Bilan de la division 1 française

 

Résultats du championnat de France 2002/03 de division 1

 

La réforme des championnats n'a pas encore atteint son terme pour ce qui est de la division 1. Entre le poids de la dette chez certains clubs et les soubresauts politiques chez d'autres, il n'est pas toujours facile d'organiser une compétition claire entre des clubs sûrs de leur fait et menant une politique stable et cohérente. Du coup, les discussions en coulisses pour savoir qui voulait/pouvait monter ou pas ont occulté la fin de saison, qui aurait dû sur le plan strictement sportif donner lieu à une palpitante course à l'accession en Super 16 entre cinq équipes très compétitives.

 

Premier : Épinal. La défense vosgienne a vite montré ses limites avec un contingent assez réduit, où les recrues tchèques étaient loin du niveau escompté. Les deux défaites face à Strasbourg, le seul adversaire de niveau de la poule nord, avaient de quoi rendre pessimistes pour la seconde phase. Pourtant, les trois déplacements d'affilée chez les trois épouvantails du sud, à Nice, à Chamonix et au Mont-Blanc, qui auraient pu anéantir définitivement les chances des Dauphins, ont au contraire servi de révélateur. Après une défaite sur la Côte, les deux victoires dans les Alpes les ont propulsés en tête, une position qu'ils n'allaient plus quitter. Malgré ce titre de division 1, Épinal était toujours réticent à monter au niveau supérieur. Pourtant, ce discours prudent ne collait pas avec les ambitions dévoilées par le recrutement et par la gestion de l'effectif, qui laissait malheureusement sur le banc la quatrième ligne composée de joueurs formés au club. Cette fois, Épinal ne pouvait plus se cacher. Jouant franc jeu financièrement, le président Maurice acceptait l'accession en Super 16, assortie de l'inauguration de la "prime à la montée" nouvellement mise en place.

Deuxième : Nice. Après une première partie de saison dans l'ombre des Savoyards, la symbiose s'est faite à Nice au moment d'aborder la poule haute. La défense, parfois en effectif réduit, s'est néanmoins trouvée à son aise en devenant la meilleure de cette phase finale, alors que l'attaque a été très homogène, le danger pouvant venir de toutes les lignes. Sportivement, l'équipe conduite par le jeune entraîneur Laurent Perroton (29 ans) a fait plus que remplir son contrat. Cette deuxième place inespérée était initialement celle de barragiste, et elle lui offrait le droit à la montée directe du fait de la disparition de Besançon en Super 16. Mais, alors que le club venait de changer de dirigeants, on apprenait qu'il traînait un déficit empêchant la promotion en S16, et compromettant peut-être même l'avenir en D1...

Troisième : Mont-Blanc. La coordination des clubs de Saint-Gervais et Megève ne s'est pas faite sans peine, de même qu'une ligne politique commune entre les deux villes semble ardue à tracer. Sur la glace, il a parfois aussi été difficile de tirer droit, comme lors du terrible 10-1 encaissé à Strasbourg. Jusque là, Grégory Fougère avait pourtant assuré dans les cages et la défense était le point fort de l'équipe. En attaque, la blessure du renfort finlandais Rami Koivisto dès le premier match de la poule finale a été aussi très pénalisante. La troisième place obtenue montre qu'il faudra tout de même compter avec Mont-Blanc l'an prochain.

Quatrième : Strasbourg. Même si la tactique prônée par Daniel Bourdages n'est pas toujours spectaculaire, ni ambitieuse dans la construction du jeu, elle n'en est pas moins efficace avec son hockey solide et travailleur. Après avoir terminé invaincus la première phase, les Alsaciens étaient presque unanimement considérés comme les favoris pour le titre. Mais ils ont eu du mal à se remettre en route après les fêtes, à cause d'une préparation trop courte, et ils ont finalement échoué au pied du podium. La révélation de la saison restera donc le gardien venu d'Anglet, Antoine Intsaby, qui a réussi à entrer en concurrence avec Sami Äikää. En jouant à quatre lignes, les Strasbourgeois sont une force pour la D1, mais, en conflit ouvert avec la FFSG dont ils dénoncent les carences depuis des années, ils ne semblent pas décidés à assumer la place qui pourrait être la leur dans le hockey français. Même les récentes évolutions au sein de la fédération, qui donnent plus d'autonomie au hockey sur glace et à Luc Tardif, n'ont pas modifié leur stratégie d'opposition systématique pour l'instant.

