Tours persiste dans sa logique

 

L'ASGT affiche ses ambitions pour cette nouvelle saison. Fort de son bilan sportif la saison passée, le club tourangeau veut confirmer et continuer de progresser.

Des lendemains qui déchantent

Tours a peut-être créé la "petite" surprise de la saison régulière en parvenant à se qualifier pour la poule Magnus, aux dépens de Rouen. Il est vrai que les Dragons rouennais ont bien aidé, involontairement, les Tourangeaux. Cependant, ces derniers ont réalisé quelques "exploits" (victoire contre Rouen ou contre Amiens) quand il le fallait. Mais ils ont aussi déçu, dans la phase finale, et en particulier lors des quarts de finale.

Revenons sur la saison régulière tout d'abord, où les hommes de Millette ont soufflé le froid et le chaud. Perturbés une fois de plus par des problèmes récurrents de patinoire en début de saison, les Diables noirs, avec un effectif encore profondément remanié, ont fait connaissance lors d'un stage en Suisse. Une préparation assez courte finalement qui leur vaudra un début de championnat difficile avec quatre défaites en cinq rencontres (Amiens, Anglet, Rouen et Angers, les deux dernières en prolongation). Le réveil tourangeau débute à la mi-novembre avec une victoire à l'extérieur à Angers suivi du fameux match contre Rouen, victoire 5-4 dans une rencontre complètement folle où les Tourangeaux étaient pourtant menés 4-1 avant de s'imposer. Un résultat vite tempéré par le décevant match nul à Dunkerque (2-2) avant une nouvelle victoire sur Amiens, lors de la dernière journée de la phase par poules. L'ASGT se sortait donc in extremis de la fameuse "poule de la mort", terminant à la quatrième place.

Pour la première fois depuis la prise de commandes par R.Millette, les Diables noirs disputaient une phase finale du championnat de France. Avec seulement trois victoires (dont deux en prolongation) sur quatorze rencontres, l'ASGT ne parviendra pas à se hisser au-delà de la huitième place. En quart de finale, Tours rencontre Grenoble et il n'y a pas eu vraiment de suspense. Battus sèchement en trois manches, les Diables noirs n'ont pas pu être en mesure de rivaliser avec le haut du tableau.

Alors, au bilan, on pourra certes se réjouir de l'accession en poule Magnus, ce qui était l'objectif du début de saison du coach, mais on pourra regretter le parcours plus que décevant lors de la phase finale et de l'élimination sèche en quarts.

Problème de motivation, manque d'ambition, effectif un peu juste (notamment en défense), peu importe. Cette année a été une nouvelle phase d'apprentissage, et Millette, fort de son bilan, reste en position de force pour entamer sa quatrième année à la tête du club. Il s'était donné six ans pour parvenir à disputer le titre. À l'issue de cette saison, il estime être en avance d'une année sur son tableau de marche...

Le serpent de mer financier

Évidemment, en ces temps difficiles pour le hockey, on ne peut que souhaiter une gestion saine. Sur un budget l'an passé de 671 345 euros (dont 298 000 euros de masse salariale), l'exercice présente un déficit de 120 000 euros, ce qui en soit n'est pas très rassurant.

Pour expliquer ce déficit, l'ASGT a avancé le non-versement d'une subvention municipale. Le club a entamé un bras de fer par voie de presse avec la mairie de Tours, concernant 90 000 €. La mairie quant à elle affirme n'avoir rien promis et rappelle que la part municipale est de 53 058 € et qu'elle versera également une contribution exceptionnelle de 30 000 €. Sans compter les travaux financés pour la réfection de la patinoire, ce qui prouve selon elle son engagement aux côtés du club.

Ces déboires n'empêchent pas l'ASGT d'afficher de grands objectifs cette année. Une politique trop ambitieuse ? Difficile de répondre à cette question. Espérons que les dirigeants savent où ils mettent les pieds.

Le budget de l'exercice 2004-05 serait en progression de 95 000 euros. Millette déclare (la Nouvelle République du 15 juin) disposer de 250 000 euros nets (hors frais annexes tels que les loyers des appartements, les factures EDF...) auxquels il faudrait encore ajouter 50 000 € à venir (de quelles sources ?).

La grande innovation cette année est l'instauration d'un club-entreprises, à l'instar de ce qui existe pour le volley tourangeau, à l'instigation du coach lui-même. D'après ses déclarations, ce club-entreprises apporterait en 2004-2005 une enveloppe de 200 000 €.

Tout cela semble plutôt des bonnes nouvelles mais il ne faut pas oublier les petits clignotants oranges : outre le déficit de la saison passée, la validation des dossiers qui a tardé à cause de la non-présentation de certaines pièces comptables. J.M. Bonneau a déclaré que ce n'était que des tracasseries administratives ; Luc Tardif, patron de l'AEHF, a, de son côté, déclaré dans un article du Bien Public daté du 31 août qu'il avait demandé à Tours de baisser sa masse salariale : "il en va de sa survie".

