Suisse 2006/07 : présentation

 

La Ligue nationale A entame une nouvelle ère de changement. Avec la réduction progressive de ses importés (passant de cinq à quatre l'an prochain), la victoire à trois points (dans le temps réglementaire) et le match à nul crédité d'un point et suivi au besoin d'une séance de penalties. Sans oublier la pénalité automatique appelée si un joueur (de champ ou gardien) envoie le puck "de son plein gré" ou comme tel dans les gradins, comme cela se pratique en NHL. Globalement, c'est donc vers une uniformisation avec l'Amérique du nord que tend, non seulement la ligue élite suisse, mais l'Europe toute entière avec cette désormais fameuse tolérance zéro et la réduction de la taille des équipements des gardiens de but.

L'ère nouvelle, c'est peut-être aussi celle de l'après-Lugano, ce champion en titre flamboyant au prestige écorné et au blason désormais orné d'une panthère noire, ébranlé par un scandale de fraude fiscale. Ou encore celui touchant le mythique HC Davos. Dans un contexte plus dense que jamais, la Ligue nationale A s'augure passionnante et éreintante en vertu d'une course effrénée aux playoffs. Les déçus d'hier (ZSC Lions, Genève-Servette ou encore Berne) seront-ils les heureux de demain ? Rapperswil-Jona ou d'autres peuvent-ils bouleverser la hiérarchie ? Sans oublier la LNB où Sierre, Lausanne et quelques autres s'apprêtent à se lancer dans la quête endiablée du titre en espérant relancer une division en crise la saison passée.

Première projection à l'aube de la première mise au jeu...

 

Ligue Nationale A

 

Si les célébrations furent joyeuses dans l'ambiance folle de la Resega, les lendemains de fête eux ont réservé une jolie gueule de bois au bon peuple de Lugano. Tifosi, dirigeants ou joueurs, tous ont eu les nerfs à vifs cet été, constatant d'abord les départs de quelques joueurs majeurs qui avaient si bien porté le HCL jusqu'au firmament en avril dernier.

Car ils ne sont plus là, les trois artistes étrangers, cédant aux charmes des sirènes d'une NHL dont ils étaient pourtant des laissés-pour-compte il y a seulement quelques saisons. Le centre canadien Glen Metropolit, meilleur réalisateur de LNA, mais aussi le virtuose Petteri Nummelin, défenseur offensif flamboyant, sans oublier l'ailier Ville Peltonen, double argenté avec la Finlande cet hiver sur les banquises internationales, ont donc retraversé l'Atlantique, signant des contrats respectifs avec Atlanta, Minnesota et Florida. Même le vétéran défensif Jason York, prévu dans le roster bianconero 2006/07, a retrouvé grâce auprès des dirigeants des Bruins de Boston, prêts à tout pour effacer leur saison noire. C'est dire l'ampleur du chantier qui pesait sur les épaules d'Ivano Zanatta, promu à la tête du HCL. Ne pouvant que constater ces pertes, Lugano a également tourné la page Ronnie Rüeger (parti à Kloten).

Voilà de quoi refroidir bien des ardeurs. Mais cette belle saignée s'est vue comblée par l'arrivée du gardien Simon Züger, ancien titulaire d'Ambrì surpassé puis rejeté sur le banc, et celles de trois nouveaux étrangers : l'Américain Landon Wilson (Davos) qui apportera son engagement physique, le centre suédois Rickard Wallin (Färjestad), ancien prospect de Minnesota, et le routinier Petri Liimatainen (Södertälje), précieux en jeu de puissance. Trois bons calibres qui n'ont pas tout à fait, il est vrai, le lustre de leurs prédécesseurs, mais Lugano, fidèle à son image, a malgré tout ferré un beau poisson en la personne du défenseur suédois Dick Tärnström, révélé au cours des saisons passées au sein des tristes Penguins de Pittsburgh avec de bonnes performances offensives. Échangé l'hiver dernier à Edmonton, Tärnström n'a pas retrouvé preneur dans la grande ligue cet été sera tout naturellement amené à succéder à Petteri Nummelin. Sans oublier, dans un registre plus défensif, l'acquisition de dernière minute du NHLer Jason Strudwick.

Conservant une large ossature autours des internationaux Julien Vauclair, Flavien Conne, Sandy Jeannin, Steve Hirschi, Kevin Romy, Valentin Wirz (sans oublier Ryan Gardner et Jukka Hentunen), Lugano n'a en rien perdu de son statut de "grand de Suisse". Mais d'autres soucis sont bientôt apparus, supplantant le côté purement sportif de la chose. Bientôt le fisc se sera en effet manifesté, surpris de certains salaires des joueurs bianconeri, largement sous-évalués compte tenu du marché actuel. Après enquête, les services fiscaux ont donc mis à jour une vaste fraude (près de sept millions de francs suisses dissimulés) dont certains membres du directoire sont les commanditaires. Le cas luganais, examiné par les autorités compétentes, pourrait aboutir à des sanctions élevées en cas de falsification avérée du championnat, ce qui semble évidemment être le cas...

 

Démoli en finale par Lugano, Davos a raffûté ses griffes pour retrouver le haut de l'affiche. Et pour cela, quoi de mieux que de retrouver ses bonnes vieilles habitudes en faisant venir une star d'outre-Atlantique pour épauler le fantasque Reto Von Arx sur le front de l'offensive ! Longtemps considéré comme l'un des flops les plus retentissants de la NHL, le Québécois Alexandre Daigle n'a jamais confirmé les attentes placées en lui. Celles d'un brillant espoir en junior, drafté en première place par Ottawa en 1993 mais auteur, au mieux, de saisons correctes dans la grande ligue. Voilà Davos bien armé avec un franc-tireur de cet acabit et même endurci avec l'essai réussi du rugueux Canadien Ahren Nittel, réputé pour son jeu contre la balustrade.

