Allemagne 2005/06 : présentation

 

Quand des voix de joueurs ou d'entraîneurs rappellent la nécessité des promotions et relégations, Gernot Tripcke, le directeur général de la DEL, fait semblant de ne pas les entendre. Quand les supporters déploient des banderoles qui l'interpellent nommément à un match où il est présent, il fait semblant de ne pas les voir. Quand les premières affluences sont en net recul, il fait semblant de calculer différemment - grâce à la nouvelle grande patinoire de Mannheim qui est l'arbre qui cache la forêt - pour nier de façon entêtée qu'il y ait le moindre mécontentement. Et il répète que sa décision unilatérale de fermer la ligue est actée et irrévocable, alors même que les négociations pour le renouvellement de l'accord avec la fédération achoppent justement sur ce point.

Tripcke, qui concentre de plus en plus les critiques sur sa personne, tente de dévier le débat en répondant sur tous les arguments annexes. Il promet des efforts sur la formation, alors que la politique de la DEL en la matière avait parfois frisé le ridicule (tout club est en théorie censé avoir un club-support pour le hockey mineur, mais le groupe Anschutz avait réussi une année à déclarer comme club-support des Hamburg Freezers... les Eisbären de Berlin, l'autre club qu'il contrôle). Il annonce des investissements sur la formation des arbitres et sur leur professionnalisation. Et pour éviter que le bas de tableau soit ennuyeux en fin de saison, il élargira l'an prochain les play-offs à dix équipes sur le modèle de la SM-liiga finlandaise. Un modèle dont il ne se cache pas mais qui a de quoi surprendre : le championnat finlandais était sans doute le meilleur d'Europe il y a quelques années, mais depuis cinq ans qu'il fonctionne en ligue fermée, il peine à retrouver son souffle et à se renouveler alors que le voisin suédois connaît un regain de popularité. Quant au tour de play-offs supplémentaire, il y a fait un bide du point de vue des affluences.

Comme la SM-liiga qui a fini par accepter un promu (KalPa Kuopio) sans pour autant faire descendre son éternelle lanterne rouge (Pelicans Lahti), Tripcke déclare maintenant qu'une montée sera toujours possible pour des clubs qui en auront les moyens et les infrastructures. Mais ses concessions ou diversions ne masquent pas le fond du problème, et sans cesse on lui rappelle que c'est la conservation du principe de l'ascenseur sportif qui est réclamée. Alors que cette saison aurait pu ouvrir une nouvelle ère avec la SAP-Arena de Mannheim, elle est celle de tous les dangers pour la DEL, qui est en plein blocage sur tous les efforts qu'elle avait effectués ces dernières années.

 

Est-ce parce que Hans Zach a retrouvé son aura maintenant que l'équipe d'Allemagne est redescendue en division I mondiale sans lui ? En tout cas, son club, Cologne, est cité par la majorité de ses collègues comme le favori du championnat. Cela peut sembler curieux puisqu'il ne s'est pas particulièrement renforcé. Mais ce sont les autres qui ont perdu leurs renforts NHL à la fin du lock-out, alors que Zach, l'unique entraîneur à être bien mieux payé que ses joueurs, s'était volontairement passé de stars. Une stratégie qui pourrait payer... un an après.

Pendant que les autres tâtonnent, le KEC a un groupe soudé qui n'a connu que peu de changements. Il sait quand même être opportuniste quand il le faut, en profitant de la mise à l'écart de Wolfsburg pour récupérer deux joueurs : l'ex-international Lasse Kopitz, dont le but en quart de finale du Mondial 2003 reste un moment fort de l'ère Zach, et l'attaquant slovaque Ivan Ciernik, révélation de la dernière saison. Le pari concerne le poste de gardien, où le vétéran Chris Rogles, qui avait mine de rien les meilleures statistiques de la ligue, est remplacé par Oliver Jonas. Zach, qui réclamait à corps et à cris des gardiens allemands titulaires en DEL, a donc enfin décidé de montrer l'exemple... mais il aura fallu attendre pour cela que ce gardien devienne champion avec un autre club (Berlin).

