Pays-Bas 2002/03 : présentation
En janvier, il avait été prévu de diminuer le nombre d'étrangers autorisés dans le championnat néerlandais de six à cinq. Amsterdam, qui pouvait à l'époque en aligner dix, dans la mesure où il n'avait pas de jeunes en raison de la situation difficile de son hockey dans les années 90, aurait dû continuer à bénéficier d'un régime d'exception pour cette nouvelle saison, avec simplement huit "imports" au lieu de dix. Mais entre-temps, Amsterdam, qui n'a eu de cesse de changer ses étrangers jusqu'à trouver ceux qui allaient lui offrir le titre, est devenu champion des Pays-Bas grâce à son armada, et a ensuite continué à assommer le marché des transferts en recrutant à prix d'or les deux meilleurs Néerlando-Canadiens, les frères Hoogsten, qui ne rentrent pas dans le quota. Aiguillée par les clubs de Geleen et Heerenveen, la fédération a estimé qu'Amsterdam avait agi de manière déraisonnable en tirant profit de la situation à court terme grâce à l'avantage concurrentiel qui lui avait été procuré et qui a été exploité de manière inconsidérée. Par conséquent, Amsterdam devra suivre les mêmes règles que tout le monde et aura droit à cinq étrangers.
Ces querelles entre des clubs qui cherchent souvent uniquement à tirer la corde à eux sans s'occuper de l'intérêt général n'aident pas un hockey néerlandais qui est au plus mal avec son championnat à cinq équipes. Le nouveau sélectionneur national Theo van Gerwen a résumé les conditions nécessaires pour que ce sport ait un avenir aux Pays-Bas : "Si nous voulons réussir dans le futur, il est nécessaire que les clubs néerlandais changent leur comportement. Il faudrait qu'ils s'occupent de ce qui les réunit plutôt que de ce qui les sépare. Sur la glace, on est des compétiteurs, mais en dehors, on est des collègues qui doivent promouvoir le hockey néerlandais sur la scène nationale et internationale. Tout du moins, il devrait en être ainsi..." Malheureusement, les clubs dépensent généralement le peu d'argent qu'ils ont (les budgets oscillent entre 100 000 € et 150 000 €) pour s'acheter des étrangers au lieu de bâtir des projets d'avenir pour les jeunes.
Amsterdam a très mal pris la volte-face fédérale par rapport à l'accord passé en janvier et a accusé les clubs à l'origine de cette décision d'être des mauvais perdants et de ne pas avoir digéré leur défaite en championnat. Il a même menacé de se retirer et de laisser les autres continuer à quatre, mais cette option n'a jamais été sérieusement envisagée car le club a bien l'intention de poursuivre la renaissance du hockey à Amsterdam et de conserver quand même son titre.
Pour apaiser les esprits, la fédération néerlandaise a approché en juillet le gardien de Rouen, Phil Groeneveld, qui a la double nationalité néerlando-canadienne, pour qu'il devienne le gardien des Pays-Bas en vue d'une très hypothétique qualification pour les JO 2006, et lui a trouvé un club, qui a été tout naturellement Amsterdam. Ce "cadeau" qui s'ajoute encore au jeu des compensations et des exceptions permet à Amsterdam de présenter à nouveau une équipe très compétitive. Ron Berteling, l'entraîneur qui a amené la stabilité qui a conduit cette équipe à la victoire au printemps, dispose en effet de quatre doubles nationaux en plus du quota d'étrangers : Groeneveld, Kevin et David Hoogsteen, ainsi que Marcel Kars qui arrive du Canada. Amsterdam peut donc conserver son titre, même s'il sera cette fois attendu au tournant.
Un grand chantier s'ouvre pour Tilburg en raison des nombreux départs, et pas seulement celui du fils du président du club, Joost Zeebregts, qui poursuit ses études en Afrique du Sud. En effet, les Trappers ont perdu deux figures marquantes. La première, c'est Jens Hemström, un attaquant qui a amené pendant cinq ans sa technique et sa vitesse à un championnat néerlandais au style très canadien. Cet ancien international junior suédois était atypique à Malmö dans l'armada championne de Suède au début des années 90 car il était un pur produit du club. Mais il n'a pas pu trouver durablement sa place en Elitserien et a choisi de poursuivre sa carrière aux Pays-Bas tout en suivant des études d'économie à l'université de Tilburg. Il arrête maintenant le hockey à trente ans pour un poste de responsable de produit dans une multinationale américaine implantée en Suède. La seconde figure regrettée, c'est l'entraîneur Theo van Gerwen, qui a pris la responsabilité de l'équipe nationale.
