Russie 2007/08 : présentation

 

Cela fait deux ans qu'on en parlait, et la loi passe enfin devant la Douma : des dispositions spécifiques aux sportifs seront ajoutées dans le code du travail russe. Jusqu'ici, n'importe quel hockeyeur pouvait se dédire de son contrat avec un simple préavis de deux semaines. Désormais, toute rupture devra s'accompagner d'une compensation, à hauteur des deux tiers du dernier salaire annuel versé à l'employé. Cette nouvelle loi, qui devrait s'appliquer d'ici début 2008, est saluée non seulement par les clubs mais aussi par le syndicat des joueurs : elle fonctionne en effet dans les deux sens. Jusqu'ici, les clubs avaient tendance à se débarrasser un peu facilement des joueurs dont ils ne voulaient plus, sans même parler des entraîneurs. On devrait donc aboutir à des pratiques contractuelles bien plus saines. Première conséquence visible : on a signé des contrats de plus longue durée ans cet été, surtout avec des joueurs de premier plan...

Bien évidemment, la principale raison de cette loi est le bras de fer engagé par les clubs russes avec la NHL. Ils ne veulent plus que les franchises nord-américaines puissent leur prendre des joueurs sous contrat comme si de rien n'était, et ont encore refusé de signer le pis-aller que représente pour eux l'accord de compensation globale entre l'IIHF et la NHL. L'objectif des Russes consiste toujours à mettre en place des transferts de club à club comme cela se fait dans le football. Leur combat était raillé, perdu d'avance selon certains.

Cet été pourtant, les Russes ont déclenché une riposte intéressante. Ils ont attiré de nombreux joueurs de NHL comme Aleksei Yashin, mais surtout, certaines de ces recrues étaient encore sous contrat. Cette fois, c'était au tour des Américains de fulminer : contrairement à ce qu'ils prétendaient, si la Russie ne signe pas l'accord IIHF/NHL, elle n'est pas la seule à être désavantagée. L'absence de règles peut être préjudiciable des deux côtés, et les Nord-Américains paraissent perdants si l'on regarde les transferts qui ont eu lieu dans un sens et dans l'autre. Ironie suprême de la situation, deux des joueurs qui ont fait faux bond à leur équipe NHL malgré un contrat valable sont Svitov et Chistov, les deux mêmes joueurs qui avaient déclenché la révolte des clubs russes en partant outre-Atlantique en dépit de leur contrat. C'était il y a six ans. Cela s'appelle un retour de boomerang.

L'autre affaire de l'été, ce sont les plaintes des gardiens des pays limitrophes (Bélarus, Kazakhstan...) contre les règles décidées par Tretiak qui les considèrent comme étrangers en dépit de leur passeport russe. Andrei Mezin a été débouté, et son avocat en appelle à Vladimir Poutine lui-même pour "faire respecter les droits d'un citoyen russe". Pas plus de réussite devant la justice pour Vitali Eremïev. Malgré ces décisions défavorables, leurs clubs respectifs (Metallurg Magnitogorsk et Dynamo Moscou) ont annoncé qu'ils les garderaient quand même et qu'ils paieraient l'amende prévue pour les gardiens étrangers : 9 millions de roubles, soit environ 250 000 euros.

 

On pensait que la finale perdue contre Magnitogorsk marquait la fin d'une époque pour Ak Bars Kazan. Le trio magique, après avoir survolé le championnat, était censé succomber aux sirènes et atterrir sur d'autres rivages. On annonçait les trois hommes un peu partout. La chasse n'a cependant pas fonctionné. Danis Zaripov, Sergei Zinoviev et Aleksei Morozov ont tous trois resigné. Plus fort encore, l'autre international qui a éclaté aux Mondiaux, le superbe défenseur Ilya Nikulin, approché par plusieurs équipes de NHL, signait un nouveau contrat de cinq ans. Il devrait jouer sur le cinq majeur à la place de Proshkin.

La panthère tatare s'est bien défendue en conservant une ligne très forte. Et elle est ensuite passée à l'assaut pour reconstituer le reste. Les attaquants Denis Arkhipov et Nikita Alekseiev ont quitté la grisaille de Chicago, désespérante vu les résultats actuels des Blackhawks, pour la splendeur de Kazan, où les victoires doivent aider à mieux apprécier le climat. Le Canadien Cory Larose vient lui aussi de Chicago, mais de l'équipe d'AHL, ligue dont il a été cinquième marqueur. Le quatrième étranger ne sera pas le champion olympique Daniel Tjärnqvist, actuellement convalescent après une douloureuse blessure à l'aine : la rumeur a été démentie par le club et le joueur. Il devrait s'agir d'un nom moins ronflant, le défenseur offensif américain Matt Mottau, qui n'est jamais devenu "le nouveau Brian Leetch" mais dont l'agilité pourrait être intéressante sur les glaces russes. Pour l'instant, son transfert est cepndant bloqué par les New Jersey Devils qui l'ont sous contrat.

Autre petite inquiétude : le gardien finlandais Mika Noronen s'est fracturé la clavicule en deux endroits lors du camp d'entraînement. Vassili Koshechkin, le haricot géant de Togliatti qui n'avait pas saisi sa chance au championnat du monde, tient là une belle opportunité de partir titulaire dans son nouveau club.

