Bilan des Jeux Olympiques 2006

 

Résultats de la compétition

 

Comme à Nagano, le podium olympique a été 100% européen, et la débâcle des équipes nord-américaines a été abondamment commentée dans les médias outre-Atlantique. Comme à chaque fois, c'est la prestation du Canada et des États-Unis qui définit pour la NHL le "bon" tournoi, car elle est surtout intéressée par les audiences américaines que seule une performance de l'équipe nationale à bannière étoilée peut amener. C'est raté, et c'est en partie pourquoi la ligue nord-américaine ne veut pas s'engager à respecter la pause olympique au-delà des JO de Vancouver. Déjà, celle-ci était encore raccourcie au maximum cette fois, ce qui a indéniablement nui au tournoi du fait d'un calendrier resserré trop éprouvant et d'une préparation insuffisante. Les journalistes américains ont souvent souligné ce point en expliquant que la NHL devait réellement faire un choix stratégique fort, soit accorder une pause décente soit... pas de pause du tout.

Ceci dit, la mesquinerie dont ont fait preuve certains dirigeants de NHL, en menaçant de retenues sur salaires les joueurs suédois et finlandais rentrés pour une nuit fêter leur médaille dans leur pays au lieu de repartir sans attendre dans leurs franchises, a choqué même en Amérique du nord. N'y avait-il pas là un peu de jalousie à la vue du formidable engouement que cette finale a suscité pour les Suédois et Finlandais ? Les images de l'émotion des joueurs démentaient en effet de façon cinglante la frange radicale de chroniqueurs canadiens qui continuaient de prétendre contre toute évidence que les médailles olympiques ne signifiaient rien pour les joueurs par rapport à la Coupe Stanley.

On trouve en effet au Canada les opinions les plus extrêmes, entre ceux que la défaite a rendu aigris envers les compétitions internationales, et ceux qui réclament au contraire un engagement plus franc. Ceux-ci emboîtent le pas de l'ex-sélectionneur Andy Murray qui a proposé que la participation aux championnats du monde soit rendue obligatoire dans les faits pour tout joueur canadien disponible, s'il veut participer aux JO de Vancouver. Cela confirmerait la tendance amorcée ces dernières années par le Canada (mais pas par les États-Unis), sans que ce critère de fidélité du joueur envers sa sélection nationale ait toutefois eu un caractère officiel. Il est clair que deux conceptions de la NHL s'affrontent, l'une ouverte sur le monde, l'autre fermée sur son marché et son business, et que l'avenir du hockey mondial se joue en partie dans cette opposition.

 

 

Premier : Suède. Pendant des années, on répétait que c'était la dernière chance pour la génération dorée du hockey suédois de remporter une médaille ensemble. Cette fois, c'était sans doute vrai. Et grâce au slap déjà historique de Nicklas Lidström, les stars comme lui, Sundin et Forsberg ont finalement gagné le titre majeur commun qui leur manquait. La frontière entre le triomphe et l'échec est bien mince, et Bengt-Åke Gustafsson est bien placé pour le savoir, lui qui est maintenant tressé de louanges à la Aimé Jacquet après avoir été tant critiqué. Pour rompre avec sept ans d'échecs suédois, le sélectionneur a vite fait comprendre à son équipe que le tour préliminaire n'était qu'une préparation. Il ne servait à rien d'y jouer le meilleur hockey pour être éliminés ensuite, comme ce fut le cas lors de la défaite de Salt Lake City, qui a pourri la vie des hockeyeurs suédois pendant trois ans selon les mots même de Peter Forsberg.

Gustafsson n'a pas hésité à lâcher le match contre la Slovaquie pour mieux passer l'écueil du quart de finale face à une Suisse qu'il savait à sa portée. Il a ménagé Forsberg pour que sa blessure ne soit qu'un vilain souvenir. Et celui-ci n'a pas eu besoin d'avoir un impact énorme sur son équipe, car les Suédois ont fait figure de groupe solide où chacun remplissait sa tâche, à l'exemple du travail effectué en infériorité numérique. La nomination comme meilleur défenseur du tournoi de l'inattendu Kenny Jönsson - qui évolue en deuxième division suédoise ! - est le signe que cette victoire n'est pas que celle des stars. Même offensivement, c'est toute l'équipe qui est allée forcer la cuirasse finlandaise au deuxième tiers-temps de la finale avec une volonté collective de mettre du rythme et de l'audace. Avant même la finale, les joueurs ont fait savoir qu'ils feraient cadeau de leurs primes de médailles au hockey mineur suédois, en crise ces derniers temps. Seule la formation de nouveaux jeunes du calibre des vétérans bientôt partis permettra à la Suède de remporter d'autres titres.

