la série avec deux blanchissages de suite à domicile, et Philadelphie remporte la série en 5 matchs. Toutefois, malgré les efforts de Daniel Brière, qui termine à un point du record NHL de points lors de la finale de coupe Stanley (avec ses 12 points), les Flyers s'inclinent logiquement en finale de coupe Stanley contre le favori Chicago.

Après une intersaison 2009 animée pour Holmgren, celle de 2010 s’annonce aussi pleine de rebondissements. Depuis quelques semaines, la rumeur était très insistante que Simon Gagné allait être transféré de Philadelphie à cause de tensions sur la masse salariale. La situation était déjà tendue en fin de saison, elle ne s’est pas améliorée quand le manager général a fait venir Meszaros de Tampa Bay, où il avait un contrat assez élevé, et a fait signer Nikolai Zherdev. Le Russe, qui revient en NHL après un exil d’un an en KHL, est certes un impact supplémentaire sur la masse salariale mais il apparaissait surtout ostensiblement comme le remplaçant de Gagné dans l’effectif.

Fatalement, comme toute la ligue était au courant que les Flyers devaient transférer quelqu’un et que ce serait sans doute Gagné, cela a réduit la valeur d’échange du joueur puisque l’équipe semblait dos au mur pour le faire. De plus, l’ailier québécois avait à la base une valeur d’échange diminuée, comme il a une propension importante à se blesser et qu’il vient de passer la trentaine. Tout était donc en place pour un transfert en défaveur de Philadelphie mais les fans étaient sans doute loin de s’imaginer à quel point il serait défavorable. Ils ont vite été ulcérés par ce transfert : en l’échange de l’un de leurs meilleurs ailiers, déterminant lors des playoffs, ils ont reçu Matt Walker et un choix de quatrième tour de draft, c'est-à-dire un défenseur de troisième ligne au mieux et sans doute un futur joueur d’AHL.

 

Troisièmes : San José Sharks. Les franchises d’expansion ont toujours des destinées compliquées en NHL, ne parvenant à sortir de la médiocrité des résultats que difficilement et tardivement. Si les Sharks de San José ont eu aussi connu des saisons très difficiles à leur arrivée, au début des années 90 (avec un record de la ligue de 71 défaites en 84 matchs en 1992/93), ils ont rapidement relevé la tête et affiché des résultats très probants lors des années 2000. San José a ainsi toujours été dans les environs des 100 points lors de la dernière décennie, mis à part en 2003. Mais les Sharks n’ont jamais réussi à s’imposer dans les playoffs, chutant souvent au stade des demi-finales de conférence.

Cette année, l’équipe a atteint la finale de la conférence pour la deuxième fois de son histoire mais, comme en 2004, elle l’a perdue. Cette fois, ce sont les futurs champions qui les ont battus en quatre matchs secs. Chaque année, les Sharks semblent prêts à remporter le titre mais ils échouent à chaque fois et le temps presse pour un effectif qui commence à vieillir.

L’équipe avait réussi le transfert de l’année en 2006 en faisant venir Joe Thornton de Boston, alors en délicatesse avec ce qui était le tout nouveau système de salary cap. Échangé avec peu de contreparties, "Jumbo Joe" avait montré qu’il était l’homme de la situation en remportant le trophée du MVP de la ligue. Cette année, San José a réussi un autre gros coup en faisant venir Dany Heatley d’Ottawa, contre Milan Michalek et le décevant Jonathan Cheechoo.

Heatley, qui jouait habituellement ailier gauche avec Spezza et Alfredsson à Ottawa, a été repositionné ailier droit pour pouvoir jouer sur la première ligne avec Patrick Marleau et Thornton. La ligne, baptisée HTML (pour Heatley Marleau Thornton Line) a été extrêmement productive, totalisant 103 buts sur les 264 des Sharks, mais seulement 6 des 35 buts des vainqueurs canadiens aux Jeux olympiques, où elle était la seule ligne intégralement issue d'un même club.

Les trois joueurs ont nettement devancé leurs coéquipiers de San José : le premier à les suivre, Ryane Clowe, a 25 points de moins que Heatley et Marleau.

Le seul joueur à vraiment se mettre en valeur a été Joe Pavelski. Le centre américain a ainsi inscrit 51 points en 67 matchs mais il a surtout été déterminant dans les playoffs. En effet, fidèle à son habitude, San José avait démarré les séries frileusement. Face au Colorado lors du premier tour, la première ligne n’a pas beaucoup produit : Thornton a amassé 3 points en 6 matchs, Dany Heatley n’a marqué aucun but et Marleau un seul. C’est la deuxième ligne Clowe – Pavelski – Setoguchi qui s’est chargé de la production, avec 9 buts dont 5 pour le seul Pavelski. Les leaders offensifs ont toutefois repris les choses en main dès le tour suivant face à Detroit.

En défense, les Sharks ont pu compter sur Dan Boyle, qui figure toujours parmi les défenseurs offensifs les plus productifs de la ligue (4e au classement des meilleurs marqueurs chez les défenseurs avec ses 58 points). Il a été l’un des meilleurs joueurs lors des playoffs, en se rattrapant rapidement d’un terrible but-gag qui avait donné une victoire au Colorado. Il termine ainsi avec 14 points en 15 matchs. Il a été associé pendant cette saison au rugueux suédois Douglas Murray, chargé d’apporter de la puissance physique à cette ligne.

L’impact de l’autre ligne principale de défense est venu du vétéran et capitaine Rob Blake pour sa vingtième saison dans la ligue. À 40 ans, il a annoncé sa retraite à la fin de la saison. Il évoluait lors de cette dernière saison avec le jeune Marc-Edouard Vlasic. Le Québécois de 23 ans n’a peut-être pas une contribution offensive très impressionnante (16 points) et il n’est pas très physique, mais il commet peu d’erreurs dans sa zone défensive.

Dans les buts, les Sharks ont pu compter sur Evgeni Nabokov pour sa dixième saison dans le club. Toutefois, il est devenu agent libre cet été, et comme il s’est montré financièrement exigeant, il est parti en KHL. C’est un changement important pour le club puisque le Russe était titulaire depuis 2001. Il laisse un souvenir mi-figue mi-raisin aux fans : autant il était constant et impeccable en saison régulière, autant ses performances baissaient nettement en play-offs. Cela a fait que Nabokov a souvent été associé à la réputation de perdant de San José en playoffs.

Pour le remplacer, Doug Wilson, le manager général, a signé Antero Niitymäki. S’il est sans doute moins doué que Nabokov, le Finlandais a l’avantage d’être moins cher. De fait, les performances de Nabokov venaient en partie du bon travail des défenseurs qui lui simplifiaient la tâche. Wilson a donc considéré qu’il n’était pas utile de recruter un gardien trop cher.

 

Quatrièmes : Canadiens de Montréal. Les Canadiens ont-ils réussi leur saison ? La question semble curieuse puisqu’ils n’ont été éliminés qu’en finale de conférence. L’exceptionnel parcours de l’équipe en playoffs reste pourtant encore à confirmer, d’autant plus que l’un des principaux héros de l’épopée, le gardien slovaque Jaroslav Halak, a été transféré entre-temps. De fait, réaliser un bon parcours en playoffs alors qu’on est un outsider n’est pas forcément gage de réussite future. Demandez à Edmonton...

À la dernière intersaison, le manager général de l’équipe de l’époque Bob Gainey trouvait que les résultats n’étaient pas à la hauteur des espérances avec une position de dernier qualifié et une élimination rapide en playoffs face à Boston, le rival historique. Son objectif était de rajeunir l’équipe afin de la rendre plus compétitive, pour que les célébrations du centenaire du club soient réussies. Gainey avait donc fait le choix de ne pas reconduire de nombreux contrats : les quatre attaquants les mieux payés, Alex Tanguay, Saku Koivu, Alexei Kovalev et Robert Lang, et les défenseurs Mike Komisarek, Francis Bouillon, Mathieu Dandenault, Mathieu Schneider et Patrice Brisebois.

Le départ le plus étonnant était celui de Koivu, qui était capitaine de l’équipe depuis 1999 et qui reste le dixième meilleur marqueur de l’histoire du Canadien (641 points). C’est d’autant plus impressionnant de la part du Finlandais qu’il n’est devancé que par les grands noms du club historique (Lafleur, Béliveau, les frères Richard, Robinson, etc) et surtout qu’il a joué à une période où les Canadiens étaient nettement moins dominateurs. Il est à noter également que seuls Jean Béliveau et Saku Koivu ont été capitaines pendant dix ans dans l’histoire de Montréal. Le départ de Koivu a donc signifié la fin d’une époque, la seule décennie où le club historique n’a pas remporté de coupe Stanley. Du coup, cette saison 2009/10 est la première dans l’histoire du club où l’équipe a évolué sans capitaine.

L’opération de refondation avait démarré par l'échange de l’ailier Higgins et de jeunes prospects contre Scott Gomez et Tom Pyatt, deux centres. Le pivot de cet échange était Gomez, qui avait gagné deux coupes Stanley avec le New Jersey avant de signer un contrat très lucratif avec les Rangers de New York de 7 ans pour 7,35 millions de moyenne par an. Les fans québécois furent assez déçus de cet échange car d'une part ils trouvaient que Gomez était surpayé, et d’autre part ils espéraient que Gainey ferait venir Vincent Lecavalier, joueur né à Montréal. Surtout, un des griefs contre Koivu était son absence de puissance du fait de sa petite taille, or Gomez n’est guère plus grand.

Cet échange eut plus de sens quand s'ouvrit le marché des agents libres. Le manager général fit signer Brian Gionta, qui avait joué auparavant sur la même ligne que Gomez à New Jersey avec une bonne alchimie qui leur a permis notamment d’atteindre tous les deux le plateau des 80 points en 2005/06. Autre signature importante réalisée par Gainey le 1er juillet, celle de Michael Cammalleri : l’ailier gauche venait de réaliser une superbe saison de 82 points avec Calgary (dont 39 buts). Certains observateurs étaient néanmoins sceptiques sur sa valeur, estimant que son contrat de 6 millions de dollars en moyenne par an était trop élevé.

Au niveau des défenseurs, Gainey a engagé Hal Gill (qui venait tout juste de remporter la coupe Stanley avec Pittsburgh), Jaroslav Spacek et Paul Mara. Ces arrivées compensent les départs mais aussi l’absence en début de saison d’Andrei Markov, le défenseur numéro 1 du club, à cause d’une opération à la cheville gauche.

Le début de saison est plutôt difficile pour le Canadien : Gomez déçoit et c’est Tomas Plekanec qui joue au centre de la première ligne. Gionta se casse la jambe droite à la mi-novembre et manque 20 matchs. Guillaume Latendresse, l’ailier québécois, manque complètement son début de saison avec 2 buts en 23 matchs et est transféré au Wild du Minnesota contre Benoît Pouliot à la fin novembre.

À la mi-décembre, l’équipe est proche du fond du classement. Heureusement, Markov revient de blessure et l’impact est immédiat : le Canadien enchaîne avec 6 victoires en 7 matchs. Gomez trouve enfin de la complémentarité quand Pouliot vient sur la gauche de sa ligne avec Gionta à sa droite. En première ligne, Cammalleri et Andrei Kostitsyn sont chargés de marquer sur les ailes avec l’assistance de Plekanec, qui tient pendant une longue période la moyenne d’un point par match. La saison est néanmoins compliquée car les trois buteurs principaux de l’équipe (Cammalleri, Gionta et Kostitsyn) ne jouent qu’une soixantaine de matchs. Il en résulte que l’équipe est l’une des plus médiocres offensivement (26e de la ligue). Gainey finit par laisser sa place en février à Pierre Gauthier.

Le seul point réellement positif de l’équipe concerne le poste de gardien, partagé par Carey Price et Jaroslav Halak. Le gardien slovaque effectue une saison régulière réussie avec plus de victoires que de défaites (contrairement à Price) et l’un des meilleurs pourcentages d’arrêts de la ligue. Toutefois, cela suffit juste à ce que l’équipe accroche les playoffs, à la 8e position comme l’an passé mais avec 5 points de moins et 32 buts marqués en moins. Tous ces changements d’intersaison pour ça ?

Curieusement, non. Alors que personne n’attend Montréal dans ces playoffs, l’équipe réussit un parcours étonnant en éliminant la meilleure équipe de la saison régulière (Washington) puis le champion en titre (Pittsburgh) dans des séries de sept matchs. C’est alors la frénésie au Québec, qui s’enflamme pour le Canadien en espérant la première coupe Stanley depuis 1993. Mais, sans surprise, ces espoirs vont être douchés par la finale de conférence face à Philadelphie où Montréal est promptement éliminé en 5 matchs (dont deux blanchissages d'entrée). Le Canadien a finalement été victime de son manque de production offensive, ses seuls atouts étaient la capacité des défenseurs à bloquer les tirs ou à repousser les attaquants adverses, plus évidemment Halak, devenu le héros des playoffs à Montréal. En attaque, seul Cammalleri se montre présent avec 13 buts en 19 matchs.

Autre joueur décisif dans les playoffs, le jeune défenseur P.K. Subban (21 ans) a été une bonne surprise pour les Canadiens. Il ne devait intégrer l’effectif qu’au début de la saison prochaine mais, en raison de blessures, il a été appelé pour la fin de saison. Il a été à la hauteur de la tâche, ce qui n’était pas simple puisque il a dû affronter des équipes très offensives lors de ces playoffs.

 

Cinquièmes : Vancouver Canucks. On a souvent noté qu’à l’ère post-lockout (depuis 2005) l’avantage était donné à l’attaque. Si la meilleure attaque de la ligue (Washington) a rapidement été éliminée des playoffs, la troisième Chicago a eu le succès que l’on sait. La deuxième attaque de la saison était Vancouver, qui a échoué comme l’année dernière en playoffs face à Chicago. Pourtant, les Canucks avaient gardé la meilleure offensive en playoffs (3,58 buts par match).

Parmi les artisans de cette importante production, il y a en premier lieu les jumeaux Sedin. Dès leur choix lors du premier tour de la draft de 1999, les deux frères suédois étaient annoncés comme les futures stars de l’équipe. S’ils ont très rapidement eu un impact positif, Daniel l’ailier gauche et Henrik le centre ont toutefois pris une dimension supérieure après le départ de leur compatriote Markus Näslund en 2008, qui leur a permis de prendre en main la production offensive du club.

Malgré leur importance dans l’équipe, les Sedin ne sont pas toujours épargnés par les critiques. Un des points les plus soulignés par les fans est leur manque de jeu physique. Avant leur émergence, la ligne qui avait marqué le début de la décennie 2000, la "West Coast Express" (Näslund-Morrison-Bertuzzi) ne rechignait pas à s’employer physiquement. Toutefois, les deux frères ont suivi un entraînement en Suède spécifiquement axé sur le physique lors de la dernière intersaison qui leur a permis d’être plus résistants face aux charges adverses, même s’ils ne se sont évidemment pas soudainement transformés en power forwards.

Les réticences vis-à-vis des jumeaux ont surtout été tempérées cette année par leur formidable production offensive : Henrik Sedin a effacé le record du club avec ses 112 points, dépassant les 110 de Pavel Bure en 1993. Outre le titre de meilleur marqueur de la ligue, il a également reçu le trophée de MVP en battant Ovechkin et Crosby. Daniel Sedin a quant à lui collecté 85 points, bien qu’il ait manqué 19 matchs à cause d’une jambe cassée en début de saison. S’il ne s’était pas blessé, il partait lui aussi sur les bases d’une saison à 110 points.

Pour la première fois de leur carrière en NHL, les deux frères ont été séparés sur la glace pendant assez longtemps (deux mois) à cause de la blessure de Daniel. Beaucoup d’observateurs étaient alors curieux de voir ce que Henrik le passeur produirait sans son frère buteur à sa gauche. Si le centre suédois a effectivement vu sa production légèrement décroître, il n’est pas descendu sous la barre d’un point par match en moyenne.

Pour compléter la ligne des jumeaux, le manager général Mike Gillis avait recruté à l’intersaison Mikael Samuelsson. Si l’ailier droit suédois n’avait pas réussi à percer à Detroit à cause d’un pourcentage de tirs trop faible (jamais au-dessus de 7,4% lors de ses trois dernières saisons chez les Red Wings), les Canucks voyaient surtout en lui celui qui avait formé une ligne très convaincante avec les jumeaux Sedin pour la Suède lors des JO de Turin en 2006. Samuelsson n’a toutefois pas réussi à retrouver cette alchimie avec les Canucks, et les frères Sedin ont retrouvé leur partenaire de ligne de l’an passé, Alexandre Burrows. C'est un partenaire de ligne intéressant pour les Sedin dans la mesure où il apporte une fougue et un impact physique que le duo n’a pas. Toutefois, les mauvaises pénalités de Burrows (121 minutes cette saison) peuvent être néfastes à son équipe. De plus, il a une nouvelle fois disparu en playoffs : après avoir inscrit 4 points en 10 matchs l’année dernière, il n’en a marqué que 6 en 12 matchs cette saison.

Samuelsson n’est pour autant pas à mettre dans la catégorie des déceptions de l’année : repositionné par la suite sur la deuxième ligne avec Raymond et Kesler, il a eu la meilleure saison de sa carrière avec 30 buts. Mais son principal fait d’armes reste les playoffs, avec 8 buts et 15 points en 12 matchs, ce qui lui a valu de retrouver les Sedin en première ligne.

Mason Raymond a été également une bonne surprise en attaque, le rapide ailier gauche ayant dépassé la barre des 20 buts et 50 points pour la première fois de sa carrière alors qu’il disputait sa troisième saison en NHL. Ryan Kesler, le centre défensif et leader de la deuxième ligne, a réussi une saison plus probante que la précédente, gratifiée par une nomination au trophée Selke (qui récompense le meilleur attaquant défensif de la ligue) et 75 points marqués.

