Le Hockey Club de Caen a su retrouver le haut niveau national en remontant tous les échelons du hockey en un minimum d'années. Cette remontée de la Division 3 vers la Ligue Magnus s'est faite chaque fois sportivement avec des montées obtenues sur le glaçon mais surtout grâce à l'aide d'une politique sportive basée sur l'apport de la jeunesse caennaise couplé avec l'expérience soit d'anciens Caennais soit d'étrangers. L'an dernier, l'objectif était comme pour tous les promus le maintien dans la ligue Magnus. Le HCC l'a obtenu certes à la dernière place qualificative, mais dira-t-on assez aisément, puisqu'à trois journées du terme et avec une bonne avance. Toutefois, on regrettera une fin difficile dans des play-offs où la confrontation avec Dijon aura été difficile compte tenu de la différence entre la cinquième équipe et la douzième du classement. Caen n'aura pas su trouver le chemin des filets dans ces deux confrontations (0-1, 0-4).

Suite à la première année d'apprentissage à ce niveau, la direction représentée par Pascal Lemasson a décidé de continuer à faire confiance à l'entraîneur Rodolphe Garnier en lui paraphant une prolongation de contrat de deux années. L'ex-entraîneur-joueur peut donc composer sereinement son équipe dans l'optique de pérenniser le club à un tel niveau et surtout améliorer les résultats au fil des années. L'objectif principal est donc d'atteindre les play-offs avec une meilleure place pour éviter de rencontrer le cinquième du futur classement. Le rêve serait d'envisager une place dans les huit qui donnerait l'avantage important de la glace. Pour réaliser ses ambitions, le club s'est attaché à améliorer ses relations avec les différentes administrations de la ville pour obtenir davantage de subventions mais aussi à privilégier le sponsoring pour rendre au hockey sa place de numéro deux dans l'activité sportive de la ville (après le foot bien sûr).

Après l'amélioration budgétaire, le club a décidé de recomposer une équipe de nouveaux joueurs d'expérience souvent étrangers mais aussi une équipe plus réduite avec la possibilité d'intégrer de futurs jeunes issus de la formation caennaise. L'équipe voulue plus réduite a perdu d'excellents éléments comme le meilleur pointeur Damien Raux, un excellent jeune, le nouvel international senior Damien Fleury, le capitaine Sébastien Bergès ou encore le gardien qui a accompagné la remontée de la division 2 à l'élite, Robert Marton, auquel le public caennais était attaché. À ces départs s'ajoutent ceux des étrangers Jiri Jelen et Jan Supuka, jugés sûrement à l'apport insuffisant, mais aussi cinq autres Français Boldron, Cheradame, Vandecandelaere, Samson et Feutry... Inutile de dire que l'équipe perd des éléments par choix (les derniers cités) mais aussi par manque de budget (Raux qui souhaitait retourner à Rouen et le courtisé meilleur espoir Fleury), certains voulant voguer vers d'autres horizons.

Le recrutement devient donc essentiel pour Garnier et son équipe pendant la longue trêve estivale. La priorité sera bien sûr porté sur le renfort d'étrangers pour pallier les onze départs et pour encadrer une équipe composée principalement de jeunes de la région. La première difficulté était de remplacer Robert Marton, qui a été blessé et suspendu l'année dernière, par un élément qui permettrait de garder des buts souvent attaqués de partout par des équipes plus fortes. Dans le rôle du gardien très sollicité, c'est le Tchèque Ladislav Kudrna qui a été choisi et qui devra se préparer à une saison ou ses capacités devront être importantes. C'est un garçon sympathique aillant esprit d'équipe et humour, et qui semble convenir si on observe le blanchissage obtenu face à Rouen en amical (0-0). En ce qui concerne les autres étrangers, on peut noter l'arrivée de Morzine du très grand et costaud Tibor Schneider qui apportera du poids dans la défense. Daniel Socha, fort d'une grande expérience, permettra d'adresser de bons tirs de la bleue. Le Français Francis Ballet s'ajoute à la défense comme un joueur avec du caractère.

Reste l'attaque où les Caennais manquent souvent d'un buteur capable de faire la différence. Jaroslav Prosvic, un centre qui désire prendre les commandes sur la glace, avait démontré de telles qualités de finisseur dans ses années juniors, où il avait réussi une saison à cent points. Formé à Skalica, Prosvic n'a jamais réussi qu'à se faire une place marginale en Extraliga slovaque, et ce n'est qu'en étant prêté dans des clubs de division inférieure qu'il obtenait du temps de jeu. L'été dernier, il tenta donc sa chance à l'étranger, en Angleterre. Mais ses six buts marqués en dix matches ne suffisaient pas à impressionner Hull, et dans le communiqué officiel du club, l'entraîneur Rick Strachan (par ailleurs sélectionneur national de la Grande-Bretagne) expliquait pourquoi il se séparait de lui : "Il est arrivé ici avec un pedigree de buteur pour remplir la mission spécifique de marquer des buts, mais il n'a pas produit assez. Nous avons besoin de plus de présence physique. Un import doit se faire remarquer à chaque présence - parfois on ne savait même pas que Jaro était sur la glace." Curieusement, avoir été mis à la porte par un club du niveau en dessous lui permettait de trouver une place en élite britannique ! Édimbourg, club mal en point au classement, le prenait de façon temporaire pendant deux mois pour donner un peu de profondeur à son effectif, avant d'accepter de le laisser partir quand il obtenait un vrai contrat en deuxième division autrichienne à Zeltweg, où il inscrivit six assistances mais aucun but en sept parties.

