Présentation des Jeux Olympiques de Turin

 

Après la finale 100% européenne de Nagano et celle 100% nord-américaine de Salt Lake City, la suprématie entre les deux continents se joue à Turin. Chacun a son porte-étendard, la République Tchèque et le Canada, qui sont à la fois les deux derniers champions olympiques et les deux derniers champions du monde. Ces deux pays recueillent tous les suffrages, avec comme outsiders la Suède et surtout l'imprévisible Russie.

Mais la géopolitique du hockey est en mutation et l'ancienne notion de deux blocs continentaux fait de moins en moins sens à une époque où par exemple le jeu finlandais se rapproche plus du hockey canadien que du style russe. La qualité des tournois internationaux a convaincu la "nouvelle NHL" de lutter contre l'accrochage et l'obstruction, et l'évolution a fonctionné avec un jeu plus spectaculaire et plus rapide. Risquant brutalement de se retrouver à la remorque, les pays européens ont réagi en appliquant en cours de saison une nouvelle ligne de conduite. En novembre, la Suède, la Suisse et la République Tchèque ont prôné à des degrés divers la (mal nommée ?) "tolérance zéro", suivies de près par l'Italie, puis début janvier par la réticente Allemagne, où l'opposition est la plus farouche. Ailleurs, on a peu à peu accepté l'évolution, après un nécessaire temps d'adaptation de tout le monde, des joueurs comme des arbitres. Ce temps n'existera pas à Turin, et c'est pourquoi l'IIHF a organisé deux séminaires, à Vancouver pour les arbitres nord-américains puis à Zurich pour leurs confrères européens, pour donner une ligne commune et éviter des excès ou des interprétations trop radicales. Même ceux qui n'ont pas voulu donner déjà de nouvelles consignes de sévérité arbitrale dans leurs championnats ont pu un peu se familiariser avec elles dans les compétitions internationales.

Le tournoi olympique ne sera sans doute pas épargné par quelques polémiques arbitrales, mais c'est habituel. Le jeu devrait quand même en sortir vainqueur. Les conditions sont normalement réunies pour que les meilleurs hockeyeurs de la planète puissent s'exprimer librement. Les "nouvelles règles" n'empêchent absolument pas de gagner en pratiquant un jeu physique, le Canada l'a prouvé aux Mondiaux juniors, tout est une question de capacité d'adaptation. Par contre, elles devraient éviter les situations bloquées où l'équipe menée au score n'a presque plus aucune chance de gagner, comme c'était notamment le cas à la coupe du monde 2004, et comme c'est de moins en moins vrai en NHL. Le hockey uniquement destructif ne sera plus permis, et cela ouvre bien des pistes pour conduire à la victoire. L'équipe qui gagnera apposera sa patte sur le nouvel ordre mondial du hockey.

Place à un tournoi qui a le potentiel pour devenir le plus beau de l'histoire, avec un retour à une formule idéale sans compromis foireux, deux poules de six qui assurent que tout le monde part au même niveau et que la Slovaquie n'aura pas le handicap d'être reversée au tour préliminaire cette fois.

Groupe A : Canada, République Tchèque, Finlande, Suisse, Allemagne, Italie.

Groupe B : Russie, Suède, Slovaquie, États-Unis, Lettonie, Kazakhstan.

 

 

Groupe A

Le Canada a tellement de bons joueurs qu'en sélectionner une vingtaine est toujours un interminable sujet pour des discussions enflammées. La composition a d'ailleurs été annoncée et commentée en direct à la télévision. Même si certains connaissent une saison moyenne (Foote, Doan, Saint-Louis), le staff préfère s'appuyer sur des joueurs ayant une solide expérience internationale plutôt que céder à la tentation de prendre des hommes en forme. Aux JO, l'heure n'est pas aux expérimentations, et c'est pourquoi les prodiges Crosby et Phaneuf attendront.

Mais les plus controversés sont deux joueurs qui ont peu ou pas de passé sous le maillot national. On s'inquiète de l'image que Todd Bertuzzi donne du Canada mais aussi du hockey lors de sa vitrine quadriennale, en raison de son agression de 2004 sur Moore, cependant le soutien indéfectible de Wayne Gretzky lui a valu sa sélection. Quant à Bryan McCabe, il y a d'abord eu une polémique à cause de sa non-sélection, puis une autre tout aussi vive quand il a remplacé Jovanovski blessé au genou. Arrière tournant à un point par match mais peu sûr défensivement, il est le joueur controversé par excellence, et son statut de joueur des Leafs ne fait qu'aviver encore plus les passions, positives comme négatives. De plus, sa dernière expérience sur grande glace a été un échec cuisant l'an dernier en Suède (1 but, 0 assist et une fiche de -12 en dix matches avec HV71). Il pourrait mettre tout le monde d'accord s'il était aligné spécifiquement en jeu de puissance, où son apport serait indéniable.

Quelle que soit la grogne sur les sélections, le Canada aligne toujours une excellente équipe. Il a encore du métier (Sakic, Blake), de la sécurité défensive (Pronger, Redden, Regehr), des buteurs (Heatley, Nash), des créateurs (Richards, Gagné) et les habituels attaquants défensifs (Doan, Draper et Smyth). Certes, la défense a perdu son plus grand talent, Scott Niedermayer, qui passera une arthroscopie pour son genou, mais peu d'autres pays auraient pu trouver un aussi bon patineur - Jay Bouwmeester - pour le remplacer. Si l'attaque n'a pas autant de vitesse que ses homologues européennes, elle est par contre la plus puissante du tournoi, et de loin avec des hommes comme Nash, Thornton, Bertuzzi et même Iginla. Et surtout, il a des joueurs qui ont déjà gagné, qui savent gagner et qui feront tout pour gagner encore. C'est cette dynamique de la victoire qui fait la grande différence avec la Suède.

Gardiens : Martin Brodeur (New Jersey Devils, NHL), Roberto Luongo (Florida Panthers, NHL), Marty Turco (Dallas Stars, NHL).

Défenseurs : Chris Pronger (Edmonton Oilers, NHL), Wade Redden (Ottawa Senators, NHL), Rob Blake (Colorado Avalanche, NHL), Robyn Regehr (Calgary Flames, NHL), Adam Foote (Columbus Blue Jackets, NHL), Bryan McCabe (Toronto Maple Leafs, NHL), Jay Bouwmeester (Calgary Flames, NHL).