Cinquième : Chamonix. Les Chamois ont connu un problème comparable à Strasbourg en perdant leurs deux premières rencontres de poule finale. Ce retard initial était ardu à combler au vu de la valeur des concurrents, surtout avec les blessures de Balmat et Fournet, ce qui explique cette cinquième place. Mais Chamonix a souvent réussi à imposer son rythme à ses adversaires pour exploiter au mieux ses occasions, et a parfaitement pris pied en division 1 avec ses leaders offensifs expérimentés et une troisième ligne jeune et rapide. Cette première saison est donc conforme aux espérances avant d'envisager des ambitions supérieures.

Sixième : Limoges. Les Taureaux de Feu se trouvent à une place tout à fait logique, entre les cinq cadors et des équipes plus faibles. Cette position intermédiaire, ils la doivent à leurs deux Tchèques, Juraj Ocelka et Radek Hovora, qui accumulent les buts comme on enfile des perles. Mais cette équipe, capable dans les bons jours de battre les leaders, baisse un peu facilement les bras lorsque l'obstacle est plus compliqué à franchir et qu'elle ne peut plus jouer facile. Elle aurait donc eu du mal à espérer mieux.

Septième : Neuilly-sur-Marne. Les banlieusards ont réussi leur entrée en division 1 en se qualifiant pour la poule finale, comme pouvait le laisser présager leurs atouts offensifs. Malgré le départ, motivé par des raisons financières, des Canadiens Steve Desrochers et Dave Laliberté avant la deuxièmre phase, l'ailier tchèque Ondrej Latal a dans le même temps amené du talent, et les Nocéens n'ont jamais été ridicules face aux meilleurs, finissant même par conquérir un bon match nul contre Épinal. Néanmoins, les problèmes récurrents des Bisons sont plus que jamais d'actualité : une porosité défensive indéniable, et un manque de discipline évident qui conduit à un jeu rugueux de mauvaise réputation.

Huitième : Cergy. Les Jokers ont vécu un automne difficile faute de patinoire et d'heures de glace, ce qui a perturbé la vie du club et la tenue des entraînements tout en occasionnant des difficultés de trésorerie. Mais ils se sont quand même qualifiés pour la poule finale, où ils ont enfin pu retrouver leur chez soi. Bien que Cergy ait souvent fait plutôt bonne figure, la réussite n'a pas toujours été au rendez-vous. On ne peut donc pas dire qu'on a vraiment pu profiter de cette saison, mais cette nouvelle division 1 est tout de même plus à la portée de Cergy, qui devrait maintenant pouvoir la jouer dans un contexte meilleur.

Neuvième : Le Vésinet. En attendant la construction d'une nouvelle patinoire pour remplacer la précédente partie en fumée, les Vésigondins n'ont pas perdu le moral malgré l'exil à Colombes. Dans ce club, les moyens financiers sont remplacés par une ambiance amicale et soudée où personne ne cherche à tirer la couverture à soi. Cela se ressent sur la glace avec une équipe combative et dynamique qui a réussi à terminer en tête de la poule de maintien en devançant Courbevoie qui l'avait un peu prise de haut.

Dixième : Courbevoie. Le COC a en partie raté son recrutement à cause d'informations peu fiables, et il a alors connu un début de saison catastrophique. Il a donc dû licencier ses deux défenseurs tchèques Marek Novotny et David Horak pour recruter Lukas Frank (ex-Besançon) et le junior Thomas Raba (Písek). À partir de là, les choses se sont améliorées en travaillant le collectif et la condition physique et en mettant en place un nouveau système défensif simple mais efficace. Néanmoins, pour se qualifier pour la phase finale, il aurait fallu un miracle... qui a bien failli se produire à Strasbourg, dans ce qui aurait constitué un exploit. La poule de maintien a également été un peu frustrante puisque Le Vésinet n'est passé devant que grâce aux résultats acquis dans les confrontations particulières.

