Italie 2007/08 : bilan de la saison
Pendant des années, le Haut-Adige (ou Südtirol pour les populations germanophones locales) semblait lentement perdre de l'importance dans le hockey italien. Si cela était dû à une franche expansion vers d'autres régions, cela aurait été une bonne nouvelle, mais ce n'est pas vraiment le cas. C'est seulement que les principaux clubs de la région traversaient une période financièrement difficile, quand ce n'était pas une crise de légitimité. Le symbole en était le déclin de son fleuron, Bolzano, où la passion d'antan semblait évanouie. Et soudain, cette saison, ce fut la résurrection, aussi brutale qu'inattendue : une finale 100% Südtirol entre "Bozen" (Bolzano) et "Ritten" (Renon), un engouement qu'on ne pensait plus revoir, des patinoires pleines. Was ist geschehen ? Revenons un peu en arrière.
Le championnat italien a commencé de manière tragique avec le décès de Darcy Robinson, le défenseur canadien d'Asiago, lors du premier match. Cette mort accidentelle n'a pas seulement jeté un voile noir sur le début de saison, elle a aussi provoqué une réaction en chaîne qui a plongé le hockey italien dans une pataugeoire réglementaire.
Au départ, tout était simple : 9 étrangers pouvaient être engagés par une équipe, dont 5 extracommunautaires, et 7 d'entre eux pouvaient être alignés en même temps sur la feuille de match. Mais Asiago, confronté au besoin de remplacer Robinson (bien que celui-ci ait eu un passeport italien), veut un étranger supplémentaire et menace d'un recours. En décembre, le CONI - le comité olympique italien - a accordé neuf licences d'étrangers supplémentaires, autant que de clubs en somme... Ce serait trop facile.
Série A1
Premier : Bolzano. Le premier à s'engouffrer dans la brèche est Bolzano, qui remarque que ces licences supplémentaires... seront attribuées par ordre chronologique ! le HCB voit tout de suite l'intérêt qu'il peut tirer de cette formulation et tente de se servir le premier en engageant rapidement deux nouveaux Canadiens, Jonathan "Kenny" Corupe et Ryan Jardine, tout juste libérés par le club slovène de l'Olimpija Ljubljana. Vague de protestation immédiate dans les autres clubs, surtout à Alleghe : s'il doit y avoir 9 étrangers pour 9 clubs, c'est quand plus logique de les répartir pour qu'il y en ait une autorisée par club ! Le président de la FISG Giancarlo Bolognini reconnaît l'erreur et rétablit un règlement plus logique. Bolzano n'est plus autorisé à recevoir la licence de Jardine et laisse ce soin à Asiago... où le joueur n'apparaît jamais !
En fait, le club cherche une solution pendant la trêve de décembre. Il finit par envoyer à Asiago le défenseur Matt DeMarchi et par récupérer Jardine dans un échange de bons procédés. Le choix ne paraît pas d'une logique évidente à tous, certains évoquant une histoire de femmes derrière le renvoi de De Marchi, mais on peut y trouver une justification sportive : il a inscrit 9 points en 21 matches mais a aussi été impliqué sur deux buts encaissés à son dernier match. Certes, l'équilibre de Bolzano s'en trouve sensiblement modifié. L'attaquant Brandon Jon Abel est même reconverti à l'arrière pour combler le départ.
Une chose est sûre en tout cas : avec Corupe plus Jardine qui permettent d'avoir trois bonnes lignes offensives, Bolzano dispose de la meilleure attaque du championnat sur le papier. Le problème, c'est que c'est alors aussi la plus mauvaise sur la glace ! À quoi cela sert-il d'avoir tant de talent offensif si c'est pour le confier à un entraîneur aussi défensif que Doug McKay ? Et justement, il est licencié dans les semaines qui suivent, au grand soulagement des supporters, et remplacé par l'entraîneur du hockey mineur Jamie Dumont.
C'est alors que l'histoire se répète : l'an dernier, Cortina avait remporté le titre après avoir viré McKay en cours de saison et avec Corupe comme meilleur marqueur des play-offs. Cette année, Bolzano a remporté le titre... après avoir viré McKay en cours de saison et avec Corupe comme meilleur marqueur des play-offs !