Avoir conservé son trio offensif ne signifie pas que Kazan ait été totalement imperméable aux tentatives de déstabilisation entreprises cet été par ses concurrents. On l'a constaté en pré-saison avec l'étrange crise de Zinoviev : énervé après une expulsion lors du tournoi de Saint-Pétersbourg, le joueur de centre a pris ses affaires et est parti dans une direction inconnue, ou plutôt trop bien connue, Ufa. Sur le chemin, il a appelé pour expliquer qu'il voulait annuler son contrat... trois mois après l'avoir prolongé pour cinq ans ! Selon les explications officielles du club, son absence s'expliquait par une blessure au genou... Zinoviev est finalement rentré, mais les rumeurs de conflit avec son entraîneur Bilyaletdinov ont persisté. Interrogé sur leur origine, le capricieux centre a expliqué qu'elles venaient de... son propre coéquipier, le défenseur Ryasensky ! Il est bien difficile de comprendre qui en sont les responsables, mais en tout cas la zizanie semble s'être insidieusement installée dans le vestiaire de Kazan.

 

Et tout cela fait sûrement sourire le Salavat Yulaev Ufa, son principal adversaire pour le championnat. Les Bachkires ne font clairement aucun cadeau à l'autre république musulmane, la voisine et rivale du Tatarstan. S'ils n'ont pas happé les deux premières lignes de Kazan (contactées en entier !), ils en ont quand même récupéré quatre éléments : le gardien Eremenko, souvent barré par un concurrent étranger, le défenseur Vitali Proshkin et le duo offensif Vorobiev-Tereshchenko, qui faisait du très bon travail sur la deuxième ligne dans l'ombre de Morozov et consorts.

Mais ils n'en sont pas resté là. Ils ont engagé un troisième Tchèque, le défenseur Miroslav Blaták, et ils ont recruté pour cinq ans le défenseur offensif Oleg Tverdovsky, qui a dit vouloir de la stabilité. Une chose est très claire à Ufa : le recrutement n'est pas un problème d'argent... sauf pour les autres. Kirill Koltsov était ainsi presque au Khimik quand il a reçu une offre inégalable de Bachkirie. Et les Canadiens de Montréal ont regardé éberlués la somme offerte à Aleksandr Perezhogin.

Le plafond salarial officiel, institué depuis l'an passé à 300 millions de roubles (à peine plus de 8 millions d'euros), est sans aucun doute explosé, ce qui est théoriquement autorisé en payant 30% du dépassement sous forme de pénalité. Une sanction qui n'a été appliquée à personne... parce qu'il faut avoir des comptes clairs et sûrs avant de pouvoir imposer une masse salariale maximale.

Quand on voit une équipe qui n'a jamais eu la moindre star (le capitaine était d'ailleurs le modèle de constance et de discrétion Vladimir Antipov) se jeter soudainement sur tout ce qui bouge, on peut légitimement se demander si ce coup de folie apparent a la moindre cohérence. Il en a. Kirill Koltsov, Stanislav Chistov, Aleksandr Perezhogin, Aleksei Taratukhin et même Igor Grigorenko (qui a signé un pré-contrat à Ufa pour le cas où il n'arriverait pas à se faire une place chez les Red Wings de Detroit) ont tous été champions du monde juniors en 2002 et/ou en 2003. L'actuel coach du Salavat, Sergei Gersonsky, n'était alors que l'entraîneur-adjoint des moins de vingt ans russes, et cela suffit pour qu'il connaisse déjà bien tous ces joueurs. Dans le cas de Perezhogin, il l'a même formé depuis tout petit, à Ust-Kamenogorsk puis à Omsk. Mais pour ce jeune entraîneur, il faudra gérer une toute autre mission : non plus développer des talents, mais supporter la pression d'un club qui a beaucoup investi et veut évidemment des résultats.

La nouvelle patinoire de 8000 places est à peine sèche que le Salavat veut déjà y proposer un sacré spectacle. Mais pour cela, il faudra attendre la mi-octobre... La "Ufa-Arena" a été préparée en urgence pour la super série junior Canada-Russie, mais les travaux de modification continueront pendant un mois.

 

Autre patinoire neuve utilisée pour la série junior, celle de l'Avangard Omsk, construite en à peine vingt mois sur la rive gauche de l'Irtysh. C'est la sixième arène russe à dépasser les dix mille places.

Sitôt éliminé en avril dernier, l'Avangard a fait resigner ses deux premières lignes, Kalyuzhny-Chubarov-Rosa et Cherepanov-Kuryanov-Popov. Il s'est par contre débarrassé de certains vétérans parce que l'on jugeait qu'ils n'avaient pas assez faim pour amener Omsk en finale, l'objectif annoncé. L'attaque a gagné un atout supplémentaire, la puissance physique de deux joueurs dont le gabarit était apprécié en NHL, Evgeni Artyukhin (Yaroslavl) et Aleksandr Svitov (le fuyard que Columbus a remplacé par l'agent libre Mike Peca).

La défense - qui a perdu le capitaine Ryabykin et l'offensif Koltsov - a aussi pris du volume avec des recrues "ukrainiennes". Le grand Anton Babchuk a été formé à Kiev mais a choisi de jouer pour la Russie. En février dernier, il a violé un tabou suprême outre-Atlantique en refusant un renvoi en AHL, lequel n'était pas une sanction mais une question de contrats plus ou moins protégés : il avait un contrat "two-way" et ne pouvait pas être réclamé par un autre club, ce qui en faisait le candidat le plus confortable. La bouderie de Babchuk n'a duré qu'une semaine, mais assez pour le dévaluer sur le marché de la NHL. L'autre renfort n'a que de lointaines ascendances ukrainiennes, puisqu'il s'agit de l'arrière canadien Ross Lupaschuk, récent champion de Finlande avec Kärpät et connu pour sa rudesse et pour sa puissance de lancer.

