Allemagne 2001/02 : bilan de la saison

 

Présentation de la saison / Résultats de la saison

 

DEL

Premier : Cologne. Qui aurait cru, fin janvier, que la saison 2001/02 de Cologne, que certains classaient déjà comme l'une des pires de l'histoire, se terminerait sur le balcon de l'hôtel de ville, devant une foule en liesse, après une nuit de fête éclairée aux feux de Bengale ? Au soir du 26 janvier, le président Heinz-Herrmann Göttsch eut une décision difficile à prendre : se séparer de l'entraîneur Lance Nethery, à qui il avait pourtant confié une mission de quatre ans - et donc un contrat de même durée. Son licenciement coûtait par conséquent la somme faramineuse de 350 000 euros au club, mais il était pourtant devenu inévitable, réclamé depuis plusieurs semaines par les supporters. Les joueurs semblaient tenaillés par la peur de perdre et enchaînaient des prestations plus médiocres les unes que les autres. Cologne chutait dangereusement au classement et risquait même de ne pas se qualifier pour les play-offs, chose impensable pour le club disposant de la plus belle patinoire européenne.

L'assistant-coach Rich Chernomaz a alors pris les rênes de l'équipe, sachant dès le début que ce ne serait que pour quelques mois puisque la venue du sélectionneur national Hans Zach l'été prochain était vite rendue publique. L'entraîneur intérimaire, choisi par défaut, a réussi au-delà de toutes les espérances : virant rapidement Aleksandr Kuzminski pour l'exemple, il profita de la pause olympique - même si les JO le privèrent du vétéran Jörg Mayr, mâchoire fracturée en se couchant devant un tir - pour apaiser l'équipe et la projeter vers une fin de saison inoubliable. Non seulement le KEC se qualifia pour les play-offs, mais il les remporta en battant tour à tour les trois premiers de la saison régulière. Krefeld écarté en trois manches, Cologne répéta ensuite deux fois le même scénario contre Munich en demi-finale et contre Mannheim en finale. A chaque fois, le KEC disposa d'une balle de match à domicile, mais la rata, ce qui l'obligea à chercher la victoire dans une manche décisive jouée sur glace adverse. Cela prouve en tout cas que la Kölnarena peut être un outil à double tranchant. La pression imposée par le public le plus nombreux d'Europe s'y retourne parfois contre l'équipe locale. Zach est prévenu...

Deuxième : Mannheim. Au moment où le futur champion était plongé en pleine crise, en décembre-janvier, Mannheim connaissait son heure de gloire : quinze victoires d'affilée, nouveau record depuis la création de la DEL. Mais les Adler en subissaient le contrecoup par la suite et durent céder la première place de la saison régulière à Munich. C'était sans conséquence mais c'était déjà annonciateur de la suite. Cette équipe élevée dans le culte de la victoire - c'est qu'il faut se montrer digne du palmarès impressionnant du club ces dernières années - pratiquait un hockey minimaliste et se révéla incapable d'élever son niveau de jeu lors des play-offs. Ce qui était suffisant pour amasser des points en saison régulière ne l'était plus face à des adversaires capables de se transcender en séries, ce qui justement avait fait la force de Mannheim par le passé.

Décisive fut à ce titre la perte sur blessure de René Corbet. Recruté comme joker fin 2001, l'attaquant québécois avait empilé les buts dès son arrivée, au point d'être décrit comme le nouveau Bozon, et évoluait un ton au-dessus de ses coéquipiers. Ses compagnons de ligne Michel Picard et Dave Edgerton (qui disputa les play-offs malgré une élongation) s'étaient mis à son rythme et continuèrent sur le même tempo, mais ils se retrouvèrent bien seuls. Même Stefan Ustorf, à la hauteur pour son retour d'Amérique qui lui a permis de retrouver la sélection nationale, manqua par trop d'efficacité devant le but. Il va maintenant falloir rajeunir cette équipe, notamment une défense certes solide mais qui a peu à peu perdu en rapidité au fur et à mesure que la saison avançait.

Troisième : Munich. Comme l'année précédente, Munich n'a pas été épargné par les blessures à la mi-saison. Jusqu'à cinq défenseurs titulaires ont manqué à l'appel, ce qui a même conduit à engager le quarantenaire allemand Eduard Uvira, un "papy" vite adopté par le public. Malgré ces difficultés, Munich s'est révélée l'équipe la plus constante de la saison régulière, qu'elle a remporté d'une courte tête. Cependant, les play-offs n'ont pas été à la hauteur des espérances que cette pole position pouvait faire naître puisque, pour la première fois, les Bavarois n'ont pas atteint la finale. Ils ont pourtant eu les occasions, ils ont mené 3-0 dans le troisième match de la demi-finale contre Cologne avant de perdre 3-4, et ont finalement cédé aux tirs au but lors de la belle. Ceci dit, avec un titre, une deuxième et une troisième place, le bilan sportif des trois années d'existence de la franchise, résultat d'un groupe stable qui a su conserver une bonne cohésion, peut difficilement passer pour un échec.

Pourtant, il a été obtenu à fonds perdus, car l'argent investi par la maison-mère Anschutz EG pour constituer cette équipe de haut niveau ne correspondait pas aux recettes engendrées. Seule formation à n'avoir pas trouvé de sponsor maillot principal, les Munich Barons ont surtout souffert du manque d'intérêt du public. La moyenne de spectateurs n'a jamais décollé et est restée figée à 3000, bien loin d'un seuil de rentabilité qui paraît hypothétique au vu des sommes colossales dépensées. La Bavière est pourtant une vraie terre de hockey, mais sa capitale, ville de foot, n'était pas prête à se passionner pour une franchise artificielle dont beaucoup pensaient qu'elle risquait de repartir aussi vite qu'elle était arrivée... Et c'est finalement ce qui s'est produit ! Désireux de continuer à faire rentrer l'argent dans les caisses jusque pendant les lucratives rencontres de play-offs, Anschutz a fait croire jusqu'au bout que le club serait pérenne. L'opération de communication, bien relayée, a fonctionné pendant plusieurs mois et a fait passer les colporteurs de rumeurs pour des charlatans. Cette tromperie a encore amplifié la colère des supporters quand ils ont appris que ces bruits soi-disant absurdes étaient la stricte vérité : la franchise déménagera l'an prochain pour Hambourg. Une fois de plus, le hockey de haut niveau à Munich s'est effondré comme un château de cartes sans fondations.

Quatrième : Kassel. A Kassel aussi, une page se tourne, même si la situation est fortement différente puisque l'avenir du club est assuré pour les années à venir, ce qui est après tout l'essentiel. Il ne sera néanmoins pas facile d'oublier Hans Zach, qui est devenu en quatre ans le symbole de cette formation, qu'il a amené trois fois en demi-finales. Une telle constance dans la réussite est en soi un exploit, il suffit pour s'en rendre compte de constater que le budget de Kassel est inférieur de moitié à ceux de ses trois adversaires dans le carré final. Pourtant, l'entraîneur de l'équipe nationale allemande part avec une légère frustration : celle de ne pas être allé au bout du possible. Mais la cascade de blessures (qui a frappé les internationaux Andreas Loth et Thomas Daffner ainsi que les défenseurs Örjan Lindmark et Stephan Retzer) a rendu impossible une tâche déjà compliquée à l'origine. La conséquence en fut une sortie trop sèche en demi-finale contre Mannheim.

