Lettonie 2006/07 : présentation

 

Le hockey letton n'est pas à un paradoxe près. Il a connu la saison passée la consécration mondiale avec l'organisation à Riga des championnats du monde dans deux nouvelles patinoires splendides et remplies de supporters bruyants, même si parfois un peu trop "siffleurs" voire "jeteurs de chaussures"...

On pouvait donc s'attendre à de bonnes répercussions sur le championnat national. Il n'en est rien, bien au contraire ! Déjà, l'un des clubs-phares n'est plus : Vilki Riga n'est plus engagé en championnat, ayant fait acte de candidature trop tard. Le club qui montait dans la capitale lettone jouera donc dans une ligue régionale mais promet de revenir la saison suivante.

Autre nouvelle d'importance, le hockey letton est désormais replié sur lui-même. Il n'y aura plus d'équipes lettones dans le championnat ouvert du Bélarus, qui ne conserve pour rester "ouvert" que le champion ukrainien, le Sokil de Kyïv, lui-même en difficulté...

Après la fin de la ligue d'Europe de l'est, voilà donc le hockey letton confiné à l'intérieur de ces petites frontières... Seul Elektrenai vient mettre un peu de couleurs lituaniennes dans le championnat grenat uni. Un temps annoncés, les Estoniens des Stars de Tallinn ont finalement renoncé. La fédération, qui avait prévu un championnat à huit clubs, a alors décidé de le réduire à six équipes en écartant également le Riga 18, l'équipe des juniors des moins de dix-huit ans, qui n'aurait pas été très compétitive.

Une nouveauté cependant, le championnat change de sponsor et donc de nom. La compagnie spécialisée dans la sécurité Falck (qui avait d'ailleurs organisée la sécurité du Mondial) laisse la place au groupe coréen Samsung. Partons donc à la rencontre de la Samsung Premjerliga. Après tout, un gros sponsor et un départ de plus bas peut permettre au championnat letton de décoller enfin...

 

Aïe, l'intersaison a été également agitée dans le club phare de Lettonie, le HK Riga 2000. Devant les difficultés financières, le président emblématique Viesturs Koziols a même menacé de jeter l'éponge. Finalement, il est toujours en poste, mais il a dû revoir ses ambitions nettement à la baisse (après avoir annoncé en mai dernier une grosse équipe et un budget de deux millions d'euros...). La liste des départs est longue. Sur le banc, le Slovaque Julius Supler n'est plus, il est retourné entraîner l'équipe nationale de son pays. Pour le remplacer, le HK Riga 2000 n'est pas allé bien loin, c'est son ancien adjoint, un homme de la maison, Normunds Sejejs, qui a été nommé. Mais c'est sur la glace que les changements sont les plus importants. Ne voulant pas se contenter du championnat de Lettonie et des salaires qui vont avec, les renforts étrangers et la plupart des internationaux sont partis. En défense, Georgijs Pujacs s'en est allé au Khimik de la Région de Moscou en Superliga russe, et Guntis Galvins a choisi la République Tchèque et Vsetin, comme l'attaquant Armands Berzins. Toujours en attaque, fuite des internationaux avec Martins Cipulis à Poprad en Slovaquie et Gints Ankipans au Dynamo de Minsk, au Bélarus.

Alors, que reste-t-il de nos amours ?

Dans les cages, c'est le jeune (24 ans) troisième gardien letton au dernier mondial, Martins Raitums, qui fera l'affaire, encadré par deux juniors. En défense, on note le retour de l'international Rodrigo Lavins qui était en Suède à Brynäs Gävle. Pour l'aider, trois joueurs d'expérience, Ronalds Ozolins de retour d'ECHL, Aigars Mironovics (passé par la CHL et Weisswasser en Bundesliga 2 allemande) et un Russe habitué à la Vyschaïa Liga, Ilia Demidov. Le reste, c'est jeune, voir très jeune ! Même topo en attaque avec cependant les internationaux Edgars Zaltkovskis et Artis Abols qui sont restés au club, Aleksejs Hromcenkovs, venu de Liepaja et passé par Lillehammer en Norvège et Alleghe en Italie, Andrejs Ignatovics (qui a évolué en D1 suédoise et au Danemark) et Edijs Brahmanis, buteur le plus prolifique du championnat national avec Ogre il y a deux ans avant de partir une saison en Angleterre (Basingstoke Bison). Là encore, c'est tout et c'est peu pour encadrer des jeunes. Ceci dit, n'ayant plus le championnat bélarussien à se taper... Cela sera peut-être suffisant. Même si la défaite à domicile 5-3 d'entrée contre Liepaja indique bien la difficulté de la tâche. Clin d'œil, le Riga 2000 joue ses matches de la Samsung Premjerliga dans sa patinoire Siemens !

