Présentation des championnats du monde

 

L'organisation des championnats du monde tourne le plus souvent en circuit fermé entre les plus grandes nations du hockey mondial, celles qui ont une sélection nationale suffisamment forte pour pouvoir au moins rêver à un podium. Mais il y a une exception, une ville qui a une relation particulière avec cette compétition indépendamment de la réussite de l'équipe locale. Cette ville, c'est Vienne. Et ce n'est pas seulement parce que l'IIHF y avait son siège, avant de déménager à Zurich en 1988. Car on trouve en Autriche une population qui ne s'intéresse pas au hockey le reste de l'année, mais qui ne manque jamais au printemps de suivre les Mondiaux. Ceux qui ont été éblouis par les Mondiaux quand ils étaient enfants sont restés des amateurs fervents. C'est ainsi qu'au fil des décennies, une culture du championnat du monde s'est implantée en Autriche.

On ne peut pourtant vraiment pas dire que l'organisation ait été fructueuse pour l'équipe locale. Elle n'était en effet même pas représentée lors des Mondiaux de Vienne de 1977 et 1987. Lors des premiers du genre, en 1967, elle n'était qu'en groupe B (Vienne fut la dernière ville à accueillir les trois divisions en même temps). Et enfin en 1996, l'Autriche avait terminé dernière, battue en barrage de relégation par la France. Chaque fois, cela n'avait pas empêché la compétition d'être un succès.

Il faut dire que Vienne a la chance de s'être retrouvée plusieurs fois à un carrefour historique. Les Mondiaux 1977 coïncidaient ainsi avec la première participation des joueurs de NHL aux championnats du monde, mettant fin à sept années de boycott canadien. Les stars attendues avaient grandement déçu aussi bien par leur jeu que par leur comportement. Leur vedette Phil Esposito, le capitaine canadien de la série du siècle, avait fait la totale, des mauvais gestes aux déclarations provocantes en passant par une tentative d'altercation dans un bar avec Stig Salming. C'était l'époque de la NHL des années 70, celle des "Big Bad Bruins" de Boston et des "Broad Street Bullies" de Philadelphie, où un bourrin comme Wilf Paiement était starifié.

Aujourd'hui, heureusement, on n'en est quand même pas là. Il est hautement improbable que les nouvelles vedettes canadiennes, plus expérimentées dans un contexte international, provoquent des scandales. Ce Mondial "historique" devrait donc bien mieux se passer. Historique, il l'est, parce que pour la première fois, les play-offs NHL ne se dérouleront pas en même temps. Les meilleurs joueurs pourront donc être tous présents, tous les yeux de la planète hockey seront donc rivés sur le championnat du monde, et c'est encore Vienne qui a la chance d'être là au bon moment. En raison du lock-out, ces Mondiaux seront peut-être les plus relevés de l'histoire. Mais depuis 1977, on a appris à juger sur pièce, et c'est dans une quinzaine de jours que l'on pourra estimer la valeur de la compétition.

Toutes les conditions auront en tout cas été réunies pour qu'elle soit un succès populaire : le titre de champion autrichien est revenu à un club viennois pour la première fois depuis quarante-cinq ans, et la seconde ville organisatrice, Innsbruck, s'est bien préparée à l'échéance en organisant en janvier des Universiades qui ont servi de répétition. Et puis, lors de la répétition générale, l'ultime match amical entre l'Autriche et la Suisse organisé dans une Stadthalle viennoise qui sonne creux (on espère que c'est parce que le public se réserve pour les Mondiaux) se transforme en gigantesque fiasco. Le jeu doit être arrêté en raison d'un trou dans la glace. On est alors à trois jours du début de la compétition...

Les organisateurs s'activent pour redorer leur blason et expliquer comment un tel couac a pu se produire. Le trou au centre de la patinoire a été causé par l'emballement d'une pièce rotative de la surfaceuse qui a fendu la glace. Mais on a aussi remarqué que la surface était également abîmée et fissurée à sa périphérie. Là encore, une explication a été avancée. Les balustrades n'étaient pas assez bien arrimées, et sous l'impact des joueurs, elles se sont légèrement déplacées, ce qui a permis à un filet d'air chaud venu du bord du terrain de pénétrer juste au-dessus de la glace, qui a fondu. Les responsables ont donc pris les mesures appropriées dès le lendemain en installant de nouvelles canalisations de froid juste sous les bandes, afin d'éviter que le problème ne se produise. Tout sera donc prêt pour l'ouverture des Mondiaux, on l'espère...

Groupe A (à Vienne) : Slovaquie, Russie, Bélarus, Autriche.

Groupe B (à Innsbruck) : Canada, États-Unis, Lettonie, Slovénie.

Groupe C (à Innsbruck) : Suède, Finlande, Danemark, Ukraine.

Groupe D (à Vienne) : Tchéquie, Allemagne, Suisse, Kazakhstan.

Note : les effectifs sont de vingt-trois joueurs dont trois gardiens pour le premier tour, deux joueurs supplémentaires pouvant être ajoutés ensuite. Certaines équipes ont déjà dévoilé qui seraient les jokers - qui font le voyage dès le début - et ils sont donc inclus dans les effectifs présentés.

 

Groupe A

La Slovaquie dispose d'un arsenal offensif impressionnant, et elle aurait pu aligner cinq lignes d'attaque redoutables. Tout le monde a répondu présent, y compris Pavol Demitra qui a annoncé qu'il resterait auprès de sa femme, qui doit accoucher de jumeaux pendant la compétition, avant de se raviser presque dans la foulée et de revenir en équipe nationale. Devoir écarter un dernier joueur pour la sélection finale aurait été un crève-cśur, et Ladislav Nagy a bien malgré lui facilité la tâche de František Hossa en se blessant à l'épaule lors du dernier match amical contre la Suède. Les quatorze autres attaquants seront de la partie, même si ce n'est qu'à partir du deuxième tour pour ceux qui feront figure de jokers. Il n'y a pas que du talent, il y a aussi de la complémentarité. Jozef Stümpel et Zigmund Pálffy s'entendent comme larrons en foire, et ils en ont encore fait la démonstration pendant la préparation. La ligne Hossa-Demitra-Gáborík a passé au moins le début et la fin de la saison ensemble à Trencín et a été un enfer pour les gardiens adverses, alors que le trio Országh-Handzus-Zedník, qui a lui aussi de la pratique commune à Zvolen, a une conscience défensive idéale pour une troisième ligne. Bref, une attaque de rêve en théorie.

En plus, les Slovaques n'ont pour une fois pas de point faible au poste de gardien. Ján Lašák est un gardien qui fonctionne à la forme et à la confiance, deux facteurs au plus haut après son titre de champion tchèque à Pardubice, alors que Stana est un solide recours. La défense est par contre toujours un peu juste. Il y a des arrières offensifs comme Richard Lintner (qui a encore fait un flop en club à Fribourg-Gottéron) et Lubomír Višnovský, d'ailleurs tous deux blessés au cours de cette saison, mais pour faire la loi dans son enclave, on s'en remet surtout au géant Zdeno Chara.

Quand on a une défense limitée et une attaque phénoménale, il y a deux options possibles. La première est de jouer sur ses points forts. La seconde, c'est celle qu'a retenue František Hossa, dont le message est parfaitement relayé en écho par le capitaine Miroslav Šatan. Elle consiste à être d'une extrême prudence et à considérer que la seule chance de salut est de minimiser les erreurs défensives. Au risque de sous-exploiter son formidable potentiel offensif ?

Gardiens : Karol Krizan (Zvolen, 24 ans), Ján Lašák (Pardubice, TCH, 26 ans), Rastislav Stana (Södertälje, SUE, 25 ans).

Défenseurs : Zdeno Chara (Färjestad, SUE, 28 ans), Dominik Granák (Slavia Prague, TCH, 21 ans), Richard Lintner (Fribourg-Gottéron, SUI, 27 ans), Ivan Majeský (Sparta Prague, TCH, 28 ans), Martin Štrbak (CSKA Moscou, 30 ans), Radoslav Suchý (Poprad, 29 ans), Lubomír Višnovský (Slovan Bratislava, 28 ans), René Vydarený (Slovan Bratislava, 23 ans).

Attaquants : Luboš Bartecko (Dynamo Moscou, RUS, 28 ans), Pavol Demitra (Dukla Trencín, 30 ans), Marián Gáborík (Dukla Trencín, 23 ans), Michal Handzuš (Zvolen, 28 ans), Marcel Hossa (Mora, SUE, 23 ans), Marian Hossa (Dukla Trencín, 26 ans), Vladimír Országh (Zvolen, 27 ans), Zigmund Pálffy (Slavia Prague, TCH, 32 ans), Peter Pucher (Znojmo, TCH, 30 ans), Branko Radivojevic (Luleå, SUE, 24 ans), Miroslav Šatan (Slovan Bratislava, 30 ans), Juraj Štefanka (Vítkovice, TCH, 29 ans), Jozef Stümpel (Slavia Prague, TCH, 32 ans), Richard Zedník (Zvolen, 29 ans).

