Allemagne 2009/10 : bilan

 

Les résultats du championnat allemand

 

Pendant que l'Allemagne réussissait une performance historique dans ses championnats du monde à domicile, la DEL ne parvenait pas à profiter de l'effet médiatique car elle était ensablée pendant ce temps dans une des crises les plus profondes de son histoire, à cause de graves problèmes financiers et juridiques vis-à-vis de plusieurs de ses clubs.

Cette agitation en coulisses est d'autant plus dommageable qu'elle fait suite à une saison qui n'aura jamais été ouverte, avec l'élimination de toutes les puissances supposées du hockey allemand. Aucun des quatre demi-finalistes n'avaient été champion jusqu'ici : les play-offs ont donc livré de l'inédit.

 

 

Scorpions de Hanovre (1ers) : le bouquet final de Zach

L'afflux des joueurs étrangers en Allemagne depuis le milieu des années 90 est bien documenté. Mais ce dont on parle moins, c'est que les entraîneurs locaux ont eux aussi été supplantés par des spécialistes étrangers, qui construisent forcément leur équipe selon des priorités différentes. Le dernier entraîneur allemand à avoir obtenu le titre de champion, c'était Hans Zach en 1993. Après dix-sept ans d'attente, il a trouvé un successeur... un certain Hans Zach !

Pour sa dernière saison avant sa retraite du coaching à plein temps, le personnage le plus connu du hockey allemand (plus que n'importe quel joueur) a obtenu la consécration avec ce titre que personne n'attendait. En novembre dernier, en effet, les Scorpions de Hanovre étaient bons derniers, et Zach songeait publiquement à se retirer. Comme le tandem Ziffzer/Szuper décevait dans les cages, le club a alors recruté le gardien canadien Travis Scott, qui a donc ajouté un nouveau titre à sa collection après la Russie et l'Autriche. Cet unique joker n'a pas troublé un groupe qui avait sacrifié un cinquième de son salaire à l'intersaison et qui a conservé sa solidarité jusqu'à la fin.

Zach, connu pour sa rengaine sur la nécessaire diminution des étrangers, est passé aux actes à Hanovre comme dans ses clubs précédents. Il a fait confiance aux joueurs allemands, qui ont tenu un rôle majeur dans la victoire. L'ex-attaquant André Reiss est ainsi devenu un défenseur majeur, à qui il ne manque encore que la consécration internationale. Des Jeux olympiques, il n'aura vécu que la cérémonie d'ouverture, avant d'être renvoyé dans ses pénates comme premier réserviste. Son heure devait arriver lors des Mondiaux à domicile, mais il a été renvoyé se soigner par le médecin de l'équipe nationale en raison de problèmes à la hanche et à l'aine. André sera rejoint l'an prochain chez les Scorpions par son frère Daniel, formé comme lui dans le club historique de la ville (les Indians) et qui présente la particularité d'avoir joué ces deux dernières saisons en D1 française, à Nice puis à Amnéville.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, c'est peut-être le forfait d'Andy Reiss qui a permis à son jeune coéquipier Nicolai Goc d'être sélectionné : il est le seul représentant des champions en équipe d'Allemagne alors qu'il n'est pas la figure maîtresse des Scorpions. Il faut dire que l'aîné de la famille Sascha Goc, toujours prépondérant dans les succès de Hanovre, a pris sa retraite internationale il y a un an et demi. Le défenseur, qui n'a plus de ligaments croisés aux deux genoux (il joue avec une orthèse !), ne souhaitait pas signaler ses faits et gestes à tout moment comme c'est la règle pour que les sélectionnés olympiques soient localisables par les contrôleurs anti-dopage.

Le joueur dont l'absence en équipe nationale est incompréhensible pour les supporters, c'est Thomas Dolak. Né en République Tchèque, il a cependant été formé à Fribourg-en-Brisgau où son père à joué et entraîné pendant vingt ans. Après une brève pige en défense en début de saison, Dolak est devenu la principale arme offensive des Scorpions, sur la ligne-phare avec Klaus Kathan et le centre norvégien Tore Vikingstad. Bon patineur et doué techniquement, il a marqué les deux buts décisifs dans les deux dernières manches de la finale et a été le joueur-clé des play-offs avec le gardien Scott.

 

Augsbourg (2e) : un conte à la Grimm

Le monde du hockey allemand s'est pris de passion au printemps pour le bourgeonnement inattendu du club le moins riche de la DEL. Augsbourg n'a d'autre choix pour être compétitif que de recruter des joueurs peu connus qui se font une réputation avant de signer ailleurs. À peine arrivés, déjà repartis !

Dès novembre, Hambourg s'était ainsi assuré les futurs services de Colin Murphy, débarqué à peine plus de trois mois plus tôt en Allemagne, et de son compagnon de ligne Brett Engelhardt, qui était déjà présent la saison précédente mais a enfin pleinement utilisé son fulgurant tir du poignet. Les tractations étant secrètes durant la saison, ces transferts étaient non officiels... mais connus de tous. Et la baisse de forme des deux joueurs a été remarquée dans les semaines suivantes. En fin d'année, les Souabes n'étaient déjà plus en position de qualifiés pour les play-offs, et leur excellent début de saison semblait enterré au chapitre des souvenirs.

Mais, même s'ils ont signé à tout va les uns après les autres, les renforts étrangers ont été bien recadrés par leur coach Larry Mitchell. Tout le monde s'est finalement concentré sur le championnat en cours, qui restera à jamais marquée d'une pierre blanche dans l'histoire du club. Huitième avant les play-offs, le plus petit budget du championnat Augsbourg (3,3 millions d'euros de budget) a éliminé Mannheim (8 millions), le grand favori Berlin (7,5 millions) et Wolfsburg (4,5 millions). En finale, toute l'Allemagne ou presque soutenait le finaliste le plus étonnant de tous les temps, le petit qui avait terrassé les gros. Presque pour la première fois, les Panther faisaient figure de favoris, mais leur style extrêmement offensif, porté par sept imports en attaque (contre trois en défense et zéro dans les cages), a échoué sur la défense "à la Zach".

Si les étrangers sont tous sur le départ, deux joueurs à passeport allemand ont éclaté cette saison. Darin Olver est un centre canadien créatif et rapide à qui les New York Rangers n'ont pas offert de contrat, trois ans après l'avoir drafté très haut (numéro 36 de sa classe d'âge). Ses grands-parents maternels étant originaires de Kalsruhe, il a alors choisi de commencer sa carrière pro en Allemagne au bénéfice de sa double nationalité. Une saison en 2e Bundesliga à Bremerhaven pour se faire un nom, une saison médiocre à Straubing parce qu'il est revenu trop vite au jeu après une blessure des ligaments croisés, et le voilà qui éclate à Augsbourg dont il a été le meilleur marqueur. Désormais, l'intégration d'Olver en équipe nationale semble proche, même s'il ne parle toujours pas allemand...

Le joueur-clé d'Augsbourg, c'est cependant Dennis Endras. Le jeune gardien n'a pas toujours eu la partie facile en saison régulière derrière une défense médiocre, mais il a porté son équipe en séries et s'est alors vu confier le poste de gardien numéro 1 de l'Allemagne avant les Mondiaux à domicile. La "success story" ne s'est pas arrêtée là puisqu'il a été désigné meilleur gardien et meilleur joueur des championnats du monde au point de susciter l'intérêt de clubs de NHL et de KHL.

 

Wolfsburg (3e) : beau jeu mais pas beau joueur

Depuis sa remontée il y a trois ans, Wolfsburg est à chaque fois l'équipe la moins pénalisée de la DEL. Le fair-play n'est pas un obstacle à la réussite puisque son beau hockey a été récompensé par la troisième place en saison régulière, confirmée par une place en demi-finale.

La série contre Augsbourg restera cependant comme la seule fausse note : le total des pénalités du quatrième et dernier match (18 minutes contre 4 aux Bavarois) prouve que les nerfs de Wolfsburg ont peut-être un peu lâché. À commencer par ceux de leur entraîneur Anton Krinner, qui s'est engagé dans une escalade verbale avec son vis-à-vis Larry Mitchell, et qui l'a probablement perdue. Les deux hommes ne s'aimaient déjà pas, mais Krinner - formé à Bad Tölz comme Hans Zach - a paru le plus têtu des deux en refusant la main tendue pour enterrer la hache de guerre en fin de série.

