Finlande 2005/06 : bilan de la saison

 

Résultats du championnat finlandais

 

Le contrat de délégation actuel accordé à la SM-liiga arrive à son terme cette année, et toutes les composantes du hockey finlandais ont négocié la suite sur de nouvelles bases, en réouvrant la ligue à partir de l'an prochain et en cherchant des solutions pour donner ainsi un nouveau souffle au championnat. Cette dernière saison a justement été une bonne illustration que la hiérarchie des clubs n'est pas destinée à être figée à jamais, car elle a regorgé de surprises en tout genre. Autrefois propriété réservée d'une poignée de grands clubs, la SM-liiga a cette fois souri à des équipes inattendues, un renversement des valeurs qui a été perçu avec beaucoup de sympathie de la part du public.

 

Premier : HPK Hämeenlinna. Une troisième place, cela n'a rien de déshonorant en soi. C'est une consolation agréable, qui n'a pas l'impact brutal de la défaite en finale, de ce moment de vérité sportive où il y a un ultime gagnant, qui remporte toute la gloire, et un ultime perdant, forcément inconsolable. L'histoire du sport se nourrit de la légende des "éternels seconds", ces losers magnifiques. Mais les troisièmes ? De quoi se plaignent-ils, les troisièmes ? Ils n'ont pas côtoyé d'assez près les vainqueurs pour que leurs sentiments d'échec et de jalousie soient assez amplifiés.

Mais quand on a cumulé six médailles de bronze en neuf saisons, comme le HPK, on pourrait écrire des thèses sur ce que cette gentille troisième place peut avoir de terriblement frustrant, par un effet insidieux de répétition. On aborde le sujet sur le thème de la plaisanterie, comme les autres, mais on commence sérieusement à se convaincre qu'on est condamné à cette position inconfortable pour l'éternité, à douter soi-même de pouvoir gagner un jour. Souvent placée mais rarement gagnante sur le plan international, la Finlande s'identifie forcément un peu à Hämeenlinna, cette petite ville qui, des avis autorisés l'assuraient, devrait "logiquement" se contenter de places d'honneur.

Le titre de champion était déjà venu deux fois à Hämeenlinna, à la fin des années quarante, mais c'était un autre club, le Tarmo, qui l'avait apporté. Le HPK désespérait de jamais y parvenir, et c'est ce qui rend son succès si savoureux. Il aurait pu honnir cette troisième place, fastidieuse à la longue, et jeter aux orties ses principes qui le conduisaient au podium mais jamais au titre. Tout au contraire, le club est resté fidèle à son projet. Depuis cinq ans, l'entraîneur Jukka Jalonen, totalement impliqué dans la stratégie de recrutement, bâtit patiemment son équipe. Le HPK, comme d'autres, a connu des blessures, mais au lieu de se ruer sur le marché, il a simplement donné du temps de jeu à ses jeunes, qui ne l'ont pas déçu. La quatrième ligne Sailio-Wirtanen-Lappalainen a été étonnamment efficace. Le principal blessé, le centre letton Janis Sprukts, est finalement rentré juste à temps pour les play-offs, et il a montré qu'il avait bel et bien récupéré la forme.

La jeunesse du HPK était considérée comme un handicap, surtout dans les cages où il s'était comme souvent appuyé sur des éléments inexpérimentés. Le gardien Miika Wiikman a pourtant bluffé tout le monde à 22 ans. Ses trois blanchissages en demi-finale ont été déterminants dans l'élimination du HIFK, sans doute l'adversaire le plus difficile croisé sur la route du titre. Ce qu'il y a d'étonnant avec Wiikman, c'est qu'il a appris le hockey en Suède, un pays beaucoup moins réputé que la Finlande pour ses gardiens. Formé à Mariestad puis au HV71, il a choisi de rejoindre le pays de ses parents, lui qui dispose de la double nationalité. Il a donc débarqué en Finlande il y a trois ans et a vite grimpé les échelons. Il a été élu cette année meilleur joueur des play-offs alors qu'il avait commencé la saison comme n°2 de Karri Rämö, lui-même très bon avant de se blesser au genou.

