Russie 2008/09 : bilan

 

Résultats du championnat russe

 

Pour sa première saison, la KHL a réussi son pari, concentrer plus d'attention médiatique que la Superliga. Mais ce fut le meilleur et pour le pire...

Le pire, ce fut le décès d'Aleksei Cherepanov, le grand espoir de l'Avangard Omsk, celui dont la Russie pouvait toujours espérer qu'il serait le premier super-talent depuis la chute de l'URSS à ne pas partir en NHL. Les images de son corps inanimé sous le regard de son coéquipier Jaromir Jagr, puis le débat autour de l'absence de défibrillateur en fonctionnement et du délai de réaction des secours, ont produit ce que la KHL voulait surtout éviter : qu'elle fasse peur. Les conclusions de l'enquête officielle est que Cherepanov avait pris trois heures avant le match de la nicéthamide, un stimulant interdit plus connu sous le nom de coramine et souvent pris associé au glucose. Il s'agit soit de dopage, une grave faute sportive, soit d'un traitement - totalement inapproprié - à une myocardite (la thèse officielle), ce qui constitue alors une grave faute médicale puisque les médecins connaissaient les problèmes cardiaques du joueur. La suspension à vie du médecin de l'Avangard - qui a nié avoir administré ledit produit - ne suffit pas à lever ces questions.

Le meilleur, ce furent d'incroyables play-offs, dont le scénario est d'ailleurs dû en grande partie aux troubles vécus par l'Avangard Omsk, qui n'aurait sans doute rien eu à faire en seizième position dans des circonstances normales, mais qui en a profité pour devenir la terreur des favoris, en éliminant le champion en titre Ufa puis en faisant très peur au futur champion Kazan. Les séries ont été un vrai couronnement sportif, et la première finale au meilleur des sept matchs a effectivement duré sept matchs, permettant que la Coupe Gagarine soit remise le "jour des Cosmonautes", anniversaire du premier vol d'un être humain en orbite terrestre.

La KHL est donc lancée et satellisée. Les Nord-Américains sceptiques prédisaient l'explosion de la bulle financière. Ce ne fut pas totalement le cas, mais avec la crise économique qui a énormément affecté la Russie, notamment via la chute du cours des matières premières, les difficultés économiques ont été importantes. Sans même parler des réductions de salaire imposées pour la prochaine saison, certains ont ressenti les effets dès cette saison. Tous les contrats étaient indexés en roubles, une monnaie qui a perdu un tiers de sa valeur. Les joueurs étrangers se sont sentis floués, mais il ne s'agit là que d'application de règles contractuelles connues de tous au départ. Les retards de paiement trop fréquents sont beaucoup plus gênants pour que les clubs russes soient totalement pris au sérieux.

 

Premier : Ak Bars Kazan. Les récents succès des panthères tatares avaient été intégralement bâtis sur la ligne Zaripov-Zinoviev-Morozov, peut-être la meilleure du monde par son entente exceptionnelle. Mais tout passe et tout se lasse. Sergei Zinoviev, en froid avec l'entraîneur Zinetula Bilyaletdinov, a été poussé peu à peu au fond du banc puis au placard, et a fini par écrire directement au président de la KHL pour être libéré de son contrat.

Cela allait-il affecter la première ligne ? Pour la première fois depuis quatre ans, Aleksei Morozov n'a pas été élu meilleur joueur du championnat... mais c'est parce que c'est son collègue Danis Zaripov qui l'a devancé dans l'élection ! L'international suédois Tony Mårtensson s'est fondu comme si de rien n'était au milieu des deux ailiers russes. Kazan est donc redevenu champion et a retrouvé une première ligne de choc. Inutile de dire que les Tatars veulent maintenant tout faire pour garder Mårtensson, qui n'était que prêté un an à Linköping. On ne trouvera pas chaque année un centre de ce niveau capable de s'intégrer sur cette ligne d'exception sans en ruiner l'équilibre.

Le sacrifice de Zinoviev en valait la peine et Bilyaletdinov a ajouté un succès de plus à son palmarès. Un titre qui n'avait rien d'évident avec trois défenseurs blessés et un gardien opéré de la main (Fredrik Norrena) pendant les play-offs. L'Ak Bars a surmonté l'adversité et a pu compter sur la révélation de 21 ans Stanislav Galimov : ce gardien originaire de Magnitogorsk a très vite supplanté son collègue venu de NHL Wade Dubielewicz, reparti sans gloire en décembre, puis suppléé son successeur Norrena quand il le fallait.

 

Deuxième : Lokomotiv Yaroslavl. L'Arena-2000 de Yaroslavl a pour adresse le 15 de la rue Gagarine. Tous les supporters du Loko y voyaient donc le lieu idéal pour soulever la première "Coupe Gagarine" de l'histoire, comme si ce nom avait été choisi comme un clin d'oeil.

L'entraîneur finlandais Kari Heikkilä espérait que cette année serait la bonne. Son système défensif parfaitement au point, qui fait travailler tout le monde, compensait le léger manque de mobilité de ses arrières. De plus, il pouvait compter sur l'étonnant Georgi Gelashvili. Après avoir quitté Chelyabinsk de manière forcée à cause d'un conflit avec le coach Nazarov, il est tout simplement devenu le gardien de l'année ! Seul titulaire incontesté de la KHL ("95% des matches et 100% de notre confiance" selon la formule de Heikkilä), Gelashvili n'a jamais faibli et a aligné trois blanchissages de suite en play-offs, deux pour éliminer Magnitogorsk en demi-finale, puis un pour ouvrir la finale.

Le Loko avait tout pour l'emporter, des attaquants puissants physiquement (Yashin, Vasicek, Mikhnov) et une infirmerie vide. Au match 2 de la finale, il comptait trois buts d'avance, un avantage normalement énorme pour une équipe aussi défensive. Et pourtant, Kazan est remonté, avec des buts de raccroc, des déviations chanceuses ou des écrans. Yaroslavl a mené toute la finale sans pouvoir conclure et s'est finalement incliné lors de la manche décisive, comme l'an dernier face à Ufa. Il manque toujours ce petit plus qui fait la différence à l'équipe la plus stable de Russie.

 

Troisième : Metallurg Magnitogorsk. Avant les play-offs, "Magnitka" a vendu les places pour trois tours, jusqu'aux demi-finales. Cela pouvait passer pour de l'arrogance vis-à-vis de ses premiers adversaires, mais elle était justifiée. Les Métallurgistes sont allés en demi-finale... et pas plus loin. Les deux gardiens Ilya Proskuryakov et Andrei Mezin ont été tour à tour remplacés en cours de match pendant trois rencontres de suite, pendant que Gelashvili envoyait le Loko en finale.

La fatigue et l'usure ont eu raison du champion d'Europe sortant, dont on pressentait déjà le déclin. Dans un calendrier de KHL dense jusqu'à l'étouffement, il a joué neuf matches de plus que les autres : la Coupe Victoria et la Ligue des Champions. Ce Metallurg-ci n'était plus capable de jouer sur autant de tableaux, ni physiquement ni encore moins mentalement.

"Nous sommes entrés parmi les quatre meilleurs clubs de KHL, en compagnie d'équipes de haut niveau. Ajoutez à ça la finale de la Ligue des Champions et la participation à la Coupe Victoria. Je pense que c'était une bonne saison", a jugé le buteur tchèque Jan Marek. Il n'est pas certain que tous les supporters ouraliens partagent une vision aussi "coubertine". Se faire remonter trois buts d'avance en un tiers-temps par les New York Rangers, se faire surclasser par Zurich, puis se faire éliminer nettement en demi-finale, ce n'est pas forcément leur idée d'une saison réussie...

