Allemagne 2008/09 : bilan

 

Les résultats du championnat allemand

 

Le hockey allemand se demande aujourd'hui qui doit tenir les rênes entre des organisations tout autant discréditées. À un an du Mondial 2010 à Cologne et à Mannheim, la fédération - la DEB - a vu sa réputation doublement écornée par l'affaire Holland aux championnats du monde 2008 puis par l'avant-dernière place à ceux de 2009, qui auraient dû être synonymes de relégation si elle n'avait pas été sauvée par son statut de prochain pays organisateur.

La DEL en a donc profité pour s'engouffrer dans la brèche et a proposé de participer à la gestion des équipes nationales. Elle souhaite qu'un directoire constitué des dirigeants de la DEL et de la DEB nommerait les responsables des sélections : un directeur sportif, un manager, un entraîneur général du hockey mineur... Le but est d'étoffer une structure dirigeante qui repose actuellement sur un petit nombre de personnes, et de mettre en place un système de jeu commun et cohérent entre les différentes sélections. Des intentions louables qui doivent bien sûr se traduire en moyens... La DEL montre en tout cas qu'elle ne désintéresse pas du sort du hockey allemand dans son ensemble, expliquant qu'elle en subit les répercussions en termes d'image. Le problème est qu'elle-même a des problèmes d'image : elle n'a plus baissé le nombre d'étrangers depuis longtemps et fait toujours la sourde oreille à la demande générale des supporters de rétablir la promotion/relégation.

Des trois organisations principales qui gèrent le hockey en Allemagne, la plus dysfonctionnelle est cependant l'ESBG, c'est-à-dire la ligue formée par les clubs de deuxième et de troisième division (2e Bundesliga et Oberliga). En 1997, il y avait un total de 55 clubs à ces deux niveaux de compétition. Aujourd'hui, malgré les réformes, il en reste 25... La pyramide du hockey allemand s'est effondrée comme un château de cartes. Certains dirigeants ont engagé dans une fuite en avant et espéraient résoudre les difficultés financières en augmentant le nombre de rencontres. On en est arrivé à 62 matchs de saison régulière en Oberliga sud, ce qui ne s'est jamais vu qu'en Russie pour une troisième division ! On s'étonne après que des clubs essentiellement amateurs rechignent à monter dans cette division et remettent en cause toute la structure. L'ESBG apparaît inutilement lourd alors que la fédération gérait ces divisions avec une demi-personne et son secrétariat...

L'autogestion des clubs a échoué aussi pour cause d'intérêts divergents. D'où cette solution radicale d'Alfred Prey, le président de Bremerhaven, dans Eishockey News : "Suppression du ESBG et retour de tous les clubs dans le giron de la DEB. Là-bas, toutes les décisions sur les compétitions sont prises de manière centrale et dictatoriale." Un appel au secours à la "dictature fédérale", donc, pour contrer l'anarchie...

 

 

Les clubs de DEL

 

Premier : Eisbären de Berlin. Avec quatre titres en cinq ans, c'est une dynastie fort rare de nos jours dans les grands championnats européens que sont en train d'établir les Eisbären de Berlin. Le seul équivalent est celui du Kärpät Oulu, mais celui-ci, qui restait également sur un "4 sur 5", vient de perdre son titre finlandais... et a été battu deux fois par les Berlinois en Ligue des Champions ! Les ours polaires peuvent en effet été fiers de l'image qu'ils ont donnée de la DEL en compétition européenne. Empocher une victoire sur Magnitogorsk, même si c'était pour l'honneur dans un match sans enjeu, est une performance de premier choix.

Les forces laissées dans cette CHL ont conduit les Eisbären à compter quelques matches en retard en championnat et à se traîner en milieu de classement. Mais tout vient à point à qui sait attendre : les ours, déguisés en tortue, ont pris la première place de la saison régulière juste avant la ligne d'arrivée par une série de six victoires. Et depuis des années, ses joueurs ont pris l'habitude d'élever leur niveau en play-offs. Mark Beaufait avait déjà cette réputation, mais le défenseur offensif américain Andy Roach a fait de même : souvent en faute sur son placement au cours de la saison, il est devenu phénoménal au printemps. Quoi qu'il arrive, les Berlinois ont pu compter sur la constance du meilleur centre du championnat Denis Pederson, un joueur complet partout, des cercles d'engagement au slot adverse.

Les dynasties ne peuvent s'établir que sur une stabilité. Sur ce plan, les Eisbären sont un modèle. Le socle d'internationaux allemands est le même depuis le début, tout comme les joueurs-clés étrangers à la Steve Walker, même si celui-ci a perdu de sa superbe après son opération du genou. Cette saison, ils sont devenus champions avec une seule vraie recrue, le défenseur physique Riche Regehr (l'autre nouveau venu, le joueur de quatrième ligne Matt McIlvane, s'est rompu les ligaments croisés au bout de trois mois).

Avec le O2 World et ses 14000 places, les Eisbären sont entrés dans une autre dimension. Ils savaient avoir le potentiel de public pour ce faire. Les supporters se sont étranglés devant les prix pharaoniques de la bière et de la saucisse servies dans la nouvelle salle, mais il y a toujours bien assez de monde pour remplir la patinoire et les caisses.

La saison s'est cependant terminée par une annonce moins optimiste : l'annonce de la disparition de l'équipe-réserve qui évoluait en Oberliga. Cette pépinière sur place avait permis aux jeunes de s'aguerrir et avait été citée en exemple partout dans le pays comme un modèle de formation. Le manager Peter John Lee, grand architecte du projet berlinois, aura argumenté jusqu'au bout en interne pour sauver la réserve, mais comme elle coûtait cher sans rien rapporter, elle a été sacrifiée par le groupe Anschutz. Berlin prêtera ses jeunes joueurs à des clubs tiers, comme les autres.

 

Deuxième : Düsseldorf. La réussite du déménagement berlinois a de quoi rendre le DEG jaloux : cela fait trois saisons qu'il s'est installé dans son ISS Dome, et il ne se sent toujours pas chez lui. Il s'est aliéné certains fidèles sans avoir un potentiel de nouveaux spectateurs comparable à celui de la capitale. Les affluences étaient restées cette année tellement inférieures aux prévisions que Düsseldorf se préparait à perdre 400 000 euros et à devoir réduire son budget.

Et puis, le miracle : des play-offs à faire se pâmer n'importe quel trésorier, avec huit matches à domicile et 10 000 spectateurs (enfin !) à chaque fois. Et comme par magie, le déficit prévu se transformera en bénéfice.

Cette réussite en séries s'est appuyé sur le talent individuel en attaque. La première ligne avait déjà progressé au cours de la saison. La qualité de passe du meneur Rob Collins a mis en valeur le talent en 1 contre 1 de Patrick Reimer et a redonné la santé à Daniel Kreutzer. Mais c'est la deuxième ligne qui a explosé en play-offs. Adam Courchaine, auteur de 14 buts en saison régulière après avoir manqué deux mois sur blessure, a inscrit 12 buts lors des séries aux côtés du meilleur marqueur Brandon Reid.