Cologne aborde donc la saison avec seulement huit étrangers (pour une limite maximale de onze sur la glace et douze déclarés sous licence dans la saison) et a de quoi donner une place importante aux jeunes Allemands. Parmi eux, Philipp Gogulla (formé chez le rival Düsseldorf !), tout juste dix-huit ans et une allure encore adolescente, a été le seul Allemand choisi - dès le deuxième tour - lors de la dernière draft NHL.

 

En toute logique, Mannheim aurait dû être le favori. Avec la construction de la SAP-Arena, une patinoire très fonctionnelle de 13600 places, les Adler peuvent envisager une augmentation de leurs recettes et redevenir de loin le club le plus riche de la DEL, avec effectif en conséquence.

Seulement, son manager a joué avec le feu et s'est un peu brûlé. Quand il s'est fait plaisir en embauchant les deux meilleurs défenseurs du rival Francfort, Stéphane Robidas et Peter Ratchuk, les commentaires étaient souvent dédaigneux. Cela ressemblait trop à un simple effet d'annonce, sachant qu'il était probable que les deux joueurs repartent en fin de compte en NHL. Le pari a quand même été à demi réussi car Ratchuk est resté... mais pas Andy Roach et Christoph Schubert, qui ont aussi reçu des propositions de NHL. Cela faisait trois arrières en moins pour Mannheim, qui avait trouvé le moyen de laisser partir Sascha Goc malgré un contrat valide sous prétexte que la défense était déjà bien pourvue. Il a donc fallu casser sa tirelire au mois d'août pour s'offrir d'autres arrières, l'ancien de MoDo Pierre Hedin et le vétéran de NHL Karl Dykhuis.

En attaque, Steve Kelly a eu droit à une "seconde chance" en promettant de s'assagir. La recrue offensive majeure est Lonny Bohonos, l'homme qui a traversé l'Atlantique à l'envers de tout le monde. Après quatre saisons en Suisse, il était retourné en Amérique du nord l'année du lock-out NHL ! Mais l'interrogation réside dans les cages. Maintenant que Cristobal Huet est parti à Montréal, non sans que Kuhl ait conservé l'intention de rappeler le Français une fois sa carrière NHL achevée, il fallait trouver un autre gardien. Après avoir commencé la préparation avec deux jeunes Allemands (Aus den Birken et Ehelechner), le vieux Frédéric Chabot a été recruté trois jours avant le début de saison. Il revient ainsi en DEL à trente-sept ans après une parenthèse d'un an pendant laquelle il est devenu champion d'Autriche.

 

Si Mannheim s'est un peu précipité dans le recrutement, les Eisbären Berlin ont eu l'attitude exactement inverse. Ils ont repris leur camp d'entraînement sans avoir enregistré la moindre vraie recrue. Quelle stratégie est la bonne dans un marché bouleversé par la fin du lock-out en NHL ? En tout cas, si un club peut se permettre une position d'attente, c'est bien Berlin, qui peut s'appuyer sur ses juniors en attendant que de bons joueurs se libèrent tardivement. Autour des vétérans que sont Steve Walker, discret capitaine, Stefan Ustorf, revenu à son niveau, et Sven Felski, dernier représentant de l'école de l'est avec son patinage élégant, c'est la jeunesse qui est au pouvoir.

Mais attention. Ces jeunes devront mériter la confiance placée en eux. Les plus âgés d'entre eux, comme Rankel et Busch, doivent maintenant se comporter en pleins titulaires. Cette saison sera capitale pour eux. Pour les autres, ce sont les premiers mois qui seront déjà décisifs s'ils veulent garder leur place car il est clair que les Eisbären se renforceront à l'automne. C'est en particulier vrai pour les gardiens, puisque Pierre Pagé a choisi de commencer le championnat avec deux juniors, Youri Ziffzer et Daniar Dschunussow. Il a mis en place un étonnant système de rotation à chaque match : deux tiers-temps pour l'un et un pour l'autre.