 

Quatrième : Dynamo Moscou. L'avalanche de blessures en septembre s'est poursuivie durant les mois suivants, comme si la poisse s'acharnait sur les bleu et blanc. Il n'y a pas une ligne qui ait été éparngée, gardien Eremeïev inclus. Certains vétérans comme le capitaine Vitali Yachmenev ou le défenseur Daniil Markov ont même connu une seconde blessure de longue durée, peu après avoir repris le jeu.

Mais lorsque l'infirmerie s'est vidée avant les play-offs, on a pu se rendre compte combien le Dynamo comptait sur un effectif impressionnant lorsqu'il était en pleine possession de ses moyens. Les adversaires des premiers tours, le Dinamo de Riga puis le CSKA, ont été totalement démolis en trois manches sèches. Et en demi-finale, même Kazan semblait prenable dans ce qui était un choc des titans. Et puis, la scoumoune est revenue. Le défenseur Denis Denisov s'est rompu les ligaments l'épaule au match 4, puis ce fut au tour le surlendemain d'Éric Landry, le seul Nord-Américain à s'être qualifié pour les demi-finales de KHL, séché par une charge contre la bande de Panin. C'était un signe : ce n'était pas la saison du Dynamo, qui n'a jamais pu travailler au complet.

L'entraîneur Vladimir Vujtek, qui reste toujours le seul entraîneur étranger champion de Russie (avec Yaroslavl), n'a pas été tenu responsable de cette malchance. Il a eu une proposition d'extension de contrat, mais il avait connu de nouveaux problèmes de santé en fin de saison. Il a doncrepris sa retraite, définitive cette fois, à 62 ans. Son adjoint Sergei Kotov lui succèdera. En deux ans au Dynamo, le Tchèque n'aura pas obtenu de titre, mais il aura laissé un excellent souvenir à tout le personnel du club par son affabilité.

L'affabilité n'a pourtant pas été la qualité première du Dynamo dans ces play-offs. Il a diffusé sur l'écran vidéo de sa patinoire des clips dirigés contre les arbitres ou équipes adverses, et a été mis à l'amende par la KHL pour ne pas avoir pratiqué les poignées de mains de fin de match. C'était une volonté délibérée d'imiter les coutumes "occidentales", où on ne se salue en play-offs que lorsque la série entière est terminée, mais même après la fin de la demi-finale, Sergei Zinoviev - ô surprise - a encore refusé de serrer la main de ses ex-coéquipiers de Kazan...

 

Cinquième : Atlant Mytishchi. L'Atlant a obtenu le deuxième meilleur total de points en saison régulière en s'appuyant sur une ligne qui écrasait tout, avec les défenseurs Magnus Johansson et Mikhaïl Balandin, le centre finlandais Esa Pirnes, et deux ailiers russes, le meilleur marqueur de la saison régulière Sergei Mozyakin et le nouveau recordman de points en un match de championnat russe Albert Leshchev (3+3, contre 2+4 au précédent détenteur Kovalchuk).

Toute la saison, le club s'est inquiété d'un possible retour impromptu en NHL du caractériel gardien canadien Ray Emery, qui est d'ailleurs revenu en retard à la trêve de février. Et, juste avant les play-offs, il a en fait pâti du départ... d'Esa Pirnes, rentré en Finlande parce que sa femme était enceinte et que le hockey passait pour lui au second plan ! Le staff de l'Atlant en est resté coi. En l'absence des Pirnes, les ailiers Mozyakin et Leshchev, dotés jusque là d'excellentes statistiques, ont rendu une fiche négative en play-offs, et l'équipe de Mytishchi a été sortie en quart de finale.

Ce fut d'ailleurs une série très particulière pour l'entraîneur Fedor Kanareikin puisqu'elle l'opposait à son ancien club, le Metallurg Magnitogorsk. Et le moins que l'on puisse dire est que les émotions ont pris le dessus lors des deux matchs joués dans l'Oural. Le directeur général des métallurgistes Gennadi Velichkin a mis de l'huile sur le feu en faisant une allusion à la télévision aux "trop nombreux" licenciements de Kanareikin. Lorsque les deux hommes ont eu le malheur de se croiser, Velichkin a pointé le coude en direction de Kanareikin, qui a répondu en le poussant contre le mur. Après quelques secondes, le vieux directeur a fait un malaise et est tombé à terre, d'où une ambulance l'a emporté à l'hôpital. On lui a diagnostiqué une forte tension artérielle. Voici l'explication de l'expression "play-offs à haute tension"... Le lendemain, Kanareikin se déplaçait dans les couloirs de la patinoire de Magnitogorsk en se faisant accompagner par deux gardes du corps (!) et se refusait à pardonner : "Je suis dans le hockey depuis 1967 et je le connaissais comme un sport de gentlemen. Comment Velichkin le perçoit, je ne sais pas. L'équipe du Metallurg a été créée dans les années 90, mais nous avons été élevés dans d'autres traditions."

Il aurait pu s'abstenir de ce genre de commentaires... La tradition de Magnitogorsk est bien plus ancienne que ça, même s'il n'évoluait pas à aussi haut niveau, alors que l'Atlant est une création récente et que son école de hockey s'est signalée quelques mois plus tôt par une bien triste affaire : un coach, Nikolaï Shershukov, a violemment frappé à la tête un hockeyeur de 15 ans, à qui les médecins ont prescrit de rester trois jours au lit en raison d'une commotion cérébrale. Lorsque les parents du joueur (qui habitent Barnaul, la ville d'où est originaire... Cherepanov) ont téléphoné au directeur de l'école Antonyuk, celui-ci a organisé des représailles en refusant à l'adolescent de s'entraîner et en cassant son matériel. Mais sa soeur avait déposé une plainte à la police qui est venue fourrer son nez... Shershukov a alors été licencié... pour être aussitôt embauché pour s'occuper d'autres gamins à Stupino ! Qui parlait de "sport de gentlemen" et "d'autres traditions", déjà ?

Le très jeune club de l'Atlant ne devrait plus tutoyer les sommets très longtemps. Il a connu de graves problèmes financiers avec la perte d'un gros sponsor (l'entreprise de construction PIK) mais il a surtout son principal soutien Aleksandr Gornostaïev, le vice-président de la région de Moscou qui a dû quitter son poste après quelques ennuis judiciaires. C'est lui qui avait largement financé le club et la construction de sa patinoire avec le budget régional, et les vannes pourraient se fermer...

 

Sixième : CSKA Moscou. Il y a une chose que Vyacheslav Bykov aura raté au CSKA Moscou, c'est son départ. Après l'élimination douloureuse dans le derby contre le Dynamo en quart de finale (1-2, 0-7, 1-5), Bykov et son indissociable adjoint Zakharkin ont annoncé leur démission de leur poste en club lors d'un point presse au début du stage de l'équipe nationale. Les dirigeants du CSKA, Tikhonov en tête, ont été outrés de ne pas être prévenus et vouent maintenant Bykov, cet entraîneur qui "n'était rien" quand l'ex-club militaire l'a engagé, aux gémonies.

Alors, Bykov a-t-il servi le CSKA ou s'en est-il servi ? L'un ne peut pas aller sans l'autre. Après une année d'apprentissage, le jeune entraîneur a amené son club quatre fois de suite dans les six premiers, alors que cela faisait douze ans qu'il ne dépassait pas la dixième place. Certains joueurs ont immensément profité de son passage. Prenez Konstantin Korneev, ce défenseur mobile formé aux Krylia Sovietov qui jouait très peu à Kazan : en trois saisons au CSKA, il a obtenu trois médailles aux championnats du monde. Et ce n'est pas uniquement du favoritisme du sélectionneur : Korneev avait excellé lors du titre 2008 à Québec et avait épaté les partisans des Canadiens de Montréal qui savent que leur club l'avait drafté, même si son petit gabarit serait très atypique pour un arrière en NHL.