Après le feuilleton de l'arrivée puis le refus de l'attaquant tchèque Libor Pavlis, qui aurait dû venir d'Esbjerg au Danemark, le HCC était ravi d'annoncer le recrutement de Tomas Nemcicky. Nanti d'une longue expérience en Extraliga tchèque, il avait signé il y a deux ans au Slovan Bratislava. Sa première saison y fut un succès couronné d'un titre de champion de Slovaquie, la seconde un mauvais souvenir avec un triste cadeau de Noël, une mise à l'écart en décembre et une saison achevée à Lillehammer en Norvège. Nemcicky devra donc fournir la preuve qu'il n'est pas sur le déclin mais son expérience sera de toute façon un bon apport pour une équipe si jeune. Il devra également prendre ses responsabilités pour faire avancer le collectif de l'équipe.

Les recrues françaises sont de prestige, il faudra compter sur le tout jeune international des moins de vingt ans Quentin Pépy, qui retrouvera des coéquipiers de l'équipe de France junior, et aussi le joueur de caractère Mickaël Brodin qui a impressionné à Angers en inscrivant les trois buts de la victoire (1-3).

Les "anciens" apporteront eux aussi un état d'esprit basé sur l'engagement comme Cyril Gavalda ou Arnaud Hascoët, et on pourra compter également sur les progrès de Pierre-Antoine Devin ou Jonathan Avenel. On peut noter aussi les intégrations du cadet Charles Geslain ou le retour après une année de blessure de Pierre Bennett, l'ex-complice de ligne de Fleury en D1.

Il est à noter que Caen fournit de plus en plus d'internationaux à l'équipe de France, un fraîchement appelé en senior avec Mickaël Brodin, quatre en moins de 20 ans avec Bennett, Avenel, Janil et Pépy, et six futurs champions en moins de 18 ans... Caen peut donc compter sur ces jeunes pour pérenniser le HCC. La formation reste donc le fer de lance d'un club qui sait que former coûte certainement moins cher que de s'approvisionner de mercenaires de tous pays pour des résultats pas toujours constant. Au niveau des structures de la formation, il est regrettable qu'il y ait toujours cette grande marche entre évoluer en cadet ou en équipe senior (Magnus ou D3) sans passer par le niveau junior qui n'existe pas à Caen. L'équipe possède donc de bons éléments français et d'avenir couplé à des étrangers ou hommes d'expérience pour les encadrer.

Maintenant, il ne reste plus qu'à savoir si la mayonnaise va prendre dans cette toute nouvelle équipe très remaniée, et les matchs amicaux sont la première référence en la matière. Au point de vue des résultats, c'est net, il y a de l'amélioration dans l'air avec des défaites "raisonnables" contre Amiens, mais surtout le nul face à Rouen et les victoires face à Tours et Angers. C'est beaucoup mieux que l'an dernier et très encourageant. Au niveau du jeu, le gardien semble impeccable, la défense plus costaude physiquement et plus dangereuse dans le soutien offensif.

On peut noter que Rodolphe Garnier aura toujours autant de solutions avec un banc étoffé de jeunes mais il aura sûrement plus de possibilités avec des étrangers mieux choisis avec plus de temps de glace. L'amélioration que l'on attendait concernait surtout la charnière centrale qui présentait de gros défauts les années précédentes. Espérons que les étrangers recrutés au poste de centre soient dignes des attentes. Les jeux de supériorité et d'infériorité resteront sûrement la clef de la réussite mais de toute façon il s'agit d'éviter les pénalités malvenues avant tout.

Nous ajouterons quelques progrès a faire au niveau structurel sur l'animation, le son ou la table de marque, et nous serons fin prêts à suivre cette équipe qui de toute façon promet dans le futur.

Départs : Marton, Fleury (Villard-de-Lans), Raux (Rouen), Jelen (Dijon), Supuka (Avignon), Cheradame, Boldron (Briançon), Bergès (Le Havre), Vandecandelaere (Tours), Samson (La Roche), Feutry.

Arrivées : Kudrna (Londres, GBR), Pépy (Huddinge jr, SUE), M. Brodin (Dijon), Schneider (Morzine), Prosvic (Zeltweg, AUT), Ballet (Anglet), Socha (Angers), Lebas (Nice), Nemcicky (Lillehammer, NOR).

Gardiens : Ladislav Kudrna (TCH, 29 ans), Jérôme Salley (24 ans).

Défenseurs : Daniel Socha (SVK, 30 ans), Tibor Schneider (SVK, 28 ans), Michal Cesnek (SVK, 26 ans), Frédérick Brodin (30 ans), Francis Ballet (23 ans), Jonathan Janil (18 ans), Alexis Gomane (25 ans).

Attaquants : Tuomo Määttä (FIN, 26 ans), Tomas Nemcicky (TCH, 33 ans), Jaroslav Prosvic (SVK, 24 ans), Luc Chauvel (31 ans), Arnaud Hascoët (20 ans), Quentin Pépy (19 ans), Charles Geslain (18 ans).

Entraîneur : Rodolphe Garnier (38 ans).

Retour à la rubrique articles