Il y a pourtant eu encore de nombreuses satisfactions cette saison. En premier lieu, la formidable remontée qui a permis au club de s'assurer une qualification en play-offs qui paraissait à un moment sujette à caution. Ensuite, l'intégration réussie des nouveaux, et en particulier de Jeff Tory, élu meilleur défenseur de DEL pour sa première saison en Europe. Cependant, il ne faut pas croire que tout ce qu'a touché Zach s'est transformé en or : sa principale erreur, il l'a commise au niveau des gardiens. La mise en concurrence de Leonid Fatikov et Ilpo Kauhanen n'a pas eu l'effet escompté, et seule la titularisation définitive du Finlandais a amené plus de sécurité devant les cages.

Cinquième : Krefeld. Décidément, Krefeld est habitué aux claques brutales en fin de saison. L'an dernier, il s'était effondré et avait loupé les play-offs. Cette année, il avait une marge trop importante pour connaître la même mésaventure, mais l'effet boomerang n'a été retardé que jusqu'aux quarts de finale, où Krefeld s'est fait sortir en trois petites manches par Cologne, une équipe qu'il avait battue quatre fois sur quatre jusque là. On préfèrera donc se souvenir de cette série de folie au cœur de la saison - 16 victoires en 17 matches - qui a permis au club de s'installer durablement au commandement et lui a donné l'étiquette de co-favori, statut qu'il n'a malheureusement pas su gérer.

L'artisan de ces succès est un cinq majeur qui a tout simplement été le meilleur de DEL. En défense, la paire Dan Lambert - Mario Doyon, rarement mise en défaut. En attaque, le meilleur marqueur, le centre canadien Brad Purdie, élu meilleur joueur du championnat, l'ailier gauche autrichien Christoph Brandner, véritable chouchou du public qui a connu une progression fantastique depuis qu'il a débarqué de Klagenfurt il y a deux ans, et l'ailier droit tchèque Patrik Augusta, fils de l'entraîneur national tchèque Josef Augusta. En supériorité numérique en particulier, ce bloc a fait beaucoup de dégâts. Mais il ne faut pas croire qu'il était esseulé. Depuis sa deuxième ligne, Jeff Christian a marqué trente-trois buts - 31 en saison régulière et 2 en play-offs - total que seul Alex Hicks, champion avec Cologne, a pu égaler. Qu'il s'agisse des Canadiens Gary Shuchuk et Gilbert Dionne, de la paire défensive de l'équipe d'Allemagne (Christian Ehrhoff - Daniel Kunce), ou encore du Français Stéphane Barin précieux en infériorité numérique, tous ont fait leur part de travail. Seuls deux joueurs ont raté leur saison : le vétéran Thomas Brandl, trop souvent à la faute et dont la méconduite de match a coûté très cher en quart de finale, et le gardien Benjamin Voigt, qui n'a pas su profiter de la blessure du titulaire Roger Nordström pour convaincre. C'est pourquoi Krefeld a finalement utilisé la dernière place d'étranger gardée en réserve en cas de coup dur pour recruter le gardien québécois Eric Fichaud, qui a excellé.

Sixième : Nuremberg. Présenté comme le principal outsider, Nuremberg s'est vite plu dans ce rôle, se régalant par exemple des deux succès 5-0 à la suite contre les finalistes du précédent championnat, Munich et Mannheim, et seule une mini-crise en décembre/janvier l'a relégué à la quatrième place. Mais malgré les ambitions de titre, la saison s'est achevée comme la précédente, avec une défaite en quarts de finale contre Kassel, et encore plus nette qui plus est. A cette occasion, les "stars" Bruno Zarrillo, Paul Stanton ou Jason Miller ont effectué des prestations indignes de leurs capacités, et toute l'équipe a été incapable de se mettre au niveau d'exigence des play-offs. Et il n'y a pas eu moyen d'y faire quoi que ce soit, car cette formation manquait cruellement de leaders pour mener la révolte. Nuremberg est la seule équipe de DEL où aucun joueur n'a dépassé les quarante points. Homogène dans la victoire, elle l'a finalement aussi été dans la défaite. Luciano Borsato, qui avait annoncé sa retraite, n'avait plus la force de tenir une saison complète, et son compère italo-canadien Mario Chitarroni a été trop indiscipliné et trop peu concerné.

Trois joueurs ont néanmoins de quoi se satisfaire de leur championnat. Premièrement, Vitali Aab, qui a profité d'une infirmerie pleine pour occuper une position importante dans l'équipe à l'automne. Il s'y est révélé extrêmement utile et discipliné et s'est ainsi ouvert les portes de l'équipe nationale. Deuxièmement, Thomas Greilinger, qui a parfaitement relancé sa carrière et a formé avec ses compatriotes Martin Reichel et Jürgen Rumrich l'unique ligne qui a su sortir la tête de l'eau en fin de championnat. Et surtout, troisièmement, Marc Seliger, dont le parcours ces derniers mois tient du rêve éveillé. Il a saisi sa chance au vol lorsque le gardien titulaire Frédéric Chabot s'est blessé, et a enchaîné de grandes performances qui lui ont permis de retrouver sa place en équipe nationale. Lui qui, convalescent, n'avait pu participer à la fête des championnats du monde à domicile pour l'Allemagne l'an dernier, n'a plus à le regretter, car il a fait encore mieux : il s'est révélé à la planète hockey toute entière (y compris aux yeux des Nord-Américains, même s'ils ne savent toujours pas orthographier son nom, l'appelant Selinger) lors des Jeux Olympiques de Salt Lake City. Cela lui a même valu d'être élu pour la deuxième fois joueur du mois en DEL en février, mais contrairement au premier scrutin de novembre, cette deuxième victoire honorifique n'avait plus rien à voir avec ses performances en championnat.

Septième : Eisbären Berlin. Pour se qualifier enfin pour les play-offs, les Eisbären avaient recruté pas moins de douze joueurs. Parmi eux, Boris Blank et Eduard Lewandowski ont parfaitement réussi leur intégration et ont gagné leur place en championnat du monde avec l'équipe d'Allemagne. Mais la plupart des nouveaux renforts étrangers ont été moyens, voire carrément décevants pour les très attendus Steve Larouche et Chris Marinucci. Du coup, le leader incontesté de l'équipe a encore été le "vieux" Marc Fortier, qui présente la meilleure fiche de la DEL avec +26, un total ahurissant quand on sait que son dauphin à Berlin, Sven Felski, n'a que +13, et que beaucoup de ses coéquipiers sont en négatif.

Cette inconstance au sein de l'effectif, on l'a retrouvée dans les résultats en dents de scie du club, notamment à domicile. La patinoire de Höhenschausen qui résonne de 4000 personnes chantant les initiales de leur "Dynamo" - même si l'ancienne dénomination du club de Berlin-Est a été abandonnée par les dirigeants après la réunification, car jugée trop connotée, elle reste intacte dans les c(h)œurs des supporters - est censée être une destination redoutée mais elle a complètement perdu ce pouvoir cette année, puisque les Eisbären ont remporté plus de points à l'extérieur que chez eux.

Et c'est ainsi qu'une énième défaite à la maison a finalement coûté sa place à l'entraîneur Uli Egen. Il a été remplacé par Pierre Pagé, qui avait été viré d'Ambrì-Piotta presque un an plus tôt. L'ancien coach de NHL s'est aussitôt fait remarquer par ses déclarations-choc : "Je ne suis pas venu ici pour atteindre les play-offs, mais pour les gagner". Il n'a pas tenu parole, et n'a pas obtenu d'amélioration significative des résultats, mais la résistance coriace contre Mannheim en quart de finale - pendant lequel le gardien Richard Shulmistra a montré qu'il pouvait répondre présent dans les grands rendez-vous - suffit à dresser un bilan globalement positif de ce championnat, après plusieurs saisons de disette.

