Épinal sorti de l'ornière

 

Pour la première fois depuis 1997, l'Image Club Épinal (ICE) entame la saison avec ses comptes dans le vert. Oubliés donc, les soucis de caisse et la peur du lendemain pour les dirigeants spinaliens, même si la prudence est toujours de mise au vu des difficultés de bien d'autres clubs et du mal qu'a fait ce dépôt de bilan dans la cité des images.

Cette période de rémission accomplie, avec au passage tout de même un titre de champion de France de division 1 en 2003, les Dauphins d'Épinal ont terminé leur première saison en Super 16 en respectant les objectifs fixés en début d'année, à savoir le maintien.

Le mois de septembre avait pourtant été encourageant puisque les Spinaliens donnaient du fil à retordre successivement à Mulhouse (0-2), Dijon (0-2) et Grenoble (1-2) sans s'imposer mais en luttant vaillamment durant soixante minutes. Tout le monde se plaisait alors à croire qu'avec un peu plus d'expérience dans ce S16, les bleus allaient faire feu de tout bois dans cette aventure et que la nouvelle équipe concoctée par Raphaël Marciano durant l'intersaison pouvait se retrouver parmi les huit à Noël.

Hélas, il n'en fut rien puisque rapidement staff et supporters s'aperçurent que la défense tenait grâce à un gardien providentiel et que l'attaque ne parvenait pas à se jouer des défenseurs adverses. La suite de la saison fut beaucoup moins rose avec des victoires à l'arrachée contre les équipes de bas de tableau et des défaites régulières et de plus en plus importantes face aux mieux placés. Le cśur n'y était plus et Épinal terminait la saison 2003/2004 à la quatorzième place. L'équipe était l'ombre d'elle-même et attendait avec impatience la fin du calvaire.

Recrutement : ça s'en va et ça revient

Le noyau dur des années D1 ayant explosé avec la montée en Super 16, les dirigeants spinaliens s'efforcent de recomposer une équipe solide autour des derniers "dinosaures" fidèles au poste. Les arrivants 2003 n'ayant guère donné satisfaction, il en est fini des Szabados, Kadlec, Moskal, Drzik et autre Ivo Novotny. Ce dernier était pourtant annoncé comme le frère spirituel de Tomas Mysicka, qui avait participé en grande partie au titre des Vosgiens un an plus tôt.

La spécialité locale étant notamment de faire appel aux joueurs venus quelques années auparavant pour tenter de s'appuyer sur des bases connues, le recrutement de cette année est calé sur le même modèle.

Le départ de Didier Drif pour Chambéry a logiquement provoqué le recrutement d'un nouveau gardien. Tout aussi jeune et très prometteur aux dires du coach de l'équipe de France, c'est Franck Constantin qui s'y colle. Même si on ne pense pas qu'il sera mis en concurrence avec son futur mentor Stanislav Petrik, il le relaiera probablement lors de quelques rencontres.

Devant lui en défense, Robert Pospíšil, qui a fait plusieurs saisons d'Extraliga tchèque à Pardubice et Liberec, et son compatriote plus âgé Jirí Sevcik, qui l'a côtoyé la saison dernière à Prostejov, feront leur arrivée dans la cité des images. Le premier nommé devrait être d'un niveau relativement proche du déjà regretté Vladimír Domin (qui avait l'intention de s'installer dans les Vosges mais a quitté le club très ému à l'intersaison en raison de désaccords avec l'entraîneur Marciano). Quant au second, son expérience et sa vision du jeu devraient être un atout pour les plus jeunes. Du haut de ses trente-huit ans, sa lenteur de patinage ne sera pas un handicap si elle est compensée par la même dextérité qu'avait Blaha aujourd'hui reparti au pays. Le discret Peter Slovak, qui n'était jamais parvenu à élever son niveau de jeu, a finalement lui aussi dû céder sa place. Son successeur est Bohuslav Ptacek, qui avait joué une saison d'Extraliga tchèque à Vsetin l'année où ce club avait connu de graves problèmes financiers et rempli son effectif à moindre frais après avoir vendu ses meilleurs joueurs.

Enfin, pour conclure au rayon des arrivées défensives, on comptera parmi les nouveaux un Suédois du nom de Johan Johansson. On ne connaît pas grand-chose de lui, si ce n'est qu'il était très apprécié de ses camarades de jeu chez les Dundee Stars, équipe de British National League, donc d'un niveau pas forcément très élevé. Il est tout de même déjà annoncé par certain comme la future tour de contrôle de la défense vosgienne...