 

Éviter le "syndrome Glen Sather", c'est le challenge pour Karl-Heinz Fliegauf, le nouveau manager de Francfort. Sather, artisan de la construction de la dynastie des Edmonton Oilers avec des finances limitées dans les années quatre-vingts, avait perdu tout son talent en travaillant pour une franchise riche, les New York Rangers. De même, "Charly" Fliegauf était considéré comme le meilleur manager de DEL en réussissant à former des effectifs toujours compétitifs chez le modeste club souabe Augsbourg. Mais dans la capitale économique Francfort, les moyens à disposition seront incomparables, et le travail demandé n'aura plus rien à voir.

Première différence, Francfort est capable de conserver ses éléments moteurs, en premier lieu Pat Lebeau, le joueur dominant de la ligue. Contrairement à Augsbourg, il peut aussi garder ses révélations allemandes... sauf surprise. Michael Hackert, qui a découvert que son diabète de type 1 diagnostiqué il y a trois ans ne l'empêchait nullement de progresser dans sa pratique sportive (voir la carrière de Bobby Clarke pour ceux qui en douteraient), a ainsi été mis sous contrat par les Detroit Red Wings et passera sans doute la saison en NHL. En attaque, la tâche de Fliegauf s'est limitée à faire revenir David Gosselin, un des acteurs du titre 2004, plus un autre joueur de Kassel, le maître passeur Daniel Corso.

Mais la vraie mission de Fliegauf, c'était de rebâtir une défense amputée de ses deux meilleurs arrières offensifs (Robidas et Ratchuk, ce dernier n'étant plus désiré par l'entraîneur Chernomaz) et de son meilleur défenseur défensif (Mikael Magnusson, qui a pris sa retraite). Ce n'était pas facile dans un marché aux options limitées, donc le résultat se défend... Patrice Boileau, venu de Lausanne, est un exemple idéal de défenseur offensif. Dans le rôle de l'arrière difficile à passer en un contre un, c'est Philippe Plante (AHL) qui a été pris à l'essai... et confirmé. Mais la poisse s'acharne toujours, car John Gruden, qui devait amener son expérience et son intelligence de jeu, s'est blessé en coupe et ne sera pas mis sous licence dans l'immédiat. Même dans les grands clubs, le quotidien n'est pas toujours facile... mais que Fliegauf se rassure, ça fait deux ans que Francfort a arrêté de ressembler aux Rangers.

 

S'ils ont évité les barrages de maintien in extremis la saison passée, les Scorpions de Hanovre ont aussi été la troisième meilleure équipe sur la seconde moitié du championnat. Et c'est sur cet élan qu'ils espèrent continuer, puisque de l'avis général ce sont eux qui se sont le mieux renforcés. Au poste de gardien, jusqu'ici leur point faible, ils ont engagé l'expérimenté Trevor Kidd. Il était certes un peu désœuvré pendant le lock-out NHL puisqu'il n'a joué que douze matches au troisième niveau suédois avec Örebro, mais il a fait la preuve de sa grande forme dès son arrivée au camp d'entraînement. La défense a été complétée par l'homme au slap record Shawn Heins, qui devra quand même se calmer au niveau des pénalités.

Mais c'est surtout en attaque que les Scorpions n'ont rien à envier à personne. Ils disposent de deux des attaquants allemands les plus prolifiques, Robert Hock et Andreas Morczinietz, et d'une sacrée escouade d'étrangers. En plus du duo Green-Tapper, venu de Nuremberg, ils peuvent compter sur Todd Warriner, un ancien de NHL qui s'était raté au Jokerit Helsinki mais s'est relancé la saison dernière en LNB suisse avec Morges. Bref, les Scorpions ont enfin de quoi faire parler d'eux sur la glace, et uniquement là. Cela suffira-t-il à faire venir le public en masse dans une patinoire qui a changé de nom (la Preussag Arena est devenue TUI Arena) mais qui sonne toujours un peu creux ?