Onzième : Vanoise. Léo Mounier, le "Pape du hockey savoyard", a notamment recruté à Saint Gervais et Megève parmi les victimes de la compression de personnel du Mont-Blanc (Lebas, Beaurepaire, Pavarani et Manceau, tous juniors, Sarnovsky et Satonay). À son tour, Timko, testé sans succès par le Mont-Blanc, a renforcé la Vanoise qui a alors obtenu de bons résultats pour le rapport qualité/prix des Slovaques. Néanmoins, elle ne compte qu'un seul Tarin dans son effectif (Dylan Mounier, le petit-fils du président), alors que certains élus locaux veulent voir une équipe de joueurs formés dans les Trois Vallées. Finalement, le roi Léo, partisan du haut niveau, a été mis en minorité par son conseil d'administration qui a opté pour un recentrage du club vers le hockey mineur. Quel dommage que celui-ci se fasse par une transition aussi brutale que le retrait unilatéral de la D1. Il paraît en effet impossible de monter une équipe senior l'an prochain, même en division 3, et il faudra tout reconstruire à zéro. Encore un parfait exemple du manque de continuité dont souffre le hockey français.

Douzième : Amnéville. Les Lorrains ont encore renforcé leur équipe par vent d'est, avec le retour du sympathique Chesterikov après deux saisons à Dijon - mais celui-ci s'est blessé aux adducteurs - et même l'arrivée d'un attaquant bulgare, Zinoviev. Avec son système de jeu clair, le MAHC en a surpris plus d'un, surtout Strasbourg qui a concédé en Moselle son seul point perdu en première phase. Mais malgré la créativité russe, Amnéville a manqué de percussion offensive, ce qui explique le manque de constance dans ses résultats.

Treizième : Asnières. La saison n'a pas été de tout repos pour le AHC en proie à une désertion générale de ses membres. Il n'étaient plus qu'une dizaine, ces derniers des Mohicans, pour défendre les couleurs du club promu dans la nouvelle division 1. En tout cas, pour marquer des buts, s'il n'en reste qu'un, ce sera... Peter Zambori, la fine gâchette slovaque. Après avoir été en mesure de jouer sa qualification en poule finale sur un match décisif - perdu - à Neuilly-sur-Marne, cet effectif réduit a tout de même réussi à assurer en toute tranquillité son maintien.

Quatorzième : Morzine. Les renforts Silfver et Vakkilainen n'ayant pas fait long feu, les Pingouins se sont finalement appuyés sur les habituels cadres de l'équipe, emmenée par le vétéran Éric Lebey et renforcée de quelques Megévans comme le défenseur Stéphane Gros. Il ne faut toutefois pas négliger l'apport de David Argoud (Chamonix) qui a contribué à une première ligne de feu. Morzine a certes un effectif moins dense que les cadors de la division, mais la solidité de sa défense est à l'image de celle de ce club, qui s'est maintenu sur la glace sans connaître de problèmes extra-sportifs.

Quinzième : Annecy. La saison s'est mal engagée pour les Chevaliers du Lac avec la blessure de leur leader Alexandre Baillard, et s'est mal poursuivie avec l'enchaînement des défaites. C'est finalement dans la douleur qu'Annecy a battu Vanoise lors de la dernière journée, avec un triplé pour Baillard confirmant son importance, pour éviter la lanterne rouge laissée à Valence. Ce fut, avec l'accueil de la finale de la Coupe de France qui fut l'occasion d'annoncer la candidature de la ville à l'organisation des JO 2014, une des rares lueurs d'une année difficile à tous points de vue.

Seizième : Valence. Après quelques semaines de pénitence, qui consistaient à commencer la saison à l'extérieur, c'est avec plaisir que les Lynx retrouvaient leur patinoire rénovée. C'était moins le cas de leurs adversaires, étonnés de devoir jouer dans une enceinte encore partiellement en chantier, et sur une glace pas encore tout à fait prête. Lors de cette première phase, les Valentinois étaient trop irréguliers pour se qualifier, mais la victoire obtenue contre le Mont-Blanc semblait prouver qu'ils avaient largement les moyens de négocier la poule de maintien sans se mettre en danger. Malheureusement, celle-ci se révélait plus disputée que prévu, chacun pouvant battre tout le monde. C'est Valence qui cédait à ce petit jeu et qui était condamné au barrage de relégation. Un problème n'arrivant jamais seul, les contrats des défenseurs étrangers Rob Mutter et Stefan Pettersson se terminaient au 31 mars et n'avaient pas prévu ce cas de figure. Privé de ses renforts, Valence s'inclinait lors de ce barrage face à Caen et descendait en D2... avant que l'annonce du sabordage de Vanoise n'assure un repêchage.

Marc Branchu

 

Retour à la rubrique articles