Bykov a fait progresser les jeunes joueurs, comme les deux attaquants de la génération 1986 qui sont maintenant des cadres : si Denis Parshin a vu sa saison un peu interrompue par une ablation du ménisque, son éternel coéquipier Sergei Shirokov est devenu le meilleur marqueur.

Le CSKA n'a pas tardé à se retourner après le départ-surprise de Bykov : une révolution de palais a eu lieu. Le très politique Vyacheslav Fetisov a pris les commandes du club et devient le nouveau président à la place de Tikhonov (qui reste président d'honneur) tandis que l'ancien sélectionneur des juniors Sergei Nemchinov va cumuler les fonctions d'entraîneur et de manager (ce dernier poste était occupé par Fastovsky). On verra s'ils peuvent faire mieux.

On peut déjà leur donner l'axe d'amélioration le plus évident par rapport à l'époque antérieure : le choix des étrangers. Si le CSKA a servi de pépinière à son entraîneur Bykov pour la sélection russe, la filière suédoise a fait un flop. Jonathan Hedström, l'ancien attaquant d'Anaheim et de Timrå, a été relégué en quatrième ligne et a connu sa pire saison professionnelle en ne marquant qu'un seul but. Mikael Wahlberg est reparti avec une fiche de -10, catastrophique dans un club de haut de tableau, et a été aisément remplacé par le jeune international danois Kirill Starkov (le fils d'un ancien joueur du CSKA, qui ne compte pas comme étranger). Quant à Mika Hannula, il s'est malheureusement blessé au premier tour des play-offs alors qu'il tenait sa meilleure forme.

 

Septième : Spartak Moscou. Le "club du peuple" vit dans la misère depuis la chute de l'URSS, et ses supporters ont avalé bien des couleuvres, dont une année sans équipe senior. Mais cette saison, l'entraîneur Milos Riha leur a rendu leur fierté. Le Tchèque est un véritable acteur qui partage toutes ses émotions sur le banc, communique facilement avec fans et journalistes. Il a tout pour se faire aimer, y compris et surtout les résultats. Le Spartak a pris sa revanche sur le SKA Saint-Pétersbourg qui l'avait éliminé l'an passé et s'est qualifié pour ses premiers quarts de finale depuis onze ans. La patinoire de Sokolniki a fait le plein pour voir ça et les plus anciens n'espéraient même plus revoir un tel engouement. Même l'équipe de football du Spartak a demandé à décaler un entraînement pour pouvoir regarder à la télé leurs collègues hockeyeurs en play-offs.

La recette de ce succès ? Spartak, ça rime avec... Slovaque ! En recrutant des hockeyeurs slovaques, le Spartak a trouvé une filière correspondant à ses moyens, avec un bien meilleur rapport qualité/prix que les stars étrangères de la KHL. Branko Radivojevic et Stefan Ruzicka ont été les deux meilleurs marqueurs de l'équipe, suivis par Maksim Rybin, le petit ailier formé au club, leader spirituel et favori des fans, qui a débuté en sélection nationale à 28 ans et a fait partie des derniers joueurs coupés avant les Mondiaux.

L'autre joueur-clé, ce fut le gardien Dimitrij Kotschnew, décisif pour éliminer le SKA, mais malheureusement malade au tour suivant face au Loko. Il a finalement dû jouer comme étranger, ayant eu des problèmes de passeport, contrairement à son compatriote allemand Eduard Lewandowski. Les deux hommes ont bien réussi en KHL, au point que les supporters du Spartak ont de quoi s'étonner que ni l'un ni l'autre ne soient titulaires en équipe d'Allemagne...

Comme un bonheur n'arrive jamais seul, les fans en rouge et blanc ont pu observer les débuts de Kirill Kabanov, considéré le plus grand talent vu dans l'école du Spartak depuis Ilya Kovalchuk. Il a fait ses premiers pas en KHL à 16 ans et 4 mois, mais en quart de finale, le "gamin" (qui mesure déjà 1 mètre 86 quand même) a subi une commotion cérébrale sur une charge dure mais pas méchante du défenseur Vitali Vishnevski. C'est un peu l'image d'un Spartak qui n'avait aucune chance face à un Loko trop puissant et bien plus expérimenté. Cet incident ne risque pas d'arriver l'an prochain : la KHL a décidé d'interdire la participation à tout joueur de moins de 17 ans !

 

Huitième : Avangard Omsk. Ce matin-là, soixante mille personnes ont défilé pendant trois heures et demie dans l'Arena Omsk pour honorer la dépouille d'Aleksei Cherepanov, ce gamin arrivé dans l'école de l'Avangard à 13 ans, de son petit village de l'Altaï. À midi, son cercueil a été porté sur deux cents mètres jusqu'au corbillard, et parmi ceux qui le tenaient sur leurs épaules figurait la star tchèque Jaromir Jagr.

Après avoir vécu cela, comment passer une saison normale ? Impossible. L'Avangard a traîné sa peine pendant des mois, avec une équipe diminuée, y compris à cause de la réquisition des autres jeunes par l'armée. La crise sportive s'est ajoutée à la crise morale, tandis que ses dirigeants se faisaient officiellement révoquer de leur poste pour ne pas avoir empêché le destin de Cherepanov. S'y est ajoutée une autre affaire, celle du gardien américain John Grahame. La thèse officielle, selon laquelle il avait été sauvé d'un envoi en centre de désintoxication par la prompte intervention au commissariat du manager de l'Avangard Anatoli Bardin, a été contestée par l'enquête menée par le syndicat des joueurs. Celui-ci suspecte que l'ivresse du gardien et son arrestation dans la rue auraient été organisées par le club pour se débarrasser de lui car ses performances ne donnaient pas satisfaction.

Trois entraîneurs se seront succédé. Viré en septembre, Sergei Gersonsky a obtenu 400 000 euros d'indemnités lors d'un premier procès, avant que ce jugement ne soit annulé en appel. Wayne Fleming, accusé de passer plus de temps à écrire un livre sur son expérience russe (comme l'avait fait Dave King) qu'à s'occuper de son club, n'a pas résisté aux résultats catastrophiques et a été démis en janvier. Le "local" Igor Nikitin a fini la saison.

Miraculeux dernier qualifié en play-offs alors qu'il n'avait plus son destin en mains, l'Avangard Omsk n'avait cependant plus rien à perdre. Après un mauvais placement de son gardien Fomichev qui a coûté la défaite en prolongation au premier match, c'est le troisième gardien Evgeni Tsaregorodtsev qui a été titularisé à la surprise générale au match suivant... et a blanchi le champion en titre Ufa, battu aux pénaltys, avant de se blesser et de relancer indirectement Fomichev. Au match 3, Jaromir Jagr, après 10 matches sans but, a retrouvé le chemin des filets, avant de donner but vainqueur en prolongation à Jakub Klepis. Une dernière victoire 4-1 et l'Avangard a signé la plus grosse surprise de l'histoire des play-offs russes. Même s'il a ensuite été éliminé par Kazan après avoir mené 2 victoires à 1, il a réussi le plus important et le plus difficile : il a repris goût au hockey.

 

Neuvième : Salavat Yulaev Ufa. Avoir dominé toute la saison pour en arriver là a quelque chose de frustrant. Cela explique que la KHL ait décidé que l'an prochain, le champion de Russie serait désigné à l'issue de la saison régulière, ce qui n'est pas une nouveauté puisque cela se faisait déjà en Russie avec la MHL entre 1994 et 1998. Les play-offs n'attribueront plus qu'une coupe.