Dans un registre proche, le HCD, toujours friand de grands noms, s'est également attaché les services du Tchèque Václav Varada (30 ans), qui a traîné son profil d'ailier-défensif pendant plus de dix ans de Buffalo à Ottawa. Dans les Grisons, Varada sera donc le second crack de NHL, une recrue de poids qui retrouvera son compatriote Josef Marha mais aussi le bouillant Reto Von Arx, les internationaux Loïc Burkhalter et Andres Ambühl. Le rayon offensif est donc bien garni si l'on rajoute en plus Sandro Rizzi, l'espoir canado-suisse Robin Leblanc (jusqu'ici en couveuse à Ajoie) ou encore Peter Guggisberg. Celui-ci apportait jusqu'à présent sa vitesse et sa rapidité d'exécution dans le dernier geste mais des errements fâcheux - comme par exemple envoyer à Fabian Sutter du cannabis par voie postale - nuisent désormais gravement à sa réputation. Sous le coup d'une suspension avec le HCD, Guggisberg a déjà écopé d'une amende de la justice suisse et même de cinq jours de prison avec sursis...

Amputée de Brett Hauer (parti au Lokomotiv Iaroslavl) mais complétée par l'ancien Gian-Marco Crameri et le vétéran tchèque de NHL Stanislav Neckar, mis à l'essai pour le mois à venir, la défense s'annonce encore une fois solide. Malgré la lourde suspension pesant sur Jan Von Arx, pris pour consommation de cannabis (décidément !) en fin de saison passée et suspendu six mois ferme. Mais l'une des grandes forces du HCD devrait une fois encore se situer devant le filet où Jonas Hiller s'est affirmé comme l'un, sinon le meilleur spécialiste suisse à ce poste en LNA. La troupe d'Arno Del Curto (rebaptisée "Hasch-C-D" par certains médias germanophones) aura son mot à dire, même si le scandale du cannabis a écorné l'image de ce club mythique...

 

Grand battu des phases finales, humilié au premier tour des playoffs malgré sa première place en saison régulière, Berne ne manque pas d'arguments sur le papier. Déchu par Kloten de ses rêves de gloire, le club de la capitale n'a donc pas cherché à retenir le rapide ailier Éric Perrin (un temps prévu à Francfort mais finalement signé par Tampa Bay), le décevant défenseur offensif Pascal Trépanier (retour en DEL à Mannheim) ni les Finlandais Kimmo Kuhta (HIFK Helsinki), Pasi Saarela (Leksand) et même le néo-international Thibault Monnet (Fribourg)... Le défenseur polyvalent Tommi Söderholm et surtout le Franco-Canadien Sébastien Bordeleau, pour sa quatrième année à Berne, sont donc les seuls rescapés.

Parti en chasse d'étrangers de renom, Berne n'a pu enrôler l'international tchèque Petr Tenkrat (Kärpät Oulu), appelé comme beaucoup d'autres par la NHL, mais a pu dérober l'homme à tout faire de Rapperswil, le Suédois Christian Berglund. Top-scoreur des Lakers l'an passé, Berglund sera destiné à tenir, aux côtés de Bordeleau, de Dubé et de Rüthemann, les rênes de l'attaque des Ours.

Autre nouveau venu, le Canadien Simon Gamache, une superstar junior au Québec qui n'est jamais parvenu à confirmer en NHL, veut faire monter sa cote et prouver aux Nord-Américains qu'il est mieux qu'un buteur de ligues mineures. Lui aussi grand espoir, mais du hockey suisse seulement, Patrik Bärtschi a franchi un palier l'an dernier avec Kloten et compte bien profiter de son séjour dans la capitale fédérale pour passer un cap et, à l'instar du défenseur arrivé d'Ambrì-Piotta Reto Kobach, gagner ses galons de titulaires avec la Nati. Enfin, le vétéran canadien Claude Lapointe (plus de neuf cent matchs en NHL), qui purgeait l'an passé une suspension pour dopage, était mis à l'essai durant le mois d'août et décroché un contrat jusqu'en octobre.

Mais Berne ne s'est pas contenté de changer ses batteries de joueurs. En remplaçant le Finlandais Alpo Suhonen par le Canadien John Van Boxmeer, le banc des Ours a pris de l'autorité. Cette poigne qui manquait aux Bernois pour aller loin en playoffs, cette rigueur qui leur a tant fait défaut semble bien présente cette année. Se basant en outre sur un effectif toujours aussi imposant et fourni en internationaux (les arrières Martin Steinegger, Beat Gerber, les avants Thomas Ziegler, Marc Reichert, Ivo Rüthemann et le cerbère Marco Bührer), les Ours bernois seront le grand prédateur de LNA...

 

Rapperswil-Jona a surpris l'an dernier avec son groupe homogène et sa rage de vaincre. Et le SCRJ a par conséquent changé de statut après avoir gagné pour la première fois de son histoire les demi-finales. Sans stars, hormis le pointeur suédois Christian Berglund (parti depuis à Berne), Rapperswil a donc tenu la dragée haute à tout le monde avec le travail de sape édicté par l'entraîneur américain Bill Gilligan. La philosophie de ses Lakers ne devrait guère varier même si une nouvelle vedette, un authentique gros calibre de NHL, est venue étoffer les troupes saint-galloises à l'intersaison. Certes, le Polonais Mariusz Czerkawski est loin de ses meilleures années, et sa dernière saison partagée entre les Islanders et les Bruins de Boston fut on ne peut plus pénible, mais son standing et son expérience du jeu peuvent, ou plutôt doivent, faire oublier Berglund.