Kai Hospelt, lui, a serré la main de Mitchell. Le centre allemand avait pourtant été directement visé par les déclarations du coach canadien qui ont mis le feu aux poudres : "J'ai honte d'être membre de la même ligue que Kai Hospelt. C'était la quatrième fois qu'il reste soi-disant gravement blessé sur la glace. Et à chaque fois, il revient pendant la supériorité numérique qui suit." Hospelt venait pourtant de se prendre une charge avec la crosse bien réelle au visage, mais il est resté en dehors de la joute verbale des deux entraîneurs.

Il a bien fait. Hospelt reste le grand gagnant de la saison. Après avoir subi deux blessures au genou dans son club formateur de Cologne en 2004 et 2007, il a vu sa chance tourner lors de sa seconde saison en Basse-Saxe : c'est à la faveur de la blessure de Peter Sarno qu'il a pris place en première ligne... pour ne plus la quitter. À la fois créatif et combatif, il a été élu joueur du mois en janvier et s'est ainsi imposé au dernier moment dans l'équipe olympique au point d'être maintenant un titulaire fixe de la sélection. Quant au malheureux Sarno, 3e marqueur de DEL il y a deux ans, il a fait son retour sur la quatrième ligne et a dignement accepté de jeter devant les tirs et de faire le travail de l'ombre.

 

Ingolstadt (4e) : le salaire indexé au poids

Jim Boni avait la réputation d'un entraîneur très défensif. Quand Ingolstadt l'a rappelé à la rescousse après une saison catastrophique et lui a donné carte blanche comme manager, il a cependant construit une équipe aux atouts offensifs pour reconquérir les supporters perdus. Il en a d'abord confié la charge à Bob Manno, mais celui-ci s'est fait virer après une défaite 0-5 chez son ancien club Straubing avant la pause olympique. L'adjoint Greg Thomson a donc pris les rênes en cours de chemin, exactement comme l'an passé. Sauf que cette fois, l'équipe était encore assez bien classée pour qu'il la conduise jusqu'en demi-finale. Thomson a donc gagné un vrai contrat comme entraîneur en chef.

Avenir bouché en revanche pour le gardien Dimitri Pätzold. Il est encore sous contrat, mais Boni lui a recommandé de chercher une autre équipe. Il s'est exécuté en partant à Straubing, car il sentait bien qu'on ne lui avait guère fait confiance : "J'avais parfois presque l'impression que l'on me cherchait exprès des erreurs pour confirmer une idée déjà préconçue." Pätzold a peiné à assumer les éternelles comparaisons avec son prédécesseur canadien Jimmy Waite, resté dans le cœur des supporters pendant six saisons. Le résultat, c'est que Pätzold, pourtant numéro 1 en équipe d'Allemagne un an auparavant, n'a pas même été appelé pour les championnats du monde.

C'était une des deux grandes surprises de la sélection d'Uwe Krupp. L'autre était la mise à l'écart de Thomas Greilinger, pourtant "joueur de l'année" en DEL. Son incroyable parcours a attiré l'attention des médias internationaux avant les Jeux Olympiques, et c'était déjà exceptionnel qu'il y participe quand on connaît son histoire. Ses précédentes tentatives de retour en DEL avaient échoué à cause de son genou récalcitrant, et son contrat à Ingolstadt était sa dernière chance.

Quand Greilinger est arrivé, il n'avait vraiment pas de tapis rouge. Ses futurs partenaires avaient accroché dans le vestiaire une photo légendée "notre nouveau top-scorer" qui le montrait accoudé au comptoir d'une discothèque. Il avait l'air de tout sauf d'un athlète professionnel et pesait 120 kg, mais il a perdu quinze kilos en se préparant pendant l'été, et est aujourd'hui revenu à son poids de forme (92-94 kg). Greilinger dispose d'une clause rare dans son contrat : il reçoit un beau salaire uniquement si son poids reste en dessous d'une certaine limite ! Plus d'ironie aujourd'hui sur le "top-scorer" qui l'a été presque toute la saison en DEL, avant d'être devancé pour un point. Cependant, il a montré ses limites quand le niveau s'élevait, aux JO mais aussi lors des play-offs (deux petits points). C'est ce qui manque à ce pur talent offensif pour convaincre qu'il mérite le très haut niveau.

 

Berlin (5e) : parties de golf anticipées

Avec quatre titres en cinq ans, les Eisbären de Berlin avaient établi la nouvelle dynastie du hockey allemand, dans la lignée de ces trente dernières années avec Cologne, Düsseldorf puis Mannheim. Une cinquième victoire en six ans n'aurait par contre connu comme seul précédent que les années fastes de Füssen dans les années cinquante. On exclut évidemment l'Allemagne de l'est où le Dynamo Berlin, ancêtre des Eisbären, pouvait enchaîner jusqu'à sept championnats de suite puisqu'il n'y avait que deux clubs...

Rien ne semblait devoir entraver cette domination sans partage. Avec 25 points d'avance sur le deuxième, la saison régulière ressemblait à une promenade de santé. Les Berlinois battaient tous les records, et s'il fallait leur chercher un défaut, c'est que le défenseur (trop) offensif américain Andy Roach trouvait le moyen dans ce contexte de rendre une fiche +/- négative ! Le gardien Rob Zepp et l'ex-retraité de NHL Jeff Friesen avaient aussi de nombreux moments d'inconstance, qu'ils pouvaient se permettre car l'équipe trouvait toujours le moyen de gagner quand même.

Les Berlinois semblaient avoir un avantage psychologique naturel car les adversaires partaient parfois battus d'avance. Augsbourg par exemple se déplaçait toujours sans illusion dans la capitale depuis des années... sauf dans ces play-offs où les Bavarois n'avaient rien à perdre ni peur de personne. Contrairement à l'an passé, les quarts de finale se sont joués en cinq manches et non plus en sept... et les Eisbären se sont fait éliminer 3 victoires à 2 par un adversaire qui avait déjà pris du rythme et de la confiance en jouant le tour préliminaire des play-offs. Seul Sven Felski, l'icône du club, a semblé jouer à son niveau pendant cette série.

Comment expliquer une telle désillusion ? Peter John Lee, qui a connu la dynastie de Düsseldorf comme joueur et celle de Berlin comme manager, s'y est essayé dans le Tagesspiegel : "C'est vrai, nous nous pensions déjà champions. C'était une erreur. La moitié de l'équipe était blessée [NB : Walker et Busch ont repris le jeu juste à temps pour les play-offs], l'autre moitié surchargée. De ce fait nous n'avons pas pu nous préparer de façon optimale pendant la pause après la saison régulière. Je ne sais pas qui a révélé [que certains joueurs étaient alors partis jouer au golf à Majorque] mais ça m'agace. Nous avons des joueurs professionnels. Ils avaient aussi joué au golf pendant les championnats précédents et ça n'intéressait personne." La différence, c'est que cette fois, ils sont repartis sur les parcours de golf plus tôt que prévu...

Cette tonitruante élimination marque-t-elle un coup d'arrêt à la domination des ours blancs ? En tout cas, les deux figures étrangères marquantes de cette décennie glorieuse s'en vont. Denis Pederson est depuis sept ans le leader par l'exemple du vestiaire berlinois, où il était arrivé en 2003 après sept saisons de NHL dans un rôle de plus en plus défensif. Il a annoncé avant les play-offs qu'il prendrait sa retraite en fin de saison, et il est trop tard maintenant pour regretter ce moment peut-être mal choisi. Le capitaine Steve Walker tire aussi sa révérence après dix années au club.

 

Francfort (6e) : tout ça pour ça

À 1-1 à la fin du dernier match de saison régulière face à Wolfsburg, l'entraîneur Rich Chernomaz n'a pas hésité à sortir son gardien. Jeff Ulmer a alors marqué le but vainqueur et a ainsi remporté la couronne de meilleur marqueur de la DEL aux dépens de Greilinger. Mais le but recherché était surtout que Francfort rafle in extremis la deuxième place du classement. Un résultat presque inespéré pour une formation qui a compté jusqu'à sept blessés. On inclut dans ce chiffre Ilya Vorobiev, qui a pris une crosse dans la tête dès le début de saison pour la seconde année consécutive : les médecins lui ont dit qu'il ne pouvait pas se permettre une seconde commotion cérébrale, et l'idole locale a donc mis un terme à sa carrière.