En attendant, le Salavat a perdu son titre, battu aux tirs au but à domicile avant de perdre deux fois à Omsk. Déjà, ces maudits penaltys lui avaient coûté l'élimination contre Magnitogotsk en demi-finale d'une Ligue des Champions qui semblait lui tendre les bras. Les internationaux Aleksandr Radulov et Aleksei Tereshchenko, qui ont porté l'équipe toute la saison, ne se sont pas ménagés et manquaient un peu de jus pour être décisifs en play-offs. Peut-être n'ont-ils pas assez géré leurs efforts. Du coup, ils ont eu le temps de récupérer avant de rejoindre l'équipe nationale et de redevenir champions du monde.

Dire que le champion aurait pu s'éviter une fin de saison aussi prématurée : s'il avait laissé filer son avant-dernier match de saison régulière à Cherepovets, il aurait qualifié son adversaire et éliminé cet Avangard beaucoup plus dangereux. Les joueurs d'Ufa y avaient pensé, mais avaient décidé de jouer sportivement en se disant qu'en play-offs il faudrait de toute façon battre n'importe quel adversaire.

Dès le retour d'Omsk, l'entraîneur Sergei Mikhalev a été poussé à la démission, sans même avoir le temps de s'expliquer, de rappeler que la défense était diminuée parce qu'Oleg Tverdovsky avait une cheville cassée et Kirill Koltsov une infection virale. Trois semaines plus tard, son adjoint et compagnon de longue date Aleksandr Astashev décédait à 60 ans. Triste fin de saison...

 

Dixième : SKA Saint-Pétersbourg. Maksim Sushinsky a été mis à pied du SKA en début de saison pour avoir critiqué dans une interview les incessants changements de ligne de son entraîneur Barry Smith, mais il est vite revenu dans l'effectif. Et heureusement ! Car "Su-33" reste plus que jamais le leader incontesté de l'équipe.

Du reste, il est un peu trop seul, terminant avec 13 points d'avance. Les Pétersbourgeois disposent de bons joueurs à mentalité défensive, comme les centres Sergei Brylin et Konstantin Gorovikov, mais ils n'ont pas tant que ça de joueurs capables de faire la différence. Le plus à même d'éliminer un adversaire en un contre un, le Suédois Nils Ekman, s'est malheureusement fracturé la clavicule en fin de saison et a beaucoup manqué.

C'est ainsi que la meilleure défense du championnat s'est fait éliminer dès le premier tour des play-offs par la treizième défense du championnat (le Spartak). Allez répéter après cela que la défense gagne des titres...

Malgré ce résultat frustrant, Barry Smith, qui restera pour la troisième année optionnelle de son contrat, a souligné dans une interview sur le site officiel la professionnalisation du club et a dressé des louanges à tout son personnel, ses adjoints inclus : "Sergei Cherkas, Ivano Zanatta et Eduard Zankovets ont travaillé nuit et jour : clips vidéo, séances supplémentaires sur glace. J'ai remporté des Coupes Stanley à Detroit et Pittsburgh et je peux vous dire une chose : la préparation de cette série était aussi bonne qu'une préparation de Coupe Stanley. [...] À la fin il n'y a qu'une seule situation que je ne peux pas contrôler : ce sont les joueurs qui jouent. Si un joueur veut être bien payé, il doit jouer à haut niveau dans un grand match. C'est sa responsabilité. Chacun doit prendre la sienne." Dans ces nombreuses embauches qui renforcent l'encadrement du club dans tous les domaines, il reste ainsi un profil à trouver : un recruteur qui trouvera les joueurs créatifs qui pourraient emmener le SKA à un niveau supérieur.

 

Onzième : Dinamo Riga. Le financement du club letton de KHL avait fait lever quelques sourcils : le principal actionnaire (à 39%) est une filiale d'un groupe gazier dont le siège est à Moscou (Itera), tandis que l'ancien premier ministre Aigars Kalvitis et l'ancien président Guntis Ulmanis détiennent chacun 9,76% des parts. L'ex-ministre des affaires étrangères Artis Pabriks - qui s'était désolidarisé de Kalvitis et avait démissionné de son gouvernement en 2007 - avait ainsi avancé que l'expansion de la KHL en Lettonie masquait une volonté d'étendre l'influence russe.

Néanmoins, le Dinamo a réussi à mobiliser les amateurs de hockey de Lettonie autour de son projet. Il a régulièrement bien rempli sa patinoire de 10000 places et est l'un des rares clubs de KHL à avoir une part significative de son budget (environ 15%) financée directement par les recettes aux guichets.

La seule équipe de KHL de l'Union Européenne ne suit donc pas entièrement le modèle post-soviétique, et en particulier, elle est la seule à n'avoir aucune "basa" où les hockeyeurs seraient rassemblés. Si un joueur veut se préparer tranquillement à un match en dehors de chez lui, il peut bénéficier du gîte et du couvert dans un hôtel de Riga avec lequel le club a signé un accord. En pratique, la plupart restent avec leurs familles.

Les performances en saison régulière ont été très bonnes, avec une dixième place totalement inattendue. Les leaders étrangers (le buteur slovaque Marcel Hossa et les Nord-Américains) ont tiré l'équipe et les internationaux lettons ont progressé au contact du haut niveau, comme ils l'ont ensuite prouvé aux championnats du monde. L'adversaire en play-offs ravivait des souvenirs puisque le Dinamo Riga avait battu le Dynamo Moscou en demi-finale en 1988 pour vivre la plus belle heure de son histoire. Mais cette fois, l'ancien "grand frère" de l'organisation du KGB a balayé les Lettons devenus indépendants (0-4, 1-7, 3-4). Même le Tchèque Martin Prusek, qui avait enfin résolu le problème de gardien à son arrivée, a cédé dans ce huitième de finale.

Après l'élimination, le président Viesturs Koziols a exprimé son vif mécontentement à l'attaquant canadien Matt Ellison, non reconduit à l'instar des autres étrangers Hossa et Novak. Mais celui qui s'est fait virer, c'est finalement... Koziols lui-même. L'homme qui avait porté le projet de la résurrection du Dinamo s'est fait débarquer par son conseil d'administration et remplacer par le jeune retraité Normunds Sejejs, qui faisait office de manager. Dissimulées derrière la belle ambiance dans les tribunes de l'Arena Riga, il y avait en effet de fortes tensions au sein du club.

 

Douzième : Torpedo Nijni Novgorod. L'objectif affiché, le top-10, n'a pas été atteint, mais le Torpedo peut quand même être satisfait de sa saison, qui l'a vu redevenir compétitif, comme prévu avec un budget en hausse. À l'automne, alors que la qualification en play-offs était encore en balance, les dirigeants ont pu être tentés de renvoyer leur entraîneur Evgeni Popikhin, mais les supporters, alertés par les rumeurs, ont affiché des banderoles de soutien à leur coach.

Ils ont bien fait. Le Torpedo a bien fini la saison et a terminé avec une différence de buts positive. Il aurait été peu commun de blâmer un coach qui a bâti le meilleur jeu de puissance de la KHL (19,9%), devant tous les cadors. Il faut dire qu'il avait les joueurs-clés pour cela, avec le buteur tchèque Pavel Brendl (35 buts dont 18 en avantage numérique) et le blueliner slovaque Peter Podhradsky, qui a fini avec le plus grand nombre d'assistances pour un arrière (32).