Reste à savoir si ce doux printemps de play-offs redonnera des couleurs au DEG. La saison terminée, il a affronté une nouvelle inattendue : la retraite soudaine pour raisons personnelles de Jamie Storr, qui occupait les cages depuis trois ans. Pas de chance, le second gardien Jochen Reimer, qui avait assuré un intérim largement meilleur que l'an passé pendant la blessure du titulaire, avait déjà signé ailleurs, pensant avoir l'horizon bouché. Düsseldorf devra retrouver deux nouveaux gardiens.

 

Troisième : Hanovre. Quand Sascha Goc ne se blesse pas, tout est plus facile. Le canonnier a envoyé 24 obus dans les filets depuis la ligne bleue, un tous les deux matchs, et les Scorpions ont alors pu s'appuyer sur un excellent jeu de puissance, le deuxième derrière celui de Berlin. Ce fut également le classement à l'issue de la saison régulière. C'était quelque part une petite déception car Hanovre avait passé presque tout le championnat en tête, en tout cas depuis le recrutement du gardien international Dimitri Pätzold, vite revenu de son aventure en KHL, et joker idéal pour concurrencer et finalement détrôner Alexander Jung dans les cages.

Le vrai problème des Scorpions, c'est de trouver "leur" public, dans une ville où les amateurs de hockey sont tout entiers dévoués à une équipe de troisième division. Leur manager Marco Stichnoth en avait été très aigri en novembre dans une interview-choc au principal quotidien local (le HAZ) : "Nous pourrions nous mettre devant le Pferdeturm [la patinoire des Indians] et distribuer des billets gratuits à 4602 personnes, il en viendrait 7. Les gens qui viennent chez nous sont plus jeunes. Les enfants de nos jours sont malins. On ne peut pas leur expliquer pourquoi il faut aller chez les Indians. Ils ne peuvent rien y voir sur les places debout, et quand ils voient quelque chose, cela ne les intéresse pas. Ils veulent des noms comme Sascha Goc [...] Les Indians jouent avec une équipe pro contre des joueurs du dimanche dans une division qu'ils dominent. Nous ne pouvons pas offrir des toilettes sales et des saucisses grillées. Nous pouvons offrir du sport de haut niveau et amener l'équipe nationale ici, pour constater que personne n'en veut. Ce que les gens veulent, c'est la plus grosse taverne de la ville..."

Dans les dernières encablures de la saison régulière, même s'ils ont perdu le sprint, les Scorpions rassemblaient plus de neuf mille spectateurs pour voir de grandes affiches. Stichnoth avait raison : les gamins d'aujourd'hui sont malins. Par contre, ils ne roulent pas sur l'or. Et les dirigeants, eux, sont bêtes... Non seulement ils ont augmenté les prix pour les play-offs, mais ils ont supprimé des tarifs réduits. Un étudiant devait ainsi payer trois fois plus cher pour voir un match ! Victime de la colère des fans, Hanovre a joué les quarts de finale et les demi-finales dans une patinoire à moitié vide. Pas très bon pour l'image de la DEL, mais toujours bon pour les caisses. Le club ne s'est pas repenti, Stichnoth se montrant au contraire satisfait du bilan financier de cette hausse de tarifs.

C'est donc dans un environnement un peu morose que les Scorpions ont été éliminés en demi-finale. Ils menaient 2 victoires à 1 avant le but en prolongation de Courchaine, qui avait les patins dans la zone du gardien. Un but controversé qui a retourné la série. C'est ainsi que la meilleure saison de l'histoire du club s'est mal finie, à tout point de vue. Compte tenu du trou dans le budget, les joueurs ont dû accepter une baisse de salaire de 15% à 25%...

 

Quatrième : Mannheim. Les Adler ont eu leur héros cette année : le gardien Fred Brathwaite. Tout comme à Kazan, l'ex-international canadien à peau noire est devenu un chouchou du public. Ses performances magistrales l'ont fait élire meilleur joueur de la DEL.

Mais les Adler ont aussi leur anti-héros : l'entraîneur Dave King. Ce rabat-joie qui frustre joueurs et spectateurs par ses exigences défensives. Lorsque la non-reconduction de son contrat a été rendue publique, les résultats ont fléchi, et le public ne le supportait plus. L'hostilité à l'égard du coach canadien s'exprimait de plus en plus ouvertement, au point qu'il s'est fait virer à une journée de la fin de la saison régulière. Mannheim était pourtant un tranquille quatrième du championnat et semblait avoir plus à perdre qu'à gagner à un changement aussi tardif.

L'éternel adjoint Teal Fowler n'a fait que défendre cette position lors des play-offs, en atteignant les demi-finales, mais la manière n'avait rien à voir. Alors que King se faisait huer, Fowler a été fêté par les supporters après l'élimination. Enfin, les joueurs étaient libérés de leur carcan. Et chacun de regretter que cela ne se soit pas passé plus tôt. Le talent du meneur offensif François Méthot aurait peut-être été encore mieux exploité si on l'avait laissé créer collectivement et pas seulement jouer individuellement.

L'autorité de la vieille école d'entraîneurs ne passe plus, et des joueurs comme Michael Hackert ou Jason Jaspers ont retrouvé l'envie de jouer au lieu de la peur de mal faire. Ce coaching plus à l'écoute se poursuivra la saison prochaine avec Doug Mason et Teal Fowler, qui reprendra son poste habituel d'assistant.

 

Cinquième : Nuremberg. Un changement de coach, il a failli y en avoir un chez les Ice Tigers. À la mi-janvier, alors que l'équipe était descendue à la neuvième place, le manager Otto Sykora avait songé à rappeler son ami Benoît Laporte. Le président Günther Hertel a cependant mis son veto, car l'entraîneur Andreas Brockmann avait le soutien des joueurs. Un soutien mérité, puisqu'il a redressé l'équipe à une belle cinquième place.

Le jeune coach allemand a du mérite d'avoir tenu son équipe, car psychologiquement, ses joueurs vivaient des moments très difficiles. Le club avait déposé le bilan en novembre, et personne ne savait de quoi l'avenir serait fait.

Le doute s'est d'ailleurs maintenu très longtemps et a joué avec les nerfs de tous les partisans du club. Lorsque le groupe pharmaceutique Bionorica, qui avait donné le nom de son traitement contre la sinusite aux "Sinupret Ice Tigers" pendant ces deux dernières années, s'est retiré, le projet de reprise semblait enterré. Le retrait de la DEL avait été officiellement annoncé... avant d'être démenti une semaine plus tard lorsque Thomas Sabo, initialement l'un des membres du groupe de repreneurs, a décidé de tout reprendre lui-même.