La deuxième place recelait cependant un piège. Francfort, qui avait surtout perdu des points contre des petites équipes, avait un bilan négatif contre un seul des participants aux play-offs : Ingolstadt (2 points sur 12). Or, il s'agissait de l'adversaire désigné en quart de finale. Hormis le buteur Ulmer, aucun renfort étranger n'a réussi à marquer un but, et les Lions se sont donc fait sortir en quatre manches. Déception en particulier de la part d'Eric Schneider, parti de Hanovre pour éviter la baisse de salaire et qui a été recruté pour être un leader. Il a nettement faibli après un bon automne, dans une année très difficile pour lui car marquée par le décès de son père.

La bonne surprise est venue de Christoph Gawlik. Depuis sa révélation sur la jeune première ligne allemande lors du Mondial d'Amiens en 2006, il avait connu de multiples blessures et était tombé dans l'anonymat. Il a explosé cette saison avec une abnégation indéniable et un sens du but retrouvé. Oui mais voilà, Gawlik fera le bonheur... d'Ingolstadt. Décidément la bête noire !

Contraints d'assainir leurs finances, les Lions ont réduit leur personnel. Une année après son recrutement avec tambour et trompettes, Erich Kühnhackl, censé incarner un nouveau développement du club mieux tourné vers le hockey mineur, est donc renvoyé. Le "joueur allemand du siècle" n'aurait pas été l'aimant attendu vis-à-vis des sponsors. Tout ça pour ça...

Pas sûr que ça suffise. Siggi Schneider, qui a pris les commandes du club depuis la maladie fatale à Gerd Schröder, dit le regretter aujourd'hui, car il a récupéré une dette de plusieurs années de loyers non versés à la ville. Et les négociations traînent longtemps avec la municipalité. Malgré l'appel à un administrateur judiciaire, Francfort peine à boucler le budget 2010/11 de six millions d'euros. Mais pourquoi un budget si élevé, quand on n'a pas cette somme, alors qu'Augsbourg a atteint la finale avec moitié moins ?

 

Düsseldorf (7e) : une moitié d'équipe

Le DEG s'est longtemps présenté comme le principal rival des Eisbären de Berlin. Après deux bons mois de décembre et de janvier, Düsseldorf s'est pourtant écroulé à partir de février. Déçu des 9 points pris sur 33 possibles, le manager Lance Nethery a "anticipé" le départ de l'entraîneur Harold Kreis (dont la signature à Mannheim était connue) et a repris lui-même les rênes du coaching... Son bilan a été encore plus désastreux : cinq défaites en cinq parties, dont une élimination vite expédiée en quart de finale contre Wolfsburg.

On ne peut guère espérer mieux avec une équipe qui ne tourne qu'à trois lignes et qui, en plus, ne performe qu'à moitié.

En attaque, la ligne du meneur de jeu Rob Collins a été constante grâce au travail des ailiers Patrick Reimer et Daniel Kreutzer, capitaine irréprochable. Mais le centre de la deuxième ligne Brandon Reid a complètement plongé pendant la crise. Capable de très jolis gestes, il a semblé perdre toute motivation et baisser les bras quand on lui laissait moins d'espace. Pas de miracle pour son ailier Adam Courchaine, qui a suivi le même chemin et n'a cette fois pas inversé la tendance en play-offs.

Le bilan est encore plus contrasté en défense. D'un côté, l'apport offensif de Patrick Traverse et surtout la solidité du duo Korbinian Holzer - Marian Bazany. De l'autre, la saison catastrophique de Jason Holland, si médiocre en DEL qu'il en a été rayé de la sélection olympique, et la passivité du duo Chris Harrington - Ryan Caldwell, ce dernier ne se débarrassant pas du surnom de "livreur de pizzas" donné par Nethery en raison de ses passes à l'adversaire.

Les DEG Metro Stars pouvaient compter sur le meilleur gardien de la saison régulière, Jean-Sébastien Aubin, pour rattraper les erreurs défensives. Ses performances lui ont rapidement valu de voir son contrat prolongé jusqu'en 2012. Sa réputation nord-américaine de faible mental était oubliée... jusqu'aux play-offs. Il y a perdu son duel face à... Jochen Reimer, parti pour Wolfsburg un an plus tôt en comprenant qu'il n'obtiendrait jamais un poste de titulaire à Düsseldorf !

Avec un seul match à domicile, ces play-offs abrégés vont obliger Düsseldorf à se serrer de nouveau la ceinture, car l'affluence (5715 spectateurs) est tombée au niveau connu quand le club était en deuxième division. Première mesure d'économies, l'équipe réserve a été supprimée.

  

Nuremberg (8e) : le plaisir de vivre

Sauvé à l'extrême limite du précipice par le designer/entrepreneur Thomas Sabo il y a un an, Nuremberg goûtait surtout au plaisir d'être encore là. Chaque match de la saison a donc été apprécié. Le nouveau manager Lorenz Funk junior, devait boucher les trous avec un budget réduit en gardant sur les bras quelques gros contrats de l'époque précédente, mais il ne s'en est pas si mal sorti. Le seul vrai ratage a été le défenseur américain d'AHL Dan Spang, dépassé tactiquement et multipliant les erreurs.

On pouvait craindre le pire après un mois d'octobre catastrophique, où Nuremberg a perdu ses neuf rencontres pour tomber à l'avant-dernière place. Pourtant, l'entraîneur Andreas Brockmann a été maintenu en fonction, et l'équipe s'est tranquillement relevée. Malgré la perte d'un joueur-clé, l'international norvégien Morten Ask blessé à l'épaule lors de la préparation olympique, les Ice Tigers ont fini en cinquième position. En play-offs, ils sont été les seuls à battre le futur champion Hanovre, poussé jusqu'à un cinquième match après avoir pourtant remporté les deux premiers. Autant dire que, malgré l'élimination, le bilan de Nuremberg est très satisfaisant, surtout pour un club "mort-vivant".

La star de la saison est Patrick Ehelechner. Le gardien qui était aux côtés des supporters lors du sauvetage du club a réussi sa première saison comme titulaire, alors que le club était longtemps privé de recours par l'opération à la tête d'Adam Svoboda (tumeur bénigne). En play-offs, il a été soutenu par Jimmy Waite, venu faire une ultime pige avant la retraite dans un rôle de numéro 2. Le Canadien a joué deux rencontres, dont la victoire au match 3 du quart de finale avant de reprendre place sur le banc. Avec sa grande forme, Ehelechner a été réclamé en équipe nationale, et a au moins eu sa chance lors de la préparation mondiale.

Comme beaucoup de joueurs sont en fin de contrat, Nuremberg devra reconstruire derrière sa première ligne composée des frères Leeb et d'un étonnant Björn Barta.

 

Mannheim (9e) : halte au bling-bling

La barre était placée très haut pour Mannheim qui avait affiché l'ambition de rivaliser avec Berlin. Le contraste entre l'objectif et la réalité était si grand que l'entraîneur Doug Mason en a bien sûr fait les frais. L'éternel adjoint Teal Fowler a pris les rênes en cours de saison pour la seconde fois consécutive, mais surtout, il a été nommé manager pour le prochain championnat.

Marcus Kuhl a en effet accepté de lâcher la fonction qu'il occupe depuis 17 ans en se créant sur-mesure un nouveau poste de "directeur sportif". Il abandonne ainsi la charge du recrutement, dans lequel il a fait un piètre usage du plus gros budget du championnat ces dernières années. Il a bien sûr de corriger les erreurs les plus flagrantes avec des jokers. Il a ainsi fait revenir Dan McGillis pour stabiliser une défense beaucoup trop offensive : le petit Mario Scalzo, parfois sacrifié comme étranger surnuméraire en fin de saison, un Jame Pollock recruté à vil prix mais sans engagement physique, les lents Pascal Trépanier et Andy Hedlund, et l'inoffensif Chris Schmidt qui a gardé sa place dans l'effectif allemand aux JO mais l'a perdu au Mondial. En l'absence d'autre joueur capable de faire le ménage devant la cage, le jeune et rugueux Denis Reul n'a eu aucun mal à se révéler.