Au niveau de la ligne bleue, la saison a été plutôt compliquée. L’équipe avait perdu à l’intersaison son meilleur défenseur Mathias Ohlund. La charge de mener la défense reposait alors sur les épaules de Sami Salo. Le vétéran suédois a toutefois eu une nouvelle fois une saison raccourcie par les blessures, tout comme Willie Mitchell, l’autre vétéran de la ligne bleue qui a manqué la fin de saison et les playoffs.

Le jeune Alexander Edler, maintenant privé de son mentor et compatriote Ohlund, a réalisé une saison en demi-teinte, repositionné le clair de la saison avec Salo. Ainsi, s’il a obtenu le meilleur total de points de sa carrière avec 42 et qu’il mène son équipe au niveau des tirs contrés, il termine avec un différentiel de 0. Cela s’explique par le fait qu’il a beaucoup été utilisé par Alain Vigneault, l’entraîneur. En effet, avec plus de 22 minutes en moyenne par match, la pression était forte sur le Suédois de 23 ans.

Aligné le plus souvent avec Mitchell pour une paire plutôt physique, Kevin Bieksa a lui aussi été longtemps absent, entre décembre et mars, ne jouant que 55 matchs. Il a lui aussi connu une saison décevante avec un différentiel de -5 et une tendance à prendre de mauvaises pénalités.

Seul l'Allemand Christian Ehrhoff a eu une saison réussie sur la ligne bleue des Canucks avec ses 44 points et un différentiel de +36. Il a également été productif pendant les playoffs avec 7 points en 12 matchs.

Des rumeurs de transfert avaient circulées lors de la précédente intersaison au sujet du gardien Roberto Luongo, mais le club l’a conforté avec un contrat de 12 ans. Le gardien canadien a commencé lentement la saison, puis a connu une bonne période en décembre et janvier, avant des Jeux Olympiques excellents pour lui puisqu’il a remporté la médaille d’or après avoir supplanté Brodeur et gardé les buts de son pays en finale. La fin de saison a été plus difficile : lors des 21 derniers matchs de la saison, il encaisse 3,23 buts par match en moyenne. Cette tendance se confirme lors des playoffs avec un premier tour difficile face à Los Angeles puis une contre-performance face à Chicago.

Vancouver a rarement brillé lors de ses trois décennies dans la ligue : ils ne sont parvenus en finale de la coupe Stanley que deux fois (1982 et 1994) et seule l’équipe de 1994 semblait vraiment taillée pour gagner la compétition. Suite au départ de Pavel Bure, l’équipe de Näslund n’a jamais été performante dans les playoffs. Les Canucks ont peut-être en ce moment une des meilleures équipes de leur histoire, mais ils ne parviennent toujours pas à être des prétendants sérieux. Cette année, la défense et Luongo ont plié face à l’attaque des Blackhawks (en particulier le géant Byfuglien).

 

Sixièmes : Detroit Red Wings. Beaucoup de fans des Red Wings ont été déçus cette année. Bien des fans d’équipes stagnantes dans les profondeurs du classement aimeraient que leur équipe atteigne les 100 points, mais cela n’a rien d’exceptionnel à Detroit, qui a toujours atteint cette barre depuis 2000. Pourtant, cette année, les Red Wings ne sont pas parvenus à remporter leur division, pour la première fois depuis dix ans, laissant la couronne à leur rival historique, Chicago.

Après le départ de Marian Hossa et de ses 40 buts en saison régulière, il était logique que la production offensive décline. En fait, le total des buts est passé de 295 à... 229 cette année. Cela s’explique tout d’abord par les départs : Hossa, mais aussi Mikael Samuelsson (19 buts, parti à Vancouver) ou Jiri Hudler (23 buts, parti en KHL). Ensuite, il y a les blessures : Johan Franzen a été limité à 27 matchs et Valtteri Filppula à 55 matchs, lui dont l’équipe attendait qu’il compense les départs. Ces deux joueurs ont été plutôt actifs quand ils étaient en forme : Franzen termine avec 21 points tandis que Filppula a marqué 35 points.

Sans surprise, l’attaque a principalement reposé sur le duo Pavel Datsyuk – Henrik Zetterberg. Les deux joueurs n’ont pas forcément eu le rendement des années précédentes, Datsyuk avait terminé avec 27 points de plus l’an passé et Zetterberg 22 points de plus il y a deux ans, mais ils continuent à être les leaders de l’attaque. Sinon, belle performance du vétéran Tomas Holmström (37 ans), qui signe une des meilleures saisons de sa carrière avec 25 buts en 68 matchs et apport offensif significatif d’un autre vétéran, Todd Bertuzzi (35 ans), signé à l’intersaison et qui a apporté 18 buts en saison régulière à une équipe qui en avait bien besoin. En playoffs, il a été encore plus décisif avec 2 buts pour 11 points en 12 matchs.

En défense, les cadres ont été en dessous des attentes et des performances de leurs dernières années. Cela s’explique déjà par l’âge des joueurs : les joueurs de la première ligne Nicklas Lidström (40 ans) et Brian Rafalski (36 ans) ont clairement leurs meilleures années derrière eux. La deuxième ligne a quant à elle été handicapée par la longue absence entre novembre et janvier de Niklas Kronwall.

Les autres défenseurs n’ont pas brillé, notamment Jonathan Ericsson qui avait plus d’opportunités de jouer du fait du départ de Chris Chelios et des blessures d’Andreas Lijla puis de Kronwall. Il termine avec un différentiel de -15 et de nombreuses pertes de palet, ne parvenant ainsi pas à capitaliser sur sa bonne fin de saison l’an passé.

Dans les buts, la surprise est venue du jeune Jimmy Howard. Après une saison réussie l’an passé avec Grand Rapids en AHL, il s’annonçait comme le gardien du futur pour les Red Wings pour remplacer le vieillissant Chris Osgood (37 ans). En fait, même si les débuts du rookie de 26 ans ont été un peu délicat, il s’est vite révélé comme le meilleur gardien de l’équipe. Personne ne pouvait plus en douter quand Howard a battu les Kings de Los Angeles avec 51 arrêts sur 52 tirs en janvier. Il s’est en plus montré très constant, terminant statistiquement parmi les meilleurs gardiens tout en jouant 63 matchs. Au final, il a également été nominé pour le trophée de meilleur rookie de l’année.

Detroit a fini par accrocher la cinquième place de la conférence, mais ce fut de haute lutte. Jusqu’à la fin du mois de février, les Red Wings flirtaient encore avec la huitième place avec le risque de ne pas jouer les playoffs pour la première fois depuis 1990. Toutefois, les Wings ont su se surpasser au bon moment et ont signé un mois de mars flamboyant avec 12 victoires en 15 matchs. C’est néanmoins la première fois depuis 1991 que Detroit n’a pas abordé les playoffs en étant tête de série (dans les quatre premiers de la conférence). Le parcours en playoffs n’a pas été à la hauteur. Les Red Wings ont d’abord difficilement battu une surprenante équipe des Coyotes de Phoenix avant d’être nettement dominés par les Sharks de San José en demi-finale de conférence 4 matchs à 1.

Detroit est sans doute une des dynasties majeures de la NHL des années 90 et 2000, dominant pendant 15 ans la ligue avec Steve Yzerman, Lidström ou Sergei Fedorov puis une nouvelle génération au début des années 2000 (Datsyuk, Franzen et Zetterberg). Toutefois, toute dynastie est condamnée à passer la main. Ainsi, il ne faut pas oublier qu’avant ces deux décennies de domination sur la ligue, la franchise était surnommée "les Dead Wings" car pendant les années 70 et 80 elle ne semblait pas pouvoir sortir des profondeurs du classement.

On voit que les Wings sont maintenant une équipe vieillissante, avec une relève qui ne parviendra sans doute pas à réaliser les mêmes exploits, et ce n’est pas l’arrivée du légendaire centre de Dallas Mike Modano (40 ans) qui va inverser la tendance. En effet, sur les dix dernières draft, Detroit n’a choisi que 4 joueurs lors du premier tour et n'a plus bénéficié d'un des dix premiers choix depuis 1991. L’équipe manque donc sérieusement de sang neuf (malgré le retour de Jiri Hudler) mais elle peut toutefois se targuer d’avoir remporté 4 coupes Stanley dans ces 15 dernières années (1997, 1998, 2002, 2008). Même si c'est une puissance sur le déclin, il faudra encore se méfier de Detroit l'année prochaine, car elle reste une équipe suffisamment talentueuse et expérimentée pour bien figurer dans la conférence Ouest.

 

Septièmes : Pittsburgh Penguins. Tout semblait être favorable à Pittsburgh dans ces playoffs 2010 : alors que tous les champions de division de la conférence Est étaient éliminés dès le premier tour, les Penguins devenaient les derniers favoris dans le quatuor des demi-finalistes. Après la première victoire contre les Canadiens de Montréal, les observateurs se sont répandus sur les différences entre Pittsburgh et Washington, soulignant que les champions en titre n’avaient pas les lacunes des Capitals et donc qu’ils parviendraient à battre Montréal sans encombre. Las, comme Ovechkin et ses coéquipiers, les Penguins ont été contraints à jouer un septième match de série face aux Québécois, à domicile, et ils l'ont perdu.

Si c’est Marc-André Fleury, le gardien des Penguins, qui a été le plus à la peine lors de ce septième match (il encaisse 4 buts en 13 tirs et sort au bout de 25 minutes), il faut noter que Sidney Crosby a été très en deçà des espérances des fans du club. Ainsi, après avoir été omniprésent lors des quarts de finale de conférence face à Ottawa (4 buts pour 14 points), il a été plutôt transparent face aux Canadiens (1 but pour 5 points). Les champions en titre sont ainsi sortis de la compétition alors qu’ils semblaient promis à une troisième finale de coupe Stanley d’affilée.

Un des éléments les plus surprenants chez les Penguins de cette année est la performance de Crosby en termes de buts. Certes, le jeune prodige canadien a toujours marqué beaucoup lors de sa carrière avec environ une trentaine par an sur ses quatre saisons dans la NHL. Mais cette fois, Crosby a marqué 51 buts et remporte le trophée Maurice Richard du meilleur buteur de la ligue (à égalité avec Steven Stamkos de Tampa Bay). Ce n’est pas une statistique étonnante pour Crosby, qui avait marqué 120 buts en 121 matchs avec Rimouski dans la ligue junior majeur du Québec, mais elle stigmatise le manque de production des ailiers.

Ainsi, les trois meilleurs marqueurs chez les attaquants de Pittsburgh lors de la saison régulière ont été les trois centres (Crosby, Malkin et Jordan Staal). Toutefois, si Crosby a connu une année offensivement remarquable, celle d’Evgeni Malkin a été plus compliquée. Le centre russe termine avec un différentiel de -6 et 100 minutes de punition (troisième joueur le plus pénalisé de son équipe, derrière les agitateurs professionnels Mike Rupp et Matt Cooke). Ses 77 points en 67 matchs constituent le total le plus faible de sa carrière en NHL, surtout après une saison 2008/09 parfaite (meilleur pointeur de la ligue avec 113 points et MVP des playoffs avec 36 points). On peut attribuer cette contre-performance à une blessure en début de saison, qui l’aurait empêché de trouver son bon rythme.

Le manque dans l’apport offensif des ailiers des Penguins fut donc important. Après des playoffs plutôt réussis l’an passé, la ligne Kunitz – Crosby – Guerin a repris du service. Toutefois, on ne peut pas attendre de Bill Guerin, à 39 ans, un rendement supérieur à la vingtaine de buts par an. Quant à Chris Kunitz, son jeu très physique (beaucoup de mises en échec) conduit ce petit ailier à être souvent blessé. Lors de ses absences, Kunitz a généralement été remplacé par Pascal Dupuis.

Pour ce qui est de la deuxième ligne, Malkin a été le plus souvent aligné avec Fedotenko et Dupuis. Bien que Ruslan Fedotenko ait longtemps patiné à côté du meilleur pointeur de l’an passé, il n’a marqué que 10 buts pour 30 points avec en prime un différentiel total de -17. En playoffs, il ne s’est pas révélé plus décisif puisqu’il n’a marqué aucun point et s’est rapidement retrouvé en réserve, loin de sa performance de l’an dernier (14 points). Les Penguins ont fait venir Ponikarovsky de Toronto pour seconder Malkin, mais l’ailier gauche n’a pas convaincu, avec 9 points lors de ses 16 matchs de saison régulière avec Pittsburgh mais surtout avec un seul but pour 5 points lors des 11 matchs de playoffs auxquels il a participé (il en a passé une partie en réserve).

Au niveau de la défense, l’équipe a souffert du départ de Hal Gill (à Montréal) et Rob Scuderi (à Los Angeles) qui ont laissé l’effectif sans beaucoup de défenseurs physiques. Les quatre principaux arrières de l’équipe cette saison ont été Sergei Gonchar, Brooks Orpik (seul défenseur véritablement physique) et les jeunes Kris Letang et Alex Goligoski. Si Gonchar a été le défenseur numéro 1 et animateur du jeu en supériorité numérique, il arrive en fin de contrat et sa resignature reste encore incertaine. Le départ du Russe impliquerait alors une responsabilité plus forte sur les épaules de Letang (alors sans doute aligné avec Orpik en première ligne).

 

Huitièmes : Boston Bruins. Assez curieusement, même si les Bruins ont chuté de la 2e à la 14e place au classement de la ligue en saison régulière, ils sont parvenus au même stade que l’an passé au playoffs, à la différence près qu’ils n'étaient plus considérés comme des favoris sérieux pour le titre mais comme des outsiders. La raison principale de cette chute provient du manque d’efficacité offensive de l’équipe. Ainsi, Boston avait la 2e meilleure attaque de la ligue en 2008/09, avec 3,29 buts marqués par match, et ils ont terminé la saison régulière 2009/10 avec 2,39 buts par match, la plus mauvaise de toute la ligue.

Les déboires de l’équipe avec ses attaquants ont démarré dès l’intersaison : le principal buteur Phil Kessel n’a pas réussi à s’entendre avec les dirigeants pour un nouveau contrat. Peter Chiarelli, le manager général de l’équipe, a donc transféré les droits pour le signer aux Leafs de Toronto, contre leurs choix de premier tour de draft de 2010 et 2011 plus leur choix de deuxième tour de 2011. Chuck Kobasew, un autre buteur, a pour sa part été transféré au Wild de Minnesota à la mi-octobre.

Ce sont ensuite les blessures qui ont décimé l’équipe : Marc Savard, meilleur marqueur l’an passé avec 88 points, a été plusieurs fois blessé et n’a disputé que la moitié des matchs. Sa blessure la plus grave a été causée par Matt Cooke, de Pittsburgh, sur une charge dangereuse qui a écarté le centre des Bruins de la glace du début mars jusqu’au second tour des playoffs. Il termine toutefois avec un total honorable de 33 points en 41 matchs. Milan Lucic a lui aussi manqué beaucoup de matchs (32) alors que le club espérait qu’il compense le départ de Kessel. De plus, quand il a joué, il n’a pas eu le rendement attendu, terminant la saison régulière avec 20 points. Il a toutefois réussi des playoffs plus probants car, bredouille pendant cinq rencontres, il a ensuite enchaîné avec 9 points lors des 8 derniers matchs.

Les défenseurs n’ont également pas eu cette année la production de l’année précédente : ils avaient marqué un total de 50 buts l’an passé, menés par la paire numéro 1 Chara-Wideman, ils n’en ont inscrit que 32 cette année. Le capitaine Zdeno Chara aurait été handicapé par une légère blessure qui aurait empêché le géant slovaque d’utiliser pleinement son slapshot généralement dévastateur (il termine avec 7 buts au lieu de 19 la saison dernière). Quant à Dennis Wideman, il a vécu une année difficile et le public de Boston l’a souvent hué, notamment à cause de sa baisse de production offensive (il est passé de 50 points à 30).

Afin de renforcer l’attaque, les Bruins ont transféré Wideman aux Panthers de Florida avec un choix de premier tour de draft contre Nathan Horton, ailier droit de 25 ans qui n’a jamais vraiment réussi à répondre aux attentes en Floride, en se forgeant une réputation de joueur parfois paresseux. Le staff de Boston espère sans doute qu’une partie du manque de production de Horton venait de son envie de quitter le club.

Boston a envoyé leur choix en 15e position au premier tour à la draft à la Floride mais il leur reste un choix en 2e position, qui leur vient du transfert de Kessel. Grâce à ce choix très élevé, les Bruins ont repêché un des deux prodiges de cette promotion 2010, Tyler Seguin. L’arrivée de Seguin devrait apporter de l’offensive à l’équipe, même si le poste de centre va devenir très fourni : il y a déjà beaucoup de centres de qualité dans l’équipe (Marc Savard, Patrice Bergeron et David Krejci), il pourrait donc y avoir du mouvement sur ce poste.

La satisfaction de Boston provient cette année encore de la défense, qui a permis à la plus mauvaise attaque de la ligue de participer aux playoffs. Cela ne semble pas étonnant quand on sait que les Bruins comptent dans leur effectif Tim Thomas, qui a été élu le meilleur gardien de la ligue l’an passé. Cette année a été plus difficile, au point que le jeune finlandais Tuukka Rask lui a pris le poste de numéro 1. Cette baisse de régime de Thomas n’a pas surpris les observateurs nord-américains qui estimaient que ce gardien au style pas vraiment orthodoxe ne pourrait pas continuer à avoir des statistiques aussi élevées que 93% d’arrêts de moyenne.

Cette fois, c'est donc Rask, 23 ans, qui a décroché le meilleur pourcentage d’arrêts de la ligue (93,1%). Il a également découvert les playoffs de NHL et cela s’est plutôt bien déroulé avec de belles performances lors de la série face à Buffalo (où il a remporté son duel face à Ryan Miller) et au début de la série contre Philadelphie. Toutefois, comme le reste de l’équipe, il a souffert lors des quatre derniers matchs de la série contre Philadelphie.

