Allemagne 2002/03 : présentation
Tous les observateurs s'accordent pour dire que la DEL semble être sur la bonne voie, même si le tableau est encore loin d'être idyllique. La conclusion du feuilleton Hambourg marque peut-être la fin des tractations en coulisses pour racheter telle ou telle licence, et la relégation sportive devrait empêcher que traînent des proies en difficulté pour les prédateurs économiques. Ceux-ci sont donc en sommeil, même si une éventuelle réussite de l'expérience Hambourg pourrait les réveiller. De plus, les circonstances ont permis à la DEL de passer à quatorze clubs et d'avoir un calendrier un peu moins chargé, avec moins de matches le mardi, ce que tout le monde réclamait. Débarrassée des vilains petits canards (Berlin Capitals, Essen et Oberhausen), la ligue espère donner une meilleure image de sa gestion financière.
Heureusement, car une cure de rigueur l'attend, puisque l'empire de médias Kirch tremble sur son socle, et que les recettes des clubs, déjà amputés des droits télévisuels escomptés, devront faire avec quatre matches à domicile de moins. Le problème est que les inégalités risquent de s'accroître, car ce sont les petits clubs qui sont le plus pénalisés par la perte de ressources communes (droits télé, mais aussi fin de la publicité centralisée sur les cercles de mise en jeu), alors qu'un club fermé de très riches (Cologne, Mannheim, Düsseldorf et les deux équipes d'Anschutz) semble creuser un fossé même par rapport aux autres équipes de haut de tableau. Il faudra donc suivre cette évolution de près et voir si elle ne menace pas l'équilibre du championnat.
Au moins celui-ci en a-t-il terminé avec ses excès, au moins en ce qui concerne les transferts. Certes, les mouvements de joueurs sont toujours aussi nombreux (et sans doute trop), mais les années folles appartiennent au passé, et les clubs recrutent désormais des valeurs sûres, à l'intérieur même de la ligue, échaudée par les trop nombreux exemples de joueurs au CV prestigieux recrutés outre-Atlantique et qui se sont révélés être des mercenaires ou des touristes prenant la DEL pour un camp de vacances. Le nombre de nouveaux arrivants a été divisé par trois en cinq ans, et encore ceux-ci viennent-ils pour la plupart des divisions inférieures. Seuls trois joueurs avaient été ainsi "promus" il y a cinq ans, ils sont aujourd'hui une trentaine à suivre les exemples de réussite de Thomas Greilinger ou Andreas Morczinietz. La DEL a redécouvert que le hockey allemand existait en dehors d'elle.
Ce retour à la sagesse est-il durable ou sera-t-il oublié quand les robinets financiers seront moins taris ? Là est toute la question... Les progrès sont réels mais lents, à l'image de la réduction du nombre d'étrangers (de 14 à 13). La règle des 14+4 étant devenue celle des 13+6, il y a plus de place pour les joueurs allemands de plus de 23 ans (non soumis au contrat espoir). Mais, avec la réduction du nombre de clubs, les places sont toujours chères. Les grandes difficultés qu'ont connues de nombreux joueurs allemands reconnus, même des internationaux, à trouver un club qui veuille d'eux (notamment les défenseurs, et on ne parle même pas du problème des gardiens) montre qu'il est nécessaire que la réduction du quota d'étrangers se poursuive sans délai. Quant aux efforts portés sur la formation, ils méritent la mention "en progrès, mais peut mieux faire". Certes, des jeunes se sont révélés (Morczinietz, mais aussi Vitali Aab, David Sulkovsky ou Eduard Lewandowski), mais très souvent, c'est uniquement grâce à des blessures dans leur équipe qu'ils ont pu bénéficier d'un bon temps de jeu et d'une exposition suffisante pour pouvoir faire leurs preuves.
Les clubs de DEL
"On ne change pas une équipe qui gagne", voilà un proverbe que le champion en titre Cologne n'a pas du tout appliqué. Il faut dire que le remembrement de l'effectif - treize changements - était prévu de longue date, bien avant le printemps et le bourgeonnement des play-offs qui ont transformé une année pourrie en une huitième couronne. De toutes les recrues, la plus importante et la plus médiatique est bien sûr l'entraîneur Hans Zach, que ses succès avec Kassel et surtout avec l'équipe nationale allemande ont propulsé au rang de monstre sacré. Cela devrait lui éviter la mésaventure de son prédécesseur Lance Nethery (Chernomaz n'étant qu'un brillant intérimaire) qui s'était aliéné les supporters d'entrée en poussant vers la sortie comme un malpropre le légendaire gardien Peppi Heiß. Zach a pourtant procédé de même avec un autre pilier du club, Jorg Mayr, qui a eu comme récompense du sacrifice de sa mâchoire aux JO une non-reconduction de contrat assumée par Zach. Ce manque de confiance difficile à avaler avait d'ailleurs conduit le défenseur émérite à se mettre en congé de l'équipe nationale. De plus, le public de Cologne a perdu son chouchou Corey Millen (Lugano) ainsi que le précieux défenseur suédois Petri Liimatainen (Malmö). Mais le demi-dieu Zach, même s'il cumule un autre handicap, celui d'avoir été l'entraîneur des grandes années du rival Düsseldorf, devrait bien être vite pardonné.
Cologne a en effet sans doute gagné au change, d'autant que si la plupart des partants avaient leurs meilleures années derrière eux, ce n'est absolument pas le cas des nouveaux arrivants. La double casquette de Hans Zach a en effet attiré de nombreux joueurs désireux de se faire une place en équipe nationale. Il en est aussi de Robert Hock, objet lui aussi des relations amour/haine de Zach, qui le laisse depuis plusieurs années aux portes de la sélection alors qu'il est le meilleur buteur allemand. Deux des révélations de l'an dernier, Andreas Morczinietz et Eduard Lewandowski, ont fait un choix similaire. Et l'aimant a également fonctionné avec des futures stars annoncées comme ce trio issu de la formation de Riessersee : le gardien Leonhard Wild (23 ans) - qui espère profiter de la passion de Zach pour la tournante des gardiens pour avoir plus de temps de glace que Pätzold l'an passé - et surtout le défenseur Stefan Schauer (19 ans) et l'attaquant Markus Kink (17 ans). Zach a acquis à Kassel la réputation d'un entraîneur qui donne une chance aux jeunes, et cela a bien sûr été prépondérant dans leurs choix. En plus, le directeur sportif Gerhard Brunner - qui reforme avec Zach un duo déjà à l'œuvre à Düsseldorf - dévoile une autre facette de ce plan-jeunes en rappelant que Cologne a certes toujours formé de bons joueurs, mais que les portes de l'équipe senior leur restaient malheureusement hermétiques. Cela pourrait changer avec l'intégration de deux jeunes de 17 ans, Kai Hospelt et Markus Schmidt.
Les renforts étrangers sont eux aussi de grande qualité. Shane Peacock (Munich) était un des défenseurs les plus courtisés de la DEL, de même que les solides Darcy Werenka (Schwenningen) et Mickey Elick (Augsbourg). En attaque, Zach, connu pour son affection pour les Canadiens, a laissé croire qu'il aimait aussi les Suédois, travailleurs et collectifs comme il les aime, et est allé les chercher en LNA suisse, où "un étranger qui réussit est forcément un bon". Le centre défensif Fredrik Nilsson (26 ans) arrive ainsi de Kloten, mais c'est surtout Johan Witehall (30 ans) qui retient l'attention. Ce joueur révélé sur le tard (à 24 ans, il évoluait encore au troisième niveau suédois à Hanhals, avant d'être appelé pour une année d'Elitserien à Leksand et de jouer dès l'année suivante en NHL) a réussi une belle saison dans la tourmente de Coire, et on attendait de lui qu'il en fasse autant dans les conditions idéales de Cologne. Mais l'artiste de la crosse ne s'est absolument pas adapté au système défensif de Zach et au jeu très fermé de la DEL, et son contrat a été annulé avant même le début de la saison. Commentaire de Hans Zach : "En Suisse, tout le monde m'avait dit qu'il était plus canadien que suédois. Mais les Suisses ont vraiment une autre vision des choses que le reste du monde." L'épisode aura au moins rassuré les autres clubs : tout était trop parfait cet été à Cologne, il fallait bien qu'un imprévu survienne.
