Janvier 2007 : anecdotes

 

Le Mexicain poursuit son rêve

Un des parcours les plus étonnants du hockey mondial est probablement celui de Brian Baxter Arroyo Lopez, natif de Mexico. Rien ne destinait ce fils d'un Noir américain et d'une Mexicaine au hockey sur glace, jusqu'à ce qu'il accroche par hasard à un match de NHL à la télévision. À neuf ans, il se met donc au roller-hockey, et ce n'est que quatre ans plus tard qu'il prend son premier contact avec la glace, sur la patinoire San Jeronimo. Mais le hockey est loin d'être un plaisir bon marché au Mexique. Sa mère a dû partir à la recherche d'un équipement complet, qui lui est revenu à six cents dollars. Brian était placé dans l'équipe B de sa génération, entraînée par un Mexicain, mais il persuada l'entraîneur de l'équipe A, Valeri Afanasiev, de le prendre aussi dans son groupe. Cela signifiait six heures de glace par semaine au lieu de trois... et aussi un coût mensuel deux fois plus important. La gentille maman n'était pas au bout de ses peines. Lorsque le contrat d'Afanasiev à Mexico arriva à terme, Brian lui demanda de l'amener avec lui en Russie. Il arrêta donc ses études et fit ses bagages pour un voyage vers l'inconnu, financé par de l'argent envoyé par sa famille. Afanasiev était rentré au CSKA, où l'entraîneur Dorozhenko le redirigea vers le Druzhba-78, la fameuse école de hockey fondée par Ivan Pravilov, et à la vocation internationale affirmée avec ses tournées de par le monde.

Mais les temps de la victoire au tournoi Pee-Wee du Québec à l'époque originelle de Zubrus & co étaient loin. Le quotidien du Druzhba-78, c'était alors le championnat d'Ukraine, certes une compétition senior, mais dans sa période la plus creuse. Il raconta au journal Ogoniok ses curieuses aventures : "Il y avait cinq équipes et quinze matches dans la saison. On joue toutes les deux semaines, et il arrive que les joueurs montent sur la glace ivres. Une fois, la surfaceuse a eu un problème et a accroché directement le béton. Mais le match n'a pas été reporté, on a simplement joué comme ça, en contournant les trous dans la glace." Mais d'autres mésaventures l'attendaient : "La police m'a arrêté dans la rue. Je leur ai dit que j'avais laissé mon passeport chez moi, mais ils m'ont répondu que j'étais un immigré clandestin et ils ont commencé à me demander de l'argent. Ils m'ont gardé deux heures et m'ont laissé partir après m'avoir pris mon argent. Mon entraîneur l'a appris et a demandé des explications. Ils se sont excusés devant moi et m'ont dit qu'ils puniraient les coupables. Mais je n'ai pas revu mon argent."

À 19 ans, le troisième meilleur marqueur du Druzhba-78 décide de quitter le faible championnat ukrainien et se présente au camp de Spartak Saint-Pétersbourg, qui évolue en Vysshaya Liga. Il espère devenir professionnel en deuxième division russe, mais il n'est pas retenu en équipe première. À l'été 2005, il retraverse l'Atlantique pour faire des camps en ECHL et en CHL, mais on se méfie de son expérience jugée trop européenne et il est parqué dans une ligue junior locale. À la fin de la saison, il est sélectionné en équipe du Mexique pour la division II, groupe B, en Nouvelle-Zélande. Les Mexicains obtiennent leur maintien en battant l'équipe locale, mais Brian ne marque aucun point et termine avec le plus mauvais +/- de la compétition.

À bientôt 22 ans, la carrière de cet ailier gauche de bon gabarit, qui a tout sacrifié pour ses rêves de devenir hockeyeur, n'a toujours pas décollé. Mais il continue sa quête et devient au moins un des globe-trotters les plus exotiques du hockey international. Depuis quelques jours, il a signé au Välk-494 de Tartu, en Estonie...

Le canton de Berne fête son record

Seule la pluie aurait pu gâcher la fête, mais elle est restée à l'écart. Le centième derby Langnau-Berne a battu le record d'affluence pour un match entre clubs en Europe (sans dépasser bien sûr l'URSS-Suède du Mondial 1957). Pour reléguer aux oubliettes les 23192 spectateurs du Frölunda-Djurgården de 1963, les SCL Tigers ont organisé cette affiche dans le Stade de Suisse, le terrain de football de la capitale. Peu importe pour eux d'avoir joué "à domicile" dans la ville adverse ou d'avoir logiquement perdu le match 2-5. Le retour sur investissement est largement gagnant pour Langnau qui a engrangé un demi-million de francs suisses de bénéfices. Les 30076 billets sont partis en moins de trois jours et tout le monde voulait être de la fête. Avec une température de +10°C, soit trente de plus que pour le Edmonton-Montréal en plein air d'il y a trois ans, personne ne risquait de prendre froid, ce qui éloignait tout de même l'expérience des conditions d'autrefois.