En effet, même si Boston peut se féliciter d’avoir atteint les demi-finales de conférence malgré les blessures et le manque de production offensive, la série perdue contre Philadelphie laisse un goût amer aux Bruins car ils menaient 3 victoires à 0. Le chemin semblait donc ouvert pour la finale de conférence mais les Flyers ont réussi l’exploit de sortir les Bruins 4 matchs à 3, cas de figure qui n’était plus arrivé depuis 1975. La série laisse donc beaucoup de regrets, comme lors du match 4 que Philadelphie remporte en prolongation, ou du septième match où les Bruins ont mené 3-0 en vain.

 

Neuvièmes : Washington Capitals. Aleksandr Ovechkin et son équipe ont vécu une saison assez semblable, ponctuée de réussites mais au final plutôt décevante. L’ailier droit russe a encore réussi une saison pleine et a intégré le club très fermé des joueurs qui ont inscrit au moins 250 buts et 250 assistances lors de leurs cinq premières saisons dans la ligue, rejoignant ainsi Wayne Gretzky, Mario Lemieux et Mike Bossy. Le Russe s’est également fait remarquer par ses nombreuses mises en échec et est devenu capitaine de l’équipe en janvier, quand Chris Clark a été transféré à Columbus. La capitanat d’Ovechkin a d’ailleurs commencé sous les meilleurs auspices puisque l’équipe a signé un record de franchise de 14 victoires d’affilée.

Pourtant, Aleksandr Ovechkin n’a rien remporté cette saison, alors qu’il pouvait nourrir de légitimes ambitions pour la coupe Stanley comme pour les titres personnels. En effet, il avait été élu MVP de la saison régulière ces deux dernières années et avait terminé meilleur buteur de la ligue l’an passé. La moisson d’Ovechkin avec l’équipe nationale de Russie n’a pas non plus été fameuse, battu sèchement par les Canadiens aux Jeux Olympiques et en finale des championnats du monde par la République Tchèque.

Toutefois, si Ovechkin n’a pas réussi à être de nouveau le meilleur buteur de la ligue, ce n’est pas à cause d’une baisse de régime de sa part, bien au contraire : s’il a marqué 56 buts en 79 matchs l’an passé, il en a inscrit 50 en 72 matchs cette saison. Le problème est qu’il a manqué dix rencontres, beaucoup plus que ses adversaires. Or, s’il était parfois absent car blessé à l’épaule, il s’est surtout signalé par des suspensions pour des charges trop rudes ou dangereuses.

Washington a terminé la saison régulière largement première de sa conférence (18 points d’avance sur le deuxième, New Jersey) et en dominant facilement sa division (38 points d’avance). Les Capitals ont également affiché la meilleure attaque de la ligue et beaucoup d’observateurs voyaient dans l’équipe un concurrent très sérieux pour la coupe Stanley. Toutefois, ces espoirs ont été rapidement douchés par une sortie des playoffs dès le premier tour face aux Canadiens de Montréal. Fatalement, les performances des joueurs des Capitals dans cette saison sont donc pour la plupart réparties en deux parties : une saison régulière réussie et des playoffs ratés.

L’exemple le plus emblématique de cette tendance est Alexander Semin, le talentueux ailier gauche droitier de la deuxième ligne. Il signe la meilleure saison régulière de sa carrière, réussissant ainsi à accrocher la septième place des buteurs de la ligue (bien qu’il soit sans doute le seul joueur des vingt premiers du classement à évoluer en deuxième ligne). Pourtant, la chute dans les playoffs est brutale puisqu’il ne marquera pas le moindre but en tirant pourtant à 44 reprises sur le but de Montréal.

Même Ovechkin n’a pas été complètement convaincant lors de ces playoffs : bien qu’il ait inscrit 10 points au total, il n’a pas été en évidence lors des trois derniers matchs cruciaux de la série avec seulement un but et une assistance. Si Washington a mené la série 3 matchs à 1, ces trois derniers matchs ont été remportés par Montréal. L’attaque de feu des Capitals n'y a inscrit qu’un but à chaque fois, loin de la moyenne de 3,82 buts de la saison régulière.

Idem pour Mike Green. Si le jeune défenseur n’a pas marqué autant cette saison que l’an passé (19 buts contre 31), il a été plus efficace dans le jeu défensif en duo avec Jeff Schultz. Il a aussi été très discipliné avec peu de pénalités sifflées contre lui, ce qui lui a permis d’être finaliste pour le trophée Norris de meilleur défenseur de la ligue. Les choses se sont gâtées pour lui en playoffs : il n’est pas plus en forme que ses coéquipiers, il ne parvient pas à peser offensivement, et la pénalité pour charge avec la crosse qu’il prend à la fin de la première période du septième match entraîne l’ouverture du score par le Canadien.

Les gardiens n’ont pas non plus été en réussite. Le jeune Semion Varlamov a démarré la saison comme titulaire, suite à sa prestation convaincante lors des playoffs de l’an passé où il avait remplacé Théodore après le premier match. Pourtant, il a connu un début de saison difficile, la faute à une mauvaise préparation physique, et il a fini par se blesser. José Théodore a donc repris son poste de titulaire, avec des statistiques correctes. Il a démarré les playoffs avec la confiance de l’entraîneur Bruce Boudreau. Toutefois, il a connu les mêmes mésaventures face aux Canadiens, son ancien club, que face aux Rangers dans les précédents play-offs, et après un premier match perdu puis un début de second match manqué, il sera définitivement remplacé par Varlamov. La performance du Russe ne réussira pas à qualifier son équipe, dominé par le gardien adverse Jaroslav Halak.

Les Capitals se trouvaient ces dernières années sur une pente ascendante. Le titre de meilleure équipe de la ligue régulière devait logiquement leur permettre de passer au stade supérieur et prétendre légitimement à la coupe Stanley, mais l’échec fut rude. La franchise de Washington, fondée en 1974, a toujours eu la réputation de ne jamais bien figurer en playoffs. La nouvelle génération, bien que talentueuse, ne parvient pas pour l’instant à faire mentir cette réputation.

 

Dixièmes : Phoenix Coyotes. C’est peu de dire que la performance de Phoenix cette saison a été une énorme surprise. Déjà, le fait d'être passé des cinq derniers de la ligue aux cinq premiers en saison régulière est incroyable, mais il faut en plus préciser que l’ambiance était loin d’être au beau fixe pour les Coyotes. En effet, en mai 2009, la franchise s’est retrouvée en situation de banqueroute.

Ironiquement, la franchise avait été transférée de Winnipeg à Phoenix en 1996 parce que le nombre de spectateurs était insuffisant. Or, si le marché à Winnipeg pour une équipe NHL était jugé trop petit, celui de Phoenix s’est vite révélé lui aussi insuffisant (5450 abonnements à l’année en moyenne entre 2005 et 2009). La dette s’est élevée à 35 millions de dollars pour la seule saison 2008/09.

Le propriétaire de l’époque souhaitait alors vendre la franchise en banqueroute au milliardaire Jim Balsillie. Le plan du milliardaire canadien était simple : une fois qu’il aurait acheté la franchise en dépôt de bilan, il l’aurait transféré à Hamilton dans l’état canadien de l’Ontario, en utilisant le statut d’entreprise en faillite pour éviter de demander l’accord de la ligue pour la relocalisation. Il apparaissait en effet que la ligue n’aurait pas accepté de transférer la franchise vers Hamilton, pour éviter de quitter un "nouveau marché" et de saturer le sud-est du Canada, où jouent à proximité Toronto et, de l’autre côté de la frontière, Buffalo.

Pour contester cette vente, la ligue a proposé d’acheter l’équipe pour la gérer elle-même et surtout apurer les dettes. Finalement, l’affaire s’est terminée au tribunal et la NHL l’a emporté, même si elle a été obligée de revoir son offre à la hausse. Evidemment, le fait que ce soit la ligue qui soit aux commandes d’une des équipes oblige à une gestion a minima, donc pas de grosses signatures d’agents libres. Ajoutons à cela que Wayne Gretzky, qui faisait partie du précédent actionnariat, a laissé sa place derrière le banc à Dave Tippett, tout juste viré des Stars de Dallas.

Malgré cet environnement improbable, Phoenix a toutefois pleinement réussi sa saison sur le plan sportif. Les Coyotes ont réussi la meilleure saison de l’histoire de la franchise et sont parvenus aux playoffs pour la première fois depuis 2002. Cette performance est d’autant plus étonnante que l’équipe n’a pas connu de changements majeurs dans son effectif. L’an dernier, elle avait la 25e attaque de la ligue avec 2,50 buts marqués par match, elle a cette fois la 24e avec 2,57 buts.

La clé du succès est venue principalement de la défense qui a considérablement amélioré ses performances sous la houlette de Tippett, reconnu pour son savoir-faire en la matière. Phoenix a généralement réussi à préserver son avantage après avoir marqué en premier, terminant premier de la ligue au pourcentage de victoires après ouverture du score (85%). Les Coyotes ont également une bonne réussite lors des tirs aux buts et leurs quatorze victoires dans cet exercice sont le meilleur total de la ligue.

Parmi les artisans de la défense, le principal est le gardien Ilya Bryzgalov. Celui qui avait été opportunément récupéré sur les waivers d’Anaheim en 2007 n’est pas forcément très médiatisé. Il s'est pourtant classé parmi les meilleurs de la ligue au niveau du pourcentage d’arrêts.

Devant lui, les défenseurs ont eux aussi fait le boulot, à commencer par la paire Jovanovski-Michalek. Le vétéran Ed Jovanovski termine peut-être avec un différentiel peu flatteur (-12) mais il a eu le mérite d’apporter de l’offensive (34 points) à une équipe qui en manquait terriblement. Il a également pris deux fois moins de pénalités que l’an passé. Quant à Zbynek Michalek, le physique défenseur tchèque s’est surtout révélé quand Pittsburgh l’a signé cet été pour 5 ans avec 4 millions par an, preuve a posteriori de sa bonne saison.

En attaque, le bilan est plus contrasté. Shane Doan, le capitaine et dernier joueur à avoir évolué sous les couleurs des Jets de Winnipeg, donne l’exemple et est le meilleur pointeur de l’équipe, même si on note une baisse de ses performances. Ses 18 buts sont son plus mauvais total depuis 1999 et il est passé de 73 points à 55. En revenant à Phoenix l’été dernier, Radim Vrbata retrouvait l’équipe où il avait inscrit le meilleur total de buts dans sa carrière, en 2007/08. S’il n’a pas cette fois atteint les 27 buts, ses 24 réalisations lui permettent toutefois d’être le meilleur buteur du club.

La déception est venue de Peter Mueller. Drafté haut (huitième position) en 2006, il n’a jamais réussi à combler les attentes et notamment à faire mieux que sa saison de rookie, où il avait totalisé 54 points, total alors prometteur. Pour sa troisième saison chez les Coyotes, le centre de 22 ans n’a accumulé que 17 points en 54 matchs avant d’être transféré vers le Colorado. Certes, Mueller a connu une brillante réussite à l’Avalanche avec 20 points marqués en 15 match, mais Phoenix a reçu en échange un des meilleurs ailiers du Colorado, Wojtek Wolski. Celui-ci a tout de suite trouvé ses marques et il a totalisé 18 points en autant de matchs avec son nouveau club en fin de saison régulière et 5 points (dont 4 buts) en 7 matchs de playoffs.

Autre recrue intéressante pour les Coyotes : Lee Stempniak. L’ailier droit a été transféré de Toronto à Phoenix pour cause d’inefficacité offensive avec 18 buts en 62 matchs. Il a terminé la saison en trombe avec les Coyotes avec une série impressionnante de 14 buts en 18 matchs (avec un pourcentage tirs/buts insoutenable sur le long terme de 29%). Ce pourcentage s’est effectivement avéré insoutenable puisque l’Américain a été muet en playoffs lors de la série face à Detroit.

Si les Coyotes ont effectivement été la grosse surprise de cette saison, leur élimination en playoffs n’a pas été une surprise, face aux expérimentés Red Wings. Toutefois, ils ont réussi à pousser Detroit jusqu’à un septième match, soutenus par un public enfin présent dans les travées de la glace de Phoenix.

 

Onzièmes : New Jersey Devils. L’intersaison des Devils du New Jersey a été marquée par l’arrivée de Jacques Lemaire au poste d’entraîneur. L’homme n’était pas un inconnu puisque c’est lui qui a mis en place au début des années 1990 la philosophie défensive qui est devenue la marque de fabrique de l’équipe, notamment grâce à la mise en place de la trappe dans la zone neutre.

Les fans espéraient donc une redite des Devils de 1995 qui avaient remporté le titre. Car, depuis le titre de 2003, New Jersey peine dans les playoffs, avec 2 séries remportées contre 5 perdues. Si les Devils parviennent toujours à être performants en saison régulière, ils calent en playoffs, ce qui crée une grande instabilité au poste d’entraîneur (cinq en cinq saisons) du fait du niveau d’exigence important imposé par le manager historique de la franchise Lou Lamoriello. En fait, les fans ont eu une redite des Devils de 1998.

Cette année-là, les Devils avaient terminé en première position dans la conférence. Ils apparaissaient comme des candidats sérieux pour le titre et s’étaient adjoint les services d’un vétéran coté, Doug Gilmour. Finalement, ils avaient été éliminés par Ottawa (huitième de la conférence) et Jacques Lemaire avait été renvoyé. Si l’on remplace Gilmour par Kovalchuk, on a un résumé assez proche de la saison 2009/10.

À l’approche de la deadline en mars, comme Ilya Kovalchuk n’a pas trouvé d’accord pour signer un nouveau contrat, il apparaît évident qu'Atlanta doit échanger son capitaine. Finalement, c’est New Jersey qui parvient à obtenir le Tusse, l’un des meilleurs snipers de la ligue, qui a dépassé le seuil des 40 buts lors des 6 dernières saisons. On pense alors que cette arrivée va permettre au New Jersey de résoudre ses carences offensives.

Toutefois, cette arrivée pose des problèmes. Tout d’abord, Kovalchuk évolue au poste d’ailier gauche, comme Zach Parisé, le meilleur buteur du club, il faut donc trouver comment harmoniser la première et la deuxième ligne. Ensuite, les Devils doivent une partie de leur efficacité défensive au travail des attaquants en défense, ce qui ne correspond guère à la réputation du Russe. Enfin, New Jersey attendait du joueur un impact dans les playoffs, or Kovalchuk n’en a quasiment jamais joué dans sa carrière (4 matchs en 7 saisons de NHL).

Malgré ces bémols, les observateurs s’accordaient à dire que les Devils étaient sur le papier un des favoris. Las, New Jersey a été la première équipe éliminée de ces playoffs après 5 matchs contre leur rival de division Philadelphie, avec notamment un blanchissage à domicile lors du dernier match.

Il est évidemment compliqué de déterminer les tenants et les aboutissants de cet échec. Un article paru dans la presse du New Jersey s’est penché sur la question en recueillant des confidences anonymes de joueurs. Parmi les problèmes qui ont précipité la fin de saison des Devils, certains ont pointé du doigt les constants changements de lignes opérés par Lemaire et le traitement de faveur de Kovalchuk (Lemaire n’exigeait pas de son ailier russe le travail défensif que les autres devaient accomplir). Une mésentente entre Lemaire et le capitaine Jamie Langenbrunner a aussi été évoquée. Cette mésentente a été perçue publiquement quand Lemaire a placé Langenbrunner en réserve le 3 avril pour un match contre Carolina, sans donner d’explication. Le joueur lui-même a refusé d’évoquer cette décision devant la presse dans les jours qui ont suivi.

La question de la performance de Kovalchuk a aussi été posée : elle est capitale car le Russe va devenir un agent libre et les Devils pourraient se mettre sur les rangs pour le signer. D’un côté, on peut estimer qu'il a eu un bon rendement, avec 27 points sur ses 27 matchs avec le New Jersey, même s’il n’a pas beaucoup trouvé le chemin des filets (10 buts avec un pourcentage buts/tirs de 9% contre plus de 17% avec Atlanta cette saison). En playoffs, Kovalchuk a été le meilleur marqueur de son équipe avec 6 points.

Le vrai problème de Kovalchuk, c’est que le signer va être coûteux. Il apparaît peu probable qu’il reçoive moins que les 6,39 millions de dollars de son contrat en cours. Or, les Devils ont encore des joueurs à signer pour boucler l’effectif de l’an prochain (au moins cinq : 2 attaquants, 2 défenseurs et 1 gardien). Ainsi, on peut penser que l’équipe va vouloir conserver Paul Martin, un de ses meilleurs défenseurs, et signer à la fois Kovalchuk et Martin semble impossible. De plus, les Devils disposent déjà de deux joueurs de qualité au poste d’ailier gauche : Parisé et Elias.

 

Douzièmes : Los Angeles Kings. Même si l’élimination face à Vancouver a été difficile avec 25 buts encaissés lors des 6 matchs de la série, le bilan de la saison est nettement positif pour Los Angeles. L’équipe qui stagnait l’an passé à l’avant-dernière place de la conférence s’est transformée pour obtenir la sixième place de la conférence, réussissant presque le même tour de force que Phoenix. Toutefois, si la performance des Coyotes a été une surprise, celle des Kings est moins étonnante.

Les faibles performances de la franchise ont permis aux Kings de drafter très haut pendant la dernière décennie, se constituant ainsi un effectif avec de nombreux jeunes joueurs talentueux. Los Angeles n’avait alors plus qu’à attendre que le groupe mûrisse pour pouvoir être un prétendant sérieux. Parmi les objectifs du jeune groupe, il fallait revenir en playoffs, ce que le club n’a plus fait depuis 2002. Mission accomplie : beaucoup de ces jeunes joueurs ont découvert les playoffs cette année. Découverte difficile mais instructive.