Le second joker, le buteur Ahren Spylo, n'a en revanche fait qu'accentuer le caractère individualiste d'une équipe trop égoïste dans son jeu ("Nathan Robinson a une très jolie femme et je veux qu'il reste marié avec elle, et pas avec le palet", avait dit Mason...). Aucun des créateurs n'a été à son niveau, et certains joueurs techniques ont effectué la pire saison de leur carrière, tel Michael Hackert qui a dû dire adieu à l'équipe nationale. Les supporters ont élu comme joueur de l'année le combatif Ronny Arendt, qui devait sur le papier être un joueur de quatrième ligne dans cet effectif clinquant.

Cette équipe bling-bling a fini en neuvième position, avant d'être corrigée en deux manches sèches par les "prolétaires" d'Augsbourg. Les Adler se sont aveuglés de leur propre brillance supposée.

  

Cologne (10e) : les requins... en dents de scie

Les "Kölner Haie" espéraient se sortir de la crise, ils n'ont fait qu'y replonger à intervalles réguliers. Pourtant, à deux reprises, ils se sont cru sauvés. D'abord avec l'entraîneur russe Igor Pavlov. Après une préparation extrêmement intensive, Cologne abordait la saison en grande forme et figurait dans le haut du classement. Soudain, le centre Christoph Ullmann, joueur-clé dans les deux sens de la glace, se blesse. En son absence, ses coéquipiers perdent 10 matchs sur 12, et Pavlov est renvoyé.

Arrive alors le très controversé Bill Stewart, honoré d'un contrat jusqu'en 2012. Le Canadien ne fait pas dans le détail : il se débarrasse de tous les jeunes, prêtés ailleurs alors qu'ils n'avaient pas démérité, et réduit l'effectif à trois lignes. Une d'entre elles écrase tout sur son passage : Marcel Müller, un temps mis en défense par Pavlov, devient une vraie terreur dans le slot et s'impose jusqu'en équipe nationale grâce à son efficacité aux côtés du buteur Ivan Ciernik et d'un Jason Jaspers transformé par le changement de coach. Avec 9 victoires en 11 matchs, le KEC est alors remonté à la septième place. Mais l'état de grâce s'arrête, et avec 15 défaites dans les 21 dernières journées, la qualification en pré-play-offs n'est due qu'aux contre-performances des équipes voisines au classement.

Stewart est devenu encore plus radical avant les pré-play-offs. Il a viré l'attaquant slovaque Martin Bartek, une mesure qui faisait presque l'unanimité dans le vestiaire, et a titularisé son compatriote Norm Maracle à la place du gardien suisse Lars Weibel. Un changement beaucoup moins bien accepté, car Weibel avait été le joueur le plus constant de cette saison en dents de scie. Maracle n'a remporté qu'une victoire en six titularisations, et Cologne s'est fait sortir par Ingolstadt.

Si le recrutement du joker Maracle a été controversé, c'est que le club n'avait déjà plus d'argent. Pendant la pause olympique, il a annoncé qu'il manquait 500 000 euros de trésorerie pour pouvoir finir la saison. Plus de dix mille T-shirts "sauvons le KEC" ont alors été imprimés dans une grande vague de solidarité pour éviter la faillite immédiate.

Le club n'était pas encore sorti d'affaire. Le manager Thomas Eichin a fait appel à de nouveaux investisseurs, mais son bureau a été assailli de propositions les plus farfelues, du mystérieux sauveur chinois à celui qui prétendait avoir trente millions d'euros qui dormaient sur un compte en Suisse. Découvrant à chaque fois que ses interlocuteurs étaient peu sérieux, Eichin ne voulait même plus répondre au téléphone, lorsque son assistante lui a passé un message demandant de rappeler un abonné nommé Peter Schönberger. Encore un fan à qui il faudrait expliquer la situation désespérée ? Non : l'abonné en question voulait investir dans le club en compagnie de trois de ses collègues dirigeants de Compugroup (un éditeur de logiciels médicaux), non pas via leur entreprise mais par leur argent privé. Les quatre hommes injectaient 500 000 euros, et les Haie (requins) étaient enfin sauvés des eaux.

  

Iserlohn (11e) : le coq s'est enroué

Les Roosters ont chanté dès l'aube de la saison un récital offensif déclamé de façon tonitruante. En plus, ils ont même recruté un joker intéressant, Jeff Giuliano, qui a dû faire ses preuves avec un essai d'un mois en novembre avant d'être embauché. On a vite compris pourquoi le petit ailier américain avait joué en NHL et en KHL - il patine très vite et travaille fort dans la conquête du palet - mais aussi pourquoi ses statistiques étaient si peu attractives pour les recruteurs - les filets adverses lui sont en effet étrangers.

Malgré ce renfort supplémentaire, cette prometteuse attaque n'a cessé de décliner au fil de la saison. Le vétéran Ryan Ready n'était plus aussi présent physiquement, Jimmy Roy était gêné par les blessures. Heureusement que le buteur Michael Wolf, qu'il marque ou qu'il ne marque pas, est toujours l'alpha et l'oméga de l'équipe.

En novembre et en décembre, les performances éblouissantes du gardien Danny aus den Birken, qui avait enfin décollé du banc de Mannheim, compensaient le déclin offensif naissant. Mais il a ensuite commencé à fléchir lui aussi, et comme cela coïncidait avec la blessure du meilleur défenseur Jon Insana, Iserlohn a alors connu une série noire de dix défaites en onze journées à partir de Noël. Le fond a été atteint lors du 1-7 à domicile contre Hanovre, lorsque l'autre gardien Sebastian Stefaniszin, qui avait perdu depuis longtemps la concurrence pour le poste de numéro 1, a montré son majeur aux supporters qui le conspuaient. Déjà antipathique en raison de son comportement jugé arrogant depuis qu'il était revenu d'un camp NHL à Anaheim, Stefaniszin s'est totalement grillé ce soir-là, malgré ses excuses tardives deux semaines plus tard.

L'entraîneur Uli Liebsch a réagi en adoptant une tactique plus défensive et moins spectaculaire, qui a permis de glaner quelques points au prix d'une certaine baisse d'affluence, mais cela n'a pas suffi pour accrocher les play-offs, manqués à la différence de buts vis-à-vis de Cologne.

  

Krefeld (12e) : c'est grave, docteur ?

Martin Wazinski est un médecin, qui suivait bénévolement les hockeyeurs de Krefeld depuis des années et était apprécié de tous : il n'avait jamais fait parler de lui, jusqu'à ce que le manager Jiri Ehrenberger lui signifie son renvoi dans le vestiaire à la fin septembre, en même temps que son collègue Dirk Niezold. Le motif ? Un e-mail envoyé par une physiothérapeute récemment engagée qui leur reprochait une mauvaise gestion. Dès le lendemain, Ehrenberger présente les nouveaux médecins, mis à disposition par Helios, un groupe privé qui a racheté la clinique de Krefeld. Mais les joueurs se rebiffent et envoient un courrier pour plaider la cause de leur médecin...

Cette décision controversée a été prise uniquement par le manager de l'équipe et par le président du conseil de surveillance Wolfgang Schulz. Si le directeur général Wolfgang Schäfer a été court-circuité, c'est qu'Ehrenberger était en conflit avec cet ancien trésorier qui tenait les caisses d'une main trop ferme à son goût. Il aurait voulu remplacer plus vite Dusan Milo, blessé dès la quatrième journée. Il aura gain de cause en faisant venir deux jokers défensifs, David Cespiva et le vétéran finlandais Janne Grönvall, mais aucun d'eux n'approchera le niveau du Slovaque absent...

Wolfgang Schäfer a ouvertement critiqué le renvoi du médecin, une action qui coûtera la tête à ses deux initiateurs. Ehrenberger, hué à chaque match, tient un mois avant d'être viré. "Les fans et les médias ne nous laissent pas d'autres choix", déclare Schulz, qui se retire de son poste de président dans les jours qui suivent mais reste membre du conseil. Les contradictions entre dirigeants se poursuivent et polluent l'ensemble de la saison.