Aura-t-on un remake de la finale de l'an passé ? En tout cas, Mannheim figure en toute logique parmi les favoris au titre, avec une équipe rajeunie par les départs des vétérans Stéphane Richer et Dave Tomlinson. Comme leurs rivaux de Cologne, les Adler sont en position de force sur le marché et se mettent à recruter les meilleurs Allemands. Après Stefan Ustorf l'été dernier, un autre joueur qui s'est enlisé en Amérique du Nord a choisi Mannheim comme point de retour : le défenseur Sascha Goc, qui n'a fait que des apparitions épisodiques en NHL l'an dernier avec New Jersey et Tampa Bay, rejoint ainsi son jeune frère Marcel. Mais les vols au-dessus de l'Atlantique peuvent aller dans les deux sens, et Mannheim a appris à ses dépens que les contrats signés en Europe deviennent lettre morte quand la NHL s'en mêle. Le défenseur de Kloten, Chris O'Sullivan, a ainsi fait défection au dernier moment, ce à quoi s'est ajouté le départ du très prometteur Dennis Seidenberg pour Philadelphie, revers de la médaille des nouveaux efforts de formation en Allemagne.
Mais les lignes arrières seront malgré tout un point fort grâce au recrutement du Norvégien Anders Myrvold (passé par Fribourg-Gottéron) et de Chris Joseph, 33 ans, 541 matches de NHL, dernièrement au TPS Turku. Les ressources financières de Mannheim permettront donc ne pas uniquement dépendre de l'adaptation de Nick Naumenko, dont le puissant lancer de la bleue a fait des malheurs dans les ligues mineures nord-américaines. Une recrue d'AHL également en attaque, Jason Podollan, qui débarque tout comme les internationaux Klaus Kathan (Kassel) et Tomas Martinec (Iserlohn), ainsi que Mike Kennedy (Munich). Ils auront la lourde tâche de pallier le départ de Michel Picard, mais aussi la convalescence de René Corbet, qui se rétablit de sa rupture des ligaments croisés. On guettera certainement la date de son retour avec impatience, et il aura ainsi le privilège de faire pour la deuxième année de suite office de joker.
Quant au gardien, c'est encore et toujours Mike Rosati. A l'image du héros du Viager, le film de Pierre Tchernia, il n'a pas l'intention de laisser sa place de sitôt, et Robert Müller, qui a régressé au lieu de progresser à force de cirer le banc, a été le premier à céder et est parti à Krefeld. Par un jeu de chaises musicales, Dmitri Pätzold, barré à Cologne, vient tenter sa chance à Mannheim, où il n'est pas sûr qu'il soit mieux loti. Bilan des courses, on attend toujours de voir un gardien allemand à un poste de n°1 en DEL.
Du fait de diverses circonstances, dont le déménagement des Munich Barons à Hambourg n'est pas le moindre, les prétendants sérieux se font plus rares cette année et ils sont peu nombreux à penser pouvoir troubler le duel Cologne-Mannheim. Ce contexte est idéal pour l'autre équipe d'Anschutz, les Eisbären de Berlin, qui ne cracheraient probablement sur une place en finale. La progression enregistrée la saison passée, qui a vu le club quitter le fond de cale et faire son retour en play-offs, est en effet censée aboutir au titre dans trois ou quatre ans. L'entraîneur Pierre Pagé a ce qu'il faut à sa disposition, tout le problème consistant pour lui à établir une bonne cohésion. Pour qu'un nouveau pas en avant soit franchi, l'effectif a en effet été renforcé, malgré le départ du capitaine-modèle Marc Fortier. Alors que leurs concurrents jouent la prudence en faisant confiance à des valeurs sûres, les Eisbären continuent de prospecter directement en NHL ou en AHL. Il faut dire qu'ils ont un sérieux atout : les réseaux de la maison-mère Anschutz, et en particulier les scouts des Los Angeles Kings, qui connaissent évidemment fort bien les joueurs nord-américains. Quatre d'entre eux ont été choisis, deux centres - le petit et agile Mark Beaufait (un "gagneur" selon Pagé) et le rapide et puissant Kelly Fairchild - et deux défenseurs - l'Américain John Gruden et le Suédois Ricard Persson. Il est à noter que ces renforts ne sont pas tout à fait des inconnus en Allemagne puisque deux d'entre eux (Gruden et Beaufait) avaient signé des contrats en DEL l'été dernier, avant de retourner leur veste dans l'espoir d'une place en NHL, promise mais évidemment jamais obtenue. Persson, lui, y était bel et bien, en NHL, à Ottawa précisément, et il est d'ailleurs le seul joueur à passer directement de la NHL à la DEL cet été. Pagé attend donc qu'il devienne le leader de sa défense.
Son arrière-garde solide devrait donc être le point de fort des Berlinois, même s'ils sont également bien pourvus en attaque avec des buteurs reconnus comme Steve Walker, David Roberts et... Yvon Corriveau. Le cas de ce dernier fait particulièrement jaser car il revient chez les Eisbären après deux ans passés sous les couleurs des Capitals, les adversaires de Berlin-Ouest. Il sera intéressant de voir comment les supporters vont réagir à ce retour du fils prodigue, qui fait trop peu de cas de la rivalité bien réelle entre les deux clubs. Il est par contre un sujet que les supporters ont déjà tranché, c'est celui de la patinoire. Ils ont fait savoir qu'il était hors de question que le club s'installe ailleurs qu'à Berlin-Est, où se trouvent ses racines, son histoire, et son identité, tout simplement. Mais, comme la Deutschlandhalle (située à Charlottenburg, à quelques dizaines de kilomètres plus à l'ouest de la ville) est une belle enceinte un peu inexploitée du fait de la dégringolade des Capitals au quatrième niveau de compétition, Billy Flynn, le directeur du marketing des Eisbären, ne démord pas à l'idée d'y disputer quelques matches. Bras de fer en perspective. Pour le résoudre, une solution à long terme existe : construire une grande patinoire à Berlin-Est, près de l'Ostbahnhof (la gare de l'est). Le projet est d'ailleurs dans les cartons... mais il devrait y rester encore quelque temps, du fait des turbulences financières qui perturbent l'empire Anschutz - venant non pas de ses clubs sportifs, mais de ses entreprises de médias et de communication.
Début juillet, Nuremberg pouvait encore passer (comme l'an dernier, ce qui n'avait pas empêché une nouvelle sortie en quart de finale) pour un candidat au titre. Mais en quelques semaines, la donne a changé. Première épine dans le pied, Michel Picard, le buteur de Mannheim, a été détourné par l'appel de la NHL. C'est très dommage car le club comptait beaucoup sur le duo qu'il formait en Amérique du Nord avec son compère Steve Larouche, qui se retrouve seul et abandonné. Pour autant, le français est quand même la nouvelle langue officieuse des vestiaires de Nuremberg puisque Robert Guillet et Marc Savard (ex-défenseur de Grenoble et Briançon) ont aussi rejoint Frédéric Chabot et Guy Lehoux. Clin d'œil, via des hockeyeurs québécois, la langue de Molière investit ainsi la Franconie (Franken en allemand). C'est ainsi que s'appelle la région de Nuremberg, où se sont installés les Francs au VIIè siècle, alors qu'une autre partie de leur peuple allait plus à l'ouest donner son nom à la France.