 

Deuxième : Finlande. Pour avoir longtemps été une nation de second rang dans le hockey mondial, la Finlande sait apprécier une médaille quelle qu'elle soit, surtout olympique, et elle n'est pas du genre comme le Canada à affirmer que, hors l'or, point de salut. Néanmoins, cette septième défaite en huit finales de compétitions internationales est sans doute la plus cruelle de toutes. La Finlande a longtemps dominé son sujet avec un hockey pragmatique qui représentait le compromis le plus efficace : défense de fer, discipline totale, jeu de puissance redoutable, et parfaite distribution des rôles entre deux lignes offensives et deux lignes défensives. Le tout avec un Teemu Selänne étincelant et un Saku Koivu si charismatique qu'il a été élu nouveau représentant des athlètes au CIO lors d'un vote au village olympique.

Le gardien Antero Niitymäki a largement fait oublier le forfait de Kiprusoff, et les deux blanchissages en deux rencontres de sa doublure Fredrik Norrena suggèrent que c'est tout le bloc défensif finlandais qui a été impeccable. Sa valeur supposée sur le papier, surtout sans des éléments importants comme Pitkänen puis Salo (blessé en quart de finale), ne présageait en rien de sa qualité sur la glace. Mais la Finlande a eu tendance à un peu trop se complaire dans sa maîtrise tactique. Par moments, elle s'est trop contentée de subir, comme en fin de match contre les Américains, et elle s'est peut-être instinctivement mise en position défensive face à des Suédois plus confiants en leurs moyens offensifs.

 

Troisième : République Tchèque. Tomas Vokoun est un gardien qui a besoin d'être un n°1 indiscutable, comme il l'était au Mondial de Vienne et comme il l'est à Nashville, pour être en confiance. Devant remplacer Hasek blessé après seulement dix minutes de compétition (et reparti plutôt que de rester avec son équipe, ce qui n'indiquait déjà pas un groupe soudé), Vokoun n'a jamais paru à son niveau, et après ses prestations décevantes au premier tour, la décision de recourir à Hnilicka comme titulaire n'était pas contestable. Après coup, Vokoun a eu beau jeu de critiquer ce choix à la télévision tchèque, mais son équipe avait besoin plus tôt d'un gardien qui lui donnait confiance, comme cela avait été le cas dans toutes ses victoires.

Ce que cette réaction à chaud traduit, c'est surtout une certaine défiance des joueurs vis-à-vis du sélectionneur. Le vestiaire tchèque est un des plus difficiles à manier, et Alois Hadamczik, ancien entraîneur des juniors, n'avait pas l'autorité suffisante sur les vétérans au fort caractère. C'est clairement l'esprit de corps qui a fait la différence entre les nations nordiques et celles d'Europe de l'est. Trop passifs défensivement, les Tchèques n'ont pas du tout montré la même solidité qu'au Mondial, et ils semblent à nouveau en train de se chercher. Les jeunes joueurs intégrés entre-temps n'ont pas convaincu, et l'équipe est à nouveau en chantier. Mais ils ont l'habitude d'alterner hauts et bas depuis dix ans et une nouvelle alchimie est à retrouver, sans un Jagr qui a semblé peu à peu s'éloigner du groupe avant de faire ses adieux officiels.

 

Quatrième : Russie. Le fait d'avoir ses jeunes talents draftés en n°1 par la NHL n'est-il pas un piège pour la Russie ? Le fait de se retrouver dans une équipe faible où ils doivent tout faire eux-mêmes a en effet pour résultat de renforcer leurs tendances individualistes. Si un Ovechkin est perpétuellement actif et force sa chance, un Kovalchuk par exemple se repose toujours sur le travail de ses coéquipiers. Éternel joueur à problèmes, il a fini par plomber sa ligne où Datsyuk et Kovalev étaient pourtant partis sur d'excellentes bases collectives. L'autre point qui a coûté cher à la Russie est l'indiscipline, avec les exclusions coûteuses des jeunes Malkin et Kovalchuk pour des gestes de représailles.