Alors que l'affaire des médecins occupe toute l'actualité, l'équipe ne va pas fort. L'entraîneur débutant Martin Jiranek, jugé trop gentil, est remplacé par Rick Adduono qui remotive les joueurs et crée enfin un powerplay efficace. Malgré les saisons catastrophiques de Serge Payer (0 but et une fiche de -17) et de Rob Globke, une recrue américaine qui n'a pas été une seule fois au niveau de la DEL alors qu'il a 46 parties de NHL au compteur et qu'il avait déjà passé une saison au Danemark pour s'adapter au jeu européen, Krefeld est parvenu peu à peu à refaire parler de lui pour des raisons sportives. La bonne surprise est en effet venue de deux joueurs formés au club : Daniel Pietta a pris la place de Charlie Stephens au centre de la première ligne, et Marcel Noebels a fait son trou en équipe première à seulement 17 ans.

Pour la première fois depuis octobre, le KEV repasse ainsi au-dessus de la barre de qualification à six journées de la fin... Il enchaîne alors cinq défaites de suite et gâche tout. Au désastre sportif s'ajoute le trou financier. Dès le début du scandale des médecins, les tribunes se sont vidées et Krefeld a perdu plus de mille spectateurs de moyenne, ce qui représente 500 000 euros de déficit. De nouveaux actionnaires sont demandés, et un groupe de supporters se forme pour réunir l'argent nécessaire et ainsi participer aux décisions afin d'éviter de revivre ce chaos. Le dirigeant historique Wilfrid Fabel accueille d'abord l'initiative avec mépris, mais l'association mobilise largement pour réunir des dons d'anciens joueurs aussi variés que Hans-Georg Pescher (champion avec le KEV en 1952) ou Christian Ehrhoff (champion en 2003 avant de partir pour la NHL). Les 10 000 euros nécessaires étant réunis, rien ne peut empêcher ce contre-pouvoir populaire de devenir actionnaire...

 

Straubing (13e) : manque de réussite

L'objectif affiché par Straubing, "rester le plus longtemps possible dans la course pour la dixième place", a été atteint, puisqu'il n'aura manqué que quatre points pour accéder aux (pré-)play-offs Cependant, en n'ayant passé que 2 journées sur 60 au-dessus de la barre, les Tigers n'ont jamais vraiment cru à la qualification.

Ce n'est pas qu'ils subissaient volontairement le jeu comme à leurs débuts en DEL. Cette année, ils étaient plus volontaires offensivement et parvenaient à dominer... mais pas à concrétiser. Leur pourcentage d'efficacité aux tirs (7,8%) est le plus faible de la ligue. De purs buteurs comme le capitaine Billy Trew n'arrivaient plus à trouver le chemin des filets, et même Éric Meloche, malgré ses 22 buts, n'a en fait connu le déclic que dans les deux derniers mois après avoir longtemps cherché son jeu.

Cette panne offensive s'est conjuguée à une véritable poisse. Deux défenseurs allemands, Tobias Draxinger et Christian Retzer, se sont gravement blessés au genou dès le mois de septembre. Un joker a donc été recruté, Brandon Smith, en provenance du champion Berlin, mais cela faisait 11 étrangers pour 10 autorisés sur la feuille de match. Lorsque tous les imports sont rentrés de blessure (ce qui a pris du temps), Smith, trop lent, a fini la saison en tribune comme surnuméraire.

Ces blessures ont contraint les joueurs restants à un temps de jeu important. Yannick Tremblay, l'ancien joueur de NHL ne l'a pas supporté : vrai leader en début de saison, il a très nettement décliné au fil du temps. C'est le rapide relanceur Andy Canzanello qui a finalement mené la défense pour être élu joueur de l'année par les fans.

La saison s'est terminée avec des larmes, surtout à cause de la retraite du gardien Mike Bales, l'un des héros de la montée, après huit années de loyaux services. Mais quant on voit le bilan honorable de Straubing avec aussi peu de réussite, on se dit que les fidèles supporters auront bientôt de quoi sourire.

 

Hambourg (14e) : la crise s'aggrave

Le groupe Anschutz avait prévenu qu'il renforcerait sa présence à Hambourg. On y aura rarement autant vu le patron européen Detlef Kornett, au chevet d'un club malade. Il n'a pas tardé à agir. Après deux victoires suivies de six défaites, il a renvoyé le directeur général Boris Capla, l'homme qui a fait fuir les supporters et beaucoup de joueurs. Le responsable des médias du groupe, Moritz Hillebrand, a alors été mis aux commandes par intérim jusqu'à trouver un nouveau directeur, Michael Pfad, ancien journaliste, commentateur télé, chef de rédaction puis directeur de la communication de la ligue allemande de football.

L'homme du ballon rond est donc chargé de corriger ce qui ne tourne plus rond dans le club hanséatique, c'est-à-dire à peu près tout. L'équipe est dans les tréfonds du classement et les tribunes continuent de se vider au rythme de mille spectateurs par an.

L'entraîneur Paul Gardner ayant exprimé publiquement sa défiance envers ses gardiens, un joker a bien été recruté dans les cages avec Bobby Goepfert, mais il n'a pas pu sauver la saison tout seul. Hambourg a eu la pire défense de la DEL, et son leader, le bouillant Jere Karalahti, est devenu le joueur le plus pénalisé de la ligue.

Ce n'est pas que la faute d'arrières déclinants si le travail défensif n'était pas fait. Dans une équipe déséquilibrée et en crise, beaucoup de joueurs se sont accordé des impasses. Jason King n'était ainsi intéressé que par un côté de la glace, mais au moins a-t-il été efficace offensivement avec François Fortier. L'ex-buteur Vitali Aab, en panne de confiance devant la cage adverse, ne servait par contre plus à rien.

Opéré du genou en septembre et revenu en novembre, le capitaine Alexander Barta a perdu sa place de titulaire indiscutable de l'équipe d'Allemagne lors des JO, uniquement par la faute de la débâcle qu'il vivait en club (un bilan désastreux de -22). Il reste cependant le joueur-clé qui a été prolongé pour reconstruire. On a en effet très vite tiré une croix sur la saison pour se concentrer sur la suivante : dès janvier, Stéphane Richer se voyait confier la mission de bâtir une nouvelle équipe capable d'endiguer la chute.

 

Kassel (15e) : battus sur la glace, battants à la barre

Richer avait entre-temps un championnat à terminer comme entraîneur de Kassel. Il quittait ainsi un club en crise pour un autre, car la saison des Huskies avait aussi dérapé depuis longtemps.

La saison avait pourtant bien commencé. La première ligne, recrutée à moindre prix, s'est avérée très efficace avec le passeur Josh Soares, le technique mais peu impliqué défensivement Derek Damon et la bonne surprise Pierre-Luc Sleigher : l'ex-Briançonnais, arrivé de LNB suisse, a mis la même énergie devant la cage adverse que dans ses mises en échec, même s'il a pris beaucoup trop de pénalité inutiles (178 minutes au final). Les Huskies étaient encore dans les dix premiers fin novembre... lorsqu'une série de huit défaites a annihilé tout espoir.

Kassel avait trop de faiblesses. Son gardien Adam Hauser a multiplié les erreurs, et il n'y avait personne pour le substituer valablement lors de ses passages à vide. Les Huskies avaient cru bon de recruter comme doublure un Américain de passeport allemand, Stephen Ritter, mais il n'avait pas le niveau et son coach l'a même envoyé en tribune pour le punir de son manque de travail à l'entraînement. Et il ne fallait pas compter sur la défense pour faire le ménage : hormis le joker Jean-Philippe Côté et le malheureux Bryan Schmidt (victime d'une rupture des ligaments croisés en janvier), la présence physique faisait cruellement défaut.