Fermons cette parenthèse culturelle et revenons à cette attaque, qui a perdu ses Italo-Canadiens (Zarillo en LNB chez le promu Langenthal, Chitarroni à Milan et Borsato à la retraite) et qui a engagé de grands buteurs, même si Picard aurait pu apporter le petit plus souvent décisif. En défense aussi, une recrue prévue a pris la direction de la NHL. Mais cette deuxième épine est un cas un peu différent puisqu'il s'agit du jeune Christoph Schubert. Il avait prévu un court voyage vers le nord, peu content des critiques incessantes du staff munichois, mais il a été drafté par Ottawa et a finalement décidé d'accepter le contrat proposé qui devrait l'envoyer en équipe-ferme. Il a été remplacé par Ivan Droppa au sein de lignes arrières très stables (tant mieux car elles étaient le point fort de Nuremberg avec l'excellent duo de gardiens Chabot/Seliger, toujours là eux aussi). On y suivra notamment Shawn Anderson, qui aimerait effacer sa saison 2001/02 en demi-teinte où il a souffert de sa mésentente avec l'entraîneur Bob Murdoch. On en vient ainsi à la troisième et dernière épine, le coup de tonnerre au beau milieu de l'été, le licenciement de Murdoch, qui bouleverse un peu les plans établis. L'équipe sera donc confiée à Mike Schmidt, un Germano-Canadien qui a été six fois champion d'Allemagne et qui a participé aux JO d'Albertville, mais qui est surtout un parfait novice au poste d'entraîneur. Néanmoins, nombreux sont ceux qui ne regrettent pas le départ de Bob Murdoch, dont le capital-confiance auprès des supporters et des dirigeants avait été écorné par deux échecs consécutifs en quarts de finale face aux Kassel Huskies de Hans Zach.
Comme beaucoup de coaches canadiens, Murdoch avait la réputation de favoriser ses compatriotes, ce qui ne collait pas avec la volonté du club et de son public de donner plus de place aux joueurs allemands. En plus de l'exemplaire capitaine Jürgen Rumrich, du portier Marc Seliger, du Germano-Tchèque Martin Reichel et des jeunes Vitali Aab et Thomas Greilinger, Nuremberg a essayé d'attirer Schauer, Lewandowski et surtout Morczinietz, mais a dû s'avouer vaincu devant l'argument "entraîneur" de Cologne - encore Zach ! Néanmoins, Nuremberg, nanti de conditions idéales avec sa patinoire construite pour les Mondiaux 2001, voit plus loin son rôle dans la formation de talents allemands : une équipe de DNL (championnat élite pour les moins de 18 ans) pour 2004, puis à moyen terme un projet d'internat qui pourrait former les meilleurs joueurs de Franconie et leur permettre d'intégrer l'équipe première.
Originaire de Bad Tölz tout comme Hans Zach, Michael Komma a-t-il les moyens de se poser en rival de son aîné ? Pas encore, sans doute. Quand on lui demande quel est son favori cette saison, l'entraîneur et directeur sportif de Düsseldorf répond : "Cologne, parce qu'ils ont bien recruté et qu'ils ont un formidable entraîneur". Néanmoins, quand il peut écraser son "formidable" concitoyen, il ne se gêne pas, comme quand il a gâché la fête du trentième anniversaire du KEC par un 7-0 en pré-saison, comme un avant-goût de l'avenir espéré... Komma a un contrat de trois ans, durée dans laquelle s'inscrivent les projets du club. Alors, les derbys rhénans entre Cologne et Düsseldorf embraseront sûrement toute la DEL. Mais nous n'en sommes pas encore là, et l'objectif de la saison pour le DEG est d'atteindre enfin les play-offs. Il en a largement les moyens. Dans les buts, il pourra compter sur l'indispensable Andreï Trefilov, qui aura pour doublure le peu expérimenté Alexander Jung. En défense, le vétéran belge Mike Pellegrims tient toujours la barre, tandis que l'Autrichien Gerhard Unterluggauer rejoint son compatriote Martin Ulrich et que la colonie norvégienne est encore renforcée par le petit mais combatif Tommy Jakobsen, qui arrive d'Augsbourg avec le Tchèque Jakub Ficenec. Ajoutez-y le jeune Markus Pöttinger et l'ancien Torsten Kienass, et vous obtenez des lignes arrières non seulement plus solides, mais également plus dangereuses offensivement. Un des moteurs du recrutement de Ficenec et Unterluggauer est d'ailleurs leur puissant lancer en supériorité numérique.
En attaque, l'excellente deuxième ligne composée du Germano-Russe Leo Stefan et surtout des deux Norvégiens Trond Magnussen et Tore Vikingstad a pu être conservée, Magnussen accédant même au statut mérité de capitaine. Mais la nouveauté, c'est que le premier bloc qui a cruellement fait défaut à Düsseldorf l'an passé semble cette fois se dessiner gros comme une maison. À l'aile gauche, Jeff Christian, un pur buteur qui a marqué trente-trois fois avec Krefeld. Au centre, Marc Beaucage, qui a prouvé sa valeur avec Augsbourg. À l'aile droite, Daniel Kreutzer, pour son retour tant attendu dans sa ville natale. Au sujet de ce dernier, il faut dire qu'il a si bien acquis un statut de leader sous la houlette de Zach en club et en sélection qu'on en oublie qu'il n'a même pas vingt-trois ans, et qu'il est plus jeune que la nouvelle fierté locale Nikolaus Mondt (d'ailleurs lui aussi passé - brièvement - par Kassel). Si tout ce beau monde joue bien la carte du collectif, c'est une belle équipe qui est en train de prendre forme.
Avec tout le remue-ménage qu'a fait Harkimo (30 % du capital) pour mettre une équipe de haut niveau dans la patinoire qu'il voulait construire à Hambourg, avec tout le cirque qu'a fait Anschutz (70% du capital) pour préparer en douce la mort des Munich Barons, on se disait que l'été allait être le théâtre d'une grande campagne médiatique de lancement du hockey de niveau DEL dans la deuxième ville d'Allemagne... Au lieu de ça, le calme plat. Le pot au noir, même. La nouvelle franchise était aux abonnés absents pendant plusieurs semaines, au point que certains commençaient à s'inquiéter. Début août, elle n'avait toujours ni nom, ni logo, ni nouvelles recrues. Anschutz fit tout cela à la va-vite en annonçant que l'équipe serait baptisée "Hamburg Freezers". Et les "congélateurs" glacèrent effectivement les observateurs. Après des mois d'attente fébrile, et connaissant la puissance d'Anschutz en matière de marketing, ce dessin froid et peu accrocheur a déçu. Le recrutement a lui aussi été préparé à la dernière minute, car le directeur du sport de l'Anschutz EG, Chris Reynolds, a été très nommé très tardivement pour suppléer le manager Max Fedra, contraint de prendre du repos en raison de problèmes circulatoires. L'envoyé spécial a alors travaillé en commun avec l'entraîneur Sean Simpson pour récupérer ce qu'il restait sur le marché (Andrusak, Crowley, Stevens et Lachance). Est-ce donc si problématique ? En fait, pas tant que ça. Car les "restes" en question se trouvaient parfois sans emploi du fait de circonstances particulières, comme Bob Lachance, qui avait été engagé par Coire et qui s'est retrouvé sur le carreau quand le club grison a vu se refermer les portes de la LNB. Pour l'anecdote, l'Américain est d'ailleurs devenu en amical le premier buteur de l'histoire des Freezers.
De toute manière, l'important n'était pas tant de savoir qui allait venir que de savoir qui allait rester. Parmi les anciens des Munich Barons, il se disait que les Nord-Américains accueilleraient avec indifférence le déménagement, puisque pour eux, la capitale bavaroise ou la cité hanséatique, c'est du pareil au même. En revanche, on pensait que les joueurs allemands pourraient profiter de la possibilité laissée par Anschutz d'aller voir ailleurs. En particulier, les Bavarois Christian Künast et Heiko Smazal voulaient rester dans leur région. Mais la plupart des clubs avaient déjà tracé les grandes lignes de leur recrutement lors de l'annonce du déménagement par Anschutz, et les deux joueurs ont trouvé porte close chez le promu Ingolstadt. Étonnant, mais symptomatique d'un marché très fermé cet été pour les joueurs allemands, malgré la lente réduction des étrangers. Certains récents internationaux ont même dû trouver refuge en division inférieure, et pour ne pas en arriver là, Künast et Smazal se sont résignés à faire le voyage à Hambourg. On prévoyait dès lors le maintien des cadres, avec Fedra aux manettes, Simpson derrière le banc et Boris Rousson dans les cages, mais il n'y a plus en fin de compte que huit joueurs de l'ancien effectif. C'est ainsi que Derek King, attendu comme le leader de la première ligne, a fait jouer sa clause de sortie pour un contrat en AHL. Hambourg a néanmoins pu attirer quelques jeunes Allemands comme le néo-international David Sulkovsky (24 ans) ou le très attendu Alexander Sulzer (18 ans).