 

Le Metalurgs Liepaja va peut-être prendre enfin sa revanche sur le Riga 2000 qui truste le titre national depuis trois ans. Le dernier titre de champion de Lettonie des métallurgistes des bords de la Baltique remonte à 2003, où ils avaient battu Riga d'un but sur les deux matches.

Liepaja, c'est toujours l'équipe la plus internationale du championnat letton. L'équipe entraînée par Vladimirs Golubovics compte dans ses rangs huit joueurs étrangers. La moitié sont lituaniens avec quatre attaquants : Povilas Verenis (international junior 18 ans), Darius Lelenas (international A), et les frères Kumeliauskas, Todas (interntional 18 ans) et Donatas (international 20 ans et A). Il y a également en magasin deux Ukrainiens, Rouslan et Pavlo Borissenko, un défenseur et un attaquant (tous deux anciens du Kristall Saratov). Le hockey à Liepaja, c'est une histoire de famille. Pour compléter la légion étrangère, deux Russes de Vyschaïa Liga, le défenseur Konstantin Golokhvastov (né en Ukraine) et l'attaquant Alexandre Iermakov. Le reste est jeune et letton, sauf l'expérimenté international Maris Jass. Donc, ce n'est peut-être pas du côté de Liepaja que viendra la surprise finale...

 

La nouvelle équipe du hockey letton, le DHK Latgale Daugavpils, est l'équipe qui monte, demi-finaliste pour sa première saison. Le club de la région de Latgale (d'où son nom, c'est dingue non ?) est bien parti pour être favori. Daugavpils (le château sur la Daugava) s'est considérablement renforcé. Tout d'abord avec l'arrivée de deux des plus emblématiques et talentueux internationaux lettons. Les attaquants Aigars Cipruss et Leonids Tambijevs ont signé au DHK Latgale !

Cipruss, 34 ans, arrive du Riga 2000, son club d'origine. Mais il a pas mal bourlingué : IHL, ECHL, AHL, SM-Liiga, et Superliga (Spartak Moscou). C'est l'un des piliers de l'équipe nationale. Mais que dire de Leonids Tambijevs ? 36 ans en provenance de Bâle, il a joué partout ! En Russie, au Danemark, en Finlande, en Allemagne en donc en Suisse ! Et pratiquement toujours dans les ligues élite de ces pays. Latgale récupère également deux attaquants d'Ogre, Vadims Adonevs et Romans Glazkovs. Mais l'équipe entraînée par Harijs Hambergs compte également six étrangers. Trois joueurs tchèques de l'an passé ont été conservés, Vrba, Zatopek et Machalek. Daugavpils compte également un défenseur finlandais, Mikko Huhto (Mestis) et deux attaquants lituaniens, Saulius Limontas (déjà là l'an passé) et Egidijus Bauba (international en provenance d'Elektrenai). La stabilité par rapport à la saison dernière, plus des renforts de choix pour le championnat letton (Tambijevs, Cipruss, voire Huhto et Bauba) cela peut permettre à Daugavpils d'être le favori...

 

Sauf que cela fait bien rire les militaires de l'Armijas Sporta Klubs Ogre, éternels empêcheurs de patiner en rond des ténors du championnat letton. Dès le premier match de cette nouvelle saison, les Castors sont allés s'imposer 3-2 sur la glace du Latgale ! Pourtant, chaque saison, au gré des aléas du service militaire et des moyens faibles du club, l'effectif est chamboulé. Mais chaque saison, Ogre a toujours faim !