 

Le contexte dans lequel évolue l'équipe de Russie est toujours aussi flou. On ne connaît pas d'autre pays qui organise l'élection du président de la fédération de hockey sur glace dix jours avant les Mondiaux, une façon bien singulière de préparer l'évènement. Cette date a d'ailleurs été dénoncée par une partie des vétérans du hockey soviétique qui souhaitaient un report en juin. Comme celui-ci a été refusé, Sergueï Makarov ne s'est finalement pas présenté. Le président du comité national des sports Vyacheslav Fetisov, ouvertement opposé à Aleksandr Steblin, ne s'est pas déplacé à l'assemblée pour dire en quelle estime il tenait la réélection de celui-ci. Il faut dire que le plébiscite était prévu d'avance. Les deux autres candidatures fantoches se sont même retirées d'elles-mêmes le jour du vote. Une seule voix discordante s'est donc exprimée pendant l'assemblée, celle d'un délégué d'une lointaine province se plaignant que sa patinoire était décrépite, et à qui on a alors promis de débloquer des fonds pour la couvrir d'un toit. Les vrais opposants ne s'étaient pas déplacés, comprenant que c'était couru d'avance, mais ils ne se sont pas privés de dire ce qu'ils en pensaient dans la presse.

La sélection nationale n'est pas non plus un modèle de clarté. Morozov ne se trouvait ainsi même pas dans une liste de départ de quarante noms, et quand il a été rappelé après le départ aux États-Unis de Frolov, il a été trop vexé de ne pas avoir été considéré dès le début. Des talents jugés trop difficiles à contrôler comme Vyacheslav Kozlov et le jeune Nikolaï Zherdev ont aussi été laissés de côté. Matière à scandale ? Pas forcément. Car la qualité technique ne manque vraiment pas en attaque. La liste des derniers joueurs écartés de l'effectif (l'arrière Vishnevsky, Afanasenkov et la petite révélation de la saison Simakov) est ainsi meilleure que celle des années précédentes.

On comprend franchement que le souci des sélectionneurs soit de gérer les caractères - si c'est bien de cela qu'il s'agit. Et on pense en premier lieu à Ilya Kovalchuk, qui a les moyens d'être le meilleur joueur de la compétition mais qui peut tout aussi faire preuve de mauvaise volonté. Le voir exiger du temps de glace et quémander des doubles présences a quelque chose d'agaçant. Il n'a encore rien prouvé à son âge, mais il a déjà tout d'une starlette. En deux ans, le jeune prince a déjà répudié deux sélectionneurs. Quand il s'agissait de Tikhonov, vestige d'une époque passée, on lui accordait un a priori favorable. Mais quand il a déclaré publiquement qu'il n'irait pas aux Mondiaux sous la houlette de Zinetula Bilyaletdinov, parce que celui-ci avait eu l'audace de le faire tourner à quatre lignes au milieu des autres vedettes de Kazan, il poussait le bouchon un peu loin. Évidemment, cela a fonctionné. Bilyaletdinov a confirmé qu'il ne s'occuperait plus de la sélection russe, ce qui était dans l'air depuis son engagement par les Ak Bars à l'automne. Les entraîneurs russes préfèrent un contrat bien payé avec un club qu'une sinécure en équipe nationale. Vladimir Krikunov, frais champion de Russie avec le Dynamo et qui jouit de quelques lauriers internationaux pour avoir emmené le Bélarus en demi-finale olympique en 2002, a alors été appelé à la rescousse. Une solution dans l'urgence, de nouveau, et le sixième sélectionneur en quatre ans...

Ce n'est pas une raison pour écarter la Russie, imprévisible tant son attaque est talentueuse. Il n'y a pas de première ligne désignée mais le danger peut venir de partout. Comme d'habitude, c'est plutôt à l'arrière que ça coince. Les défenseurs offensifs Sergueï Gonchar et Oleg Tverdovsky étant blessés, Andreï Markov sera un peu seul dans ce rôle, notamment en jeu de puissance. Dans les cages, Khabibulin ne veut toujours pas entendre parler de la sélection et Evgueni Nabokov est reparti en Californie auprès de sa femme malade. Or, tous les meilleurs gardiens de la Superliga russe sont étrangers. Maksim Sokolov, qui a perdu sa place de titulaire à l'Avangard Omsk, se retrouve de fait n°1 en sélection. Et il est dans la même situation que les Nord-Américains Brodeur et Di Pietro, à savoir qu'il ressort de plusieurs mois sans compétition.

Gardiens : Aleksandr Eremenko (Dynamo Moscou, 25 ans), Maksim Sokolov (Avangard Omsk, 32 ans), Sergei Zvyagin (Neftekhimik Nijnekamsk, 34 ans).

Défenseurs : Denis Denisov (Ak Bars Kazan, 23 ans), Sergei Gusev (Avangard Omsk, 29 ans), Aleksandr Karpovtsev (Lokomotiv Yaroslavl, 25 ans), Dmitri Kalinin (Metallurg Magnitogorsk, 24 ans), Andrei Markov (Dynamo Moscou, 26 ans), Vitali Proshkin (Ak Bars Kazan, 28 ans), Aleksandr Ryazantsev (Lokomotiv Yaroslavl, 25 ans), Sergueï Vyshedkevich (Dynamo Moscou, 27 ans).

Attaquants : Maksim Afinogenov (Dynamo Moscou, 25 ans), Vladimir Antipov (Lokomotiv Yaroslavl, 27 ans), Pavel Datsyuk (Dynamo Moscou, 26 ans), Fedor Fedorov (Metallurg Magnitogorsk, 23 ans), Aleksandr Kharitonov (Dynamo Moscou, 29 ans), Ilya Kovalchuk (Ak Bars Kazan, 22 ans), Aleksei Kovalev (Ak Bars Kazan, 32 ans), Viktor Kozlov (Lada Togliatti, 30 ans), Evgueni Malkin (Metallurg Magnitogorsk, 18 ans), Ivan Nepryaev (Lokomotiv Yaroslavl, 23 ans), Aleksandr Ovechkin (Dynamo Moscou, 19 ans), Aleksandr Semin (Lada Togliatti, 21 ans), Aleksei Yashin (Lokomotiv Yaroslavl, 31 ans), Sergei Zinoviev (Ak Bars Kazan, 25 ans).

 

On l'a dit en introduction, les Mondiaux à domicile n'ont jamais donné l'occasion à l'Autriche de briller. Cela risque encore d'être le cas cette fois-ci. Le sort s'acharne en effet. Le fait de tomber sur le Bélarus au premier tour est un véritable piège en travers de la route du pays organisateur. En cas de défaite dans ce match capital, qui conditionnera en bonne partie le moral du public autrichien pendant la compétition, il faudra dire adieu à d'éventuels derbys germaniques enflammés au deuxième tour et jouer la poule de relégation pour éviter le spectacle d'une descente à domicile, comme il y a neuf ans.

À l'époque, un jeune espoir nommé Dieter Kalt était la lueur d'espoir pour une possible remontée de l'Autriche. Maintenant, il y a de nombreux jeunes prometteurs dans le pays, dans l'immédiat, Kalt, devenu un capitaine respecté, se retrouve avec de sérieuses responsabilités tant il est seul au poste de centre. Le déficit à cette position, déjà amplifié par l'absence de Szücs blessé, s'est transformé en gouffre lorsque les ligaments du genou de Thomas Koch ont cédé contre la Slovénie en amical. Koch, le meilleur joueur lors des décevantes qualifications olympiques, celui qui s'est imposé en Elitserien et dont la jeune ligne avec Welser et Setzinger était la seule à fonctionner parfaitement... Quant à la jeune star Thomas Vanek, elle est retenu en AHL avec son équipe de Rochester, qui a même eu la mauvaise idée d'éliminer des play-offs celle d'Andreï Kastitsyn, libérant ainsi le grand espoir du concurrent direct, le Bélarus... Et ne parlons même pas de Christoph Brandner. Depuis qu'il a quitté la DEL il y a deux ans, son rêve américain, qui a duré quelques semaines en NHL, s'est vite transformé en cauchemar, avec des pépins musculaires à répétition et des opérations. Il a signé en Suède l'an prochain, mais est convalescent et donc absent.

La guigne touche aussi les gardiens, puisque Divis et Dalpiaz sont tous deux blessés. Les prometteurs Bernd Brückler et Patrick Machreich se retrouvent donc plus vite que prévu propulsés au-devant de la scène. La défense n'a pas d'absents à déplorer, pour sa part, mais ce n'est pas le point fort de l'Autriche et elle manque de vitesse. Après Viveiros, on a même appelé un second arrière canadien naturalisé, Mike Stewart. Il amène sa présence physique à une équipe était déjà bien servie avec les Lakos.

Les supporters étaient plutôt pessimistes par rapport au match contre le Bélarus, ils le sont maintenant complètement. Il en est même qui souhaitent un échec pour en finir avec le sélectionneur Herbert Pöck, dont les choix sont toujours aussi contestés, comme l'appel à des attaquants de Klagenfurt qui ne font pas l'unanimité.

