Bilan de la division 1 française 2007/08
Résultats du championnat de France 2007/08 de division 1
La poule unique n'est en place que depuis moins d'un an et on n'imaginerait plus la division 1 s'en passer. Son adoption a été aussi rapide qu'en Ligue Magnus, à la différence que les moyens des clubs ne sont pas les mêmes et que les conséquences financières sont un peu plus difficiles à encaisser. Sportivement, la saison a été passionnante, en tout cas en haut de tableau. Avec seulement quatre clubs qualifiés pour les play-offs, on pouvait craindre que les jeux soient faits rapidement, mais beaucoup de clubs se sont piqués au jeu et se sont mêlés à la lutte.
Premier : Neuilly-sur-Marne. L'évidence s'était imposée au premier regard : Martin Gascon a bien été le joueur dominant de la division 1, et son meilleur marqueur. Son collègue Garrett Larson a quant à lui terminé meilleur buteur et a été d'une efficacité clinique jusqu'en finale. Les deux Nord-Américains ont eu le soutien offensif de Francis Ballet, jamais connu comme un gros marqueur en Magnus et pourtant devenu meilleur compteur parmi les défenseurs de D1 pour sa première expérience au niveau inférieur.
Cette équipe capable de marquer à tout moment n'était cependant pas considérée favorite en play-offs, où la défense est souvent jugée prioritaire. Mais le gardien Julien Figved a su élever son niveau de jeu au bon moment et la formule en aller-retour a bien réussi aux Bisons, en demi-finale puis en finale.
Qu'on se le dise : Neuilly-sur-Marne - et ses fameux filets - est en Ligue Magnus ! En Seine-Saint-Denis, on n'a pas de plexi... mais on a un Gascon.
Deuxième : Gap. Ce deuxième titre de "vice-champion" d'affilée a de quoi être frustrant pour les Gapençais. La saison dernière, ils avaient le sentiment d'avoir échoué contre plus forts qu'eux, mais cette année, la finale en deux manches leur a paru trop brève et inachevée. Ce n'est pas faute d'avoir connu un final à haute intensité dramatique, dans une grosse ambiance à la Blâche. Pourchassant vainement leurs deux buts de retard au score cumulé, les Rapaces les ont remontés à l'avant-dernière minute... pour mieux voir Larson placer un tir à mi-hauteur sous la mitaine de Gasnier juste avant la fin.
Un dénouement qui ne remet pas en cause la bonne saison effectuée par l'international junior Mickaël Gasnier, qui a vite pris la place de gardien titulaire et qui a terminé deuxième à l'élection du "Rapace d'Or" derrière le chouchou perpétuel Jiri Rambousek. Cette saison, Gap a gagné en régularité défensive et paraissait plus solide. Il a peut-être simplement manqué un patron à ces lignes arrières, du fait des problèmes d'épaule récurrents qui ont handicapé l'habituel leader défensif Ondrej Mertl.
Troisième : Montpellier. Si l'on se souvient de l'irrégularité chronique des Vipers, le championnat qui vient de s'écouler représente une vraie avancée. Oubliées, les difficultés du début de saison, avec 3 points en 6 journées mais un calendrier initial ardu. Montpellier a enfin trouvé une équipe plus constante dans sa qualité de jeu comme dans ses performances. Une équipe qui a bâti sa réputation avant tout sur sa solidité défensive, grâce à un Robert Marton convaincant dans les cages et à une bonne homogénéité assurée par le recrutement en terrain connu. Les contacts de Marek Michalovic notamment assuraient de disposer de compatriotes adaptés. L'inconvénient de ce vase clos slovaque trop bien prospecté, cependant, c'est que si on peut bien y calibrer les possibilités d'un joueur, on a peu de chance de tomber sur la pépite du siècle.
Or, ce qui manque aux Vipers, c'est justement un joueur capable de faire la différence à lui seul. Face à Gap ou à Neuilly, les Gascon et Rambousek étaient en face, et c'est là que tout se jouait. Montpellier n'avait pas de tels profils. Le solide et puissant Richard Filip avait un potentiel intéressant en défense, mais prenait bien trop de pénalités. En attaque, Erik Möller a vu sa saison coupée par une blessure à l'épaule consécutive à une charge de Mouly qui est restée en travers des gorges languedociennes. L'ailier slovaque Juraj Huska a donc terminé meilleur marqueur par défaut, mais sans vraiment totalement s'adapter en France. Sur des fondations plus solides, il faut maintenant chercher ce leader.