Huitième : Augsbourg. Venant après une saison noire, le début de championnat s'est déroulé à la perfection pour Augsbourg. A vingt-trois ans, Andreas Morczinietz a effectué des débuts tonitruants en DEL. L'ailier formé à Geretsried a vécu quelques mois de rêve qui l'ont conduit jusqu'aux JO. Cette progression fulgurante en fait l'incontestable révélation de l'année. On peut en dire tout autant de toute son équipe, qui a commencé le championnat par dix victoires en onze matches et a savouré sa place de leader. Un des artisans de ce bon départ a été le gardien suédois Magnus Eriksson, mais il a malheureusement un peu faibli par la suite. Avec des hauts et des bas, Augsbourg ne s'est finalement qualifié pour les play-offs que de justesse.

Le premier match des quarts de finale à Munich, devant autant de spectateurs locaux que de supporters d'Augsbourg ayant fait le déplacement, a été fantastique. Les "Panther", qui avaient remonté six fois deux buts de retard pendant la saison, ont confirmé cette réputation de jamais vaincus en égalisant dans les dernières secondes après avoir été menés 1-4. Ils ont ensuite tué une pénalité durant la prolongation, et ont marqué cinq tirs au but sur cinq à Boris Rousson, qui avait été élu meilleur gardien de DEL. Mais cet exploit est resté sans suite, et ils ont perdu les trois manches suivantes, en partie à cause de l'expulsion considérée injuste de Robert Guillet, qui a brisé le premier bloc. La ligne Morczinietz-Beaucage-Guillet a en effet été un rouage essentiel, marquant près de la moitié des buts de l'équipe, et faisant oublier le fameux duo Vostrikov-Maslennikov. Souvent blessés, inexistants dans le repli défensif, les deux vétérans russes, dont Augsbourg était auparavant (trop) dépendant, semblent désormais atteindre leur crépuscule.

Neuvième : Düsseldorf. Après dix journées de championnat, le DEG n'avait obtenu que trois victoires, dont deux aux tirs au but. La grogne s'installait déjà, et l'on pria donc l'entraîneur Gerhard Brunner de se reconvertir comme directeur sportif. Par un étonnant échange de costumes, il fut alors remplacé derrière le banc par... son prédécesseur comme directeur sportif, Michael Komma. Le duo fonctionna mieux dans la nouvelle répartition des rôles, et Komma put remotiver le groupe et en faire un sérieux prétendant aux play-offs. Beaucoup de joueurs, dont le gardien russe Andreï Trefilov, moins impérial que l'an passé, se mirent alors à se rapprocher du niveau attendu.

Mais les véritables leaders de l'équipe furent deux recrues que l'on avait un peu négligé, à qui beaucoup avaient trop peu prêté attention en raison de leur nationalité, norvégienne. L'excellent Trond Magnussen et son compatriote Tore Vikingstad sont pourtant devenus les meilleurs marqueurs du club. En défense également, les joueurs majeurs provenaient de "petits" pays de hockey : l'Autrichien Martin Ulrich et le Belge Mike Pellegrims.

Les dirigeants, déjà radieux, se réjouirent encore plus en annonçant la signature d'un contrat de cinq ans avec un gros sponsor, la Metro AG, qui allait donner une nouvelle assise financière au club, lequel changea son nom en "DEG Metro Stars". Mais les étoiles ajoutées sur le nouveau logo n'incitèrent pas les joueurs à briller avec à plus d'éclat. Et la saison se termina comme elle avait commencé, par sept défaites en dix matches. Düsseldorf échoua ainsi à la neuvième place, la plus frustrante. Mais nul ne songe à s'en plaindre, car chacun garde la conviction que la Brehmstraße revivra bientôt sa gloire passée.

Dixième : Hanovre Scorpions. Sur la lancée de leur demi-finale, les Hanovre Scorpions voulaient fêter dignement leur déménagement de leur patinoire d'origine dans le Wedemark vers la nouvelle Preussag Arena. Mais ils déchantèrent rapidement. La légende du hockey est-allemand Dieter Frenzel ne se fit jamais accepter par les joueurs et dut quitter son poste d'entraîneur après seulement trois semaines de préparation, sans même avoir dirigé son équipe lors du moindre match officiel ! Son remplaçant Peter Ihnacak ne résista que quelques mois de plus, avant d'être à son tour limogé au profit de Christer Abrahamsson.

Les Scorpions étaient au plus mal, et n'étaient pas épargnés par les blessures, au point de connaître le scénario-catastrophe par excellence : l'indisponibilité simultanée de leurs deux gardiens. Impossible de faire appel à un suppléant étranger, les quatorze licences autorisées avaient toutes été attribuées en début de saison, afin de constituer une grosse équipe pour attirer le public. Ce fut donc Mannheim qui prêta un jeune gardien de dix-sept ans, Patrick Ehelechner. Ses performances lors des huit rencontres de DEL qu'il eut à disputer laissent entrevoir un talent très prometteur. Néanmoins, Hanovre était collé en fond de classement et risquait toujours la descente. Et puis, à partir de Noël, un cadeau inattendu : le retour du succès. Alors qu'ils n'avaient glané que dix victoires lors des trente-sept premières journées, les Scorpions remportèrent quatorze des seize rencontres suivantes, portés à bout de bras par le vétéran germano-canadien Len Soccio, formidable leader. L'écart avec la huitième place, monté un moment à vingt-deux points, s'était réduit à quatre petits points. Mais l'improbable retour en play-offs resta du domaine du fantasme. Difficile d'espérer mieux avec la deuxième plus mauvaise défense de la ligue, aux mailles aussi lâches que Kevin Grant ou Peter Jakobsson. Heureusement, leurs contre-performances furent compensées par la solidité de Dominic Lavoie ou Jakob Karlsson.

Onzième : Francfort. Chaque année, on se dit que le club de la riche métropole de la Hesse a touché le fond. Et chaque année, il trouve le moyen de nous surprendre en faisant pire. Comme d'habitude, l'objectif des Lions en début de saison était la qualification en play-offs, mais les rois de la savane se sont vite retrouvés mêlés à la lutte pour le maintien, qu'ils ont obtenu au prix d'une réaction qu'on n'attendait plus, une sorte de battement de cœur inespéré alors que les médecins s'apprêtaient à abandonner le patient à son triste sort. Cinq victoires en cinq matches pour clore la saison, les supporters - qui, eux, n'ont jamais abdiqué, deux fois plus nombreux que ceux de Munich pourtant gâtés par les résultats - n'osaient plus en croire leurs yeux. Est-ce par une propension au masochisme ou par un esprit-club inaltérable que ce public incroyable continue de prendre le chemin de la patinoire pour assister à des prestations toutes plus terrifiantes les unes que les autres ? Les supporters ont répondu eux-mêmes à cette question lors du jubilé de la patinoire. Venus saluer les glorieux anciens, dont la légende tchèque Jirí Lala, ils se sont levés et se sont dirigés vers les sorties quand les joueurs de l'équipe actuelle ont fait leur entrée.

Les Frankfurt Lions sont en effet devenu la machine la plus fiable qui soit pour transformer une star du hockey en ectoplasme sans envie, et un entraîneur... en chômeur. Cette saison, ils furent pas moins de quatre à se succéder sur le siège éjectable. Blair McDonald, qui tenta d'appliquer un style trop offensif à une équipe qui avait cruellement besoin de discipline, a vite connu l'échec. Son adjoint Doug Bradley a résisté plus longtemps, mais il était trop peu expérimenté et n'avait pas la confiance de ses joueurs, au point que l'on vit même lors d'un match à Nuremberg le capitaine Jeff Ricciardi décider de coacher à sa place. On se résigna donc à terminer la saison avec un duo intérimaire (Toni Forster et Bernie Johnston), puis avec Butch Goring, qui amena donc le sursaut d'orgueil final évoqué plus haut. Ce signe positif évitera peut-être que les dirigeants persistent à penser que la solution est d'acheter encore vingt nouveaux joueurs, dont le CV flatteur n'a d'égal que leur indifférence envers la destinée du club. Il est au moins un joueur a priori intouchable : Aleksandr Selivanov. Après un temps d'adaptation, le Russe a parfaitement rempli son contrat, mais il n'a pas le caractère d'un leader capable d'emmener ses collègues sur ses traces. Il va falloir du caractère derrière le banc et sur la glace pour se sortir de l'impasse. Comment l'avenir se présente-t-il au juste ? La prudence est de rigueur, et il est une phrase qui est à jamais devenue tabou à Francfort : "ça ne pourra pas être pire".