Pour aller plus loin, il semble quand même manquer un grand gardien. Mika Noronen, l'ancien champion d'Europe avec Kazan, a énormément déçu, ne glanant que 2 victoires dans le temps réglementaire en 13 rencontres, et est reparti. De là à faire de Vitali Evdokimov un vrai numéro 1 pour un club ambitieux, il y a une marge. Le huitième de finale contre Magnitogorsk (1-4, 2-4, 3-6) l'a prouvé. Evdokimov s'est fait sortir à 1-5 après de mauvais buts, et un débutant de 18 ans, Aleksandr Pimankin, est entré pour finir le match.

La vraie jauge des ambitions du Torpedo, c'est cependant le projet de nouveau palais des sports. Le gouvernement régional a promis qu'il était toujours à l'étude, et pour l'instant au stade de la recherche du site approprié.

 

Treizième : Traktor Chelyabinsk. La neuvième ville de Russie s'est dotée à son tour d'une nouvelle patinoire, conçue sur le modèle de celle de Mytishchi : même architecture et contenance à peine supérieure (7500 places). Une contenance qui paraît d'ailleurs déjà faible au vu de l'enthousiasme pour le hockey dans la cité de l'Oural, qui dépasse le million d'habitants.

Le Traktor aurait dû mieux écouter Tarasov, lui qui répétait que l'original est toujours meilleur que la copie. Il s'est en effet fait éliminer au premier tour des play-offs par l'Atlant de... Mytishchi (0-3, 1-5, 1-5). Une élimination que l'entraîneur Andrei Nazarov et le capitaine Andrei Nikolishin ont assez mal digérée. Ils ont été avertis par la KHL pour leurs déclarations jugées intolérables sur les arbitres. Ils avaient en effet commenté avec colère le très net déséquilibre des pénalités au cours de la série (32 contre le Traktor, seulement 12 contre l'Atlant).

En même temps, vu que Chelyabinsk a constitué sa défense à partir des pas toujours fins André Lakos, Martin Grenier pu Oleg Piganovich, cela n'est pas si étonnant en soi. Ce qui l'est plus, c'est que l'homme qui a collectionné cinq pénalités mineures lors de ces play-offs n'est autre que Pierre Dagenais, l'ancien attaquant des Canadiens de Montréal qui n'a jamais eu la réputation d'accumuler les fautes.

Le Traktor avait déjà pris un avertissement et une amende de la KHL (100 000 roubles, soit guère plus de 2000 euros) plus tôt dans la saison lorsque certains supporters, pas très fins non plus, avaient traité de "fascistes" les visiteurs lettons du Dinamo Riga. Les manifestations de nationalisme avaient alors suscités les excuses du coach Nazarov après le match, puis celles du maire de la ville.

 

Quatorzième : Lada Togliatti. La crise n'a pas manqué d'affecter la capitale de l'industrie autombile russe Togliatti, et Auto-VAZ a annoncé la réduction de moitié de son sponsoring des clubs sportifs locaux en 2009. Avec trois mois de salaires en retard, le Lada ne s'est pourtant jamais aussi bien porté et s'est qualifié en play-offs comme si de rien n'était. Le hockey "radin" de Piotr Vorobiev fonctionne décidément mieux en période de pénurie. Moins il y a d'argent, plus on serre les rangs. Avec Vorobiev de retour aux commances, le Lada Togliatti est redevenu une des cinq meilleures défenses du championnat.

Une défense qui a pu s'appuyer sur le gardien de deux mètres Vassili Koshechkin. Sa carrière avait pris mauvaise tournure à Kazan, et l'on pouvait craindre qu'il soit perdu pour le hockey, noyé dans les vapeurs de l'alcool comme tant d'autres avant lui. Mais son retour dans sa ville natale l'a remis dans le droit chemin. Koshechkin a fait une bonne saison... sauf le dernier match, le plus important. Défauts de concentration, mauvais buts, mauvaises pénalités : le cinquième et dernier match du huitième de finale contre le CSKA à Moscou a été un calvaire pour lui (3-1), alors qu'il avait grandement contribué à amener son équipe jusque là.

Pour ce qui est de la suite, elle dépend toujours de la nouvelle patinoire, sans cesse reportée. Début mars, l'inspecteur de la KHL a été amené sur le site et s'est vu présenter une documentation fournie sur les travaux prévus, mais il n'a pas vu grand chose de concret. Il a donc officiellement demandé la date exacte à laquelle le chantier sera achevé. Le ministre de la construction du gouvernement régional de Samara a alors promis que la patinoire serait mise en service au quatrième trimestre 2010. S'il le dit...

 

Quinzième : Neftekhimik Nijnekamsk. La ville la moins sexy de la KHL, celle qui avait choqué Vincent Lecavalier lors du lock-out par l'état des toilettes de son aéroport, s'est offert une star ! Si, si, Fedor Fedorov est une star. Au moins par son attitude, il a tout d'une diva. Comme il n'a pas réussi à se faire une place dans l'effectif des New Jersey Devils, Vladimir Krikunov, un des rares entraîneurs à avoir confiance en "FedFed", l'a récupéré avec lui à Nijnekamsk en octobre. Il a tout de même fallu négocier avec le Dynamo Moscou qui détenait encore les droits du joueur, et cela fut fait en cédant les droits de Pavel Valentenko, le puissant défenseur originaire de Nijnekamsk qui a alors quitté l'AHL pour le Dynamo deux semaines plus tard.

Fedor Fedorov a été égal à lui-même... c'est-à-dire inégal. Capable de tout casser un soir et d'être invisible au match suivant. Il a fait mieux que Kirby Law, qu'il avait remplacé et qui est retourné en Suisse, mais n'a pas été le meilleur joueur de l'équipe, laissant ce rôle au défenseur Denis Sokolov, de retour après un an à Yaroslavl.

Yaroslavl, ce fut le terminus pour le Neftekhimik en huitième de finale. Malgré une victoire en prolongation sur la glace du Lokomotiv, les hommes de Krikunov ont vainement dominé chez eux le futur finaliste, qui déployait déjà sa tactique de contre-attaque mortelle, même face à un adversaire aussi peu huppé.

 

Seizième : Barys Astana. Le représentant du Kazakhstan a bâti une équipe très rapide et technique, avec une très forte première ligne. La sensation s'est appelée Kevin Dallman, un joueur qui restait sur quatre saisons discrètes en NHL mais qui s'est régalé d'avoir un rôle très important. Avec 58 points, il a battu le record russe établi par une légende (Fetisov) et a été le meilleur marqueur de l'équipe. Il a notamment inscrit le total impressionnant de 28 buts. Il faut dire qu'il est le joueur qui a le plus tiré au but : 217 fois, une de plus que Jagr. Du côté d'Astana, Dallman n'a pas tardé à devenir une idole, et on lui a proposé de devenir citoyen du Kazakhstan et de jouer pour ce pays à partir de l'an prochain !

La présence de Dallman a permis au Barys d'avoir un des trois meilleurs jeux de puissance de la KHL, mais le club d'Astana a pourtant eu un bilan négatif dans les unités spéciales car il a été bon dernier en infériorité numérique. Et cela lui a coûté cher car ses trois défenseurs étrangers (Kloucek, Mezei et... Dallman) ont fait partie des huit joueurs les plus pénalisés de la ligue.

En attendant la possible naturalisation du défenseur canadien, le meilleur joueur "national" a été Vadim Krasnoslobotsev. Jusqu'ici, il avait évolué en deuxième division russe avec les clubs du Kazakhstan. Cette année, il a explosé en KHL, technique et solide dans les duels. La sélection nationale en a largement profité à la qualification olympique puis aux Mondiaux de division I puisque Krasnoslobotsev a été le meilleur joueur du Kazakhstan et l'a fait remonter dans l'élite mondiale.