 

Deuxième : Ässät Pori. Le pessimisme régnait à Pori avant la saison. L'équipe, qui avait pris l'habitude de bien partir mais de s'effondrer avant même la fin de l'automne, n'avait pas atteint les quarts de finale depuis sept ans. Et cette fois, l'effectif était unanimement jugé encore plus pauvre ! Si vraiment on tenait à y trouver une vedette, le seul qui aurait à la rigueur pu mériter ce titre est Marko Kivenmäki. Aujourd'hui, il en est vraiment une. Ce joueur parfois en proie en doute, qui avait dû relancer deux fois sa carrière en Norvège, a connu sa meilleure saison à trente ans et s'impose, quand il est en confiance, comme un des joueurs les plus talentueux du championnat.

La plupart des joueurs d'Ässät sont des joueurs méconnus, parfois passés par des pays où le hockey est un sport mineur. Par exemple... la France, avec l'ex-Grenoblois Jesse Saarinen. Ce défenseur bon relanceur a vécu le plus grand moment de sa carrière en marquant en prolongation pour le seul match gagné par Ässät en finale, et son étonnante saison lui a permis de décrocher un contrat avec le prestigieux TPS Turku. Mais la principale révélation de la saison, c'est Juuso Riksman, élu meilleur gardien du championnat après avoir passé un an en Italie à Alleghe.

Si les seniors n'attiraient pas l'attention a priori, deux internationaux juniors étaient par contre suivis de près à Pori. Né en Estonie, Leo Komarov a toujours été applaudi pour sa combativité. Par contre, Jesse Joensuu, considéré comme le meilleur espoir de sa génération, n'a pas vraiment concrétisé toutes les attentes suscitées par la qualité de son patinage. Sa maîtrise du palet reste moyenne et son efficacité a été faible.

Ässät a l'habitude de pratiquer un jeu physique, pas avare de rudes mises en échec, données par exemple par Patrik Forsbacka. Mais un invité-surprise a renforcé encore cette dimension : Matt Nickerson, un Américain de 21 ans, a été envoyé par les Dallas Stars qui ont passé un accord avec le club. Le but de la franchise de NHL, c'était que ce joueur, toujours prompt à lever les gants, apprenne à développer ses autres qualités pour que son destin diverge de celui d'un goon de ligues mineures. Le naturel est revenu au galop pour Nickerson, engagé dans une bagarre dès son deuxième match... La SM-liiga a même mis Ässät sous surveillance pour vérifier que le club ne dérivait pas trop. Même en partie réfréné, l'Américain, en jouant seulement 36 matches au milieu de ses suspensions, a dépassé le record de pénalités du championnat, établi l'an dernier par... Jarkko Ruutu, bien sûr. Impliqué dans une demi-douzaine de combats ponctués à l'occasion de gestes douteux (se passer un doigt sur la gorge ou provoquer les spectateurs), Nickerson a cependant su discipliner peu à peu son jeu, en particulier en play-offs où il s'est contenté de jouer simple et d'accomplir sans faille son travail défensif. Sa contribution a donc finalement été positive et son "apprentissage" a été jugé réussi.

 

Troisième : Kärpät Oulu. Tout le monde s'attendait à ce qu'une nouvelle dynastie s'établisse sur le hockey finlandais. Revenus en SM-liiga en 2000 après onze années au purgatoire assorties entre-temps d'une faillite, les Kärpät ont formidablement progressé depuis dans cette date. Il faut dire que la ville d'Oulu, qui abrite la "Silicon valley finlandaise", est elle-même en pleine croissance grâce à son technopôle centré sur les télécommunications. Le club de hockey reflète ce développement économique, et son budget est aujourd'hui similaire à celui des deux clubs de Helsinki, sauf qu'il est mieux géré. Comme il a su garder tous ses joueurs et qu'il s'est même renforcé avec Sahlstedt, Bros et Loponen, il était le favori désigné, et il a logiquement survolé la saison régulière.

Kärpät pratique traditionnellement un hockey rapide et offensif, et ses trois attaquants tchèques vont en ce sens avec l'expérimenté Viktor Ujcik, le rapide Petr Tenkrat et le technique Michal Bros. Mais cette saison les "hermines" ont surtout atteint une solidité défensive symbolisée par deux joueurs formés au club : le centre Jari Viuhkola, intelligent dans les deux sens du jeu, et le capitaine Lasse Kukkonen, arrière dominant du championnat qui s'est aussi imposé en équipe de Finlande. Vu au championnat du monde, le duo qu'il forme avec le "canonnier" Mikko Lehtonen a été la meilleure paire d'arrières de SM-liiga. Partie prenante de la défense, le gardien Niklas Bäckström a encore accompli une excellente saison.