Au pire des cas, Rapperswil pourra toujours compter sur son centre fétiche Stacy Roest mais aussi sur une autre recrue venue de NHL, l'ailier suédois Niklas Nordgren qui n'a pu y faire son trou après une belle carrière en Elitserien. L'apport de Nordgren, combiné à l'expérience de Roest, Czerkawski, la jeunesse de Thomas Walser et Brady Murray mais aussi l'engagement physique de l'ex-Bernois Rolf Schrepfer peut constituer un cocktail des plus détonant, surtout si le Finlandais Mikko Eloranta, blessé une grosse partie de la saison et revenu pour les séries, retrouve complètement ses sensations. Mais malgré tout, le point fort saint-gallois résidera sans nul doute en son jeu défensif, encore renforcé par des joueurs de métier comme le Finlandais Tom Koivisto, vice-champion de Suède avec Frölunda, le Luganais Noël Guyaz et l'international Cyrill Geyer, pour sa cinquième année à "Rappi". L'ancien portier chamoniard Marco Streit, débarrassé de la présence de l'espoir Michael Tobler, aura lui la charge de rééditer ses performances.

 

L'outsider Kloten, sorti du bois au cours des playoffs, sera pour sa part autrement pris au sérieux. Difficile de cacher désormais leur potentiel pour des Aviateurs qui ont certes perdu leur portier Tobias Stephan, appelé à rejoindre l'organisation des Stars de Dallas, leur défenseur Tim Ramholt, testé par Calgary, et l'attaquant international Patrik Bärtschi, convié à renforcer Berne.

Trois grosses pertes compensées différemment par les Flyers, substituant celle de Stephan par l'arrivée du vétéran Ronnie Rüeger et la perte des autres par la promotion de deux grands espoirs. Le premier, Patrik von Gunten, a fait toutes ses classes au sein de la défense de Bienne en LNB, tandis que Roman Wick revient dans le club de ses débuts après un intermède en junior majeur canadien. Outre son jeune défenseur Philippe Seydoux, parti s'aguerrir chez le champion de Finlande en titre (Hämeenlinna), Kloten a dû compenser les départs de Lasse Pirjetä et Scott Lachance et le désistement de Kent Manderville. Plutôt bien si l'on se fie aux références de Chris Herperger, plutôt productif durant ses trois ans passés à Krefeld, et surtout de l'arrière tchèque Radek Hamr, bourlingueur formé au Sparta Prague et dernièrement champion de Suède avec Färjestad. Une sacré expérience pour ce défenseur ultra-complet, qui rejoint donc pour cette saison son ex-coéquipier du côté de Karlstad, l'international Marcel Jenni.

Car l'autre force de Kloten, outre sa jeunesse, c'est également sa complémentarité avec son top-scoreur fétiche Kimmo Rintanen, présent depuis six saisons au Schluefweg et qui anime le front de l'attaque en compagnie du petit canadien Domenic Pittis. Non seulement capitaine de route des Flyers, Romano Lemm devient peu à peu l'âme du club et s'affirme de plus en plus en sélection nationale, prenant petit à petit la relève de son partenaire Marcel Jenni, encore essentiel dans le dispositif zurichois. Frédéric Rothen et Sven Lindemann ont eux aussi prouvé leur valeur à leurs côtés tandis que l'Américain Aris Brimanis et Fabian Guignard patrouilleront toujours dans la zone défensive. Peu de bruit donc, mais une équipe à surveiller.

 

Zoug partira revanchard après s'être vu barré la route en quarts de finale par Rapperswil. Pour ce faire, l'entraîneur Sean Simpson a misé sur la stabilité, même si le meilleur buteur de la saison passée, Patrick Fischer, s'est vu offrir pour la première (et dernière) fois de sa carrière une opportunité de rejoindre la NHL avec les Coyotes de Phoenix. Ainsi, tous les cadres sont resté fidèles à l'EVZ, excepté l'ailier-fort Patric Della Rossa, parti à Bâle et le vétéran Gian-Marco Crameri, parti avec Laurent Müller à Davos en retour du défenseur Michael Kress et de l'attaquant Björn Christen.

Zoug pourra encore compter sur la vista de ses deux anciens, la fine lame russe Oleg Petrov et le lutin Paul DiPietro. Le héros suisse des dernières olympiades, feu-follet d'origine canadienne, sera toujours présent pour diriger la manœuvre. Pas assez efficace, le Finlandais Timo Pärssinen est lui parti à Timrå et s'est vu remplacé par Kamil Piros, un centre tchèque de 27 ans passé sans succès en NHL et venu ensuite se relancer en Superliga russe. Le brigade offensive sera donc bien pourvue si l'on rajoute le Canadien Mike Maneluk, le double passeport Trevor Meier (SCL Tigers) et les nationaux Duri Camichel, Corsin Casutt et Björn Christen, sans omettre l'espoir Janik Steinmann, formé au club et qui revient d'une petite saison passée à Kamloops en ligue de l'Ouest canadienne (WHL).

Défensivement, l'EVZ bénéficiera d'un compartiment renforcé par l'arrivée du champion du monde suédois Per Hållberg (Färjestad) et les re-signatures du vétéran américain Barry Richter ou encore de l'espoir Rafael Diaz. Enfin, le filet sera toujours protégé par Lars Weibel qui reste tout de même un bon gage de sécurité.

 

Genève-Servette veut tirer un grand trait sur sa dernière saison, riche en désillusions et en critiques, principalement destinées à l'entraîneur-manager-directeur canadien Chris McSorley. C'est dans cette optique que Genève a changé son fusil d'épaule, célébrant le jeune retraité (et cette fois c'est définitif !) Philippe Bozon et se débarrassant du légendaire Reto Pavoni qui aura la lourde tâche de succéder à Robert Müller dans les cages de Krefeld. Autre figure du club, le capitaine suédois Andreas Johansson est lui rentré au bercail (à Färjestad) alors que Jan Hlavac a fait de même en rejoignant le Sparta Prague.

