Janvier 2020 : anecdotes
Comment la Russie a célébré... sa défaite
Le dénouement du Mondial junior, où une caméra de télévision canadienne dépassant du plexiglas a annulé une pénalité toute faite et facilité la victoire du Canada, était déjà incroyable. Mais ce qui s'est passé ensuite fut encore plus invraisemblabable qu'on n'aurait même pas osé l'inventer. Elle est pourtant vraie. De nombreux Russes ont fêté de bonne foi la victoire de leur équipe de hockey sur glace au ... alors même qu'elle avait perdu la finale. Comment a-t-on pu en arriver là ? En fait, l'intégralité de la compétition était diffusée sur la chaîne sportive Match TV. Mais la nuit précédente, compte tenu de la qualification obtenue avec brio, les autorités ont décidé que le match serait retransmis sur la première chaîne du pays, à la plus large audience possible. Comme il s'agissait de deux chaînes d'État, Match TV n'avait pas trop son mot à dire, mais il lui restait un petit problème : comment occuper le créneau manquant ? Elle a alors pris une décision lourde de conséquences : diffuser la légendaire finale du Mondial junior 2011 à Buffalo, celle qui fut appelée "la plus incroyable des finales"... jusqu'à celle de cette année.
De nombreux Russes ont alors allumé Match TV par habitude, comme lors des précédentes rencontres. Ils ont alors assisté à une finale Canada-Russie, exactement l'affiche prévue, mais avec des juniors d'il y a neuf ans, aujourd'hui devenus des stars confirmées comme Panarin ou Kuznetsov. Qu'ils ne se soient rendus compte de rien a été vu comme la preuve que ces supporters russes s'intéressent moins au hockey sur glace proprement dit qu'à la perspective chauvine de victoire... Pourtant, il est un protagoniste qui aurait dû être bien été placé pour identifier le subterfuge : la femme de Vladimir Tarasenko a révélé que son mari - qui ronge son frein devant la télévision puisqu'il est blessé à l'épaule depuis fin octobre - a regardé le match pendant une dizaine de minutes avant de soudain découvrir le pot-aux-roses... quand il s'est vu lui-même marquer un but ! On peut dès lors pardonner l'inattention de ceux qui ont ensuite célébré la victoire. Pendant que ceux qui ont vu le Canada gagner le "vrai" match (l'actuel) ruminaient en silence leur déception, les réseaux sociaux russes ont en effet été envahis de messages de gloriole patriotique... avant de s'en mordre les doigts. Le footballeur Dmitri Tarasov - connu pour sa poutino-philie exacerbée depuis qu'il a exhibé un portrait de son président lors d'un match de club en Turquie en pleine tension entre les deux pays en 2016 (provocation qui avait agacé même les cercles du pouvoir et lui avait valu une amende de son club russe) - a ainsi été tellement vexé qu'on pointe son erreur qu'il a répondu par une excuse grotesque, comme quoi il aurait écrit un faux message de félicitations à l'équipe russe parce qu'il avait perdu un pari en famille... L'humiliation de cette célébration sans fondement a sans doute été plus douloureusement ressentie que la défaite elle-même pour ceux qui se sont ainsi ridiculisés sur cettte caisse de résonance à la moquerie que sont les réseaux sociaux...
"Vote for Bo"
Grand Forks est une ville de 53 000 habitants du Dakota du Nord, et la course aux municipales a vu l'arrivée d'un candidat ex-hockeyeur. Il s'agit de Brandon Bochenski, natif du Minnesota mais qui a évolué pendant trois ans à l'Université du Dakota du Nord. Mais sa carrière professionnelle a surtout pris de l'ampleur en KHL avec le Barys Astana, club dont il sera un joueur emblématique pendant huit saisons. Sur ces huit saisons, il passé cinq fois le seuil des 50 points en KHL. Bochenski a d'ailleurs fait partie d'un plan de naturalisation pour endosser l'uniforme du Kazakhstan, pays qu'il a représenté à l'occasion de trois championnats du monde.
Installé à Grand Forks depuis fin 2017, avant de rempiler pour une dernière saison avec le Barys, Bochenski a annoncé sa candidature pour les prochaines municipales sur son compte Instagram, avec une photo en famille, souhaitant insuffler "une nouvelle vie et une nouvelle énergie à Grand Forks", en prônant les incitations fiscales pour les entreprises. Il se présentera contre Michael Brown, en place depuis 20 ans, un indépendant qui a soutenu Trump comme président mais la candidate démocrate - battue - aux dernières législatives (sa carte de la NRA et ses positions anti-avortement le placent toutefois "plutôt" à droite sur l'échiquier politique américain).
La vidéo du mois
Le pénalty manqué de Brad Marchand - qui compte comme un essai manqué car il a effleuré le palet - lors d'un match NHL Philadelphie-Boston. Après avoir de nouveau raté le palet sur une échappée trois jours plus tard, Marchand a pris le pari de l'auto-dérision en postant l'annonce suivante sur twitter : "Attention, des mains ont été perdues ou volées. Si vous les retrouvez, merci de venir les restituer au TD Garden."
La citation du mois
"Son monde s'appelle aujourd'hui Instagram et il croit qu'il est un touriste."
Rob Pallin, entraîneur d'Innsbruck, dans le Tiroler Tageszeitung à propos de l'ancien gardien de NHL Scott Darling, qui n'est pas vraiment le sauveur annoncé mais qui poste publiquement les photos de ses excursions et des curiosités de la région.
"Il y a douze équipes dans le championnat avec chacune deux étrangers. Quand un attaquant n'est pas dans les 24 meilleurs marqueurs, c'est insuffisant."
La victime de ce calcul énoncé par Martin Sekera, l'entraîneur de Höchstadt (Oberliga, troisième division allemande), n'est autre que Michal Petrak, l'ancien joueur d'Epinal aujourd'hui âgé de 36 ans. Il a retrouvé un club à Buchloe deux divisions plus bas.
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