À cela, une petite condition... Il était prévu que le club retrouve son nom d'origine, mais ce ne sera pas le cas. L'Autrichien Thomas Sabo, qui a fait fortune en devenant le premier créateur de bijoux en argent à graver son nom sur ses produits, a remis ça en donnant le nom de sa marque - c'est-à-dire le sien - au club, qui s'appellera les "Thomas Sabo Ice Tigers". La fragilité de la dépendance à un mécène n'aura jamais été autant illustrée que par cette dénomination "personnalisée"...

 

Sixième : Krefeld. Pas mal d'observateurs avaient rayé les Pinguine de leur liste des candidats aux play-offs, mais ils ont donné tort aux sceptiques. Ils n'ont même pas eu besoin de passer par le tour préliminaire, puisqu'ils sont restés toute la saison dans les six premières positions, directement qualificatives en quart de finale.

Les recrues canadiennes se sont bien intégrées. Scott Langkow, second choix à l'origine après le désistement de Charpentier, a parfaitement réussi à régler le problème de gardien. Charlie Stephens, bien plus productif qu'à Düsseldorf, a idéalement remplacé Alinc sur la première ligne, entre le capitaine Herberts Vasiljevs et le rapide Boris Blank. Avec le soutien du duo slovaque Milo-Pavlikovsky en défense, Krefeld disposait ainsi du cinq majeur le plus efficace de la DEL.

On aurait pu penser que l'équipe se résumait à une seule ligne, mais de jeunes joueurs formés au club se sont révélés et ont eux aussi beaucoup contribué : le défenseur Sinan Akdag a démontré une vision du jeu étonnante pour un international junior, et l'attaquant Daniel Pietta, doté d'un potentiel technique intéressant, n'a reculé devant aucun duel.

Malgré de telles performances, l'ambiance a parfois été tendue. Vasiljevs a notamment critiqué la durée des entraînements de son compatriote Igor Pavlov (qui a joué pour la Lettonie). Celui-ci a répliqué de manière cinglante : "ceux qui se plaignent peuvent retourner à la maternelle, ils auront un repas chaud suivi d'une sieste"... Espérant que ses résultats plaident en sa faveur, l'entraîneur russe a longtemps convoité un contrat en KHL. Lorsque les pistes ne se sont pas concrétisés, il est revenu comme si de rien n'était à Krefeld, décidé à accepter sa prolongation de contrat... mais les dirigeants vexés lui ont alors opposé une fin de non-recevoir. Il atterrira à Cologne

 

Septième : Wolfsburg. Si Karl-Heinz ("Charly") Fliegauf a été nommé manager de l'année en DEL, c'est qu'il a fait preuve d'un flair incroyable l'été dernier. Sur l'élection des huit meilleures nouvelles recrues du championnat, quatre sont des joueurs de Wolfsburg !

Cela a commencé par les attaquants Justin Papineau et Norm Milley, qui ont vite fait le spectacle. Les deux anciens joueurs d'AHL ont cependant déçu en play-offs, notamment Papineau qui avait déjà signé depuis longtemps à Mannheim. Le filon le plus incroyable est sans doute la réussite de Ken Magowan, qui est devenu le meilleur buteur de l'élite allemande (29 filets)... alors qu'il avait été recruté en division inférieure ! Il a marqué plus de points avec Wolfsburg qu'il n'en avait mis en deuxième Bundesliga avec Riessersee : le monde à l'envers ! Magowan a re-signé pour deux ans.

Même carton plein des recrues à l'arrière : le défensif Arvids Rekis n'avait jamais mis autant de buts, Jan-Axel Alavaara est devenu le deuxième pointeur des défenseurs de DEL, et l'impeccable Marvin Degon sera très regretté des supporters lorsqu'il partira à Mannheim.

Les recrues se sont intégrées si vite que le jeu de puissance a été immédiatement performant, lançant le championnat sur des bases idéales. Wolfsburg a vécu la meilleure saison de son existence, en gagnant la Coupe d'Allemagne face à Hanovre et en atteignant les quarts de finale de la DEL... où ces mêmes Scorpions de Hanovre ont pris leur revanche dans le derby.

Le seul défaut d'un recrutement aussi réussi, c'est que les "anciens" de l'équipe se sentent d'un coup inutiles. Le capitaine Tim Regan a vu son temps de jeu réduit et n'était plus la bouée de sauvetage. Le Tchèque naturalisé Jan Zurek, qui a accompagné l'ascension du club depuis dix ans, a eu toutes les peines à suivre et a pris une retraite méritée.

La retraite : c'est aussi le choix qu'a fait Oliver Jonas à seulement 29 ans. L'ancien gardien international, champion d'Allemagne 2005 avec Berlin, avait vu sa place de titulaire contestée en début de saison par le jeune Daniar Dshunussow. Mais il l'a récupérée et a réussi d'excellents play-offs, se montrant décisif dans l'élimination d'Augsbourg au tour préliminaire. Il a ainsi tiré sa révérence au meilleur de sa forme. L'ancien pensionnaire de l'Université de Harvard n'est pas revenu pour autant sur sa décision, prise en janvier : il veut retourner du côté de Boston avec sa femme américaine et ses trois enfants afin d'utiliser enfin son diplôme de biophysique.

 

Huitième : Hambourg. Les Freezers espéraient endiguer la chute des affluences. Elle n'a pourtant cessé de s'accentuer tout au long de la saison. Pour la première fois, il a même parfois fallu fermer au public toute la tribune supérieure. Les piteux résultats de l'équipe ne risquaient pas de faire revenir les spectateurs.

Les marqueurs canadiens Brad Smyth et Peter Sarno ont en effet disparu de leur circulation. À eux deux, ils avaient marqué 53 buts la saison précédente. Cette fois, en panne de confiance, leur total cumulé est resté bloqué à... 11 ! Après deux bonnes saisons, Smyth décevait déjà énormément avant même une opération qui lui a fait manquer une moitié de saison. Quant à Sarno, le club a tellement regretté de lui avoir offert deux nouvelles années de contrat d'un coup qu'il a préféré payer un dédit de 48 000 euros uniquement pour ne plus le revoir la saison prochaine.

Trop longtemps, l'attaque de Hambourg s'est donc résumée à la seule ligne de Clarke Wilm, qui a bien été le leader attendu, efficacement entouré par les buteurs François Fortier et Vitalij Aab.

Deux évènements ont cependant sauvé la saison des Freezers. Premièrement, le licenciement de l'entraîneur Bill Stewart et son remplacement par l'excentrique Paul Gardner. Deuxièmement, le retour de blessure d'Alexander Barta. Après presque une année sans jouer, l'international allemand a réalisé un retour tonitruant avec 24 points en 16 matches. Hambourg en a gagné les trois quarts et est ainsi passé de la treizième à la huitième place.

Cette remontée s'est confirmée en barrages contre Francfort après avoir pourtant perdu les deux premières manches. Malheureusement, la patinoire était encore à moitié vide pour assister à ce renversement de situation, comme à la sortie en quatre manches sèches en quart de finale face à Berlin.