Reste un problème aux conséquences difficiles à quantifier, même si la même situation s'est produite lors de l'entrée de Belfast en Superleague britannique : la Color-Line Arena (quasiment copiée sur la Hartwall Arena, demeure du Jokerit Helsinki et pierre angulaire de la maison Harkimo, alias Jokerit HC Arena Holding Oy) n'ouvrira que le 12 novembre, et le handicap de devoir commencer la saison par douze matches à l'extérieur devrait être rédhibitoire pour le titre. Ouf, diront ceux qui prétendent maintenant que l'erreur d'Anschutz à Munich est d'avoir été champion (?! Quelle idée aussi...) la première année et d'avoir ainsi vacciné le public au succès sans se ménager de marge de progression. Il ne faudrait pas non plus tomber dans l'excès inverse car des résultats médiocres rendraient très difficile à atteindre l'objectif ambitieux de cinq à mille spectateurs de moyenne. L'équipe est donc sous pression. Tout indique qu'elle se doit d'aller en play-offs malgré une préparation pas idéale.
L'image de Kassel était devenue tellement indissociable de celle de Hans Zach que beaucoup affirmaient que le club ne pourrait jamais se remettre du départ de son entraîneur-fétiche. Pourtant, l'exil massif annoncé des attaquants internationaux n'a pas eu lieu (si les buteurs Kathan et Kreutzer sont partis, Daffner, Loth, et surtout le capitaine Tobias Abstreiter sont restés), et Kassel a plutôt bien engagé le meilleur suppléant possible derrière le banc avec Gunnar Leidborg. Après avoir vécu une saison éprouvante chez des Berlin Capitals en pleine crise, le Suédois devrait se fondre avec plaisir dans la tranquillité de la petite ville de la Hesse. D'un abord plus sympathique que Zach, il a en revanche l'intention de conserver une philosophie de jeu semblable fondée sur la combativité et l'esprit d'équipe.
Leidborg, ancien gardien émérite de l'AIK Stockholm, devrait se créer moins de soucis à ce poste que son prédécesseur, faisant de Rich Parent, le garant du maintien d'Iserlohn, son titulaire. Il a néanmoins promis que le grand espoir Markus Janka, formé à Geretsried et passé par Schwenningen, aura sa chance et pourra se développer. Quant aux trois départs (Kathan et Kreutzer en attaque et le meilleur défenseur Jeff Tory), ils ont été palliés par Leidborg, qui a amené avec lui de Berlin le créatif ailier russe Aleksandr Cherbaïev et qui a aussi recruté deux compatriotes, vice-champions de Suède avec MoDo. Le défenseur Lars Jonsson et l'attaquant Mikael Wahlberg sont déjà passés - plutôt anonymement - en DEL, mais on attend désormais d'eux qu'ils soient de véritables leaders. Ils auront donc autant la pression que leur entraîneur. Globalement, Kassel a très bien su gérer la difficile transition vers l'ère post-Zach, mais est quand même à la croisée des chemins. Les trois demi-finales consécutives sont en effet un peu trompeuses car elles n'ont pas été obtenues les doigts dans le nez. Il faut donc espérer que le club bénéficie d'un peu de réussite car on en a toujours besoin. Il doit faire face de plus à une autre concurrence, celle du football, qui refait surface dans la ville.
Loin des chamboulements passés, Krefeld est de très loin l'équipe la plus stable de DEL avec seulement cinq changements et aucune recrue majeure. Leurs coups les plus importants, les Pinguine les ont faits en obtenant que restent des joueurs très courtisés (chèques à l'appui) comme le vétéran Darryl Shannon, le très prometteur défenseur Christian Ehrhoff, et bien sûr la star Christoph Brandner. L'Autrichien s'est carrément vu proposer par Minnesota un "one-way contract" qui limite les possibilités de rejet en équipe-ferme et garantit la rémunération, mais il a préféré rester au club qui lui a permis d'éclater. La question est la suivante : cet effectif qui a été en grande partie conservé, est-ce celui qui a brillé en saison régulière ou celui qui est sorti sans gloire en play-offs ? On se doute que l'entraîneur Chris Valentine (ex-star de Düsseldorf qui avait passé cinq buts à Rouen dans un match télévisé de coupe d'Europe difficile à effacer des mémoires) préfère la seconde solution.
Néanmoins, Krefeld a un peu perdu en qualité, surtout offensivement. Si Jonas Lanier (20 ans) remplacera avantageusement Phil Huber (33 ans) et rajeunira un peu une formation assez vieillissante, le vétéran de NHL Sandy Moger - en Finlande l'an dernier - et le puissant ailier allemand David Musial auront bien du mal à faire oublier Gilbert Dionne et surtout Jeff Christian et ses trente-trois buts. Cela va encore plus concentrer les forces des Pinguine sur le premier bloc (Brandner-Purdie-Augusta, qui auront du mal à faire aussi bien que l'an passé), alors que c'est l'homogénéité qui peut leur faire défaut. En conséquence, le capitaine Gary Shuchuk (35 ans) et les cadres Thomas Brandl et Stéphane Barin devraient encore être sollicités pour leur travail défensif sur la troisième ligne. Il y a bien moins de soucis en défense, où Paul Dyck remplacera trait pour trait Phil von Stefenelli - avec deux ans de moins. Dans les buts, enfin, on ne reverra pas l'excellent joker Éric Fichaud, mais le fidèle Roger Nordström. Peut-être une chance pour Robert Müller, qui tient là son nouveau pensionnaire titulaire d'un viager. Le vétéran suédois est en effet de deux ans plus vieux que l'inusable Rosati, et l'espoir allemand sait que c'est maintenant ou jamais s'il veut franchir un cap décisif dans sa carrière.
Faites les comptes, on arrive exactement à huit équipes, les huit favoris pour les play-offs. Avec deux formations de moins, la distinction est rendue plus nette, et on n'a plus comme par le passé une douzaine de formations qui pensaient "forcément" finir en play-offs, situation évidemment inextricable. Signe de sagesse ? On verra à l'heure des comptes (sportifs et financiers). Ceci dit, il ne faut pas croire que les six autres ont abandonné leurs ambitions de play-offs. Augsbourg y tient même tout particulièrement pour le 125è anniversaire de l'AEV (le club de patinage originel, évidemment pas la section hockey puisqu'à l'époque les Canadiens avaient tout juste inventé le palet), de même - comme toujours - que les papys de Francfort, tout aussi inclassables que les "Suédois" de Hanovre.
Commençons par Augsbourg. Une nouvelle qualification en play-offs y serait évidemment appréciée, mais elle n'a certainement pas été prévue au budget du club souabe, qui reste prudent et connaît ses limites. C'est ce manque de moyens qui le contraint à recruter des étrangers inconnus en Allemagne plutôt que ceux dont le talent est reconnu en DEL et est payé en conséquence. Cette stratégie comporte évidemment une part non négligeable de risques. Si la mayonnaise ne prend pas, l'équipe connaît une saison noire comme il y a deux ans. Si elle prend, la réussite est au rendez-vous comme l'an dernier. Mais, dans les deux cas, les joueurs repartent au bout d'un an, soit parce qu'ils n'ont pas convaincu, soit parce qu'ils se sont révélés, et cherchent alors d'autres cieux plus fortunés. C'est ce qu'il s'est passé avec toute la première ligne (Guillet-Beaucage-Morczinietz) et avec les trois meilleurs défenseurs (Ficenec, Elick et Jakobsen), sans qu'il y ait malheureusement un système de transferts comme en football qui pourrait compenser la saignée. Augsbourg joue quand même toujours le jeu, et engage des joueurs d'avenir désireux de faire carrière en DEL - moyenne d'âge des recrues : 25 ans - et non pas des vieux de la vieille qui viendraient disputer une dernière saison avant de raccrocher les patins.