S'appuyant sur ses nouveaux cadres (le robuste Goran Bezina ou le néo-international Thomas Déruns), Genève-Servette a su conserver une certaine base de travail avec les jeunes comme Christophe Rivera et le Français Yorick Treille. Sixième étranger du lot, Treille avait assez bien tenu sa place en début d'exercice, obtenant les faveurs de McSorley avant de se blesser à la hanche et de suivre la fin de la saison des tribunes.

Cette année, Treille ne sera plus le seul tricolore à porter le chandail frappé de l'aigle. Ancien comme lui de l'université de Lowell, le centre Laurent Meunier, capitaine de l'équipe de France, tente un sacré défi après trois ans passés à Grenoble. Les deux Frenchies devront toutefois se battre pour une place. En quête d'un vrai leader offensif après les semi-échecs de Krog et Hlavac, Genève a confié les clés de son attaque à deux habitués de l'AHL et des contrats two-ways avec la NHL. Il n'a pas fallu aller bien loin pour trouver Jamie Wright, qui fut le joker et même le grand bonhomme genevois des barrages de relégation, et un peu plus pour engager le meilleur réalisateur de la dernière campagne de Ligue Américaine, Kirby Law. Le shérif des Aeros de Houston a fait la loi sur les glaces d'AHL et devrait, aux côtés de Wright, se disputer la tenue de top-scoreur. À moins que Serge Aubin, l'ailier polyvalent d'Atlanta (24 points l'an passé avec les Thrashers) déjà aperçu aux Vernets lors du lock-out, ne leur vole la vedette... Voilà les Grenats pourvus d'un trio majeur qui sera complété par un joueur au caractère bien trempé, le puissant Michal Grosek. Hanté l'an passé par des soucis personnels, le Tchèque est bien connu dans le secteur et pas le moins apprécié des fans. On se doute bien que son exil forcé l'hiver dernier en Russie n'a pas refroidi son tempérament.

Mais outre Law et Aubin, l'autre gros coup de l'intersaison c'est aussi le retour au pays d'Olivier Keller. Brillant l'an passé à Bâle, le vétéran déchargera sans doute Goran Bezina de quelques responsabilités défensives et sera un atout pour l'intégration des deux nouveaux gardiens, Gianluca Mona, que Fribourg s'est empressé de lâcher après une fin de saison ratée, et l'espoir Michael Tobler (Rapperswil).

Toujours un peu imprévisibles malgré des noms ronflants et une stabilité accrue d'après McSorley, les Aigles genevois sont sûrs d'une chose, ils ne manqueront pas de caractère !

 

Traumatisés par une campagne 2005/06 ratée sur toute la ligne, les ZSC Lions veulent repartir du bon pied. Nommé à leur tête, le Germano-Canadien Harold Kreis, qui a ressuscité Lugano en prenant le relais de Larry Huras lors des derniers playoffs, a pourtant hérité d'un groupe fort semblable à son devancier, où seules quelques petites touches ont été appliquées. En effet, pas besoin de chambouler l'édifice car tout semble réuni dans cet alignement pour aller loin. Mais la malchance associée aux blessures peut parfois avoir raison du talent et des ambitions.

C'est donc du côté des importés que se situe les deux autres nouveautés avec l'arrivée de deux internationaux slovaques. Et pas des moindres avec le défenseur Radoslav Suchy (Phoenix) et le centre Rastislav Pavlikovsky (MoDo), destiné à accompagner dans leurs tâches offensives les expérimentés Dale McTavish, Jan Alston et Robert Petrovicky. Pour le reste, Zurich présente un groupe alléchant, programmé pour les victoires avec sa cohorte d'internationaux en attaque (Adrian Wichser, le robuste Thierry Paterlini ou encore Daniel Steiner) et en défense (Séverin Blindenbacher, Mathias Seger, Beat Forster).

Les ZSC Lions ont aussi l'avantage de posséder, outre leur filiale de LNB des GCK Lions, véritable pépinière de talents, l'un des meilleurs contingents de nationaux du championnat. Seulement si les Helfenstein, Zeiter, Stirnimann et autres Kout échappent cette année aux blessures. Mélange de jeunesse et d'expérience, à l'image du portier finlandais Ari Sulander (37 ans et huitième saison au club), le club-phare de Zurich affiche logiquement des ambitions élevées. Pas irréalisables mais pas réalisées d'avance non plus, surtout si le sort s'en mêle à nouveau.

 

Revenu par la grande porte après une saison en LNB, Bâle veut s'installer durablement dans le paysage du hockey suisse. Dans ce but, le club rhénan s'est escrimé, avec succès, à conserver tous ses cadres de l'an passé même si sa clé de voûte défensive, l'ex-international Olivier Keller, a voulu se rapprocher de ses racines en s'engageant avec le club de ses débuts, Genève-Servette. L'état-major bâlois croyait avoir déniché sa perle rare en lui trouvant un remplaçant sur-mesure. Mais voilà, Andy Delmore, malgré un contrat signé avec Bâle, a choisit de patiner pour le Lightning de Tampa Bay à la rentrée... Un coup dur pour Kent Ruhnke qui s'est rabattu sur Shawn Heins, un robuste gaillard qui sévissait depuis deux ans en DEL. Ruhnke, qui a su tirer la quintessence de son contingent l'an passé, a prolongé ses deux fers de lance offensifs, le centre canadien Éric Landry et son subordonné, l'ailier suédois Niklas Anger. Sans oublier une grande partie de sa troupe, formée d'attaquants-défensifs aux dents longues et de défenseurs accrocheurs à l'image de Mark Astley.