 

Neuvième : Francfort. La fin de saison a donc laissé un goût très amer dans la Hesse. À mi-championnat, Francfort était premier du classement, avant de vivre une véritable dégringolade. Elle a commencé par une série de blessures qui a vu jusqu'à cinq défenseurs en même temps (!) à l'infirmerie. Certains attaquants comme Jamie Wright ont alors dû se reconvertir en défense pour être utile en défense : Wright aura ainsi au moins servi à ça, car ses 4 maigres buts étaient très éloignés de ses précédentes récoltes à Genève ou à Düsseldorf.

Avec une cascade de forfaits rarement vécue, les Lions ont cependant fait front très dignement. C'est lorsque les blessés sont revenus que les choses se sont gâtées. Le supplément d'efforts que chacun était prêt à faire dans l'adversité avait disparu. Les bonnes résolutions étaient oubliées au moment où les circonstances redevenaient théoriquement plus favorable.

L'option de recrutement de Francfort n'a finalement pas été payante. L'objectif était d'ajouter du muscle en défense afin de protéger le gardien Ian Gordon et d'écarter ses rebonds. Mais les deux costauds se sont fait tailler des costards. Lance Ward s'est révélé beaucoup trop lent et prompt aux erreurs : il retournera d'où il était venu, au HV71 en Suède. Le géant Mathieu Biron n'a jamais amené la puissance de lancer escomptée. À défaut d'une force de frappe à la ligne bleue, le powerplay des Lions était édenté, et ils se sont fait éliminer par Hambourg en ne marquant pas le moindre but en 28 supériorités numériques.

 

Dixième : Augsbourg. Osé, audacieux, téméraire... ou simplement judicieux. Le pari de faire confiance à un gardien inexpérimenté, Dennis Endras, a été un risque payant. Le jeune Allemand au style papillon n'a eu aucun mal à s'imposer comme titulaire, au grand plaisir de "l'entraîneur de l'année" Larry Mitchell qui l'avait déjà eu sous ses ordres à Landsberg et connaissait son potentiel. Dès cette première vraie saison en DEL, Endras a déjà été inclus dans le cadre de l'équipe nationale.

Augsbourg a ainsi pu effectuer une très bonne saison en milieu de tableau, ce qui équivaut compte tenu de son faible budget à une grande réussite. Mitchell a donc prolongé pour deux ans en janvier. Et après cette saison sans sponsor principal, le club en a obtenu un pour trois années, la compagnie d'assurances "impuls", qui a déjà donné son nom au stade de football de la ville.

Ces nouveaux moyens permettront peut-être d'améliorer une profondeur de banc qui est toujours le point critique. Augsbourg ne peut en effet pas se permettre de perdre le moindre joueur-cadre. On l'avait constaté en début de saison quand le défenseur canadien Christian Chartier s'était blessé. Ce fut encore plus net lorsque l'international norvégien Mathis Olimb a subi une fracture de la mâchoire contre la France lors des qualifications olympiques. En l'absence d'Olimb, le taux de réussite du jeu de puissance a chuté de moitié, témoignant ainsi de l'importance de chaque élément.

 

Onzième : Iserlohn. Le physique inhabituel du gardien Norm Maracle en avait fait une figure populaire lors de sa première saison à Iserlohn. Cette année, il s'est retourné contre lui. Comme ses performances déclinaient, son embonpoint a été abondamment commenté, y compris à la télévision par un membre du staff. Maracle n'était plus en odeur de sainteté, relégué sur le banc par sa doublure Sebastian Stefaniszin. Sa disgrâce a contribué à la mauvaise saison d'Iserlohn, qui l'avait prolongé un an plus tôt mais lui a fait comprendre qu'il n'avait plus d'avenir ici.

D'autres facteurs s'y sont ajoutés. Les recrues Marty Wilford (trop lent) et Ben Simon (volontaire mais inefficace au possible) n'ont pas remplacé leurs précédesseurs Blanchard et Kavanagh. De plus, Brad Tapper n'a plus joué depuis novembre. Sur recommandation des médecins, il mettra un terme à 31 ans après une commotion cérébrale.

Malgré tout, Iserlohn pointait à la huitième place à la mi-janvier... mais n'a pas gagné un seul de ses 14 derniers matches dans le temps réglementaire ! Sa première qualification en play-offs (2008) n'a donc pas été répétée. Confronté à des blessures, le coach Steve Stirling a commis l'erreur d'user jusqu'à la corde ses meilleurs joueurs dont le duo offensif Wolf/Hock, pendant que d'autres se morfondaient sur le banc. Le Canadien a été viré pendant la trêve de février, à huit journées de la fin. L'intérim de son assistant Uli Liebsch - qui a rééquilibré les temps de jeu - a été suffisamment apprécié pour qu'il se voit confier l'équipe la saison prochaine, mettant fin à une série de trois saisons avec des entraîneurs canadiens "de passage".

 

Douzième : Ingolstadt. Le déclin se confirme d'année en année à Ingolstadt. Il s'accélère même. Cette fois, l'ERCI ne s'est même pas qualifié en play-offs, ce qui ne lui était plus arrivé depuis sa première saison de DEL, en 2002. La faute à un recrutement totalement raté.

Yves Sarault avait été engagé pour être un leader qu'il n'a jamais pu devenir, même pas lorsqu'il a été replacé sur une ligne plus défensive qui devait exploiter ses qualités de combattant. L'autre recrue offensive Eric Nickulas n'a pu faire mieux à cause de sa condition physique peu entretenue.

Le choix n'a pas été meilleur derrière le banc : l'entraîneur de l'année Benoît Laporte n'a tenu que trois mois dans son nouveau club, mais a trouvé le temps au cours de ce trimestre de se fâcher avec tout le monde : des joueurs laissés sur le banc - comme le défenseur Tobias Draxinger qui y a perdu son statut d'international - aux journalistes qu'il a invectivés, en passant par les supporters à qui il reprochait leurs sifflets. C'est une impression désastreuse que Laporte a laissé à Ingolstadt où il n'a jamais semblé se plaire. Son assistant Gregg Thomson a pris sa suite mais le championnat était mal embouché. L'équipe est revenue un temps à quatre points de la qualification, mais l'espoir n'a guère duré.

Un trait avait été tiré depuis très longtemps sur cette saison à oublier. Dès le mois de décembre, le club annonçait le retour pour la saison prochaine de Jim Boni, l'homme des meilleures saisons, qui doit revenir mettre de l'ordre dans la maison.

 

Treizième : Straubing. Dommage que les Tigers aient été contraints à l'exil en début de saison après un incendie dans leur patinoire. Ils sont restés dans la course durant tout le championnat, même s'ils ne sont passés au-dessus de la barre que le temps d'un match fin décembre. Peut-être, dans de meilleures conditions, auraient-ils pu envisager une qualification.