Attaquants : Dany Heatley (Ottawa Senators, NHL), Joe Sakic (Colorado Avalanche, NHL), Jarome Iginla (Calgary Flames, NHL), Simon Gagné (Philadelphia Flyers, NHL), Joe Thornton (Boston Bruins, NHL), Rick Nash (Columbus Blue Jackets, NHL), Vincent Lecavalier (Tampa Bay Lightning, NHL), Brad Richards (Tampa Bay Lightning, NHL), Martin St-Louis (Tampa Bay Lightning, NHL), Ryan Smyth (Edmonton Oilers, NHL), Todd Bertuzzi (Vancouver Canucks, NHL), Kris Draper (Detroit Red Wings, NHL), Shane Doan (Phoenix Coyotes, NHL).

Réservistes : Dan Boyle (D, Tampa Bay, NHL), Jason Spezza (A, Ottawa, NHL), Eric Staal (A, Carolina, NHL).

 

Après sa démonstration de puissance en finale des Mondiaux, la République Tchèque est la candidate majeure à l'or au même titre que les favoris obligés que sont toujours les Canadiens. La défense de fer championne du monde a été partiellement renouvelée, avec les non-sélections de Hamrlik et Hejda et la sage interruption de la carrière de Jiri Fischer après un effrayant arrêt cardiaque en match. Mais elle a conservé les éléments essentiels, l'excellent Zidlicky et le roc Pavel Kubina, ce dernier après un long feuilleton. Condamné à une amende par la ligue tchèque pour avoir accusé un arbitre de corruption lors des play-offs d'Extraliga l'an passé, Kubina a refusé de payer. La fédération qui tenait à ce joueur indispensable a joué la conciliatrice, mais la ligue a refusé de réduire la somme de moitié, et c'est finalement Vítkovice, le club d'origine de Kubina, qui a réglé l'amende pour servir l'intérêt national, en attendant de s'arranger ultérieurement avec le joueur.

Après avoir prouvé sa valeur aux sceptiques à Vienne, le gardien Tomas Vokoun semblait s'être imposé comme un n°1 durable, mais le retour au premier plan de l'incroyable ex-retraité Hasek place le sélectionneur Alois Hadamczik face à un véritable dilemme, et il attend d'être à Turin pour choisir. Un Hadamczik qui doit lui aussi convaincre. N'ayant pas le passé de joueur de Hlinka ou de Ruzicka, l'entraîneur jugé peu expérimenté n'a pas le droit d'échouer avec dans les mains une équipe de grande valeur.

Car les Tchèques impressionnent. Ils sont si forts qu'ils ont même réussi à redresser les New York Rangers ! De la colonie new-yorkaise, il manque Petr Prucha, victime d'une charge genou contre genou de Turner Stevenson à cinq jours de la cérémonie d'ouverture. Vraiment dommage pour ce jeune joueur talentueux qui s'était rattrapé de sa dernière saison en demi-teinte à Pardubice en réussissant d'excellents débuts en NHL. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, et cela permet de réintégrer Patrik Eliaš. Le staff se mordait les doigts de ne pas l'avoir sélectionné en décembre en raison de son état de santé précaire, mais, remis de son hépatite A, il a réussi un retour éblouissant. Avec l'inclusion de ce joker de classe mondiale, l'effectif tchèque fait peur, surtout s'il conserve la cohésion qu'on lui connaît.

Gardiens : Tomáš Vokoun (Nashville, NHL), Dominik Hašek (Ottawa, NHL), Milan Hnilicka (Liberec, TCH).

Défenseurs : Tomáš Kaberle (Toronto, NHL), Pavel Kubina (Tampa Bay, NHL), Marek Zidlický (Nashville, NHL), Jaroslav Špacek (Chicago, NHL), František Kaberle (Carolina, NHL), Filip Kuba (Minnesota, NHL), Marek Malík (New York Rangers, NHL).

Attaquants : Martin Straka (New York Rangers, NHL), Václav Prospal (Tampa Bay, NHL), Jaromír Jágr (New York Rangers, NHL), Martin Rucinský (New York Rangers, NHL), Petr Cajánek (St. Louis, NHL), Jan Bulis (Montréal, NHL), Robert Lang (Detroit, NHL), Milan Hejduk (Colorado, NHL), Martin Erat (Nashville, NHL), David Výborný (Columbus, NHL), Aleš Hemský (Edmonton, NHL), Rostislav Olesz (Florida, NHL), Patrik Eliaš (New Jersey, NHL).

 

La scoumoune a semblé poursuivre la Finlande depuis la nomination de la liste olympique fin décembre. En deux mois, elle a subi pas moins de six changements. En attaque, Tuomo Ruutu, opéré de la cheville, et Sami Kapanen, diminué par des petites blessures, ont été remplacés par le jeune buteur Jussi Jokinen et par le perturbateur Ville Nieminen, avant que Hagman ne remplace son coéquipier de club Antti Miettinen dans la dernière ligne droite. En défense, la saison d'Ossi Väänänen s'est achevée à deux semaines du début du tournoi olympique quand il s'est brisé la cheville contre la bande lors d'un match avec Colorado. Le remplacement de ce joueur très physique par le très technique et offensif Nummelin change un peu l'allure de la défense finlandaise, déjà privée du rude Karalahti, qui n'est plus aussi typée "rugueuse" que ces derniers temps. L'ultime perte à l'arrière est celle de l'espoir Joni Pitkänen dont la douleur aux adducteurs s'est aggravée. Comme Niinimaa se plaint de la cheville, c'est Antti-Jussi Niemi qui a été appelé, ramenant un élément physique.

Mais le plus embêtant pour les Finlandais, c'est qu'un seul des trois gardiens prévus initialement - Fredrik Norrena - sera effectivement présent à Turin. En effet, le titulaire logique Miikka Kiprusoff et le grand espoir Kari Lehtonen ont tous deux renoncé, sous les conseils des médecins de leurs franchises de NHL, alors qu'ils continuent à jouer pour celles-ci. Cette attitude scandalise la Finlande qui s'offusque que la NHL ne joue pas vraiment le jeu. Heureusement, ce pays dispose d'une grande réserve de bons gardiens et a l'embarras du choix pour les remplacements. Le problème, c'est qu'aucun des nombreux gardiens testés ces dernières années ne s'est vraiment imposé comme titulaire de la sélection. Alors, jusqu'à trouver le bon, pourquoi pas en essayer encore un nouveau : Antero Niitymäki n'est peut-être pas aussi doué que Kiprusoff mais il explose depuis un an, et comme pour ses prédécesseurs, à lui de saisir sa chance.