Puisqu'il faut tout rebâtir chaque année, autant prendre de l'avance en recrutant des joueurs qui se connaissent déjà. Cela avait payé il y a trois ans avec les vétérans russes Sergueï Vostrikov et Igor Maslennikov (le second a dû finalement partir à la retraite, contraint et forcé par une blessure, mais le premier continue seul à trente-huit ans). Cela paiera-t-il avec Philippe Audet et Xavier Delisle, deux Québécois qui avaient joué ensemble depuis les rangs juniors mais dont les routes s'étaient séparées quand ils avaient tenté de percer en NHL (en vain : quatre matches pour l'un, seize pour l'autre) ? Attention, on ne peut pas non plus attendre des Canadiens la même entente collective que celle des duettistes russes passés par le système du CSKA. L'entraîneur Daniel Naud aura pour tâche de souder sa petite colonie québécoise qui s'enrichit également du nouveau leader défensif Frédéric Bouchard et d'une des figures de la Superleague britannique, Pierre-Claude ("PC") Drouin. Au milieu de cet incessant ballet de nouvelles têtes, il reste un phare, fidèle parmi les fidèles : le capitaine Duanne Moeser, qui effectue sa dixième année de suite au club (et sa treizième au total). Outre de l'adaptation des recrues, les performances d'Augsbourg devraient encore être extrêmement dépendantes des prestations du gardien suédois Magnus Eriksson.
Que faire quand, malgré de gros moyens et un public fidèle, vous alignez année après année des résultats plus médiocres les uns que les autres, et que les recrues prestigieuses et expérimentées sont devenues des flops retentissants ? Généralement, un responsable de club normalement constitué vous répondra qu'il faut laisser la place aux jeunes pour essayer de créer un nouvel esprit et de rebâtir une équipe. Mais, à Francfort, on voit les choses différemment. Avec une formation composée aux trois quarts de trentenaires et trois nouvelles recrues de plus de trente-cinq ans, on ne s'inspire ni plus ni moins que de la "mode Detroit". Depuis que les Red Wings ont remporté la Coupe Stanley avec une formation de vieux grognards, l'âge est subitement paré de toutes les vertus, alors qu'il était accablé de tous les maux. Qui peut sérieusement croire que la situation des deux clubs est comparable ? Detroit avait déjà une équipe impressionnante et y a ajouté les meilleurs vétérans au monde. Francfort est parti de presque rien et ajoute encore des inconnues à son problème, la plus grande d'entre elles étant sans doute son gardien. Certes, Dominic Roussel a joué plus de deux cents matches en NHL, mais l'an dernier, refusant les propositions d'Edmonton, il n'a disputé qu'une dizaine de parties... en semi-pro au Québec. Dans quel état de forme et avec quelle motivation arrivera-t-il ? La réponse pourrait déterminer la saison de Francfort.
Le manager Bernie Johnston n'a néanmoins pas choisi tous ses renforts sur CV, il s'en est suffisamment mordu les doigts par le passé. Avec Lance Nethery, il a opté pour un entraîneur qu'il connaît depuis longtemps et avec qui il a travaillé au Canada, en Suisse et à Landshut. Mais est-ce un cadeau que de convier un vieil ami à une partie de rodéo aussi risquée ? Personne n'a en effet tenu une saison complète sur le siège éjectable d'entraîneur de Francfort depuis Petr Vorobiev en 1994/95. Au moins Nethery est-il blasé des licenciements. Il en a connu beaucoup, le dernier à Cologne en janvier. Cela ne l'a pas empêché de connaître aussi le succès, et quel succès avec ses trois titres de champion à Mannheim. Comme il a eu le droit de participer au recrutement, il a d'ailleurs engagé deux joueurs du Mannheim de la grande époque, les défenseurs Stéphane Richer (36 ans) et Paul Stanton (35 ans). Mais il n'est pas sûr que la reconstitution du trio soit du goût des supporters, car Mannheim est le club le plus détesté à Francfort. Par contre, le troisième "vieux", Marc Fortier (36 ans), devrait faire l'unanimité. Il était l'indispensable leader des Eisbären et pourrait être l'âme dont l'équipe de Francfort a plus que besoin. Attendez, ce n'est pas fini... Voilà que les Lions ont fait encore plus fort (et plus vieux) en engageant en dernière minute Greg Adams (39 ans, 1137 matches et 785 points en NHL - rien que ça ! - mais qui n'a pas joué l'an dernier).
C'est passé un peu inaperçu à l'échelle de la DEL, mais ça a fait causer dans les chaumières à Hanovre : la famille Haselbacher, qui dirige les Scorpions, a réussi un coup inattendu en engageant la famille Reiss, qu'on pensait à jamais liée au club-culte de la ville, le KEV Hanovre et son équipe des Indians. Dans la série "tout est possible", Siegfried Reiss se retrouve après cet improbable changement de bannière entraîneur-adjoint des Scorpions. Surtout, il emmène avec lui ses deux fils à qui il veut ainsi donner une chance de percer en DEL, Daniel (20 ans) et Andreas (16 ans). Ceux-ci remplissent les quotas des "Förderlizenzen" (contrats espoir) car les Scorpions de Hanovre n'ont pas de jeunes Allemands, hormis le second gardien Patrik Ehelechner, un talent prometteur originaire de Rosenheim et à suivre de très près. Ils s'inscrivent aussi dans une légère opération de rajeunissement d'une formation qui compte néanmoins toujours sur le quarantenaire germano-canadien Wally Schreiber et sur le joueur-modèle Len Soccio, qui entame sa dixième saison au club. Toujours assez expérimentée, mais un peu moins vieillissante, l'équipe doit se trouver un autre signe distinctif maintenant que Francfort lui a pris le statut de maison de retraite officielle de la DEL.
Cette particularité, Christer Abrahamsson l'a trouvée en lui donnant un fort accent scandinave. Le Suédois a recruté quatre de ses compatriotes, qui rejoignent Jakob Karlsson et Mattias Lööf, au club depuis trois ans, et Peter Jakobsson, arrivé l'an dernier. Fredrik Öberg des Berlin Capitals sera au centre de l'attaque. Il sera secondé par le rapide Stefan Hellqvist, qui a contribué avec ses 35 buts au retour immédiat de Leksand en Elitserien, tout comme le défenseur Torbjörn Johansson. Le quatrième nouveau Suédois est Edvin Frylén (Djurgården) dont les 100 kg annoncent la couleur : la priorité sera donnée à la solidité défensive, domaine qui a fait le plus défaut à l'équipe l'an passé. Recrue de dernière minute, le huitième Scandinave sera Peter Johansson, également un défenseur, qui intègrera l'effectif... aussitôt qu'il se sera dégoté un passeport allemand.
Ingolstadt
fait enfin son entrée en DEL - sans son surnom de Panther, car une équipe de DEL, Augsbourg, a le même - mais avec une dérogation pour évoluer un an encore dans sa vieille patinoire, où le couloir entre les vestiaires et la glace est à ciel ouvert. Lorsque la nouvelle enceinte ouvrira en août 2003, Ingolstadt sera-t-il encore en DEL ? Beaucoup de spécialistes pensent que oui, et que son effectif devrait lui permettre de se maintenir sans problèmes. Tout a été fait pour, en tout cas, puisque les treize places réservées aux étrangers ont été occupées d'emblée. On tient donc à être compétitif de suite pour engranger des points précieux, et on ne se réserve donc aucun joker, hormis le chouchou du public Clayton Young, qui ne pourra accompagner ses coéquipiers (et notamment la ligne Glenn Goodall - Samuel Groleau - Terry Campbell, intégralement conservée) dans cette nouvelle aventure que s'il obtient un passeport allemand.Si on estime ne pas avoir besoin de jokers, c'est qu'on considère avoir choisi une assurance tous risques en optant pour deux gardiens étrangers de bon niveau, Ilpo Kauhanen (Kassel) et Mike Bales. Ce dernier a été élu meilleur gardien de Superleague britannique avec les Belfast Giants, équipe dont arrivent aussi Chad Allen et Jason Ruff. Shayne Toporowski est également passé par Belfast, mais sa dernière escale a été Luleå, où il a côtoyé entre autres Arnaud Briand, et où il a mieux réussi que le capitaine tricolore avec 17 buts et 11 assists en 38 matches. Autre élément passé par la Suède, François Bouchard, ancien libero de Djurgården, qui se cherche depuis qu'il a quitté le club de Stockholm et son "hockey-torpedo". Leader présumé de la défense (avec l'international Erich Goldmann qui a finalement réussi à trouver un club fin août), il représente donc un pari, tout comme Jean-François Jomphe, ex-joueur de NHL et ex-star de DEL, mais qui est resté sans jouer pendant onze mois, depuis qu'il a claqué la porte de Mannheim, fâché avec l'entraîneur Bill Stewart. Pour tirer le meilleur de cet effectif indiscernable, l'entraîneur Giacinto ("Jimmy") Boni a tout misé sur une préparation physique extrêmement intense, recrutant comme adjoint un spécialiste, Ben Davis, qui tient une agence de fitness pour hockeyeurs à Toronto. Boni est également très clair sur la tactique employée, un système très défensif.