 

Après avoir beaucoup misé sur le lock-out, Ingolstadt doit maintenant réapprendre à vivre sans ses "stars", ou en tout cas à réutiliser ce mot pour celles qui étaient considérées comme telles avant que Marco Sturm ne tire toute la couverture à lui, Cameron Mann par exemple. Car la recrue la plus attendue cette fois, c'est simplement Jason Holland, ce défenseur recruté pour le lock-out par Alleghe l'an passé avant qu'il ne plie bagages avant Noël...

L'effectif ne peut pas soutenir la comparaison avec celui de l'an passé, mais il reste bon. Il est surtout assez large quantitativement, avec quelques piliers comme le gardien Jimmy Waite ou le défenseur offensif Jakub Ficenec. Et comme il prenait de l'âge, il a été rajeuni par l'arrivée de quelques espoirs allemands comme Björn Barta (Augsbourg) ou encore Yannick Seidenberg, que certains disaient encore meilleur que son frère (défenseur en NHL et champion AHL pendant le lock-out), ce qu'il n'a pas prouvé pendant une saison médiocre à Mannheim à son retour du junior majeur. Il y a pas mal de joueurs qui doivent se relancer dans cette équipe, et ils attendent que l'austère entraîneur Ron Kennedy, qui s'est paraît-il ouvert peu à peu, leur donne leur chance.

 

Après avoir emmené Augsbourg à sa meilleure place depuis trente ans, Benoît Laporte a maintenant un nouveau défi à relever à Nuremberg : passer enfin ces maudits quarts de finale. Pour cela, il a emmené trois joueurs clés avec lui, l'attaquant François Methot, le défenseur Rich Brennan et surtout le gardien Jean-François Labbé, doté d'un contrat de deux ans. Laporte a même rappelé Colin Beardsmore qui avait aussi évolué sous ses ordres à Augsbourg avant de passer un an à Cologne. Il s'est ainsi assuré d'avoir tous les relais nécessaires dans l'effectif pour faire passer son message.

Et le message en question, quiconque a connu le joueur Benoît Laporte peut se l'imaginer : un hockey dur et physique, en rupture avec la tentative d'insérer des joueurs techniques. Il n'y aura plus d'éléments du talent de Yan Stastny (Edmonton a récupéré ses droits et lui a offert un contrat de deux ans en NHL), ni même de Patrick Trépanier, le meilleur arrière du dernier championnat parti à Berne. Nuremberg aura par contre un groupe plus homogène avec des responsabilités mieux réparties, notamment en défense où le manager Otto Sykora espère rééditer le bon coup de Trépanier avec Michel Périard, encore un Nord-Américain qui paraît plus adapté aux glaces européennes.

 

C'est la dernière saison dans la mythique Brehmstraße avant que Düsseldorf ne dispose à son tour d'une salle multifonctions. Le DEG espère réussir des adieux en renouant avec les grandes heures de cette patinoire-symbole du hockey allemand, et il essaie de donner un petit coup de jeune à son effectif qui en a bien besoin. Dans les cages, le bien nommé Jung tente de pousser progressivement Trefilov à la retraite. Et en défense, on s'est séparé de deux joueurs de trente-cinq ans, Ulrich et Dandenault, même si le doyen belge Mike Pellegrims est pour sa part inoxydable à trente-sept ans. L'arrière-garde de Düsseldorf paraît d'ailleurs un peu juste, même si elle a été rapiécée par l'arrivée de Marian Bazany. Un ancien joueur de Strasbourg qui se retrouve titulaire en DEL, ce sont les miracles de la naturalisation allemande !