L'attaque, trop limitée l'an passé et reposant trop sur les épaules de Landry, s'est pourvue de muscle et d'expérience avec l'adjonction de l'international Patric Della Rossa, en fin de cycle à Zoug, et de l'ailier-fort finlandais Jussi Tarvainen, qui a passé ses dernières saisons dans la très relevée Elitserien suédoise (à Linköping). Deux profils similaires pour deux ailiers physiques, enclins à évoluer dans les deux sens et à correspondre au schéma volontaire édicté par Ruhnke, tout aussi heureux d'avoir recruté Andreas Camenzind des ZSC Lions. Un soupçon de talent aussi avec l'espoir Stefan Tschannen, à son avantage l'an passé en LNB avec Langenthal et le lutin Régis Fuchs qui a quitté Lugano (en compagnie du défenseur Lukas Gerber) sur un titre de champion pour se rapprocher de son Jura natal. L'ultime pacte conclu avec le Canadien naturalisé japonais Chris Bright ne fait que renforcer une légion offensive déjà très dense.

Mais celui qu'on surveillera avant tout sera le gardien Daniel Manzato. Grande révélation de la saison passée, Manzato avait tiré dans son sillage toute l'équipe pour l'emmener jusqu'en playoffs. Mais voilà, une telle performance n'est pas passée inaperçue, et les Hurricanes de la Caroline, qui détiennent ses droits pour la NHL, s'empressaient déjà de l'attirer pour la prochaine saison à Raleigh. Un temps envisagé, son départ a pourtant été différé d'un an, Manzato désirant acquérir davantage d'expérience en LNA et faisant même l'impasse sur le camp d'entraînement des 'Canes pour privilégier la préparation estivale.

Si l'EHC Bâle 2005/06 avait du cour à défaut de regorger de talent, la version actuelle semble plus solide et plus équilibrée. Mais cette fois-ci l'effet de surprise ne jouera plus !

 

Depuis quelques saisons, Ambrì-Piotta se repose sur son premier bloc à la feuille d'érable. Cela ne changera pas cette année dans la vallée de la Léventine, où la triplette la plus efficace de LNA a re-signé pour un an de plus. Gravitant autour du centre Jeff Toms depuis près de trois ans, les ailiers Jean-Guy Trudel et Hnat Domenichelli dominent le hockey suisse. Ils connaissent toutes les ficelles pour allumer le feu aux abords des cages adverses et représenteront à nouveau le point fort des biancoblù.

Mais il serait fâcheux de croire qu'Ambrì se résume à ces trois noms-là. Relancé après ses échecs nord-américains et bernois, Luca Cereda fut à deux doigts de retrouver la sélection nationale pour les Mondiaux alors qu'Alain Demuth a lui fait partie du wagon emmené par le sélectionneur national Ralph Krueger à Riga. Blessé une partie de la saison, le Finlandais Eero Somervuori a obtenu une dernière chance aux côtés des Benoît Pont, Mattia Baldi, Paolo Imperatori ou encore les double-passeport Oleg Siritsa et Dario Kostovic (Lausanne). Enfin, le cinquième poste étranger s'est vu attribué au défenseur suédois Pierre Hedin, qui prendra les rênes de l'arrière-garde après une saison frustrante à Mannheim.

Mais la grosse interrogation réside en Thomas Bäumle, l'homme qui a poussé au bout du banc Simon Züger. Cet ancienne doublure du HC Davos a surpris l'an passé mais devra confirmer, un peu à l'image de Manzato à Bâle. C'est notamment à ce prix qu'Ambrì pourra faire vibrer ses tifosi dans sa Valascia fétiche, toujours prête à s'enflammer et pas seulement pour les derbys enfiévrés avec Lugano.

 

Quand on sort d'une saison bâclée, un certain ménage s'impose. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Fribourg-Gottéron a changé de visage en ne conservant que ses satisfactions de l'année passée, entre autres sa ligne composée du vétéran Gil Montandon, de Benjamin Plüss et du jeune Julien Sprunger. Excepté le turbulent Josh Holden (suspendu en début de saison suite aux incidents lors de ces barrages mémorables face à Bienne), les étrangers, y compris les nombreux jokers mis sous contrat pour les play-down, n'ont pas été conservés. Justement, ce trop-plein d'étrangers a mis les finances du club en péril et nombreux sont les bruits évoquant une faillite possible.

En attendant, Fribourg a dégraissé sa pléiade de mercenaires et mis notamment fin à sa collaboration avec son défenseur slovaque Richard Lintner, dégarnissant des lignes arrières peu rassurantes, très jeunes avec l'arrivée du Letton Krisjanis Redlihs. D'où l'engagement pour quelques matchs du Suédois Carl-Johan Johansson. En mal de leaders offensifs et d'étrangers d'impact, Gottéron croit beaucoup en ses recrues, en premier lieu le Slovaque Jozef Balej et le centre canadien Peter Sarno qui effectuaient jusqu'alors une belle petite carrière en AHL. Et que dire du poste de gardien, où la faillite de Gianluca Mona avait précipité la chute des Dragons en barrages. Ni une ni deux, Mona est parti sans regrets pour Genève tandis qu'arrivait de ligues mineures le Canadien Adam Munro. Enfin, l'ex-espoir Thibault Monnet, en difficulté à Berne, effectue un retour en arrière pour se refaire la cerise, tandis que Mark Bastl, top-scoreur de Martigny l'an passé, cherchera à gagner ses galons en LNA.