Gardiens : Bernd Brückler (University of Wisconsin, USA, 23 ans), Patrick Machreich (Graz, 24 ans), Jürgen Penker (Salzbourg, 22 ans).

Défenseurs : André Lakos (Syracuse, AHL, 25 ans), Philippe Lakos (Vienne, 24 ans), Robert Lukas (Vienne, 26 ans), Mike Stewart (Villach, 32 ans), Martin Ulrich (Düsseldorf, ALL, 35 ans), Gerhard Unterluggauer (Innsbruck, 28 ans), Emanuel Viveiros (Linz, 39 ans).

Attaquants : Raimund Divis (Innsbruck, 27 ans), Christoph Harand (Linz, 23 ans), Patrick Harand (Salzbourg, 21 ans), Dieter Kalt (Vienne, 30 ans), Roland Kaspitz (Innsbruck, 23 ans), Markus Peintner (Vienne, 24 ans), Gerald Ressmann (Klagenfurt, 34 ans), Mario Schaden (Klagenfurt, 33 ans), David Schuller (Klagenfurt, 24 ans), Oliver Setzinger (HPK Hämmenlinna, FIN, 21 ans), Matthias Trattnig (Syracuse, AHL, 25 ans), Daniel Welser (Klagenfurt, 22 ans).

Il n'y a que vingt-deux joueurs inscrits car une place est en réserve pour le polyvalent Thomas Pöck (Hartford, AHL, 23 ans) s'il peut arriver ce week-end. Les jokers qui s'entraînent avec le groupe sont par ailleurs le défenseur Sven Klimbacher (Innsbruck, 23 ans) et les attaquants Philippe Horsky (Klagenfurt, 22 ans) et Patrick Mössmer (Innsbruck, 22 ans).

 

Lorsqu'une qualification olympique s'envole de manière aussi incroyable que pour le Bélarus en février (trois buts encaissés dans les cinq dernières minutes contre la Lettonie alors que le billet pour Turin paraissait acquis), on doit s'attendre à une révolution. Le sélectionneur Zakharov a évidemment été brocardé, et la fédération s'est mis en quête d'un homme au coaching plus réactif. Alors, pourquoi pas le chercher au Canada ? Le lock-out en NHL faisait qu'il y avait pléthore de spécialistes libres, du moins pour une mission à court terme. Glen Hanlon, le coach des Washington Capitals, a ainsi débarqué dans un des pays les plus marqués par l'ancien système soviétique. Un véritable choc des deux mondes, dont les Russes ont parfois parlé sur le ton de la conversation sans jamais oser l'entreprendre.

Pour la première fois, un Canadien se retrouve à la tête d'une équipe issue de l'URSS, où le hockey s'était construit sur une philosophie entièrement différente sans influence nord-américaine. Même si des joueurs sont passés d'un bloc à l'autre depuis la fin de la guerre froide, les différences culturelles entre entraîneurs sont encore immenses. Hanlon, le premier à franchir le pas, s'en est vite rendu compte.

Le Canadien exige un comportement professionnel jusqu'au bout des ongles lors des entraînements et des matches, mais ne se mêle pas de savoir ce que les joueurs font en dehors (les soirées d'anniversaire ont ainsi eu lieu sans le moindre "chaperon" pendant la préparation). Si cette bride relâchée a sûrement été appréciée, d'autres bouleversements profonds ont sans doute plus de mal à passer chez les vétérans. Avant sa venue, les Biélorusses raisonnait encore en blocs de cinq joueurs, comme à l'époque soviétique, et il a cassé ces habitudes puisque, dans la mentalité nord-américaine, un bon hockeyeur doit pouvoir évoluer avec n'importe qui. Ce que le Bélarus peut perdre en connaissance collective, il pourrait le gagner en vitesse de jeu, car Hanlon programme des entraînements bien plus courts à un rythme plus fort. Tous ses choix traduisent un background culturel complètement différent, comme son obsession des grands gabarits au centre. Du coup, Alekseï Kalyuzhny, le champion d'Europe avec Omsk qui était un fidèle de Zakharov et un pivot de la première ligne, n'a même pas été sélectionné.

En seulement un mois et demi, Glen Hanlon aura-t-il pu transformer le Bélarus pour en faire une formation répondant aux standards canadiens ? Une révolution aussi radicale et aussi soudaine est une rareté dans l'histoire du sport, et l'équipe de hockey sur glace du Bélarus sera donc une des curiosités de ces championnats du monde.

Gardiens : Stepan Goryachevskikh (Yunost Minsk, 19 ans), Andreï Mezin (SKA Saint-Pétersbourg, RUS, 30 ans), Sergueï Shabanov (Metallurg Novokuznetsk, RUS, 31 ans).

Défenseurs : Andreï Bashko (Keramin Minsk, 22 ans), Sergueï Erkovich (Yunost Minsk, 31 ans), Vladimir Kopat (Yunost Minsk, 34 ans), Aleksandr Makritsky (Gomel, 33 ans), Oleg Mikulchik (Yunost Minsk, 40 ans), Aleksandr Ryadinsky (Keramin Minsk, 27 ans), Vladimir Svita (Keramin Minsk, 34 ans), Aleksandr Zhurik (HK MVD Tver, RUS, 29 ans).

Attaquants : Dmitri Dudik (Yunost Minsk, 27 ans), Tsimafei Filin (Dynamo Minsk, 20 ans), Mikhaïl Grabovsky (Neftekhimik Nijnekamsk, RUS, 21 ans), Andreï Kastsitsyn (Hamilton, AHL), Konstantin Koltsov (Spartak Moscou, RUS, 24 ans), Alekseï Krutikov (Keramin Minsk, 25 ans), Andreï Mikhalev (Keramin Minsk, 27 ans), Andreï Skabelka (Yunost Minsk, 34 ans), Alekseï Strakhov (Yunost Minsk, 29 ans), Vladimir Tsyplakov (CSKA Moscou, RUS, 35 ans), Alekseï Ugarov (Yunost Minsk, 20 ans), Sergueï Zadelenov (Yunost Minsk, 29 ans)

 

 

Groupe B

Le Canada a tout récupéré dans son escarcelle : Jeux olympiques, Championnats du monde et Mondiaux juniors des moins de vingt ans. Après avoir réaffirmé sa suprématie sur le hockey mondial, il doit maintenant la défendre. Depuis deux mois, les États-Unis ont porté les premiers assauts en le battant en finale chez les moins de 18 ans et chez les féminines. Et tous les Européens ont hâte de reprendre le titre mondial. Tout le problème consiste à savoir si le moment est ou non propice à la chute du Canada. En clair, le lock-out en NHL est-il un avantage ou un inconvénient pour lui ?

L'avantage, c'est qu'il peut avoir tous ses meilleurs joueurs à disposition. Avantage à tempérer puisque les trois attaquants qui ont conduit Tampa Bay à la Coupe Stanley l'an passé se sont ajoutés l'un après l'autre à la liste des absents. Brad Richards s'est blessé à l'aine en janvier peu après son retour à la compétition à Kazan, Martin Saint-Louis a quitté Lausanne peu après quand sa femme enceinte est tombée malade, et enfin Vincent Lecavalier va se faire opérer de la blessure au genou qui le taraude depuis un an et ne l'a pas empêché de continuer à jouer, y compris pour un lucratif contrat avec Ak Bars Kazan. Autre titulaire attendu décommandé, Daniel Brière, un des meilleurs centres des deux derniers Mondiaux, s'est blessé en play-offs avec Berne. Ce que permet surtout l'annulation de la NHL, c'est de retrouver la défense-type nouvelle génération qui a pris le pouvoir à la coupe du monde, celle des Regehr, Hannan, Redden ou Jovanovski.

L'inconvénient, c'est le manque de pratique de ceux qui n'ont pas joué en compétition depuis de longs mois. C'est justement le cas de ces arrières, mais aussi des deux premiers gardiens Brodeur et Luongo. Le staff canadien avait le choix de faire appel à plus ou moins de joueurs ayant gardé le rythme du jeu en Europe. Quelques vétérans se sont d'eux-mêmes mis hors jeu par ce critère (Niedermayer, Sakic, Iginla et Lemieux), mais d'autres se sont entraînés et maintenus en condition consciencieusement tout au long de la saison. Ryan Smyth, une fois qu'il s'est assuré que sa femme et son tout jeune bébé se portaient bien, a encore répondu présent. Celui qui est devenu capitaine en 2001 quand Mike Peca s'est blessé portera le "C" sur son maillot à la feuille d'érable pour le cinquième championnat du monde consécutif, et nul n'a mieux mérité cette lettre que lui.