Mais la grande interrogation du DEG, c'est la réussite ou non de "l'américanisation" entreprise dans ce club de tradition. Une ligne entière estampillée États-Unis a été recrutée, Craig Johnson (Hambourg) et les jumeaux Ferraro, anciennes stars d'AHL qui ont grandement déçu l'an passé à Södertälje. Mais c'est surtout l'entraîneur qui devrait bousculer les habitudes après des années de gestion bavaroise (et quelques mois de Butch Goring). Don Jackson, que le manager du club Lance Nethery connaît bien car ils ont joué ensemble à Wichita dans le Kansas il y a plus de vingt ans, veut insuffler un tempérament de gagneur, lui qui compte à son palmarès deux Coupes Stanley avec les Edmonton Oilers de Gretzky et... un titre de champion d'Allemagne comme entraîneur-adjoint recruté par Berlin au cours de la dernière saison.

Il faut dire que la tradition se perd au DEG... Rendez-vous compte, le club n'a presque plus de dettes ! Malheureusement, cette résorption des déficits s'est surtout faite aux dépens du hockey mineur. Autrefois seule ville à rivaliser avec les bastions bavarois, Düsseldorf n'a pas pu autant investir dans ses équipes de jeunes que le voisin Cologne et souffre de voir certains de ses meilleurs espoirs rejoindre le grand rival.

 

Les tiraillements commencent à Hambourg, qui s'est créé en trois ans la meilleure ambiance de la ligue en misant tout sur le show avec jeux de lumière, accompagnement du match, etc. Le plus difficile est en effet de conserver une telle affluence sur le long terme. Le manager Boris Capla (fils du fameux ancien hockeyeur Josef Capla) n'a pas l'intention de changer sa stratégie. Pour lui, une "arena" multifonctions ne peut se remplir qu'avec visiteurs occasionnels attirés par le spectacle. Ceux-ci restent donc la cible qu'il entend chouchouter. Mais les supporters plus spécialement intéressés par le hockey sur glace sont mécontents de cette politique, et ils le font savoir au moyen de lettres ouvertes et d'affichettes brandies en tribune. Ils réclament la démission de Capla, à qui ils reprochent de négliger l'aspect sportif.

Il faut dire que Capla a tout fait pour être la cible unique des critiques. Il a supprimé le poste de directeur sportif et s'est occupé lui-même du recrutement. Or, le nouvel effectif de Hambourg est estimé - par le propre barème du groupe Anschutz ! - comme le neuvième en valeur de la DEL, alors que le club dispose du deuxième budget de la ligue. Bizarre dichotomie que seul Capla ne veut pas voir. C'est la saignée en attaque qui a provoqué l'ire des tribunes, en particulier le départ des leaders offensifs Reid (Rapperswil) et Johnson (Düsseldorf). Alors que le bloc défensif de qualité a été conservé, il ne reste en revanche plus que deux (!) attaquants de la saison dernière, le jeune Oravec et le vétéran polonais à passeport allemand Plachta. Autant dire que les recrues les plus attendues, Marc Beaucage et le rugueux Benoît Gratton (qui a fini étranger surnuméraire à Lugano l'an passé), sont déjà sous pression.

 

Iserlohn a pris la bonne habitude de construire des équipes compétitives avec des joueurs anonymes (hors cas particulier de Mike York l'an passé), mais cette saison semble différente. Le club a toujours le plus petit budget de la ligue, cela n'a pas changé. Mais pour une fois, son effectif semble déjà assez fort sur le papier. Les attentes des supporters se sont adaptées en conséquence et les play-offs sont vraiment espérés cette fois-ci.

Car Iserlohn n'a pas eu à faire de paris sur des inconnus. Presque tous ses joueurs ont l'expérience de la DEL, et les rares exceptions ne sont pas des Nord-Américains qui auront à s'adapter au jeu européen. Il s'agit de deux joueurs d'Elitserien suédoise, le buteur occasionnel Linus Fagemo et le défenseur norvégien Mats Trygg, qui rejoint son compatriote Martin Knold dont il souhaite imiter la réussite en Allemagne. Le troisième "novice", c'est Michael Wolf, meilleur attaquant allemand de la deuxième division avec Essen. Il devra se mettre au diapason du jeu plus physique de la DEL. Cela fait peu d'incertitudes pour Iserlohn qui devra assumer un rôle moins mineur a priori. Une position plus délicate à gérer que celui du club que personne n'attend.