L'autre grande nouveauté du côté de Saint-Léonard, c'est aussi la nouvelle direction empruntée par les Dragons, qui confient à nouveau leurs destinées à Serge Pelletier, associé cette saison à René Matte pour rompre avec la routine et espérer, sans le clamer trop fort, les playoffs. Mais il sera bien difficile de ne pas s'enfoncer dans les remous, fréquents ces derniers temps.

 

Habitué du ventre mou de la LNA, Langnau n'aura tenu ces dernières saisons qu'un rôle modeste sur l'échiquier helvétique. Bons derniers de la saison régulière l'an passé, les SCL Tigers ont pourtant su se transcender pour décrocher haut la main un maintien qui semblait fort compromis quelques semaines auparavant. C'est fort de cette révélation que le club de l'Emmental a préparé sa saison, en souhaitant que la belle alchimie aperçue pour ce tour de relégation mette moins de temps à se créer.

Les Tigres emmentalois ont su conserver une majorité de leurs cadres, y compris leur top-scoreur finlandais Marko Tuomainen, toujours entouré des ses compatriotes Niki Sirén et Tommi Miettinen. Bâtie autour du portier Reto Schürch, du défenseur Marc Leuenberger et du capitaine Michael Liniger, l'escouade suisse des SCL Tigers a été rajeunie par les apports d'espoirs venus de LNB (Fabian Debrunner et le défenseur international junior Eric Blum, tous deux des GCK Lions) alors que Matthias Joggi cherchera à franchir le palier de l'élite, lui qui fut si important ces derniers temps du côté de Bienne. D'autres, comme Antonio Rizzello (Rapperswil) et le défenseur Arne Ramholt (Davos) poursuivront la quête de progresser ou d'acquérir plus de responsabilités sous leur nouvel uniforme tandis que Fabian Sutter, recruté de Davos, s'est rapidement vu emporté dans une sale affaire de cannabis du côté des Grisons...

En évoquant les responsabilités, on ne peut s'empêcher de songer aux étrangers. On l'a dit, Langnau misera encore sur un duo finnois Tuomainen-Miettinen, sur le blueliner Brad Fast, habitué des ligues mineures et fonde beaucoup d'espoirs en sa nouvelle trouvaille, le Canadien Lee Jinman qui aura littéralement enflammé la LNB l'an passé avec la collaboration éclairée de Derek Cormier. Jinman a même franchi la barre symbolique des 100 points (103 plus précisément, 41 buts pour 62 passes !) en saison régulière sous le tricot sierrois. Sans la présence de Cormier à ses côtés, Jinman devra s'affirmer à un niveau plus élevé. Peter Högardh ne se pose pas ce genre de question. L'ailier suédois de 30 ans a pour actif un bon passé en SM-liiga et Elitserien et a tout du coéquipier modèle pour un groupe valeureux mais qui risque encore d'être limité pour jouter sur la durée avec les plus forts.

 

Ligue Nationale B

 

Sierre va devoir réapprendre à vivre sans Jinman, parti tenter l'aventure à l'étage au-dessus avec les SCL Tigers. Leader naturel, Derek Cormier, qui présente des moissons personnelles toujours plus hautes au fil des ans (99 points l'an passé dont 39 buts), devra désormais faire équipe avec Éric Fortier. Plus travailleur que buteur, celui qui fut le troisième membre de la première ligne des Dragons de Rouen formera donc avec Cormier la nouvelle paire étrangère. C'est dire si l'ancien Rouennais aura la pression, mais l'aura déployée par Cormier devrait à nouveau faire de cette doublette la clé de voûte du jeu valaisan. Les autres joueurs sierrois, eux, tâcheront de ne plus tant s'effacer et de retrouver des couleurs à l'instar de Cédric Métrailler, Pierre-Alain Ançay ou de Elvis Clavien, troisième gâchette habituelle des Sang et Or qui détient le record des pénalités la saison passée.

Malgré une force de frappe peu commune en LNB, Sierre a toujours calé sur la dernière marche. Désireux de titres, les Valaisans ont accueilli l'un de leurs bourreaux, le gardien biennois Martin Zerzuben en remplacement de Mathias Lauber. Le Canadien Richmond Gosselin, rentré de son aventure japonaise, a succédé au Suédois Morgan Samuelsson sur le banc de touche avec le but certain de conjurer le mauvais sort.

 

Le principal concurrent devrait être Lausanne qui paraît bien calibré avec l'addition du duo étranger champion en titre avec Bienne, Jesse Bélanger et Patrice Lefebvre. Pourtant en fin de carrière, les deux Canadiens ont à nouveau prouvé leur valeur et semblent prémunir le LHC, sauf coups durs, de tout risque, d'autant plus que le vétéran russe Andrej Bashkirov, figure emblématique de Malley, est rentré comme prévu de sa pige avec Fribourg-Gottéron. Les problèmes d'efficacité des importés, si handicapant l'an passé, semble à priori résolu.

Globalement, les Lions se sont bien renforcés après une saison de re-découverte à ce niveau. Et pour viser les sommets, l'ex-entraîneur tricolore Heikki Leime a bâti sur de bonnes bases un groupe solide avec les expérimentés Thomas Berger devant le filet, Jean-Jacques Aeschlimann ou encore la révélation offensive de l'an passé, Florian Conz. En compagnie d'anciens rapatriés de la maison (comme Michel Kamber de Langnau), le néo-international tricolore Antoine Lussier (Sierre) apportera de la profondeur et une petite touche française avec le prometteur Rémi Rimann. Grand espoir du hockey hexagonal, Rimann, meilleur marqueur du dernier mondial des moins de 18 ans avec l'équipe de France, se voit ainsi offrir sa première promotion au sein du LHC.