Malheureusement, Bäckström s'est blessé lors du quart de finale, et la charge a été un peu lourde à porter pour sa doublure, le pourtant expérimenté Mika Pietilä, critiqué avant même d'entrer en jeu. Il n'a pas démérité mais n'a pas non plus fait de miracles. Après avoir encore échoué en finale de la Coupe d'Europe des Champions, Kärpät a donc chuté en demi-finale du championnat contre l'adversaire le plus improbable, Ässät. Avoir été éliminé par un "petit" rendrait presque la pilule moins amère pour les supporters d'Oulu, qui sont restés enthousiastes et absolument pas blasés. Ils ont accueilli dans une ambiance festive le match pour la médaille de bronze et ont réservé une ultime ovation à l'auteur du dernier but de la saison, Petr Tenkrat, qui part pour Berne après quatre années au club.

 

Quatrième : HIFK Helsinki. Le hockey agressif était déjà la marque de fabrique du HIFK, cela n'a fait que se renforcer avec l'engagement de l'entraîneur canadien Doug Shedden, qui est adepte d'un style rugueux à l'ancienne et a eu le temps de développer sa propre langue des signes à l'intention des arbitres, qui ne sont pas toujours les amis de son équipe.

Le HIFK avait dû faire des économies après avoir terminé la dernière saison en déficit. Malgré le départ de ses buteurs Pärssinen et Kuhta, il a pourtant réussi à la surprise générale à reformer une première ligne très productive, avec Tony Salmelainen (auteur face aux Pelicans du premier quintuplé du championnat depuis quinze ans), son centre discret mais efficace Janne Hauhtonen, et un parfait complément en la personne d'Arttu Luttinen, un joueur qui sait aller devant la cage "à la canadienne" pour marquer des buts de raccroc. Avec une ligne forte et beaucoup de poids en défense, le HIFK avait cependant un léger point faible dans les cages : Jan Lundell, pas plus que Stathos avant lui, ne paraît avoir le mental nécessaire pour être un gardien de play-offs. Du moins, il n'a pas pu soutenir la comparaison avec un Wiikman en grande forme.

Le HIFK s'est appuyé cette saison sur des "caractères", dans tous les sens du mot. Même s'il a terminé meilleur marqueur de SM-liiga, Tony Salmelainen n'a toujours pas convaincu qu'il pouvait ranger son ego pour être utile au collectif. Et son coup de sang durant un match à Hämenlinna a déclenché un gros scandale : pénalisé d'un cinglage, il a frappé le plexi de la prison avec sa crosse et a alors écopé d'une pénalité majeure. Cela n'a fait que décupler sa colère, qu'il a passée... sur une corbeille en plastique. Il l'a jetée de toutes ses forces sans se préoccuper d'où elle allait atterrir... en l'occurrence sur la tête du chauffeur de l'équipe (fracture du nez et deux dents cassées). Bien que les conséquences de son geste soit accidentelles, beaucoup pariaient sur une lourde suspension, finalement limitée à deux matches.

En play-offs, c'est un autre joueur qui s'est fait remarquer : Jere Karalahti, qui n'a plus donné signe de vie au lendemain de l'élimination en demi-finale. Le HIFK s'est fait accueillir par un chœur de "où est Jere ?" à Oulu dans le match pour la troisième place. Une question restée sans réponse. Le club, qui lui avait donné une seconde chance il y a trois ans après ses problèmes d'alcool, a mis fin à son contrat sans faire de commentaires.

 

Cinquième : Tappara Tampere. Le retour de Jukka Rautakorpi, l'entraîneur champion en 2003, a enrayé le déclin du Tappara, de nouveau présent en haut de tableau. Adepte d'un hockey défensif, il a pu construire des lignes arrières solides grâce au retour de Tuukka Mäntylä et Janne Grönvall, deux autres membres du titre de Tappara en 2003 qui étaient partis en Suède pendant deux ans.