Cette cascade de forfaits n'a-t-elle pas aussi un rapport avec le licenciement du corrosif entraîneur Raimo Summanen après la coupe du monde, qui a révélé quelques dissensions entre certains joueurs finlandais et la fédération ? En tout cas, elle conforte la Finlande dans un statut d'outsider assez peu attendu... Le statut dans lequel elle se sent souvent le mieux.

Gardiens : Fredrik Norrena (Linköping, SUE), Antero Niitymäki (Chicago, NHL), Nicklas Bäckström (Kärpät Oulu, FIN).

Défenseurs : Sami Salo (Vancouver, NHL), Kimmo Timonen (Nashville, NHL), Toni Lydman (Buffalo, NHL), Teppo Numminen (Buffalo, NHL), Aki-Petteri Berg (Toronto, NHL), Petteri Nummelin (Lugano, SUI), Antti-Jussi Niemi (Frölunda, SUE).

Attaquants : Teemu Selänne (Anaheim, NHL), Saku Koivu (Montréal, NHL), Jere Lehtinen (Dallas, NHL), Olli Jokinen (Floride, NHL), Ville Peltonen (Lugano, SUI), Niko Kapanen (Dallas, NHL), Jukka Hentunen (Lugano, SUI), Mikko Koivu (Minnesota, NHL), Antti Laaksonen (Colorado, NHL), Jarkko Ruutu (Vancouver, NHL), Jussi Jokinen (Dallas, NHL), Ville Nieminen (New York Rangers, NHL), Niklas Hagman (Dallas, NHL).

 

Ralph Krueger se tient à ses principes. Il maintient sa confiance au groupe qui s'est qualifié et qui a mûri ensemble dans les moments difficiles. Inutile donc de remettre sur le tapis le sujet Reto von Arx, le meilleur joueur suisse de LNA, qu'on n'a plus vu en équipe nationale depuis sa virée nocturne de Salt Lake City et qu'on ne reverra sans doute jamais, car ni lui ni Krueger ne feront le premier pas. Les choix du sélectionneur peuvent agacer mais ils ont leur logique : l'équipe de Suisse n'est pas constituée au mérite avec les meilleurs joueurs, mais elle répond à une logique de groupe, quitte à frustrer ceux pour qui elle paraît un clan fermé et impossible à rejoindre.

Toute politique est discutable et se juge sur les résultats. Ceux de Krueger, qui a la chance de pouvoir travailler sur le long terme et qui sait en tirer parti, sont bons. Il a construit une équipe plus solide, plus stable, mais il a aussi bénéficié de la qualité de la formation en Suisse dans les années 90. Ce sont ces bonnes générations juniors qui ont élargi le champ des internationaux potentiels et densifié la concurrence. Mais les joueurs helvétiques, qui se font vite une place majeure en LNA, n'arrivent pas ensuite à franchir le palier supérieur... sauf les expatriés Streit et Plüss, ce qui n'est pas un hasard. Le dernier exemple est Patrik Bärtschi qui régresse après avoir percé rapidement à Kloten. D'où l'absence chronique de vrai leader, et aussi de buteur (ce en quoi la non-sélection de Daniel Steiner a été discutée car c'est un des rares à avoir le sens du but).

Les Suisses n'aiment pas Krueger, mais ils apprennent à le supporter. Pour que la "Nati" déclenche vraiment la ferveur populaire, il ne suffit pas qu'elle batte Allemands et Italiens et qu'elle perde honorablement contre les grosses équipes. Il faut qu'elle réalise un "coup". Et ça, ce n'est plus une question de logique. C'est la capacité à croire en l'impossible, celle du Krueger d'avant 2002, avant qu'il ne constitue le groupe actuel, son groupe. Les grands exploits de la Suisse avaient été réalisés avec Reto Pavoni dans les cages, aujourd'hui elle dispose de trois gardiens théoriquement encore meilleurs. Peut-être est-ce à eux de se transcender ?

Gardiens : Martin Gerber (Carolina, NHL), David Aebischer (Colorado, NHL), Marco Bührer (SC Berne, SUI).

Défenseurs : Mark Streit (Montréal, NHL), Olivier Keller (Bâle, SUI), Goran Bezina (Genève-Servette, SUI), Severin Blindenbacher (ZSC Lions, SUI), Mathias Seger (ZSC Lions, SUI), Julien Vauclair (Lugano, SUI), Steve Hirschi (Lugano, SUI), Beat Forster (ZSC Lions, SUI).

Attaquants : Adrian Wichser (ZSC Lions, SUI), Martin Plüss (Frölunda, SUE), Patrick Fischer (Zoug, SUI), Marcel Jenni (Kloten, SUI), Romano Lemm (Kloten, SUI), Flavien Conne (Lugano, SUI), Ivo Rüthemann (Berne, SUI), Thomas Ziegler (Berne, SUI), Thierry Paterlini (ZSC Lions, SUI), Patric Della Rossa (Zoug, SUI), Sandy Jeannin (Lugano, SUI), Paul DiPietro (Zoug, SUI).

Réserviste : Andres Ambühl (A, Davos, SUI).

 

Acte 1 : juste après la déroute des Mondiaux de mai 2005, conclus par la relégation de l'Allemagne en division I mondiale, la DEB décidait de ne pas virer le sélectionneur américain Greg Poss, évidemment très critiqué, mais de le faire superviser par Uwe Krupp, seul joueur allemand à avoir gagné la Coupe Stanley. Acte 2 : en juillet, après diverses discussions, la fédération clarifie ses intentions en précisant que Poss est toujours l'entraîneur en chef et que Krupp ne sera finalement qu'un de ses nouveaux adjoints, avec l'ex-gardien Klaus Merk. Acte 3 : mi-décembre, Greg Poss signe avec Mannheim et s'en va de l'équipe nationale, qui est alors logiquement confiée à Krupp. Rideau.