Les pays européens ont tous choisi de ne pas faire appel à des joueurs ayant passé une saison blanche. Les Canadiens ont pris ce risque, alors qu'ils avaient les moyens de faire autrement, au vu de leur immense réservoir de joueurs (même les Américains n'ont pas pris autant de joueurs au "chômage technique" alors qu'ils ont un panel plus étroit de sélectionnables). Mais ils le font en connaissance de cause, c'est donc qu'ils considèrent que le jeu en valait la chandelle. Il est vrai que les Nord-Américains sont beaucoup plus capables que les Européens d'atteindre leur meilleur niveau avec une préparation courte, et le fait de ne pas sortir d'une saison épuisante au calendrier infernal peut aussi être bénéfique pour la fraîcheur. Croire que le Canada puisse être hors de forme serait donc assez candide.

Gardiens : Martin Brodeur (NHL, sans jouer, 32 ans), Roberto Luongo (NHL, sans jouer, 26 ans), Marty Turco (Djurgården, SUE, 29 ans).

Défenseurs : Dan Boyle (Djurgården, SUE, 28 ans), Scott Hannan (NHL, sans jouer, 26 ans), Ed Jovanovski (NHL, sans jouer, 28 ans), Chris Phillips (Brynäs, SUE, 27 ans), Wayne Redden (NHL, sans jouer, 28 ans), Robyn Regehr (NHL, sans jouer, 25 ans), Sheldon Souray (Färjestad, SUE, 28 ans).

Attaquants : Shane Doan (NHL, sans jouer, 28 ans), Kris Draper (NHL, sans jouer, 33 ans), Mike Fisher (Zoug, SUI, 24 ans), Simon Gagné (NHL, sans jouer, 25 ans), Dany Heatley (Ak Bars Kazan, RUS, 24 ans), Kirk Maltby (NHL, sans jouer, 32 ans), Patrick Marleau (NHL, sans jouer, 25 ans), Brendan Morrison (Linköping, SUE, 27 ans), Brenden Morrow (Oklahoma, CHL, 26 ans), Rick Nash (Davos, SUI, 20 ans), Ryan Smyth (NHL, sans jouer, 29 ans), Joe Thornton (Davos, SUI, 25 ans), Scott Walker (NHL, sans jouer, 31 ans).

 

D'habitude, les sélectionneurs des États-Unis essuyaient le refus d'une trentaine de joueurs. Cette année, ce sont eux qui sont en position de force et n'ont pas hésité à écarter des stars prestigieuses. Une révolution culturelle qui pourrait changer en profondeur la politique de la fédération américaine. Contrairement à son homologue canadienne, elle a toujours été incapable de valoriser les joueurs qui répondaient aux convocations par rapport aux autres. Incohérente dans ses choix, elle n'a jamais vraiment récompensé les services rendus et s'affichait ainsi comme peu digne de considération.

Le tort de USA Hockey, c'était d'avoir glorifié à l'excès les joueurs qui avaient gagné la coupe du monde en 1996. Leur image de vainqueurs n'a jamais été remise en cause. La fédération leur a ensuite tout pardonné, y compris leurs frasques après leur élimination de Nagano qui ont pourtant gravement nui à l'image du hockey américain. Ces incidents ont certainement eu plus de répercussions médiatiques que la victoire de 1996 n'en avait eu de positives, mais peu importe. Les superlatifs restaient de mise pour désigner les intouchables, les porte-drapeaux statufiés, et peu importe s'ils n'avaient rien montré depuis lors, surtout pas leur attachement au maillot national. Il a fallu attendre huit ans, et l'organisation d'une nouvelle coupe du monde en septembre dernier, pour que cette aura à la durée exagérément longue s'estompe. En osant mettre Brett Hull sur le banc, l'entraîneur Ron Wilson s'autorisa un "droit d'inventaire" sur la génération des vétérans qu'il avait lui-même conduite à la gloire.

La prise de conscience a été fulgurante. Le culte de la victoire avait interdit tout sens critique pendant huit ans, mais il ne tenait plus une fois qu'une défaite dans le même contexte l'avait irrémédiablement effacé. Les responsables américains pouvaient alors pousser vers la sortie les anciens sans s'embarrasser de scrupules. Parmi les vétérans, il ne reste plus que Doug Weight et le capitaine Mike Modano. Et les États-Unis n'y ont pas perdu au change. Les jeunes vont enfin pouvoir être considérés comme ils le méritent. Et on peut espérer que la fédération américaine saura en tirer les leçons. Au lieu de glorifier une poignée de stars dédaigneuses, elle a maintenant les moyens - si elle en a la volonté - de promouvoir une nouvelle génération capable de la respecter. Aujourd'hui, tous les meilleurs joueurs du pays passent par son programme de formation, dont on a encore vu le résultat il y a quinze jours quand Phil Kessel et ses coéquipiers sont devenus de brillants champions du monde des moins de dix-huit ans.

C'est peut-être le début d'une nouvelle ère pour le hockey américain. Une ère où l'on arrêtera de se passer en boucle les images de quelques miracles mythifiés en ignorant complètement les moments moins reluisants de la sélection américaine. Une ère où l'on prendra son rôle à cśur et où l'on se déplacera toujours pour un podium. Ces championnats du monde sont l'occasion d'opérer ce changement. Dès la première phase, une éventuelle victoire contre le Canada pourrait donner une leçon historique. Celle qu'il ne faudra plus jamais sous-estimer les États-Unis...

Gardiens : Ty Conklin (Wolfsburg, ALL, 29 ans), Rick Di Pietro (NHL, sans jouer, 23 ans), Tim Thomas (Jokerit Helsinki, FIN, 31 ans).

Défenseurs : Hal Gill (Lukko Rauma, FIN, 30 ans), Brett Hauer (Zoug, SUI, 33 ans), Jordan Leopold (NHL, sans jouer, 24 ans), John-Michael Liles (Iserlohn, ALL, 24 ans), Aaron Miller (NHL, sans jouer, 33 ans), Paul Martin (Fribourg-Gottéron, SUI, 24 ans), Andy Roach (Lausanne, SUI, 31 ans).

Attaquants : Erik Cole (Eisbären Berlin, ALL, 26 ans), Matt Cullen (Cortina, ITA, 28 ans), Brian Gionta (Albany, AHL, 26 ans), Adam Hall (KalPa Kuopio, FIN, 24 ans), Jeff Halpern (Kloten, SUI, 28 ans), Mike Knuble (Linköping, SUE, 32 ans), David Legwand (Bâle, SUI, 24 ans), Mike Modano (NHL, sans jouer, 34 ans), Richard Park (Langnau, SUI, 28 ans), Mark Parrish (NHL, sans jouer, 28 ans), Yan Stastny (Nuremberg, ALL, 22 ans), Doug Weight (Francfort, ALL, 34 ans), Mike York (Iserlohn, ALL, 27 ans).

 

L'icône Arturs Irbe a encore été sorti de sa retraite à trente-huit ans pour venir aider de nouveau l'équipe de Lettonie. Et on aura d'autant plus besoin de lui que son habituel suppléant Sergejs Naumovs s'est blessé au pied. La relève est toujours incertaine chez les gardiens, poste particulier où un petit pays ne peut pas voir un Irbe naître à chaque génération. Mais pour le reste, les jeunes arrivent. Enfin ! Avec un staff entièrement local aux commandes, la mission de rajeunissement a pu être accomplie. Il y a eu un trou générationnel incontestable, mais la jeune garde commence à poindre. Et la promotion inattendue des juniors lettons dans l'élite mondiale prouve que le processus pourra continuer. Le risque est qu'il faille passer entre-temps quelques années de transition... or le championnat du monde à domicile a lieu l'an prochain.

En attendant cette échéance décisive, la Lettonie s'apprête à un Mondial sans trop de surprises. Elle semble suffisamment solide et expérimentée pour assurer son maintien contre la Slovénie, mais les quarts de finale paraissent un rêve impossible à atteindre face aux deux nations nord-américaines, puis aux Suédois et Finlandais. Leur défense paraît trop juste physiquement, et elle est d'ailleurs privée d'Arvids Rekis, victime d'une commotion cérébrale en quarts de finale de DEL après une mise en échec de l'international américain Erik Cole, une charge qui a fait couler beaucoup d'encre et a divisé l'Allemagne du hockey en deux.

Pendant leur préparation, les Baltes ont prouvé qu'ils pouvaient mener la vie dure aux adversaires les plus forts, mais il leur sera difficile de les devancer. Les rivaux "de leur niveau" semblent plutôt se trouver à Vienne qu'à Innsbruck, et ils paraissent donc se diriger vers une place de cinquième de la deuxième phase (commune aux groupes B et C). Mais il est peu probable qu'ils se contentent de cela. Ils le doivent non seulement à leurs bruyants supporters, mais aussi à Sergejs Zoltoks. Celui qui était devenu leur leader offensif est décédé en novembre à l'issue d'un match à Minsk, sans doute des suites d'une arythmie cardiaque qui avait déjà été diagnostiquée il y a deux ans au Minnesota sans qu'elle lui ait interdit le retour au jeu. C'est à lui qu'ils penseront s'ils doivent trouver une motivation supplémentaire pour réussir l'impossible.