Dans le jeu, ils étaient compétitifs. Ils pouvaient rivaliser avec n'importe quel adversaire, mais avaient tendance à se faire prendre en contre après avoir mis la pression sans conclure. On a alors reproché à l'entraîneur Bob Manno une certaine candeur tactique.

Les recrues de deuxième Bundesliga comme le duo Frosch-Whitecotton se sont vite adaptées à la DEL, mais ce sont les stars du club qui ont failli. L'ancien joueur de NHL Eric Chouinard ne faisait plus montre d'une grande volonté et a fini par être suspendu par le club en janvier. Une fin abrupte à ses trois saisons en Bavière. En ce qui concerne le gardien Mike Bales, il a été rattrapé par son âge et ses 88% d'arrêts ont été insuffisants. Son collègue Markus Janka a été meilleur que lui cette année.

 

Quatorzième : Kassel. Même s'il n'y a plus de barrage de relégation, on peut juger la saison d'un promu à l'aune de sa capacité à éviter les deux dernières places. De ce point de vue, Kassel a donc indubitablement réussi sa saison. Encouragés par quatre mille supporters, les Huskies ont retrouvé toute leur place dans la DEL.

Ils n'ont pourtant pas toujours eu la partie facile, notamment à cause de problèmes de gardien. Le champion d'Allemagne 2000 Boris Rousson a dû mettre un terme à sa carrière en décembre après une blessure au genou. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Adam Hauser, qui était resté sous contrat à Mannheim sans espoir de jouer, a pu ainsi trouver un nouvel employeur en octobre. Hauser a réussi des prestations correctes, sauf une pénalité de match contre Düsseldorf qui a eu deux conséquences : la première, c'est qu'un gardien local de 17 ans, Steve Themm, est entré en jeu quinze secondes avant les tirs au but et a gagné le match ; la seconde, c'est que ses six matches de suspension ont obligé son club à embaucher en urgence Nolan McDonald, qui est donc devenu le sixième (!) gardien utilisé dans la saison.

Ces changements devant le filet n'ont pas aidé à stabiliser une équipe diminuée par les blessures de longue durée de l'idole du cru Manuel Klinge et de Drew Bannister, le double défenseur de l'année au niveau inférieur qui a eu beaucoup de mal en DEL. L'inexpérience à ce niveau s'est traduite dans des erreurs individuelles qui ont coûté pas mal de points dans le bilan final.

 

Quinzième : Cologne. Comment le KEC a-t-il pu tomber si bas avec un effectif presque inchangé ? Il n'avait qu'un seul départ à déplorer, celui de son buteur slovaque Ivan Ciernik, mais il n'a jamais pu s'en remettre. Son remplaçant par le vétéran de NHL Mike Johnson a été un ratage : 4 maigres buts, pas l'impact physique attendu, au revoir dès le Nouvel An.

L'autre vide a été laissé par Robert Müller. Le gardien a fait deux apparitions en match de quelques minutes en début de saison, mais il n'était bientôt plus en état de s'entraîner. Lorsque la presse a révélé au public que sa tumeur au cerveau était incurable, il était déjà rentré chez lui à Rosenheim, où il est décédé après la fin du championnat. Dans le vestiaire, on a beaucoup pensé au numéro 80.

Si Cologne est tombé si bas, c'est parce que les cadres du club ont failli. Seuls les internationaux allemands emmenés par Christoph Ullmann ont tenu leur rang. L'icône Doug McLlwain a fait la saison de trop à 41 ans. Les leaders défensifs Stéphane Julien et Mirko Lüdemann ont totalement manqué leur début de championnat et leur équipe ne s'en est jamais remise. Après sept défaites consécutives, la tête de l'entraîneur Doug Mason a fini par tomber. Son adjoint Clayton Beddoes lui a succédé, avant d'être débarqué à son tour en décembre et remplacé par le coach des juniors Rupert Meister. Des solutions internes par défaut, car le KEC n'avait plus les moyens de recruter à l'extérieur. Avec deux mille spectateurs perdus en moyenne par match, la situation financière était en effet alarmante.

Le KEC s'est donc comporté comme un vulgaire club de bas de tableau, en laissant partir plusieurs joueurs (Julien, Piros, Pratt) avant la clôture des transferts fin janvier, au mépris de la régularité de la compétition. L'économie de leurs derniers mois de salaire était devenue indispensable pour éviter le dépôt de bilan qui menaçait. On a beaucoup glosé dans les "petits clubs" contre Rodion Pauels, le manager de Cologne, grand pourfendeur des petites équipes qui n'apportent rien au spectacle et partisan affirmé d'une DEL à douze : avec un tel classement final, le KEC ne mériterait même plus d'en faire partie...

 

Seizième : Duisburg. La plaisanterie est finie. Le comique de répétition a donc ses limites : cinq joueurs virés pendant la pré-saison (dont la star sur le retour Pat Lebeau qui rechignait à s'entraîner et a fini par être contagieux), cinq autres au cours de la saison, et six joueurs recrutés en cours de championnat, dont deux avec des contrats de deux ans... Il y eut certes quelques coups de théâtres inédits : un match abandonné au premier tiers parce que les deux gardiens étaient blessés, ou encore la démission collective de tout le staff début janvier (l'entraîneur Dieter Hegen, son adjoint Karel Lang et le directeur sportif Franz Fritzmeier). Puisque personne ne pouvait et ne voulait prendre en mains cette non-équipe, on a demandé au coordinateur du hockey mineur Willy Mühlenhaus de la coacher, lui qui disposait seulement d'une licence C - le grade le moins élevé - et n'avait jamais entraîné de seniors... Il n'a pas fait moins bien que les autres, décrochant cinq victoires.

En décembre, le patron Ralf Pape avait déjà annoncé qu'aucun joueur de champ ne serait reconduit l'année suivante. Qu'avait-il donc obtenu pour une masse salariale de 3,5 millions d'euros ? Une défense avec un seul joueur de bon niveau, l'arrière slovaque Stanislav Jasecko ; une attaque qui n'a jamais formé de collectif et qui dépendait du bon vouloir du technicien russe Aleksandr Selivanov, passé au bord du licenciement en raison de sa condition physique déplorable. Lorsque Didi Hegen a fait passer un test de lactate à tous les joueurs à son arrivée, il a été affolé : plusieurs joueurs présentaient des résultats qui n'avaient rien à voir avec ceux d'athlètes de haut niveau...