Cela fait 21 ans que Schwenningen évolue sans interruption dans l'élite allemande (Bundesliga puis DEL), et le petit club de la Forêt-Noire fait tellement partie des meubles que l'on ne se rend même plus compte combien sa durabilité est une gageure, dans un contexte de plus en plus difficile. Il y a deux saisons, il avait fallu avoir recours à une collecte de fonds auprès des supporters, et l'an dernier, seule la vente de l'enfant du pays Marcel Goc à Mannheim avait pu maintenir les finances à flots. Désormais, le club semble avoir épuisé tous ses jokers et ne pourra donc compter que sur le retour en force de son public, puisqu'il a tablé sur 3500 spectateurs. Chiffre difficile à atteindre car l'équipe a comme toujours perdu la plupart de ses joueurs (14 au total), attirés par des formations plus riches ou tout simplement atteints par la limite d'âge pour ce qui est des leaders Bullard et MacKay. A ce titre, le retour de l'international ukrainien Vadim Slivchenko est important, car il permettra de revoir une tête connue.
S'occuper d'une équipe plus jeune ne déplaira pas à Tom Pokal, ex-adjoint de Kim Collins et promu entraîneur principal. Cela s'accorde avec ses compétences et sa philosophie, qui laisse aussi une grande place à la technique, choix courageux qui augure d'une formation agréable à voir jouer. Il faudra donc absolument que l'attaque retrouve son efficacité d'antan - pas besoin de remonter à Mathusalem, simplement à la saison 2000/01, quand elle était impériale à domicile. On compte pour cela sur François Fortier (plus de cent points en ECHL), Eric Houde (le buteur d'Asiago) et surtout Paul Brousseau, un marqueur régulier qui a joué vingt-six matches de NHL. Schwenningen saura aussi faire usage en défense du physique de Curtis Sheptak (Ässät Pori) et du gabarit impressionnant (1m98, 108kg) de Rainer Koettstorfer, un mystérieux Allemand de vingt-et-un ans qui oscille entre son pays et l'Amérique du Nord, où la stature d'un joueur est un critère majeur. Mais les vrais leaders des lignes arrières seront le Suédois Mathias Svedberg (AIK Stockholm) et sa relance très propre, le Tchèque Lukas Zib (Espoo) et son puissant lancer de la bleue, et surtout Jochen Molling (Kassel). La frilosité de certains clubs à engager des défenseurs allemands a fait le bonheur de Schwenningen, qui compte ainsi dans ses rangs un international. En fait, la principale inquiétude concerne les cages, où le gardien Ian Gordon s'est parfois vu reprocher son inconstance, et où sa doublure Steffen Karg, un jeune formé à Schwenningen qui s'était empêtré en ECHL, est encore méconnue.
Mais le plus petit budget, ce n'est pas Schwenningen, qui a même augmenté le sien, c'est encore et toujours Iserlohn, qui avait mis le paquet pour racheter la licence de Rosenheim, mais qui n'a pas pour autant les moyens de s'y maintenir avec certitude après cet investissement, à moins de compter sur de petits miracles. Cela fait deux ans qu'ils se produisent et que l'équipe promise à la lanterne rouge surprend son monde. Il faudra encore un exploit semblable compte tenu de l'effectif peu impressionnant, composé surtout d'inconnus sans grandes références. On y cherche vainement un leader expérimenté, ce pourrait être Chris Bartolone, l'Italo-Américain venu de Düsseldorf, en défense, alors qu'en attaque les joueurs restés au club comme Doug Ast et Steve Washburn devront prendre plus de responsabilités.
Encore une fois, c'est le gardien qui aura la clé, et le vétéran Jimmy Waite, suppléé par le jeune Kotschnew, sait que la barre a été placée haut par son prédécesseur Rich Parent. L'autre joueur attendu est le Slovaque Andrej Podkonicky. Sa carrière est un peu partie en vrille après quelques apparitions en NHL, et il a pu se rasséréner ces derniers mois chez lui à Bratislava, en jouant avec le Slovan. À vingt-quatre ans, on espère qu'il connaîtra une seconde jeunesse. C'est un peu la seule chance d'Iserlohn que d'espérer que des jeunes pleins d'envie puissent se révéler. Markus Drexler (Riessersee), Lasse Kopitz et Carsten Gosdeck (laissés sur le carreau par la disparition d'Oberhausen), seront peut-être de ceux-là. Ils auront sûrement de quoi se montrer au sein d'un effectif très jeune, dans lequel des places libres ont été laissées pour des jokers en cours de saison.
Faute d'avoir prévu la succession à une solution qui ne pouvait être que provisoire (une troisième division, l'Oberliga, à poule unique), toute la structure des championnats menaçait de s'effondrer il y a quelques mois, et chacun y allait de sa formule sans qu'aucune ne satisfasse. Finalement, on a adopté la solution la plus logique, une Oberliga à deux groupes réunissant aussi les clubs de l'ex-Regionalliga sud, et la situation s'est apaisée.
L'assemblée générale de la fédération a contribué à envoyer des signes positifs. Beaucoup de clubs avaient été très critiques envers la gestion des championnats dont la fédération avait la charge (2è Bundesliga et Oberliga) et on craignait qu'une fronde des clubs les fasse sortir de son giron au moment où elle leur avait préparé de meilleures structures (statut, fonds de formation). Chacun est arrivé en pensant que l'assemblée allait mal se passer - comme c'est le cas d'habitude - et chacun est reparti le sourire aux lèvres, étonné mais ravi. Certains dirigeants fédéraux antédiluviens très contestés ont été défaits par surprise lors des élections, les clubs ont eu voix au chapitre et le courant est à nouveau passé. Espérons que la réussite inhabituelle de cette assemblée générale ne soit pas sans lendemain et que chacun conserve la même volonté d'entente et de réflexion commune.
Pour cela, il faudrait arrêter l'incessant défilé des dépôts de bilan. Bon nombre de clubs en ont abusé et sont repartis comme si de rien n'était, et des sanctions plus sévères ont été promises pour mettre fin à ces comportements irresponsables. Première division visée, la 2è Bundesliga, dont quatre clubs ont connu une faillite ces derniers mois. Cette division qui avait gardé ses deux relégués théoriques (Regensburg et Duisburg) car il n'y avait nulle part où descendre en raison du capharnaüm régnant aux étages inférieures - c'était avant qu'une solution soit trouvée - aurait dû se retrouver à seize clubs. Mais le relégué financier et sportif de DEL, les Berlin Capitals, a retiré son équipe en faisant porter le chapeau à l'administrateur judiciaire nommé après le dépôt de bilan. Celui-ci l'a appris par voie de presse, et il semble en fait que le club n'ait pas réussi, contrairement à ce qu'il avait prétendu, à convaincre les sponsors d'adhérer à son ambitieux projet de relance. Les Capitals repartiront donc deux divisions plus bas, en Regionalliga nord-est, et reprendront au passage leur ancien nom de Preussen, jamais vraiment abandonné par les supporters. Quant à la 2è Bundesliga, elle est maintenant à quinze mais a l'intention de revenir à la formule idéale à quatorze dès l'an prochain. Il y aura donc deux relégués (pour un promu), déterminés par deux barrages au meilleur des cinq manches entre les quatre derniers de la saison régulière. Beaucoup de clubs peuvent donc être concernés par la lutte pour le maintien. Pour ce qui de la montée, deux équipes de Souabe, Bietigheim et Heilbronn, se détachent comme favoris.