Confirmer et progresser

Quels sont donc les objectifs pour ce nouveau championnat ? Les instances dirigeantes et le coach ne voient pas autre chose qu'une nouvelle qualification pour les play-offs. La nouvelle formule du championnat peut être un avantage pour les Diables noirs qui, d'une manière générale, ont du mal à débuter leur saison. Il faut aussi rappeler que l'équipe définitive était composée assez tardivement, que la glace n'était pas disponible avant le début septembre, obligeant les joueurs à des déplacements fatigants. Ce n'est pas le cas cette année. Le recrutement a commencé beaucoup plus tôt que d'habitude, la patinoire est disponible, ce qui a permis une reprise de l'entraînement un peu avant la mi-août. Et ces meilleures conditions font que l'équipe a montré un visage intéressant lors des trois sorties en matches amicaux (deux victoires sur Caen et un probant 7-0 contre Angers). De quoi envisager la venue de Villard avec optimisme même si il y a encore beaucoup de travail.

Le jeu des départs et des arrivées a fonctionné à plein durant l'été. Millette avait déclaré que tout le monde était partant et qu'il voulait plus de joueurs parlant français. Comprenez bien qu'il ne s'agit pas de joueurs français puisque cette année encore l'équipe se présente comme la formation polyglotte du championnat. Il a heureusement su convaincre certains de rester. Sinon, il a fait signer du beau monde.

Les gardiens : l'an passé, c'était incontestablement le point faible de l'équipe, juste après la défense. Vladimir Hiadlovsky, à Tours depuis trois saisons, était le leader incontesté devant deux jeunes gardiens, formés au club, qui assuraient la doublure par alternance (Papillon et Lucas).

Le "cas" Hiadlovsky laisse toujours perplexe : il est capable du meilleur comme du pire. Il a su, à certains moments, éviter le naufrage complet de son équipe ; à d'autres, il n'a pas su faire la différence à des moments-clés, là où les "grands" portiers savent porter leur équipe à bout de bras, à un point tel que Millette ne fut pas avare de critiques envers lui à plusieurs reprises dans la saison.

Le coach avait annoncé qu'en cas de blessure, il avait un gardien canadien sous le coude. On l'attendait pour cette saison mais il n'en sera rien. Hiadlovsky sera la doublure d'un autre Slovaque, Ramon Sopko, promu au premier poste, en provenance de l'Extraliga slovaque. Vu au cours des matches de préparation, Sopko semble sorti du même moule que Hiadlovsky mais il paraît beaucoup plus calme et concentré. Rapide, avec un bon jeu à la crosse, il a tout pour s'imposer dans cette équipe, à la condition de faire abstraction du public, tout acquis à la cause de "Vlado" qu'il devra faire oublier, ce que n'avait pas réussi Thierry Noël en son temps, malgré ses indéniables qualités.

Les défenseurs : devant le gardien, Millette a de nouveau su convaincre la paire Pulscak-Simak de rester. Sans conteste le bloc défensif le plus complet de l'ASGT sur les saisons passées, le plus utilisé également par Millette, d'où des fins de matches totalement harassantes pour ces deux hommes, ils apportent beaucoup de sérénité dans la défense tourangelle. Marcel Simak reste un défenseur très propre, très peu pénalisé, toujours discret mais terriblement efficace. Frantisek Pulscak, outre son rôle défensif, apporte aussi beaucoup en attaque. Il a une vision et une qualité de passe qui font les délices des attaquants tourangeaux, notamment en contre.

L'autre joueur défensif qui évoluait déjà ici la saison passée est Radek Stepan. C'est un joueur très accrocheur, très souvent pénalisé pour des fautes de pure indiscipline qui ont coûté très cher à l'ASGT. Ce n'est pas l'une des meilleures signatures, à mon sens, mais Millette a sans doute ses raisons, que l'on peut deviner aisément avec ce style de jeu.

Le coach canadien complète sa défense par trois arrivées, dont une ancienne connaissance, Jan Supuka, qui avait déjà évolué sous le maillot noir et blanc lors de la saison 2002-03. Ce retour, après un passage par Poprad en Extraliga slovaque, est plutôt bien vu du côté de la patinoire municipale. Son style se rapproche de celui de Pulscak avec toutefois une touche plus "physique".

Deux arrivées pures enfin avec le Canadien Philippe Roy et le Slovaque Robert Fail. Aperçus lors des matches amicaux, il est encore difficile de pouvoir donner un avis sur eux. Fail évolue avec Supuka et Stepan avec Roy.