Vladimir Krikunov a paru un peu plus réactif au coaching qu'à Vienne et a su revenir sur certains essais manifestement erronés. Ce n'était peut-être pas suffisant, mais il est bien difficile de gérer certains égos. Andreï Kovalev a reproché à l'entraîneur de faire tourner ses quatre lignes même dans les unités spéciales, mais les propos du capitaine traduisent aussi en filigrane un vestiaire peu soudé et des tensions persistantes entre groupes de joueurs. La panne offensive après la victoire sur le Canada (bête noire de ces dernières années) est-elle due uniquement à un problème physique, comme l'a expliqué Krikunov, ou bien a-t-elle des origines psychologiques ? Il faut rappeler qu'à l'époque la domination soviétique se fondait sur une condition physique supérieure et une longue préparation. Avec peu d'entraînements et des matches aussi rapprochés, comment pouvoir développer le même jeu qui a fait la force du hockey russe ?

 

Cinquième : Slovaquie. Depuis les JO de Calgary en 1988, aucune équipe ayant terminé première de sa poule n'a réussi à devenir championne olympique. Finlandais et Slovaques n'ont pas dérogé à la règle, trop timorés face un voisin face auquel ils n'arrivent pas à se débarrasser d'un complexe d'infériorité.

Les Slovaques, qui ont dominé la première phase grâce à leur première ligne Gaborik-Demitra-Hossa avant de sombrer en quart de finale dans le match vraiment significatif, peuvent critiquer la formule, mais celle-ci n'était pas injuste contrairement à Nagano et à Salt Lake City. Pas sûr qu'ils méritaient vraiment mieux : la victoire sur la Suède plus ou moins consentante n'avait aucun mérite, celles contre la Russie et les États-Unis auraient tout autant pu basculer de l'autre côté.

Équipe la moins pénalisée du tournoi, la Slovaquie paraissait disciplinée et solide sans jamais complètement convaincre. Et en quart de finale, les hommes de Frantisek Hossa ont adopté leur tactique attentiste et passive, pas aidés par leurs arrières qui ont accumulé les erreurs. La construction offensive a été défaillante et la Slovaquie n'a fait que se reposer sur la vitesse de ses ailiers. Toujours pas convaincante, donc, et toujours pas convaincue qu'elle appartient au top-7 au même titre que les autres. Elle n'arrive pas à aborder la République Tchèque en se considérant tout à fait comme son égale.

 

Sixième : Suisse. C'est fait. David Aebischer et Martin Gerber ont chacun rejoint Pavoni en réalisant un exploit marquant sous le maillot suisse : battre respectivement les Tchèques et les Canadiens. Une performance rendue possible par une incroyable abnégation, par la totale implication d'un groupe patiemment construit et mûri qui a justifié la philosophie du sélectionneur Ralph Krueger, droit dans ses bottes et sourd aux critiques sur les absences de tel ou tel joueur. C'est collectivement que les Suisses ont hissé leur niveau. Et terminer devant les deux nations nord-américaines est un signe fort : après la première victoire de leur histoire contre le Canada en match officiel, ils n'en ont plus peur et sont capables de résister physiquement.

Deux réactions opposées illustrent le chemin restant à parcourir. Après avoir battu à la file les champions du monde et les champions olympiques, Olivier Keller expliquait que c'était le plus grand accomplissement possible et que sa carrière pouvait s'arrêter là. Le vétéran Paul DiPietro, qui aurait pourtant pu avoir un beau motif de fierté avec ses deux buts contre son pays natal le Canada, s'étonnait de son côté que cette victoire ait un tel retentissement en Suisse puisque, pour l'instant, l'équipe n'avait encore rien gagné. Et il sait ce que la victoire veut dire, lui qui a remporté la Coupe Stanley en 1993 avec Montréal... Sur leur nuage, les Suisses n'ont pas su se fixer de nouveaux challenges et se sont contentés de deux succès d'estime. Pour atteindre le top niveau mondial, il faut viser plus haut.