Son successeur est l'ex-entraîneur de Langnau, Jim Pattersson, qui a conduit Kootenay à la victoire en Memorial Cup, le trophée qui récompense la meilleure équipe junior majeur du Canada. Autant dire qu'il a été choisi pour son travail individuel auprès des jeunes. Il rentre ainsi dans le cadre de la politique du club, qui a choisi de privilégier la formation et de se limiter volontairement à quatre étrangers. Il est vrai que l'on considère que Leo van den Thillart est aussi bon qu'un étranger. Le vétéran passé par Viry-Châtillon, Amiens, Krefeld et Milan a refusé cet été les offres de Superleague (Bracknell et Manchester) pour rejoindre Tilburg où il doit servir de modèle aux jeunes défenseurs qui vont intégrer l'équipe première. Autre ancien, le gardien Martin Trommelen a décalé d'un an ses projets de retraite. L'espoir Marcel den Hartog devra donc encore attendre avant d'être pleinement titulaire.
L'opposition interne a eu raison de Manfred Wolf, qui, après son poste d'entraîneur de l'équipe nationale, a aussi perdu celui de Geleen. Le conseil d'administration du club l'a remplacé par son assistant Willy Zwarthoed, ce qui a complètement modifié les plans prévus. Certains joueurs locaux qui voulaient arrêter en raison de la personnalité du coach devraient continuer. A l'inverse, certaines recrues ont annulé leur arrivée car leur contrat était lié à la présence de Wolf. C'est la défense qui a subi le plus de remaniements. Leo van den Thillart, lassé du manque de volonté de certains, conséquence de la mauvaise ambiance, est parti à Tilburg. Marcel Houber a pris sa retraite et Jaroslav Sipek n'a pas été gardé.
Un expérimenté défenseur canadien d'ECHL, Ken Ruddick, et un gardien autrefois premier tour de draft, Craig Hillier, auront pour mission de maintenir à flots les lignes arrières. Cela laissait trois places d'étrangers, et si les prolongations de Petr Jezek et Pavol Resetka se sont faites en douceur, il n'en allait pas de même pour Marian Uharcek, buteur au centre de la polémique l'an passé (il avait été viré pour son manque total de travail défensif l'an passé et avait été réintégré après avoir fait ses excuses) qui n'était pas le bienvenu par tous. Il est finalement resté mais son comportement est sous surveillance. Geleen n'est pas en reste sur les doubles nationaux avec Chad Euverman (Heerenveen) et Travis Albers, un attaquant de vingt ans qui débarque de ce côté-ci de l'Atlantique. Reste à savoir si on assistera vraiment à la fin des clans, car il faudra une équipe soudée pour atteindre l'objectif avoué de deux places en finale.
La seule lueur de la saison catastrophique de Nimègue, le meilleur marqueur du championnat Kevin Hoogsten, a rejoint Amsterdam. Très décevants, la plupart des étrangers n'ont pas vu leur contrat prolongé. Tout est à reconstruire pour Nimègue, tombé au plus bas après sept années comme champion ou vice-champion. Cette mission est confiée à Dana Knowlton qui arrive de Suisse et dont les exigences sur et surtout en dehors de la glace pourraient bousculer les habitudes.
Le Canadien Sean Austin et l'Américain Steve O'Brien auront pour tâche de protéger un gardien venu de la Boston University, Jason Tapp. Nimègue a d'habitude le nez creux avec ses portiers, sera-ce le cas avec celui-ci, alors que ses homologues dans le championnat sont plutôt des joueurs d'expérience ? La réponse sera cruciale pour Nimègue qui a également eu recours à son lot de Néerlando-Canadiens avec Matt Korthuis, Bob Vandersluis et surtout Dale Crombeen, venu de Bietigheim-Bissingen.
Heerenveen avait renoué avec le succès en remportant la coupe, mais les vice-champions ont pourtant perdu plusieurs sponsors et ont vu six de leurs leaders parce que l'on ne pouvait pas augmenter ou laisser l'état leur salaire. Même son de cloche chez les étrangers où seul Jeff Mercer a pu être conservé.
Faute d'argent, on se doute que la pêche sur le marché nord-américain ne pouvait pas être extrêmement fructueuse. Heerenveen n'a donc pu recruter que des joueurs universitaires sans expérience du hockey professionnel. L'entraîneur Andy Tenbult aura donc encore la lourde tâche de tirer le maximum des moyens qu'il a à disposition, mais les ambitions sont évidemment revues à la baisse.
Et c'est tout... Le championnat néerlandais repart une fois encore avec cinq petites équipes. Den Bosch n'a de nouveau pas pu s'y engager. L'équipe de s'Hertogenbosch aimerait s'occuper de la formation humaine et technique des hockeyeurs, mais il ne pourrait pas supporter les coûts supplémentaires liés aux salaires des cinq étrangers voire des doubles nationaux, qui sont nécessaires pour être suffisamment compétitifs et espérer des résultats capables de satisfaire des sponsors. Den Bosch n'a pas les moyens de s'engager dans ce cercle vicieux, et sa situation est symbolique du hockey néerlandais, où le fossé est trop grand entre cette micro-élite et le reste. Le reste, cela comprend uniquement une division qui regroupe une poignée de clubs, dont des équipes réserves. Au-delà, il n'y a plus que du hockey loisir, et la base de joueurs, en mineur comme en senior, est beaucoup trop faible pour cadrer avec des ambitions comme un illusoire rêve olympique.