Lupaschuk fait la paire avec un international ukrainien - un vrai celui-là - Sergei Klimentiev, en soutien du trio offensif du nouveau capitaine Aleksei Kalyuzhny. Et cette ligne a fait un vrai carton en pré-saison avec 14 buts en powerplay. Le président du club Konstantin Potapov a déjà annoncé que cette "ligne Chubarov" était capable de surpasser la fameuse ligne de Kazan et d'être la nouvelle terreur du championnat.

L'autre satisfaction des tournois de préparation a été la résurrection de Maksim Sokolov. Il a suffi pour cela qu'il quitte de nouveau sa ville natale de Saint-Pétersbourg, après le mauvais traitement qui lui a été infligé au SKA, et retrouve le club où il a connu ses meilleures années, l'Avangard. Est-il vraiment en train de revenir à son niveau d'antan ? Ce serait une bonne nouvelle pour l'équipe de Russie.

 

Le champion en titre, le Metallurg Magnitogorsk, n'est pas en reste : il a lui aussi conservé sa première ligne, avec les deux Tchèques Jaroslav Kudrna et Jan Marek et le jeune Nikolai Kulemin (celui-ci a signé avec Toronto mais restera encore un an dans son club formateur, et son cas s'est réglé sans psychodrame a contrario de l'affaire Malkin). Et pourtant, parmi tous les poids lourds du championnat, "Magnitka" est le seul dont on peut pas affirmer qu'il est encore plus fort que l'an dernier.

La raison est à chercher dans les cages. Travis Scott, le Canadien décisif en play-offs, est vite parti à Cologne. Et sa doublure, le gardien formé au club Anton Khudobin qui n'a jamais totalement percé, a filé pour aller jouer en AHL. Et la Russie de se lamenter : c'est bien beau de vouloir interdire les gardiens étrangers, mais comment faire si les rares jeunes talents nationaux s'en vont ?

Magnitogorsk a voulu recruter l'éternel second gardien de NHL Jamie MacLennan (259 matches sans jamais être vraiment n°1), mais son niveau n'a pas convaincu lors de la pré-saison. On se contentera du jeune retraité de l'équipe nationale du Bélarus, Andrei Mezin, bien que le natif de l'Oural soit lui aussi considéré comme étranger au grand dam de beaucoup de monde. Le Metallurg continue de produire de jeunes gardiens, comme Ilya Proskuryakov (20 ans), pour prendre la suite de Khudobin. Mais ils sont encore inexpérimentés, et il faudra que Mezin ne soit pas trop vieillissant pour que le Metallurg puisse défendre sa couronne.

 

Le transfert d'Aleksei Yashin au Lokomotiv Yaroslavl a assurément été le plus médiatique de l'été. Tout ce qui touche au centre russe, adulé par les uns et incompris par les autres, est gonflé par des préjugés et émotions contradictoires : il est accueilli avec une ferveur exagérée en Russie, et vilipendé avec un acharnement exagéré en Amérique du nord.

Les New York Islanders, qui avaient offert à Yashin un contrat délirant de dix ans et étaient un peu coincés par la limitation salariale, ont fini par en racheter les cinq dernières années aux deux tiers de sa valeur. Assuré de toucher un beau pécule, Yashin pouvait négocier où il voulait pour jouer et se faire de l'argent de poche en plus. Il a choisi Yaroslavl, où il a déjà joué pendant le lock-out. C'est assez loin de Hollywood où travaille sa femme, mais il y retrouve par contre un de ses coéquipiers aux Islanders, Randy Robitaille, qui a marqué 40 points la saison passée en NHL. Robitaille a été convaincu par Paul Gardner, son ancien entraîneur à Nashville, de le rejoindre en Russie. Il l'a fait tardivement après avoir manqué la pré-saison, ce qui a fait croire qu'il n'arriverait pas. Il y a une troisième recrue majeure en attaque : l'international tchèque Zbynek Irgl, l'homme qui avait éliminé la Russie en prolongation au Mondial 2006.

Si le Lokomotiv est renforcé offensivement, il a pu aussi conserver son jeune gardien Semion Varlamov. Le junior a tenu parole et jouera cette saison à Yaroslavl, même si Ovechkin, persuadé qu'il est le meilleur gardien russe après l'avoir côtoyé aux entraînements de l'équipe nationale, a plaidé pour l'avoir tout de suite à ses côtés aux Washington Capitals.

La défense a perdu les internationaux Hauer et Grebeshkov, mais a vu revenir Aleksandr Guskov, qui a connu les deux titres du Loko en 2002 et 2003, et recruté le défenseur finlandais Ari Vallin, qui n'a pas connu une bonne saison à Frölunda mais a bénéficié de la recommandation de son compatriote Kimmo Timonen (autre ex-joueur de Gardner en NHL).

 

Le Khimik Moskovskaïa oblast conserve une base défensive presque intacte, à l'exception de son homme clé... l'entraîneur Piotr Vorobiev bien sûr ! C'est désormais Evgeni Popikhin, bien connu en Suisse, qui aura la charge du Khimik de la région de Moscou, avec comme adjoint l'ex-attaquant Aleksandr Prokopiev, qui a arrêté sa carrière après une blessure à l'œil. Même si de lointaines républiques font plus de bruit aujourd'hui, le soutien des autorités politiques est toujours présent dans le club basé à Mytishchi, puisque le nouveau président du club n'est autre que le maire du district local.