Douzième : Iserlohn. Iserlohn est dans une problématique inverse à celle de Francfort : faibles moyens, affluences décevantes - moins de trois mille spectateurs par match - mais résultats sportifs étonnants. Encore une fois, les inconnus de service - Rusty Fitzgerald, Sean Tallaire ou encore Cory Laylin, ce joueur recruté comme défenseur et qui a fini meilleur attaquant et meilleur pointeur de l'équipe - ont réalisé des prestations tout à fait convenables. Le club a ainsi pu obtenir son maintien, ce qui n'était pas gagné début janvier quand treize défaites en quatorze matches avaient collé les Roosters à la lanterne rouge. Une fin de saison "en positif" les a finalement amenés à une onzième place presque inespérée.

Iserlohn a encore presque fait le maximum réalisable avec le budget alloué, le seul recrutement raté ayant été celui du gardien finlandais Kimmo Kapanen, très en dessous de sa réputation. Le jeune Dmitri Kotschnew - un des membres les plus prometteurs de la génération montante des "Allemands de la Volga", ces joueurs nés en Russie ou au Kazakhstan de familles allemandes installées là-bas à la fin du dix-neuvième siècle, et qui reviennent au pays - a ainsi pu connaître sa première vraie expérience de la DEL, disputant au total la moitié des matches. Mais il a terminé la saison sur le banc, les dirigeants du club ayant fait appel en janvier à un joueur d'expérience, l'ex-gardien de NHL Rich Parent, pour assurer ce poste-clé et engranger les points nécessaires.

Treizième : Oberhausen. Après les exploits de l'an dernier, Oberhausen est bien vite rentré dans le rang. Malgré des premiers résultats convenables, le nouvel entraîneur Peter Draisaitl ne s'entendait pas avec le manager Stefan Dittmann, qui sauta sur la première occasion pour le virer. Son successeur Mike Zettel, tout juste limogé par les voisins d'Essen, prit l'équipe à la huitième place, mais ne put empêcher la chute, accablé par les ennuis. Tout a commencé quand le gardien finlandais Sinuhe Wallinheimo, qui n'a par ailleurs pas pu rééditer ses exploits de l'an dernier (deux blanchissages seulement), s'est fracturé la main. On a alors engagé un portier tchèque bon marché, Martin Altrichter. Il n'est malheureusement pas arrivé au meilleur moment. Huit défaites - en huit matches - plus tard, sa carrière en DEL était terminée. Même le retour de Wallinheimo ne put enrayer la série de revers, quatorze d'affilée, avec la lanterne rouge au bout du tunnel. C'est finalement le junior Tim Schnelle qui a fini par garder les buts, et qui a contribué par ses étonnantes performances à éviter le barrage de relégation. Autres artisans de cet objectif minimum (loin des hautes ambitions affichées), les leaders attendus, Robert Hock, Derek Cormier (cinq buts contre Hanovre lors de l'avant-dernière journée, record de DEL) et Andreï Kovalev, ont répondu présent, mais beaucoup d'autres n'ont pas évolué au niveau escompté (Craighead, Gulda, Arvaja et même Damgaard).

Mais ce maintien n'est que de façade car l'avenir de ce club sans base sportive et sans hockey mineur s'est rapidement assombri. Même si les joueurs avaient accepté de réduire leur salaire, le trou s'est encore creusé (quatre millions d'euros sur les cinq ans d'existence de la franchise) car la moyenne de spectateurs a baissé de mille unités. Les curieux attirés par les surprenants résultats de l'an passé sont repartis dans l'indifférence. De surcroît, les Revier Löwen, équipe artificielle qui a quitté la petite ville de hockey de Ratingen en 1997 pour s'installer à Oberhausen, n'ont toujours pas de patinoire. Les divergences de vues avec la direction du CentrO, sa résidence actuelle, cette arena multifonctions pour laquelle s'était fait le déménagement, font qu'elle n'accueillera plus de hockey sur glace dans l'immédiat. Il y a bien un projet de construction de patinoire financée par la franchise elle-même, mais avec quels fonds propres ? Pour toutes ces raisons, la DEL n'a pas renouvelé la licence des Revier Löwen. A moins d'un revirement peu probable, l'expérience Oberhausen semble à jamais terminée.

Quatorzième : Essen. L'an prochain, la Ruhr, le plus gros bassin de population d'Allemagne, n'aura donc plus de représentant en DEL. En effet, les portes de la ligue se sont également refermées sur les Moskitos d'Essen. Ceux-ci ont pourtant une vraie base, une histoire, un cœur de supporters fidèles et dévoués, mais ils ont aussi eu les yeux plus gros que le ventre, et le dépôt de bilan est finalement intervenu en janvier. C'est alors l'administration du travail qui a payé les salaires des joueurs pendant que se déroulait la procédure de faillite, ce qui a fait scandale.

En effet, la série de succès plusieurs fois espérée depuis l'arrivée de l'entraîneur franco-canadien Paulin Bordeleau (ancien joueur de l'équipe de France), mais jamais complètement enclenchée, est finalement arrivée dans les dernières semaines alors qu'Essen semblait promis à la dernière place. Et certains l'ont eu mauvaise d'être subitement dépassés par un club insolvable alors qu'ils devaient de leur côté lutter pour rétribuer leurs joueurs. Ceci dit, c'est à la fin de la saison qu'on fait les comptes et que chacun retrouve ses petits, puisque la DEL a bien évidemment retiré la licence d'Essen en raison de la procédure de faillite. Pourtant, les Moskitos n'acceptent pas cette décision et semblent décidés à s'enferrer dans une longue bataille judiciaire pour récupérer leur place en élite, quitte à passer des saisons de transition au niveau régional ou sans jouer du tout. Pas sûr que cette stratégie de l'affrontement soit efficace.

Quinzième : Schwenningen. Et dire qu'après cinq matches (une défaite aux tirs au but et quatre victoires), Schwenningen occupait la deuxième place au classement ! Contrairement à Augsbourg, les Wild Wings n'ont pas pu confirmer par la suite. Pour une équipe avec si peu de moyens, il faut que tous les joueurs soient à leur maximum, que le recrutement fasse preuve de flair, et que la réussite soit au rendez-vous. Aucun de ces trois critères n'a été rempli. C'est plutôt la poisse qui s'est invitée à la fête, et une infirmerie très occupée est toujours mauvais signe avec un effectif relativement juste.

Pour ce qui est des nouveaux, Dave Chyzowski a été une bonne surprise après quelques escales ratées en DEL, mais d'autres comme Jeff Nelson ont déçu. Parmi les "anciens", Peter Allen était loin de son niveau de l'an passé et Marcel Goc a longtemps constitué une véritable énigme. En avait-on trop fait autour du jeune prodige allemand ? Sans l'appui de ses ex-compagnons de ligne Slivchenko et Augusta, celui qui était catalogué de comme le meilleur espoir du pays s'est retrouvé désemparé dans un costume trop grand pour lui et a dû dire adieu à l'équipe nationale, en tout cas chez les grands. Sa sélection aux championnats du monde juniors, en revanche, lui a permis de retrouver son hockey. Schwenningen n'en a profité longtemps et l'a vendu à Mannheim début février, un transfert qui a pu satisfaire tout le monde et dont le club avait besoin pour maintenir ses caisses à flots. La saison fut donc difficile pour le SERC qui tomba finalement à la dernière place et dut passer par des barrages de maintien. Ceux-ci se déroulèrent dans des conditions pour le moins particulières puisque les adversaires, les Berlin Capitals, venaient de se faire retirer leur licence et étaient censés être relégués de toute façon. Comme prudence est mère de sûreté, le barrage avait été maintenu en prévision d'éventuels recours, et Schwenningen trouva la concentration nécessaire dans ces circonstances spéciales pour remporter la série lors du septième et dernier match à Berlin. Le club de la Forêt-Noire vivra donc une année de plus en DEL.