Les clubs de 2è Bundesliga
Bietigheim-Bissingen
dépense toujours sans compter et a changé plus de la moitié de son effectif. Hormis l'entraîneur Markus Berwanger, ex-international qui a amené dans ses bagages trois joueurs de Bad Aibling (Oberliga), les nouveaux arrivent directement de DEL, comme le vétéran Peter Gulda (Oberhausen) ou encore Chris Teeple (Düsseldorf) qui revient aux côtés de son ex-compagnon de ligne Darren Ritchie. Mais les deux recrues les plus remarquées ont deux internationaux biélorusses. Le buteur Andreï Kovalev (Oberhausen), qui avait promis en partant en DEL qu'il reviendrait finir sa carrière à Bietigheim, tient parole à trente-six ans. Quant au gardien Leonid Fatikov (Kassel), qui a déjà trente-quatre ans même s'il s'est révélé sur le tard au plan international où il est longtemps resté dans l'ombre de son compatriote Mezin, il s'est blessé avant le début de saison. Le club dispose heureusement d'une doublure de qualité avec Christian Rohde (ex-Augsbourg, pas encore 20 ans) qui a ainsi une belle occasion de se mettre en valeur. Cette équipe expérimentée mais complétée par quelques jeunes a fière allure, mais ce ne serait pas la première fois que Bietigheim a une équipe forte sur le papier et que les résultats ne suivent pas. Prudence donc, même si l'effectif semble quand même bien mieux équilibré que par le passé.Heilbronn
a également effectué beaucoup de modifications après une saison en dessous de ses ambitions. On espère que le gardien finlandais Marko Suvelo réitérer ses excellents play-offs 2002 avec Bremerhaven. Mais les recrues les plus remarquées sont trois très grands noms de DEL. Les ex-internationaux Andreas Lupzig et Jörg Mayr sont des joueurs de légende à Cologne où ils ont été les fidèles piliers du club dans la dernière décennie. Quant à Mike Bullard (Schwenningen), c'est une incontestable star, dont le compteur en DEL est resté bloqué à 499 points. Dommage pour l'amateur de chiffres ronds, ce total impressionnant en restera là pour le Canadien de 41 ans... à moins que Heilbronn monte l'an prochain et qu'il y reste ? Le club compte néanmoins deux gros handicaps. Primo, Mayr se ressent toujours de sa mâchoire fracturée aux JO quand il s'était couché devant un palet. Il devra être opéré et ne remontera la glace qu'en décembre au mieux. Secundo, Heilbronn commence sa saison à l'extérieur en attendant l'ouverture en novembre de sa nouvelle patinoire de 4000 places. Officiellement, le club ne vise donc qu'une place dans le dernier carré.Pour la première année de Hans Bernd Koal à Bad Nauheim, l'échec a été aussi fracassant que ses ambitions. Mais le porte-monnaie du président crache toujours des euros à gogo et il a de nouveau tout cassé dans l'effectif. Seul le buteur vétéran Doug Murray était dans l'équipe d'il y a deux ans ! Exemple : la défense a failli ? On taille dans le tas et on engage trois nouvelles paires de défenseurs, dont trois Canadiens, pour gagner en solidité et en expérience. Le patchwork improvisé paraît quand même plus sérieux que l'an dernier, et les ambitions de Koal pourraient cette fois n'être pas que du vent. Peter Obresa aura quand même du travail pour faire une équipe de zéro. L'ancienne figure du Mannheim des années 80 a engagé le jeune gardien Leo Conti, qu'il avait couvé à Francfort et qu'il espère relancer.
Après une saison extrêmement satisfaisante pour un promu, Wolfsburg a déçu ses supporters en procédant à pas moins de treize changements. Le club a justifié ce choix par la poursuite d'objectifs très hauts à moyen terme - la montée en DEL pour être clair. Exit donc les idoles locales (parti à Tabor) et Karol Rusznyak, mais ils ont été remplacés par deux joueurs logiquement meilleurs, venus directement d'Extraliga tchèque : Zbynek Marek (Znojmo) et Dusan Pohorelec (Havirov). Le bon point est que, si l'attaque a été chamboulée, la base défensive a été conservée avec le gardien Marek Mastic et l'essentiel de la défense - la seule recrue importante est Tomas Jakes (qui arrive lui aussi d'Extraliga, où il a accumulé... 112' de pénalité avec Znojmo). Wolfsburg vise le haut du tableau, mais parler de DEL paraît prématuré. Non pas à cause du soutien économique - aucun souci à se faire là-dessus dans la ville de Volkswagen - mais parce que le club n'est pas encore assez enraciné. Il peine à attirer plus de mille spectateurs, et ce n'est pas en empêchant les supporters de s'identifier aux joueurs - car ils restent trop peu de temps - qu'il va y arriver.
Bremerhaven
est un champion au bord de la faillite, et c'est ce qu'il avait conduit à décliner la montée au profit d'Ingolstadt. Mais il aura 350 000 euros des autorités locales en dédommagement du fait que la patinoire n'est toujours pas rénovée, somme bien appréciable. Il pourra toujours compter sur la grande classe de Jarkko Varvio, membre de l'équipe All-Star de SM-liiga finlandaise en 1993. À trente ans, cet ailier originaire de Tampere fait réellement figure de joueur d'exception pour ce championnat. En revanche, Sebastian Furchner est parti à Cologne après une excellent saison. La nouvelle tête la plus attendue est celle de Daniel Tessier, un jeune Canadien petit et teigneux, champion des Pays-Bas avec Amsterdam.Straubing
est le premier club allemand à être passé en SA (AG) et non en SARL (GmbH) comme c'est parfois le cas. Il trouverait plus d'avantage à ce statut, mais a pour autant un budget limité. Kevin Gaudet, l'homme qui avait fait monter Wedemark - aujourd'hui rebaptisé les Hanovre Scorpions - du championnat régional jusqu'aux play-offs de DEL, a ainsi misé sur une équipe de travailleurs, en recrutant notamment six de ses compatriotes canadiens. Les performances de Straubing pourraient dépendre des prestations de l'espoir Dimitri Kotschnew à Iserlohn. Lorsqu'il ne jouera pas en DEL, il sera en effet prêté à Straubing, qui a quand même le cas échéant une bonne doublure avec Dominic Lonscher.Riessersee
vit toujours une période mouvementée et cruciale pour son avenir. Un couple charismatique, le millionnaire Horst Lasse et sa femme, l'actrice autrichienne Sybil Danning, a débarqué directement de Hollywood dans les montagnes bavaroises. L'arrivée de Lasse, qui est originaire de Garmisch-Partenkirchen, pourrait permettre de relancer un club dix fois champion d'Allemagne et surtout pépinière inépuisable de talents. Mais les supporters ont fait grise mine en voyant débarquer quatre attaquants américains venus d'obscures ligues mineures ou universitaires (ECHL, UHL, WCHA) alors que Horst Lasse leur avait annoncé des "cracks" aux portes de la NHL. Celui-ci demande qu'on lui accorde sa confiance. Il est vrai qu'on est qu'en 2è Bundesliga, qu'il est un peu tôt pour faire des folies, et que ces joueurs jeunes et ambitieux devront être jugés sur pièce. Laissons donc sa chance à cette formation extrêmement jeune, où les futurs espoirs qui succèderont à Leonhard Wild et Stefan Schauer (maintenant à Cologne) se nomment Florian Vollmer (18 ans), Uli Maurer et Olaf Radant (17 ans).Bad Tölz
a été plus stable que ses principaux concurrents et a notamment conservé trois de ses étrangers. Quant aux trois autres, ce sont toutes des recrues de haut niveau, avec le gardien Samuli Peltosara (Riessersee), qui aura pour doublure Benjamin Voigt (20 ans, ex-Krefeld), le buteur américain de Riessersee, Tim Regan, et enfin Yanick Dubé, qui revient un peu chez lui en 2è Bundesliga après une année à Olten. Mais Florian Keller, le seul Allemand qui pouvait rivaliser avec les meilleurs marqueurs étrangers de la division, constitue une lourde perte pas facile à compenser.Fribourg-en-Brisgau
salue le retour de Thomas Dolak, qui revient comme entraîneur mais aussi comme directeur sportif. Il a d'emblée pris la décision impopulaire de remplacer le défenseur apprécié Marian Morava par un attaquant étranger supplémentaire. L'offensive est mieux équilibrée et l'équipe mise sur la vitesse de ses deux recrues Tchèques car il n'a que des gabarits moyens. Ceci dit, les frères Del Monte, qui reconstituent maintenant à trois le clan familial, sont toujours là pour le jeu physique. Les résultats de Fribourg vont maintenant surtout dépendre des processus de naturalisation des uns et des autres...Après son dépôt de bilan, Weißwasser porte maintenant le nom de sa province, le Lausitz, et se veut la vitrine et le flambeau d'une région économiquement sinistrée. Le deuxième club-phare de l'ex-RDA est toujours tourné vers l'est et a conservé ses renforts russes, ukrainiens et kazakhs. Dans un pays où les clubs sont atteints d'une véritable frénésie de transferts, la continuité mise en place par Weißwasser est remarquable puisque les deux seuls nouveaux font en fait leur retour au club. Malgré quelques départs, dont certains de ses nombreux cireurs de banc des prison, Weißwasser cherchera à profiter de sa cohésion maintenue pour se faire une petite place en play-offs.