Maintenant que Poss a quitté son poste de sélectionneur au soulagement général avec un bilan comptable désastreux, Uwe Krupp doit prendre lui-même en main l'équipe pendant seulement dix jours de stage pré-olympique, même s'il a eu l'occasion d'apprendre à la connaître comme adjoint en novembre. Entre le style trop ennuyeux de Zach et celui trop peu efficace de Poss, saura-t-il trouver le juste milieu ? Il arrive avec un a priori favorable et devrait avoir d'abord une période de grâce médiatique. C'est surtout au Mondial d'Amiens qu'il aura la pression car la remontée sera impérative.

Les JO sont du bonus, et l'Allemagne les abordait avec confiance en se présentant pour une fois sans absents ni blessés. Il y avait juste Michael Hackert, qui a eu la malchance de se fracturer la mâchoire dans le dernier match de DEL, dans un choc malheureux contre le casque du frêle Felski. C'est dommage parce que la réserve de centres est limitée, surtout que Robert Hock a annoncé sa retraite internationale après avoir été ignoré par un troisième sélectionneur consécutif. Mais bon, ce ne serait pas la première fois que Hecht et Sturm passeraient au centre pour les besoins de la cause... Le problème, c'est que ces deux stars se sont blessées alors que leurs coéquipiers étaient déjà en stage de préparation, parce que la NHL a tiré la corde au maximum pour amoindrir la pause olympique. Si la défense au complet semble très solide, l'Allemagne risque de manquer plus que jamais d'inspiration en attaque, faute de pouvoir compter sur la vitesse de Marco Sturm. Il faudra que Kreutzer et Kathan, qui connaissent une très bonne saison à Düsseldorf avec le Norvégien Vikingstad comme centre, se fassent buteurs.

Gardiens : Olaf Kölzig (Washington, NHL), Robert Müller (Krefeld, ALL), Thomas Greiss (Cologne, ALL).

Défenseurs : Christian Ehrhoff (San José, NHL), Sascha Goc (Mannheim, ALL), Christoph Schubert (Ottawa, NHL), Alexander Sulzer (Düsseldorf, ALL), Andreas Renz (Cologne, ALL), Stefan Schauer (Nuremberg, ALL), Dennis Seidenberg (Phoenix, NHL), Rob Leask (Eisbären Berlin, ALL).

Attaquants : Stefan Ustorf (Eisbären Berlin, ALL), Daniel Kreutzer (Düsseldorf, ALL), Klaus Kathan (Düsseldorf, ALL), Marcel Goc (San José, NHL), Petr Fical (Nuremberg, ALL), Jan Benda (Zlín, TCH), Alexander Barta (Hambourg, ALL), Tomas Martinec (Nuremberg, ALL), Eduard Lewandowski (Cologne, ALL), Sven Felski (Eisbären Berlin, ALL), Tino Boos (Cologne, ALL), Sebastian Furchner (Cologne, ALL), Florian Busch (Eisbären Berlin, ALL).

Réserviste : Lasse Kopitz (Cologne, ALL).

 

Un peu d'histoire : après une tentative de rajeunissement sous l'égide de Pat Cortina, finalement parti dans un pays où le hockey connaît un vrai développement de fond (la Hongrie), l'Italie a changé de cap et a cherché à recruter en Amérique du nord pour bâtir une équipe compétitive pour Turin. La fédération a confié à Michel Goulet le soin de diriger un camp à Toronto pour trouver de nouveaux joueurs à ascendance italienne. Certains clubs ont aussi cherché de leur côté pour se renforcer, mais le filon est moins riche que par le passé. De cette nouvelle génération d'oriundi, il ne reste finalement que quatre joueurs, dont trois seulement sont jeunes, les défenseurs Trevisani et Signoretti plus le rapide attaquant Giulio Scandella. Le quatrième, Tony Tuzzolino, est déjà trentenaire et a passé de longues années en ligues mineures, pour une maigre récompense de neuf matches de NHL avec trois équipes différentes, avant de partir en Italie. Cet Italo-Américain a été engagé il y a moins d'un mois en Elitserien, ce qui lui a permis de rejouer dans un championnat de très haut niveau juste avant les JO.

Comme la moisson est maigre, l'Italie s'est donc tournée vers ses anciens oriundi pour réussir ses JO à domicile. Les Muzzatti, Iob, Chitarroni, Busillo, Parco et Cirone brûleront leurs derniers feux à Turin. Le rappel des anciens a même consisté à téléphoner à Bob Nardella (38 ans depuis quelques jours), qui avait raccroché les patins en 2004. Tenté par la proposition italienne, il a repris l'entraînement avec son dernier club (les Chicago Wolves en AHL) et s'est remis à jouer le week-end en UHL tout en continuant à s'occuper de son affaire... Cette survivance des vieilles gloires ne se limite pas aux Nord-Américains : même Lucio Topatigh, qui s'est mis en semi-retraite professionnelle il y a trois ans pour ouvrir sa boulangerie et passer ses nuits aux fourneaux, revient en équipe nationale à 40 ans !

L'Italie a donc le métier pour limiter les dégâts et faire bonne figure à domicile. Mais saura-t-elle gérer l'effet JO ? Amateurs de sport, les Italiens apprécieront sûrement le tournoi olympique, mais ils retourneront aussitôt après au football. La fédération des sports de glace a-t-elle un plan pour développer la pratique du hockey dans de nouvelles régions et attirer les gamins qui découvriraient ce sport ? Poser la question, c'est déjà y répondre. L'échéance olympique n'est pas le "moment le plus important de l'histoire du hockey italien", comme le prétend Goulet. Que l'Italie termine la phase de poules avec zéro ou deux points importe peu, ce qui compte, c'est ce qu'elle fera ensuite quand la moitié de l'attaque prendra sa retraite. Ceci dit, tout n'est pas forcément sombre : par exemple, l'Italie a une relève plus prometteuse en défense que ses voisins français, autrichiens et slovènes.

Gardiens : Jason Muzzatti (Bolzano, ITA), Günther Hell (Bolzano, ITA), René Baur (Val Pusteria, ITA).