Gardiens : Arturs Irbe (sans jouer, 38 ans), Edgars Masalskis (Dukla Jihlava, TCH, 25 ans), Martins Raitums (HK Riga 2000, 20 ans).

Défenseurs : Guntis Galvinš (HK Riga 2000, 19 ans), Viktor Ignatjevs (Linz, AUT, 35 ans), Rodrigo Lavinš (HK Riga 2000, 30 ans), Agris Saviels (Hershey, AHL, 23 ans), Karlis Skrastinš (HK Riga 2000, 30 ans), Olegs Sorokins (Ässät Pori, FIN, 31 ans), Atvars Tribuncovs (Spartak Moscou, RUS, 28 ans).

Attaquants : Girts Ankipans (HK Riga 2000, 29 ans), Aigars Cipruss (Spartak Moscou, RUS, 33 ans), Martins Cipulis (HK Riga 2000, 24 ans), Aleksandrs Macijevskis (Odense, DAN, 29 ans), Aleksandrs Nizivijs (Björklöven, SUE, 28 ans), Grigorijs Pantelejevs (Arboga, SUE, 32 ans), Mikelis Redlihs (HK Riga 2000, 20 ans), Aleksandrs Semjonovs (Arboga, SUE, 32 ans), Aleksejs Sirokovs (Amur Khabarovsk, RUS, 24 ans), Janis Sprukts (HK Riga 2000, 23 ans), Leonids Tambijevs (Coire, SUI, 34 ans), Herberts Vasiljevs (Nuremberg, ALL, 28 ans), Maris Ziedins (Greenville, ECHL, 20 ans).

 

La Slovénie a atteint un niveau d'élite sur le plan de l'organisation tactique, mais elle est structurellement encore en retard. En février dernier, une grève des joueurs a dû être désamorcée avant le match amical contre la France pour une question de retard de paiement. La fédération n'a pas non plus les moyens de se payer un entraîneur à plein temps. En poste depuis deux ans, Kari Savolainen vit toujours en Finlande, où il travaille pour la fédération dans différents plans de développement. Cela ne l'empêche pas de faire du bon boulot quand il rejoint la sélection slovène. Il l'a amenée dans l'élite, mais le plus dur sera de l'y maintenir.

En d'autres temps, l'équipe de Slovénie aurait été considérée avec dédain par les Nord-Américains, comme un de ces faire-valoir que l'on rencontre dans les compétitions internationales sans leur prêter attention. Mais cette année, les observateurs seront particulièrement attentifs. Ils auront tous les yeux rivés sur Anze Kopitar, un jeune prodige de dix-sept ans qui fait ses années juniors en Suède et qui est déjà coté comme un des talents les plus prometteurs de sa génération. Il est couvé par son père Matjaz, qui est aussi l'entraîneur-adjoint de l'équipe nationale et qui ne veut pas que son fils se brûle les ailes. Il avait déconseillé à Savolainen de le sélectionner dès l'an passé aux Mondiaux de D1 car il le trouvait trop jeune.

Si un joyau de la valeur de Kopitar est une bénédiction pour une nation mineure du hockey comme la Slovénie, il ne faut pas oublier que ce pays possède d'autres joueurs qui, sans être exceptionnels d'un point de vue international, ont un talent certain. Les attaquants talentueux sont nombreux, emmenés par Tomaz Razingar, quelques défenseurs ont commencé à se faire un nom à l'étranger, comme Ciglenecki et Rebolj en Italie, mais le réservoir à l'arrière est très limité et les gardiens sont encore assez tendres.

Gardiens : Gaber Glavic (Jesenice, 26 ans), Andrej Hocevar (Olimpija Ljubljana, 20 ans), Robert Kristan (Jesenice, 22 ans).

Défenseurs : Robert Ciglenecki (Cortina, ITA, 30 ans), Damjan Dervaric (Olimpija Ljubljana, 23 ans), Tomo Hafner (Jesenice, 24 ans), Miha Rebolj (Val Pusteria, ITA, 27 ans), Mitja Robar (Olimpija Ljubljana, 22 ans), Mitja Sotlar (Jesenice, 25 ans), Bojan Zajc (Pontebba, ITA, 39 ans).

Attaquants : Jaka Avgustincic (Slavija Ljubljana, 28 ans), Jurij Golicic (Jesenice, 24 ans), Ivo Jan (Krefeld, ALL, 30 ans), Dejan Kontrec (Slavija Ljubljana, 35 ans), Anze Kopitar (Södertälje juniors, SUE, 17 ans), Tomaz Razingar (Jesenice, 30 ans), David Rodman (Jesenice, 21 ans), Marcel Rodman (Jesenice, 23 ans), Peter Rozic (Jesenice, 31 ans), Mitja Sivic (Kristall Saratov, RUS, 25 ans), Edo Terglav (Briançon, FRA, 25 ans), Dejan Varl (Jesenice, 31 ans), Luka Zagar (Jesenice, 26 ans).

 

 

Groupe C

Après quatre ans d'échecs répétés, Hardy Nilsson a finalement été démis de ses fonctions de sélectionneur national. Les innovations tactiques et les ambitions offensives ne sont plus à l'ordre du jour. Un seul mot est inscrit au tableau, gagner. Ce que la Suède veut, c'est goûter à nouveau au plaisir égoïste de la victoire, pas entendre des paroles de réconfort sur la qualité de son jeu. Elle revient donc à ce qui a fait sa réputation, l'organisation défensive. Bengt-Åke Gustafsson était le meilleur de l'Elitserien dans ce domaine avec Färjestad, et c'est logiquement lui qu'on est allé chercher. De son précédent passage à la tête de la sélection nationale, on retient deux choses. Sa stratégie défensive, d'une part, et les titres rapportés, de l'autre. L'expérience Hardy n'a fait que renforcer le sentiment que l'un et l'autre sont liés. On en revient donc aux bases tactiques, celles qui ont fait leur preuve et où chaque Suédois se sent dans son élément.

L'absence de stars n'est donc pas gênante de ce point de vue. Les "meilleures équipes de l'histoire de la Suède", dont on nous a rebattu les oreilles ces dernières années, n'ont pas ramené la moindre médaille d'or. On fera sans Forsberg, qui a accumulé les retours au jeu vite avortés cette saison et est toujours en délicatesse avec son poignet. On fera sans Sundin, qui est le joueur au monde qui avait accumulé le plus de matches de haut niveau ces dernières années, club et sélection confondus, et qui avait bien besoin d'une année sabbatique complète pour se régénérer. On fera sans Näslund, qui a tiré lui-même les conclusions d'une saison pas convaincante à MoDo. On fera sans Huselius, qui a tout gâché par un comportement sexuel controversé aux Sweden Hockey Games et a été suspendu. On fera sans Modin, que Gustafsson aurait bien aimé avoir avec lui mais qui est blessé à la cuisse. Quant à Nylander, on ne l'a même pas considéré un seul instant.

Le fait que l'effectif ne soit pas aussi talentueux que d'autres ne fera que renforcer l'adhésion à des préoccupations tactiques conservatrices. Pour cela, il faut d'abord des attaquants efficaces pour marquer les buts nécessaires. La ligne Axelsson-Påhlsson-Alfredsson a survolé les play-offs suédois avec Frölunda et semble toute désignée. Il faut surtout un gardien brillant, et avec Henrik Lundqvist qui reste sur une saison exceptionnelle, il est tout trouvé. Il faut bien sûr une défense parfaitement au point, et qui sache aussi faire le ménage devant le but. Ce sera le travail par exemple du vétéran Mattias Norström ou encore de Niklas Kronwall, élu meilleur défenseur de l'AHL cette saison. En effet, la réserve concernant Lundqvist est qu'il est encore peu habitué aux adversaires nord-américains et à leur jeu très direct vers la cage. S'il arrive à tenir le choc, ces Mondiaux seront le moment où il percera au plus haut niveau mondial, car il est très doué.

Gardiens : Johan Holmqvist (Brynäs Gävle, 26 ans), Stefan Liv (HV 71 Jönköping, 24 ans), Henrik Lundqvist (Frölunda Göteborg, 22 ans).

Défenseurs : Christian Bäckman (Frölunda, 24 ans), Magnus Johansson (Linköping, 31 ans), Kenny Jönsson (Rögle, 30 ans), Niklas Kronwall (Grand Rapids, AHL, 24 ans), Sanny Lindström* (Timrå, 25 ans), Mattias Norström (AIK, 33 ans), Thomas Rhodin (Fribourg-Gottéron, SUI, 34 ans), Ronnie Sundin (Frölunda, 24 ans).

Attaquants : Daniel Alfredsson (Frölunda, 32 ans), Per-Johan Axelsson (Frölunda, 30 ans), Johan Franzen* (Linköping, 25 ans), Jonathan Hedström (Timrå, 27 ans), Jonas Höglund (Färjestad, 32 ans), Jörgen Jönsson (Färjestad, 32 ans), Magnus Kahnberg (Frölunda, 25 ans), Peter Nordström (Färjestad, 30 ans), Samuel Påhlsson (Frölunda, 27 ans), Mikael Samuelsson (Södertälje, 28 ans), Daniel Sedin (MoDo, 24 ans), Henrik Sedin (MoDo, 24 ans), Mattias Weinhandl (MoDo, 24 ans), Henrik Zetterberg (Timrå, 24 ans).