Quatrième : Bordeaux. Ils avaient beau savoir au fond d'eux-mêmes que c'était inéluctable, que c'était nécessaire même, ils n'ont pu s'empêcher de ressentir comme un pincement. Lorsque Stéphan Tartari a annoncé sa retraite de joueur après le dernier match de la saison régulière à Viry, la nouvelle vite répandue a estomaqué les supporters des Boxers. Peu de hockeyeurs en France peuvent se targuer d'avoir autant marqué l'histoire d'un club que l'aîné Tartari à Bordeaux. Il a quitté Grenoble deux fois, l'une en 1990 pour tenter sa chance en junior majeur au Canada, l'autre en 1996 pour partir en Aquitaine. Il n'est jamais reparti, même lorsque le club a déposé le bilan et a dû repartir depuis les limbes de ce qui était alors la division 4.
On ne peut pas viser l'entrée en Magnus avec un entraîneur-joueur, Rodolphe Garnier l'avait compris en son temps avec Caen. Mieux vaut donc anticiper cette transition inévitable. Tartari revêtira désormais la tenue de coach. Mais cela fait douze ans qu'il sillonne les glaces bordelaises, et son absence fera comme un vide. Son équipe lui a fait un beau cadeau d'adieu : les play-offs. En demi-finale, il a pu ainsi s'offrir un dernier plaisir, et l'offrir surtout à un Mériadeck en transe : ouvrir le score sur un tir de pénalité, ultime image gravée dans toutes les mémoires. Bien sûr, cela n'a pas suffi pour un exploit, et Gap a pris le dessus.
Mais ces derniers duels auront sûrement conforté le déjà mythique n°4 dans sa décision. Pas un hasard que le dernier but de la saison ait été inscrit par Nicolas Mariage, 20 ans, mais déjà 16 buts dont 3 en play-offs. Une page, que dis-je, un chapitre entier se tourne dans l'histoire du hockey bordelais, mais la relève est déjà prête en Aquitaine.
Cinquième : Avignon. Après une intersaison turbulente et une validation avec contrat d'objectifs, on n'attendait pas l'OHCA aussi haut alors qu'il jouait la poule de maintien un an plus tôt. Mais le groupe s'est bien uni au-delà des barrières des âges et des nationalités.
Les deux premiers matches à domicile avaient été timides, avec des nuls contre Montpellier et Cergy. Mais ensuite, les Castors n'ont rien laissé filtrer sur leur petite glace. Seuls les leaders Gap et Neuilly sont venus y gagner. Les autres, les concurrents directs pour la qualification, ont tous cédé. L'OHCA avait la troisième meilleure défense de D1, grâce à la mitaine véloce de son gardien Mojmir Bozik, et malgré une défaite 10-9 à Garges qui coûte cher dans les comptes finaux.
Naturellement, avec un tel bilan, Avignon s'est trouvé en mesure de jouer la qualification, mais a perdu le duel décisif à Bordeaux et la différence de buts particulière à l'avant-dernière journée. Avoir pu y croire jusqu'au bout alimente cependant peu de regrets pour le club vauclusien, pour qui cette cinquième place dépasse déjà les objectifs.
Sixième : Courbevoie. Le COC a traîné presque toute la saison ses deux matches en retard contre Viry et Le Vésinet (le premier pour panne de surfaceuse et le second pour avancer un match de coupe contre Rouen afin de décaler un match de Magnus pour Sport+), ce qui lui accordait une troisième place "virtuelle" à 6 journées de la fin. Il lui restait alors 8 matches à jouer, soit 2 "gagnables" de plus... Le problème est qu'il n'a remporté que les deux matches en retard en question, et qu'il a perdu toutes ses confrontations face à ses adversaires directs. La troisième place est donc restée virtuelle.
Les Coqs étaient victimes d'une extinction de voix en ce crépuscule de la saison. L'équipe était fatiguée, à l'image de son leader Jan Timko en méforme et en retrait par rapport à sa bonne saison 2006/07. Et les deux nouvelles recrues tchèques n'ont pas laissé de bons souvenirs. L'ex-Tourangeau Kamil Stastny, l'homme qui a "souri deux fois en quatre mois" selon son coach, a été écarté en janvier car tout le monde en avait assez de l'entendre se plaindre. Quant à Filip Vychodil, c'est lors du dernier match de la saison régulière à Cergy qu'il a fait défection. Il a eu le droit à une délicate attention, un poème du président en son honneur sur le site du club : "Il se prenait pour une star / Mais c'était notre tare [...] Après dix minutes de jeu il se retire / Comme traître, il n'y a pas pire".
Septième : Amnéville. Comme Courbevoie, les Mosellans ne se sont jamais remis de leur défaite à Mériadeck face à une équipe bordelaise irrésistible dans ces matches capitaux à domicile. Ils ont alors perdu leurs quatre dernières rencontres et terminent à une place qui ne reflète peut-être pas leur potentiel sportif.