C'est toutefois sur l'attaque que les choix les plus judicieux se sont portés. En effet, non content d'avoir fait revenir le talentueux Estonien Mihail Kozlov, les dirigeants sont parvenus à attirer également son collègue de Tallinn, Maksim Ivanov. Mihail avait fait un passage remarqué chez les Dauphins lors de la saison 2000/2001. Suite au dépôt de bilan de Lyon, ce gros travailleur et convaincant gratteur de palets s'était retranché derrière la ligne bleue des Vosges pour la saison. Un goût d'inachevé cependant accompagnait son départ puisqu'il devait quitter la ville pour rejoindre la sélection nationale estonienne la veille des demi-finales de play-offs face à Mulhouse. Maksim Ivanov a quant à lui la réputation d'un chasseur de buts, qui marque pas mal en équipe nationale. Son puissant slap et sa vitesse de patinage devraient poser pas mal de problèmes aux défenseurs et gardiens adverses.

Il en est de même pour Guillaume Chassard. Ayant fait ses grands débuts en équipe première aux côtés de Stanislas Solaux, il n'a jamais cessé de progresser au sein de l'équipe vosgienne. Mais Épinal refusant de monter en Super 16 en 2002, il décide de rejoindre Mulhouse. Après une saison passée chez les Scorpions et quelques sélections en équipe nationale, l'appel du cśur fut le plus fort et c'est avec émotion que les supporters spinaliens fêteront le retour de l'enfant prodige.

Malgré tout, on ne pouvait terminer ce recrutement visiblement axé sur l'attaque sans se "payer" une star... Ce fut chose faite avec la signature courant juillet de Daniel Goneau. International junior canadien en 1993, il fait exploser les compteurs dans sa dernière année de junior majeur à Granby et débarque en 1996 chez les New York Rangers en NHL. Il marque dix buts en une demi-saison dans l'équipe de Wayne Gretzky, mais rétrograde peu progressivement en AHL. Il tente finalement sa chance à l'étranger, en Allemagne puis en Grande-Bretagne. Il arrive maintenant à Épinal pour le plus grand bonheur de tous et est peut-être la meilleure recrue de l'ICE depuis un certain Bob Gainey il y a quinze ans, toutes proportions gardées avec ce dernier bien sûr.

Du côté des resignatures, Frédéric Dehaëne et Christophe Ribanelli, tous deux ex-Amiénois et Spinaliens depuis respectivement quatre et cinq saisons, restent dans les Vosges, de même que Roman Trebaticky, passé à Poissompré dans le milieu des années quatre-vingt-dix, parti vers d'autres cieux et revenu à Épinal à l'occasion de la montée en élite de Mulhouse, ou encore Anthony Maurice le numéro 49 qui avait eu quelques contacts avec le club de Nice avant sa chute l'an passé mais qui était finalement resté dans le club présidé par son père Claude. Il en est de même pour Guillaume Géhin, Guillaume Papelier ou Nicolas Martin qui conservent également leur maillot, avec cependant un petit bémol pour Nicolas qui assistera désormais Féfé Marciano dans son rôle de coach pendant les rencontres.

Du côté de la défense aussi, il y a des fidèles comme le Slovaque Radoslav Regenda arrivé à Épinal en 1999 avec tous les joueurs de l'époque (Mysicka, Haapasaari, Domin...) qui avaient permis de faire revenir les foules à Poissompré. On pourra compter sur Djamel Zitouni, jeune joueur du cru dont on espère le retour à son meilleur niveau. Ayant bluffé tout le monde par sa progression hallucinante lors de la saison 2002/2003, il fut totalement absent de la glace la saison dernière pour des raisons professionnelles. Il tentera d'entraîner dans son sillage Borislav Ilic, lui aussi absent de la glace depuis deux ans pour des raisons de santé mais qui voudra reprendre le jeu à son compte et progresser.

Mais le plus gros succès des cadres spinaliens dans toutes ces resignatures est bien d'avoir réussi à conserver celui que tout le monde s'est accordé à dire qu'il fut le sauveur de la saison : Stanislav Petrik ! Fraîchement débarqué de Slovaquie l'an passé, le gardien de but, champion du monde de street-hockey de son état, peut se vanter d'avoir tiré d'affaire ses comparses nombre de fois lors de la saison écoulée. En prenant pour seul exemple les quarante-huit tirs stoppés sur cinquante lors de la rencontre face à Grenoble, on comprend mieux pourquoi le jeune et non moins talentueux Didier Drif s'était retrouvé mis de côté par le coach.