Le symbole de l’équipe est évidemment Drew Doughty. Alors qu’il vient d’avoir 20 ans et qu’il ne joue que sa deuxième saison dans la ligue, il s’est déjà imposé comme l’un des défenseurs offensifs majeurs de la ligue, avec à la clé une nomination pour le trophée de défenseur de l’année. Il a également remporté la médaille d’or avec le Canada lors des Jeux Olympiques en impressionnant les observateurs par sa maturité. Sa capacité de passeur a été amplement mise à profit chez les Kings puisqu’il termine avec 43 assistances en 82 matchs. Il a été le plus souvent aligné avec Rob Scuderi, qui a apporté sa puissance et son expérience de champion avec Pittsburgh l'an passé.

L’autre jeune qui monte sur la ligne bleue, c’est Jack Johnson, 23 ans. S’il est moins doué que Doughty avec le palet, il est plus physique que ce dernier et il peut être efficace aussi offensivement (36 points) que défensivement. Terry Murray, l’entraîneur, n’a pas réussi à lui trouver un partenaire stable dans la saison, alternant à ses côtés sans grand succès Randy Jones et Sean O’Connell. Murray a même tenté une paire Doughty – Johnson, intéressante sur le papier, mais qui ne semble pas avoir donné satisfaction, sans doute du fait du manque d’expérience des intéressés.

Jeunesse dans les buts également avec Jonathan Quick, 24 ans, pour sa première saison complète comme titulaire. Quick s’était imposé lors de la saison dernière en profitant du transfert de Jason LaBarbera et d’une blessure d’Erik Ersberg pour jouer 41 des 52 derniers matchs de l’équipe. Le jeune gardien a poursuivi dans ce volume de travail en jouant 72 matchs cette saison. S’il a eu de bonnes performances en saison régulière, il a eu beaucoup plus de difficultés en playoffs, la faute sans doute en partie à la fatigue. Si Erik Ersberg a tenu le rôle de remplaçant en jouant à peine une petite dizaine de matchs cette saison, il n’a pas vraiment convaincu et son entrée en jeu lors des playoffs n’a pas été décisive pour l’équipe. Le nouveau remplaçant devrait être Jonathan Bernier, 22 ans, qui s’est montré à son avantage lors des 3 matchs qu’il a joués avec les Kings en saison régulière.

En attaque, le slovène Anze Kopitar, 23 ans, a signé le meilleur total de sa carrière (81 points). Il a été le plus souvent au centre de la première ligne avec à sa gauche le vétéran Ryan Smyth et à sa droite Justin Williams, jusqu’à ce qu’il se blesse, ou le capitaine Dustin Brown. Lors des playoffs, c’est Wayne Simmonds, une des jeunes pousses du club à 22 ans et 40 points, qui occupait l’aile droite de cette première ligne.

Dustin Brown a eu du mal à trouver l’alchimie avec Kopitar et il a disputé les playoffs sur la deuxième ligne avec Jarret Stoll et Frolov. Toutefois, Brown a réussi une bonne saison offensive avec ses 56 points et il s’est surtout illustré par ses mises en échec spectaculaires et son leadership. Quant à Aleksandr Frolov, il a été plutôt décevant en se montrant trop inconstant dans son travail défensif. De plus, sa production offensive a baissé régulièrement depuis ces dernières années, passant de 71 points en 2006/07 à 51 cette année. À 28 ans, l’ailier gauche russe arrive en bout de cycle avec les Kings. L’équipe ne pensait pas le resigner pour se tourner vers son compatriote Kovalchuk. Comme cette transaction n’a pas abouti, les Kings ont pensé tenter de resigner Frolov mais ce dernier a préféré se diriger vers les Rangers de New York.

 

Treizièmes : Nashville Predators. Les Predators, fondés en 1998, sont l’une des franchises les plus jeunes de la ligue mais, contrairement à d’autres franchises de cette génération (comme Columbus ou Atlanta), ils ont connu des saisons relativement bonnes. Nashville est ainsi parvenu en playoffs pour la cinquième fois en six ans. Toutefois, les Predators n’ont jamais réussi à passer le premier tour et les espoirs de le faire cette année ont été brisés par les futurs champions Chicago.

La défaite a été d’autant plus mal vécue par les fans des Predators qu’elle a été crève-cœur. Nashville avait parfaitement commencé en battant Chicago sur leur glace 4 à 1. Les Blackhawks sont ensuite revenus dans la série et après quatre matchs le score était de deux matchs partout. Le cinquième match était donc crucial : joué à Chicago, les Predators menait idéalement 4 à 3 à quelques secondes de la fin en situation de supériorité numérique. Cette victoire aurait été le tournant de la série. Malheureusement pour eux, Patrick Kane a égalisé à 16 secondes la fin et Marian Hossa a scellé la victoire de Chicago en prolongation. Nashville ne se relèvera pas de cet instant de relâchement et perd le dernier match à domicile 5 à 3.

Les Predators avaient l'une des plus mauvaises attaques des participants aux playoffs. La bonne surprise est venue du jeune Patric Hörnqvist. L’ailier droit suédois de 23 ans, après avoir débuté en NHL l’an passé avec 7 points en 28 matchs, s’est révélé cette année et est le seul joueur de son équipe à atteindre le plateau des 30 buts. C’est une performance plutôt inattendue, et à confirmer, pour un joueur drafté au septième tour en 2005.

L’équipe a pu également compter sur les performances de Martin Erat et des vétérans Steve Sullivan et Jason Arnott. Ce dernier, capitaine de l’équipe avant son transfert à l’intersaison vers le New Jersey aurait sans doute mené le classement des marqueurs de son équipe sans une blessure qui l’a éloigné de la glace pendant une vingtaine de matchs.

Sur la ligne bleue, la première paire Shea Weber – Ryan Suter a été plutôt solide, en tout cas plus que les autres. Dans les buts, le jeune Pekka Rinne, 27 ans, a montré qu’il était maintenant le titulaire incontestable du club pour sa deuxième saison complète avec 32 victoires en 58 matchs, même si ses statistiques sont en légère baisse. Il a notamment été très convaincant face à Chicago en playoffs même si cela n’a pas suffi.

L’équipe va devoir digérer le départ d'Arnott et il va falloir également se trouver un nouveau capitaine. Ce pourrait être Shea Weber, afin de préparer sa re-signature la saison prochaine, même si pour le moment la solution la plus probable serait qu’il n’y ait pas de capitaine en titre.

Quant à la production offensive, le club espère sans doute que Hörnqvist réitère ses performances de l’an passé et que les nouvelles têtes, comme le jeune Serguei Kostitsyn, débarqué de Montréal, apporteront une contribution importante.

 

Quatorzièmes : Buffalo Sabres. Les Sabres de Buffalo ont enfin retrouvé les playoffs après deux ans d’attente à quelques points d’une qualification. Ces deux contre-performances étaient advenues après le départ des deux co-capitaines et leaders de l’attaque à l’été 2007, Daniel Brière (à Philadelphie) et Chris Drury (aux Rangers de New York). C’était un coup d’arrêt d’autant plus important que les Sabres avaient atteint la finale de conférence en 2006 puis 2007.

Buffalo a affiché cette année un visage bien connu des fans, assez proche de celle qui avait atteint la finale de la coupe Stanley en 1999. En effet, les Sabres ont pu s’appuyer sur une défense performante menée par un gardien dominant (Ryan Miller cette année, Dominik Hasek il y a dix ans) tandis que la production offensive a été très homogène dans l’équipe. Ainsi, il n’y a pas vraiment de superstar dans les lignes des Sabres et aucun joueur n’a dépassé le stade des 30 buts, mais l’apport offensif vient de nombreux joueurs (12 joueurs ont marqué 10 buts ou plus) ce qui permet à Buffalo de terminer avec la dixième attaque de la ligue.

Le joueur qui a principalement marqué la saison à Buffalo est évidemment Ryan Miller. Le gardien américain ne s’est pas contenté de sa brillante performance lors des Jeux olympiques, où il a été élu meilleur joueur et meilleur gardien de la compétition avec 94,6% d’arrêts bien qu’il n’ait obtenu que la médaille d’argent, il a aussi brillé en NHL. Il a reçu le trophée Vezina qui récompense le meilleur gardien de la saison et a terminé ainsi la saison régulière avec le deuxième meilleur pourcentage d’arrêts de la ligue (92,9%) derrière Tuukka Rask de Boston.

Les deux gardiens se sont d’ailleurs affrontés au premier tour des playoffs et c’est Rask qui a eu le dessus. Miller a ainsi reproduit ce qui s’était passé pour Henrik Lunqvist en 2006 : après avoir énormément contribué à la médaille d’or de son pays à Turin, le Suédois avait été éliminé prématurément des playoffs avec les Rangers de New York. Les Sabres ont aussi dû faire face lors de cette série à la blessure de leur meilleur buteur de la saison régulière (Thomas Vanek) lors du troisième match et au manque de production offensive de Tim Connolly, le deuxième meilleur marqueur de la saison, qui n'a marqué qu'une seule assistance.

Une des forces de Buffalo dans la saison régulière avait été sa capacité à tenir le score. Ainsi, quand les Sabres terminaient la deuxième période en menant, ils finissaient immanquablement par remporter le match (30 victoires dans ce cas de figure). Face à Boston, ils n’ont pas réussi à réitérer cette performance : lors du deuxième match de la série, Buffalo menait 2-1 au début de la troisième période avec la perspective de mener 2 matchs à 0 dans la série. Finalement, ce sont les Bruins qui l’ont emporté 5-3. La situation s’est reproduite pour le quatrième match : Buffalo menait 2-0 mais s’est incliné 3-2 en prolongation.

La bonne surprise de la saison est à mettre au crédit de Tyler Myers. Drafté en 2008 en douzième position du premier tour, le défenseur géant est passé du statut de rookie qui découvre la ligue en début de saison (et risquant de retourner dans son club de WHL) à celui de défenseur indispensable. Il est ainsi le premier défenseur de l’équipe en terme de temps de jeu (24 minutes en moyenne par match), utilisé aussi bien lors des phases de supériorité que d’infériorité numérique. Même s’il n’est pas encore à l’aise quand il a le palet (beaucoup de pertes de palet), il a beaucoup impressionné par ses mises en échec et un grand nombre de tirs bloqués (137 en 82 matchs). De bon augure pour un joueur qui a fêté ses vingt ans en début d’année et qui a remporté le trophée Calder du meilleur rookie de la saison.

 

Quinzième : Colorado Avalanche. Tout était réuni pour que la saison soit très mauvaise au Colorado : l’équipe démarrait sa reconstruction avec un coach novice et jouait pour la première fois depuis 20 ans sans son capitaine emblématique Joe Sakic. Le but était d’éviter la dernière place de la conférence, comme en 2008/09. Pourtant, à la surprise générale, l’Avalanche a signé une saison inespérée qui l'a conduite jusqu’aux playoffs.

Peu d’observateurs avaient pensé que les jeunes pousses offensives de l’Avalanche réussiraient le grand saut vers la NHL. Finalement, Colorado termine à la sixième place de la ligue au niveau de l’attaque, loin de la dernière place de l'an passé. Si Joe Sakic a raccroché les patins, Colorado a pu compter sur la présence de Paul Stastny, le grand espoir du club au centre, qui a cette fois réussi à être en bonne santé toute la saison et termine en première position des marqueurs de son équipe. Stastny devient en outre le dernier lien historique du club avec son passé. Sakic était (avec Adam Foote) le dernier joueur du Colorado à avoir évolué avec les Nordiques du Québec, avant la relocation de l’équipe en 1995. Toutefois, le père de Paul Stastny et deux de ses oncles ont joué avec les Nordiques dans les années 80, formant une des lignes les plus productives de l’époque. Paul perpétue ainsi le lien familial avec la franchise.

Si Stastny mène l’attaque du Colorado, il ne faut pas oublier qu’il n’a que 24 ans et qu’il n’a joué que quatre saisons dans la ligue. Pourtant, il fait figure de vétéran par rapport à Chris Stewart (22 ans, deux saisons dans la ligue) ou Matt Duchene (19 ans, rookie) qui le suivent dans le classement des marqueurs du club. Il faut compter également sur T.J. Galiardi, 22 ans et 39 points, et Ryan O’Reilly, 19 ans et 26 points.

Duchene et O’Reilly sont les parfaits exemples de cette insolente réussite des jeunes joueurs au Colorado : à peine draftés, Duchene au premier tour en troisième position et O’Reilly au deuxième tour, ils intègrent l’équipe première et jouent une saison complète avec succès. De plus, Duchene termine comme meilleur marqueur parmi les rookies avec ses 55 points.

Même les renforts en cours de saison n’étaient pas beaucoup plus expérimentés : Wojtek Wolski a été transféré à Phoenix contre Peter Mueller (22 ans), choix de premier tour de draft en 2006 alors en perte de vitesse. Contre toute attente, Mueller a lui aussi été frappé par la réussite de ses jeunes coéquipiers et a marqué 20 points en 15 matchs sous ses nouvelles couleurs contre 17 lors des 54 premiers matchs de sa saison à Phoenix. Malheureusement pour l’Avalanche, Mueller n’a pas pu participer aux playoffs à cause d’une blessure, mais il a resigné pour deux ans.

L’autre point faible de la précédente saison avait été le poste de gardien, où le duo Peter Budaj – Andrew Raycroft n’avait pas brillé, le premier ne parvenant pas à assumer la charge de gardien de numéro 1. Pour tenter de combler le manque, Greg Sherman, le manager général de l’équipe, est allé chercher le remplaçant de Vokoun à Florida : Craig Anderson. L’objectif a été largement dépassé puisqu'Anderson a signé la meilleure saison de sa carrière.

Il a ainsi été l’un des principaux artisans du départ en trombe de l’équipe qui avait signé lors du premier mois de la saison 10 victoires (dont 6 à l’extérieur) en 14 matchs, ce qui permettait alors au Colorado de caracoler en tête de la conférence à la surprise générale. Comme le reste de l’équipe, Anderson a ensuite été plus discret et l’Avalanche a lentement glissé au classement pour accrocher finalement la huitième place de la conférence. Pour expliquer la baisse de forme d’Anderson, il y a notamment le fait qu’il a beaucoup été utilisé par Joe Sacco, jouant lors de 71 matchs alors qu’il aurait sans doute pu être davantage remplacé par Budaj.

Sacco a néanmoins fini par laisser Anderson au repos pendant quelques matchs juste avant les playoffs. La manœuvre s’est avérée payante : Anderson a été le joueur majeur de l’Avalanche face aux Sharks, réalisant notamment un blanchissage avec 51 arrêts durant la série. L’équipe du Colorado aura sans doute des difficultés à retourner en playoffs l'an prochain car ils ne pourront peut-être pas bénéficier de la même dynamique qui les a porté aussi haut de manière aussi inattendue. Toutefois, ce ne serait pas un désastre puisque les jeunes joueurs de l’équipe n’ont pas encore atteint leur meilleur niveau de jeu.

 

Seizièmes : Ottawa Senators. La saison avait commencé difficilement pour le club canadien avec le transfert de Dany Heatley. L’affaire s’annonçait délicate pour le manager général Bryan Murray : Heatley exigeait de partir et il avait refusé un transfert à Edmonton parce qu'il voulait partir pour une équipe pouvant prétendre à la coupe Stanley, ce qui réduisait la marge de manœuvre de Murray. Finalement, l’ailier gauche a été envoyé aux Sharks de San José contre Michalek, Cheechoo et un choix de deuxième tour pour la draft de 2010.

Les Senators ne sont pas sortis vainqueurs de cet échange : si Jonathan Cheechoo a autrefois été sacré meilleur buteur de la ligue (56 buts en 2005/06), il n’est plus que l’ombre de lui-même et sa production n’a fait que chuter au fil des années, jusqu’à atteindre 5 buts cette saison avec un différentiel de -13. Ottawa a donc cherché à s’en séparer, même s’il était peu probable qu’une équipe souhaite s’adjoindre les services d’un ailier droit payé 3 millions par an aussi peu productif. Son contrat a finalement été racheté par le club. Milan Michalek est le joueur le plus intéressant pour Ottawa dans ce transfert. Le Tchèque remplace poste pour poste Heatley comme ailier gauche de la première ligne même s’il est moins productif : il marque en moyenne une vingtaine de buts quand Heatley se situe dans la quarantaine.

Pour compenser ce déficit, les Senators ont embauché Aleksei Kovalev sur le marché des agents libres, après son départ de Montréal, avec un contrat de deux ans pour 5 millions par année. Le choix était plutôt risqué car le Russe, âgé de 37 ans, a des difficultés de constance dans son jeu qui lui ont valu d'être beaucoup critiqué à Montréal. De fait, Kovalev a signé une saison assez similaire : bien qu’il ait montré des signes de son talent, il n’a pas réussi à être vraiment décisif. La fin de saison fut même mauvaise pour lui : il n’a inscrit qu’un but et une assistance dans ses 17 derniers matchs et il s’est blessé au genou à quelques matchs des playoffs, blessure qui a écourté sa saison. Ce fut un épilogue d’autant plus décevant pour les dirigeants qu’ils espéraient que Kovalev apporterait à l’équipe son expérience des playoffs.

La principale arme offensive des Senators reste l’inoxydable Daniel Alfredsson, le capitaine de l’équipe, qui a fêté cette année son millième match sous les couleurs d’Ottawa. À 37 ans, l’ailier droit a été une nouvelle fois en haut du tableau des marqueurs de son équipe avec 71 points en 70 matchs. Il a également été très actif lors des playoffs, avec 8 points en 6 matchs. Néanmoins, il n’a plus l’efficacité de buteur qu’il avait auparavant et son total de 20 buts est son plus mauvais résultat depuis la saison 1998/99.