En fin de saison, Pape avait décidé d'arrêter de gaspiller son argent et de se retirer de la DEL. Faute de relégation sportive qu'il avait appelé de ses vœux, il a alors demandé une relégation volontaire. Le problème est qu'il a alors déclaré son club en faillite, non pas parce qu'il était en déficit, mais uniquement pour se débarrasser des contrats pluriannuels qui avait été accordés à plusieurs des "rentiers" constituant l'équipe. La fédération était prête à l'accepter en Oberliga nord, tant elle avait besoin de candidats pour que cette division se constitue. Mais puisqu'il ne pourra pas y avoir d'Oberliga nord, Duisburg va être obligé de repartir du bas de l'échelle. Pape aurait bien voulu placer son équipe en deuxième Bundesliga, pour créer ainsi un partenariat local de prêts avec Herne (Oberliga), qu'il possède depuis un an, et Cologne, où il est entré au capital au printemps. Le règlement interdit que la Bundesliga accepte un club de DEL s'étant déclaré en faillite. Les gros contrats donnés à des vétérans égoïstes auront décidément coûté cher, non seulement à Pape mais à tout le hockey à Duisburg.

 

 

Les clubs de 2e Bundesliga

 

Premier : Bietigheim-Bissingen. Pendant plusieurs saisons, les Steelers avaient mis beaucoup de moyens dans leur recrutement en claironnant leur objectif de monter en DEL, mais avaient obtenu des résultats décevants. Cette année, les recrues se sont toutes révélées parfaites : les deux meilleurs défenseurs du championnat Doug Andress et Stéphane Robitaille, le meilleur défenseur allemand (Andreas Geipel de Landshut), le meilleur centre aux engagements (Gregory Schmidt), l'international danois Kasper Degn, le gardien Sinisa Martinovic... les Meilleure attaque, meilleure défense, meilleure équipe en supériorité et en infériorité : la domination a été incontestable.

C'est une fois que les confettis ont été nettoyés que les vrais problèmes ont commencé. Alors qu'il ne devait pas y avoir de promotion, le retrait de Duisburg ouvrait une possibilité de monter. Le club devait se décider très vite, sans y être préparé. La DEL avait fait savoir que sa patinoire n'était pas conforme et qu'il faudrait jouer un minimum de matches à Stuttgart pour être accepté. Sauf que l'arena de Stuttgart est déjà très occupée et n'a plus beaucoup de dates disponibles. La crise financière renforçait encore l'incertitude, et les dirigeants décidaient finalement de ne pas tenter l'aventure. Un choix qu'il faudra assumer face aux joueurs, à l'entraîneur Christian Brittig et aux supporters...

L'été s'annonce donc houleux à Bietigheim, d'autant que la mairie a repoussé à l'automne la décision sur la rénovation de l'antique patinoire, qui est le point-clé de l'avenir du club.

 

Deuxième : Munich. Le défi qui avait toujours échoué - implanter le hockey durablement dans la capitale bavaroise - est peut-être en train de réussir, avec deux mille spectateurs de moyenne (+30%) et 3400 en play-offs. On le doit essentiellement aux grandes compétences de l'entraîneur Pat Cortina, en parfaite harmonie avec le manager Christian Winkler. Le seul problème est qu'il faut gérer les deux mandats de Cortina, également sélectionneur de la Hongrie. Comme il devait mener ce pays à ses grands débuts dans l'élite mondiale, il n'était pas présent lors de la défaite à la quatrième manche de la finale, laissant l'ancien gardien Peppi Heiss coacher à sa place.

L'attaque à quatre lignes de Munich rivalisait avec celle de Bietigheim. La défense expérimentée a gagné peu à peu en sécurité. Les cages restaient un point d'interrogation. Fin décembre, alors que Düsseldorf avait rappelé Jochen Reimer de son prêt pour cause de blessure de Storr, Munich était contraint de recruter Sebastian Elwing, l'ancien second gardien de Kassel. L'habituel titulaire Jochen Vollmer est en effet réputé pour connaître des problèmes de santé, qui n'ont pas manqué puisqu'il a enchaîné des soucis aux adducteurs et une grippe. Le style peu conventionnel d'Elwing, fort en un contre un mais lâchant pas mal de rebonds, a peiné à convaincre les supporters, qui avaient encore tendance à prendre partie pour leur "Joey" Vollmer. C'est cependant Elwing qui a été désigné numéro en un en play-offs et qui y a élevé son niveau jusqu'à la finale.

 

Troisième : Ravensburg. Le club qui monte dans le hockey allemand, grâce à une organisation solide et à un public nombreux, a dépassé toutes ses espérances. Non seulement il a joué ses premiers play-offs à ce niveau, mais il a atteint les demi-finales. Le remplacement de Dennis Endras s'annonçait délicat, mais le nouveau gardien Christian Rohde a su vaincre le scepticisme du public et s'acquitter de sa tâche avec brio.

Le départ au bout de neuf journées du marqueur Robert Brezina - qui contestait les choix tactiques et avait demandé à partir - a été la seule fausse note de la saison. Ni cette péripétie, ni les nombreuses blessures de longue durée (dont le meilleur passeur Ben Thomson finalement opéré d'une épaule blessé deux fois en un an), ni la naturalisation tardive de la recrue Éric Nadeau n'ont perturbé une équipe qui est restée soudée. Un vrai groupe s'est formé, et il est destiné à former une puissance durable de la Bundesliga.

 

Quatrième : Weißwasser. Pendant des décennies, l'ancienne Allemagne de l'est comptait deux clubs de haut niveau, deux "Dynamo", l'un à Berlin et l'autre à Weißwasser. Si le premier s'est converti à merveille au capitalisme sous le nom d'Eisbären, le second intéresse beaucoup moins les investisseurs dans son petit village de Saxe. Les "Lausitzer Füchse" - les renards de la Lusace - se battent depuis des années pour survivre au moins dans cette deuxième division.

Mais cette année, quelques bonnes pioches leur ont permis de faire mieux que se maintenir. Le gardien Ryan McDonald a été performant malgré des sautes de concentration admissibles à son jeune âge (23 ans). Le centre canadien Preston Mizzi, arrivé à la fin de la pré-saison à la place du triple champion finlandais Mikko Rautee renvoyé pour problèmes de santé, s'est imposé comme meilleur marqueur.

Pourtant, après une série de 14 défaites en 17 matches, la qualification semblait compromise. Plutôt que de se prendre à son entraîneur Thomas Popiesch (doté d'une bonne cote et engagé l'an prochain par Dresde), Weißwasser a alors fait le ménage dans l'équipe. L'attaquant Shaun Sutter a été écarté au passage et le meilleur joueur de la saison précédente Carsten Gosdeck, qui a beaucoup déçu entre-temps à Riessersee, est revenu sur les lieux de ses exploits. Avec ce renfort, les renards ont remporté 9 de leurs 11 dernières parties de saison régulière. Ils ont ainsi terminé sixièmes de la saison régulière, qualifiés directement pour les quarts de finale où ils ont éliminé le mieux classé Heilbronn pour atteindre une demi-finale inespérée.