 

Septième : Canada. À chaque fois que le Canada avait participé aux Jeux Olympiques, il avait terminé dans les quatre premiers. Autant dire que l'échec cuisant du gratin de ses hockeyeurs a fait jaser. On trouve de tout dans l'opinion canadienne, même le plus saugrenu, comme ces (pas si rares) "puristes" nostalgiques qui réclament le retour des "amateurs" aux JO pour rétablir l'esprit olympique, n'ayant pas compris que le monde a changé et que le hockey professionnel n'est pas limité à l'Amérique du nord... Au vu de cette perte de contact avec la réalité, l'échec de Turin pourrait être salutaire pour les Canadiens s'ils en tirent vraiment les conséquences.

Comment ont-ils pu être blanchis trois fois en six matches ? Certains y voient une bonne raison pour sabrer les joueurs de l'ombre et prendre les marqueurs les plus en forme de NHL. Le bon tournoi de l'attaquant défensif Shane Doan est un contre-exemple flagrant. Car même les buteurs authentiques et attendus comme Heatley et Iginla n'ont pas marqué.

"Sans maîtrise, la puissance n'est rien", telle est plutôt la morale de certaines pénalités stupides. À partir de la mi-match contre la Suisse, Pat Quinn a mis ses trois gros bras ensemble, Nash, Thornton et Bertuzzi, mais ces puissants attaquants n'ont impressionné personne. Le duo Nash-Thornton avait tellement dominé le début des Mondiaux 2005 qu'on avait oublié comment il avait été renvoyé dans les cordes en finale contre les Tchèques. Leçon pas retenue. Idem en défense où la lenteur de patinage a été rédhibitoire sur grande glace, surtout pour un Chris Pronger élu il n'y a pas si longtemps meilleur joueur de NHL. A posteriori beaucoup regrettent l'absence des jeunes, même si ce sont des équipes expérimentées qui ont joué la finale. Qu'ils se rassurent, l'arrivée de la nouvelle génération est programmée.

 

Huitième : États-Unis. La volonté de la NHL de relâcher ses joueurs le plus tard possible a failli se retourner contre elle, car les États-Unis (le marché tant convoité) auraient pu être carrément éliminés au premier tour s'ils n'avaient pas arraché de justesse le match nul contre la Lettonie après avoir été rassemblés au dernier moment sans préparation suffisante. Leur bilan est très maigre, avec une seule victoire sur le Kazakhstan, mais ils n'ont pas été ridicules, concédant toutes leur défaites par un but d'écart.

Finalement, ils ont fait la performance moyenne attendue. Il fallait cela pour que tout le monde se rende compte qu'il n'y avait plus rien à espérer en tirant encore sur la corde des "adultes gâtés". Si le doyen Chelios s'est bien défendu à son âge, Bill Guerin et Keith Tkachuk ont été catastrophiques, et Mike Modano a tiré sa révérence sur des critiques malvenues, dont il s'est ensuite excusé en disant ne pas vouloir clore sa carrière internationale sur cette fausse note. Les meilleurs ont été Gionta, Gomez, Conroy et Jason Blake (même si l'incapacité de ce dernier à transformer ses occasions a été symptomatique de l'inefficacité de son équipe). Une nouvelle génération encore plus talentueuse arrive. L'avenir appartient donc aux Américains si les fruits ne pourrissent pas au lieu de mourir. Il fallait simplement cette démonstration pour ne plus entendre parler des grandes gueules du passé.

 

Neuvième : Kazakhstan. Pris à la gorge d'entrée par les Suédois, le Kazakhstan a été confronté d'entrée au rythme international, mais il s'en est remis. Il est vite redevenu cette équipe si fastidieuse à jouer. Ses autres adversaires n'ont pas su s'y prendre, contrairement à la Tre Kronor. Quant au gardien Vitali Eremeïev, il a oublié ce premier mauvais match et retrouvé son vrai niveau, excellent. Le bilan est donc tout à fait favorable avec une neuvième place finale dans ce tournoi très relevé.