Il est suivi par Jason Spezza, le centre numéro 1 de l’équipe, qui signe une saison plutôt décevante. Il faut dire qu’il ne peut plus compter sur le talent de sniper d’un Heatley sur sa ligne. Toutefois, sa production offensive est en baisse depuis quelques saisons : après avoir inscrit environ 90 points par an entre 2006 et 2008, il est ensuite passé à 73 points en 2009 et 53 en 2010. Les fans ont commencé à le huer lors des playoffs, ce qui n’a évidemment pas plu à l’intéressé, qui a déclaré qu’il ne refuserait pas une offre d’échange.

L’aventure des Senators en playoffs a été courte, elle s’est terminée au bout de six matchs face aux champions sortants, les Penguins de Pittsburgh. La mission s’annonçait très compliquée pour Ottawa et le fait d’être privé de deux joueurs offensifs à cause de blessure (Michalek et Kovalev) n’a pas facilité les choses. La place de Michalek avec Spezza et Alfredsson a été occupée par Peter Regin avec succès. Le jeune Danois de 26 ans a signé de bons playoffs avec 3 buts en 6 matchs après une saison régulière plutôt discrète. L’autre joueur en vue a été Matt Cullen. Arrivé à la deadline contre un choix de draft pour apporter son expérience, il n’a pas déçu avec ses 8 points en 6 matchs.

Sur le plan défensif, la saison n’a pas été simple et l’équipe a terminé avec plus de buts encaissés que de buts marqués. Les défenseurs ont pourtant été très actifs, ayant pour la plupart un profil de défenseur physique (Volchenkov, Philipps et Campoli) et permettant à l’équipe d’être la quatrième de la ligue en terme de tirs cadrés reçus, derrière notamment Chicago et New Jersey. Si le défenseur débutant suédois Erik Karlsson, 20 ans, a un profil plus offensif que ses camarades de la bleue, il s’est lui aussi illustré dans son domaine avec 26 points en 60 matchs en saison régulière mais surtout 6 points en 6 matchs lors des playoffs.

Le problème est venu des gardiens : les Senators avaient échangé un de leurs centres, Antoine Vermette, contre Pascal Leclaire lors de la draft 2009. Leclaire venait de perdre son poste de gardien numéro 1 à Columbus et il espérait devenir le titulaire à Ottawa. Malheureusement pour lui, ça n’a pas été le cas. Outre les blessures qui l’ont écarté un moment de la glace, ses performances n’ont pas été concluantes (88,7% d’arrêts).

C’est finalement Brian Elliott qui a pris le poste quand Leclaire s’est blessé, avec de meilleures performances. L’équipe a signé une série de 11 victoires d’affilée à la fin du mois de janvier (un record pour la franchise) quand il était dans les buts. Toutefois, les choses sont devenues plus compliquées pour Elliott lors des playoffs, avec une moyenne de 4 buts encaissés lors des quatre premiers matchs. Finalement, Cory Clouston, l’entraîneur des Senators, a fini par remettre Leclaire dans les buts en désespoir de cause après une défaite 7-4. Le coup de poker a été positif : lors de son premier match comme titulaire, Leclaire effectue 56 arrêts (3 buts encaissés) et Ottawa arrache un sursis dans la série. Bien que Leclaire ait signé un autre match plutôt correct face à Pittsburgh (39 arrêts, 4 buts encaissés), Ottawa n’a pas réussi à écarter les Penguins de la compétition.

 

Dix-septièmes : Saint-Louis Blues. Depuis 2006 et une place de dernier de la ligue avec 57 points, St. Louis est en phase de reconstruction. La première étape a été de drafter des jeunes joueurs de talent grâce aux mauvaises performances de l’équipe mais aussi grâce à une politique d’échange pour obtenir d’autres choix de premier tour. Ainsi, les Blues ont choisi plusieurs joueurs au premier tour en 2006 (Erik Johnson en première position et Patrik Berglund à la 25e) et en 2007 (Lars Eller à la 13e position, Ian Cole à la 18e et David Perron à la 26e). Après Erik Johnson, St. Louis a pris un autre défenseur avec un choix de draft élevé en 2008, Alex Pietrangelo (4e position).

Maintenant, l’équipe attend que les jeunes mûrissent et forment un effectif compétitif. L’attente peut sembler longue mais les Blues ont réalisé une saison plutôt correcte, même s’ils n’ont pas accroché les playoffs. En effet, la conférence Ouest était plus relevée cette année que l’an passé et les 90 points étaient trop justes alors que 92 points leur avaient suffi la saison dernière pour obtenir une sixième place dans la conférence. Assez curieusement, il faut remarquer que l’équipe a été plus efficace à l’extérieur que sur sa glace. En fait, c’est surtout le début de saison qui a été difficile à domicile, les Blues ne remportant que 6 de leurs 19 premiers matchs chez eux. Cela plombe le bilan de St. Louis qui est alors en 12e position de la conférence.

En janvier, l’équipe vire l’entraîneur Andy Murray pour le remplacer par l’entraîneur de leur équipe-ferme d’AHL, Davis Payne. Arrivé comme intérimaire au poste, Payne a été confirmé cet été dans ses fonctions d’entraîneur des Blues grâce à la bonne fin de saison de l’équipe. En effet, St. Louis a remporté 23 des 42 derniers matchs et a été meilleur à domicile. St. Louis avait connu le même type de mésaventure l’an dernier avec un début de saison poussif mais une fin bien plus probante. La seule différence est que les Blues avaient alors réussi à parvenir aux playoffs.

Si la reconstruction prend du temps, c’est avant tout parce que les joueurs sur lesquels le management de l’équipe compte le plus sont des défenseurs (Johnson et Pietrangelo), dont le développement est généralement plus lent que celui d’un attaquant. Erik Johnson, 21 ans, a connu une saison plutôt correcte avec 39 points mais avec seulement un différentiel de +1. Il a re-signé pour deux ans, la courte échéance servant sans doute à le motiver pour progresser puisqu’il n’a pas encore atteint le niveau que l’on attend d’un premier choix de draft. Quant à Alex Pietrangelo, 19 ans, il n'a pour l'instant joué que 17 matchs lors de ses deux premières saisons dans l’organisation.

L’escouade défensive est toujours composée du duo de vétérans Eric Brewer – Barret Jackman. Le premier déçoit quelque peu les fans avec l’un des plus mauvais différentiels de la ligue depuis le lockout de 2005 tandis que le second est toujours un défenseur physique de talent même s’il n’a pas confirmé le potentiel de son début de carrière (il avait remporté le trophée de meilleur rookie de la ligue en 2003).

Brewer a été le plus souvent aligné avec Johnson, tandis que Jackman a joué la plupart du temps avec Roman Polak, un Tchèque de 24 ans jouant lui aussi dans un registre physique et qui a signé une bonne saison. Sur la troisième ligne, Carlo Colaiacovo a réussi une excellente saison avec 32 points et un différentiel de +8. Le Canadien de 27 ans a enfin réussi à avoir une année à peu près complète dans une carrière jusqu’alors marquée par les blessures à répétition car il n’a jamais disputé plus de matchs que les 67 qu’il a joués cette saison.

L’attaque n’a pas été à la hauteur des espérances. Les vétérans n’ont pas eu l’impact que l’on attendait d’eux. Le plus gros salaire du club depuis trois ans, le sniper canadien Paul Kariya, n’a jamais réussi à dépasser la barre des 20 buts avec St. Louis, loin du rendement que l’on attend d’un ailier à 6 millions de dollars annuels. En fin de contrat, il ne devrait logiquement pas rester. Un autre qui ne re-signera pas, c’est Keith Tkachuk. L’Américain prend sa retraite à 38 ans après dix ans passés sous les couleurs de St. Louis. Il figure à la cinquième place des meilleurs marqueurs de nationalité américaine dans l’histoire de la NHL avec plus de 1000 points marqués. Il devrait logiquement être introduit dans le Hall of Fame dans les prochaines années.

Les autres vétérans n’ont pas non plus beaucoup brillé : l’équipe attendait plus d’Andy McDonald, 32 ans, que 54 points en 79 matchs avec son contrat de 4,7 millions annuels qui court encore sur trois saisons, surtout qu’il restait sur des performances plus probantes depuis qu’il joue avec les Blues (80 points en 95 matchs sur une saison et demie). David Backes a quant à lui vu son total de buts baisser de 31 l’an passé à 17 cette année. Idem pour Brad Boyes, dont le total de buts ne cesse de baisser depuis sa première saison à St. Louis : 43 en 2008, 33 en 2009 puis 14 cette année.

Pour ce qui est des jeunes talents, il leur faut encore franchir des paliers. Ainsi, des joueurs de 22 ou 23 ans comme Patrik Berglund ou T.J. Oshie vont entrer dans leur troisième saison dans la ligue, la quatrième pour David Perron, et ils ne parviennent pas encore à porter l’offensive comme l’espère le club. Patrik Berglund a signé une année plutôt décevante avec seulement 26 points et un différentiel de -5, loin de l’année précédente où il avait marqué 47 points pour un différentiel de +19 et où il avait alors été choisi dans l’équipe all-star des rookies. T.J. Oshie est l’un des joueurs préférés des fans par son jeu énergique et puissant malgré sa petite taille, toutefois l'international américain ne parvient pas encore à être vraiment menaçant offensivement. Comme Berglund, il est en recul par rapport à sa saison de rookie avec 48 points en 76 matchs contre 39 en 57 matchs l’an passé. Néanmoins, un des points positifs de cette saison pour lui est qu’il s’est moins blessé. David Perron n’arrive quant à lui pas à dépasser le stade des 20 buts (cette année) et 50 points (l’an passé), malgré un talent évident et des capacités de buteur comme de passeur. En conséquence, il a signé cet été, comme Erik Johnson, un contrat de deux ans afin de faire ses preuves avant peut-être un plus long contrat.

Dans les buts, le duo Chris Mason – Ty Conklin a été plutôt efficace, toutefois il ne sera pas reconduit. Mason n’a pas été conservé, le club ayant préféré transférer Jaroslav Halak de Montréal. C’est sans doute une bonne opération pour les Blues car Halak est sans doute aussi bon et nettement plus jeune (25 ans contre 33). Certes, Halak n’aura pas forcément les performances qu’il a eu lors de l’incroyable parcours en playoffs des Canadiens, mais il avait signé auparavant une saison régulière un peu plus discrète et néanmoins très réussie. Quant à Conklin, il a lui aussi eu un pourcentage d’arrêts tout à fait satisfaisant pour un remplaçant.

 

Dix-huitièmes : Calgary Flames. Calgary avait démarré la saison avec beaucoup d’espoir, signant durant l’été un des agents libres les plus demandés : Jay Boumweester. L’arrivée de l’ancien défenseur offensif de Floride boostait une ligne bleue déjà très fournie avec de solides joueurs comme Dion Phaneuf, Robyn Regehr ou Mark Giordano. Si la saison de Boumweester n’a pas été aussi concluante que ce que pouvait espérer Darryl Sutter, le manager général, la défense est le principal point positif de la saison à Calgary.

Si les défenseurs ont été plutôt efficaces, l’équipe se classant dans les dix premières de la ligue en ce qui concerne les tirs cadrés reçus, la bonne performance défensive est également à mettre au crédit de Miikka Kiprusoff. Le portier de 33 ans des Flames a encore réussi une saison probante, réalisant les arrêts décisifs pour son équipe lors des moments cruciaux et parvenant à être plus constant que l’année précédente. Il réalise ainsi son meilleur résultat statistique depuis 2006, la saison où il avait remporté le trophée du meilleur gardien de la ligue.

Si la défense a été satisfaisante à Calgary, on ne peut pas en dire autant de l’attaque, anémique, qui se place à l’avant-dernière place de la ligue. Les deux seuls joueurs offensifs à s’être mis en avant sont l’inoxydable Jarome Iginla et René Bourque. Si Iginla n’a pas forcément réussi une saison flamboyante avec un des plus mauvais totaux de sa carrière, ce qui a entraîné des rumeurs de transfert à la fin de la saison et des questionnements des fans sur l’âge du capitaine, il n’en reste pas moins qu’il reste l’un des principaux atouts offensifs de son équipe. Il a ainsi franchi une nouvelle fois le seuil des trente buts marqués et reste le meilleur buteur de son équipe.

Un de ses problèmes cette saison a été le perpétuel changement de ses coéquipiers de ligne : il commence par être associé avec Jokinen et Lundmark, qui remplace Cammalleri parti à Montréal. La ligne ne parvient à avoir le succès espéré et Jokinen est envoyé aux Rangers. Il a ensuite été aligné avec Stajan et Hagman, transfuges de Toronto.

En effet, si le début de saison est plutôt satisfaisant, à la fin janvier, Calgary est sur la mauvaise pente. Les Flames subissent alors une série de 9 défaites d’affilée (dont 6 dans le temps réglementaire) et dégringolent au classement. Darryl Sutter, le manager de l’équipe, décide alors de modifier l’effectif en envoyant Dion Phaneuf à Toronto contre Stajan et Hagman, et Jokinen aux Rangers contre Kotalik et Higgins.

L’arrivée de ces quatre joueurs ne se révèle pas probante et Calgary reste l’une des plus mauvaises attaques de la ligue. Outre Iginla, l’autre arme offensive de l’équipe était René Bourque qui a signé la meilleure saison de sa carrière. Il formait un duo efficace avec Daymond Langkow sur la deuxième ligne même si ce dernier a vu sa saison écourtée par une blessure au cou.

Curieusement, Sutter a choisi de faire revenir cet été Jokinen ainsi qu'Alex Tanguay, deux joueurs qui ont porté récemment le maillot des Flames. La nouvelle du retour de Jokinen a été accueillie très froidement par les fans, tandis que Tanguay reste sur deux saisons décevantes depuis qu’il a quitté Calgary.

 

Dix-neuvièmes : Anaheim Ducks. Une page s’est tournée cette année dans la courte histoire d’Anaheim : trois des piliers de l’équipe qui avait remporté la coupe Stanley en 2007 ont quitté l’effectif. C’est tout d’abord le géant Chris Pronger qui a été transféré à l’intersaison vers Philadelphie. C’était sans doute une des acquisitions les plus importantes des Flyers l’été dernier, Pronger ayant été l’un de leurs joueurs majeurs dans leur parcours en playoffs.

Pendant la saison, le gardien Jean-Sébastien Giguère, héros des playoffs de 2007, a été transféré à Toronto à cause de l’émergence de Jonas Hiller. Enfin, Scott Niedermayer, l’un des meilleurs défenseurs de ces deux dernières décennies, vient de raccrocher les patins après une carrière de 18 ans marquée par quatre coupes Stanley et sans nul doute une entrée au Hall of Fame dès qu'il sera éligible.

Le transfert de Pronger n’a pas été profitable à Anaheim dans l’immédiat car le joueur principal impliqué dans cet échange, Joffrey Lupul, s’est rapidement blessé. L’autre joueur arrivé en échange de Pronger était le jeune défenseur suisse Luca Sbisa. À 20 ans, il est encore un prospect et n’a joué que 8 matchs avec les Ducks avant de retourner en AHL.

La saison a été jugée décevante par les fans car l’équipe n’a pas réussie à atteindre les playoffs. Il faut dire que la saison 2008/09 s’était terminée idéalement par l’élimination du rival et grand favori San José en playoffs. Toutefois, le fait qu’Anaheim ait manqué les playoffs provient avant tout de la hausse du niveau de la conférence Ouest. Ainsi, alors qu’ils n’ont inscrit que deux points de moins que l’an passé, ils ont rétrogradé de la 8e à la 11e place dans la conférence.

L’autre facteur qui a désavantagé les Ducks est la blessure de deux cadres de l’effectif, Getzlaf et Selänne, pendant une partie de la saison. Ryan Getzlaf, qui avait marqué le plus grand nombre d’assistances dans la ligue l’an passé avec un total de 66, était encore dans une bonne dynamique mais sa saison a été raccourcie à cause de problèmes à sa cheville gauche.

Quand il était présent, il menait une première ligne intéressante Ryan-Getzlaf-Perry, à la fois jeune (ils ont entre 23 et 25 ans) et extrêmement productive avec 81 buts à leur actif. Bobby Ryan a terminé comme meilleur buteur du club avec ses 35 réalisations, même s’il s’est ensuite mis beaucoup de fans à dos au cours de sa renégociation de contrat interminable. Corey Perry est devenu le meilleur marqueur de l’équipe en l’absence de Getzlaf tout en continuant à jouer les agitateurs dans les lignes adverses (il est généralement le joueur des Ducks le plus détesté par les fans des autres équipes).

Teemu Selänne est l’un des joueurs qui a le plus marqué la franchise car il est le détenteur de la plupart des records offensifs de l’équipe. Durant la dernière intersaison, il a intercédé auprès du club pour signer Saku Koivu. Les deux joueurs avaient formé un duo efficace lors des jeux olympiques de 2006 pour la Finlande. Si Selänne a été absent de la glace un long moment pour cause de blessures (à la main gauche puis une dent cassée), il n’a pas perdu son sens du but puisqu’il a inscrit 27 buts en 54 matchs. Koivu a été une bonne surprise pour Anaheim, l’ancien capitaine de Montréal se révélant être un centre de deuxième ligne compétent avec ses 52 points et un apport de leadership. L’entraîneur, Randy Carlyle, pensait sans doute former une deuxième ligne avec Selänne, Koivu et Lupul mais la longue blessure de ce dernier a contrarié ces plans. Après quelques tests, c’est le jeune et plutôt prometteur Dan Sexton, 23 ans, non drafté et signé comme agent libre au printemps 2009, qui a été un des meilleurs ailiers pour cette ligne. Il a apporté sa vitesse aux deux Finlandais et a inscrit 19 points en 41 matchs.

Si l’attaque des Ducks a été plus que satisfaisante malgré les blessures, le point faible de l’équipe a été la défense, une des plus mauvaises de la ligue. D’abord, le problème est venu de la ligne bleue. Le départ de Pronger a créé un vide terrible sur cette dernière car il avait un volume de jeu considérable au niveau du temps de glace. Pour le remplacer sur la première ligne aux côtés de Scott Niedermayer, Bob Murray, le manager général, a resigné James Wisniewski, arrivé à la deadline des transferts en mars 2009. Toutefois, Wisniewski n’avait sans doute pas le calibre pour une moyenne de temps de jeu de 24 minutes, et il a été plutôt décevant en première ligne aux côtés d’un Niedermayer vieillissant.