Avec 3 victoires en 28 rencontres à l'extérieur, le bilan sportif a été vite réglé, et l'essentiel ne se passait plus sur la glace. En janvier, le propriétaire Rainer Lippe a annoncé qu'il cédait le club à Dennis Rossing, l'investisseur qui porte le projet d'une salle multi-fonctions à Kassel. Cette salle dont on parle depuis des années et qui a été utilisée comme argument pour abolir la descente pour donner de la "sécurité de planification" aux investisseurs. Pas sûr pourtant que l'absence de relégation sportive garantisse l'avenir de Kassel, bien au contraire...

En l'occurrence, pour sécuriser l'avenir, Rossing s'est empressé de convoquer une conférence de presse pour annoncer la prolongation du contrat du très courtisé Manuel Klinge, devenu cette saison le premier athlète originaire de Kassel à avoir disputé des Jeux olympiques. Un signal fort envoyé à tout l'environnement local : ayez confiance dans le futur des Huskies. Mais en coulisses, la reprise tardait à devenir effective. La raison du retard est vite devenue évidente quand l'on su que les salaires n'avaient été versés qu'à moitié en janvier (et qu'ils ne le seraient plus du tout dans les mois suivants).

Rossing révélait que le club était endetté de 2,8 millions d'euros et s'attachait les services de Fritz Westhelle, un avocat spécialiste des faillites. Celui-ci a alors expliqué que la seule solution pour assainir le club était que les créanciers renoncent à une partie des sommes que leur devait le club, et il a lancé la procédure. Pendant ce temps-là, Kassel commençait son recrutement comme si de rien n'était, et les autres clubs étaient révoltés de voir qu'une équipe qui n'avait pas payé ses salaires se permettait de surenchérir sur leurs propositions financières !

La DEL les a vite rassurés en signalant que tout club en faillite perdait automatiquement sa licence. Une incroyable bataille juridique à coups de vices de forme et de référés s'engageaient alors entre le club, qui se réfugie derrière le droit des faillites, et la ligue, qui brandit ses règlements signés par tous y compris Kassel. La DEL a essayé de s'opposer au plan d'assainissement, mais elle n'y est pas parvenue car un virement du frère de Westhelle a épongé la dette du club vis-à-vis d'elle pour la rayer de la liste des créanciers. Les Huskies ont donc réussi à ne plus être légalement en faillite. La ligue pourra-t-elle les exclure quand même ? De procédure en procédure, la question risque de durer tout l'été.

 

 

Les clubs de 2e Bundesliga

 

Premier : Munich. La montée en DEL : Munich avait annoncé la couleur. L'objectif sportif a été atteint de façon souveraine par les hommes de Pat Cortina, entraîneur respecté s'il en est. Meilleure défense de la division, avec la confiance maintenu dans le duo de gardiens allemands Elwing/Vollmer. Meilleure attaque aussi, avec le tir du poignet de David Wrigley en arme fatale.

Le championnat s'est donc déroulé comme prévu. C'est ensuite que ça s'est gâté. Après avoir préparé sa promotion depuis des mois en coulisses, le EHC Munich n'a pas déposé la caution d'entrée en DEL (650 000 euros) à la date prévue. Un simple malentendu, explique-t-on au club, qui indique disposer de la somme mais ne pas avoir saisi l'importance de la deadline. Dire que l'on pensait que les Bavarois étaient des parangons de ponctualité !

Cette négligence réglementaire aurait tout simplement pu fermer la porte de la DEL : celle-ci explique que un vote de ses membres peut accorder une dérogation à Munich puisque la procédure n'a pas été respectée. Mais lors des championnats du monde, les dirigeants de la ligue autrichienne viennent faire du pied au club pour qu'il la rejoigne ! Ils expliquent amicalement que la licence coûte quatre fois moins cher chez eux, et que, même si le délai est dépassé, en Autriche on est assez pragmatique pour faire une exception. Munich n'a pas vraiment envie de s'inscrire dans un championnat étranger (ce qui nécessite une autorisation de la fédération allemande) mais laisse planer la menace qui aide grandement ses affaires. Inquiète de cette concurrence inattendue, la DEL se montre plus coulante et accepte donc d'examiner la candidature munichoise.

 

Deuxième : Schwenningen. Si Munich misait sur la stabilité de son effectif, Schwenningen avait fait le contraire en le remaniant de fond en comble après une saison ratée. Le recrutement, parfaitement réussi, s'est appuyé aussi bien sur des joueurs connus comme le pur défenseur polonais Adam Borzecki, aux mises en échec redoutables, que su des nouveaux venus en Allemagne comme Dan Hacker, un centre spectaculaire venu de SM-liiga.

En saison régulière, les confrontations entre les deux favoris étaient déjà au centre de toutes les attentions : Schwenningen a perdu deux fois à Munich, mais a gagné deux fois aux tirs au but à domicile. La première place, emportée avec deux points d'avance sur le rival, assurait l'avantage de la glace pour les play-offs.

Un atout d'autant plus capital que la finale se jouait au meilleur des 5 manches, et non des 7 manches comme les tours précédents. Les 6214 spectateurs de la "Helios-Arena", avec sa nouvelle tribune supérieure, pourraient pousser leur équipe... Malheureusement, le gardien Steve Silverthorn connaissait un mauvais jour au premier match (4-6). Vite pliée après trois défaites de rang, cette finale frustrante n'est cependant pas parvenue à gâcher une belle saison : le soleil est revenu au-dessus de la Forêt-Noire.

 

Troisième : Ravensburg. Même sentiment à Ravensburg : satisfaction après une bonne soirée, mais regret de ne pas avoir goûté au dessert. C'est la seule équipe à avoir gagné un match contre Munich en play-offs. Une victoire à l'extérieur au troisième match qui laissait espérer un possible retournement de situation. Mais sans le meilleur marqueur Ben Thomson victime d'une fracture du pied, l'attaque était trop affaiblie pour enchaîner et n'a pas marqué le moindre but dans les deux rencontres suivantes. Un état de fait qui n'avait rien d'inédit. Déjà en saison régulière, l'EVR avait été blanchi cinq fois.

Contrastant avec l'inconstance de ses attaquants, Matt Kinch, avec ses relances impeccables, a été le seul à ne pas jamais avoir été absent, au propre comme au figuré, de toute la saison. N'ayant pas reçu de nouvelle offre de DEL l'été dernier, Kinch, satisfait de l'environnement du hockey allemand, avait préféré signer à Ravensburg, la meilleure ambiance de 2e Bundesliga, plutôt que retourner en AHL. Il s'est imposé comme le défenseur le plus complet de la division.

 

Quatrième : Bietigheim-Bissingen. Après avoir décidé l'an passé de ne pas faire usage de la promotion en DEL, faute notamment de salle de capacité suffisante, Bietigheim-Bissingen n'a pas eu plus d'éclaircissements sur son avenir. Les projets de reconstruction ou de rénovation de sa patinoire ont été reportés sine die par les collectivités locales en raison de la crise, alors que le club dit ne pas pouvoir tenir longtemps dans cette infrastructure vieillissante.

Ces incertitudes ont fait peser un contexte lourd sur la saison. Les nerfs étaient à vif, et cela s'est senti en demi-finale contre Schwenningen où des buts refusés ont déclenché une vive polémique. La vérité est pourtant simple : Bietigheim n'avait pas le banc pour espérer mieux. Même si Justin Kelly, patineur moyen mais passeur d'exception, a dominé la Bundesliga en distribuant des palets en or pour l'ex-international Alexander Serikow, il n'y avait guère de soutien au sein de la neuvième attaque seulement du championnat.

 

Cinquième : Landshut. La profondeur de banc, pourtant, n'aura pas suffi à Landshut pour battre Bietigheim en quart de finale : le collectif n'a pas triomphé face à des individualités décisives. Cela s'est joué à peu de choses, à l'issue d'une séance de pénaltys au sixième match. Il faut dire que la ligne des juniors n'a pas marqué le moindre point en play-offs.

Cela n'enlève rien aux performances de Tom Kühnhackl (17 ans), le centre qui a hérité de la taille et de la technique de son père, et de Tobias Rieder (16 ans), un ailier avec un excellent tir du revers qui est lui aussi issu d'une famille de hockeyeurs et a commencé à patiner à trois ans. Avec le troisième larron Maximilan Forster (19 ans), ce sont eux qui ont longtemps mené l'offensive en début de saison. Perpétuant la tradition formatrice de Landshut, ces deux joueurs au sens du jeu très mature sont les deux espoirs les plus prometteurs de leur génération... voire plus.