Une motivation de plus pour que les autorités du pays accroissent encore les moyens du Barys Astana, le seul club de KHL dont le budget devrait nettement augmenter l'an prochain.

 

Dix-septième : Severstal Cherepovets. Après son quart de finale en 2008, le Severstal a vécu une saison très difficile. À l'automne, la rumeur en faisait le premier candidat à une failite prochaine, mais il n'en a pas eu les symptômes. Il a gardé tous ses joueurs jusqu'au bout, et en a même recruté un de plus, Nikolai Lemtyugov, un jeune buteur doté d'un joli tir du poignet que les Blues de St. Louis avaient mal géré en le confinant pendant un an et demi en AHL sans lui donner de vraie chance (ni de temps de jeu en powerplay) alors que tout le monde ressentait qu'il perdait confiance et voulait rentrer à Cherepovets.

Mais s'il n'y a pas eu une crise financière, il y a bien eu une crise sportive. La plus grande déception est sans doute venue de Ladislav Nagy. Après huit années de NHL, le Slovaque ne s'est pas senti à son aise dans une KHL dont il trouvait le style trop défensif. Il a souvent été paresseux défensivement (fiche de -17), et en plus, il a très peu marqué avec 5 petits buts dans la saison. Un total aussi faible ne lui était jamais arrivé en sept ans de NHL.

L'entraîneur Vladimir Yurzinov junior a fini par payer la faiblesse des résultats de l'équipe et a été démis de ses fonctions à la mi-janvier. Son remplaçant Andrei Pyatanov a fini la saison "par intérim", et ce n'est qu'en mai qu'on l'a vraiment nommé entraîneur de plein droit. Il n'avait cependant pas réussi à qualifier le Severstal en play-offs, une qualification ratée pour un petit point après une défaite contre l'autre club "sidérurgiste", le Metallurg Magnitogorsk (1-2), lors du dernier match de la saison.

 

Dix-huitième : HK MVD. Avant de conduire la Lettonie jusqu'aux quarts de finale du championnat du monde, Olegs Znaroks et Harijs Vitolins avait eu moins de succès en KHL aux commandes du MVD.

Il faut dire qu'ils n'ont jamais eu une équipe très stable, utilisant 40 joueurs différents au cours de la saison, souvent pour un match. Les recrues douteuses du début de saison (Fortin et Jillson, déjà moyens en DEL) n'ont fait que passer, mais il y en a eu d'autres, comme le joker tchèque Petr Kalus, qui avait été affublé par certains scouts de NHL du sobriquet de "Jagr du pauvre". Avec zéro but en 17 matches, lorsqu'il n'a pas été surnuméraire, celui qui avait été engagé pour aller à la cage a même été en dessous du seuil de pauvreté.

Autre raison de l'instabilité, les blessures, surtout en défense, entre la cheville de Trakhanov, l'épaule du joker tchèque Jiri Marusak, l'orteil cassé de Soloviev et la commotion cérébrale du défenseur offensif Jame Pollock, qui avait perdu connaissance un moment quand sa tête avait heurté la glace en septembre lors d'un match à Omsk.

Mais le plus décevant est sans doute ce qui est advenu de Mikhaïl Biryukov. La révélation de la saison passée avait perdu la persévérance qui faisait sa force. Le titre du champion du monde est monté à la tête du jeune gardien qui s'est cru arrivé après avoir tant galéré et n'avait plus la même rigueur à l'entraînement. Il a mal supporté la concurrence avec un gardien nord-américain (Michael Garnett) et on l'a vu rentrer droit aux vestiaires après avoir été sorti de la glace par son coach, puis refuser carrément de jouer un match contre le CSKA. Ce fut la goutte qui a fait déborder le vase, et même le soutien de Znaroks ne pouvait plus le sauver à cet instant. Il a été changé au Dynamo où, logiquement, il a encore moins joué.

Le MVD a donc raté les play-offs et en a tiré la conclusion que l'équipe était trop âgée et qu'elle serait bâtie désormais sur des joueurs de moins de trente ans. On s'est donc séparé de l'international biélorusse de 37 ans Oleg Antonenko, pourtant meilleur buteur de la saison et de l'histoire du MVD, dont il avait connu les débuts en deuxième division il y a cinq ans.

 

Dix-neuvième : Sibir Novosibirsk. Même si le classement est moins catastrophique que l'an passé du fait de l'élargissement de la KHL à quatre nouvelles équipes, il est dans l'absolu le même : 19e, très loin de la saison de rêve 2006/07 où le club tutoyait les sommets.

Pourtant, le Sibir a obtenu plus de moyens cette saison. Ses problèmes d'efficacité offensive de l'an passé ont été réglés par l'arrivée d'Evgeni Lapin (27% d'efficacité aux tirs, 22 buts) et Mikhaïl Anisin (23% et 13 buts avant d'être prêté aux Krylia Sovietov en fin de saison quand il n'y avait plus d'espoir). Mais si le financement est plus stable, les nerfs des commanditaires restent instables. En l'occurrence ceux du gouverneur Viktor Tolokonski, après la défaite contre l'Amur le 29 décembre. L'entraîneur Andrei Khomutov, pourtant censé redresser le club sur deux ans, et ses adjoints ont été révoqués.

Vladimir Semenov, qui avait déjà pris les commandes du club en 2003/04, est le nouvel entraîneur, lui aussi titulaire d'une mission à long terme jusqu'en 2011. Entre-temps, c'est Andrei Tarasenko qui a assuré l'intérim, même si le vrai patron du vestiaire aurait été le défenseur Dmitri Yushkevich selon les connaisseurs.

Andrei Tarasenko est surtout chouchouté comme le père du nouveau grand espoir du hockey russe. Ayant eu 17 ans en cours de saison, Vladimir Tarasenko a en effet tout pour réussir, le gabarit, le travail, l'implication et le réalisme devant la cage (7 buts). Même s'il est moins bon patineur que les super-talents russes habituels, cet ailier à la technique impeccable a tout pour se faire remarquer... même de son fin fond de la Sibérie, dans une patinoire où les matches ne sont même plus retransmis à la télévision en raison d'un éclairage déplorable. Aux Mondiaux 18 ans, Tarasenko a été élu meilleur attaquant et personne n'est passé à côté de son talent.

 

Vingtième : Amur Khabarovsk. Avec 11 blessés dès le mois d'octobre, dont les deux recrues nord-américaines (Wanvig et Lampman) qui n'auront pas fait long feu, les Tigres du fleuve Amour ont cherché du renfort et ont contacté Matt Murley, un attaquant américain qui avait déjà envisagé de partir en Russie au cours de l'été avant de recevoir un contrat de dernière minute avec les Carolina Hurricanes.

Après seulement 3 matches de NHL, Murley avait été renvoyé en AHL, avec un salaire divisé par quatre. Il a alors demandé à être libéré de son contrat pour répondre à la proposition russe, ce qui lui a été refusé. C'est donc par un biais conflictuel, en étant suspendu par la NHL, que Murley a quitté son contrat. Son cas a été comparé à celui de Radulov, mais il n'a rien à voir. Il est similaire à tous ses joueurs coincés avec des contrats "two-way" qui peuvent se retrouver du jour au lendemain, sur décision d'organisation, envoyés dans une équipe de ligue mineure et amputés d'une grande partie de leur salaire. Dans ces cas-là, la tentation de partir voir ailleurs est grande, et elle n'est donc pas qu'une question de nationalité : Murley aurait joué en AHL à Albany, une équipe qu'il connaît et qui est juste à côté de chez lui, mais il a préféré partir à Khabarovsk, qui n'est à côté de rien ni de personne, mais qui offre un niveau de jeu et un salaire plus élevés.