Si l’équipe était plutôt bien pourvu en matière de défenseurs offensifs (Niedermayer, Whitney) ce n’était pas le cas pour le travail purement défensif, les vétérans Nick Boynton et Sheldon Brookbank ayant eu du mal face aux meilleures lignes adverses. Cela a permis à de jeunes joueurs d’avoir du temps de glace et une place dans l’effectif, comme Brett Festerling ou Brendan Mikkelson.

Dans les buts, Jean-Sébastien Giguère a définitivement cédé sa place à cause d’un début de saison plutôt difficile. Ainsi, en 20 matchs, le gardien québécois n’a eu que 4 victoires pour une moyenne de 3,14 buts encaissés par match. Il a finalement été transféré vers Toronto où il a connu une fin de saison plus probante. Le suisse Jonas Hiller est alors devenu le titulaire du poste et il signe une saison plutôt honorable compte tenu des défenseurs devant lui avec un bon pourcentage d’arrêts de 91,8%.

 

Vingtièmes : Dallas Stars. Comme pour Anaheim, c’est une page de l’histoire du club qui se tourne cet été à Dallas. Anciennement les North Stars de Minnesota, les Stars de Dallas ont toujours réussi à se hisser dans les playoffs depuis leur relocalisation en 1993. Ils ont même été à une période une des meilleures équipes de la ligue, remportant une coupe Stanley en 1999 et en échouant en finale l’année suivante. Parmi la pléthore de joueurs de qualité, le joueur phare de l’époque était Mike Modano. Or, le centre de 40 ans, qui a passé toute sa carrière dans la franchise, n'est pas conservé et part à Detroit. Autre départ important, le gardien Marty Turco, titulaire de longue date, est parti à Chicago.

Dallas est depuis quelques années en perte de vitesse, consécutivement au vieillissement et au départ des cadres de la période glorieuse. Cela culmine avec une absence aux playoffs lors de ces deux dernières saisons, plaçant l’équipe dans une phase de reconstruction avec de nouveaux joueurs. Le changement est d’abord venu du dehors de la glace avec l’arrivée comme manager général de l’ancien grand joueur des Stars qui avait participé au titre de 1999, Joe Nieuwendyk, et sur le banc de l’entraîneur Marc Crawford. Ce changement devait notamment se traduire par un jeu plus porté sur l’offensive et plus rapide. Malheureusement, ces bonnes résolutions ne sont pas allées beaucoup plus loin que la pré-saison.

Le meilleur joueur de l’effectif est sans conteste Brad Richards. Le centre de 30 ans a signé sa première saison complète avec les Stars après avoir été transféré de Tampa Bay en 2008. En effet, sa saison 2008/09 avait été pour lui émaillée de blessures, se cassant le poignet droit puis la main gauche. L’attente n’aura pas été vaine : cette saison, le meneur de jeu a signé le septième total de points de la ligue (91). De bon augure, même si l'année prochaine sera crispante pour les fans. C’est en effet la dernière année du contrat de Richards et il pourrait éventuellement quitter le club à la deadline si les résultats ne sont pas encourageants.

L'excellente vision du jeu de Richards a été particulièrement profitable à ses deux compagnons de ligne Loui Eriksson et James Neal. Certes, Eriksson a marqué moins de buts cette saison que l’an passé (28 contre 36) mais il a marqué plus de points. Tout comme Neal qui a vu son total de points passer de 37 à 55.

La deuxième ligne était formée par le duo Mike Ribeiro – Brenden Morrow, qui s’est associé avec Jamie Benn ou Brendan Segal. Pour sa quatrième saison sous les couleurs de Dallas, c’est la première fois que Mike Ribeiro ne termine pas en tête des pointeurs du club. D’abord, son style de jeu ne convenait pas au nouveau style que voulait donner Crawford à l’équipe. En effet, le centre québécois aime ralentir le jeu en zone offensive pour utiliser au mieux sa capacité de meneur de jeu, là où Crawford attend un jeu offensif rapide. Puis, il s’est blessé à la gorge et a manqué une quinzaine de parties. Son total de 53 points en 66 matchs reste tout de même honorable.

Si la saison précédente du capitaine Brenden Morrow s’était vite terminée à cause d’une blessure au genou, il a cette fois joué quasiment toute la saison. Cependant, ses 46 points en 76 matchs sont son plus faible total depuis 2002. Sur l’aile droite, le jeune rookie Jamie Benn, 21 ans, a été la bonne surprise de l’équipe avec ses 22 buts pour 41 points. Il lui a fallu ensuite passer au centre d’une autre ligne, ce qui a nécessité une période d’adaptation, mais Benn a finalement trouvé ses marques à ce poste.

Le point faible de l’équipe cette année était clairement la ligne bleue. Certes, Stéphane Robidas est un bon défenseur, mais le vétéran de 33 ans ne serait sans doute pas sur la première ligne dans une équipe mieux fournie à l'arrière. Il était aligné avec Nicklas Grossmann, 25 ans, l’un des seuls défenseurs à pouvoir rivaliser physiquement avec les adversaires. La plupart des défenseurs sont jeunes, entre 24 et 26 ans, ce qui leur laisse encore une certaine marge de progression, comme le physique Mark Fistric.

Dans les buts, Marty Turco n’a pas eu un mauvais pourcentage d’arrêts (91,3%), mais sa saison a été jugée décevante par beaucoup de fans. Pour compenser la perte de vitesse du vétéran de 35 ans, Nieuwendyk a fait venir Kari Lehtonen d’Atlanta. Le gardien finlandais avait été drafté en deuxième position en 2002 mais sa propension à se blesser l’a souvent écarté de la glace pour de longues périodes. Ainsi, quand il arrive à Dallas le 9 février, il n’a pas encore joué de la saison. Il parvient finalement à disputer 12 matchs plutôt bons, même si il est à craindre qu’il ait encore des problèmes de blessures.

 

Vingt-et-unièmes : New York Rangers. Lors d’un bilan de mi-saison, un blog notait parmi les bonnes surprises Marian Gaborik, l’ailier droit slovaque, et parmi les déceptions "tous les joueurs offensifs des Rangers qui ne s’appellent pas Marian Gaborik". Cela pourrait presque faire office de résumé de la saison. Pourtant, Gaborik (28 ans) suscitait beaucoup de questions. Drafté en 3e position en 2000 par la franchise naissante des Wild du Minnesota, il a connu une carrière intéressante mais difficile. Souvent blessé (il n’a jamais joué une saison dans son intégralité), il évoluait dans une équipe tournée essentiellement vers la défense (sous la houlette de Jacques Lemaire) tout en restant toujours productif offensivement (219 buts et 437 points en 502 matchs avec Minnesota). C’est ainsi que, n’ayant pas été re-signé en fin de saison dernière, Marian Gaborik apparaissait comme l’un des agents libres les plus convoités sur le marché. Ce sont finalement les Rangers de New York qui l'ont signé avec un contrat de 7,5 millions de dollars par an pendant cinq ans.

Pour parvenir à le signer, il leur a fallu libérer de l’espace dans leur masse salariale, ce qu’ils ont fait en transférant Scott Gomez à Montréal. Les Rangers sont des habitués de ce type de contrat qui consiste à payer au prix fort des agents libres. C’est ce qui s’est passé ces dernières années avec des joueurs comme Jaromir Jagr, Markus Näslund, Chris Drury, Scott Gomez ou Wade Redden. Cette stratégie n’a pas toujours été couronnée de succès et, à part Jagr, aucun joueur signé n’a été à la hauteur de ses performances passées ou de la valeur de son salaire.

Gaborik, lui, a été à la hauteur des espérances que le club avait placé en lui : 5e buteur de la ligue, il a marqué 19% des buts de son équipe à lui seul et a été impliqué dans 39% de ces buts, distançant largement ses coéquipiers au tableau de pointage. Le sniper slovaque a également joué un rôle important dans les périodes de supériorité numérique, marquant 14 buts (3e de la ligue). Il n’a finalement manqué que peu de matchs (6) et termine la saison avec le meilleur résultat statistique de sa carrière.

Il faut aussi évoquer un autre artisan dans la saison new-yorkaise : le gardien suédois Henrik Lundqvist. Le " roi Henrik " a encore été en première ligne pour sa cinquième saison sous les couleurs des Rangers, jouant un grand nombre des matchs de son équipe (73 sur 82, seul Martin Brodeur en a joué plus) et récoltant de bonnes statistiques. Il aura aussi été héroïque lors du dernier match de la saison face à Philadelphie, mais ses 46 arrêts (sur 47 tirs) n'ont pas suffi à assurer la qualification pour les playoffs.

Ainsi, même si les Rangers ont plus marqué et moins encaissé que l’an passé, ils n’ont paradoxalement pas réussi à atteindre les playoffs. Il faut dire que certains joueurs ont connu une baisse sensible de leur performance, comme le capitaine Chris Drury (passé de 56 points à 32, le plus mauvais résultat de toute sa carrière) et que l’équipe a perdu ses deux meilleurs buteurs de l’an passé : Näslund (parti à la retraite) et Nikolai Zherdev (parti en Russie jouer en KHL). La production offensive est parfois venue de joueurs inattendus. Ainsi, Sean Avery (que le site internet SB Nation, pour caractériser son niveau de jeu, qualifie d’"agitateur de classe mondiale") termine septième marqueur (31 points), juste derrière Drury. Olli Jokinen, arrivé de Calgary à la limite des transferts, a connu une fin de saison moyenne (4 buts et 15 points en 26 matchs) mais meilleure que les joueurs contre lesquels il a été transféré, Ales Kotalik et Christopher Higgins.

Les Rangers ont été proches d’avoir leur place dans le dernier carré. Ce n’est qu’en perdant leur dernier match face à leur concurrents directs (les Flyers de Philadelphie) qu’ils ont dû abandonner la course aux playoffs. S’ils avaient gagné, les Rangers auraient retrouvé les Capitals de Washington, en espérant renouveler leur belle prestation de l’an passé (deux victoires à Washington puis une avance de 3 matchs à 1, série conclue par une défaite au septième match). La fin de saison est plus amère cette année, conclue par une série de tirs aux buts perdue face aux Flyers.

 

Vingt-deuxièmes : Minnesota Wild. Année de transition difficile au Minnesota. La jeune franchise avait terminé sa première décennie au sein de la ligue en se séparant de deux de ses cadres à l’été dernier : l’entraîneur Jacques Lemaire et l’ailier gauche Marian Gaborik. Les deux étaient présents dès l’introduction de l’équipe en 2000.

Suite au départ de Lemaire, le management avait envie de voir un jeu plus marqué à l’offensive que celui de l’homme qui avait popularisé la "trappe". Il a été remplacé par Todd Richards, qui était l’an passé entraîneur-adjoint à San José. Pour remplacer Gaborik, Chuck Fletcher, le manager général, a signé le Tchèque Martin Havlat. Comme Gaborik, Havlat a souvent vu sa productivité offensive être affectée par de nombreuses blessures. Il restait toutefois sur une bonne saison avec Chicago (77 points), ce qui lui a permis d’avoir un bon contrat avec le Wild.

Si Havlat a déçu cette année, ce n’est pas à cause des blessures car il n’a manqué que 9 matchs. Son total de 54 points n’est cependant pas ce qu’il a fait de mieux dans sa carrière, avec en prime un différentiel de -19. L’attaque a ainsi beaucoup déçu mais le fait que l’équipe a dû se passer pendant quasiment toute la saison du troisième marqueur de l’effectif de 08/09 n’a pas aidé.

En effet, dès le premier match, Pierre-Marc Bouchard a subi une commotion cérébrale qui l’a conduit à manquer toute la saison. Il avait déjà manqué plusieurs matchs pour la même raison lors des saisons précédentes mais il avait tout de même réussi à marquer 46 points en 71 matchs l’an passé.

L’attaque a pu néanmoins compter sur son capitaine, Mikko Koivu, meilleur marqueur de l'équipe qui verra son contrat allongé de sept ans. Son futur salaire annuel (plus de 7 millions) le placera parmi les centres les mieux payés de la ligue. Cela peut paraître étonnant, dans la mesure où il n’a jamais eu une production offensive extraordinaire, n'atteignant jamais un point par match, mais c'est parce qu’il a surtout joué jusqu’à présent dans des tactiques à dominantes défensives. De plus, le salaire prend également en compte le leadership du frère cadet de Saku Koivu et sa grande qualité pour le jeu défensif.

Autre élément offensif important, le Québécois Guillaume Latendresse a relancé sa saison après son transfert. L’ailier gauche de 23 ans n’avait marqué que 2 buts pour 3 points en 23 matchs avec les Canadiens mais il a inscrit 25 buts pour 37 points en 55 matchs avec le Wild.

Si l’équipe s’est renforcée au niveau des attaquants à l’intersaison, ce n’est pas pour autant l’attaque qui s’est améliorée. Ainsi, en embauchant Matt Cullen, John Madden et Eric Nystrom, l’équipe s’est surtout renforcée au niveau des attaquants défensifs et plus précisément au centre (avec Madden et Cullen). Car si Minnesota a été discret au niveau de la production offensive, ce n’est guère nouveau pour l’équipe. En effet, le Wild a marqué 219 cette saison, exactement comme l’an dernier pour la dernière saison de Lemaire. Elle termine en plus à la dernière place de la igue au niveau des tirs cadrés par match.

En revanche, les chiffres défensifs sont inhabituels pour l’équipe. L’an dernier, Minnesota s’était classé deuxième de la ligue pour la défense avec 2,4 buts encaissés par match. Or, cette année, l’équipe a encaissé 42 buts de plus, la conduisant à la 22e place de la ligue. Pour la première fois depuis qu’il est au Minnesota, le gardien Niklas Bäckström termine avec un pourcentage d’arrêts en dessous des 92%, flirtant cette fois avec les 90%.

 

Vingt-troisièmes : Atlanta Thrashers. Le fait majeur à Atlanta dans cette saison est le départ d’Ilya Kovalchuk, le meilleur joueur de la courte histoire de la franchise. En effet, les Thrashers se sont constitués en 1999 et ont repêché Kovalchuk en 2001. L’équipe a connu des fortunes diverses avec ses choix de premier tour de draft lors de sa fondation : Patrik Stefan, sélectionné en 1999, est considéré comme un des joueurs les plus décevants ayant été repêché en première position, et Dany Heatley, drafté en 2000, a été échangé à sa demande à l’été 2005 après trois belles saisons sous les couleurs d’Atlanta.

Mais, avec Kovalchuk, les Thrashers n’ont pas regretté leur choix avec 328 buts marqués en sept saisons et demi sous leurs couleurs. Si Atlanta a eu dans ses rangs d’autres joueurs de talent (Heatley, Marian Hossa ou Marc Savard), aucun n’est resté aussi longtemps que lui. Cette saison était la dernière année de son contrat avec Atlanta et la préoccupation majeure du management de l’équipe était de savoir si le sniper russe allait re-signer.

Des négociations ont bien eu lieu au début de la saison, mais le joueur russe n’a pas accepté les offres lucratives de Don Waddell, le manager général, repoussant des propositions de 101 millions de dollars en 12 ans ou 70 millions sur 7 ans. Kovalchuk s’est alors forgé une réputation de joueur exigeant en termes de salaire puisque ces offres auraient fait de lui un des joueurs les mieux payés de la ligue. De fait, si les péripéties que connaît le Russe sur le marché des agents libres tendent à prouver qu’il cherche un contrat lucratif, il faut aussi considérer qu’il est un compétiteur et qu’il cherche à moyen terme à remporter la coupe Stanley.

Or, le bilan des Thrashers dans leurs dix premières saisons d’existence n’est pas fameux : ils ne sont parvenus qu’une seule fois aux playoffs, en 2006/07, et ils avaient été rapidement éliminés en quatre matchs. Si Kovalchuk n’a pas choisi de re-signer, c’est donc aussi parce qu’il a compris qu’Atlanta ne sera pas en mesure d’être un concurrent sérieux pour le titre avant plusieurs années.

Atlanta avait pourtant misé sur une réussite sportive pour garder sa superstar russe. Ainsi, les Thrashers sont allés chercher des agents libres de qualité pour former une première ligne performante : Nik Antropov au centre et Maksim Afinogenov à l’aile droite. Cette ligne fut effectivement plutôt productive; Antropov apportant de la puissance et une présence devant le but, Afinogenov amenant lui sa vitesse de patinage et sa technique pour servir les qualités de buteur de Kovalchuk.

L’équipe a réussi son début de saison, avec 14 victoires pour 7 défaites dans le temps réglementaire à la fin du mois de novembre. Atlanta pouvait alors envisager de pouvoir participer aux playoffs mais un mois de décembre difficile (4 victoires pour 11 défaites) a remis en question cette ambition.

L’équipe est alors confrontée à la faiblesse du duo de gardiens : Johan Hedberg n’a pas le niveau pour être titulaire tandis qu'Ondrej Pavelec est encore trop inexpérimenté pour assumer le rôle. Le titulaire est normalement Kari Lehtonen, mais le gardien finlandais a été blessé quasiment toute la saison avant d’être transféré à Dallas en février.

Autre problème : à part la première ligne très active, peu de joueurs offensifs se sont mis en valeur. En fait, seul Rich Peverley, le centre de la deuxième ligne, a passé la barre des 20 buts. Le vétéran Vyacheslav Kozlov, 38 ans, a fini par être écarté de l’effectif après 8 buts en 55 matchs (il restait sur une saison 2008/09 à 26 buts et 76 points). Evander Kane a quant à lui été à la hauteur des espérances : drafté l’été dernier, le jeune ailier gauche de 18 ans termine avec 14 buts et 26 points en 66 matchs.