Le joker Kenny Corupe a formé un excellent duo avec le meilleur joueur roumain actuel, Arpad Mihaly, resté aux États-Unis à 16 ans lors d'une tournée d'une équipe roumaine, car le père de la famille qui l'hébergeait dirigeait un lycée privé et lui offrait l'inscription. Le "Comte Dracula", comme la presse italienne n'a pas tardé à surnommer l'attaquant venu de Transylvanie, est revenu en Europe cette année à 27 ans après avoir pas mal bourlingué en AHL et en ECHL, mais il n'a toujours pas joué pour son équipe nationale, puisque la finale de série A a eu lieu en même temps que les Mondiaux de division II (la Roumanie est quand même remontée sans mal).
Cette résurrection après huit ans sans finale a raminé la flamme du hockey qu'on croyait éteinte à Bolzano : pour la quatrième et dernière manche de la finale, les 7200 places du PalaOnda ont affiché complet, ce qui n'était tout simplement jamais arrivé depuis les Mondiaux 1994 pour lesquels elle avait été construite !
Deuxième : Renon. La réussite de Bolzano après une saison longtemps ratée a de quoi frustrer Renon, qui a dominé presque tout le championnat.
La clé de la réussite a été le poste de gardien, après la trahison ressentie l'année précédente. Frédéric Cloutier, élu meilleur gardien en LHJMQ puis meilleur joueur en ECHL, a aussi été reconnu comme le meilleur à son poste dans le championnat italien, où tout le monde y tient pour acquis son départ pour la France.
Lorsque le leader offensif Tony Tuzzolino s'est re-blessé à son genou déjà délicat en décembre, on pensait que ce serait un coup d'arrêt. Malgré deux interventions chirurgicales pour essayer de le réparer, le vétéran italo-canadien a dû mettre un terme à sa saison. Mais aucune perte ne déviait Renon de sa domination, pas mêmes les blessures du rude défenseur letton Kaspars Astashenko ou de l'ancien deuxième marqueur du championnat britannique Mark Smith lors de la seconde phase. Les étrangers ont tous joué leur rôle et se substituaient à merveille aux absents.
Renon a aussi bénéficié d'un bienfaiteur de dernière minute, Enrico Dorigatti. Viré de Bolzano pendant la pré-saison parce qu'il ne s'adaptait pas au système McKay, ce joueur est vite devenu pour les supporters de son ex-club le symbole de la contestation des méthodes de l'entraîneur. Il est vrai que, libéré de ce carcan, Dorigatti a explosé à Renon en doublant sa production offensive pour devenir le meilleur marqueur italien du championnat ! Il n'est pas le seul joueur de Bolzano à avoir réussi dans le petit village de Collalbo : le défenseur offensif Alexander Egger, parfois flamboyant, forme avec Ingemar Gruber (de Merano) une des meilleures paires d'arrières d'Italie, même si elle n'est pas dans les petits papiers du sélectionneur national Mickey Goulet.
La perspective d'un premier titre était peut-être trop lourde à porter. Avant la finale, cela faisait deux ans que Bolzano n'avait plus gagné dans la petite "Ritten Arena" de Collalbo (1700 places). Le troisième match de la finale, qui a mis fin à cette série, a été le tournant de la saison. La troisième ligne défensive de Renon y a faibli : Markus Hafner a été dépossédé du palet par le forechecking de Christian Walcher sur l'ouverture du score, puis il a été un peu en retard au repli défensif sur le but décisif. Ce manque de profondeur de banc à l'arrière était le seul défaut identifié de l'équipe. Renon pourra-t-il rester à ce niveau si ses joueurs-clés s'en vont ? A-t-il laissé passer une chance unique ?
Troisième : Milan. Si le Haut-Adige a repris la suprématie, c'est en grande partie parce que Milan ne figurait plus parmi les favoris. Le club lombard avait décidé de faire confiance à ses jeunes plutôt que de faire venir à bon prix des joueurs italiens des clubs formateurs. Cela a permis la révélation de Marco Insam. Le fils cadet de l'entraîneur, revenu d'une bonne saison en junior A au Canada, a démontré sérieux et de l'engagement, même s'il doit encore travailler son très net déficit de vitesse de patinage. Un autre junior intégré a été le fils du directeur sportif, le combatif Tommaso Migliore. Comme quoi il suffit de quelques liens de parenté pour se découvrir un attachement pour le développement des joueurs locaux...