Seizième : Berlin Capitals. Malgré les six points de pénalité infligés en début de saison, malgré les garanties financières incertaines, le propriétaire Egon Banghard se voulait à l'époque rassurant sur la santé du club. Celui-ci rattrapa son handicap plus rapidement que prévu et se prit même à rêver de play-offs. L'entraîneur Gunnar Leidborg faisait des miracles avec cet effectif assemblé à la hâte, et il allait connaître la saison la plus incroyable de sa carrière... mais pas pour les raisons escomptées. Dès Noël, les caisses étaient vides et les salaires n'étaient plus versés. Le capitaine danois Heinz Ehlers et le leader suédois Fredrik Öberg continuaient avaient bien du mal à garder le cap coûte que coûte, car les conversations ne tournaient plus dans les vestiaires qu'autour des problèmes financiers. La motivation déclinait nettement, et les trois Lettons, Kercs, Fanduls et Tribuncovs, étaient moins concernés défensivement et moins efficaces que dans l'euphorie du début de saison.

Finalement, l'assemblée générale de la DEL retirait la licence des Capitals, en même temps que celle d'Essen, le 18 mars. La fin de championnat était alors de pure forme, comme le prouve le départ d'Andreï Mezin pour l'équipe nationale biélorusse la veille du match décisif du barrage de maintien. De nouveaux investisseurs, qui avaient racheté le club pour un euro symbolique, annoncèrent vouloir profiter de la relégation sportive pour reconstruire sainement le club au niveau inférieur. Le projet paraissait séduisant, sous la conduite du manager Lorenz Funk, celui-là même qui avait été parmi les fondateurs des Preussen de Berlin en 1983. Mais il annula finalement l'engagement de son équipe en Bundesliga 2, déclarant que l'administrateur judiciaire lui refusait la participation à ce championnat. Celui-ci s'en montra le premier surpris, et accusa les repreneurs de vouloir lui porter le chapeau de leurs propres décisions, et de l'échec de leur projet peut-être mal ficelé. D'où que viennent les torts, le retour aux sources des Berlinois de Lenz Funk ne se fera donc qu'au niveau régional.

 

Bundesliga 2

Premier : Bremerhaven. L'entraîneur Jamie Bartman tient à ses principes : former quatre lignes relativement homogènes qui contribuent toutes aux performances de l'équipe. Dans un tel contexte, l'esprit d'équipe est essentiel, et quand un joueur ne s'en imprègne pas, le clash est inévitable. C'est ainsi que le buteur Mike Millar, recruté pour pallier la blessure de Jarkko Varvio (attaquant finlandais techniquement au-dessus du niveau du championnat), a été renvoyé dans ses pénates au bout de seulement six matches après une dispute dans les vestiaires. Cet incident a été à l'image d'un début de saison en demi-teinte, où Bremerhaven semblait parti pour devoir lutter jusqu'à la fin pour une place en play-offs. Mais le retour de Varvio, la constance de son partenaire de ligne Tim Schnobrich (37 ans) et la révélation des internationaux juniors Sebastian Furchner et Sebastian Jones (prêté par Kassel au nouvel an) ont permis un final de toute beauté, illuminé par treize victoires dans les quatorze derniers matches et une remontée fulgurante à la deuxième place. Bremerhaven abordait ainsi les play-offs en grande forme et parvenait en finale sans perdre un match. Après une lourde défaite 4-0 à Ingolstadt, le REV remporta les trois manches suivantes aux tirs au but. Le héros de cette victoire est donc le gardien finlandais Marko Suvelo, qui a arrêté seize penaltys sur dix-huit. Malheureusement, le bilan annuel a révélé un passif et la montée en DEL s'avère impossible à réaliser en si peu de temps. L'occasion se représentera-t-elle dans le futur ou Bremerhaven s'est-il cogné la tête au plafond pour mieux retomber par la suite ?

Deuxième : Ingolstadt. Avant même la désillusion de la finale, le championnat de l'ERC Ingolstadt a été beaucoup moins calme que les vingt-et-un points d'avance au classement ne peuvent le laisser croire. Sam Groleau (ligaments croisés) et Agostino Casale (fracture tibia-péroné) ont manqué plus de la première moitié de la saison. Engagé en remplacement, Daniel Goneau a été viré au bout de deux mois et Bill McDougall a été à son tour prié de prendre la porte avant les play-offs. Mais toutes les péripéties seront vite oubliées car l'objectif est atteint : la promotion en DEL, même si elle n'a été obtenue que parce que Bremerhaven y a renoncé. On pouvait d'ailleurs s'en douter, et l'entraîneur Jim Boni n'a pas hésité à dire que le plus dur était fait après la victoire en demi-finale contre un autre candidat déclaré à la montée, Heilbronn. Le moins que l'on puisse dire est qu'Ingolstadt aura été insistant pour obtenir sa place en DEL, et que tout a été fait dans ce but, en tout cas pour ce qui est du recrutement et des tractations en coulisses... car pour ce qui est des infrastructures, la nouvelle patinoire attendra l'an prochain. Les équipes de DEL auront donc le privilège de découvrir le charme pittoresque - surtout en hiver - de la vielle enceinte, et de son passage à ciel ouvert entre les vestiaires et l'aire de jeu.

Troisième : Bietigheim-Bissingen. "Nous ne lui avons pas donné la bonne équipe." Voilà un aveu étonnant en de pareilles circonstances, mais c'est celui auquel a consenti le président Eduard Fehr en remerciant l'entraîneur Thoams Dolak. Il faut dire que les recrues ne s'étaient pas adaptées, et que du ménage dut être fait. On renvoya dans un premier temps Frantisek Forsch et Hardy Gensel, avant de se résoudre à en faire autant à la veille de la Saint-Sylvestre avec Andrew Williamson, le super-buteur d'ECHL qui était surtout un super-individualiste, dont on se sépara avec joie. Comme les joueurs engagés pour boucher les trous ne furent pas non plus les meilleurs choix, on se reposa sur les valeurs sûres. Encore meilleur qu'avant, Darren Ritchie dépassa les 40 réalisations et fut le meilleur buteur du championnat, devancé au classement des pointeurs uniquement par son collègue Marc West, qui distribuait les assists à gogo. Les défenseurs ont eux aussi obtenu de belles stats, mais leur joli bilan chiffré marque surtout un très grave manque de repli défensif. Le nouvel entraîneur canadien Gary Prior eut donc bien du mérite à emmener en demi-finale cette formation trop peu concernée par les tâches ingrates.