Ayant subi pas mal de départs (Schastlivy et les fratries Vorobiev et Sevostyanov), l'attaque s'est par contre nettement renforcée. La question "centrale" consistait justement à trouver un centre à la star Sergei Mozyakin, qui a prolongé son contrat jusqu'en 2011. Il pourrait s'agir de Martin Saint-Pierre : le meilleur centre d'AHL a un sens collectif qui pourrait convenir au jeu européen. À l'inverse, les deux recrues de NHL, Nils Ekman et Jan Bulis, ont un hockey assez canadien, mais le Suédois et le Tchèque ont prouvé leur valeur sur grande glace pendant le lock-out.

L'attaque a même reçu deux renforts de dernière minute pour la profondeur de banc : il s'agit de Ruslan et Roman Bashkirov, deux jumeaux formés au Spartak qui ont passé la saison avec les Remparts de Québec. Le plus grand des deux, Ruslan, a été drafté au deuxième tour par les Sénateurs d'Ottawa ,mais son "petit" frère Roman, malgré des stats un peu meilleures, ne l'a pas été du tout. Leur père les a alors fait rentrer en Russie, dans l'espoir d'un contrat avec Ak Bars Kazan. Il est vite devenu évident qu'ils n'avaient aucune chance de se faire une place dans le riche effectif tatar. Ils ont été écartés, sans possibilité de revenir au Québec où on les avait remplacés par d'autres Européens. Ils sont donc rentrés chez eux à Moscou, et le Khimik MO, qui a peu de jeunes par lui-même, les a récupérés à moindre frais.

 

Après de séduisantes performances, le CSKA Moscou est confronté chaque année au départ de ses meilleurs joueurs. Mais avec un budget revu à la hausse (environ 15 millions d'euros), le demi-finaliste semble capable de mieux se protéger. Il y a un effet de groupe dans la décision des joueurs : le capitaine Vadim Epanchintsev a ainsi accepté de rester seulement après avoir vu les contrats renouvelés des espoirs Parshin et Shirokov. Le seul membre de la "ligne des jeunes" sur le départ, c'est donc le centre Aleksandr Nikulin, qui reviendra cependant s'il ne se fait pas une place chez les Sénateurs d'Ottawa.

Les lignes d'attaque accueillent quelques bonnes recrues : Oleg Saprykin, en mal de temps de jeu en NHL, le jeune Suédois Dragan Umicevic, dont le style très technique devrait plaire au public russe, le Tchèque Ladislav Kohn, qui était le joueur le mieux payé de SM-liiga chez les Blues Espoo, et le capitaine de l'équipe nationale russe Piotr Schastlivy... qui ne pourra reprendre le jeu qu'en décembre après sa blessure aux ligaments croisés contre la Finlande en demi-finale des championnats du monde.

La défense a perdu l'international slovaque Martin Strbak, mais elle a vu revenir Denis Kulyash, dont le départ au Dynamo avait été la grande affaire de l'été 2005. Les temps changent, et peu à peu le CSKA paraît en mesure d'atteindre l'objectif de son entraîneur Vyacheslav Bykov : pouvoir garder ses joueurs et construire une équipe stable sur deux ou trois ans.

Le seul souci, c'est le poste de gardien. Les rares Russes sur le marché étaient trop chers, or les gardiens étrangers seront interdits dans un an. Les jeunes Ivan Kasutin et Nikita Bespalov ne sont pas prêts, et il faut les encadrer. Malheureusement, le vétéran tchèque Vladimir Hudacek n'a satisfait ni par son niveau, ni par sa forme physique, ni par sa relation au travail. À part ça, il reste quoi ? En conséquence, son contrat a été annulé après la tournée en Suisse, et le CSKA a recruté un portier canadien, Tom Lawson (Lukko Rauma, Finlande). Le recours de dernière minute pourra-t-il faire oublier Simchuk ?

 

L'autre ancien "club de l'armée", le SKA Saint-Pétersbourg, semble revenu à son héritage : avec le nouveau logo, sélectionné sur 80 modèles, c'est le grand retour de l'étoile avec la faucille et le marteau ! Mais s'il y a chose que le SKA - possédé aujourd'hui par Gazprom - a gardé de ses origines militaires, c'est sûrement le principe de ne jamais regarder à la dépense. Malgré tout, les résultats ne sont toujours pas à la hauteur de son imposant budget.

Après une 14e place de nouveau très décevante, le président Aleksandr Medvedev a mis un terme aux vieilles recettes et confié le sort du club à l'étoile rouge à... un Américain. Le plus célèbre entraîneur-adjoint du monde, Barry Smith, a notamment été l'assistant de Scotty Bowman à Detroit où il avait mis en place le "Russian Five". Il a obtenu des responsabilités élargies, dans le recrutement des joueurs et de son staff. C'est d'ailleurs son frère, Dave Smith, qui s'occupe de la préparation physique.