Ce rappel des anciennes gloires a bien fonctionné et a abouti à une équipe équilibrée et également bien dotée en créateurs de jeu. Il y a tant de bons centres que Petri Kontiola a été déplacé à l'aile, ce qui n'a pas empêché cet espoir de 21 ans d'être le meilleur passeur du championnat, en particulier quand il s'agissait de construire le jeu de puissance.

En play-offs, cependant, Tappara n'a pas toujours pu aligner sa défense au complet, avec la suspension de deux matches de Mäntylä (mauvaise charge qui a blessé Uusikartano) puis les blessures de Grönvall et Puistola. Cela restait une équipe solide à défaut d'être impressionnante, mais elle a dû baisser pavillon devant un Ässät qui n'avait déjà plus peur de rien.

 

Sixième : Ilves Tampere. L'ancien défenseur de NHL Jyrki Lumme était sorti de sa retraite après deux ans sans jouer, mais ses 39 ans se sont fait sentir. Les 42 ans de la légende du club Raimo Helminen aussi, car il est de plus en plus lent. Or, il s'agissait des deux cadres de l'effectif, qui avait la moyenne d'âge la plus basse du championnat malgré les deux "papys". Dans ces conditions, l'objectif annoncé de terminer dans les six premiers paraissait irréaliste... et pourtant il a été atteint, grâce aux jeunes !

Le tournant de la saison, ce furent les championnats du monde juniors à Vancouver. Le gardien Tuukka Rask avait été la sensation de la compétition, et à son retour, il a poursuivi sur sa lancée en prenant peu à peu la place de titulaire dévolue à Pitkämäki. La révélation de la saison est un autre international junior, Perttu Lindgren. Il avait commencé en troisième ligne, mais au retour du Mondial junior, il a été propulsé au centre de la première ligne, avec Koivisto et Pesonen, et il a terminé en fanfare sa première saison en SM-liiga. Malheureusement, la blessure de Toni Koivisto au premier match de play-offs a empêché ce trio de continuer sa bonne série.

 

Septième : Saipa Lappeenranta. Même si cette place en milieu de tableau de championnat n'apparaît pas spectaculaire en soi, on ne peut que s'incliner devant le travail effectué par l'entraîneur Heikki Mälkiä. Il faut en effet voir la matière qu'il avait à disposition. Le gardien prévu, Tomas Duba, avait fait défection en direction de Leksand durant l'été. Difficile d'imaginer défense plus inexpérimentée puisque tous les joueurs sauf un (Petri Kokko) avaient moins de 25 ans ! Quand à l'attaque, on n'y recensait pas le moindre joueur un tant soit peu coté.

Et pourtant, les bonnes surprises ont été au rendez-vous. Acquisition de dernière minute, le gardien de ligues mineures Rob Zepp s'est amélioré au fil de la saison. La révélation de la défense est venue de l'arrière slovaque Kristian Kudroc, qui a certes cumulé 227 minutes de pénalité (presque autant que Nickerson) mais a aussi impressionné en formant un duo réellement intimidant avec le géant Olli Malmivaara. Et en attaque, les progrès de certains joueurs ont été fulgurants, comme Ville Viitaluoma qui a marqué 45 points contre seulement 14 l'an dernier.

Non seulement le SaiPa a atteint les play-offs, défiant les pronostics, mais il l'a fait avec la manière, en pratiquant un hockey rapide et agressif. Même à l'extérieur où elle a d'habitude un bilan très faible, l'équipe a eu des résultats plus qu'honorables. Elle manquait de profondeur, mais sûrement pas de cœur, et elle a vendu chèrement sa peau contre le HIFK en quart de finale après avoir confirmé sa bonne saison régulière en écartant le TPS en barrages.

 

Huitième : Blues Espoo. Année après année, le multimillionnaire Jussi Salonoja, le recordman mondial de la contravention pour excès de vitesse (170 000 euros pour avoir roulé à 80 km/h dans le centre de Helsinki, les amendes étant proportionnelles aux revenus en Finlande) investit une petite partie de ses millions dans les Espoo Blues, pour un résultat invariablement décevant. L'été dernier, on avait donc promis un changement encore plus radical. Non seulement l'équipe avait été profondément remaniée, en investissant dans des talents offensifs comme Esa Pirnes et Steve Kariya, mais c'est surtout l'encadrement qui avait été modifié en profondeur, avec le recrutement de Kari Heikkilä comme entraîneur et de Raimo Summanen comme directeur sportif. Deux hommes qui traitent leurs joueurs "à la dure" et qui ont eux-mêmes choisi l'effectif avec des profils qui leurs convenaient, habitués à travailler sans se plaindre.