Quatrième : Heilbronn. Heilbronn avait renforcé son effectif avec un des meilleurs défenseurs de la division, Vladimir Buril, et le meilleur buteur du dernier championnat, Viktor Karatchun. L'attaquant biélorusse semblait péter le feu pendant les premiers matches amicaux, mais un examen médical du club a révélé qu'il souffrait d'un rétrécissement de la vésicule biliaire. Il a dû être opéré deux fois et son retour dans le hockey paraît compromis. Pour surmonter cette perte, ainsi qu'une première crise dans les vestiaires soldée par la rupture du contrat du défenseur Daniel Jardemyr, on a recruté quatre joueurs supplémentaires (Ivan, Brezina, Zatopek et Wildgruber), mais les résultats, plombées par une infirmerie rarement vide, n'ont pas suivi. Si ce bilan sportif a finalement été sauvé par de bons play-offs et une belle résistance contre Ingolstadt, le bilan financier laisse apparaître un gros trou causé par la désaffection des supporters. Il faudra redresser le cap l'an prochain dans un nouveau "palais de glace" qui remplacera avantageusement l'ancienne patinoire particulièrement vétuste.

Cinquième : Crimmitschau. Le fabuleux destin de l'ETC Crimmitschau continue. Avec un effectif quantitativement limité et a priori construit pour l'Oberliga, le promu a taillé des croupières aux ténors de la seconde Bundesliga, surprenant tout le monde y compris lui-même. Il a même été jusqu'à occuper la deuxième place en janvier avant de reculer un peu en fin de saison et de perdre en quart de finale contre Heilbronn. Crimmitschau, c'est une véritable success story venue de nulle part. Rappelons qu'en 1970, le hockey sur glace, comme d'autres sports trop mineurs pour ramener des médailles et du prestige au régime, avait été sacrifié par la RDA, et le haut niveau interdit en dehors des deux Dinamo (Berlin et Weißwasser). Le club de Crimmitschau, fondé en 1927 a donc dû patienter vingt ans et la réunification pour que la liberté sportive ne soit plus bafouée par des enjeux politiques. Pour autant, qui aurait pu prédire une telle ascension dans les années 90 marquées par des formes plus insidieuses de totalitarisme ? Durant les années d'excès de la DEL, son président d'alors, l'avocat Bernd Schäfer III, voulait absolument y intégrer Dresde, au nom de la sacro-sainte raison économique, qui consistait alors à liquider les petits clubs pour faire de la place aux grandes villes. Mais alors que Dresde, dont la réalité quotidienne était éloignée de ces calculs, se débattait dans un cataclysme financier, une petite ville de Saxe, Crimmitschau, insensible aux caprices contraires de l'histoire, arrivait à attirer en troisième division un public de plus de quatre mille spectateurs de moyenne, qui a de quoi faire baver d'envie certains clubs de DEL. Ce public est encore maintenant le plus nombreux de Bundesliga 2, bien qu'il ait légèrement diminué par rapport à l'an passé en dépit des résultats sportifs incroyables. Cette baisse d'affluence inattendue s'explique par les revenus très limités des spectateurs est-allemands, dont le budget n'est certainement pas extensible et dont l'ardeur a sans doute été freinée par l'augmentation des prix et du nombre de matches.

Sixième : Wolfsburg. Autre étonnant promu, l'EHC Wolfsburg a connu un parcours similaire, tonitruant dès les premiers mois de la saison. Mais tout basculait le 16 novembre à Straubing lorsque le buteur Arpad Györi subissait un sévère choc à la tête. L'équipe était privée de son leader - qui n'allait revenir qu'en fin de saison - et la série de dix victoires alors en cours s'arrêta net. Certes, les autres étrangers (Karol Ruszhyak, Jan Zurek, Roman Veber et le gardien Marek Mastic), qui, comme Györi, avaient déjà deux classes d'avance l'an dernier en Oberliga, en conservaient encore une. Certes, Tomáš Šrsen (viré de Merano) faisait un bon remplaçant. Mais un ressort était cassé, et l'équipe, confortable deuxième avec dix points d'avance en novembre, terminait finalement sixième, non sans avoir poussé Bietigheim à une cinquième manche en quart de finale.

Septième : Bad Tölz. La régularité a manqué à Bad Tölz pour pouvoir se maintenir au niveau de sa saison précédente et obtenir un meilleur ticket d'entrée en play-offs. Après la sortie sur blessure du capitaine Franz Demmel, on a cherché en vain un leader capable de transcender ses coéquipiers dans les vestiaires. Il y a certes des joueurs de talent comme Florian Keller, mais il n'est pas de la trempe de ceux qui savent tirer ses partenaires vers le haut quand l'enjeu l'exige. Par ailleurs, l'entraîneur Georg Holzmann a souvent point du doigt l'inefficacité de ses attaquants, et a été confronté à un casse-tête dans les cages, où se sont succédés pas moins de cinq gardiens au total. Malgré les sept blanchissages amassés, Duane Derksen (ex-Iserlohn) ne l'a en effet pas convaincu. Le réserviste Ambrosius Fichtner souffrant d'une commotion cérébrale, et les autres portiers étant trop tendres, on rappela même de sa retraite Sven Rampf, l'ancien gardien d'Augsbourg. Mais il était trop pris par ses obligations professionnelles pour s'installer définitivement comme titulaire.

Huitième : Weißwasser. L'objectif de la saison, un strapontin en quart de finale, a été atteint, grâce à une égalisation arrachée à cinq minutes de la fin du dernier match contre le rival saxon Crimmitschau par le capitaine Andrej Fuchs. L'équipe de Weißwasser a montré du caractère à tous les postes, du gardien finlandais Iiro Itämies (malgré sa fragilité physique) à l'éternel buteur russe Alekseï Pogodin (38 ans) en passant par l'international ukrainien Vyacheslav Timchenko et le vétéran Torsten Hanusch en défense. Pour autant, toute satisfaction serait déplacée. En effet, et même s'il repartira l'an prochain, le club, qui n'a plus payé ses salaires depuis janvier, a déposé son bilan deux jours après son élimination en quart de finale contre Ingolstadt, à cause d'un déficit de 200 000 euros.

Neuvième : Straubing. La tête de l'entraîneur Gerd Wittmann avait déjà vacillé après seulement sept matches, elle n'a finalement tenu que quelques semaines de plus jusqu'à une défaite 2-0 à domicile contre Bad Nauheim. Les joueurs, qui réclamaient en majorité son départ, ont été servis, surtout que son successeur, Kevin Gaudet, n'est pas du genre coulant. Mais cela n'a pas suffi à éviter de nouvelles prestations sans âme qui ont fait fuir les supporters et plombé les résultats. Quelles que soient les exigences de Gaudet envers les joueurs, ils n'étaient de toute façon pas assez nombreux pour mettre en place une politique de mises à l'écart ou de maintien sur le banc, même si tous, gardiens mis à part, ont plus ou moins déçu à un moment ou à un autre. Les six victoires finales sont venues bien tard, et la huitième place a finalement été manquée à la différence de buts contre Weißwasser, chez qui Straubing avait justement encaissé un mémorable 13-1, et avec qui elle a aussi un triste point commun, celui d'avoir déposé le bilan en mars.

Dixième : Fribourg-en-Brisgau. Cette fois, les difficultés financières n'ont pas pu être masquées par la réussite sportive, puisque Fribourg a raté sa qualification en play-offs, ce à quoi il n'était pas habitué. L'effectif bon marché constituait un pari sur l'avenir après les nombreuses défections et les recrutements annulés de Gruber, Hewson et Tolson, tous pour raisons économiques, mais cela n'a pas empêché le club d'être dans le rouge. Il a même fallu l'intervention de la mairie en de Fribourg-en-Brisgau en février pour permettre à l'équipe, qui comptait plusieurs mois d'arriérés de salaire, de terminer le championnat. Et pourtant... le gardien Rostislav "Hugo" Haas a effectué sa meilleure saison avec l'EHC Fribourg, le joueur formé au club Petr Mares s'est glissé dans le quinté de tête des marqueurs du championnat, Dion Del Monte a été la tête pensante de l'attaque , et le capitaine Bedrich Scerban a été le leader d'une défense renforcée. Malheureusement, derrière l'excellente première ligne, l'effectif était un peu juste, et il sera difficile de l'améliorer tout en redressant les finances du club et en regagnant la confiance des partenaires et des supporters.