Le seul poste d'entraîneur-chef que Barry Smith ait tenu dans sa carrière, c'était à Malmö en 1996/97. Car l'Américain est aussi connu pour son implication dans le hockey suédois. Il a souvent été un conseiller ou un adjoint de la Tre Kronor. Par conséquent, si la présence de Smith a peut-être aidé à recruter des Canadiens (le gardien Marc Lamothe et le défenseur Jamie Heward), elle a surtout été un argument percutant pour convaincre des joueurs suédois. La première greffe scandinave à Saint-Pétersbourg, à une époque où les étrangers se comptaient sur les doigts d'une main dans le championnat russe, n'avait pas fonctionné. Aujourd'hui, on attend beaucoup mieux de Mika Hannula et d'Andreas Johansson. Ils pourraient former la première ligne avec la fragile star Maksim Sushinsky, opéré de l'épaule en mai dernier.

 

Depuis que Bykov et non plus Krikunov est le sélectionneur national, le Dynamo Moscou vit dans l'ombre du CSKA. Même au niveau des moyens financiers, il est relégué derrière. Il a tout de même réussi certains coups sur le marché des transferts, dont un pari audacieux : Fedor Fedorov, arrivé avec 112 kg sur la balance, ne sera-t-il qu'un poids mort ? Le petit frère explique que les clubs russes n'ont jamais su l'utiliser jusqu'ici et obtient ce qui apparaît comme une dernière chance. L'entraîneur Vladimir Krikunov a l'air d'apprécier ce perce-muraille.

Pour que son équipe soit meilleure aux mises au jeu notamment, le Dynamo a recruté des centres canadiens, Jamie Lundmark et Éric Landry. Mais ce dernier doit d'abord passer par une délicate phase de réadaptation car il jouait à l'aile la saison dernière à Berne.

Mais, à l'heure où les autres clubs russes ont réussi à recruter beaucoup d'attaquants de NHL, ce ne sont pas les arrivées de Lundmark ou de Dmitri Afanasenkov qui sont les plus significatives. Le meilleur coup du Dynamo est certainement l'arrière Mark Giordano. Ce jeune défenseur offensif à fort potentiel arrive comme Lundmark des Flames de Calgary, qui n'avaient pas daigné lui accorder un contrat one-way. Le Dynamo serait-il de retour ? Il a en tout cas retrouvé le capitaine du titre 2005, l'international kazakhstanais Aleksei Troshchinsky, qui était parti deux ans à Omsk.

 

Après sa très belle sixième place, le Sibir Novossibirsk aura la tâche difficile de confirmer, alors qu'il est loin d'avoir de gros moyens. Cependant, il a réussi à conserver la base de son équipe sans stars. La perte la plus importante, c'est le gardien russo-ukrainien Aleksandr Vyukhin, parti au Severstal. Les Sibériens n'ont eu d'autre choix que de recruter un étranger à ce poste, en l'occurrence Daniel Henriksson, le tranquille gardien de Färjestad et de l'équipe de Suède.

Mais le Sibir ne se contente pas d'être un petit club discret. Il a fait sensation le mois dernier en refusant de signer tel quel l'accord avec la fédération. Le document étant nécessaire pour s'inscrire en championnat, le club de Novosibirsk l'a paraphé, mais en lui joignant un protocole listant les points, 28 au total, avec lequel il était en désaccord. Parmi les points d'achoppement, les amendes pour critiques envers les officiels, la façon de mettre en place les abonnements, les espaces publicitaires le long des bandes (la moitié est donnée à la fédération et les clubs n'ont pas la totale liberté sur l'autre moitié), etc. Même s'il est celui qui s'oppose le plus concrètement, le Sibir dit ne pas chercher la confrontation avec la FHR.

On ne sait pas s'il faut en dire autant avec son voisin d'Omsk. La pré-saison a en effet été mouvementée. S'estimant victime d'une espèce de guet-apens, l'Avangard a quitté la glace juste avant la fin du tournoi de Novosibirsk, en refusant de participer à la cérémonie protocolaire. Une offense faite à une patinoire pleine... En représailles, le Sibir s'est exclu ou a été exclu la semaine suivante du tournoi d'Omsk. Avant même que la saison ne commence, la rivalité entre les deux grandes villes sibériennes est à son comble.

 

Le Severstal Cherepovets est depuis plusieurs années décroché par les nouveaux riches, et cette intersaison le confirme une fois de plus. Aucun joueur de NHL ne débarque ici, juste deux internationaux tchèques, le défenseur Petr Caslava et l'attaquant Josef Straka.

Il n'y aura même pas à payer une "amende Tretiak" puisque le poste de gardien jusqu'alors tenu par le Canadien Marc Lamothe a été russisé avec l'expérimenté Aleksandr Vyukhin.

Expérimenté est le qualificatif qui convient toujours à cette équipe. Même si Dmitri Kvartalnov (41 ans) est rentré dans sa ville natale de Voskresensk, le Severstal a encore recruté son lot de vétérans, avec deux défenseurs de 36 ans, anciens internationaux, Dmitri Yushkevich, l'ex-capitaine du SKA, et Dmitri Krasotkin, l'ex-capitaine du Lokomotiv. À Yaroslavl, on voulait le mettre à la retraite et lui proposer un poste d'entraîneur-adjoint, mais Krasotkin avait encore l'envie de jouer. Il s'est donc résolu à quitter le club où il avait passé toute sa carrière senior. À Cherepovets, où tout dure plus longtemps, il a signé pour deux années.