Le transfert de Kovalchuk est devenu rapidement inéluctable : puisqu’il ne voulait pas re-signer à Atlanta, le club devait l’échanger pour éviter qu’il parte sans compensation en juillet. La négociation s’annonçait difficile pour Waddell : seule une équipe en compétition pour le titre avait intérêt à s’adjoindre les services d’un joueur qui deviendrait agent libre à l’été, et il fallait que cette équipe ait suffisamment d’espace sur sa masse salariale pour amortir le salaire de Kovalchuk. Autre facteur qui ne facilitait pas la tâche du manager général des Thrashers, le risque que l’ailier russe signe en KHL. Ce risque pesait dans la négociation dans la mesure où cela réduisait la valeur de Kovalchuk pour l’échange : l’équipe qui le recevrait ne serait pas disposée à envoyer en échange les mêmes joueurs s’il s’agissait d’un CDD de six mois ou s’il y avait de bonnes chances de le re-signer en fin de saison.

Finalement, Kovalchuk est parti au New Jersey et les Thrashers ont reçu plusieurs jeunes joueurs, les plus intéressants étant deux Suédois, le défenseur Johnny Oduya et l’ailier droit Niclas Bergfors. L’attaquant a d’ailleurs connu une bonne fin de saison sous ses nouvelles couleurs avec 17 points en 27 matchs. Le départ de Kovalchuk a eu un impact sur la production offensive de l’équipe qui est passée de 3,01 buts à 2,51 buts de moyenne. Difficile de se passer sans encombre d'un tel buteur.

Toutefois, la fin de saison n’a pas été catastrophique pour les Thrashers, qui ont espéré accrocher une place pour les playoffs presque jusqu'à la fin (ils n’échouent qu’à cinq points du premier qualifié). La prochaine saison sera néanmoins un test important pour Atlanta, la première sans Kovalchuk depuis presque dix ans.

 

Vingt-quatrièmes : Carolina Hurricanes. Les Hurricanes de la Caroline avaient été l’équipe surprise des playoffs de 2009, en éliminant deux équipes championnes de division (New Jersey puis Boston), avant d’être battue par Pittsburgh en finale de conférence. Il était toutefois difficile de savoir quelle serait la teneur de la saison 2009/10 de cette équipe si inconstante.

Le suspense a rapidement tourné court : les deux premiers mois de la saison sont catastrophiques en Caroline. Ainsi, l’équipe termine le mois de novembre avec 23 défaites en 28 matchs (dont 17 dans le temps réglementaire), ce qui l’exclut presque définitivement de la course. En effet, malgré une fin de saison plus probante avec 30 victoires lors des 55 derniers matchs, le club ne s’est pas qualifié pour les playoffs.

La déception la plus importante de l’effectif est venue du capitaine Rod Brind’Amour, qui a vu sa production chuter dramatiquement : il est ainsi passé de 51 points l’an passé à 19 cette année (le plus mauvais total de toute sa carrière) avec l’un des plus mauvais différentiels de la ligue (-29). Il a donc été rétrogradé dans les lignes au fil de la saison, terminant par jouer sur la quatrième. En janvier, on lui a même enlevé son grade de capitaine pour lui donner celui d’assistant. Une disgrâce que l’intéressé a pris avec philosophie en ne se plaignant jamais de son traitement devant la presse.

À presque 40 ans, il a choisi logiquement de raccrocher les patins après 10 saisons sous les couleurs des Hurricanes, dont 5 comme capitaine. L’équipe a annoncé que le numéro de Brind’Amour serait retiré et une bannière sera accrochée au plafond dès la saison prochaine. Une façon de rendre hommage au capitaine de l’équipe qui avait rapporté la coupe Stanley en Caroline en 2006 et qui était le visage de la franchise. Il ne quitte d’ailleurs pas l’organisation et il devrait y occuper un poste administratif, comme d’autres anciens joueurs (Ron Francis ou Glen Wesley).

Son remplaçant au poste de capitaine est Eric Staal. Le centre de la première ligne confirme ainsi qu’il est bien l’homme fort de cette franchise, terminant une nouvelle fois meilleur marqueur même si ses 70 points sont loin de son total de 100 points de 2006. Sa nomination comme capitaine a été l’un des éléments qui ont donné un second souffle à l’équipe en deuxième partie de saison. Ray Whitney a signé aussi une saison très satisfaisante même si son contrat n’a pas été prolongé.

Un autre joueur déterminant pour l’attaque a été Jussi Jokinen, qui a terminé la saison avec 30 buts, le meilleur total se sa carrière. Personne n’attendait Jokinen à ce niveau, lui qui était jusqu’à présent plus connu en NHL pour ses qualités aux tirs au but que pour ses capacités de buteur dans le jeu. Son précédent record dans une saison était de 17 et il n’avait marqué qu’un but en 25 matchs avec les Hurricanes la saison passée, après avoir été transféré par Tampa Bay. Il a profité d’une place à la gauche de Staal sur la première ligne pour avoir du temps de jeu et montrer ses qualités de buteur. Il faudra toutefois qu’il confirme ces dispositions la saison prochaine.

Jokinen a profité de la place laissée libre par la baisse de régime d’Erik Cole, l’un des anciens vainqueurs du titre de 2006, qui subit de nombreuses blessures depuis quelques années et voit sa production offensive baisser. Il termine ainsi l’exercice 2009/10 avec 11 buts en 40 matchs. Autre déception offensive : Sergueï Samsonov. L’ailier russe a eu beaucoup de difficultés à s’intégrer au système de l'entraîneur Paul Maurice, très défensif, loin du système de Peter Laviolette, il y a deux ans, qui convenait à un joueur petit et rapide comme lui. Il termine avec 29 points et est au centre de rumeurs de transfert.

Le problème principal de l’équipe est venu des gardiens. L’équipe démarre la saison avec un duo Cam WardMichael Leighton qui montre vite ses limites : Ward se blesse après un début de saison difficile et Leighton est catastrophique. Personne ne pouvait alors imaginer que Leighton parviendrait en finale de coupe Stanley comme titulaire... Même pas Philadelphie, qui l’a récupéré dans les waivers de Carolina en urgence suite aux blessures d’Emery et de Boucher.

Pour remplacer Ward le temps de sa convalescence, les Hurricanes sont allés chercher le vétéran Manny Legace, qui jouait en AHL avec Chicago (une équipe liée avec les Thrashers d’Atlanta). Legace a parfaitement tenu son rôle de remplaçant jusqu’au retour de Ward et, quand ce dernier s’est blessé au dos en février, c’est encore lui qui s’est retrouvé à garder les buts des Hurricanes.

La saison prochaine ne devrait pas être simple en Caroline. L’équipe cherche actuellement à réduire les coûts de sa masse salariale. Cela s’est notamment traduit par le départ du vétéran Whitney, qui souhaitait re-signer mais qui n’a pas reçu d’offre. Évidemment, ce type de politique pourrait avoir des répercutions négatives sur les performances de l’équipe.

 

Vingt-cinquièmes : Tampa Bay Lightning. Le joueur majeur du Lightning est sans conteste Steven Stamkos, qui a remporté le trophée du meilleur buteur de la ligue (à égalité avec Sidney Crosby) à 20 ans, alors qu’il ne dispute que sa deuxième saison dans la ligue. Cette performance n’est pas vraiment étonnante de la part de ce centre drafté en première position en 2008 et qui accumulait les buts en junior. Toutefois, sa première saison n’avait pas vraiment convaincu, notamment à cause d’un début très difficile (aucun point lors de ses sept premières apparitions dans la ligue). Il avait terminé avec un total honorable de 23 buts grâce à une fin de saison plus convaincante : il marque 16 buts lors des 26 derniers matchs.

Sa deuxième saison a suivi ce rythme. La principale caractéristique de sa production offensive est qu’elle est portée sur les situations de supériorité numérique. On peut ainsi remarquer qu’il a marqué 24 de ses 51 buts dans ce cette situation, alors que Crosby n’en a inscrit que 13 pour le même total. La botte de Stamkos est très simple : alors que la palet se trouve du côté droit de la patinoire, il se positionne généralement sur le côté gauche pour ouvrir l’angle de son tir de droitier, un coéquipier effectue une transversale vers lui qu’il reprend de volée. Son tir puissant trompe souvent le gardien qui n’a pas eu le temps de se replacer.

Stamkos a joué la plupart du temps avec Martin St Louis à sa droite et Steve Downie à sa gauche, ce qui a donné une des premières lignes les plus inattendues de la ligue : un jeune joueur dont la première saison avait déçu (Stamkos), un vétéran qui restait sur des performances en baisse ces dernières années (St Louis) et un agitateur de troisième ligne (Downie). Finalement, le trio a trouvé une alchimie gagnante avec St Louis qui construit le jeu et Downie qui est la caution physique du trio. À elle seule, la première ligne a inscrit quasiment la moitié des buts de l’équipe.

La deuxième ligne d’attaque, Malone – Lecavalier – Tanguay, a été décevante. Ryan Malone a commencé la saison très fort avec 15 buts dans les 22 premiers matchs mais il été plus discret ensuite (6 buts sur ses 47 derniers matchs), voyant même sa saison terminée prématurément à cause de blessures. Vincent Lecavalier, le capitaine, termine lui avec 24 buts, son plus mauvais total depuis 2002. Sans doute que le fait de ne plus être aligné avec St Louis a eu un impact négatif sur sa production, mais la baisse de celle-ci est toutefois notable sur ces dernières années : 52 buts en 2007, 40 en 2008 puis 29 en 2009.

Quant à Alex Tanguay, c’est la déception du recrutement de l’intersaison : l’ailier québécois n’a jamais réussi à trouver l’alchimie avec ses camarades de lignes et il termine avec moins de points qu’avec Montréal l’an passé bien qu’il ait joué trente matchs de plus. En fin de saison, il a même été remplacé par le jeune Purcell, arrivé en cours de saison en provenance de Los Angeles. Sans surprise, il n’a pas été re-signé et est parti à Calgary.

Autre déception du recrutement : Matthias Öhlund, en défense. Le vétéran suédois avait été signé avec un salaire intéressant pour être le mentor de son jeune compatriote Victor Hedman, drafté l’an passé en deuxième position. Öhlund n’a toutefois pas été à la hauteur de sa charge de défenseur numéro 1 de l’équipe. Quant à Hedman, 19 ans, il a eu une saison discrète mais il a encore une marge de progression importante.

Dans les buts, la saison n’a pas non plus été simple : Mike Smith et Antero Niitymäki se sont partagé la tâche sans que l’un des deux ne parvienne à s’affirmer comme titulaire indiscutable. Niitymäki avait démarré fort la saison avant de marquer le pas. Quant à Smith, il n’est toujours pas parvenu à endosser le costume de gardien numéro 1 pour la franchise, ce que le club espérait en le faisant venir de Dallas en 2008.

L’autre arrivée importante à Tampa Bay lors de la saison fut celle de Steve Yzerman comme manager général. Après sa brillante carrière à Detroit, le centre canadien avait choisi de rejoindre l’équipe administrative de son club de toujours, les Red Wings. Toutefois, il était de notoriété publique qu’il aspirait à des responsabilités plus importantes, celles de manager général. Quand ce poste s’est libéré à Tampa en mai dernier, la rumeur a rapidement couru que le nouveau manager pourrait être Yzerman, malgré la réputation de l’équipe (le management des dernières années a parfois été comparé à un cirque).

L’arrivée d’Yzerman a été officialisée à la fin mai et c’est un coup de poker de la part des propriétaires puisque Yzerman est un novice au poste de manager, bien qu’il ait longtemps fait partie d’une des meilleures organisations de ces dernières années à Detroit. Outre le précédent manager général, l’entraîneur Rick Tocchet avait aussi été limogé. L’une des premières tâches d’Yzerman a donc été d’embaucher un remplaçant. Son choix s’est porté sur un entraîneur d’AHL novice en NHL, Guy Boucher, qui officiait l’an passé à Hamilton dans le club affilié des Canadiens de Montréal. Boucher sera, à 38 ans, le plus jeune des entraîneurs de la ligue la saison prochaine. Des observateurs n’ont pas manqué de faire remarquer que le profil de Boucher, bardé de diplômes universitaires allant de la psychologie du sport à l’histoire, était assez proche de celui de Mike Babcock, l’entraîneur des Red Wings et du Canada lors des derniers Jeux Olympiques, lui aussi titulaire de nombreux diplômes et que Yzerman a longtemps côtoyé.

Les observateurs ont scruté les premiers actes d’Yzerman et ont été plutôt convaincus. Évidemment, il y a une part d’état de grâce pour un des joueurs les plus respectés dans la ligue, mais ses décisions semblent jusqu’à présent plutôt sensées. On l'a vu faire quelques signatures intéressantes au début de la période des agents libres comme Kubina ou Ellis, mais il a fait encore plus fort en transférant Simon Gagné à Tampa.

Ce transfert a aussi eu une autre conséquence positive pour Tampa : Gagné avait sur son contrat une clause de non-transfert qu’il a activé pour venir au Lightning, ce qui prouve qu’il n’a pas été contraint de venir à Tampa mais qu’il en a fait le choix, ce qui a implicitement montré que le club se dirigeait vers plus de respectabilité dans la ligue. Le cas était identique pour Boucher, que l’on annonçait d’abord aux commandes des Blue Jackets de Columbus mais qui s’est déclaré plus intéressé par la prise en main du Lightning. Toutefois, il faudra confirmer cette tendance positive du club sur la glace l’an prochain pour le baptême du feu de Yzerman et surtout de Boucher.

  

Vingt-septièmes : Columbus Blue Jackets. Columbus avait été une des belles surprises de la saison dernière, parvenant à se qualifier pour les playoffs pour la première fois de l’histoire de la jeune franchise, créée en 2000. L’équipe était alors menée par l’ailier Rick Nash, l’un des joueurs offensifs les plus doués de la ligue, avec l’expérimenté Ken Hitchcock sur le banc et un surprenant gardien, Steve Mason, qui avait reçu le prix du meilleur rookie de la saison. Cette performance avait permis aux fans de croire à un destin favorable pour une équipe qui a connu une première décennie difficile.

Malheureusement pour eux, cette saison n’a pas été à la hauteur des attentes. Non seulement le club n’est pas parvenu à retourner aux playoffs mais, en plus, ils terminent à l’avant-dernière place de sa conférence. La saison avait pourtant commencé plutôt correctement avec deux bons premiers mois. Fin novembre, les Blue Jackets avaient remporté la moitié de leurs rencontres. Les choses se sont ensuite rapidement gâtées avec une chute brutale des performances de Mason derrière une défense plus que perméable. Le club est ainsi passé de la 9e défense de la ligue en 2008/09 (2,72 buts encaissés par match) à la 24e cette année (3,04 buts par match).

En février, Ken Hitchcock est renvoyé par le manager général Scott Hawson, et son assistant Claude Noël est promu entraîneur intérimaire. À l’intersaison, c’est finalement Scott Arniel, qui entraînait Manitoba en AHL, qui a été nommé comme nouvel entraîneur de Columbus. La fin de la saison a été plus réussie grâce notamment à de meilleures prestations de Mason.

Le problème du jeune gardien était sans doute plus d’ordre psychologique que technique. La pression psychologique est évidemment très forte sur les gardiens, dont le rôle est fondamental autant qu’individuel, et les jeunes ont souvent des difficultés à supporter ce poids dans la ligue. Mason reste un des meilleurs jeunes gardiens de la ligue, il lui faudra juste une période d’adaptation suffisante pour être à la hauteur des espérances du club.

La défense n’a pas été d’une grande aide pour le jeune gardien. À sa décharge, les blessures ont perturbé les plans de Hitchcock puis Noël. Ainsi, le défenseur historique de la franchise (il a été le premier choix de draft de l’équipe en 2000) Rostislav Klesla, limité à 34 matchs en 2008/09 à cause d’une longue suite de blessures, a cette fois eu une déchirure à l’aine en décembre qui a mis un terme prématuré à sa saison.

La charge de mener l’escouade défensive est alors retombée sur les seules épaules de Mike Commodore et Jan Hejda, les seuls vétérans sur une ligne bleue très largement jeune et inexpérimentée. Mike Commodore a été obligé de jouer plus qu’à son habitude, dépassant les 22 minutes sur la glace en moyenne. Cela ne s’est pas arrangé quand son partenaire de ligne Jan Hejda s’est blessé à son tour en mars. Cela a obligé les entraîneurs à solliciter les défenseurs des dernières lignes de défense, comme Fedor Tyutin, qui s’est soudainement retrouvé sur la première ligne, ou Anton Strålman. Ces joueurs ont connu de grandes difficultés face aux meilleurs joueurs adverses, même s’ils ont pu apporter un soutien offensif (34 points pour Strålman, 32 pour Tyutin).

Face à cette difficulté flagrante sur la ligne bleue, il semble logique que Hawson cherche à la renforcer à l’intersaison. L’occasion la plus intéressante était sans doute la draft où Columbus pouvait espérer attirer un des nombreux prospects défensifs prometteurs (Gudbranson, Gormley, Fowler). En fait, comme il apparaissait quasi certain que les Panthers prendraient Gudbranson avec leur troisième choix, tous les observateurs s’accordaient sur le fait que les Blue Jackets prendraient Fowler avec leur quatrième choix. Ils ont pourtant pris un centre, Ryan Johansen.

Il n’y a pas non plus eu de nouvel arrivant sur la ligne bleue avec les agents libres. Le seul nouveau joueur qui pourrait arriver en défense la saison prochaine est John Moore, 19 ans, drafté par l’équipe en 2009. L’équipe attendra également beaucoup de Kris Russell, 23 ans, pour occuper une place dans les premières lignes de défense. L’an prochain, la première ligne devrait logiquement être Commodore – Hejda tandis que Klesla devrait être le mentor de Moore ou être aligné avec Russell.