Les économies faites sur les "nationaux" ont permis aux Milanais de recruter de bons étrangers. Il a tout de même fallu en consommer trois en défense pour pallier le départ de l'arrière international Christian Borgatello, qui a pris une part déterminante dans le titre de Bolzano. Cela a laissé moins de latitude en attaque, où le puissant ailier d'AHL Shay Stephenson a été une bonne pioche, même si ses pénétrations et feintes trop individuelles ont été moins percutantes en play-offs. Le centre Todd Simon n'a en revanche pas pu tenir le rôle de régulateur offensif, la faute à un corps qui ne suivait plus à 35 ans. Il a été écarté en janvier pour faire place à Greg Day, l'ancien champion de France et de Norvège dont la saison à Graz s'est terminée prématurément faute de qualification en play-offs. Day a formé un bon duo avec Giulio Scandella.
Milan a cependant été éliminé en demi-finale par le futur champion Bolzano. La grosse bourde à la bleue de l'Italo-Canadien Pat Iannone (qui avait réussi une meilleure saison que la précédente grâce à sa puissance de tir) a été fatale en aboutissant au but en prolongation de Corupe lors du match 3. Après sept finales consécutives, la belle série s'interrompt donc pour Milan. Mais c'était plus au moins prévu, au sein d'un cycle de rajeunissement de trois ans avant de revenir au plus haut niveau. Les ambitions ne sont donc pas enterrées.
Quatrième : Fassa. Le recrutement du coach de l'équipe d'Italie des moins de 18 ans, Stefan Mair, a illustré la volonté de Fassa de faire confiance aux jeunes. Le travail de Mair auprès de l'équipe des Dolomites a été unanimement salué.
Le choix le plus courageux du club a été l'arrivée comme gardien de Thomas Tragust, 21 ans, revenu d'une année junior au Texas. Un portier a besoin de temps de jeu à cet âge pour se développer, et Fassa le lui a offert en étant souvent payé de retour, notamment dans ce moment-clé de la saison que constituait le quart de finale. Les révélations de la saison ont été deux autres joueurs de 21 ans, l'épatant défenseur Stefano Marchetti et le petit attaquant Diego Iori. Ils ont marqué les deux buts qui ont renversé le match 3 de la demi-finale dans les cinq dernières minutes, sur la glace de Renon (6-7). Fassa est arrivé dans une telle forme dans ces play-offs que l'exploit paraissait possible à cet instant. Le favori vacillait, mais il n'a craqué que plus tard, en finale.
La saison reste néanmoins très positive pour Fassa, qui a plu par son enthousiasme, son collectif, son engagement sans faille et son style très offensif. L'organisateur Greg Watson et le buteur d'instinct Greg Barber ont emmené la meilleure attaque du championnat.
Quant à la piste hollandaise, elle avait été raillée au début. Le recrutement en provenance d'Amsterdam de deux internationaux des Pays-Bas, tous deux canadiens à double nationalité, laissait sceptique. Il est exact que l'essai de Brad Smulders a été infructueux : il était loin du niveau et ressentait unje gêne agrave; la hanche. En revanche, son compatriote Jamie Schaafsma a été une des plaisantes découvertes de la série A.
Cinquième : Cortina. Le champion en titre avait logiquement essayé de conserver ses meilleurs joueurs. Mais le départ du meilleur de tous, Jonathan "Kenny" Corupe, n'était pas si simple à compenser. Le costume de centre n°1 était trop grand pour Brandin Cote, malgré ses bonnes stats en ECHL. Le rendement des ailiers, Mike Souza et Nick Deschênes, a donc diminué en conséquence. Il faut dire que ce dernier ne voulait qu'une chose, retourner au Canada où son épouse avait dû rentrer pour motifs professionnels. Cortina l'a laissé partir et a alors fait une bonne affaire en récupérant Bobby Russell : l'ex-Grenoblois s'est avéré le seul capable de marquer régulièrement, mais il a disparu comme les autres en play-offs.
Cette équipe qui avait une première ligne de feu un an plus tôt se trouvait donc offensivement muette du jour au lendemain. Le soutien ne viendrait pas non plus de la deuxième ligne, où l'éternel capitaine Giorgio De Bettin commence à se faire vieux à 35 ans. Même si Jeff Maund a maintenu ses performances dans les cages, cela ne compensait pas la faiblesse de l'attaque. Et si Corupe a été autant sifflé lors de son retour à Cortina sous un maillot ennemi, c'est que l'on sait combien son départ - initialement vers la Slovénie puis vers Bolzano - a pesé lourd.