 

Sachant très tôt que Petri Vehanen rentrerait en Finlande, le Neftekhimik Nijnekamsk avait besoin avant tout d'un nouveau gardien. Comme souvent par le passé (et pour combien de temps encore ?), un club russe en quête d'un portier va le chercher en AHL. Mike Garnett, le nouveau venu au Tatarstan, y a partagé la cage l'an passé avec quelqu'un de très apprécié par ici, l'ex-gardien de Kazan, Fred Brathwaite. Lors de la saison 2005/06, Garnett avait pu jouer une vingtaine de matches en NHL dans une équipe d'Atlanta dont les gardiens s'étaient tous blessés. Il avait réussi l'exploit d'enchaîner deux blanchissages derrière une défense considérée inexistante, mais son défaut est un manque de constance. Qu'il réussisse quelques grands numéros de temps en temps devrait suffire pour que Nijnekamsk engrange les points nécessaires.

La recrue la plus fameuse de l'intersaison, c'est l'entraîneur Gennadi Tsygurov, qui a eu quelques succès dans sa carrière, notamment à la tête des moins de 20 ans russes. À l'heure où la "super-série junior" vire au fiasco pour la Russie avec un débutant comme coach (Nemchinov), son nom éveille une certaine nostalgie. Tsygurov sera à 65 ans le doyen de la Superliga, puisque Yurzinov senior est maintenant parti en Suède comme consultant à l'AIK.

Le Neftekhimik compte deux étrangers en défense, le Tchèque Jakub Cutta et le Slovaque Tomas Starosta, deux joueurs dont la fonction principale est de faire le ménage devant leur cage. L'ambition offensive sera donc encore très limitée. Elle repose avant tout sur Roman Kukumberg, de retour pour de bon après avoir posé un lapin l'été dernier. Malheureusement, l'international slovaque s'est brisé la main en tombant contre un poteau lors de la Coupe Lada. Il manquera les premières semaines de la saison.

On devrait donc voir plus que jamais les Tatars faire rempart derrière... Reste à avoir comment ce club spécialiste des matches nuls se débrouillera avec la mise en place des tirs au but.

 

Le HK MVD emménage à Balashika, à vingt kilomètres à l'est de Moscou, et disposera de sa nouvelle patinoire de six mille places le 9 septembre pour la troisième journée de championnat. Il a cependant eu des difficultés à voir son inscription en championnat validée. La raison ? Pas assez d'équipes de jeunes, tout simplement. Le HK MVD a promis que l'école de hockey démarrerait pleinement aussitôt qu'il pourra enfin s'installer dans son domicile fixe, et il a obtenu une dérogation.

Il a intérêt tant le club du ministère de l'intérieur se veut exemplaire. Ce parangon d'honnêteté a même promis de... rendre son budget transparent ! Faut-il y voir un rapport s'il a choisi de recruter son entraîneur... en Suisse ?

La principale nouvelle est en effet l'arrivée d'Andrei Khomutov, qui a finalement accepté cette première proposition d'aller entraîner en Russie après quelques semaines de réflexion. "L'occidental" succède au très martial Nikolaï Soloviev, dont le style hiérarchique n'aura donc pas fonctionné chez les policiers. Khomutov s'est trouvé confronté à une équipe incroyablement bouleversée à l'intersaison (15 départs, 22 arrivées !) et devra recomposer tout ça. Il a choisi comme capitaine l'Ukrainien Vadim Shakhraichuk et comme gardien titulaire Mikhaïl Biryukov, un inconnu venu de Perm qu'il présente comme une "nouvelle star". Il en faudra, après tout, si les gardiens étrangers sont interdits.

On attend évidemment avec impatience les rencontres MVD-CSKA, afin de voir Khomutov face à Bykov, son vieux complice - uniquement sur la glace - avec qui il n'a plus parlé depuis des années.

 

Modeste seizième depuis deux ans, le Metallurg Novokuznetsk a demandé à son ex-entraîneur Sergei Nikolaïev de rebâtir le collectif qui avait fait son succès. Revenu en milieu de saison dernière, Nikolaïev a un nouvel adjoint en la personne d'Andrei Skabelka, l'ex-international biélorusse tout juste retraité. L'effectif a largement changé, et les recrues présentent rarement de grandes références, à l'instar de Denis Kazionov qui n'a pas réussi le camp du CSKA.

Il y a une seule recrue de grande valeur, le défenseur offensif Peter Podhradsky (Francfort), un international slovaque convoité par plusieurs clubs suédois. Par contre, le poste de gardien est resté longtemps en chantier : Sergei Shabanov est rentré au Bélarus, et surtout le Letton Peteris Skudra a annoncé sa retraite par surprise la semaine dernière. Juste avant la clôture des transferts, Novokuznetsk a recruté... Sergei Nikolaïev, le gardien homonyme de l'entraîneur ! Pas facile de s'y retrouver...

 

Après l'expérience canadienne Krushelnyski, le Vityaz Chekhov a recruté un nouvel entraîneur, Miskhat Fakhrutdinov, qui fait ses débuts en Superliga après avoir emmené les moins de 18 ans russes au titre de champion du monde.

Le controversé Reid Simpson a pris sa retraite. L'ancien enforcer prendra un poste dans l'encadrement et aura la charge de l'équipe-réserve (pour préparer de futurs bagarreurs ?). Sa succession paraît en tout cas déjà assurée, avec l'arrivée de Darcy Verot, un ailier d'AHL qui a amassé 227 minutes de pénalité la saison dernière, ce qui est loin de son record (387...). Il a joué 37 matches de NHL chez les Washington Capitals, avec comme stats 0 buts, 2 assistances et... 10 bagarres.