 

Après avoir encore conclu le dernier exercice en négatif à cause d'affluences décevantes dans la nouvelle patinoire, Krefeld a promis de mieux tenir sa masse salariale. Encore faut-il que cet engagement tienne toute la saison et que des renforts onéreux ne soient pas recrutés en cours de route, comme ce fut le cas ces deux dernières saisons sans atteindre les play-offs pour autant. La magie du championnat 2003 est maintenant complètement dissipée, et un des derniers rescapés de l'époque, Steffen Ziesche, est parti. Heureusement que le gardien Robert Müller reste fidèle au poste, il est la bouée d'ancrage de l'équipe.

Il a devant lui des arrières plus besogneux que techniques, à l'exception de Richard Pavlikovsky, mais déjà cette défense est mise à mal par les mystérieux troubles de concentration et de la performance dont souffre l'international allemand naturalisé Shayne Wright. L'attaque conserve une partie de son ossature avec Guillet ou Herperger, mais elle a perdu son meilleur marqueur, Steve Brulé, que l'international letton Herberts Vasiljevs tentera de faire oublier grâce à son sens du placement.

 

La belle septième place d'Augsbourg a été suivie des départs de l'entraîneur (Laporte), du manager-gérant (Fliegauf) et de neuf des dix meilleurs marqueurs (reste Rick Girard). Comme d'habitude, tout est à reconstruire, mais le risque est plus grand cette année, puisqu'en cas d'échec, la relégation sera définitive. Un retour à la tête du client sera improbable vu que la froide patinoire d'Augsbourg, à laquelle les supporters sont très attachés, ne correspond plus à l'image que veut donner la DEL. Or, le risque existe en embauchant un entraîneur sans expérience de la ligue, toujours vu avec scepticisme quand il a l'air d'arriver de nulle part. Randy Edmonds s'est dernièrement occupé à emmener l'équipe de sa ville natale, North Bay, à la victoire dans la ligue junior du nord de l'Ontario...

Avant cela, la carrière d'Edmonds s'est surtout déroulée en Suède dans de nombreux clubs, et il y a gardé des contacts. Bien sûr, on a aussi recruté quelques joueurs d'AHL, une valeur sûre de DEL (Scott King) et même un espoir allemand qui rongeait son frein sur le banc de Nuremberg (Josef Menauer). Mais ce sont les quatre joueurs venus de Suède qui vont déterminer la réussite ou l'échec. La productivité de Christian Eklund n'a cessé de décroître en trois saisons d'Elitserien, et il devra prouver qu'il a effectivement des qualités de buteur. Martin Lindman et Steve Potvin ont certes déjà joué en Allemagne, mais cela ne suffit pas à apaiser l'inquiétude des supporters. Le défenseur arrive du relégué Malmö et l'attaquant reste sur trois saisons - à un point par match - en Allsvenskan, qui s'apparente à un placard aux yeux des Allemands. Le vrai risque, le plus capital, c'est cependant celui du gardien Rolf Wanhainen. Après avoir contribué à l'ascension en élite de Södertälje jusqu'à être sélectionné en équipe nationale, il décline depuis deux ans et n'a joué que quatre bouts de match l'an dernier pendant que Djurgården misait sur Turco ou Théodore... d'où son agacement et son envie de tenter sa chance à l'étranger. Il y vient sans filet, car Augsbourg n'a pas les moyens de lui donner une vraie doublure.