Cortina a bien sûr essayé de changer d'entraîneur. Richmond Gosselin a été mis à la porte, et Miroslav Frycer a été engagé avec empressement, resté à peine douze heures au chômage après son licenciement à Vitkovice. À l'actif du Tchèque, avoir redonné confiance au jeune défenseur Luca Zandonella, qui avait suivi la finale 2007 en tribune.
On a cru au redressement. Les performances se sont améliorées dans la deuxième phase, et en terminant en tête du "tour de relégation" qui porte mal son nom, Cortina a gagné le droit d'affronter le moins bon de la poule des quatre premiers, Fassa. Mais face à une équipe bien préparée physiquement, la stérilité offensive a été criante. L'élimation en trois manches sèches a été cuisante. Le sponsor principal, la maison de champagne De Vilmont, n'aura pas souvent eu l'occasion de déboucher des bouteilles cette saison...
Sixième : Alleghe. Après les deux demi-finales obtenues sous Mats Lusth, l'objectif fixé au nouvel entraîneur Ron Ivany était clair : la finale. Il est tout aussi clair que cet objectif a été raté...
Le recrutement du légendaire "Super Mario" Chitarroni a été apprécié. Le caractère intact de l'ancien Milanais (40 ans) a ravi les supporters. C'est peut-être pour cela qu'Alleghe a prolongé le filon en faisant revenir en cours de saison Niklas Sundblad (du Japon) et Tony Iob (d'Autriche), deux autres vétérans bien connus en Italie. Mais dans une équipe dont les cadres vieillissent doucement, on attendait du sang frais. Hormis les progrès du défenseur de poche Francesco De Biasio, on n'a rien vu venir.
Le recrutement dans les ligues mineures nord-américaines n'a pas eu l'impact attendu. Le gardien américain Tom Askey a été extrêmement décevant, et il a été renvoyé dès novembre. Alleghe avait déjà trouvé mieux en mettant la main sur Günther Hell, rentré au pays après un essai infructueux à Vienne. La motivation de l'ancien gardien de Bolzano, lassé d'être mené par le bout du nez par son ancien club qui le barrait sans cesse en sortant du chapeau un nouveau n°1, n'a cependant pas suffi en quart de finale : Bolzano, éliminé à ce stade de la compétition par Alleghe l'an dernier, pouvait savourer sa revanche.
Septième : Pontebba. L'essoufflement connu à la fin de leur premier championnat pouvait présager de difficultés des Frioulans pour passer le cap toujours délicat de la deuxième saison dans l'élite. Mais ils ont bien recruté, en allant chercher des joueurs au Danemark - même si David Burgess a un peu déçu - ou en Grande-Bretagne avec le rude défenseur Radovan Hecl qui a joué quatorze fois en NHL. Ils ont ainsi longtemps lutté pour terminer dans le top-4, mais n'y sont pas parvenus, se retrouvant dans la "poule de maintien" avec plus de matches à jouer et donc plus de fatigue.
Ils ont connu une grande déception début janvier quand leur capitaine, le petit vétéran canadien Patrice Lefebvre, a annoncé qu'il devait retourner habiter à Milan pour raisons personnelles. Il a été remplacé par l'Ukrainien Konstantin Kalmikov, qui n'a sûrement pas été dépaysé par les maillots de Pontebba dont les couleurs (jaune et bleu) ressemblent énormément à celles de son équipe nationale.
Le joueur-clé est cependant resté le gardien Andrea Carpano, auteur d'une très bonne saison.
Non seulement la belle histoire de Pontebba ne s'est pas arrêtée, mais elle a écrit ses plus belles pages en mars. La victoire en Coupe d'Italie a déjà rapporté le premier trophée du club, plus tôt qu'on ne l'aurait cru. Et en play-offs, emmenés par la ligne Aquino-Cavanaugh-Romano, les Frioulans ont mené deux manches à une dans leur quart de finale contre Milan (avec un Lefebvre transparent) en ayant la possibilité de conclure à domicile dans leur PalaVuerich devant deux mille spectateurs. Le petit village de montagne n'a finalement pas battu la métropole lombarde, mais avoir été en position de le faire a déjà secoué le hockey italien.