Pour le hockey proprement dit, on comptera sur les deux anciens attaquants russes de NHL, Oleg Kvasha et surtout l'éternelle vedette de l'équipe Aleksandr Korolyuk. Par ailleurs, ce sera bientôt toute l'équipe nationale de Slovaquie qui jouera en Russie ! En effet, le centre Andrej Podkonicky arrive de Liberec.

 

Pendant son année sabbatique forcée, le Spartak Moscou a pu préparer son retour. Depuis décembre, il sait qu'il a une place réservée pour revenir directement dans cette Superliga dont il avait pris congé pour problèmes financiers. Il a donc eu le temps de convaincre les recrues potentielles que son projet était sérieux. Dans le même temps, la patinoire de Sokolniki était en travaux pour porter sa capacité à 5500 places, le nouveau minimum réglementaire. Les remplir sera une autre histoire.

En tout cas, une chose est sûre : les banquiers qui dirigent maintenant le club savent compter. Gennadi Tovbulatov, qui organise depuis dix ans la "Coupe Spartak" et estime faire la promotion du club avec ce tournoi de pré-saison, a eu la surprise de recevoir une facture de 850 000 roubles pour la location de la glace.

Que vaut cette équipe reconstruite en partant de zéro ? Elle semble bien armée dans les cages avec l'Ukrainien Konstantin Simchuk (CSKA) et Evgeni Lobanov, qu'on dit prometteur mais qui n'a pas eu sa chance à Yaroslavl. La défense comptera sur l'expérience d'Aleksandr Zhdan et de Roman Kukhtinov, cette dernière recrue ayant été arrachée à Magnitogorsk qui le convoitait aussi. L'attaque s'articulera autour des frères Yunkov, et la bataille a cette fois été juridique avec Kazan : Mikhaïl Yunkov avait eu la mauvaise idée de signer deux contrats, et il faut dédommager le club tatar.

 

Si jusqu'ici le Lada Togliatti tenait bon malgré ses déboires financiers, l'illusion risque de se dissiper. Aussitôt la saison terminée, les joueurs majeurs de l'équipe (Koshechkin, Emelin, Guskov et Bumagin) ont demandé l'annulation de leurs contrats pour cause de salaires impayés, ce qui leur a été refusé sur le moment par la commission d'arbitrage de la FHR. Depuis, ils sont quand même tous partis. Perdre les meilleurs produits de sa formation, comme le gardien Vassili Koshechkin ou le défenseur Aleksei Emelin, a tout d'un coup fatal pour un club qui ne tenait plus que par eux.

Quant à l'attaquant de 20 ans Aleksandr Bumagin, non content de quitter sa ville natale pour le plus riche Khimik MO, il a failli faire bien pire à son ex-coéquipier Stanislav Zhmakin : pendant un match de pré-saison, il l'a chargé contre la bande, et Zhmakin a brièvement perdu connaissance. Celui-ci doit la vie au docteur de l'équipe de Mikhaïl Sukhanov qui a vite réagi pour l'empêcher d'avaler sa langue. Il devrait revenir sur la glace d'ici un mois.

Le nouvel entraîneur ne sera pas dépaysé par le contexte financier délicat, puisque Yuri Novikov arrive... des Krylia Sovietov. Pour revivre la même galère ?

Allons, tout n'est pas fini : la région a voté un nouveau budget afin de débloquer 150 millions de roubles pour construire cette patinoire de 5500 places, dont l'absence avait failli provoquer l'exclusion du Lada hors de la Superliga.

 

La belle patinoire, l'Amur Khabarovsk la possède, et le budget conséquent aussi. Mais le relégué sportif n'a dû son rattrapage qu'à son argumentation sur les règles non respectées par le Lada. Il faut quand même que les Tigres de l'Extrême-Orient présentent des résultats un peu plus valables.

Ils viennent de réorienter le recrutement, comme un "retour sur terre" pour cette lointaine équipe qui passe sa vie dans l'avion. Au départ, Khabarovsk avait recruté trois nouveaux attaquants étrangers, le Suédois Peter Nylander (frère de Michael), le Finlandais Toni Mäkiaho et le Tchèque Radek Duda. Mais ils ont connu des aventures diverses. Mäkiaho a découvert qu'on ne plaisantait pas avec la discipline en Russie : viré pour être arrivé en retard à un entraînement ! Quant à Duda, il a finalement été écarté au profit d'un pur défenseur défensif, Jan Platil. On s'est soudain rendu compte que la saison serait longue et qu'il y avait besoin de renfort derrière...

 

Le seul promu (on ne compte pas les Spartakistes revenus de nulle part), le Torpedo Nijni Novgorod, est parti de l'équipe qui a remporté la Vysshaïa Liga et s'est fait accompagner de quelques joueurs repérés chez les adversaires. Le plus fameux, Sergei Korolev, n'a joué que deux fois dans sa carrière au niveau inférieur, avec son club formateur de Voskresensk. À chaque fois, il n'a pas réussi à monter et est reparti. C'est encore le cas à 34 ans. Son coéquipier Evgeni Shaldybin a quant à lui un long cursus dans les ligues nord-américaines, de la NHL à l'UHL (dans cet ordre, malheureusement pour lui...) avant son retour au pays, essentiellement en deuxième division. Denis Plyudov d'Izhevsk découvre pour sa part totalement le haut niveau.