* jokers pour le deuxième tour

 

Malgré son bilan positif avec une qualification en finale, le sélectionneur Raimo Summanen n'aura pas survécu à la coupe du monde. Le départ soudain de Janne Niinimää - raillé aujourd'hui par une partie du public finlandais pour sa faiblesse mentale et forfait pour les Mondiaux en prétextant une blessure - avait révélé les dissensions qui régnaient dans le vestiaire de la Finlande. Le comportement de Summanen a divisé le pays, entre ceux qui louaient son tempérament de gagneur et ceux qui considéraient qu'un minimum de respect humain était indispensable à une telle fonction. Le meilleur compromis est Jari Kurri, légende à la carrière irréprochable et à l'image lisse, qui est incontournable aujourd'hui dans le hockey finlandais, ce que Summanen, qui voulait les pleins pouvoirs, n'avait pas compris. Le nouveau sélectionneur est un homme plus calme, Erkka Westerlund, ce qui ne l'a pas empêché de s'énerver en voyant certains joueurs tourner le dos à la sélection nationale.

Olli Jokinen, quasiment la seule star restante de l'équipe, a défendu ses camarades absents. Il a expliqué qu'ils seraient certainement ravis de rejoindre la sélection en d'autres circonstances, mais que les femmes de Toni Lydman et du gardien Miikka Kiprusoff attendaient un enfant pour le mois de mai. Quant à Aki Berg et Sami Salo, ils n'ont pas vu leurs familles après avoir passé la saison en Suède (pour ne pas payer d'impôts en Finlande...). Ces défections, particulièrement celles de Kiprusoff et Salo, ont clairement amoindri le compartiment défensif finlandais.

L'attaque est quant à elle décimée par les blessures. Saku Koivu est touché à la main, Teemu Selänne et Sami Kapanen au genou. Les attaquants défensifs Jere Lehtinen et Tuomo Ruutu sont aussi blessés et n'ont pas joué. La Finlande aborde donc la compétition avec beaucoup de modestie par rapport aux autres favoris, mais elle a une formation équilibrée. Elle aura toujours ce qui fait la force du hockey finlandais, ces automatismes qui se retrouvent de ligne en ligne et donnent une cohérence d'ensemble à un effectif sans paillettes.

Gardiens : Niklas Bäckström (Kärpät Oulu, 27 ans), Fredrik Norrena (Linköping, SUE, 31 ans), Pasi Nurminen (Malmö, SUE, 29 ans).

Défenseurs : Jere Karalahti (HIFK Helsinki, 30 ans), Lasse Kukkonen (Kärpät Oulu, 23 ans), Antti-Jussi Niemi (Västra Frölunda, SUE, 27 ans), Petteri Nummelin (Lugano, SUI, 32 ans), Pekka Saravo (Tappara Tampere, 25 ans), Toni Söderholm (HIFK Helsinki, 27 ans), Kimmo Timonen (KalPa Kuopio, 30 ans), Ossi Väänänen (Jokerit Helsinki, 24 ans).

Attaquants : Mikko Eloranta (Rapperswil, SUI, 32 ans), Niklas Hagman (Davos, SUI, 25 ans), Riku Hahl (HPK Hämeenlinna, 24 ans), Jukka Hentunen (Fribourg-Gottéron, SUI, 30 ans), Jussi Jokinen (Kärpät Oulu, 22 ans), Olli Jokinen (HIFK Helsinki, 26 ans), Tomi Kallio (Västra Frölunda, SUE, 28 ans), Niko Kapanen (Zoug, SUI, 26 ans), Petri Pakaslahti (Jokerit Helsinki, 29 ans), Timo Pärssinen (HIFK Helsinki, 28 ans), Ville Peltonen (Lugano, SUI, 31 ans), Jani Rita (HPK Hämeenlinna, 23 ans), Jarkko Ruutu (HIFK Helsinki, 29 ans), Jari Viuhkola (Kärpät Oulu, 25 ans).

 

Le Danemark est la nation en pleine croissance du hockey mondial, et son entraîneur Mikael Lundström a désormais un réservoir suffisant pour prendre des décisions spectaculaires. Il a ainsi décidé d'écarter de la sélection deux des meilleurs joueurs du pays de la dernière décennie, Jens Nielsen et Ronny Larsen, qui ne s'attendaient pas à sortir ainsi par la petite porte. En anticipant la retraite des deux joueurs les plus techniques, Lundström a envoyé un message clair. Déçu de la tournure qu'a prise son équipe lors des dernières Mondiaux et des qualifications olympiques, il veut que la combativité et le travail de l'ombre redeviennent les valeurs de base de la sélection. Dans une interview à la télévision danoise, il a ainsi déploré que les play-offs du championnat local aient été moins intenses et moins physiques que la saison précédente. Pas question de mollir avec lui.

Jens Nielsen avait dû tourner le dos à seize ans au championnat danois - dont il juge avec le recul le niveau de l'époque "catastrophique" - pour progresser en Suède. Ce chemin, beaucoup de ses compatriotes ont essayé de le suivre. Mais aujourd'hui, les jeunes générations danoises sont fortes physiquement et ont une attitude professionnelle dès leurs années juniors. Elles arrivent à atteindre le haut niveau en restant dans leur pays, et le nombre d'expatriés diminue en sélection. Il y en a juste trois qui évoluent en Elitserien. Il n'y a plus de joueurs évoluant en Allsvenskan, le deuxième niveau suédois, tout simplement parce que le championnat danois est devenu plus intéressant. Il est serré et compétitif entre des équipes qui s'appuient sur un nombre limité de bons joueurs étrangers. C'est donc un terreau fertile où les espoirs peuvent percer. Le plus prometteur d'entre eux semble être Peter Regin, et s'il quittera le pays à l'intersaison (vers Timrå), c'est avec le titre de joueur de l'année et avec un niveau déjà international.

Avec la mise à l'écart des vétérans techniques, le Danemark est en train d'opérer sa transition générationnelle. Arrivera-t-il à la mener à son terme sans avoir à passer par un travail de reconstruction en division inférieure ? Cela dépendra en bonne partie du match contre l'Ukraine.

Gardiens : Peter Hirsch (Nordsjælland, 26 ans), Michael Madsen (Herlev, 24 ans), Simon Nielsen (Herning, 18 ans).

Défenseurs : Frederik Åkesson (Aalborg, 38 ans), Andreas Andreasen (Esbjerg, 29 ans), Mads Christensen (Frederikshavn, ans), Morten Dahlmann (Nordsjælland, 27 ans), Jesper Damgaard (MoDo, SUE, 29 ans), Thomas Johnsen (Nordsjælland, 26 ans), Mads Møller (Aalborg, 23 ans), Christian Schioldan (Frederikshavn, 26 ans).

Attaquants : Bo Nordby Andersen (Aalborg, 26 ans), Kasper Degn (Nordsjælland, 23 ans), Lasse Degn (Nordsjælland, 27 ans), Morten Green (MoDo, SUE, 24 ans), Mike Grey (Frederikshavn, 29 ans), Jannik Hansen (Rødovre, 19 ans), Christoffer Kjærgaard (Herning, 24 ans), Nicolas Monberg (Nordsjælland, 24 ans), Frans Nielsen (Malmö, SUE, 21 ans), Peter Regin (Herning, 19 ans), Michael Smidt (Aalborg, 25 ans), Kim Staal (Malmö, SUE, 27 ans), Mads True (Odense, 33 ans).

 

Après les qualifications olympiques, les dirigeants de l'Ukraine avaient promis de ne plus dépenser d'argent inutilement en allant jouer des rencontres amicales en Suisse ou dans d'autres pays lointains, ils ont tenu parole. L'équipe n'a pas bougé de Kiev, et pour toute préparation, elle s'est contentée de deux matches contre un club russe, le Khimik Voskresensk. La dépense a été limitée au minimum.

C'est bien ce que reproche Vadim Shakraïchuk, l'attaquant champion de Russie avec le Dynamo Moscou, qui a clarifié sa position par rapport à la sélection nationale, qu'il avait boycottée aux qualifications olympiques. Il a précisé qu'il n'avait pas d'exigences financières, mais qu'il ne supportait pas les promesses non tenues de certains dirigeants ukrainiens, qui ne respectent pas les joueurs et ne se présentent même pas aux rendez-vous qu'ils fixent. Il est excédé de voir que l'état ukrainien ne finance que le football et que le hockey a stagné en Ukraine depuis dix ans alors qu'il a progressé partout ailleurs. Mais ses relations sont tout à fait normales avec le staff de l'équipe nationale, et il a finalement accepté l'appel d'Aleksandr Seukand. Le sélectionneur national, qui se plaignait l'an passé de ce que seule sa première ligne était à la hauteur, pourra ainsi au moins revoir son leader offensif.