Sur le papier, il y avait donc un projet cohérent en plus d'un effectif séduisant. Mais à nouveau, les Bleus n'ont existé comme outsiders sérieux que sur le papier. Ils n'ont jamais décollé du milieu de tableau, et leur position devenait même de plus en plus inquiétante alors que le gardien Neil Little ne cessait de régresser. Le vétéran canadien a donc été viré et remplacé par le jeune Autrichien Bernd Brückler, qui a réussi d'excellents matches et demande à être revu sur une plus longue période la saison prochaine. Bien qu'ils aient perdu deux défenseurs importants sur blessure (Jari Korhonen, tout juste revenu d'Ambrì où il avait été viré, et Kimmo Peltonen), les Blues paraissaient retrouver un peu la forme en fin de championnat. Mais ils n'ont pas connu de réveil soudain en play-offs, où les renforts étrangers Steve Kariya et Joakim Eriksson sont même restés en deçà de leur bonne saison régulière.

 

Neuvième : JYP Jyväskylä. Perdre ses deux principaux centres, Jarkko Immonen (New York Rangers) et Tommi Hautonen (HIFK), était un rude coup pour le JYP. Habituellement, le club arrivait à dénicher des joueurs étrangers de qualité avec ses petits moyens, mais son spécialiste du recrutement est lui aussi parti dans un club plus riche, chez les Blues d'Espoo. Le piètre renfort arrivé d'AHL, Lucas Lawson, a donc fait un flop complet.

C'est donc en s'appuyant sur les joueurs déjà présents que l'entraîneur Matti Alatalo a de nouveau formé une équipe compétitive. Sur le plan offensif, le leader a comme toujours été Antti Virtanen, un gabarit très léger doté d'une excellente technique de crosse et apte à trouver des espaces pour servir un partenaire ou venir placer son bon tir du poignet. Mais c'est surtout le gardien Sinuhe Wallinheimo, né à Jyväskylä mais ayant passé l'essentiel de sa carrière à l'étranger, qui a été la clé de voûte de l'équipe. Souvent sous-coté, il a prouvé sa valeur à tout le monde en terminant la saison avec plus de 94% d'arrêts. Plus en confiance que jamais, il s'est conduit en vrai patron de sa défense, avec laquelle il communique en permanence. Le JYP a gagné en constance, et il aurait mérité d'aller en quart de finale. La qualification lui a échappé sur un but cruel encaissé à trois contre six, à quelques secondes de la fin du match décisif contre les Blues, qu'il avait dominés.

 

Dixième : TPS Turku. Le roi Midas était de retour. Même si Hannu Jortikka avait un peu moins bien réussi avec le Jokerit, on espérait qu'en revenant au TPS (une décision prise en partie pour se rapprocher de son père malade) il se remettrait à transformer tout ce qu'il touche en or. Malheureusement, Midas avait perdu ses pouvoirs. Peut-être lui en demandait-on trop ? Par exemple celui de transformer le gardien Tuomo Karjalainen, propulsé n°1 après le départ de Lassila, en un titulaire convaincant... Sans surprise, le miracle n'a pas fonctionné et le TPS a acquis en cours de saison Joni Puurula, lui aussi critiqué pour son manque de constance.

Les deux recrues suédoises du début de saison n'ont pas été plus inspirées. le jeu physique d'Andreas Jämtin paraissait taillé pour la SM-liiga, l'expérience a prouvé le contraire. Quant à Daniel Widing, il n'a pas pu rééditer ses performances réalisées par les Pelicans en se retrouvant dans un effectif bien plus dense offensivement. Les deux hommes sont donc repartis en Suède juste avant la fin de la période des transferts, remplacés par deux Tchèques. Vladimir Sicak et Ivan Huml ont joué un grand rôle pour devancer le Jokerit dans la course aux play-offs. Improbable duel de géants pour une modeste dixième place.