Défenseurs : Armin Helfer (Milan, ITA), Michele Strazzabosco (Milan, ITA), Florian Ramoser (Bolzano, ITA), Carter Trevisani (Asiago, ITA), André Signoretti (Cortina, ITA), Robert Nardella (Rockford, UHL), Christian Borgatello (Milan, ITA).

Attaquants : Anthony Tuzzolino (MoDo, SUE), Giorgio De Bettin (Cortina, ITA), Anthony Iob (Klagenfurt, AUT), Mario Chitarroni (Milan, ITA), Luca Ansoldi (Renon, ITA), Joe Busillo (Milan, ITA), John Parco (Asiago, ITA), Jason Cirone (Asiago, ITA), Giulio Scandella (Asiago, ITA), Lucio Topatigh (Asiago, ITA), Manuel De Toni (Alleghe, ITA), Stefano Margoni (Bolzano, ITA), Stefan Zisser (Bolzano, ITA).

Réservistes : Carlo Lorenzi (D, Alleghe), Nicola Fontanive (A, Alleghe), Matteo Molteni (A, Milan).

 

 

Groupe B

Il y a toujours quelque chose de surréaliste dans l'encadrement de l'équipe de Russie. C'est encore une fois un beau bordel : le président de la fédération est sur un siège éjectable et bientôt éjecté pour une cuite de trop, et on ne sait plus trop qui est responsable de la sélection entre l'entraîneur Vladimir Krikunov et le nouveau manager Pavel Bure. De bonnes raisons pour rayer comme d'habitude l'éventualité d'une victoire de la Russie, qui n'a toujours rien gagné depuis douze ans ?

Attention. N'oublions pas que les Russes sont les seuls à avoir terminé sur le podium des deux derniers tournois olympiques. Les à-côtés politiques sont moins forts qu'il y a quatre ans quand Fetisov avait été imposé comme entraîneur par Poutine : le ministre des sports reste cette fois en retrait (prêt à exploiter un éventuel échec ?). Les brouilles avec la première génération de Russes partis en NHL ont moins d'impact : même si Fedorov au centre et Zubov en défense auraient pu être utiles à des postes faibles, les vraies stars sont aujourd'hui les jeunes super-talents, plus motivés par l'équipe nationale, en premier lieu Aleksandr Ovechkin, qui porte Washington à bout de bras et porte ombrage chez les "rookies" de NHL à l'idole canadienne Crosby, pas encore aussi mature.

La Russie toute entière est persuadée que la victoire l'attend car elle présente ses meilleurs talents. La blessure au genou du gardien le mieux payé de NHL Nikolaï Khabibulin n'est pas un tel handicap au vu de sa saison décevante avec Chicago. Les remplacements de Dmitri Bykov par Denis Kulyash (et finalement par Zhukov car Krikunov s'est ravisé au dernier moment) puis d'Andrei Zhitnik par Vitali Vishnevsky n'ont pas fondamentalement affaibli la défense, dans la mesure où celle-ci n'est de toute façon pas le point fort de l'équipe. L'atout, c'est bien sûr le talent offensif incroyable... pour peu que l'implication collective de chacun soit suffisante. Car, après la blessure de Zhamnov (ce qui fait passer Kozlov au centre pour intégrer Korolyuk tellement il y a de bons ailiers), on ne peut pas dire que tous ces attaquants très doués soient réputés pour leur travail dans les deux sens de la patinoire. Les exceptions sont Pavel Datsyuk, qui s'est découvert une conscience défensive depuis un an au risque de paraître moins spectaculaire, et peut-être Aleksandr Kharitonov, même s'il est surtout là pour sa complémentarité avec Sushinsky. Ces JO sont une parfaite opportunité pour que la Russie remarche sur les traces de son glorieux passé, mais son plus grand ennemi est l'excès de confiance.

Gardiens : Evgeni Nabokov (San José, NHL), Ilya Bryzgalov (Anaheim, NHL), Maksim Sokolov (SKA Saint-Pétersbourg, RUS).

Défenseurs : Andreï Markov (Montréal, NHL), Anton Volchenkov (Ottawa, NHL), Darius Kasparaitis (New York Rangers, NHL), Sergeï Gonchar (Pittsburgh, NHL), Daniil Markov (Nashville, NHL), Fedor Tyutin (New York Rangers, NHL), Sergeï Zhukov (Lokomotiv Yaroslavl, RUS), Vitali Vishnevsky (Anaheim, NHL).

Attaquants : Ilya Kovalchuk (Atlanta, NHL), Alekseï Yashin (New York Islanders, NHL), Alekseï Kovalev (Montréal, NHL), Aleksandr Kharitonov (Dynamo Moscou, RUS), Pavel Datsyuk (Detroit, NHL), Maksim Sushinsky (Dynamo Moscou, RUS), Maksim Afinogenov (Buffalo, NHL), Evgeni Malkin (Metallurg Magnitogorsk, RUS), Aleksandr Ovechkin (Washington, NHL), Aleksandr Frolov (Los Angeles, NHL), Viktor Kozlov (New Jersey, NHL), Aleksandr Korolyuk (Vityaz Chekhov, RUS).

Réservistes : Denis Kulyash (D, Dynamo Moscou, RUS), Andreï Taratukhin (A, Lokomotiv Yaroslavl, RUS).

 

Du triomphe de Lillehammer (dont il reste Forsberg et les frères Jönsson) à sa monumentale bourde de Salt Lake City, l'équipe de Suède a été indissociable de son gardien Tommy Salo durant trois Jeux Olympiques consécutifs. C'est fini puisqu'il n'a pas été sélectionné même si l'hypothèse avait un temps été évoquée. Maintenant, la Tre Kronor a un nouveau n°1, et pour longtemps. Avec le jeune Henrik Lundqvist dans les cages, les Suédois reprennent confiance et sont certains qu'il ne craquera pas au moment décisif.

La défense donne moins de certitudes, si bien que certains polémistes ont réclamé de revenir sur le bannissement de l'équipe nationale de Tallinder et Lilja (suspendus avec Huselius après la nuit de débauche des derniers Sweden Hockey Games), ce qui ne risque pas d'arriver pour d'évidentes question d'image. Le nouveau pilier Niklas Kronwall, blessé au camp d'entraînement des Detroit Red Wings, n'a pas pu être rétabli à temps, laissant Öhlund et le patron Norström seuls pour faire le ménage. En plus, Kim Johnsson a décliné la sélection car sa femme va accoucher pendant les JO, ce qui laisse le vieillissant Nicklas Lidström seul spécialiste du jeu de puissance. Nicklas Hävelid, qui a un gros temps de jeu à Atlanta, et Daniel Tjärnqvist, qui a un rôle plus mineur au Minnesota, ont été choisis en remplacement.