 

Cinquième : Heilbronn. Il faut dire que les Faucons se sont présentés affaiblis dans ces play-offs. La saison de leur capitaine Jean-François Caudron était déjà terminée à cause d'une blessure au genou. Et au premier match du quart de finale, Aaron Power a dû partir à l'hôpital, touché au dos. Ce "Power" venu d'ECHL avait un nom prédestiné : le slap du défenseur devait être l'arme fatale du "powerplay". Mais quand il a commencé à être connu de toute la Bundesliga, les adversaires se sont méfiés de son lancer et il est lui aussi devenu inefficace.

Inefficace, un qualificatif qui s'est longtemps appliqué à toute l'attaque de Heilbronn, l'avant-dernière du championnat. Le meilleur symbole en a été le petit centre américain Derek Edwardson, qui est resté quatre mois sans trouver le chemin des filets, sûrement une espèce de record pour un attaquant étranger en deuxième Bundesliga. Cette disette offensive n'a jamais pu être corrigée, le joker israélien Max Birbraer ne s'étant jamais vraiment intégré à l'effectif.

 

Sixième : Landshut. Une année de consolidation, tels étaient les plans du club formateur bavarois qui se voyait un peu en retrait. Il a pourtant passé les deux premiers mois dans le top-4, grâce à un recrutement malin : le manager Bernd Truntschka a fait le pari d'engager un centre directement venu d'université, Ben Cottreau, alors que ses collègues recrutent généralement des joueurs déjà passés professionnels. Cottreau a si bien réussi son adaptation européenne qu'il a été engagé en DEL par Hanovre l'an prochain. Le Canadien évoluait pourtant le plus souvent entre deux ailiers allemands, Josef Menauer et le nouveau talent Tom Kühnhackl, qui n'a eu 17 ans qu'en janvier. Le fils du "joueur allemand du siècle" Erich Kühnhackl a réussi d'étonnants débuts en senior (à 16 ans, donc) et a fini la saison avec 12 buts.

De telles performances ont relevé les ambitions de l'équipe. Mike Bullard, qui avait été le seul à parler de demi-finale, a dû assumer ses propres objectifs. Malheureusement pour lui, l'ancien joueur-vedette a décidément moins de réussite dans sa carrière d'entraîneur, viré une fois de plus, à huit journées de la fin, payant notamment des unités spéciales très faibles. Le directeur sportif, le jeune retraité Günter Oswald, l'a remplacé sur le banc, et a constaté un paradoxe : Landshut, qui avait obtenu les trois quarts de ses points à domicile, s'est fait éliminer en quart de finale par Ravensburg pour avoir perdu trois fois chez lui.

 

Septième : Bremerhaven. La pire équipe à l'extérieur a été celle des "Fischtown Pinguins". Lorsqu'elle quittait son port d'attache, elle tanguait dangereusement et l'équipage se dispersait. Le comble dans une ville maritime, il semblait manquer d'un capitaine pour diriger les manœuvres en pleine mer ! Celui qui avait été choisi, c'était un Tchèque, Martin Sekera. Mais enfin, moussaillon, il n'y a pas la mer en République Tchèque ! En fin de saison, l'armateur s'est aperçu de son erreur et a donné le "C" à Brandin Cote... sans savoir qu'il n'y a pas non plus la mer dans son Saskatchewan natal.

On ne se racontera pas cette saison très longtemps dans les bistrots des quais. Il ne s'y est rien passé d'extraordinaire. Seul fait marquant, le licenciement fin décembre de l'international néerlandais, Jamie Schaafsma, trop individualiste. Mais son remplaçant Garrett Prosofsky, gros marqueur en CHL, n'avait vraiment pas le niveau.

 

Huitième : Riessersee. Alors que le débutant Markus Bleicher avait élu meilleur entraîneur, il n'avait curieusement pas été reconduit à Garmisch-Partenkirchen. Les dirigeants avaient considéré qu'il fallait un nouveau spécialiste pour poursuivre le développement du SCR. Quelle erreur ! Le nouveau venu Kim Collins a voulu mettre en place un système de jeu plus offensif, mais aussi plus exigeant dans le patinage. Son message n'est jamais passé auprès des joueurs. Après une série de sept défaites conclue par un 0-8 contre Bietigheim, il a dû rendre son tablier. Le vieux Gerhard Brunner a donc pris en charge l'équipe une dernière fois, puisqu'il a pris sa retraite définitive à 58 ans à l'issue de la saison.

Riessersee aura vécu son grand moment le 30 janvier quand une opération spéciale a permis de rassembler 6600 spectateurs pour un derby contre Bad Tölz, perdu aux tirs au but. Mais le dépôt de bilan du vieux rival Bad Tölz a permis au SCR d'être repêché en play-offs. Il a même battu Fribourg-en-Brisgau pour atteindre les quarts de finale. Bietigheim y était cependant trop fort, remportant les quatre confrontations comme il l'avait déjà fait en saison régulière.

 

Neuvième : Fribourg-en-Brisgau. Le promu a réussi un très bon retour dans la division, avec un hockey frais, technique et débridé, dans la tradition locale.

Mais ces "pré-play-offs" perdus contre Riessersee resteront comme une frustration. Il faut dire que Fribourg-en-Brisgau les a abordés avec cinq joueurs blessés dont le meilleur défenseur Sergei Stas et le combatif capitaine Patrick Vozar. Alors, quand le meilleur marqueur Roman Kadera a pris une pénalité de match pour avoir répondu à une faute qui a échappé à l'arbitre, il a ruiné les chances de son équipe. Celle-ci a fini par encaisser l'égalisation à trois secondes de la fin et a perdu la seconde manche pendant qu'il était suspendu.

 

Dixième : Schwenningen. Le SERC se voyait en grand favori. Il disposait cette année du plus gros budget, mais avait peut-être sous-estimé les contraintes de sa préparation, délocalisée par la rénovation de sa patinoire. Lorsque la "Helios-Arena" (renommée du nom d'une entreprise de ventilation) a ouvert début octobre devant cinq mille spectateurs, c'était au beau milieu d'une série de cinq défaites qui a fait tomber Schwenningen à l'avant-dernière place.

L'entraîneur finlandais Jari Pasanen avait imprimé son style très offensif qui n'apportait pas des résultats très réguliers. Il s'ensuivit une bonne série de 7 victoires en 8 matches, puis une nouvelle série de 5 défaites en 6 matches qui sonna le glas de Pasanen. Son successeur Kim Collins n'a cependant pas amélioré la situation et a jugé que l'équipe avait été sous-estimée au départ. La présence du meilleur marqueur du championnat Radek Krestan ne faisait pas tout. Trop d'erreurs individuelles ont conduit à ce bilan très décevant, sanctionné par une élimination rapide en deux manches (3-4 et 1-4) face à Bremerhaven.

 

Onzième : Dresde. Coach et manager à la fois, Jan Tabor a l'habitude de tout décider à Dresde et a donc concentré la critique : il a licencié cinq joueurs en cours de saison, en a embauché cinq entraîneurs, et a consommé deux entraîneurs (l'assistant Otto Keresztes et Markus Berwanger) après s'être retiré du banc.