Onzième : Riessersee. A Garmisch-Partenkirchen, on se souviendra sans doute très longtemps de cette saison, une des pires mais pourtant une des plus incroyables et des plus importantes de l'histoire du club. Celui-ci a en effet obtenu miraculeusement son maintien après avoir connu une déprimante série noire de vingt défaites consécutives. Cette mauvaise séquence a commencé avec la blessure du "mur" finlandais Sami Peltosara, qui avait tenu les cages pendant un début de saison mémorable (sept défaites en huit matches), et s'est achevée par le licenciement de l'entraîneur Peter Kathan. Son successeur Peter Gailer a profité du fameux choc psychologique pour marquer son arrivée par un succès sur l'autre relégable Duisburg. Il s'est vite rendu compte qu'aucun des gardiens remplaçants n'avait les épaules assez larges pour assumer la charge de titulaire et a fait venir Leonhard Wild. Celui-ci, sans être franchement convaincant pour un gardien aux portes de l'équipe nationale (preuve du faible réservoir à ce poste en Allemagne pour l'instant), a au moins permis de limiter les dégâts, comme l'ont fait les jeunes à qui Gailer a donné leur chance pour pallier quelques longues absences. Mais, pour ne rien arranger, le club déposait son bilan. L'administrateur judiciaire faisait savoir que la saison pourrait aller à son terme, mais l'issue paraissait compromise. Riessersee comptait en effet encore dix points de retard sur le premier non-relégable à la fin de la phase régulière. Comme les totaux étaient conservés pour la poule de maintien, commencée par une défaite aux tirs au but à Fribourg, il restait alors neuf matches avec toujours dix points à rattraper. Le SCR n'avait alors quasiment plus droit à l'erreur. Mission impossible ? Pourtant, les joueurs n'abdiquaient pas, et, rassérénés par le retour du gardien Peltosara, ils remportaient les neuf derniers matches et obtenaient le maintien. Cette équipe qui n'a jamais abandonné alors que tout semblait perdu rentrera sans doute dans les annales du club. Grâce à elle, le plus dur est passé, car Riessersee semble avoir mangé son pain noir, aussi bien sportivement que financièrement.

Douzième : Bad Nauheim. Le nouveau propriétaire, l'entrepreneur Hans Bernd Koal, aimerait tant que les choses soient si simples. Bad Nauheim avait été débarrassé de ses problèmes financiers, bien doté en sponsors, et possédait un bon mélange de glorieux anciens, de jeunes pousses recrutées en division inférieure et d'étrangers censés casser la baraque. Dans le monde merveilleux de Monsieur Koal, cela suffisait pour qu'il proclame qu'il croyait dur comme fer à la possibilité du titre. Mais on ne fait pas une équipe en un jour, et le savant cocktail ne s'avérait pas le plus heureux des mélanges. L'évidence était déjà manifeste après neuf défaites en dix matches, mais on décida de n'y voir qu'une péripétie et de ressortir le carnet de chèques pour engager six nouvelles recrues avec pour mission de raccrocher le wagon des play-offs... L'illusion ne durait qu'un temps, et une nouvelle période noire en février aboutissait au licenciement de l'entraîneur Harold Kreis après une défaite à Crimmitschau. Chacun avait alors arrêté de rêver, et le nouvel entraîneur Greg Pruden avait pour unique objectif le maintien, finalement acquis grâce à une très bonne fin de saison. Comme quoi Bad Nauheim peut avoir un potentiel intéressant si chacun sait raison garder.

Treizième : Regensburg. Dans un hockey allemand où la prudence financière est rarement de mise, toutes divisions confondues, Regensburg fait figure d'exception. Remboursement scrupuleusement année après année sa dette héritée de temps moins raisonnables, il pratique depuis plusieurs saisons une politique très sage. Preuve en est la présence de Jiri Ehrenberger depuis cinq ans au poste d'entraîneur. Pourtant, même lui n'a pas résisté. Il a subi le contrecoup de la promotion en Bundesliga 2 puisqu'il a été licencié le 16 janvier. Le nouveau coach Ignaz Berndaner n'a pas fait mieux et le club qui semblait s'être mis à l'abri a même vu son avance fondre comme neige au soleil. La redescente l'attendait donc, descente qui n'aura pas lieu car les deux relégués ont obtenu en juin d'être repêchés en raison du chaos complet qui régnait dans les divisions inférieures, dans l'incertitude la plus totale quand au déroulement du championnat. Reste que la saison de Regensburg a été ratée et que certains joueurs ont cruellement manqué de volonté. Premier visé, Craig Millar, un défenseur recruté comme joker en décembre et qui a 116 matches de NHL au compteur. Le problème est que cela ne se voit pas à son jeu, au point que Jirí Lala - le champion du monde 1985 avec la Tchécoslovaquie a entamé après une blessure sa reconversion comme directeur sportif et a assuré l'intérim entre les deux entraîneurs - a dit de lui : "J'ai joué contre beaucoup de joueurs de NHL. Celui-là, il y était au mieux porteur d'eau."

Quatorzième : Duisburg. Les quatre promus ont connu des fortunes très diverses. Si deux d'entre eux, Crimmitschau et Wolfsburg, ont tutoyé les cimes, les deux autres, Regensburg et Duisburg, ont terminé aux places de relégables. Pourtant, Duisburg a explosé tous les chiffres, mais pas les meilleurs qui soient : 33 joueurs utilisés (record de Bad Nauheim égalé), dont 11 étrangers (qui se sont relayés aux six places autorisées). Pas moins de trois entraîneurs se sont succédé. Le premier, Martin Karlsson, a été viré pour n'avoir sévi face au problème posé par le gardien Engman. Quant à Jan Benda, le père tchèque de l'international allemand du même nom, il a préféré rendre son tablier, n'ayant pas confiance dans le potentiel de cette équipe, qui a fini sous le commandement de Rico Rossi. Après la mise à l'écart du gardien finlandais Petri Engman, l'artisan de la montée qui n'était plus que l'ombre de lui-même, on s'est également bousculé dans les cages, occupées au total par cinq portiers. Richard Hrazdira et Frank Pribil se sont en effet blessés, tandis que Dmitri Pätzold n'était que prêté par Cologne durant la pause olympique. On a donc dû en dernier recours faire appel au second gardien de l'équipe junior, René Hippler. Sachant qu'en plus le club disposait d'un budget très serré, que les attaquants n'ont jamais trouvé le chemin des filets adverses et que les meilleurs joueurs comme Todd Marcellus ou John Johnson ont dû être alignés parfois au-delà du raisonnable, la dernière place de Duisburg paraît en fin de compte assez logique.

 

Oberliga

On l'a dit brièvement plus haut, toute l'organisation des championnats a été - une fois de plus - plongée dans le chaos. Une Oberliga avait été créée, mais on savait d'avance qu'elle serait éphémère et qu'une troisième division à poule unique ne pourrait pas être viable à long terme. Pourtant, rien n'a vraiment été fait pour préparer l'avenir jusqu'à ce qu'on soit au pied du mur en fin de saison. Pris à la gorge financièrement, les clubs ne pouvaient plus soutenir une poule unique. Il n'y avait pas assez de clubs dans le nord pour y constituer une division. On a donc opté pour la moins mauvaise des solutions, celle de fusionner l'Oberliga et la Regionalliga sud. Entre la DEL d'une part et les ligues des divers Länder d'autre part, la fédération allemande avait encore sous son égide cinq championnats il n'y a quelques années (Bundesliga 2, Oberliga nord et sud, Regionalliga nord et sud). Mais le nombre de championnats et de clubs concernés rétrécit d'année en année, et la responsabilité en est partagée entre une fédération qui a commis nombre d'erreurs et des clubs à la gestion pas toujours très raisonnable.