 

C'est donc un Bienne nouveau qui défendra son titre sur les glaces de LNB, séparé de son duo canadien Lefebvre-Bélanger (embauché par Lausanne), de Matthias Joggi (Langnau), Omar Tognini (Thurgovie) et surtout Patrick von Gunten (Kloten). Une salve de départs qui aurait pu mettre en deuil les ambitions de plus d'un club, mais l'EHC Bienne a réagi, dérobant à La Chaux de Fonds son buteur-vedette Alexandre Tremblay (déjà dans l'effectif pour les playoffs) et donnant une chance au Canadien Brandon Dietrich, qui a fait ses classes en 2e Bundesliga allemande, de s'affirmer à un niveau plus élevé.

Il serait donc fâcheux de croire que les Seelandais sont affaiblis. Il suffit de voir les signatures d'éléments venus de LNA dans l'optique de gagner plus de temps de glace comme Emanuel Peter, Stefan Grogg ou encore le gardien fribourgeois Pascal Caminada, nouvelle doublure de Kaspar Zgraggen, promu numéro un avec le départ de Zerzuben à Sierre. La dynamique de victoires biennoises sera également perpétuée par l'ancien Cyrill Pasche, un des symboles des tristes événements qui auront marqué les derniers barrages de promotion-relégation face à Fribourg-Gottéron. Ce sera là l'autre défi de Bienne et de son entraîneur Kim Collins, oublier et faire oublier les incidents du printemps dernier.

 

Langenthal mise sur la continuité d'une dernière saison réussie. Demi-finaliste malheureux contre Sierre, le SCL a confirmé dans ses fonctions sa doublette canadienne, expérimentée à souhait avec Steve Larouche et le massif Éric Lecompte. Véritable fer de lance de l'équipe, ce duo offensif a parfaitement guidé une attaque bien huilée où Stefan Tschannen, révélé l'an passé, est parti à Bâle. À moins que le Bernois Marco Käser, peu utilisé dans la capitale fédérale, ne se révèle à son tour... L'entraîneur Mike Posma possède encore une fois un matériel de tout premier ordre et une brigade offensive renforcée en outre du Viégeois Philippe Orlandi, pour voir haut dans cette Ligue nationale B. Cependant, le principal point d'interrogation peut résider au poste de gardien où le Grison Marc Eichmann s'attellera à succéder à Flavio Streit.

 

Après deux saisons sans éclat, passées tout en bas du classement, Ajoie aspire à plus de sérénité. Et s'en est donné les moyens en s'offrant un recrutement conséquent pour compenser les départs d'anciens cadres comme le buteur Sacha Guerne, Julien Staudenmann, Didier Schafer, Robin Leblanc et son duo à la feuille d'érable Martin Gendron - Martin Bergeron. Deux nouveaux Québécois auront donc le devoir de mener l'offensive, charge qui incombera désormais à Stéphane Roy, pointeur réputé depuis plusieurs années à Viège. À ses côtés James Desmarais, révélé à Innsbruck l'an passé, pourrait bien s'affirmer davantage dans une ligue toujours plus exigeante avec les renforts venus de l'étranger.

Les Jurassiens semblent également sereins sur les autres postes, devant le filet où le titulaire inamovible Olivier Gigon a vu arriver en attaque l'ailier-travailleur René Friedli qui fera valoir toute l'expérience accumulée en LNA, à Ambrì et Bâle notamment. Le Franco-Canadien Dany Gélinas possède donc une bonne base pour ramener les Ajoulots en séries.

 

Revenu en playoffs après avoir joué sa peau en 2005 en barrages face à Thurgovie, Olten a retrouvé des couleurs. Cette saison, les Soleurois veulent faire aussi bien et se sont rapidement dotés d'un remplaçant à Mike Souza, parti à Cologne et au vétéran russe Albert Malgin. Aux côtés du Suédois Stefan Hellkvist, Justin Kelly, arrivé d'ECHL, étrennera sa première expérience en Europe et tentera de se fondre dans un groupe solide, renforcé à l'intersaison de Patrick Siegwart (Coire) et du gardien ajoulot Daniel Rüfenacht pour prendre la place d'Urban Leimbacher, promu nouvelle doublure de Manzato chez le voisin bâlois.

 

Parachuté à la tête de l'équipe en cours de saison passée, l'entraîneur Kevin Ryan a dû reconstruire partiellement son équipe de Viège, désormais privée de son âme offensive, le buteur québécois Stéphane Roy. On en attend pas moins de la part d'un autre vétéran, l'Américain Jim Campbell (Philadelphie, AHL) qui possède une sacré carte de visite partagée entre l'AHL et la NHL durant ses plus jeunes années. Arrivé l'hiver dernier de Martigny dans les valises de Ryan, l'autre étranger, le vétéran canadien Terry Yake (37 ans) possède un profil similaire et formera avec Campbell la nouvelle force offensive valaisane. Comblant la vague de départs (Brügger, Badertscher, Orlandi, Brown...) par les arrivées des Marco Schüpbach (Langnau), Luca Triulzi (Coire) et Alain Brunold (Ambrì), l'EHC Viège de Stefan Gähler et Beat Heldstab paraît armé pour jouer sa place en playoffs.

 

Les anciens de Ligue Magnus ont décidément la cote en Ligue nationale B. À La Chaux-de-Fonds plus qu'ailleurs semble-t-il. Après le Rouennais Jean-Philippe Paré l'an passé, le HCC a mis sous contrat deux attaquants québécois déjà vus dans l'Hexagone. Vice-champion de France 2005 avec Tours, Jonathan Roy a dominé les débats en LNAH et se voit espéré du côté des Mélèzes comme le successeur du prolifique Alexandre Tremblay, parti sous les cieux plus rémunérateurs de Bienne. Son nouveau collègue à la pointe de l'attaque, Dominic Forget, fut pour sa part joker à Grenoble lors des séries 2005 avant de partager sa saison entre l'Allsvenskan suédoise et la Serie A transalpine.