 

Sixième : Heilbronn. Les Falken (faucons) de Heilbronn, situés en amont des Adler (aigles) de Mannheim sur le Neckar, ont du mal à exister par eux-mêmes dans l'ombre de leurs voisins qui leur confient leurs œufs à couver. Après la faillite de son sponsor principal qui avait laissé une ardoise, Heilbronn a commencé la saison avec quatre étrangers au lieu de six, et que des nouveaux. L'un d'eux, Dany Roussin, n'est même jamais arrivé, puisque les dirigeants avaient vainement attendu à l'aéroport l'ex-Briançonnais poseur de lapin. Qu'importe, son remplaçant P.J. Fenton a été une bonne pioche, comme tous les imports du reste.

Le centre Frederik Cabana a montré pourquoi il avait été drafté en NHL, même s'il avait fini par échouer en deuxième division autrichienne, et Cory Urquhart a terminé meilleur buteur de la division (36). Les Falken ont chassé la filets avec la troisième meilleure attaque, et dans un impressionnant vol en piqué (9 victoires dans les 10 dernières journées), ils ont saisi la sixième place directement qualificative pour les quarts de finale, où ils ont donné du fil à retordre à Ravensburg.

 

Les "pré-play-offs", pour les équipes classées entre la septième et la dixième place, ont consacré les deux équipes-surprises de la saison.

Septième : Weißwasser. Weißwasser, tout d'abord, avec trois étrangers seulement. C'est le seul club de Bundesliga où l'esprit d'équipe a vraiment compté plus que le niveau des imports. Le meilleur marqueur est Marvin Tepper, un espoir berlinois de longue date qui a enfin percé à 23 ans. Le meilleur défenseur est Sven Valenti, un attaquant originaire de Fribourg-en-Brisgau et reconverti à l'arrière pour ses vieux jours. Le reste de la formation est bâti sur des joueurs formés au club.

Exception aussi notable que capitale : le poste de gardien. Lorsque Ryan MacDonald s'est gravement blessé à l'épaule en novembre, c'était comme si le ciel tombait sur la tête des "Lausitzer Füchse". Les dirigeants ont pourtant trouvé mieux avec Jonathan Boutin. Ils auraient pu se méfier de la controverse ayant entouré son séjour écourté en Russie : chute de vélo en état d'ivresse selon le club de Perm, agression en pleine rue pour l'obliger à renoncer à son contrat selon le père du joueur... Ils ont passé outre et ont découvert un gardien communicatif, qui s'est vite intégré et s'est révélé le meilleur du championnat grâce à ses réflexes.

 

Huitième : Kaufbeuren. L'autre révélation, c'est le promu Kaufbeuren. Une inversion de match due aux problèmes de glace de Fribourg lui a permis de commencer par trois rencontres à domicile, toutes gagnées. Bonne manière de lancer un début de saison de rêve : avec 8 victoires en 9 journées, les deux dernières étant complètement dingues (8-7 à Bremerhaven puis 8-6 à Hanovre après avoir été mené respectivement 0-3 et 0-4), l'ESVK était en tête du classement avec Munich !

Le tout était aussi improbable que d'imaginer les médias japonais essayer de prononcer "Kaufbeuren". Ils ont pourtant dû s'y essayer du fait de la présence de Go Tanaka, illustration parfaite d'un hockeyeur asiatique : infatigable patineur et travailleur, mais inefficace. Il ne sera pas conservé, et du fait de la réduction réglementaire à cinq étrangers, le gardien international italien Thomas Tragust non plus. Ses performances ont fluctué en même temps que celles de toute l'équipe. Les points stockés en début de saison étaient suffisants pour terminer dixième... et faire tomber du haut de sa Zugspitze le pauvre Riessersee.

 

Neuvième : Riessersee. L'équipe de Garmisch-Partenkirchen pensait pourtant se satisfaire d'une saison meilleure que prévu avec un budget en baisse. Après la septième place en saison régulière, il n'y avait "plus qu'à" passer le tour préliminaire, et un quart de finale contre l'adversaire le plus attractif (Munich) tendait les bras : cela aurait signifié au minimum deux grosses recettes, une patinoire olympique bien pleine, et cent mille euros très attendus dans les caisses... Tout cela est resté au conditionnel. Le SCR menait clairement 3-0 au premier match contre Kaufbeuren... avant de s'effondrer dans les douze dernières minutes et de perdre piteusement aux tirs au but. La saison de Riessersee se terminait au match retour... et l'aventure en Bundesliga aussi !

Le trou de 200 000 euros était sans rémission. Les dirigeants avaient tout tenté pour mobiliser le public : affiches géantes de Tim Regan et Josef Lehner en culottes de peau pour annoncer le retour en ville des deux idoles, match à cinq euros pour attirer 6000 spectateurs lors du derby contre Munich, entrée gratuite pour femmes et enfants, etc. Les évènements ainsi organisé attiraient certes du monde, mais les tribunes étaient de nouveau vides au match suivant. Riessersee, 10 fois champion d'Allemagne, n'attire plus assez de spectateurs ni de sponsors aujourd'hui. Le club a présenté ses comptes et on lui a concédé la relégation économique en Oberliga en constatant qu'il n'y avait pas d'autre solution.

 

Dixième : Dresde. La saison avait commencé de manière tumultueuse sur les bords de l'Elbe avec la sanction de huit points de pénalité pour présentation de fausses informations dans les comptes, et la démission de la présidente de longue date Barbara Lässig, pas suivie par son bureau sur la désignation de Matthias Broda, le successeur du responsable du traficotage Andeas Urban.

Dresde a peu à peu rattrapé son handicap de huit points, mais une mauvaise passe en janvier a provoqué le licenciement de deux joueurs, le vétéran Jason Miller - un des deux rescapés de l'équipe de la saison précédente ! - et le capitaine Stefan Mann. Ce dernier a alors été engagé par Nuremberg et a paradoxalement été plus performant en DEL. Les Eislöwen, quant à eux, ont mieux fini la saison régulière, mais ont perdu le derby contre Weißwasser. Aucune équipe ne s'est montrée aussi dépendante d'un seul buteur que Dresde avec Sami Kaartinen : l'ex-Grenoblois, recruté en LNB suisse, a marqué 35 buts sur 150 en saison puis 3 sur 7 en play-offs.

 

Onzième : Bremerhaven. Le choix d'un duo de gardiens allemands a vite été considéré comme un échec. Pour être précis, aucun d'entre eux n'était natif du pays : Jan Guryca est né à Chamonix quand son père y jouait, mais a tout de même été formé à Bad Nauheim. En revanche, Stefan Horneber a grandi en Autriche, pays dont il a porté les couleurs en junior : son passeport allemand lui avait permis de jouer quelques matchs de DEL du côté de Cologne, et il avait été recruté comme numéro 1. Las, Horneber est tombé de haut en encaissant 15 buts en 143 minutes de jeu : il a finalement retrouvé un poste en Oberliga à Peiting. Le recrutement du gardien letton Edgars Lusins a donné plus de stabilité dans les cages.

Il n'a cependant pas fait de miracles dans une équipe très inexpérimentée, remplie de jeunes prêtés par des clubs de DEL, parfois juste les jours de match : s'entraîner le reste du temps à tout juste trois lignes n'aide pas la cohésion, et les partenariats seront mieux cadrés la saison prochaine. Pour 2009/10, c'est trop tard : Bremerhaven aurait pu avoir sa place en pré-play-offs, mais a tout gâché en finissant par sept défaites de rang. L'entraîneur suédois Gunnar Leidborg a cependant recadré son équipe pour les barrages de maintien, qui se sont bien passés grâce à Chris Stanley, le seul étranger qui ait eu un tempérament de meneur.

 

Douzième : Crimmitschau. Mal en point financièrement, Crimmitschau doit se contenter de peu. Même après deux victoires puis onze défaites de suite (!) en début de saison, confiance a été maintenue dans l'entraîneur Wayne Hynes. Celui-ci a même pu obtenir des renforts uniquement nrod-américains après la mise à l'écart de l'attaquant letton Edijs Brahmanis.