 

En étant repêché sur tapis vert en DEL fin juin, Kassel, croyait avoir fait le plus dur. Le bon élève ayant eu une faiblesse passagère était alors rattrapé aux dépens du bon à rien Wolfsburg. Pourtant, les évènements des semaines suivantes mettaient en doute l'objectivité de ce jugement. Car l'avenir de Kassel s'inscrivait lui aussi en pointillés. Le manager Joe Gibbs n'arrivait pas à s'entendre avec le président Simon Kimm qui aurait dû lui céder le club. À un mois du début de saison, il n'y avait plus de dirigeants, plus d'entraîneur (le projet initial prévoyait de recruter... Bill Stewart, l'homme à scandales de Mannheim puis de Lausanne), et presque plus de joueurs. Soudain, un repreneur se manifestait. L'inattendu Rainer Lippe reprenait les rênes et se mettait au travail pour reconstruire une équipe. Il partait quasiment d'une feuille blanche puisque, en plus de l'ex-mécène Kimm, d'autres sponsors étaient partis.

Il ne restait plus qu'un joueur étranger dans l'effectif, le gardien canadien Joaquin Gage. Mais heureusement, le capitaine Tobias Abstreiter était resté fidèle. Son aura et son lobbying estival ont en fin de compte de rassembler un fort noyau de joueurs allemands, ce qui n'est pas le plus facile à faire, surtout aussi tardivement. Il n'a évidemment pas pu rameuter des internationaux en exercice, mais il y a des joueurs comme Alexander Serikow et Martin Sychra - né Tchèque - qui ont un bon potentiel... quand ils sont en forme et en santé. Même le nouvel entraîneur Bernhard Engelbrecht, originaire de Landshut comme les frères Abstreiter, est allemand. Kassel se retrouve donc avec un effectif très germanisé, comme à l'époque de Hans Zach, mais en raison de circonstances différentes. On ne sait pas si le contingent étranger sera utilisé à plein car il y a "trop d'Allemands" (hors espoirs, toujours cette règle limitant à 18 les contrats pros), mais si cette équipe aura de la profondeur, elle manque quand même cruellement d'un buteur. C'est quand même un moindre mal d'avoir pu remonter un effectif au vu des bouleversements de l'été. Les Huskies ont même dû abandonner leur ancien logo pour des problèmes de droits avec une entreprise de textile écossaise.

 

Duisburg aussi a changé de logo, mais il n'y était pas obligé, et vu le résultat, il aurait pu s'en passer. Ce n'est pas ce renard devenu hystérique qui va attirer du monde dans sa patinoire, ce qui sera le vrai défi pour le club qui avait la plus faible affluence de deuxième Bundesliga. Il compte sur les nombreux derbys rhénans contre les voisins, Krefeld, Düsseldorf et Cologne pour faire monter sa moyenne. L'EVD n'a jamais déchaîné les foules, et son unique passage en élite jusqu'ici s'était achevé dans le scandale de l'affaire des faux passeports.

L'image de Duisburg aujourd'hui, c'est le charisme de son entraîneur, le légendaire Didi Hegen. L'effectif, par contre, laisse sceptique les observateurs, car il a conservé une grande partie de l'équipe qui a obtenu la montée. L'exemple de Wolfsburg l'an passé, qui rappelons-le a acquis son maintien sur la glace, prouve pourtant que ce n'est pas forcément un mauvais choix. D'autant qu'on retrouve dans ces joueurs promus la révélation Michael Waginger, aujourd'hui aux portes de la sélection nationale. Le tout était de les encadrer par de bons leaders, et c'est le cas avec Steve Brulé ou l'international norvégien Trond Magnussen... en espérant qu'ils ne se blessent pas. Quant aux étrangers qui avaient été mis sous contrat de façon prospective avant la montée, il a fallu qu'ils fassent leurs preuves pendant l'intersaison. L'ex-Rouennais Stéphane Robitaille a montré qu'il a toujours de beaux restes en défense, mais l'ex-Mulhousien John Wikström n'a pas montré qu'il était digne de lui conférer une licence d'étranger de DEL et a été remercié. Le vrai pari est peut-être dans la cage. Certains ont beau juger qu'il est insensé de débarquer avec le duo Rohde/Koslow comme gardiens, mais l'EVD dit avoir pleinement confiance en Christian Rohde.

Marc Branchu

 

 

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