L'attaque possède énormément de talent, et la concurrence a été très forte aussi bien pour les deux lignes créatives (demandez à Nylander) que pour les deux lignes défensives. Mais ce découpage initial bien net a été compromis par la perte d'une voire deux stars. À vrai dire, le forfait de Markus Näslund n'a pas été considéré comme un drame, parce qu'il n'a jamais été très performant en équipe nationale et que cela permettait à l'autre grand absent de la sélection, Tomas Holmström, de venir remplir un rôle spécifique, mettre son gabarit devant la cage. Par contre, la participation de Peter Forsberg est une véritable cause nationale. Les journaux en ont fait leur sujet majeur pendant plusieurs jours, dénonçant Bobby Clarke et le management des Flyers qui faisaient pression sur "Foppa" pour qu'il saute le tournoi et repose ses adducteurs. Les Suédois ont confiance en Forsberg, qui n'est pas homme à se laisser intimider et a fait savoir qu'il jouerait s'il était en état. Mais quand il a quitté un entraînement avant terme à cause de la douleur, toute une nation a vacillé. Maintenant, chaque entraînement de Philadelphie est suivi en direct par plusieurs sites internet suédois en quête du moindre geste de la star, de la moindre expression de son visage, en attendant qu'il prenne sa décision.

La folie autour de Forsberg ferait presque oublier la présence de Mats Sundin, toujours impeccable avec le maillot de la Tre Kronor, mais aussi de Daniel Alfredsson, qui pourrait devenir le leader offensif car il est actuellement dans une forme éblouissante, contrairement à ses collègues.

Gardiens : Henrik Lundqvist (New York Rangers, NHL), Mikael Tellqvist (Toronto, NHL), Stefan Liv (HV 71, SUE).

Défenseurs : Mattias Norström (Los Angeles, NHL), Nicklas Lidström (Detroit, NHL), Mattias Öhlund (Vancouver, NHL), Christian Bäckman (St. Louis, NHL), Kenny Jönsson (Rögle, SUE-2), Nicklas Hävelid (Atlanta, NHL), Daniel Tjärnqvist (Minnesota, NHL).

Attaquants : Mats Sundin (Toronto, NHL), Peter Forsberg (Philadelphie, NHL), Henrik Zetterberg (Detroit, NHL), Daniel Alfredsson (Ottawa, NHL), Fredrik Modin (Tampa Bay, NHL), Daniel Sedin (Vancouver, NHL), Henrik Sedin (Vancouver, NHL), Mikael Samuelsson (Detroit, NHL), Per-Johan Axelsson (Boston, NHL), Jörgen Jönsson (Färjestad, SUE), Samuel Påhlsson (Anaheim, NHL), Mika Hannula (HV 71, SUE), Tomas Holmström (Detroit, NHL).

 

Frantisek Hossa a peu d'attaquants défensifs à disposition (Handzus, Kapus, pas-plus) et il oblige pourtant ses talents offensifs à jouer contre-nature, très en retrait, ce qui semble éteindre leur vitalité. Qui sait ce que la Slovaquie pourrait faire si elle forecheckait et utilisait sa vitesse positivement au lieu de développer un jeu attentiste ? Au moins, du spectacle. Non seulement la tactique de Hossa est peu engageante, mais en plus elle n'a pas vraiment prouvé son efficacité ces derniers temps.

C'est pourquoi la Slovaquie donnait un peu le sentiment de gâcher les dernières années de ses vedettes. On ne sait plus trop ce que vaut encore Stümpel, maintenant orphelin du retraité Palffy. Les services rendus de Satan sont immenses, mais ses capacités de leadership sont maintenant mises en doute au pays. Quant à Bondra, il a exprimé lui-même des doutes sur sa forme à son âge. Et malheureusement, le plus jeune Ladislav Nagy doit encore arrêter prématurément une saison pour se faire opérer des ligaments du genou, remplacé dans l'effectif par Surovy. Un vent nouveau souffle sur la Slovaquie avec l'intégration de la nouvelle génération. La révélation de la saison NHL Marek Svatos fera des débuts internationaux attendus. Et la défense, bâtie autour de Visnovsky, Chara et Strbak, est peut-être plus forte que jamais avec les jeunes Meszaros et Jurcina qui ont eux aussi réussi leurs débuts en NHL.

Reste l'éternelle question des gardiens. Karol Krizan a été le meilleur gardien d'Elitserien cette saison, et la comparaison sans appel de leurs performances en Suède lui a permis de prendre la place de Stana. Il est en forme, néanmoins il a mauvaise réputation en Slovaquie où il est considéré comme un caractère difficile voire un pourrisseur d'ambiance. Cela risque de le condamner même si ce ne sont pas spécialement les qualités requises pour être troisième gardien... Hossa pourrait là aussi jouer la carte de la sécurité en s'appuyant sur l'expérience de Lasak, même si ses performances dépendent beaucoup de sa confiance du moment, ou sur Budaj, qui n'a toutefois pas réussi à détrôner Aebischer cette saison quand le Suisse connaissait une passe difficile.

Gardiens : Ján Lašák (Pardubice, TCH), Peter Budaj (Colorado, NHL), Karol Krizan (Modo, SUE).

Défenseurs : Lubomír Višnovský (Los Angeles, NHL), Zdeno Chara (Ottawa, NHL), Martin Štrbák (CSKA Moscou, RUS), Andrej Meszáros (Ottawa, NHL), Radoslav Suchý (Columbus, NHL), Ivan Majeský (Washington, NHL), Milan Jurcina (Boston, NHL).

Attaquants : Pavol Demitra (Los Angeles, NHL), Marián Hossa (Atlanta, NHL), Peter Bondra (Atlanta, NHL), Marián Gáborík (Minnesota, NHL), Richard Zedník (Montréal, NHL), Miroslav Šatan (NY Islanders, NHL), Jozef Stümpel (Florida, NHL), Lubos Bartecko (Luleå, SUE), Michal Handzuš (Philadelphie, NHL), Marek Svatoš (Colorado, NHL), Richard Kapuš (Metallurg Novokuznetsk, RUS), Marcel Hossa (New York Rangers, NHL), Tomáš Surový (Pittsburgh, NHL).