Mark Woolf et John Spoltore, les deux Canadiens de Regensburg, ont inscrit 210 points à eux deux la saison passée à San Diego, mais dans la faible WCHL, une ligue annexée cet été par l'ECHL. Ils sont considérés comme des valeurs incertaines, de même que Marian Bazany (Strasbourg). Le risque de ce recrutement sera moins grand si le défenseur slovaque obtient sa naturalisation. C'est déjà fait pour Markus Hätinen, le gardien finlandais champion de France avec Reims et marié à une Allemande, et pour Sergueï Shendelev (38 ans), champion du monde 1993 avec la Russie. Celui-ci un peu le fils spirituel dans l'équipe du légendaire Jiri Lala, devenu maintenant directeur sportif. Regensburg aime décidément les glorieux vétérans, mais les juniors ne sont pas en reste avec les internationaux des moins de 18 ans Alexander Dotzler et Andreas Dörfler.
Comme Regensburg, Duisburg se voit offrir une deuxième chance d'obtenir sportivement son maintien. Une autre légende y commence sa carrière d'entraîneur : Dieter Hegen. Tout est à faire pour lui dans une équipe qui n'a gardé que quatre joueurs de la formation de l'an dernier. Didi Hegen, qui cite Hans Zach comme un de ses modèles, tentera de mettre en place un système défensif en mesure de gêner n'importe lequel de ses adversaires, comme il a su le faire au premier tour de la Coupe contre Hambourg.
Landshut
a retenu les leçons du passé et veut rentrer dans une nouvelle ère de sagesse financière, même si cela ne signifie ne viser que le maintien. Même si l'on est monté d'un cran, on a donc conservé quasiment la même équipe, seulement renforcée de Markus Welz (Wolfsburg) et du junior Benjamin Barz (Deggendorf). Les seuls changements concernent cinq des six étrangers, mais les nouveaux viennent aussi d'Oberliga, ou bien de ligues mineures américaines. Pas de folies, tel est le mot d'ordre. Chi va piano va sano...Après une progression fulgurante, Crimmitschau ne baigne plus dans l'euphorie de la promotion et s'attend à subir un contrecoup. En désaccord salarial, le défenseur Jukka Ollila est parti à Mulhouse et Dirk Rohrbach à Weißwasser. La situation économique ne permet pas d'attirer plus de trois recrues, Andreas Felsch (Heilbronn) et les Tchèques Karel Beran et David Cermak (Regensburg), qui ne sont pas les joueurs les plus enthousiasmants du championnat. On s'attend donc à une saison difficile, même si un accord avec les Eisbären de Berlin permettra le prêt de quelques jeunes.
Avec deux promotions de suite, tout est allé un peu vite pour Kaufbeuren qui plonge maintenant dans le grand bain. Comme à Landshut, on applique un principe louable : "les joueurs qui ont réussi la montée doivent aussi avoir le droit de prouver leur valeur en division supérieure". Le discours est suivi d'actes et chacun a été invité à cette nouvelle aventure qu'il mérite de vivre. Outre trois nouveaux étrangers, les uniques recrues sont des anciens joueurs du club comme Thorsten Rau (qui retrouve pour la première fois son frère Daniel), Roland Timoschuk et l'ex-capitaine Jürgen Simon. Par ailleurs, le meilleur marqueur, le vétéran Ervin Masek, a un passeport allemand depuis août.
Un petit mot de l'Oberliga
Les Hanovre Indians se sont retrouvés dans une situation inextricable : ils avaient beau avoir écrasé la Regionalliga nord, aucune place n'avait été prévue pour eux dans une division nationale puisque les règles de promotion et de relégation n'avaient pas été fixées dans la pagaille qui régnait dans les championnats. Les deux divisions de la nouvelle Oberliga, sud-ouest et sud-est, parlent d'elles-mêmes sur le traitement réservé aux clubs de la défunte Oberliga nord qui avaient été contraints de repasser par des championnats organisés par les fédérations régionales. Rien n'était prévu pour eux dans une troisième division qui regroupait seulement les équipes de l'ex-Oberliga à poule unique et celles de la Regionalliga sud, compétition organisée, elle, par la fédération. Le club allait-il payer les pots cassés des errements de la structure des championnats, et pourrait-il supporter une saison de plus en championnat régional ? Non, ont dit les chœurs unanimes des supporters, et ils l'ont fait savoir en lançant des pétitions et en achetant des publicités pleine page dans les revues spécialisées nationales. Finalement, le forfait de Bad Aibling a permis de libérer une place et de résoudre le problème.
Ce qui fait l'actualité en Oberliga (et dans une moindre mesure en 2è Bundesliga), c'est une loi allemande promulguée en février dernier, et qui interdit la délivrance de permis de travail à des sportifs étrangers qui viendrait jouer en dehors du haut niveau, c'est-à-dire ailleurs que dans la première division de chaque sport (les deux premières divisions pour le cas du football). Sont exclus de ce règlement les joueurs de l'Union Européenne ou de pays ayant des accords de coopération particuliers (dont les Etats-Unis et le Canada). En pratique, cela signifie qu'il ne peut plus y avoir de nouveaux hockeyeurs russes, ukrainiens ou kazakhs dans les divisions inférieures (ceux qui évoluaient déjà en Allemagne peuvent en revanche changer de club car ils ont déjà un permis). Mais la loi est nouvelle et son application par les administrations régionales du travail n'est pas la même partout. Ainsi certains clubs ont pu recruter des joueurs de l'est et d'autres pas, une injustice qui n'est pas sans déclencher des polémiques.
Dans la poule sud-ouest, le multiple champion national Füssen sera le favori. Il a perdu Valentyn Oletskyy mais a recruté au Sokol Kiev deux autres internationaux ukrainiens, Sergueï Kharchenko et Ruslan Bezshchasny, et s'appuiera aussi sur six juniors de la génération 1984. Les trois outsiders qui se détachent sont Peiting, qui a une meilleure attaque mais dont la défense a beaucoup perdu en expérience, Ravensburg qui a ajouté à son effectif quelques bons étrangers, et Klostersee qui a conservé la quasi-totalité de son équipe.
Dans la poule sud-est, Dresde aurait dû être le favori, mais les inondations ont remis pas mal de choses en question. Même si la patinoire était suffisamment en hauteur par rapport à l'Elbe pour éviter le pire, elle a subi quelques dégâts et des réparations seront nécessaires, ce qui obligera le club à jouer les premiers mois de la saison à l'extérieur. Cela pourrait profiter aux autres ambitieux que sont Mittelrhein (l'équipe de Neuwied) et les Hanovre Indians, qui peut toujours compter sur le gardien tchèque Roman Kondelik, qui a été fidèle au club en toutes circonstances. Ensuite, la lutte sera serrée entre les cinq équipes de Franconie pour prendre une place parmi les cinq premiers et accéder à la poule finale.
Marc Branchu