Autre titre de gloire de Pontebba : le poisson d'avril le plus réussi. En annonçant leur déménagement à Trieste, la capitale de la région autonome Frioul - Vénétie Julienne (ville vénète et non frioulane), ils ont déclenché une incroyable vague de réactions outrées, de protestations scandalisées et d'appels incrédules... La nouvelle a été relayée par la radio et la télé régionale avant d'être démentie le lendemain... Même en avril, après la fin de saison, les Aigles ont tenu à faire parler de leur sport sans passé au Frioul autre que dans leur village.
Huitième : Val Pusteria. Bobby Russell était sous contrat à Brunico, mais il était blessé : le dilemme du début de saison consistait à le conserver ou non. Si on avait fait voter les supporters, ils auraient choisi de mettre dehors Jeremy Adduono, l'attaquant venu de DEL qui n'a pas été à la hauteur des espérances. Russell, à sa demande, a finalement été cédé à un concurrent direct (Alleghe). Celui qui avait été recruté à sa place, Daniel Olsson, déjà présent il y a deux saisons, a tellement déçu qu'il a été remplacé par un autre centre suédois, Johan Ramstedt. Il faut dire ce poste de centre a été une faiblesse de l'équipe de Val Pusteria, puisque l'autre recrue Brent Gauvreau a elle aussi déçu.
Mais le point noir de Brunico, ce fut sa défense, cotée en théorie et totalement poreuse en pratique. Le gardien Joaquin Gage, présenté sur un piédestal pour son petit passé en NHL, a été accusé de jouer trop en retrait sur la ligne et de laisser trop de rebonds dans l'axe. Or, le slot n'était pas spécialement bien protégé. Calle Bergström - recruté au dernier moment à la place de Nikos Tselios empêché par des soucis de passeport - a commis trop d'erreurs et trop peu utilisé son physique, ce qui a été un gros problème puisque c'était un des rares défenseurs défensifs. Les autres arrières (Steven Gallace, Mike Jarmush, Armin Hofer ou Christian Mair) sont plutôt portés vers l'avant... et pas spécialement vers les mises en échec.
C'est d'ailleurs le troisième problème des Loups. Les trois seuls joueurs qui pratiquent un jeu physique sont trois avants, le toujours productif Patrick Bona, la recrue Zdenek Sedlak (qui a connu blessure sur blessure en fin de saison) et Max Oberrauch. Trop peu au goût du public - toujours aussi nombreux et bruyant - et trop peu pour rivaliser dans le championnat italien.
Neuvième : Asiago. Quand une équipe voit mourir l'un des siens, jouer une saison sportive n'a rien de facile. Mais il ne faut pas expliquer le classement final du club uniquement par le choc du décès de Darcy Robinson.
En réalité, Asiago avait continué de reconstruire son équipe autour de jeunes joueurs locaux - certains prometteurs comme le défenseur international junior Fabio Testa ou le centre de 18 ans Matteo Tessari - encadrés par bon nombre d'oriundi emmenés bien sûr par l'inoxydable John Parco. Dans ces conditions, le gardien universitaire Daniel Bellissimo ne s'en est pas si mal sorti, et les efforts d'Asiago pour rester au contact ont été méritoires.
Le club a même pu retrouver le sourire en une occasion en fin de saison : Lucio Topatigh est sorti de sa retraite à 42 ans, dans l'unique but de jouer son millième match en série A, pour lequel il a porté le maillot n°1000. Ensuite, le Faucon de Gallio (du nom d'un des villages de l'Altopiano au-dessus d'Asiago) est retourné à ses fourneaux, définitivement. La boulangerie gagne un seigneur, mais le hockey voit partir le joueur le plus marquant formé en Italie dans ces vingt dernières années.
Série A2
Dernier au classement en novembre, Caldaro a fini champion de série A2 en constituant petit à petit son équipe autour de la reconstitution du spectaculaire duo Armando Chelodi - Milan Blaha. L'équipe a commencé la saison avec deux étrangers pour finir avec le nombre maximum de quatre. Elle a ajouté l'attaquant Pontus Moren et le défenseur Waldemar Pelikovsky, qui n'est pas resté longtemps à Neuilly-sur-Marne mais a quitté un club visant le titre au deuxième niveau français pour un club qui visait la même chose au deuxième niveau italien. Le Slovaque a amené une dimension physique importante dans le succès de Caldaro. Ce club qui évolue dans une patinoire à l'ancienne, fameuse pour sa pizzeria avec vue sur la glace, n'est peut-être pas aussi prêt et aussi motivé pour accepter la montée en série A1 que ne l'aurait été le finalist malheureux.