Réservistes : Dominik Granák (D, Slavia Prague, TCH), Ronald Petrovický (A, Atlanta, NHL), Vladimír Országh (Saint-Louis, NHL).

 

L'obligation de publier les effectifs olympiques pour le 22 décembre, avec interdiction de remplacer tout hockeyeur de NHL (sauf blessure) après cette date, a été une condition exigée par le syndicat des joueurs de NHL de façon à garantir des places sécurisées de titulaires. Les États-Unis ont ainsi choisi DiPietro, Esche et Grahame. Le choix était déjà discuté à ce moment-là et entre-temps de l'eau a coulé sous les ponts : en effet les deux gardiens américains actuellement les plus en forme sont Tim Thomas et surtout Ryan Miller ! Les fans enragent qu'on ne puisse pas changer un des gardiens pour faire rentrer Miller, qui avait un pouce cassé lors de la sélection en décembre.

Les places garanties de titulaire (pas toujours la garantie que le joueur honore sa convocation...), c'est ce dont souffrent les États-Unis plus que tout autre pays. Une fois affublés du statut de stars, les glorieux vétérans se considèrent intouchables et dictent leurs conditions aux sélectionneurs. Ainsi de Jeremy Roenick (qui pourtant n'était pas à la coupe du monde 1996 et n'a donc jamais rien gagné avec l'équipe américaine !) qui a "exigé" sa place parce qu'il a marqué beaucoup de points en NHL au siècle dernier, en menaçant dans le cas contraire de soutenir le Canada. L'ego surdimensionné de "JR" restera chez lui.

Il est incroyable que l'équipe américaine puisse être prise en otage par des joueurs qui répondent aux convocations quand ça les chante et dont les hauts faits d'armes sous le maillot national comprennent une chambre d'hôtel saccagée à Nagano (hein Tkachuk ?). À ce titre, c'est déjà courageux de la part du staff d'avoir laissé de côté Roenick et le vieillissant Brian Leetch (qui a eu la décence de ne pas faire de scandale, lui). Car les États-Unis sont déjà assez âgés comme ça avec par exemple l'ex-buteur Bill Guerin et un véritable papy en défense : à 44 ans, le doyen du tournoi Chris Chelios bat le record de Bibi Torriani (1928 et 1948) avec un intervalle de vingt-deux ans entre sa première participation olympique à Sarajevo et sa dernière à Turin !

Les Américains ne manquent évidemment pas d'expérience. Leur point faible était plutôt le manque de vitesse des défenseurs, tous âgés à part Leopold et Liles. Mais c'est un peu moins vrai maintenant car la rapidité est justement l'atout de vétéran Bret Hedican (qui était présent aux JO d'Albertville où il avait rencontré sa future épouse, la médaillée d'or de patinage artistique Kristi Yamaguchi), rentré à la place d'Aaron Miller blessé au dos. Il n'empêche que, derrière les vieux qui s'accrochent à leur place, il existe un trou générationnel qui explique que les États-Unis n'ont pas encore un effectif aussi riche que celui des grands favoris.

Gardiens : Rick DiPietro (New York Islanders, NHL), Robert Esche (Philadelphia Flyers, NHL), John Grahame (Tampa Bay Lightning, NHL).

Défenseurs : Chris Chelios (Detroit Red Wings, NHL), Derian Hatcher (Philadelphia Flyers, NHL), Jordan Leopold (Calgary Flames, NHL), John-Michael Liles (Colorado Avalanche, NHL), Bret Hedican (Carolina Hurricanes, NHL), Brian Rafalski (New Jersey Devils, NHL), Mathieu Schneider (Detroit Red Wings, NHL).

Attaquants : Jason Blake (New York Islanders, NHL), Erik Cole (Carolina Hurricanes, NHL), Craig Conroy (Los Angeles Kings, NHL), Chris Drury (Buffalo Sabres, NHL), Brian Gionta (New Jersey Devils, NHL), Scott Gomez (New Jersey Devils, NHL), Bill Guerin (Dallas Stars, NHL), Mike Knuble (Philadelphia Flyers, NHL), Mike Modano (Dallas Stars, NHL), Mark Parrish (New York Islanders, NHL), Brian Rolston (Minnesota Wild, NHL), Keith Tkachuk (St. Louis Blues, NHL), Doug Weight (St. Louis Blues, NHL).

Réservistes : Ryan Miller (G, Buffalo Sabres, NHL), Paul Martin (D, New Jersey Devils, NHL), Matt Cullen (A, Carolina Hurricanes, NHL).

 

La Lettonie s'est qualifiée in extremis en marquant trois buts dans les cinq dernières minutes contre le Bélarus, et elle n'a rien perdre dans ce tournoi olympique, à quelques mois d'un Mondial à domicile qu'elle ne doit pas rater. Elle peut donc espérer un nouveau miracle, mais elle se présente sérieusement diminuée. Le centre n°1 de l'équipe, Janis Sprukts, s'est blessé au coude dans un match de SM-liiga et sera absent huit semaines, remplacé par Martinš Cipulis.

Le plus vexant a été l'attitude du club autrichien de Linz qui a fait inscrire dans le contrat de ses deux défenseurs lettons une clause leur interdisant de participer aux Jeux Olympiques ! Une clause parfaitement illégale qui aurait pu valoir des sanctions de la part de l'IIHF... Alors, Linz a biaisé et a fait pression en coulisses sur ses joueurs pour qu'ils déclinent d'eux-mêmes la sélection. Olegs Sorokins, pourtant rapide et bon relanceur, a ainsi été retiré de la liste des réservistes, mais on pensait que la Lettonie pourrait au moins compter sur Viktors Ignatjevs, 35 ans, pour qui ça aurait été la dernière chance de participer aux JO. Comme son contrat courait encore sur la saison prochaine, ce joueur expérimenté, qui compense sa lenteur par un très bon positionnement, avait moyen de ne pas se soumettre à son employeur, qui était déjà en train de réfléchir à une solution de rechange. Et pourtant, il a fini par demander que son nom soit retiré de l'effectif olympique.