Les attaquants : Millette a sans doute signé là ses plus beaux coups. Il y a eu d'abord l'arrivée de Loïc Sadoun, libéré après le naufrage des Albatros de Brest. Ce joueur expérimenté est évidemment une caution importante pour Millette, toujours fidèle à sa politique de faire signer au moins une pointure. Après les relatives déceptions de Grossi puis de Boriskov, qui n'ont jamais su réellement s'intégrer en Touraine, le coach tente à nouveau un pari audacieux. Nul besoin de s'étendre sur la carrière de l'aîné Sadoun, il reste à le voir évoluer. Dans le premier match amical à domicile, il était légèrement blessé, et dans le second, contre Angers, il a semblé à l'aise sur sa ligne, partagée avec Jan Simko et Benoît Paillet.

Toujours dans les bonnes surprises de l'été, la venue conjointe, en provenance directe de Villard-de-Lans, de Kent Gillings et Rob Millar. Là également, tout le monde connaît la qualité de ces deux joueurs et il n'a pas fallu beaucoup de temps, notamment à Millar, pour conquérir le public et lui faire oublier Julien Desrosiers, ancien fer de lance de l'attaque tourangelle.

Millar compose avec Jonathan Roy (aucun lien de parenté avec le défenseur, il vient du championnat allemand) et Éric Perricone une ligne "canadienne" des plus sympathiques, entrevue lors des matches amicaux. Ces trois-là se trouvent déjà à la perfection et leur association risque de faire mal à bien des défenses (cinq des sept buts marqués contre Angers).

On notera ensuite le retour de Peter Bohunicky, après un passage d'une année à Coire en LNB suisse ; c'est un solide gaillard qui sait peser sur les défenses. Alon Eizenman revient lui aussi, une année après avoir laissé d'excellents souvenirs ici même. Technique, doté d'une bonne vision du jeu, c'est un joueur intelligent qui sent parfaitement les bons coups à jouer. Benoît Paillet rempile également pour une année tout comme Jan Simko, l'homme aux déboulés ravageurs. Rien n'arrête ce solide attaquant dans son style de jeu préféré, à savoir une puissante accélération pour passer en revue la défense adverse. Il avait enchanté les travées de la patinoire l'an passé et il a démontré lors des matches de préparation qu'il n'avait rien perdu de son coup de patin.

Enfin, Millette s'appuiera également sur François Gleize et Gaël Cler pour compléter un banc qui n'est pas très profond (l'attaquant canadien Yannick Riendeau n'a pas été conservé après avoir été mis à l'essai). Gare aux blessures dans une formule de championnat plus longue avec parfois deux matches dans la semaine.

Sur ce que l'on voit sur le papier, et sur ce que l'on a vu lors des matches amicaux, l'ASGT semble prête à relever le défi. C'est un groupe homogène, solide, technique. Plusieurs points d'interrogation concernent toujours la défense et les gardiens. Comment résisteront-ils aux assauts adverses ? Début de réponse contre Villard, une équipe qui n'a jamais bien réussi aux Diables noirs ces dernières saisons. Mais cette année, Millar et Gillings, bourreaux de l'ASGT, sont dans nos rangs !

E. O'Grady

 

 

Départs : M. et P. Bartek (Deurne, BEL), Balaz, Desrosiers (Briançon), Decaens, Vandecandelaere (Briançon), Boriskov, Bega (Brest, BLR), Sabol (Presov, SVK), Falck (Amnéville).

Arrivées : L. Sadoun (Brest), Millar (Villard-de-Lans), Bohunicky (Coire, SUI), Supuka (Zvolen B, SVK), Perricone (Richmond, UHL), J. Roy (Straubing, ALL), P. Roy (Basingstoke, GBR), Sopko (Košice, SVK), Gillings (Villard-de-Lans), Fail (Flint, UHL), Cler (La Roche-sur-Yon), Eizenman (Canada).

Effectif :

Gardiens : Ramon Sopko (SVK, 23 ans), Vladimir Hiadlovsky (SVK, 25 ans), Guillaume Papillon (21 ans).

Défenseurs : Frantisek Pulscak (SVK, 32 ans), Philippe Roy (CAN, 27 ans), Marcel Simak (SVK, 30 ans), Jan Supuka (SVK, 25 ans), Robert Fail (SVK, 25 ans), Radek Stepan (TCH, 25 ans).

Attaquants : Rob Millar (CAN, 28 ans), Jonathan Roy (CAN, 24 ans), Éric Perricone (CAN, 25 ans), Kent Gillings (CAN, 25 ans), Peter Bohunicky (SVK, 25 ans), Alon Eizenman (ISR/CAN, 25 ans), Loïc Sadoun (27 ans), Jan Simko (SVK, 25 ans), Benoît Paillet (23 ans), François Gleize (34 ans), Norbert Périnet (38 ans), Gaël Cler (20 ans).

Entraîneur : Robert Millette (CAN).

 

 

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