L'effectif est bien plus au complet qu'au tournoi de qualification olympique, il ne manque que Savitsky qui s'est fait une blessure au dernier entraînement et a perdu une place de titulaire qui paraissait acquise. C'est le dernier éliminé de la méthode de sélection mise en place par Seukand. Il avait en effet décidé d'éliminer un joueur à la fin de chaque entraînement. Il a aussi refusé de laisser arriver juste pour les Mondiaux les deux joueurs de NHL Ruslan Fedotenko et Alekseï Ponikarovsky, qui n'avaient pas voulu se soumettre au camp d'entraînement alors même qu'ils n'ont plus joué depuis plusieurs mois. Cette équipe ukrainienne reste quand même de la bricole, puisque le défenseur Zavalnyuk devrait se retrouver à l'attaque. Le maintien est peut-être envisageable, mais le problème de fond reste. Comme aucun nouvel espoir ne pointe à l'horizon, le hockey ukrainien se meurt lentement.

Gardiens : Oleksandr Fedorov (Neman Grodno, BLR, 27 ans), Vadim Selivertsov (Sokol Kiev, 24 ans), Konstantin Simchuk (Metallurg Magnitogorsk, RUS, 31 ans).

Défenseurs : Yuri Gunko (Sokol Kiev, 33 ans), Denis Isaienko (Sokol Kiev, 25 ans), Sergueï Klimentiev (Ak Bars Kazan, 30 ans), Vitali Lyutkevich (Neftyanik Leninogorsk, RUS, 25 ans), Oleksandr Pobyedonotsev (Khimvolokno Mogilev, BLR, 23 ans), Andriy Sryubko (HK MVD Tver, RUS, 29 ans), Vyacheslav Timchenko (Gomel, BLR, 33 ans), Dmytro Tolkunov (Amur Khabarovsk, RUS, 25 ans), Vyacheslav Zavalnyuk (SKA Saint-Pétersbourg, RUS, 29 ans).

Attaquants : Vasyl Bobrovnikov (Sokol Kiev, 33 ans), Artem Hnidenko (Sokol Kiev, 25 ans), Konstantin Kasyanchuk (Sokol Kiev, 25 ans), Vitali Lytvynenko (Sokol Kiev, 29 ans), Oleksandr Matvychuk (Sokol Kiev, 29 ans), Roman Salnikov (Sokol Kiev, 29 ans), Bogdan Savenko (Sokol Kiev, 30 ans), Vitali Semenchenko (Gomel, BLR, 31 ans), Oleg Shafarenko (Khimvolokno Mogilev, BLR, 23 ans), Vadim Shakhraïchuk (Dynamo Moscou, RUS, 29 ans), Oleg Timchenko (Heerenveen, HOL, 27 ans), Dmitro Tsyrul (Kristall Saratov, RUS, 26 ans), Serhiy Varlamov (Sokol Kiev, 26 ans).

 

 

Groupe D

C'est la République Tchèque qui paraît l'équipe la plus à même de détrôner le Canada. Celui-ci n'a pas oublié qu'il avait été dominé par les Tchèques en demi-finale de la coupe du monde en septembre et les prendra très au sérieux. Cette compétition, très mal commencée et bien terminée sur le plan du jeu, avait montré une équipe capable du meilleur comme du pire. Saura-t-elle montrer son visage le plus avenant lorsque commencera l'élimination directe ? Elle en a assurément les moyens, car son talent offensif n'a rien à envier à celui des Canadiens ou des Russes.

Il manque deux attaquants de renom, Patrik Eliaš, qui a contracté une hépatite, et Milan Hejduk, buteur à la production très régulière chaque saison mais souvent montré du doigt cette saison pour son travail défensif, qui est blessé. Mais cela ne se remarque même pas tant l'effectif paraît impressionnant. Un joueur très coté en NHL comme Martin Havlát, qui a un peu ruiné sa réputation cette saison par son comportement envers Znojmo puis le Dynamo, a ainsi été coupé de l'effectif final en dépit de son talent, et cela en dit long sur les possibilités à disposition de Vladimir Ruzicka.

Le potentiel est là, encore faut-il que l'envie suive et que l'engagement soit total. C'est sur ce point que les Tchèques seront surveillés. Même s'il ne sait pas encore si elle mettra l'intensité physique qu'il souhaite voir, Vladimir Ruzicka a l'équipe qu'il souhaite. Il a ainsi tenu tête en retenant Pavel Kubina, qui avait été suspendu pour avoir accusé un arbitre de corruption après son élimination en demi-finale de l'Extraliga. Le président de la ligue professionnelle tchèque avait demandé que le joueur soit aussi exclu de l'équipe nationale, mais Ruzicka avait répondu qu'il n'avait pas d'ordres à recevoir. Si les attaquants font leur part de travail défensif, les lignes arrières sont elles aussi de qualité.

L'expérience est là, autour du capitaine aux 180 sélections David Výborný, et tous ont déjà joué des compétitions internationales, mais il manque juste un détail par rapport aux années de domination du hockey tchèque. À l'époque, il y avait à chaque fois un grand gardien décisif dans l'obtention des titres. Mais la génération des Hašek et Cechmánek est sur le point de tirer sa révérence définitive, et Hnilicka lui-même est loin de son niveau passé. Le titulaire est Tomáš Vokoun, décevant lors de l'élimination du HIFK en quart de finale de la SM-liiga, et le fait qu'Adam Svoboda soit n°3 malgré des play-offs tout aussi ratés avec Nuremberg montre que personne n'est vraiment capable de contester sa place. Au cours des années glorieuses, le gardien, quel qu'il soit, se mettait irrésistiblement au diapason du reste de l'équipe et se sentait pousser des ailes. Cela arrivera-t-il aussi à Vokoun ?

Gardiens : Milan Hnilicka (Liberec, 32 ans), Adam Svoboda (Nuremberg, ALL, 27 ans), Tomáš Vokoun (HIFK Helsinki, FIN, 28 ans).

Défenseurs : Jirí Fischer (Liberec, 24 ans), Jan Hejda (CSKA Moscou, RUS, 26 ans), František Kaberle (MoDo, SUE, 31 ans), Tomáš Kaberle (Kladno, 27 ans), Pavel Kubina (Vítkovice, 28 ans), Jirí Slegr (Litvínov, 33 ans), Jaroslav Špacek (Slavia Prague, 31 ans), Marek Zidlický (HIFK Helsinki, FIN, 28 ans).

Attaquants : Petr Cajánek (Zlín, 29 ans), Radek Dvorák (Ceské Budejovice, 28 ans), Aleš Hemský (Pardubice, 21 ans), Jan Hlavác (Sparta Prague, 28 ans), Jaromír Jágr (Avangard Omsk, RUS, 33 ans), Václav Prospal (Ceské Budejovice, 30 ans), Petr Prucha (Pardubice, 22 ans), Martin Rucinský (Litvínov, 34 ans), Martin Straka (Plzen, 32 ans), Petr Sýkora (Metallurg Magnitogorsk, RUS, 28 ans), Václav Varada (Vítkovice, 29 ans), Josef Vašícek (Slavia Prague, 24 ans), Radim Vrbata (Liberec, 23 ans), David Výborný (Sparta Prague, 30 ans).

 

Pas facile, la succession de Hans Zach à la tête de l'équipe d'Allemagne. Les vieux réflexes ont la vie dure. L'entraîneur américain Greg Poss a eu du mal à décoincer une équipe moulée dans ses tactiques défensives et à mettre en place son système d'inspiration Torpedo, avec deux joueurs envoyés au fore-checking. La transition a été bien plus difficile que prévu. Non pas que l'équipe allemande ait subitement perdu ses capacités défensives, bien au contraire, mais elle a peu marqué tout au long de la saison malgré les intentions offensives affichées.

En plus, l'attaque est privée sur blessure de son capitaine Stefan Ustorf, blessé au genou en finale de DEL, et de sa star Marco Sturm, qui doit être réopéré du genou. L'autre joueur évoluant habituellement en NHL, Jochen Hecht, est incertain car il souffre du bras depuis les demi-finales avec Mannheim. On part donc dans l'inconnu puisque ce sont des lignes inédites qui vont être chargées d'appliquer le nouveau système de Poss. Deux semblent déjà acquises. D'une part, un trio entièrement composé de joueurs d'origine tchèque, avec Petr Fical, Jan Benda et Tomas Martinec. Et d'autre part, la ligne Lewandowski-Boos-Furchner qui reste sur une très bonne saison à Cologne (le club de Zach...).

Difficile de dire si l'Allemagne sera enfin en mesure de proposer quelque chose offensivement. Il serait bien prématuré d'affirmer qu'elle puisse être en mesure de faire le spectacle. Mais ses bases défensives ont été conservées, même si Lüdemann a pris sa retraite internationale après une incompréhension avec le nouveau sélectionneur. Et ses gardiens sont en bonne forme, même sans Kölzig blessé. Elle pourrait donc livrer une prestation comparable à ces dernières années, auquel cas ce qui devait être une "révolution Poss" n'apparaîtrait que comme une discrète transition, qui ne sera perceptible que pour ceux qui voudront s'y attarder.