Pourtant, les Baltes ont bien besoin de défenseurs, car leur pilier Sandis Ozolinš, dont les penchants pour l'alcool étaient connus, a rejoint le programme de désaccoutumance de la NHL. Il est sorti de l'effectif, avant d'y rentrer via la petite porte de la liste des réservistes.

Ils compteront à nouveau sur l'éternel Arturs Irbe, qui a encore faim de compétition et ne souhaite même pas affirmer que ce sont ces derniers JO.

Gardiens : Arturs Irbe (Salzbourg, AUT), Edgars Masalskis (Neftyanik Almetievsk, RUS-2), Sergejs Naumovs (Khimik Voskresensk, RUS-2).

Défenseurs : Karlis Skrastinš (Colorado, NHL), Rodrigo Lavins (Brynäs Gävle, SUE), Georgijs Pujacs (Riga 2000, LET), Arvids Rekis (Augsbourg, ALL), Atvars Tribuncovs (Mora IK, SUE), Agris Saviels (Torpedo Nijni-Novgorod, RUS-2), Sandis Ozolinš [?] (Anaheim, NHL), Krisjanis Redlihs (Albany, AHL).

Attaquants : Girts Ankipans (Riga 2000, LET), Aigars Cipruss (Riga 2000, LET), Armands Berzinš (Riga 2000, LET), Vladimirs Mamonovs (Metalurgs Liepaja, LET), Aleksandrs Nizivijs (Torpedo Nijni Novgorod, RUS-2), Grigorijs Pantelejevs (Dmitrov, RUS-2), Mikelis Redlihs (Björklöven, SUE-2), Aleksandrs Semjonovs (Malmö, SUE-2), Leonids Tambijevs (Bâle, SUI), Herberts Vasiljevs (Krefeld, ALL), Maris Ziedins (Stocton, ECHL), Martinš Cipulis (Riga 2000, LET).

Réservistes : Igors Bondarevs (D, Riga 2000, LET), Martins Karsums (A, Moncton Wildcats, LHJMQ), Aleksandrs Macijevskis (A, Odense, DAN).

effectif définitif non encore officiel

 

Fin de la plaisanterie ? Il est vrai qu'on voit mal comment le Kazakhstan, qui a réussi à endormir les Français et à se qualifier sur un malentendu avec une moyenne d'un but marqué par match, pourrait surprendre qui que ce soit à Turin. Il est l'outsider qui n'intéresse personne, et les organisateurs ont sagement programmé trois de ses matches en fin de matinée à 11h30 (ce qui est en plus favorable pour le décalage horaire avec l'Asie centrale). Il est vrai que son jeu consistant à casser le rythme de l'adversaire pour le surprendre en contre ne risque pas de passionner les foules.

Face à des joueurs de classe mondiale, le Kazakhstan apparaît trop limité. Il enregistre deux retours importants de joueurs qui n'avaient plus porté le maillot national depuis longtemps. Vitali Eremeïev a été blessé à chaque occasion la saison dernière, ce qui a permis à son remplaçant Vitali Kolesnik de qualifier son équipe pour les JO puis de continuer à surprendre aux Mondiaux, au point de se voir offrir un contrat NHL. Maintenant que l'expérimenté Eremeïev est de retour, retrouvera-t-il sa place de titulaire ? L'autre revenant qui devra se faire une place est Nikolaï Antropov. On n'a presque jamais vu l'attaquant de NHL en sélection nationale. Il n'est pas meilleur techniquement que ses coéquipiers mais amène son gabarit supérieur. Comment sera-t-il utilisé ?

Car l'équipe entraînée par Nikolaï Myshagin vaut surtout par son jeu collectif, forgé saison après saison au Kazzinc-Torpedo Ust-Kamenogorsk. Ce groupe se connaît parfaitement et est à l'abri de tout remous. La transition de la deuxième division russe à un tournoi olympique risque tout de même d'être ardue pour une dizaine de joueurs, la plupart attaquants. Et même pour ceux qui évoluent en Superliga, qui sont surtout à l'arrière avec comme pilier le vieux briscard Alekseï Troshchinsky, il faudra défendre en s'adaptant aux nouvelles règles. Le Kazakhstan est en effet l'équipe qui pourrait le plus en pâtir, elle qui a peu d'arguments offensifs et devra neutraliser les talents adverses. Mais attention, ceux qui ont trop sous-estimé cet adversaire l'ont parfois payé cher !

Gardiens : Vitali Eremeïev (Dynamo Moscou, RUS), Vitali Kolesnik (Colorado Avalanche, NHL), Sergei Ogureshnikov (Torpedo Ust-Kamenogorsk, KAZ).

Défenseurs : Alekseï Troshchinsky (Avangard Omsk, RUS), Oleg Kovalenko (Torpedo Ust-Kamenogorsk, KAZ), Artyom Argokov (Sibir Novosibirsk, RUS), Denis Shemelin (Neftekhimik Nijnekamsk, RUS), Aleksei Koledaïev (Sibir Novosibirsk, RUS), Evgeni Pupkov (SKA Saint-Pétersbourg, RUS), Aleksei Vassilchenko (Neftekhimik Nijnekamsk, RUS), Vitali Tregubov (Barys Astana, KAZ)

Attaquants : Fedor Polishchuk (SKA Saint-Pétersbourg, RUS), Nikolaï Antropov (Toronto Maple Leafs, NHL), Dmitri Upper (CSKA Moscou, RUS), Aleksandr Koreshkov (Torpedo Ust-Kamenogorsk, KAZ), Evgeni Koreshkov (Torpedo Ust-Kamenogorsk, KAZ), Dmitri Dudarev (AK Bars Kazan, RUS), Sergei Aleksandrov (Torpedo Ust-Kamenogorsk, KAZ), Andreï Ogorodnikov (Torpedo Ust-Kamenogorsk, KAZ), Andreï Troshchinsky (Torpedo Ust-Kamenogorsk, KAZ), Andreï Samokhvalov (Torpedo Nijni Novgorod, RUS-2), Andreï Pchelyakov (Krylia Sovetov Moscou, RUS-2), Konstantin Shafranov (Krylia Sovetov Moscou, RUS-2).

Marc Branchu

 

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