Le manager Patrick Partouche décrit ces sentiments mitigés : "Je pense que les play-offs étaient à notre portée. Malheuresement il manquait cette année un peu d'âme dans cette équipe. La fusion entre les étrangers et les Français ne s'est pas super bien passée : certains joueurs n'avaient de professionnels que le nom. La mentalité, le sérieux, la discipline étaient absents. Exemple : comment peut-on être pro et prendre ses billets d'avion retour au mois de décembre pour le 30 mars en sachant que s'il y a play off, il y aura un mois de plus ?"
La saison aura tout de même apporté des satisfactions. Cédric Dietrich a ramené de la sérénité dans les cages et en a retrouvé lui-même. Le défenseur slovaque Marian Hanzel est resté le poumon de l'équipe. Et bien sûr, même s'il ne s'est pas fait que des amis, en particulier à Montpellier, William Mouly a connu la meilleure saison de sa carrière, en ajoutant 28 buts à son gros travail physique.
Huitième : Valence. En début de saison, les Lynx avaient réalisé des coupes budgétaires dans leur équipe senior et s'étaient notamment séparés de tous les Grenoblois, à l'exception notable du gardien Jérémy Valentin. Et pourtant, avec cet effectif majoritairement formé au club, seulement renforcée du marqueur canadien Erick Medeiros, l'équipe drômoise n'a perdu que deux places par rapport à un classement qui faisait alors figure d'exploit. Tout cela en évoluant souvent à quatre lignes pour intégrer les juniors
On peut sans mal en déduire que Valence a toutes les raisons de se réjouir de sa saison. Le club trouve même une satisfaction supplémentaire à ce que Bastien Sangiorgio, parti dans un club qu'il jugeait plus professionnel et avec de meilleures perspectives, se soit retrouvé moins bien classé pour cette fois avec sa nouvelle équipe d'Annecy.
Neuvième : Annecy. Ce n'est pas pour autant que le SGA fait triste mine à l'heure de dresser le bilan. L'objectif était de terminer entre 6 et 10 et il a donc été rempli, même si l'on peut regretter quelques points faciles abandonnés de ci de là, inévitables sans doute dans un championnat à poule unique. "Apprentissage et plaisir" étaient les mots d'ordre fixés pour cette saison sans pression.
Le capitaine Alexandre Baillard a terminé meilleur marqueur de son équipe avec 33 points, exactement comme l'an dernier, avant de prendre sa retraite sportive. Le but était d'intégrer les jeunes recrues pour préparer l'avenir. L'exemple du Briançonnais Nicolas Chevalier, qui ne pouvait espérer que quelques minutes de temps de jeu dans l'équipe de Luciano Basile mais a marqué 22 points en choisissant de rejoindre la D1, a interpellé ses ex-coéquipiers et en appelle d'autres (les Arnaud suivront le même chemin des Hautes-Alpes jusqu'en Haute-Savoie).
Dixième : Cergy. Apparemment, les Jokers sont les seuls qui n'avaient pas été prévenus que le championnat de division 1 ne comptait plus qu'une seule phase ! En effet, on a rarement vu une équipe couper autant sa saison en deux. La première moitié ? Catastrophique : 3 points sur 26 possibles ! Cergy était bon dernier, à égalité de points avec Le Vésinet, et en ayant perdu contre cet adversaire direct à domicile. Les trois gardiens Olivier Courally, Grégory Bercovici et Cédric Crevier alternaient sans que personne ne s'impose.
La seconde moitié ? Phénoménale : 19 points sur 26 possibles ! Les matches retour commençaient juste avant Noël par une victoire-surprise à Amnéville avec le junior Crevier dans les cages. 2008 réservait ensuite une série d'invincibilité de six matches, avec une victoire au passage à Neuilly-sur-Marne. Longtemps largué au classement, Cergy grignotait place après place, avec la même équipe, au point de regretter que le plaisir ne se prolonge pas un peu plus. Avec deux demi-saisons de ce niveau, les Jokers auraient pris place en play-offs.
Onzième : Garges-lès-Gonesse. L'autre club du Val d'Oise avait en revanche hâte que la saison se termine. Les dernières semaines ont été difficiles pour un effectif déjà réduit par le départ de Chevalier et ensuite frappé par les blessures conjuguées de Langlois, de Gadeau et de Damien Ilczyszyn, qui a quand même eu le temps de faire son entrée dans les dix meilleurs marqueurs de D1.