Des objectifs modestes et sur le court terme

Malgré ce recrutement apparemment réussi, les objectifs annoncés par l'entraîneur restent très modestes voire peu ambitieux. Le mot d'ordre est simple : faire mieux que l'an passé, à savoir au pire treizième. L'exercice à venir sera donc le véritable tremplin pour des futurs objectifs sportifs plus élevés car n'oublions pas que le président déclarait il y a quelques mois vouloir jouer le titre dans quatre à cinq ans.

Alors que la première participation au Super 16 permettait de raviver les foules, ne descendant jamais au dessous des mille spectateurs, le vśu du staff est de conserver voire d'augmenter la fréquentation, mais pour cela il faut éviter la lassitude, donc les résultats moyens comme en 2003.

Pour y remédier le recrutement d'une nouvelle armada d'étrangers s'est voulu intelligent en attaque pour le spectacle et - on l'espère - pas trop discret en défense pour seconder un Stanislav Petrik qui sera encore malmené devant sa cage. Le tout épaulé par un kop de supporters retrouvant quelques couleurs depuis le titre et qui continuera à pousser ses couleurs même lors des différents déplacements.

Le regret reste évidemment la vision à court terme et la politique de non-formation spinalienne. Plus de cent jeunes inscrits dans toutes les catégories mineures et seuls deux éléments intégrés en équipe première ces cinq dernières années. Hélas, tout ceci ne devrait guère s'arranger dans le futur avec la scission du club en deux parties désormais distinctes : l'ICE-Pro et l'ICE-Amateurs.

Ce manque de volonté de la part des dirigeants de l'équipe première commence à en dégoûter certains qui comme Loïc Fournier préfèrent poser les patins ailleurs ou les raccrocher. Pour pallier cette débandade, la nouvelle association ICE-Amateurs vient de monter une équipe dans laquelle évoluent principalement des juniors et des loisirs qui pourront se mesurer à la compétition grâce au championnat de division 3 auquel ils concourront dès la rentrée.

Bref, Épinal cette année jouera immanquablement les trouble-fête dans cette Ligue Magnus et pourrait même, pourquoi pas, créer la surprise et se retrouver dans les huit début mars. Pourvu que l'attaque percute, le chaudron de Poissompré se chargera du reste !

Nicolas

 

PS : La semaine précédant l'ouverture du championnat, Johansson a finalement dû rentrer en Suède auprès de sa mère. Le club s'est mis alors en quête d'un nouveau défenseur, mais il a changé ses plans devant une opportunité : Steve Gainey, qui avait passé une saison à l'ICE en benjamins pendant que son père y jouait, est revenu à Épinal avec une sélection de joueurs de NHL et d'AHL en tournée caritative, et a alors renoué contact. Le retour en Amérique du nord lui paraissant moins tentant du fait du lock-out, il a décidé de signer dans les Vosges le 17 septembre. L'arrivée d'un nouvel arrière a donc été annulée, même si l'équipe spinalienne semble d'autant plus déséquilibrée entre une attaque prometteuse et une défense inquiétante.

 

Départs : Drif (Chambéry), Szabados (Bordeaux), Drzik (Toulon), Kadlec (Strakonice, TCH), Slovak (Nitra, SVK), Krisak, Moskal (Velká Bíteš, TCH), Novotny (Deurne, BEL), Blaha (Klatovy, TCH), Domin.

Arrivées : Chassard (Mulhouse), Kozlov (Stars Tallinn, EST), Constantin (Chamonix), J. Johansson (Dundee, GBR), Ivanov (Stars Tallinn, EST), Goneau (Fife, GBR), R. Pospíšil (Ustí nad Labem, TCH), J. Sevcik (Prostejov, TCH), Ptacek (Opava, TCH).

Effectif

Gardiens : Stanislav Petrik (SVK, 27 ans), Franck Constantin (21 ans).

Défenseurs : Robert Pospisil (TCH, 26 ans), Johan Johansson (SUE, 23 ans), Jirí Sevcik (TCH, 38 ans), Radoslav Regenda (SVK, 29 ans), Bohuslav Ptacek (TCH, 26 ans), Djamel Zitouni (22 ans), Bora Ilic (FRA/YOU, 23 ans).

Attaquants : Daniel Goneau (CAN, 28 ans), Mihail Kozlov (EST, 29 ans), Maksim Ivanov (EST, 25 ans), Guillaume Chassard (26 ans), Roman Trebaticky (FRA/SVK, 34 ans), Frédéric Dehaëne (34 ans), Christophe Ribanelli (26 ans), Anthony Maurice (25 ans), Guillaume Papelier (25 ans), Guillaume Géhin (28 ans), Nicolas Martin (30 ans).

Entraîneur : Raphaël Marciano.

 

 

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