Si le cas Murley a fait causer, son impact en KHL (8 points) a été limité. Toute la saison, Khabarovsk a eu bien des difficultés à trouver le chemin des filets, avec 11 buts seulement pour ses meilleurs snipers Oleg Belkin et Peter Nylander. Moins de deux buts par match, cela ne fait vraiment pas une belle moyenne offensive... Cela allait souvent mieux en défense, mais pas toujours. Fin octobre, après avoir encaissé un troisième but que l'arbitre était en train de revoir à la vidéo, le gardien Tyler Moss a ainsi cassé, de rage, la caméra qui se trouvait dans la cage ! Une caméra à 23 000 dollars pièce...

Désormais, il faudra faire plus attention avec le matériel... Avec la chute du cours des métaux précieux, l'heure est aux économies à Khabarovsk. Le club va dire adieu aux trentenaires et aux joueurs chers.

 

Vingt-et-unième : Metallurg Novokuznetsk. Les difficultés financières ont été le pain quotidien de "Kuzni" cette saison. Le groupe Evraz qui détient le club, et qui est possédé à 41% depuis trois ans par Roman Abramovich, semble avoir perdu un peu de ses soutiens politiques. Il s'est en effet fait tirer les oreilles par l'agence fédérale anti-trust qui lui a infligé une amende de 150 millions de roubles (plus de 3 millions d'euros) pour avoir maintenu une entente de prix élevés dans le charbon à coke utilisé dans la sidérurgie.

Toute l'année, le Metallurg a donc évolué sur le fil du rasoir en attendant les versements de son sponsor principal. Le règlement de la KHL dit qu'un hockeyeur peut être libéré de son contrat lorsque les retards de salaires dépassent deux mois. Fin novembre, les agents étaient déjà sur le point de subtiliser cinq joueurs lorsque la paye de septembre a été versée. Le problème a donc été décalé jusqu'au mois suivant. Lors de la trêve de décembre, les joueurs ont signé un appel collectif aux dirigeants et au syndicat des joueurs en se "réservant le droit" de jouer ou non le prochain match, et de se déclarer agent libre. La première réaction du club a été de limoger le directeur sportif Aleksandr Kitov, solidaire des joueurs, et la seconde a été de verser les salaires d'octobre le jour du match, puis la moitié de la paye de novembre deux jours plus tard.

Ce petit jeu de "l'autorisation de découvert" a duré toute la saison puisque les joueurs sont partis en vacances début avril sans avoir reçu leurs salaires de février. Alors que les clubs russes continuent normalement à s'entraîner en hors-saison, les hockeyeurs ont été mis en congé sans attendre jusqu'au 15 juillet. Il n'en restera que huit sous contrat.

Le staff actuel ne reviendra pas. On a simplement laissé l'entraîneur Boris Mikhaïlov engueuler ses hommes jusqu'à la fin de son contrat en avril pour ne pas lui payer d'indemnités. Il aurait été plus intéressant financièrement de se séparer de certains joueurs, que leurs agents étaient prêts à recaser. C'était notamment le cas du (seul) buteur Miloslav Horava junior. Le Metallurg Novokuznetsk a fait le choix, sportivement méritoire, de garder le Tchèque jusqu'au bout... et a dû le regretter car Horava a fini la saison à l'infirmerie, blessé au genou.

 

Vingt-deuxième : Dynamo Minsk. Quel contraste entre la réussite de la re-création du Dinamo Riga et la première saison très difficile du Dynamo Minsk en KHL. La différence s'était faite dès le début de saison, très mal géré dans le club biélorusse.

Paul Gardner, recommandé notamment par Glen Hanlon, devait initialement prendre en mains l'équipe. Mais sa femme malade était restée en Amérique du nord, et l'entraîneur, seul à Minsk, s'est noyé dans l'alcool, au point de ne pas pouvoir diriger certains entraînements. Il est reparti dès le mois d'août (et a pu se reprendre chez lui avant de rebondir à Hambourg).

Le second entraîneur a été Jim Hughes, qui a vite écarté les recrues qui ne lui convenaient pas (dont le Français Laurent Meunier) pour faire une équipe à son image. L'ancien coach d'AHL a commencé par promettre que le Dynamo aurait un million de fans et qu'il serait connu dans le monde entier. Et ensuite, il a construit une équipe pour... 9 personnes, lui-même et les huit Nord-Américains de l'équipe. Ceux-là gagnaient plus que les autres et en faisaient moins à l'entraînement. Les joueurs biélorusses, eux, étaient profondément frustrés de devoir appliquer un style de jeu qu'ils ne comprenaient pas, sans passes. Pour avoir critiqué les privilèges dont bénéficiaient les étrangers, le défenseur Dmitri Krasiotkin s'est fait virer, et pour avoir discuté l'absence de méritocratie dans la composition des lignes, l'entraîneur-adjoint Oleg Mikulchik a aussi été expulsé du staff.

Mikulchik a vite été rappelé lorsque Hughes a été renvoyé, le 14 octobre. Son successeur Spiridonov n'a pas tardé à faire le ménage dans les Nord-Américains (Platt, Ulmer, Maneluk). Le club a fini par recruter de vrais leaders étrangers, le défenseur offensif slovaque Richard Lintner et le buteur finlandais Hannes Hyvönen. C'était trop tard pour cette saison, mais cela permet de commencer à construire la suite.

Le Dynamo reviendra au seul coach nord-américain éprouvé au Bélarus, le sélectionneur Glen Hanlon lui-même, qui aura pour mission de ne pas reproduire les mêmes erreurs et de bâtir l'équipe autour des internationaux biélorusses, passés au second plan en début de saison.

 

Vingt-troisième : Vityaz Chekhov. L'image du club sera à jamais entachée par le fait que c'est à Chekhov qu'Aleksei Cherepanov est mort et qu'il n'y avait pas de défibrillateur en fonctionnement pour le secourir, ce qui a coûté son poste au directeur de la patinoire.

Il y avait de quoi douter du professionnalisme de Vityaz Chekhov en ce mois d'octobre, quand il a aussi eu match perdu pour avoir aligné cinq étrangers au lieu des quatre autorisés. La palme du culot est revenu au coach Sergei Gomolyako qui a prétendu ne pas connaître un règlement pourtant "de base". Gomolyako a été démis de ses fonctions la semaine suivante alors que le Vityaz était bon dernier au classement, et remplacé par Mike Krushelnytski.

L'entraîneur canadien Krushelnytski, le seul qui avait emmené le Vityaz en play-offs (2006/07), a été accueilli d'une banderole en anglais ("Welcome back home") par les supporters après une saison moyenne à Ingolstadt. Celui qui trouvait les propositions suédoises et suisses "trop tranquilles" recherchait l'adrénaline, et il ne pouvait que la trouver à Chekhov, entouré de quelques joyeux drilles comme Chris Simon (deuxième marqueur avec 27 points mais recordman des pénalités de KHL avec 263 minutes), Darcy Verot (5 points, 168 minutes) ou Nathan Perrott (0 point et... 137 minutes en 9 matches !). Ils ont été rejoints en novembre par Bryan Berard, l'ancien numéro 1 de draft NHL à la carrière contrastée, qui a accumulé 103 minutes pour sa part mais vraiment a amélioré le powerplay, priorité du nouveau coach.

On ne sait pas vraiment ce que cherche le Vityaz, à part les noises et les ennuis. En janvier, il a échangé son meilleur marqueur (19 buts) Gleb Klimenko à Kazan en échange de Grigori Shafigullin... qui fait, il est vrai, quinze centimètres de plus de Klimenko.