La seconde seconde seconde chance

Après le bref épisode VandenBussche (voir anecdotes d'octobre), la SM-liiga a enregistré une recrue au curriculum encore plus lourd. Billy Tibbets mérite-t-il encore une seconde chance ? On lui en a donné beaucoup. Alors qu'il avant 17 ans, il avait pris trois ans de prison avec sursis pour avoir bénéficié de faveurs sexuelles d'une fille de 15 ans lors d'une soirée hautement alcoolisée. Pendant sa période probatoire, il avait frappé un policier et intimidé un témoin, puis commis une agression et menace avec arme et avait donc fini derrière les barreaux. À sa sortie de prison, il joua pourtant en NHL, où il se fit une réputation de type égoïste et imbuvable. Après avoir été obligé de suivre le programme de réhabilitation pour son comportement alcoolique, il dut faire pénitence dans les ligues mineures.

Fin décembre, le HPK Hämeenlinna décide de faire sa B.A. (C'est Noël, après tout). Il prend à l'essai Billy Tibbets qui surprend positivement sur la glace en marquant quatre buts et quatre assistances en quatre matches de championnat. Il est aussi aligné lors des trois matches de Coupe d'Europe où il inscrit un but sur un tir de pénalité. À la fin de sa période d'essai, il se montre gourmand financièrement et se fend d'exigences qui lui sont refusées. Le lendemain matin, il disparaît sans rien dire à personne. Son entraîneur Jukka Jalonen ne le regrette pas vraiment et explique qu'il est plutôt soulagé tant Tibbets plombait l'ambiance en se comportant comme un enfant gâté qui n'arrêtait pas de se plaindre.

Pour tout remerciement envers le HPK qui lui a tendu la main, Billy Tibbets s'était empressé de signer pour le HIFK. Sa personnalité colle bien avec l'image de frappadingues amateurs de gros bourrins qu'on accole souvent au HIFK. On pourrait ironiser en disant que Tibbets aurait des sujets de discussion avec Jere Karalahti, mais à vrai dire on en doute : il n'est pas si pas sûr que le défenseur finlandais, qui avait refusé de suivre le programme anti-alcoolique de la NHL et toutes les bondieuseries qui l'accompagnaient (et ne souhaitait pas vraiment arrêter définitivement la bière, il ne faut pas se le cacher), s'entende avec la tête brûlée américaine qui raconte ne devoir de comptes qu'à Dieu.

 

 

Les citations du mois

 

"Franchement, cette expérience est assez difficile. L'effectif est articulé autour de dix Slovaques et de deux Tchèques. Pour les secouer, il faut parfois gueuler !"

Pierre-Yves Eisenring, entraîneur d'Épinal, explique dans Le Matin pourquoi il est candidat à un retour en Suisse.

"Si son erreur est insignifiante, je l'explique à Ilya en anglais. Quand je suis en colère, je crie en français. Il ne comprend pas, là il sait que je suis très mécontent. Comprenez-moi, je ne cherche pas à faire de Kovalchuk un attaquant défensif. Tout ce qui je lui demande, c'est de la responsabilité élémentaire. Kovy est un joueur capable de lever de leur siège dix-huit mille personnes, mais depuis le premier jour, notre plan commun est d'en faire un joueur en "+". Au début de la saison actuelle, sa fiche en carrière était à -59. Je lui ai dit : Kovy, on n'est pas à la PGA de golf, c'est la NHL... Le but n'est pas d'avoir le score le plus négatif possible."

Bob Hartley, entraîneur des Atlanta Thrashers, répond dans Sport-Express à la question que toute la Russie se pose : comment gérer Kovalchuk ?

"C'est du délire sénile, il n'y a pas d'autre mot. Apparemment, cette personne est née dans une autre génération, pour laquelle tout dîner dans un restaurant a des relents de vodka. C'est le XXIe siècle dehors. Si on va dîner, cela ne veut pas dire que l'on va se soûler. On joue 90 matches de championnat, si après chaque dîner on vidait de la vodka, on atteindrait 40 ans en une saison"

Kovalchuk profite de la visite du même journaliste pour mettre les choses au point sur les reproches faits par l'ex-sélectionneur Krikunov sur ses sorties lors du Mondial viennois.

"Ce sont toujours les huit mêmes types qui bloquent tout. Ces gars-là voteraient contre la gratuité du Viagra."

Un propriétaire de franchise NHL de l'ouest, après le vote refusant de changer le calendrier qui réduit les déplacements pour les équipes de la côte est, mais qui ne permet pas à toutes les équipes de s'affronter, et prive donc certains supporters de voir dans la saison un Ovechkin ou un Crosby.

 

 

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