Il est probable que le Kazakhstan n'occupe plus de sitôt une position aussi enviable dans la hiérarchie mondiale. Avant que sa politique de construction de patinoires dans de nouvelles villes ne lui permette d'élargir sa base, la génération d'excellence d'Ust-Kamenogorsk prendra bientôt sa retraite, non sans avoir tiré sa révérence de la meilleure des manières. Avec ses cinq buts, Evgueni Koreshkov, l'ancien multiple champion de Russie et d'Europe avec Magnitogorsk, a prouvé qu'il avait de beaux restes, huit ans après Nagano, pour ce qui est sans doute sa dernière grande performance sur le plan international.

 

Dixième : Allemagne. Ces JO ne resteront pas un grand souvenir pour le hockey allemand. Pas de victoire, des audiences décevantes sur ARD qui a zappé le dernier match, une couverture médiatique discrète, et peu de supporters qui ont fait le déplacement. Après sa relégation en division I mondiale, l'équipe nationale semble dangereusement glisser dans l'anonymat, ce qui rend le rendez-vous d'Amiens encore plus important.

D'ici là, l'équipe devrait encore avoir été rajeunie. Le niveau de la division I ne sera pas suffisant pour intéresser Monsieur Kölzig, le vieux naturalisé Rob Leask a été le moins bon défenseur, et en attaque, les expérimentés Kathan et Lewandowski sont toujours aussi peu efficaces. Après l'éviction de Jan Benda à la veille du tournoi, d'autres habitués de la sélection pourraient donc à leur tour avoir une désagréable surprise. Même les leaders sur le papier, Marcel Goc et Daniel Kreutzer, ont nettement déçu. Uwe Krupp a été conforté dans son idée de rajeunissement et a cité comme gagnant du tournoi olympique le petit dernier, Florian Busch, invité surprise à 21 ans.

 

Onzième : Italie. La compétition olympique a été un relatif succès pour les Italiens, même s'il est difficile de le percevoir pour le grand public, d'autant que l'entraîneur Michel Goulet a prononcé le mot malheureux "médaille" quelque part dans une interview. Pour percevoir la qualité de la prestation italienne, il a manqué une victoire. Elle était pourtant méritée deux fois, contre l'Allemagne et la Suisse, mais l'Italie a concédé à chaque fois le match nul dans les dernières minutes, et l'ultime image que l'on gardera est donc cette énorme erreur de Chitarroni qui a littéralement offert le but égalisateur à la Nati.

Les vétérans auraient pu laisser une autre trace, à l'instar d'un étonnant John Parco qui s'est déchaîné sur la glace à 38 ans. Peu importe finalement. L'important, c'est que le hockey italien puisse se servir de cette exposition inédite à la télévision publique. Pour cela, il faudrait avoir de vrais projets pour que commence la pratique du hockey dans de nouvelles régions où des patinoires existent parfois déjà, un développement de la base qui est conceptuellement difficile dans un pays où le "hockey de plaine" n'a souvent été porté que par d'éphémères sponsors-mécènes tournés vers le haut niveau et le recrutement d'Italo-Canadiens. Pour ce qui est du niveau de l'équipe italienne, on le jugera vraiment aux championnats du monde, une fois que tous les vieux auront pris leur retraite après avoir brûlé leurs derniers feux.

 

Douzième : Lettonie. Les Baltes ont fêté leur match nul contre les Américains comme une victoire, et pourtant ils avait déjà perdu beaucoup dans le mauvais but égalisateur concédé par Irbe. Une victoire les aurait sérieusement rapprochés des quarts de finale, mais un score nul les contraignait à une course perdue d'avance à la différence de buts. Après avoir retrouvé leur culot offensif originel contre la Slovaquie, les Lettons ont lentement sombré dans la suite du tournoi, plombés par leur manque d'endurance et aussi leur manque de densité sur leur troisième et surtout leur quatrième ligne.

Le gardien Arturs Irbe voulait prouver lors de ces Jeux qu'il était encore digne du plus haut niveau mondial, il a perdu ce pari. Il a même dû être remplacé contre les Russes, les adversaires majeurs qui ne sont plus tombés dans le piège balte ce soir. Irbe n'a toujours pas de successeurs capables de prendre le relais, et c'est de plus en plus inquiétant. Deux cadres importants, Sandis Ozolinš et Aigars Cipruss, ont annoncé leur retraite internationale. Les formidables supporters lettons gardent néanmoins toujours le moral et donnent rendez-vous au Mondial de Riga.

Marc Branchu

 

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