Tabor, en annonçant son retrait en janvier, s'est défendu en expliquant qu'il avait été réticent à changer l'équipe qui avait obtenu la promotion, par crainte de froisser les supporters et les joueurs concernés. Or, les cadres de la montée n'avaient pas forcément le niveau pour être parmi les six joueurs étrangers autorisés en Bundesliga. Un constat qui a conduit à mettre à l'écart Petr Sikora et Jason Lundmark en cours de saison.

Une page se tourne après dix années de présence de Jan Tabor, une comme joueur et le reste aux diverses fonction d'encadrement. Il a incarné ce club et lui a donné une forte empreinte tchèque qui devrait maintenant s'effacer.

 

Douzième : Crimmitschau. Juste avant le dernier match de pré-saison, le nouvel entraîneur Sergei Svetlov s'est retiré de son poste, en arguant de raisons médicales. On apprenait peu après qu'il avait en fait trouvé un poste d'adjoint lucratif en KHL... Après ce lâchage en règle, Crimmistchau a rappelé Doug Irwin, qui avait proposé ses services durant l'été. Il n'aura tenu que seize journées.

Wayne Hynes est arrivé en novembre, troisième coach en trois mois ! Il a conduit l'équipe à une belle série de 6 victoires en 8 matchs en décembre. Le problème, c'est que durant tout le reste de la saison (40 matchs), Crimmitschau n'a aussi obtenu que 6 victoires... Bons derniers au classement, les Saxons ne doivent leur maintien qu'à l'annulation de la poule de relégation après l'affaire Bad Tölz. Mais cette saison pourrie a laissé un trou dans le budget, car la moyenne de spectateurs est passée pour la première fois en dessous de la barre des 2000.

 

Déclassé : Bad Tölz. C'est un joli conte de fées qui a été propagé par des dirigeants coupables : celui d'un promu qui était devenu un candidat au titre alors qu'il jouait le maintien avec soi-disant le plus petit budget de la deuxième Bundesliga. L'équipe avait été renforcée à quelques postes-clés - dont le meilleur gardien du championnat Steve Silverthorn - mais s'appuyait sur la même ligne d'attaque de feu que l'an passé, emmenée par un T.J. Mulock devenu international allemand.

Il y a parfois des non-dits dans les contes de fées. La plus belle saison du hockey à Bad Tölz depuis un quart de siècle était bâtie sur un mensonge : le club vivait en fait au-dessus de ses moyens. Il a dû ouvrir une procédure de faillite avant la fin de saison et a été sanctionné en conséquence : interdiction de play-offs et relégation automatique en Oberliga. De cette jolie équipe, il ne restera plus que des souvenirs émus...

 

 

Oberliga

L'impulsif entraîneur Joe West, tant critiqué pour ses coups de colère mais toujours en place, n'avait plus le droit à l'erreur cette fois, et il le savait. Le EC Hanovre avait fini par se croire maudit après avoir échoué à quatre reprises dans sa quête de la montée. Mais les trois dernières éliminations avaient été subies aux dépens de clubs du sud. Cette année, les play-offs étaient séparés, et il y aurait donc un promu par zone géographique. Les Indians étaient donc seuls au monde.

Le seul adversaire déclaré à la montée s'est en effet mis hors-jeu de lui-même. Leipzig a en effet déposé son bilan et était donc destiné à une relégation sur tapis vert. Mais il y avait une telle pénurie de clubs pour pérenniser l'Oberliga nord qu'un compromis fut adopté : le club devait renoncer aux play-offs mais conservait le droit de rester à ce niveau l'an prochain. A posteriori, la fédération grinça des dents en apprenant la vraie situation comptable de Leipzig, pire que prévu. Mais a posteriori, c'est bien Leipzig qui est floué : à la suite du retrait de la réserve des Eisbären, l'autre club berlinois des Preussen est revenu sur sa montée, Rostock et Halle ont sauté du train, l'organisation d'une Oberliga nord est impossible, et le compromis ne tient plus.

 

Le championnat a été beaucoup plus intéressant au sud. Quatre clubs étaient au-dessus des autres, et assez proches entre eux : trois fiefs historiques (Rosenheim, Kaufbeuren, Füssen) et l'inattendu Peiting, petite ville de 12 000 habitants qui ne compte que quatre saisons de 2e Bundesliga de toute son histoire. Pourtant, en saison régulière, c'est le club au moins riche passé - Peiting - qui est arrivé en tête : Libor Dibelka, venu du deuxième niveau tchèque, a fini meilleur marqueur de la division avec 136 points, à égalité avec... son compagnon de ligne Simon Barg. Mais le joueur de l'année en Oberliga, c'est le gardien de Peiiting, Stefan Vajs, un jeune joueur de 20 ans formé à Cologne.

Il a évidemment profité du fait que les gardiens étrangers sont désormais interdits en Oberliga, même si certains ont contourné l'interdiction comme Klaus Dalpiaz, l'ex-international autrichien titulaire d'un passeport allemand, revenu à Rosenheim qu'il avait déjà fréquenté à l'époque de la DEL. Mais Dalpiaz - contesté comme titulaire par Oliver Häusler - et Vajs ont échoué tour à tour en play-offs face à Leo Conti, décisif au bon moment pour envoyer Kaufbeuren en Bundesliga.

Cette remontée de l'ESVK, après deux ans de purgatoire, n'a pas été un long fleuve tranquille. Que ce soit le gardien Conti, le jeune entraîneur Markus Bleicher ou bien les joueurs étrangers, tous étaient pointés du doigt parce que l'équipe ne décollait pas de la troisième place. Et celui qui fut mis à la porte début décembre... c'est le capitaine Thorsten Rau, une décision impopulaire auprès des supporters car elle touchait une figure du club. Le message était passé : personne ne devait se croire à l'abri. À partir de cet instant, Kaufbeuren s'est mué en forteresse à domicile, battu une seule fois en prolongation par Füssen. Et la route du titre était ouverte car tous les cadres ont élevé leur niveau en play-offs.

 

Les promotions sont toujours particulièrement fêtées en Oberliga, aux cris de "plus jamais ça !". Elle en effet devenue une division-repoussoir, tiraillée entre des clubs à l'organisation professionnelle et d'autres qui ont du mal à suivre le rythme. À force d'incertitude sur sa composition et sur sa formule remise en cause chaque été, les clubs jouant plus haut redoutent d'y descendre, mais surtout les clubs jouant plus bas craignent d'y monter, ce qui rend encore plus difficile les essais pour la restructurer. C'est devenu une spirale infernale tant sa réputation en a souffert. Un des deux promus prévus (Hügelsheim) ayant finalement déclaré forfait pour raisons financières, il n'y aura que onze clubs en poule unique l'an prochain, ce qui est un non-sens pour une troisième division nationale.

Marc Branchu (photo Raymond Tellers)

 

 

Retour à la rubrique articles