Tout était alors possible... sauf que la blessure du pilier Marko Kiprusoff au premier match de play-offs contre SaiPa soulignait le manque de profondeur de la défense. Même le public de Turku n'y croyait plus. Pour le deuxième match, l'Elysée Arena n'était remplie qu'au quart de sa capacité, sa plus faible affluence depuis sa construction. Seulement 2940 spectateurs pour voir un match pourtant de bonne qualité, que le TPS perdit quand même en prolongation. Ces barrages de consolation au meilleur des trois manches, introduits pour compenser le manque de suspense dû à l'absence de relégation ces dernières années, n'intéressent décidément personne.

 

Onzième : Jokerit Helsinki. Cette saison noire, presque impensable pour le club le plus puissant de Finlande, avait mal commencé dès la pré-saison. Le nouvel accord entre la NHL et l'IIHF prolongeait exceptionnellement la date limite des transferts au 15 août, et le Jokerit se trouva ainsi privé tardivement de deux joueurs majeurs, Jani Rita et Waltteri Filppula. Et encore, seuls les Européens étaient concernés par l'accord. Le club ne pouvait donc pas empêcher Tim Thomas de signer avec Boston... la veille du début du championnat.

Privé de sa pièce maîtresse - qui restait sur une saison de rêve avec quinze blanchissages - le Jokerit se retrouvait avec dans les cages le junior Joonas Hallikainen. Et après cela, il a passé la saison entière à se chercher un gardien, avec le décevant Karl Goehring, Steve Passmore puis Tom Askey.

Aux autres postes également, le club se tourna vers des Nord-Américains, avec aussi peu de réussite. Aucun n'a fait long feu. Le plus attendu d'entre eux, c'était Justin Mapletoft, un centre aux compétences défensives reconnues. L'ancien meilleur joueur et meilleur marqueur de la ligue junior de l'ouest canadien (WHL), qui a passé les dernières saisons entre NHL et AHL, était trop lent pour faire oublier Metropolit et Filppula. Sa production offensive (un but et trois assists en dix-huit matches) était vraiment trop limitée et le club a trouvé une clause pour casser son contrat. Il a conclu sa saison avec Södertälje, en Suède, par une relégation.

Malgré tous ces problèmes, le Jokerit avait toujours un effectif capable de terminer bien plus haut. Malheureusement, il avait été confié à un entraîneur débutant, Waltteri Immonen, qui dans ces conditions difficiles a vite avoué qu'il n'avait plus de solutions. Cet ancien capitaine des heures de gloire du Jokerit est toujours apprécié des supporters, mais sa mise au placard (à un poste de directeur technique) devenait inévitable. En novembre, dans un nouveau choix critiqué, le manager Matti Virtanen s'est auto-désigné adjoint du nouvel entraîneur... Curt Lindström. Mais celui qui restera à jamais comme l'entraîneur du titre mondial finlandais de 1995 n'a pas pu relever cette équipe en panne comme il l'avait fait avec Ilves l'an passé.

 

Douzième : Pelicans Lahti. Après des saisons toujours plus désastreuses d'année en année, les Pelicans pensait avoir eu leur lot de mauvaises nouvelles. Mais le malheur n'avait pas fini de s'abattre : après avoir ressenti une douleur au genou à un entraînement de pré-saison en août, le gardien formé au club Pasi Nurminen a consulté un médecin qui lui a expliqué que le cartilage de son genou - déjà blessé par le passé - était si endommagé qu'il ne pourrait plus jamais rejouer au hockey. Nurminen, qui avait prévu de retourner en NHL, a donc mis un terme à sa carrière à 30 ans et intégré le staff technique de son club dont il est déjà actionnaire principal.

Le renfort improvisé de ce nouvel entraîneur des gardiens n'a pas empêché Lahti d'enregistrer d'abord les mêmes mauvais résultats que d'habitude. Après quatorze défaites en seize matches, le nouvel entraîneur Jami Kauppi, recruté après des succès en junior et en Mestis, a été licencié. Mais au lieu de prendre un remplaçant immédiat, le manager Ilkka Kaarna a préféré assurer l'intérim avec les entraîneurs-adjoints en attendant que soit disponible Hannu Aravirta, toujours sous contrat avec la fédération.