En espérant qu'une remise à plat intervienne, revenons sur cette première et dernière année d'Oberliga à poule unique, une compétition tout sauf intéressante pour les clubs, qui ont vu leurs coûts augmenter avec les déplacements plus longs, et leur revenus chuter avec la baisse quasi-générale de la fréquentation des patinoires. On ne s'étonnera donc pas d'avoir assisté à quatre nouveaux dépôts de bilan - Erding, Bayreuth, Landshut et Ratingen.

Lorsque les Munich Barons avaient racheté la licence de DEL de Landshut, ils s'étaient notamment engagés par contrat à s'assurer de l'avenir économique de ce club. Encore une promesse en l'air puisqu'il vient donc de déposer le bilan. Néanmoins, Landshut a atteint son objectif en remportant l'Oberliga et surtout en obtenant ainsi une promotion qui lui permet de quitter la galère de ce championnat. L'EVL est la seule équipe à avoir enregistré une hausse significative de sa moyenne de spectateurs, et espère pouvoir encore l'augmenter en Bundesliga 2. Même soulagement du côté de Kaufbeuren, emmené par le meilleur marqueur de la saison, l'attaquant tchèque Ervin Musik, et promu à l'issue de play-offs acharnés. Outre la montée, l'autre évènement de la saison est la fin de carrière de l'enfant du pays Didi Hegen.

Au rayon des surprises, le pompon revient sans discussion possible à Bad Aibling. On ne donnait pas cher de la peau écaillée des "Dragodiles", qui, faute d'argent, n'alignaient que quatre étrangers au lieu des six autorisés. Pourtant, cet effectif réduit - où certains jeunes joueurs allemands ont été repérés par des clubs plus huppés - n'a raté la promotion que d'un cheveu, ne cédant en demi-finale qu'en raison de l'avantage de la glace, que Kaufbeuren n'avait acquis qu'à la différence de buts. Malheureusement, le public n'a absolument pas suivi ces fantastiques résultats, car la région n'a d'yeux que pour le prestigieux voisin Rosenheim, qui re-gravi un à un les échelons depuis sa sortie de DEL il y a deux ans. L'autre surprenant demi-finaliste est Dresde, avec un effectif réduit mais épargné par les blessures et une formation technique - la touche tchèque - et équilibrée.

Deggendorf a vécu une guerre médiatique entre les différents anciens dirigeants et l'administrateur judiciaire nommé à l'intersaison. l'objet en est la responsabilité des 80 000 euros de déficit, que l'on devait sans doute à l'ex-président Mages, et qui avaient conduit ses successeurs à déposer le bilan. Sur le plan sportif, les résultats étaient bons, mais les spectateurs boudaient de plus en plus une formation sans imagination offensive et sans caractère, qui se reposait un peu trop sur son gardien Martin Cinibulk. En point d'orgue de cette saison noire, Deggendorf se retire de l'Oberliga. On n'en est heureusement pas là à Selb, même si l'équipe a évolué nettement en dessous de son potentiel. La prime âprement disputée du plus gros flop a été décernée à Alain Coté - ancien défenseur d'Angers et de Rouen - en raison de ses pénalités inutiles et de ses trop nombreuses erreurs inutiles. Un changement d'entraîneur (Roland Schneider à la place du Suédois Greger Lindqvist) a au moins permis d'atteindre les play-offs.

Objectif atteint pour Mittelrhein, ainsi que s'appelle l'équipe de Neuwied depuis sa liquidation alors qu'elle évoluait en Bundesliga 2. Pourtant, la formation rhénane était à la rue dans la première moitié de la saison. Et puis, elle changeait du tout au tout avec la nouvelle année, devenant même première du championnat si l'on ne comptabilise que les matches de 2002. Alors qu'elle rentrait bredouille de tous ses déplacements à l'automne, elle terminait même par huit victoires à l'extérieur, et prolongeait sa série par deux victoires à Kaufbeuren dans un quart de finale néanmoins perdu au bout du compte. A Erding, le projet "German Team" du joueur allemand du siècle Erich Kühnackl prend fin après trois ans. Il aura donné un aperçu du réservoir de talents dans le pays, mais ce pari d'une équipe exclusivement constituée de jeunes joueurs allemands était difficile à financer, et Erding a dû déposer le bilan en octobre. Il a heureusement pu poursuivre sa saison, même s'il a perdu son indiscutable leader Günter Oswald - qui a terminé meilleur marqueur du club en ayant disputé moins de la moitié des matches - parti directement pour Krefeld en DEL. Il est ainsi une nouvelle preuve de l'intérêt d'un projet sportivement courageux, mais qui n'aura reçu aucune compensation pour son travail.

Pour les six formations restantes, il ne pouvait y avoir qu'un seul objectif : sortir sans dommages des deux poules de maintien à trois équipes. Dans cette formule ultra-piégeuse, chacun n'a que cinq matches pour sauver sa tête. C'est ce qu'a fait Füssen, mené par un duo venu de l'est - le Letton Giurts Ankipans et l'Ukrainien Valentyn Oletsky - et par son vénérable capitaine Wolfgang Koziol, dit "Kotsch", qui va prendre une retraite bien méritée. C'est ce qu'a fait Haßfurt, et son buteur finlandais Mika Puhakka, même si l'effectif a été sévèrement décimé par les blessures. C'est ce qu'a fait Peiting, qui a surmonté pour l'occasion sa fragilité psychologique. Et surtout, c'est ce qu'a fait Geretsried, largué tout au long de l'année - avec une impressionnante série de vingt-quatre défaites de fin octobre à fin janvier - mais qui n'a pas perdu espoir et qui a su profiter des ennuis de Bayreuth.

Ennuis, c'est un euphémisme pour décrire la saison du favori Bayreuth. Il avait gagné ce statut à cause de son impressionnant recrutement, aussi bien quantitativement que qualitativement, mais beaucoup lui prédisaient un dépôt de bilan dans les trois mois... Et les mauvaises langues avaient raison ! Initialement, les résultats sportifs étaient encourageants, Bayreuth tournait à 2200 spectateurs de moyenne, et 4300 personnes se pressaient même pour voir le derby contre Selb. Quelques semaines plus tard à peine, c'était le dépôt de bilan, suivi du départ de l'entraîneur Rico Rossi et de sept des meilleurs joueurs. Puis ce fut la chute sans fin et la relégation. On craignait que le club ne doive repartir du bas de l'échelle, mais il profitera finalement de la fusion entre Oberliga et Regionalliga sud pour continuer son activité. On espère que ce sera d'une toute autre façon, car ni les joueurs ni les supporters ne veulent revoir autant de mensonges et d'inconséquence.

Autre relégué, Ratingen ne s'attendait pas à un championnat aussi catastrophique. D'une part, le recrutement a été raté sur toute la ligne, d'un Alexander Wunsch - ancien joueur de DEL qui faisait son retour à la compétition - très loin de son poids de forme à des renforts étrangers trop peu professionnels. Le problème le plus grave était le gardien suédois Alexander Betsikokos, complètement sur-coté. Il fut remplacé par Boris Ackers, qui fut malheureusement rappelé à l'approche de la fin de saison décisive - pour faire banquette - par le club qui l'avait prêté, Essen. On ne parle même pas des entraîneurs, trois au total (Ervin Materna, Anatoli Antipov, Janusz Wilczek). Les supporters étaient à bout, et leurs attaques poussaient le bureau directeur à démissionner en bloc. Il ne restait alors plus personne pour empêcher le dépôt de bilan et la rélégation.

Marc Branchu

 

 

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