En attaque, la production n’a pas été flamboyante, en partie à cause du système défensif mis en place par les entraîneurs. C’est surtout la première ligne qui s’est mise en valeur, menée par le capitaine Rick Nash, permettant à Kristian Huselius et Antoine Vermette de signer une de leurs meilleures saisons. La deuxième ligne était généralement composée du trio R.J. Umberger – Derick Brassard – Jakub Voracek. Brassard, 22 ans, a quelque peu déçu cette année : on attendait de lui qu’il soit le futur centre numéro un du club mais il ne semble pas totalement confirmer ces attentes, d’où le choix de Johansen à la draft. Voracek, 20 ans, continue quant à lui à progresser dans son rôle d’ailier créateur de jeu, passant de 38 points lors de sa saison de rookie à 50.

Comme pour la défense, aucun nouveau joueur n'est en vue. Certes, Columbus a récupéré Ethan Moreau, l’ancien capitaine d’Edmonton, mais l’ailier ne sera sans doute pas d’un apport offensif important au vu de ses dernières années décevantes. Il apportera toutefois un leadership naturel et de l’expérience dans le vestiaire des Blue Jackets. La seule "arrivée" concerne l’ailier russe Nikita Filatov. On ne peut pas parler d’une véritable arrivée car Filatov (drafté par le club en 2008), 20 ans, a brièvement joué avec le club ces deux dernières saisons. Trouvant qu’il ne jouait pas assez à son goût, il a été prêté au CSKA Moscou à la mi-novembre, où il a marqué 22 points en 26 matchs. L’intéressé a expliqué son départ par le fait qu’il ne semblait pas entrer dans les plans d’Hitchcock.

De fait, l’ancien entraîneur "old school" des Blue Jackets n’a pas beaucoup utilisé l’ailier gauche russe, estimant qu’il ne s’investissait pas assez dans le jeu défensif. Son total de 6 buts en 21 matchs était plutôt prometteur car Filatov ne jouait qu’en moyenne 8 minutes par match, et généralement sur la troisième ou quatrième ligne. On peut ainsi raisonnablement penser qu’il pourrait atteindre rapidement les 25 buts par saison s’il trouve sa place dans l’effectif.

Le retour de Filatov à Columbus a longtemps été incertain. Quand il était en Russie, il restait plutôt vague sur son avenir même si, en fin de saison, il a exprimé à un reporter de Columbus son envie de rejoindre le camp d’entraînement qui aurait lieu à la fin de l’été. Howson a alors envoyé le préparateur physique de l’équipe en Russie pour préparer le retour de Filatov. Le Russe s’est engagé à venir en Amérique du nord début août, six semaines avant le début du camp. Il a discuté avec Arniel, dont le style de jeu semble plus offensif que celui d’Hitchcock, et qui a garanti au Russe de faire table rase sur le passé.

 

Vingt-sixièmes : New York Islanders. Reconstruction année 1 sur Long Island : après avoir pu choisir en premier l’an dernier le jeune prodige John Tavares, les Islanders repartent autour d’un noyau de jeunes joueurs draftés ces dernières années (grâce aux piètres prestations de l’équipe) comme Kyle Okposo (21 ans, 7e choix de la draft de 2006) ou Josh Bailey (20 ans, 9e choix de la draft 2008).

Toutefois, la vraie révélation offensive de l’équipe est venue de Matt Moulson. Signé à l’intersaison, l’ailier gauche de 26 ans, qui n’avait joué que 29 matchs (pour 6 buts) lors de deux saisons avec les Kings de Los Angeles, a cassé la baraque en marquant 30 buts cette saison, grâce à une bonne alchimie avec Tavares. Toutefois, les observateurs doutent qu’il puisse réitérer cette saison.

John Tavares termine premier pointeur de son équipe, ce qui est un bon signe pour lui, même si ses 54 points ne sont pas forcément le rendement que certains observateurs attendaient de lui. Le fait est que, dans ces années post-lockout, la NHL a connu une moisson d’excellents rookies et notamment deux prodiges précoces : Sidney Crosby (102 points lors de sa première saison à 18 ans) et Alexander Ovechkin (106 points à 20 ans). La pression est donc devenue importante sur les épaules des premiers choix de draft, Tavares cette année comme Stamkos l’an passé.

Le jeune buteur de Tampa Bay avait en fait surtout connu un début de saison dernière compliqué avant de trouver une bonne dynamique offensive. Tavares a connu un parcours assez semblable : il démarre bien avec 19 points lors de ses 21 premiers matchs puis connaît une baisse de régime en milieu de saison (17 points en 48 rencontres). Sa fin de saison est plus réussie : après un match référence de 5 points le 16 mars face à Vancouver, il réalise un bon dernier mois avec 18 points en 13 matchs. Les fans peuvent donc espérer que Tavares suive les traces de Stamkos et voir sa production offensive rester au niveau de sa fin de saison. Apparemment, la fracture du pied subie aux championnats du monde ne devrait pas l’empêcher de participer aux camps d’entraînement.

C’est d’ailleurs l’équipe toute entière qui a réussi une bonne fin de saison, même s’il va encore falloir travailler pour attendre le seuil d'équilibre (34 victoires pour 37 défaites dans le temps réglementaire cette année). Les Islanders terminent néanmoins avec 18 points de plus que l’an passé. C’est une bonne performance pour une équipe qui avait démarré la saison par 9 défaites lors de ses 10 premiers matchs.

New York a surtout eu de la difficulté au niveau défensif, à cause d’une escouade défensive largement jeune et inexpérimentée, à part Mark Streit qui a encore tenu son rôle de défenseur numéro 1 avec ténacité et est l’un des rares joueurs de l’équipe à ne pas finir avec un différentiel négatif. Quant à Brandon Witt, l’un des rares vétérans à ce poste, il s’est montré décevant avec un différentiel de -17 et a terminé la saison en AHL.

La situation des gardiens a encore été assez compliquée cette année. En effet, pour les Islanders, leur numéro 1 est Rick Di Pietro, drafté en première position il y a dix ans par l’équipe. Malheureusement, il a passé la majeure partie des deux dernières saisons à l’infirmerie, suite à une opération au genou. Le remplacement était effectué l’an passé par le tandem Yann Danis – Joey MacDonald mais leurs performances ont été jugées insuffisantes par l’équipe et le management est allé chercher à l’intersaison deux vétérans solides : Martin Biron, en rupture de ban avec Philadelphie, et Dwayne Roloson, à qui Edmonton ne voulait pas signer un contrat plus long qu’un an. Roloson, 40 ans, a obtenu un contrat de deux saisons et s’est révélé le véritable titulaire du poste.

Le retour de Di Pietro fut un tournant de la saison, mais pas dans le sens où l’équipe l’espérait. En janvier, les Islanders se situaient encore dans la course. À son retour, il n'a joué que huit fois avant de se blesser à nouveau. La cohabitation des trois gardiens n’a pas été profitable à l’équipe car elle n'a remporte que 4 victoires pour 14 défaites dans la période qui a suivi le retour de Di Pietro, ce qui l'a définitivement écartée des playoffs.

 

Vingt-huitièmes : Florida Panthers. Terminer dernier de ce qui est considéré comme la division la plus faible de la NHL n’est pas glorieux, et les Panthers ont effectivement beaucoup déçu lors de l’exercice 2009/10. Après avoir frôlé les playoffs l’an passé (ils avaient le même nombre de points que le huitième et dernier qualifié), ils en étaient cette fois très loin. Cela fait maintenant dix ans que l’équipe n’est pas parvenue à atteindre les playoffs, ce qui est quasiment un record pour la ligue.

Le seul joueur à vraiment se démarquer dans l’équipe est Tomas Vokoun. Le gardien tchèque a réussi une saison pleine en terminant avec l’un des meilleurs pourcentages d’arrêts de la ligue. Grâce à sa vivacité et à son talent, les Panthers n’ont terminé la saison qu’en position de 19e alors qu’ils ont été l’équipe qui a reçu le plus de tirs par match. Même s’il n’a pas pu amener son équipe jusqu’aux playoffs, il a brillamment terminé la saison en remportant le championnat du monde dans les buts de la République Tchèque.

Le reste de l’équipe n’a pas été à la hauteur de cette performance. En attaque, seul Stephen Weiss a réussi à faire aussi bien que l’an passé avec ses 60 points, mais cela reste encore insuffisant. Quant au deuxième marqueur de l’an passé, David Booth, des commotions cérébrales l’ont longtemps éloigné de la glace cette année et il a inscrit 16 points en 28 matchs. Sinon, seuls Michal Frolik et Nathan Horton ont passé la barre des vingt buts, ce dernier étant depuis parti pour Boston. Frolik aura l’occasion d’augmenter sa production l’an prochain puisqu’il remplacera sans doute Horton sur la première ligne avec Weiss et Booth.

La défense ne s’est quant à elle jamais vraiment remise du départ de son numéro 1 de l’an dernier à l’intersaison, Jay Boumweester. Cela a toutefois permis de libérer du temps de glace pour de jeunes joueurs comme Dmitry Kulikov, défenseur de 19 ans drafté l’an passé, qui a apporté sa contribution offensive à une équipe qui en avait bien besoin. L’équipe a encore drafté un défenseur cette année, mais dans un registre plus défensif, en la personne d’Erik Gudbranson, qui pourrait faire ses débuts en ligue nationale l’an prochain.

Les fans ont eu un regain d’optimisme en fin de saison quand ils ont appris que le nouveau manager général de l’équipe était Dale Tallon. L’homme est reconnu à travers la ligue pour avoir participé à la construction de l’équipe victorieuse de la coupe Stanley cette année, les Blackhawks de Chicago. Sous sa direction, Chicago était ainsi passé des profondeurs du classement jusqu’au sommet. Son embauche apparaît donc un choix pertinent pour une équipe des Panthers qui végète depuis longtemps.

 

Vingt-neuvièmes : Toronto Maple Leafs. La saison des Leafs a commencé quand le fantasque manager général de l’équipe, Brian Burke, a transféré Phil Kessel, le meilleur buteur de Boston. Un échange plutôt controversé car Burke a envoyé les choix de premier tour de draft de l’équipe pour 2010 et 2011 pour un seul joueur. L’avantage de cet échange était toutefois qu’il apportait à l’équipe un surcroît de production offensive immédiat. Pour ce qui est de la défense, Burke a signé les agents libres Mike Komisarek et François Beauchemin pour apporter de la puissance.

Ces mouvements ont conduit des observateurs à estimer que Toronto pourrait être en lice pour une place en playoffs. Effectivement, l’arrivée de Kessel compensait largement le départ d’Antropov pour Atlanta au niveau de l’attaque. Mais le problème était que l’handicap majeur de l’équipe n’était pas offensif. En effet, Toronto a terminé l’année 2008/09 avec la dixième attaque de la ligue mais surtout avec la plus mauvaise défense. En cause, le gardien titulaire Vesa Toskala qui, bien qu’il avait terminé avec plus de victoires que de défaites, avait eu un pourcentage d’arrêts inférieur à 90%.

Pour remédier à cela, Burke a choisi durant l’été de signer un jeune gardien suédois de 25 ans, Jonas Gustavsson, qui jouait l’an passé à Färjestad. La pression fut grande pour celui qui était surnommé "monstret" en Suède car il lui a fallu s’adapter au jeu de la NHL. Sans surprise, les débuts furent difficiles pour lui, d’autant que Toskala s’avéra aussi médiocre que l’an passé. Le premier mois de Toronto fut ainsi catastrophique : alors que les Leafs attendaient Kessel (blessé en début de saison), l’équipe terminait le mois d’octobre avec 1 victoire et 11 défaites, le plus mauvais départ de l’histoire de la franchise. De plus, Komisarek se blesse et voit sa saison terminée après une trentaine de matchs.

Toronto atterrit alors dans les tréfonds de la conférence Est et ne parviendra jamais vraiment à rattraper ce retard. Les Leafs étaient définitivement hors course pour les playoffs, Burke a choisi de faire beaucoup de mouvements afin de compenser les carences de l’équipe ou de récupérer de jeunes prospects. Il a ainsi transféré Toskala et Jason Blake (décevant cette année après avoir été le meilleur marqueur de l’équipe un an plus tôt) pour obtenir Jean-Sébastien Giguère, le gardien vétéran d’Anaheim. Au niveau de la défense, Dion Phaneuf est récupéré de Calgary contre plusieurs joueurs dont Stajan, le centre de la première ligne. Ces arrivées apporte un nouveau souffle à l’équipe : Giguere vient épauler Gustavsson et jouer le rôle de mentor, alors que Phaneuf apporte du leadership à l’équipe. Ponikarovsky est quant à lui transféré à Pittsburgh en l’échange d’un des meilleurs prospects des Penguins, Luca Caputi.

Ron Wilson, l’entraîneur des Leafs, constitue alors de nouvelles lignes et forme notamment un nouveau premier trio Kulemin – Bozak – Kessel qui s’avère prometteur. Gustavsson signe une brillante fin de saison, de bon augure pour la suite. L’équipe s’est, en plus, trouvé un nouveau capitaine en la personne de Phaneuf, intronisé après la fin de la saison. Il est le premier capitaine de l’équipe désigné depuis la retraite de Mats Sundin.

 

Trentièmes : Edmonton Oilers. Depuis l’entrée d’Edmonton dans la ligue en 1979, la franchise a connu une trajectoire de montagnes russes, passant d’une domination quasiment sans partage dans les années 80 à vingt ans dans le ventre mou ou les profondeurs du classement, culminant cette année avec une dernière place de la ligue. Ainsi, si les Oilers ont remporté 5 coupes en 7 ans entre 1984 et 1990, la dynastie a été rapidement démantelée à cause de l’inflation rapide des salaires à l’époque.

Une partie des joueurs a alors rejoint les Kings de Los Angeles autour de Wayne Gretzky, culminant avec une finale de coupe Stanley en 1993, alors qu’une autre partie de l’équipe s’est retrouvée chez les Rangers de New York autour de Mark Messier, formant le noyau de l’équipe qui a remporté la coupe en 1994. Alors que les anciens joueurs tutoyaient les sommets, l’équipe coula rapidement avec un total de 60 points en 1992/93, le pire de l’histoire de la franchise.

Même si elle parvient ponctuellement à se qualifier pour les playoffs, l’équipe d’Edmonton a ensuite été beaucoup plus discrète. Contre toute attente, elle a réussi à atteindre la finale de la coupe en 2006, échouant au septième match face à Carolina. Cette performance n’aura pas de lendemains, car là aussi l’équipe est rapidement dispersée. En effet, quatre ans après cette finale, il ne reste que trois joueurs qui y ont participé (Hemsky, Horcoff et Jacques). Ce septième match de finale est d’ailleurs leur dernier match de playoffs à ce jour.

Les Oilers ont donc une nouvelle fois touché le fond cette année avec un total de 62 points, derniers de leur conférence avec 17 points de retard sur l'avant-dernier Columbus. L’intersaison avait été marquée à Edmonton par l’arrivée du vétéran Nikolai Khabibulin (37 ans) dans les buts pour remplacer le non moins vétéran Dwayne Roloson (40 ans) parti aux Islanders de New York et surtout par le transfert raté de Dany Heatley.

L’ailier canadien avait demandé à son club d’alors, Ottawa, un transfert. Le manager général des Senators, Bryan Murray, avait trouvé un accord avec son homologue des Oilers, Steve Tambellini, pour envoyer Heatley à Edmonton contre Andrew Cogliano, Dustin Penner et Ladislav Smid. Toutefois, comme Heatley bénéficiait dans son contrat d’une clause de non-mouvement, il ne souhaitait pas être transféré à une équipe qui ne serait pas en position de briguer le titre et il a donc refusé le transfert.

La saison avait pourtant commencé de manière correcte, avec 7 victoires en 14 matchs en octobre. Les affaires se compliquent pourtant rapidement avec la blessure de Khabibulin à la mi-novembre. Il est remplacé par Jeff Deslauriers et les Oilers ne remportent que 3 des 13 matchs du mois. Tout s’aggrave ensuite entre décembre et janvier où l’équipe ne remporte qu’un match sur 21 ! L’équipe d’Edmonton est alors définitivement vouée à la dernière place, qu’elle ne quittera plus.

Parmi les rares points positifs de l’équipe, on peut noter la belle prestation de Dustin Penner. Le physique ailier gauche a signé la meilleure saison statistique de sa carrière en dominant aisément le classement des buteurs et passeurs de son équipe. De plus, son différentiel de +6 est probant, alors que son équipe a encaissé 70 buts de plus qu’elle n’en a marqué. Autre joueur à s’être mis en avant, Sam Gagner signe sa troisième saison dans la ligue alors qu’il n’a que 21 ans.

Les jeunes vont avoir une place encore plus importante l’année prochaine avec l’arrivée d’un nouveau trio de joueurs récemment draftés : Taylor Hall (18 ans, AG), Magnus Päärjärvi (19 ans, AG) et Jordan Eberle (20 ans, C), tous draftés entre 2008 et cette année au premier tour. Hall était l’un des joueurs les plus en vue de la dernière draft et il a été choisi en première position par l’équipe grâce à sa dernière place au classement. Päärjärvi n’a été drafté qu’en 10e position en 2009 car, comme il évoluait dans le championnat suédois, les scouts des équipes de NHL ont sans doute quelque peu mésestimé son potentiel (comme peut-être Mikael Granlund cette année pour Minnesota). En tout cas, Edmonton n’a sans doute pas regretté son choix puisque il s’est illustré lors des championnats du monde.

Au vu des nombreux départs cet été de l’effectif des Oilers (notamment Mike Comrie, Ethan Moreau, Fernando Pisani, Robert Nilsson et Patrick O’Sullivan), ils devraient pouvoir trouver une place dans l’équipe après le camp d’entraînement de septembre. Toutefois, il ne faudrait pas non plus précipiter leur arrivée car le passage du junior à la ligue nationale est toujours compliqué.

 

Mathieu Salaün

 

 

Retour à la rubrique articles