L'ex-sélectionneur n'était libre qu'en janvier, après les championnats du monde juniors, mais cela valait le coup de patienter ! Même sans leur meilleur marqueur Marcus Paulsson - un Suédois doué techniquement mais sujet à de fréquentes absences - qu'on a laissé partir sans remords au TPS, les Pelicans ont pris leur envol et réussi une fin de saison étonnante. L'expérimenté Aravirta a redonné de la dignité au club, remonté à un classement très honorable en s'appuyant sur des bons jeunes comme le duo Santavuori-Saarinen.

 

Treizième : Lukko Rauma. La première saison en SM-liiga de l'entraîneur Jarmo Tolvanen, qui a fait sa carrière en Suède et en Suisse, a tourné court. C'est Jukka Koivu (le père de Saku et Mikko) qui l'a remplacé, mais malgré trois victoires d'affilée après un bref effet psychologique à sa nomination, il n'a pas réussi à sauver une saison compromise.

Toute la saison, toute la petite ville de Rauma s'est interrogé sur ce qui arrivait au buteur Pasi Saarela, passé de 55 à 15 points avant d'aller cachetonner en fin de saison en Suisse. C'est toute l'attaque qui a été improductive, car même l'autre ailier-vedette Jamie Wright a un peu déçu comparativement au salaire versé. En recrutant de vieux Tchèques loin de leur niveau d'antan (tout à tour Steiner, Kucharcik et Straka), puis en pâtissant de la blessure du talentueux mais fragile Markku Tähtinen, le Lukko a traîné toute l'année un problème au centre. Du coup, il est même allé dégoter en Mestis un certain Sami Ryhänen (ex-Strasbourg et Clermont) qui a agréablement surpris et a obtenu un contrat en SM-liiga la saison prochaine avec SaiPa.

Le souvenir positif de la saison, c'est le record du capitaine et pilier défensif Erik Hämäläinen. Il a joué plus de matches de SM-liiga que le précédent recordman Pertti Lehtonen (864, ex-HIFK), et le 1er décembre, la ligue l'a même autorisé à porter exceptionnellement le n°865 dans son dos pour fêter l'évènement ! À 41 ans, il est encore sous contrat pour la saison prochaine, lui qui a débuté avec le Lukko à... 17 ans. Et pourtant, le membre de la seule équipe finlandaise championne du monde en 1995 a rendu son record "accessible" en jouant une saison en division inférieure avec son club de Rauma, plus trois saisons en Suède et une en Suisse.

Les supporters du Lukko ont regardé avec un peu de jalousie la réussite de leur grand rival local Ässät. Les dirigeants avaient déjà essayé de couper l'herbe sous le pied de l'ennemi l'an dernier en débauchant son gardien Scott Langkow (raté, ils ont trouvé encore mieux...), et ils recommencent à nouveau en "piquant" cette fois son entraîneur Mika Toivola pour 2006/07. De quoi rendre les derbys encore plus chauds...

 

Quatorzième : KalPa Kuopio. La montée obtenue sur dossier en insistant avait finalement tout du chausse-trappes pour le KalPa, car il a été accepté durant l'été alors que le marché était vide. Les joueurs de NHL (dont les co-propriétaires du club Kimmo Timonen et Sami Kapanen) qui avaient contribué à la promotion étaient repartis, mais ils n'étaient pas les seuls : les autres joueurs-clefs comme le meilleur marqueur Tomi Mustonen aussi.

Cela laissait donc KalPa découvrir la SM-liiga avec des arrières qui faisaient moins de 1m80 en moyenne, presque une folie dans le hockey moderne. Cette défense a eu toutes les peines du monde à repousser physiquement les attaquants adverses, et dans ces conditions il ne fallait pas trop attendre du gardien Kimmo Kapanen (le frère de Sami).

KalPa a donc terminé à une dernière place attendue, avec le rapide buteur tchèque Tomas Kurka pour seule vedette. Après cette saison d'apprentissage, le club souhaite mieux préparer la suite, et pour son dernier match à domicile devant Ilves, il a organisé une fête en accordant l'entrée gratuite. Il a ainsi attiré plus de cinq mille personnes, le double des matches précédents, et espère ainsi poser les jalons de l'avenir de la SM-liiga à Kuopio.

Marc Branchu

 

 

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