Il y a donc besoin de renforts de Superliga : Yuri Dobryshkin (CSKA), Yuri Butsaev (Lada), Aleksandr Zevakhin (MVD), Evgeni Steiger (Novokuznetsk) et les Bachkires Nikolaï Tsulygin (Sibir) et Aleksandr Shinkar (SKA). Mais celui dont on attend beaucoup (trop ?), c'est le gardien tchèque Dusan Salficky. L'ancienne chouchou du CSKA, passé par le Severstal et le Khimik, sort d'un titre de champion avec le Sparta Prague, mais il avait en fait perdu son poste de titulaire au profit du jeune Duba. À 35 ans, peut-il encore réaliser des miracles ?

 

Le Traktor Chelyabinsk a toujours le plus petit budget de la ligue, et il a aussi le plus jeune entraîneur : Andrei Nazarov a tout juste 33 ans. L'ancien gros bras, célèbre pour ses déclarations tapageuses (en particulier sur le dopage et les magouilles en NHL), amènera son style excité sur le banc de son club fomateur. Il a abandonné la fonction de manager général - supprimée par la même occasion - pour se muer en coach hyper-actif.

Il n'a rien perdu sa grandiloquence en présentant l'attaquant tchèque Marek Vorel comme un "mini-Jagr". La comparaison avec la star que protégeait Nazarov à l'Avangard est un petit peu audacieuse. Jagr est ce qu'il est parce qu'il est "maxi".

Le mot "mini" exprimait cependant une chose. L'attaque manquait de grands gabarits au goût de l'entraîneur. La chose s'est réglée quand ont débarqué les 100 kg de l'attaquant ukrainien Andrei Mikhnov, jeune frère de l'international russe Aleksei, un puissant ailier qui peut déménager devant la cage. Sans surprise, Nazarov annonce qu'il veut que son équipe soit la plus physique et la plus agressive de la Superliga. Le Vityaz a donc un concurrent !

 

 

Et en Vysshaïa Liga...

Et qui retrouve-t-on avec de l'appétit en Vysshaïa Liga ? Les Krylia Sovietov Moscou ! C'est que beaucoup de choses ont changé. Déjà, leur président n'est plus un homme d'affaires tatar mais un homme politique influent, Pavel Borodin. On avait laissé les KS tandis qu'ils terminaient la Superliga avec une équipe de gamins, leurs collègues de l'équipe première ayant fait grève faute de salaire. Aujourd'hui, la jeunesse est encadrée par des vétérans, en l'occurrence d'anciens joueurs du club qui sont passés par de nombreux pays étrangers et qui n'étaient plus revenus depuis dix ans et parfois plus : Aleksandr Savchenkov (37 ans), Dmitri Gogolev (35 ans), Andrei Potaichuk (37 ans). Les Krylia Sovietov ont même réussi à garder leur prometteur gardien de 19 ans Aleksei Zhigarev, que leur ex-entraîneur Novikov voulait emmener avec lui à Togliatti.

Les KS ont même placé un homme chez leur principal concurrent : leur ancien défenseur (dans les années 80) Yuri Strakhov remplace en effet Sergei Kremlev comme entraîneur du Khimik Voskresensk. Un infiltré ?

Dans le groupe est, les Oudmourtes de l'Izhstal Izhevsk devraient surtout se méfier de l'Avtomobilist Ekaterinbourg, club créé l'an passé - avec le nom de l'équipe du temps de l'URSS quand la ville s'appelait Sverdlovsk. Il sera tout seul cette année : l'autre club de la capitale de l'Oural, le Dynamo-Energiya Ekaterinbourg, lui a cédé la place.

Au chapitre des disparus, l'Olympia Kirovo-Chepetsk mérite bien une larme : c'est le club formateur du détenteur du record soviétique des sélections, Aleksandr Maltsev, mais il n'a quasiment aucune ressource financière. Autre arrêt, provisoire celui-là, celui de l'Energiya Kemerovo, en attente de la construction de sa nouvelle patinoire. Il a déjà passé une saison en exil à Belovo, dans une patinoire sans places assises.

Le principal évènement de l'intersaison est sportivo-politique, il s'agit de la porte entrouverte aux clubs étrangers en Vysshaïa Liga. Les conditions sont cependant draconiennes : les candidats doivent offrir le gîte et le couvert aux équipes russes qui arrivent sur leur sol, dans un hôtel quatre étoiles bien entendu. Ces exigences ont été refusées par la fédération lettonne, mais acceptées par le Sokol Kiev. Le club ukrainien aura le droit d'engager cinq joueurs russes, dont quatre peuvent jouer dans un même match. Après une saison très difficile, il augmenté son budget de 50% et retrouvé un effectif semblable à celui qu'il avait par le passé, avec deux bonnes lignes et deux plus jeunes.

Ne comptez cependant pas sur le Sokol pour jouer la montée : il ne pourra pas participer aux play-offs puisqu'ils se dérouleront en même temps que le Mondial de division I, et qu'il constitue la majorité de l'équipe d'Ukraine. Les clubs du Kazakhstan, qui seront désormais trois avec l'inclusion du Barys Astana, n'auront-ils pas le même problème ? De mémoire de Français, leur équipe nationale s'est en effet vu barrer la route de l'élite. Le droit maintenant accordé aux clubs "invités" (ce sont plutôt eux qui invitent, à ce prix-là !) de jouer les play-offs est presque un leurre dans ces conditions.

Marc Branchu

 

 

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