Entraînés par le Tchèque Zdenek Vojta, les militaires ont eux aussi réussi à faire revenir des grands noms du hockey letton. Exemple avec l'attaquant Vjaceslavs Fanduls, 37 ans, en provenance des GCK Lions de Zürich, en LNB, et qui auparavant a écumé la terre entière en jouant en Russie, en Finlande, en Allemagne, aux JO et dans de nombreux championnats du monde. Fanduls avait déjà évolué à Ogre durant quelques matches l'an passé.

Les Castors compteront également en défense sur le Tchèque Petr Chvojka, ex-international junior qui évoluait en 1.liga tchèque, et sur deux Lettons expérimentés, Igors Bondarevs et surtout l'ex-international junior Aigars Berzins. Dans les cages, belle arrivée du gardien du Riga 2000, Edvins Silavnieks, qui a également évolué au Iounost Minsk, à Liepaja, au Spartak Moscou et en équipe junior de la Lettonie.

Ogre récupère également les frères Vegneris. Le plus jeune, le défenseur Andris, a joué à Riga et Liepaja avant d'arriver à Ogre, où il est rejoint par son aîné, l'attaquant Janis, en provenance de Liepaja. Enfin, l'attaque pourra compter sur Aleksandrs Kercs, 39 ans, formé au Dynamo de Riga (l'ancêtre du Riga 2000), international junior soviétique, juste avant l'implosion de l'empire, passé par l'AHL, l'équipe nationale lettone, la DEL, la SM-liiga, la Superliga, l'Allsvenskan, le Bélarus, et les Vilki de Riga. Comme les loups ne mordent plus, Kercs est venu chez les Castors. Et puis, il y a aussi, le capitaine d'Ogre, Aigars Razgals, 37 ans, passé par la Suède et le Danemark, et qui entame sa quatrième saison au club. Un club qui, au vu de la baisse de niveau de Riga 2000, a peut-être aussi les moyens de faire quelque chose.

 

Dans cette valse du retour à la maison des glorieux anciens du hockey letton, c'est l'école des sports de Riga et son équipe de juniors 20 ans, qui a fait le plus gros coup, l'énorme coup, le gigantesque coup ! Le SK Riga, basé sur les écoles de sport de la municipalité de Riga, a fait signer cette saison, devinez qui, devinez quoi ? L'idole, l'icône, le Letton le plus célèbre au monde, Arturs Irbe en personne ! Le roi Arturs dans un club de gamins. Plutôt que d'arrêter sa carrière à 39 ans, après une saison partagée entre le Riga 2000 et Salzbourg, il a préféré apporter son savoir, son talent et son expérience aux gamins de l'école municipale des sports de Riga. Un peu comme si Zidane, au lieu de pantoufler chez Danone, allez faire aider l'Institut National du Football de Clairefontaine ! Et ça marche ! Comme dopés, les gamins des écoles de Riga, entraînés par Oleg Znarok de retour d'Allemagne, débutent le championnat en fanfare avec deux premiers matches canon 10-3 et 8-2 face aux Lituaniens d'Elektrenai.

 

Et il en faut de l'énergie à l'Energija Elektrenai pour continuer à vivre. Même si le hockey lituanien a réussi de (très) belles choses au dernier mondial de D1, même si les joueurs lituaniens sont de plus en plus appréciés, le club de cette petite ville industrielle coincée entre les deux grandes villes du pays, la capitale Vilnius et l'ancienne capitale Kaunas, continue de porter à bout de bras le hockey national dans un pays qui ne jure que par le basket...

Et chaque année, les meilleurs joueurs de l'Energija ne pensent qu'à une chose, se tirer d'Elektrenai le plus vite possible, même pour aller jouer en Lettonie, en Estonie ou au Bélarus. Une nouveauté cependant cette saison, avec l'arrivée d'un entraîneur letton, Guntis Balins (défenseur de Daugavpils l'an passé) qui remplace l'irremplaçable Dmitrijus Medvedevas (Dimitri Medvedev en lituanien), également entraîneur national. En revanche, même dans un championnat letton plus ouvert que les années précédentes, il parait très hautement improbable qu'Elektrenai joue les premiers rôles...

Bruno Cadène

 

 

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