L'équipe était au moins homogène, à défaut d'avoir un leader transcendant. L'attaque manquait d'un vrai finisseur. Scott Champagne, meilleur marqueur par défaut, a tout de même pu ouvrir une bouteille en fin de saison : Crimmitschau a obtenu son maintien et rempli son objectif. Il reste que le bilan à domicile a été très mauvais. L'explication de Hynes, la pression du public, est un peu ironique quand on sait que ce club a aujourd'hui moins de deux mille spectateurs quand il en comptait bien plus lors de son ascension il y a quelques années.

 

Treizième : EC Hanovre. Après avoir attendu la montée pendant de si longues années, les Indians pensaient réussir immédiatement en Bundesliga, comme tant d'autres promus. Après sept défaites en huit journées, l'entraîneur Craig Streu devait pourtant déjà prendre la porte, et Hanovre rappelait à la rescousse l'ingérable Joe West. Les nerfs du Canadien ont à nouveau lâché, et il a encore dû s'excuser, cette fois pour avoir insulté via facebook le responsable d'un site internet local. Promis, cette fois, c'est la dernière saison du "Wild West" chez les Indians... Pas certain qu'il était le mieux placé pour cadrer P.J. Atherton, défenseur talentueux mais immature qui a accumulé 215 minutes de pénalité.

Coach irritable (et irritant) ou pas, Hanovre a donc connu une saison décevante, hormis dans les tribunes où ses trois mille supporters étaient toujours présents. Illustration de cette turbulence, les sept gardiens (!) qui se sont succédé, six si l'on enlève Roman Kondelik, simplement appelé pour une pige symbolique de quatre minutes parce qu'il méritait bien de fouler une glace de deuxième division après avoir passé dix années d'Oberliga au club jusqu'à la montée. Normalement, son successeur devait être Nolan McDonald, mais son contrat a été résilié car il n'a jamais obtenu le passeport allemand promis. Marek Mastic, handicapé par des blessures, n'a jamais été digne d'un titulaire. Vexation suprême, ce sont les voisins honnis, les Scorpions, qui ont fourni la solution en prêtant Youri Ziffzer, ancien champion d'Allemagne avec Berlin qui a peiné au début mais a ensuite grandement contribué au maintien. Les deux joueurs décisifs en barrages de relégation sont donc arrivés en cours de saison : l'autre est le centre Brady Leisenring, frustré de temps de jeu à Landshut, et qui a formé avec l'autre joker John Hughes et le toujours vaillant D.J. Jelitto la ligne la plus efficace en play-down.

 

Quatorzième : Fribourg-en-Brisgau. Battu 4 victoires à 1 par Crimmitschau puis par le EC Hanovre, Fribourg-en-Brisgau a donc logiquement conclu sa saison par une descente sportive. Sans gardien titulaire désigné (Ronny Glaser et Christoph Mathis alternaient), les loups avaient la pire défense, et ça ne s'est sûrement pas arrangé avec le choix comme joker de Nick Anderson, réputé pour son tir mais qui commet tellement d'erreurs en défense qu'on a parfois préféré l'aligner en attaque. Pas un hasard si le powerplay, non content d'être le pire de la division, a aussi encaissé quatre buts !

Il fallait s'y attendre après une préparation perturbée par l'exil à Colmar. Les cinq premières rencontres à l'extérieur ont toutes été perdues, et les deux premières rencontres remportées à domicile n'ont pas fait illusion longtemps. Le manque de condition physique s'est fait ressentir, et des joueurs-clés comme Marek Ivan et le capitaine Patrick Vozar ont été convoqués à des entraînements particuliers pour parfaire leur préparation. Quant aux deux stars Yanick Dubé et Dany Bousquet, leur saison s'est terminée prématurément sur blessure. Dans ces conditions, le changement d'entraîneur (Markus Berwanger a remplacé Peter Salmik en janvier) ne peut pas faire de miracle. La chance de Fribourg-en-Brisgau, c'est que le retrait de Riessersee le repêche finalement. L'été prochain, la patinoire ouvrira le 15 août, et les loups ne passeront qu'une semaine de préparation à Colmar. Ouf !

 

 

Oberliga

Une résurrection. C'est le qualificatif le plus approprié pour qualifier la saison de Rosenheim, qui a retrouvé la même ambiance qu'au bon vieux temps. En 1982, le SBR avait terminé cinquième de la saison régulière et était devenu champion d'Allemagne à la surprise générale. Vingt-huit ans plus tard, le scénario s'est répété, mais deux divisions plus bas. En raison de performances en dents de scie, les supporters avaient parfois réclamé la tête de l'entraîneur Franz Steer, mais les dirigeants ont bien fait de ne pas les écouter. Une fois en play-offs, les trois attaquants canadiens (Mitch Stephens, Dylan Stanley et Ron Newhook) ont joué à leur meilleur niveau, tout comme l'ex-international autrichien Claus Dalpiaz - naturalisé allemand - dans les cages.

Le tour le plus difficile a été le premier, en quart de finale, puisque Rosenheim a été mené 3 victoires à 2 par Bad Nauheim, l'équipe la plus pénalisée du championnat, avant de gagner 4 victoires à 3. Ensuite, le SBR a éliminé 3 à 1 une équipe de Herne affaiblie par de récentes blessures, puis 3 à 0 le EC Peiting du buteur tchèque Libor Dibelka. Il y a donc eu un seul match à domicile lors de la finale, mais avec quelle ambiance : près de 7000 spectateurs, comme aux plus grandes heures !

Les "Star Bulls" étaient inarrêtables une fois lancés. Ils ont foulé au pied les ambitions de montée affichées par les deux équipes de la Ruhr.

Herne s'était retrouvé avec le meilleur effectif parce que Ralf Pape, le mécène aux multiples engagements (Cologne, Duisburg, Herne), y avait recasé les joueurs qui avaient signé pour évoluer en 2e Bundesliga avec Duisburg. Personne (sauf Rosenheim, déjà) ne lui a donc résisté au cours d'une saison régulière pourtant mouvementée en coulisses. La patinoire du Gysenberg n'ayant pas passé l'inspection de sécurité et était menacée de fermeture définitive. Le club avait donc déménagé à Gelsenkirchen et s'était renommé "HEV Ruhrpott Crusaders", une perte d'identité qui avait déclenché des manifestations de protestation des supporters. Heureusement, une solution a été trouvée en cours de saison : l'investisseur Pape et la commune ont trouvé un accord pour permettre la réouverture de la patinoire de Herne, et le club a retrouvé son nom (Herner EV) et son logo d'origine, au grand soulagement de ceux qui lui sont attachés. Le hockey à Herne n'est pas mort, c'est le principal.

Le promu Dortmund a pour sa part surpris tout le monde avec une patinoire d'avant-guerre, trois créneaux d'entraînement seulement par semaine et des joueurs dont personne ne voulait. Pourtant, le club a recruté malin, aux Pays-Bas, où le coach Frank Gentges s'était exilé avec le jeune gardien Benjamin Finkenrath. Si ces deux clubs voulaient monter, c'est parce qu'ils craignaient de se retrouver avec des amateurs dans la réorganisation de l'Oberliga.

Finalement - et ce n'était vraiment pas simple - un compromis a été trouvé pour satisfaire tout le monde et mettre enfin un terme à l'anomalie d'une troisième division jouée en poule unique. L'an prochain, il y aura donc quatre poules géographiques, mais avec des statuts différents. L'Oberliga sud restera sous la tutelle de la fédération, mais les autres poules seront organisées par les fédérations régionales.

Les niveaux des quatre groupes seront très disparates, révélant les différences de développement selon les régions. Au sud, les clubs formateurs bavarois assureront la division la plus relevée et la plus homogène, qui fournira quatre des huit équipes qualifiées en play-offs. À l'ouest, une division à deux vitesses : Herne, Dortmund, Bad Nauheim plus les revenants Duisburg et Essen d'une part, les "petits" Ratingen, Hamm, Neuss et Königsborn d'autre part. Au nord et à l'est, c'est tout simplement la "Regionalliga" qui est renommée "Oberliga", mais avec les mêmes participants, essentiellement amateurs.

Marc Branchu

 

 

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