Gardiens : Oliver Jonas (Eisbären Berlin, 25 ans), Alexander Jung (Düsseldorf, 26 ans), Robert Müller (Krefeld, 24 ans).

Défenseurs : Michael Bakos (Mannheim, 26 ans), Christian Ehrhoff (Cleveland, AHL, 22 ans), Lasse Kopitz (Nuremberg, 24 ans), Nico Pyka* (Mannheim, 27 ans), Andreas Renz (Cologne, 27 ans), Stephan Retzer (Kassel, 28 ans), Stefan Schauer (Nuremberg, 22 ans), Alexander Sulzer* (Düsseldorf, 20 ans), Shayne Wright* (Krefeld, 29 ans).

Attaquants : Alexander Barta (Eisbären Berlin, 22 ans), Jan Benda (Severstal Cherepovets, RUS, 33 ans), Tino Boos (Cologne, 30 ans), Sven Felski (Eisbären Berlin, 30 ans), Petr Fical (Nuremberg, 27 ans), Sebastian Furchner (Cologne, 22 ans), Marcel Goc (Cleveland, AHL, 21 ans), Jochen Hecht* (Mannheim, 27 ans), Klaus Kathan* (Düsseldorf, 28 ans), Daniel Kreutzer (Düsseldorf, 25 ans), Eduard Lewandowski (Cologne, 24 ans), Tomas Martinec (Nuremberg, 29 ans), Andreas Morczinietz* (Hanovre, 27 ans).

* non encore sur la liste officielle. L'Allemagne n'a inscrit pour l'instant que six défenseurs en raison de la possible arrivée Dennis Seidenberg et Christoph Schubert s'ils sont éliminés des play-offs d'AHL.

 

Il y a deux matches essentiels lors du premier tour. Le premier opposera l'Autriche au Bélarus, pour éviter la poule de maintien, et le second est celui entre la Suisse et l'Allemagne. Une option pour une place en quart de finale s'y jouera déjà, et à travers cela la huitième place au classement IIHF et la qualification du champion national pour la Coupe d'Europe des clubs champions... Ces deux pays sont probablement destinés à se croiser souvent dans les années à venir, et les Helvètes aimeraient reprendre l'avantage sur la lancée de l'an passé.

Ils ont tout à fait les moyens de réaliser un grand championnat du monde. On semble revenu aux premières années de l'ère Krueger, avant le déferlement médiatique. La "Nati" travaille sereinement, les joueurs adhèrent au message, et ceux qui déclinent encore la sélection, comme la révélation de la saison Jonas Hiller (Davos) qui a invoqué une fatigue physique et mentale, ne gênent plus vraiment le sélectionneur, surtout quand celui-ci a des gardiens comme Gerber et Aebischer à disposition. Aujourd'hui, une vraie concurrence s'est mise en place entre un nombre suffisant de candidats à la sélection, car il y a peu de blessés (juste Steinegger, Wirz et Jenni). Et la Suisse a montré aux qualifications olympiques sa capacité à battre en toute confiance des équipes présumées inférieures, ce qui n'a pas toujours été le cas.

Cette nouvelle Suisse, c'est une équipe plus physique, capable d'évoluer à un rythme plus élevé. C'est une défense solide et de plus en plus prometteuse, qui dispose d'un vrai leader avec le capitaine Mark Streit. C'est un jeu de puissance en progrès grâce à l'intégration du spécialiste Paul di Pietro, Canadien récemment naturalisé. C'est un chef d'orchestre offensif, Martin Plüss, qui a su convaincre l'Elitserien suédoise de sa valeur. Ce n'est toujours pas par contre une équipe qui sait concrétiser ses occasions... Un buteur, voilà ce qui manque au tableau pour vraiment viser plus haut. Ni Rüthemann ni Wichser ne correspondent vraiment au profil.

Gardiens : David Aebischer (Lugano, 27 ans), Marco Bührer (Berne, 25 ans), Martin Gerber (Färjestad, SUE, 30 ans).

Défenseurs : Goran Bezina (Genève-Servette, 25 ans), Severin Blindenbacher (Kloten, 22 ans), Beat Forster (Davos, 22 ans), Cyrill Geyer (Rapperswil, 24 ans), Olivier Keller (Lugano, 24 ans), Mathias Seger (ZSC Lions, 27 ans), Mark Streit (ZSC Lions, 27 ans), Julien Vauclair (Lugano, 25 ans).

Attaquants : Andres Ambühl (Davos, 21 ans), Patrik Bärtschi (Kloten, 20 ans), Flavien Conne (Lugano, 25 ans), Patric Della Rossa (ZSC Lions, 29 ans), Paul di Pietro (Lugano/Coire, 35 ans), Patrick Fischer (Zoug, 29 ans), Sandy Jeannin (Lugano, 29 ans), Romano Lemm (Kloten, 20 ans), Thierry Paterlini (Davos, 29 ans), Martin Plüss (Frölunda Göteborg, SUE, 28 ans), Kévin Romy (Genève-Servette, 20 ans), Ivo Rüthemann (Berne, 28 ans), Adrian Wichser (Lugano, 25 ans), Thomas Ziegler (Berne, 26 ans).

 

Le Kazakhstan est la formation la plus anachronique du hockey mondial. On ne l'a pas prévenue que dans le nouveau siècle on ne jurait plus que par la vitesse de jeu. Elle a réussi à se qualifier pour les Jeux Olympiques en endormant les équipes en face avec un faux rythme. Elle sait éprouver la patience de ses adversaires pas habitués à tant de lenteur en match international, et peut lancer des contre-attaques parfaitement réglées. Si le Bélarus est en voie de "canadisation", le Kazakhstan résiste encore.

Alors que la plupart des participants ont multiplié les matches amicaux et soigné leur préparation, l'Ukraine et le Kazakhstan sont restés à l'écart. Ce dernier a disputé un seul "match", ou plutôt une aimable plaisanterie, une victoire 16-2 à Budapest contre Ferencváros, le quatrième du championnat de Hongrie. Encore une fois, c'est donc sur l'effet de surprise que jouera l'équipe de l'entraîneur Nikolaï Myshagin et du manager Mark Dolgov, qui ne passe pas inaperçu avec sa coiffure "à la Don King".

Mais est-ce que cela suffira au niveau mondial, sachant que le Kazakhstan est privé de son meilleur gardien Vitali Eremeïev, de son meilleur défenseur Alekseï Troshchinsky et de son meilleur attaquant Nikolaï Antropov. Les deux premiers ont contribué a titre de champion russe du Dynamo Moscou, mais Eremeïev, auteur d'une excellente saison, a encore le genou fragile. Quant à Antropov, il a prétexté des raisons familiales. Cependant, ces trois-là étaient déjà absents aux qualifications olympiques, et on reverra quand même le Kazakhstan aux JO de Turin. Il serait donc dangereux d'enterrer cette équipe dont la grande force est d'évoluer dans la continuité depuis plusieurs saisons, au sein de l'effectif du Kazzinc-Torpedo Ust-Kamenogorsk.

Gardien : Vitali Kolesnik (Ust-Kamenogorsk, 25 ans), Sergueï Ogureshnikov (Amur Khabarovsk, RUS, 28 ans), Sergueï Tambulov (Metallurg Serov, RUS, 30 ans).

Défenseurs : Artyom Argokov (Ust-Kamenogorsk, 29 ans), Evgueni Blokhin (Kazakhmys Karaganda, 25 ans), Alekseï Koledaïev (Metallurg Novokuznetsk, RUS, 29 ans), Oleg Kovalenko (Ust-Kamenogorsk, 30 ans), Alekseï Litvinenko (SKA Saint-Pétersbourg, RUS, 25 ans), Andreï Sokolov (Metallurg Magnitogorsk, RUS, 37 ans), Alekseï Vassilchenko (Neftekhimik Nijnekamsk, RUS, 24 ans).

Attaquants : Sergueï Aleksandrov (Ust-Kamenogorsk, 26 ans), Dmitri Dudarev (Sibir Novossibirsk, RUS, 29 ans), Anton Komissarov (Ust-Kamenogorsk, 27 ans), Aleksandr Koreshkov (Mechel Chelyabinsk, RUS, 36 ans), Evgueni Koreshkov (Mechel Chelyabinsk, RUS, 35 ans), Roman Kozlov (Ust-Kamenogorsk, 23 ans), Andreï Ogorodnikov (Ust-Kamenogorsk, 22 ans), Andreï Pchelyakov (HK MVD Tver, RUS, 33 ans), Fedor Polishchuk (Ust-Kamenogorsk, 25 ans), Konstantin Shafranov (Ust-Kamenogorsk, 36 ans), Andreï Troshchinsky (Ust-Kamenogorsk, 27 ans), Dmitri Upper (CSKA Moscou, RUS, 26 ans).

Marc Branchu

 

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