La finale sèchement perdue en trois manches a été une nette déception pour Valpellice, qui a encore battu une équipe de série A (Brunico) en coupe. Les Piémontais avaient investi à l'intersaison pour densifier son équipe avec trois bonnes lignes et un second gardien, Marcello Platè, capable de soulager et de subtituer Mark Demetz. Encore faut-il jouer à cinq pour profiter de cette richesse de banc... Le capitaine Dino Grossi, pas réputé pour sa capacité à gérer nerveusement les moments difficiles, a déteint sur ses coéquipiers (notamment Kevin Senoner, le joueur formé à Gardena) qui ont pris trop de pénalités en finale.
Ayant perdu son passeur Chelodi vers le futur champion, Egna a pris la première place de la saison régulière en ayant le nez fin pour recruter deux jeunes buteurs étrangers, Jiri Lala et Karl Gagné, qui en ont fait la meilleure attaque. Cela n'a pas suffi en demi-finale face à un Caldaro en progrès.
Les All-Stars Piémont se sont beaucoup appuyés sur l'expérience en défense de Giovanni Marchetti (40 ans) et de la recrue venue d'Épinal Jan Bohacek (39 ans), chargés de lancer les rapides contre-attaques qui sont la principale arme de l'équipe. Le derby contre Valpellice a enfiévré la région à chaque édition, jusqu'aux retrouvailles en demi-finale, perdues à cause d'un banc vraiment trop court. Le directeur sportif, le jeune retraité Gianluca Canei, a eu sa part dans l'évolution de ce club de Turin qui commence à se faire un public.
Le futur champion Caldaro ne s'était qualifié que de justesse en play-offs, à la faveur des confrontations particulières face au cinquième Vipiteno, qui a aligné jusqu'à neuf juniors et confirme ses qualités de formateur. Malheureusement, les étrangers qui les encadraient étaient trop faibles. Avec Adrian Saul et Jon Barkman, c'est Appiano qui avait le meilleur duo eacute;tranger en début de saison, meilleur un temps que la paire Lala/Gagné, assez pour compenser la blessure du gardien titulaire Hannes Pichler à ce moment.
Vainqueur de la A2 un an plus tôt, Merano avait obstinément refusé de monter (sauf à être capable de jouer le titre), trois ans après sa rétrogradation volontaire. Cette décision incomprise a eu raison de la motivation du public qui s'est rebellé et a fini par tourner le dos au club. Cela a amplifié une situation financière devenue véritablement désastreuse. Avant la clôture des transferts fin janvier, ce fut même une saignée avec le départ des deux seuls étrangers et même du fidèle capitaine Andreas Huber vers Bolzano. Il n'y avait plus rien à espérer de cette saison de transition (mais vers quoi ?).
Seule satisfaction, avoir laisé la lanterne rouge à Valgardena, qui avait un budget réduit de moitié. Sur les quatre étrangers, tous suédois et amenés par le nouvel entraîneur Sven Ore Nermo, deux sont vite repartis, les jumeaux Berlin, parce que l'un d'eux ne supportait pas l'altitude (Selva, dans le Val Gardena, est à 1400 m) ! Le système du coach suédois, qui présupposait un collectif homogène dans le patinage, a été jugé trop difficile à apprendre, et on a donc demandé au local Thomas Kostner, qui entraînait les jeunes, de mettre en place un système défensif canadien plus simple. Quelques victoires tardives en fin de saison ont récompensé ce changement.
L'inclusion dans cette série A2 de l'équipe d'Italie des moins de 20 ans, sur le même principe qu'en LNB suisse, a été décidée trop précipitamment en fin d'été pour pouvoir être jugée avec assez de recul.
Entre les clubs piémontais en croissance et les clubs historiques du Haut-Adige financièrement asphyxiés, la série A2, où le nombre d'étrangers va encore être réduit, s'interroge sur sa viabilité. Et c'est tout le hockey italien qui se demande - une énième fois - quelle formule de championnat il adoptera l'an prochain...
Marc Branchu