Bon, d'accord, mais niveau hockey ? Et ben d'abord, le Vityaz est l'équipe la plus pénalisée avec cinq cents (!) minutes d'avance, et toc ! Non, mais le hockey ? Ouais, ben le Vityaz, il est plus fort que toi et si t'es pas content, il te casse la gueule ! Oui, mais le h... oh et puis zut.

 

Vingt-quatrième : Khimik Voskresensk. Ayant accepté l'intégration de dernière minute à la KHL parce qu'il y était après tout plus qualifié sportivement que d'autres, le Khimik est tombé dans un monde trop grand pour lui, un monde dans lequel il n'a aucun grand soutien politique ou financier pour rivaliser.

Avec son effectif initialement destiné à la Vysshaïa Liga, il ne fallait pas trop rêver. Le rapide changement d'entraîneur début octobre, lorsque Yuri Novikov a été remplacé par le directeur du hockey mineur Gennadi Koroteev, n'y a évidemment rien changé. Le seul enjeu possible était d'éviter la dernière place, ce qui a finalement été raté, à un point près derrière le Vityaz.

Comme la situation financière s'annonçait très délicate, Voskresensk s'est débarrassé de plusieurs joueurs juste avant la limite des transferts. Le départ au SKA de Viktor Gordyuk a empêché ce dernier d'établir un record : être le plus vieux joueur de l'histoire du championnat de Russie à finir meilleur marqueur de son club, ce qu'il était bien parti pour faire. Par conséquent, le record reste la possession de... Valeri Kamensky, avec le Khimik en 2004/05. Un Kamensky qui a essayé d'aider son club formateur dans ses contacts avec la KHL, mais qui n'a pu empêcher cette dernière de mettre à la porte la riche tradition du hockey à Voskresensk, une tradition qui ne suffit pas à payer les salaires...

 

 

Et en Vysshaya Liga...

Le Yugra Khanty-Mansiysk a remporté la Vysshaya Liga à la vitesse d'un jaillissement de pétrole. Dans le district autonome des Khantys et des Mansis, on flotte sur l'or noir, mais jusqu'ici on préférait glisser sur des skis que sur des patins. La ville est en effet la capitale russe du biathlon. Dans la région, il n'y a actuellement qu'à Surgut qu'il y a du hockey mineur, même si les inscriptions ont commencé pour la rentrée à Khanty-Mansiysk. Et pourtant, ce club venu de nulle part, n'ayant que deux ans d'existence, a surpris tout le monde dès sa première saison à ce niveau. Une belle réussite pour cette équipe qui s'est appuyée toute la saison sur Konstantin Chashukhin, un petit (173 cm) gardien de 30 ans qui n'avait presque pas eu sa chance au haut niveau, hormis un passage à Perm. Dans une ville où les nouvelles constructions se sont multipliées grâce au boom pétrolier, le nouveau Palais des Sports de 5000 places est déjà ouvert depuis décembre, mais le club a choisi de finir la saison dans l'ancienne patinoire de 2000 places. Il faut d'abord commencer par se construire un public, mais le spectateur le plus important est présent en tribune : le gouverneur du district Aleksandr Filipenko, avec sa femme et sa petite-fille. Avec de tels arguments, le Yugra devrait être un candidat évident à la KHL, mais il a décidé de faire une pause et de reporter cette étape en raison de la crise.

À l'inverse, l'Avtomobilist Ekaterinbourg s'est porté candidat à la KHL après avoir été recalé l'an passé et a cette fois-ci reçu un avis favorable grâce à un budget adéquat. Par contre, l'entraîneur Mishat Fakhrutdinov ne participera pas à l'aventure. Alors qu'il espérait continuer et qu'il avait refusé plusieurs propositions, il a été renvoyé à l'issue de la saison. Son équipe avait certes terminé première de la zone est, devant Khanty-Mansiysk, mais elle s'est fait sortir en quart de finale par les Krylia Sovietov.

Les KS, d'accord, mais... lesquelles ? Il s'agit du MHK Krylia Sovietov, le club des usines VILS. La propriété de la patinoire de Setuni était en effet l'élément le plus important dans cette querelle d'héritage. Pouvoir jouer à domicile, c'est la garantie de garder le lien avec le public et de récupérer ainsi l'aura de l'ancien club champion d'Europe. Le fait que l'entraîneur soit un joueur de légende, Vyacheslav Anisin, aide à se présenter comme le légitime héritier. C'est ainsi que le fils de l'entraîneur, Mikhaïl Anisin, est revenu aider son club formateur pour les play-offs après avoir fini sa saison avec le Sibir.

Les autres Krylia Sovietov, celles d'Aleksandr Tretiak, n'avaient pas l'atout maître de la patinoire. Contraintes à l'exil, privées de moyens, elles ne se sont même pas qualifiées pour les play-offs, malgré un changement d'entraîneur (Ilya Byakin a été remplacé par Aleksandr Semak). Elles ont connu des difficultés financières toute la saison, et n'ont toujours pas payé l'amende infligée pour avoir refusé d'affronter l'ennemi de Setuni (en prétextant la sécurité défaillante de la patinoire, c'est-à-dire le bâton qu'on leur avait mis dans les roues quand elles l'occupaient encore). Mais "l'autre Tretiak", avec ses "autres KS", n'a toujours pas abdiqué. Il a obtenu une décision de justice reconnaissant le club comme seul propriétaire de la marque "Krylia Sovietov". Et, même s'il est coupé du soutien populaire par l'éloignement de Moscou, il s'est installé à Podolsk et a obtenu le soutien des autorités de la ville.

Podolsk ne peut de toute façon pas voir pire que le club qui y a joué cette saison : le Rys Podolsk, un club qui s'est prétendu lié au Ministère de l'Intérieur. Son nom "Rys" signifie en effet "Lynx" et est le nom d'une unité d'élite. Le manager général Valeri Vassiliev n'a pas hésité à se réclamer du ministre lui-même, mais les joueurs n'en ont jamais vu la couleur. Les derniers salaires ont été versés... en septembre ! La lettre officielle envoyée à la fédération n'y a rien changé. C'est toute une équipe qui s'est faite abuser. Quelques joueurs l'ont compris et sont partis avant la fin. Les entraîneurs, les deux anciens champions olympiques Aleksei Kasatonov et Vladimir Myshkin, ont abandonné temporairement leurs fonctions, en même temps que le pilier défensif, l'ancien arrière de NHL Boris Mironov. Ils ont laissé Vassiliev se débrouiller tout seul et constater la déroute de son équipe en huitième de finale (1-7, 2-11, 3-7).

Pendant que les dirigeants de la KHL concoctent leurs projets dans leur coin, on peut se demander ce que sera l'avenir de cette Vysshaïa Liga. Même si le public suit encore dans beaucoup de villes, le niveau de jeu est moins dense avec la division en trois groupes, et l'absence de montée enlève de l'intérêt au championnat. Ces clubs sont les dindons de la farce : on leur demande d'être formateurs, mais la KHL va piller leurs jeunes en mettant en place sa "draft" et mettre en place sa propre ligue junior qui va fermer encore plus les portes aux clubs qui seront en dehors de son système.

Les clubs étrangers, eux, râlent sur le coût de cette deuxième division russe dans lequel ils doivent payer le séjour des clubs russes. Les Ukrainiens du Sokol Kiev, très bon deuxièmes de la zone ouest juste derrière Dmitrov, ont décidé de retourner dans le championnat du Bélarus. Le Kazakhstan a aussi failli fuir le navire puisque la fédération avait rappelé ses équipes pour former un championnat national à plein temps. Mais finalement, il ne quittera pas le navire, et il enverra même un club de plus avec le retour du Kazakhmys Satpaev.

Marc Branchu

 

 

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