Secoué l'hiver dernier par d'incessants spasmes liés à ses finances toujours fragiles, le HCC fait donc profil bas et cherchera sans doute à limiter les dégâts. Les départs n'ont pu être freinés et c'est avec un visage juvénile que les Neuchâtelois joueront leur va-tout. Rares cadres rescapés, le gardien Sébastien Kohler (de retour d'un prêt à Sierre pour les derniers playoffs), le papy Valeri Chiriaev (43 ans pour l'Ukraino-suisse, de retour de Bienne) et le buteur Michael Neininger devront donc faire le lien mais rien ne garantit que La Chaux-de-Fonds puisse éviter, comme l'an passé, le ventre-mou de la division.

 

Lors de son retour en LNB voilà douze mois, Martigny, trop faiblement armé, n'aura eu que son courage à mettre en valeur. Sauvé par le retrait de Forward Morges, le HCM a dès lors pu préparer tranquillement et sereinement cette nouvelle saison. Avec son contingent limité, le promu octodurien ressemblait plus à un faire-valoir qu'autre chose mais cette année, Martigny semble décidé à tenir son rang. En embrigadant quelques habitués de LNB comme les Viégeois Rolf Badertscher et le gardien Michael Brügger puis en déboursant espèces sonnantes et trébuchantes pour attirer deux vieux loups du hockey international. Aperçu pour une pige à Zoug l'hiver dernier, l'ex-international letton Grigorijs Pantelejevs fera équipe avec un autre vétéran, le Kazakh Evgeny Koreshkov (36 ans), lui aussi en fin de carrière mais qui tâchera de profiter de l'air pur du Valais (ce qui le changera de Magnitogorsk et des autres villes-usines russes qu'il a sillonnées durant sa longue carrière) pour retrouver ses sensations turinoises où il fut l'un des meilleurs buteurs du tournoi olympique. La troupe de Dmitri Fokin paraît donc mieux construite que sa devancière, en tout cas elle ne semble plus être la candidate idéale aux dernières places.

 

Une fois encore, les GCK Lions présenteront un effectif des plus fluctuants en raison de leur rôle de club-école de leur grand frère de LNA, les ZSC Lions. Et comme toujours, une certaine partie de l'effectif est susceptible, à un moment ou à un autre, de monter en LNA. Les Lionceaux seront donc toujours des adversaires imprévisibles, ayant la fougue et l'insouciance de la jeunesse, le talent de la formation zurichoise mais aussi un manque logique d'expérience et parfois de régularité. Par le passé, les GCK ont souvent joué les séries, mais cette saison, cela semble plus délicat. L'ancêtre canadien Mike Richard (40 ans !) portera à nouveau l'équipe à bout de bras mais une nouvelle fournée de jeunes talents est partie. Toutefois, l'équipe n'est pas totalement dégarnie et comptera sur les Kevin Gloor, Lukas Grauwiler ou encore Pascal Tiegermann pour s'affirmer davantage. De son côté, le jeune gardien Reto Berra, drafté cette année par Saint-Louis, devra encore progresser pour franchir un jour les paliers. Enfin, avec la présence de la sélection nationale des moins de 20 ans dans ce championnat (chaque vendredi), les jeunes pousses zurichoises risquent d'être très sollicitées.

 

Les ennuis financiers vécus en cours de saison passée ont laissé des traces à Coire. Le club grison, contraint et forcé, jouera donc la carte jeune avec l'appui de son club-partenaire luganais et du grand voisin cantonal, le HC Davos. Les deux grands envoient donc quelques espoirs s'aguerrir au sein d'un alignement amputé d'une énorme partie de ses forces vives Une saignée qui limite de ce fait les ambitions de l'EHC Chur, résolu à vivre une saison de transition et plus que jamais menacé par le spectre des dernières places. Avec Marco Capaul (Rapperswil) comme seul import d'expérience, Coire risque de passer une saison difficile. À moins que ces jeunes, sans complexes à l'image de Fadri Lemm, ne bousculent quelque peu l'ordre établi ?

 

La LNB est de retour à Kreuzlingen, sur les rives du lac de Constance. Après un pensum d'une petite saison en 1re ligue, Thurgovie revient dans l'antichambre. Si les ambitions ne sont plus forcément les mêmes qu'il y a quelques années, Thurgovie ne revient pas sans prétentions. Pour ce faire, l'entraîneur Felix Burgener a réuni un contingent homogène qui aura surmonté sans faillir l'épreuve de la relégation l'an passé. Autour du buteur René Stüssi, le vétéran Omar Tognini (Bienne), le Lausannois Bernard Schümperli ou encore Alexis Weber, qui revient de Finlande, mèneront l'offensive en l'absence provisoire de renforts étrangers. Esprit de revanche à l'appui, le HCT puisera sans doutes sa force dans son homogénéité.

 

Enfin, la sélection nationale des moins de 20 ans sera elle aussi présente au rendez-vous. Solution trouvée par la ligue pour revitaliser cette LNB devenue moribonde, l'équipe U-20 sera donc sur le pied de guerre, le plus souvent chaque vendredi soir. On retrouvera dans ce bataillon de jeunes loups, sous les ordres de Jakub Kölliker, l'attaquant fribourgeois Andrei Bykov (le fils de l'ancienne gloire russe Slava Bykov), son collègue martignerain Jérémy Gailland ou encore le gardien zurichois Leonardo Genoni et le Zougois Janik Steinmann. Une occasion unique de rôder les jeunes pousses à la croix blanche au haut niveau.

Jérémie Dubief

 

 

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