Encore plus que d'habitude, les Chiefs ont donc confié leur sort à leur quatuor étranger. Tous les quatre, en compagnie d'Ilczyszyn, forment le deuxième meilleur powerplay de la division derrière celui de Gap. Pas de surprise avec les efficaces Petr Jaros, le défenseur égal à lui-même, et Ales Skokan, meilleur marqueur de D1 à la fois en supériorité et en infériorité. Le jeune Slovaque Petr Tomasek a aussi parfaitement alterné entre la défense et l'aile au gré des besoins. Par contre, la recrue Marian Havel a sans doute raté sa réhabilitation. Au lieu de relancer sa carrière, il a agressé verbalement et physiquement un arbitre et a écopé d'une suspension de deux ans que la FFHG a demandé à étendre sur le plan international.
Avec un tel potentiel offensif, la défense est un peu passée au second plan, et Garges-lès-Gonesse a remporté au passage une victoire digne des temps anciens, un ahurissant 10-9 contre Avignon, suivi un mois plus tard d'un 6-12 contre Neuilly. Si on veut voir des buts, il suffit donc de réduire les bancs à dix joueurs...
Douzième : Viry-Châtillon. Avec un potentiel offensif en hausse grâce à l'apport du pur buteur Anthony Kodyjasz, et surtout avec des entraînements plus réguliers permis par la réouverture de leur patinoire, les Castelvirois ont retrouvé leur pleine compétitivité. Le hockey mineur est reparti de plus belle, remportant les catégories espoir excellence et cadet excellence.
Malheureusement, les seniors se sont si bien sentis dans leur patinoire rénovée qu'ils ont tout perdu sur les glaces adverses, sauf sur celle de Colombes face au Vésinet. Malgré quelques prestations très convaincantes à domicile, la fin de saison a été plus compliquée avec 11 défaites sur les 12 derniers matches. Le refus de la municipalité de revenir à ses engagements de subvention d'avant l'incendie nourrit cependant l'inquiétude du club, confronté à un déficit. Le président Christian Vigier a présenté sa démission pour servir "d'électrochoc", tout en continuant à occuper son poste et à mener la mobilisation.
Treizième : Reims. Le maintien en D1 n'ayant jamais vraiment été en danger malgré un point retiré pour un problème administratif, les Phénix ont vite perdu tout objectif. Leur entraîneur Pascal Ryser, en mal de challenge (qu'il retrouvera en rentrant à Montpellier, mais comme responsable de la communication), ne semblait plus très motivé par cette fin de saison monotone où les Rémois ont enchaîné douze matches sans victoire.
Si Marc Lira a fait figure de chouchou du public, les autres Canadiens (Dennis Martindale et Joe Mollard) n'ont pas toujours apporté une implication collective déterminante. Les espoirs avaient un autre défi à relever dans leur catégorie avec le maintien en élite. Les glorieux anciens ne faisaient que rendre service à l'occasion en défense. Et l'éternel Roman Trebaticky ne pouvait pas tout faire. C'est donc une saison de transition que Reims a vécue, une saison d'apprentissage dans cette division 1.
Quatorzième : Le Vésinet. C'est avec un effectif s'amenuisant de plus en plus que les Anges ont abordé cette saison. Jonathan Gautier n'a pas été conservé à cause d'un état physique jugé peu sûr, même s'il a tenu la fin de saison à Strasbourg comme joker. L'autre Canadien, Jonathan Lachance, est parti avant la fin des transferts. Parmi ceux qui restaient, le combatif Julien Lefranc s'est blessé en décembre, même si on l'a vu réapparaître sur des feuilles de match pour faire le nombre et éviter le forfait. Parmi les courageux qui sont restés jusqu'au bout, c'est finalement un junior, Édouard Outin, qui a terminé meilleur marqueur de l'équipe.
Malheureusement, rien n'a récompensé cette persévérance, au bout de cette sixième (!) saison d'exil à Colombes. Pas le maintien, bien sûr, impossible à atteindre mais secondaire. En effet, c'est plus sérieusement l'avenir du club qui s'est définitivement bouché en mars lorsque Robert Varèse, l'ancien président de l'association qui a fait campagne contre le chantier de la patinoire, est allé au bout de son combat en se faisant élire maire du Vésinet. Toute sa campagne a été bâtie sur l'arrêt d'un projet jugé trop imposant et coûteux, même si y mettre fin s'avère coûter en pratique encore plus cher en remboursement de subventions et en pénalités. La Place du marché est aujourd'hui un cratère, et il est improbable qu'y revienne ce public trop jeune et trop "popu" de patineurs qui faisait tant peur aux riverains. C'est donc encore une implantation historique du hockey francilien qui disparaît.
Marc Branchu