Septembre 2004 : anecdotes

 

Privés de dessert

Le Minnesota est surnommé "l'État aux 10 000 lacs". On sent bien là le syndrome du "toujours plus grand" américain, histoire d'en imposer à la Finlande et à sa région des mille lacs qui fait moins la maligne. Toujours est-il que ces dix mille lacs se transforment, l'hiver venu, en autant de surfaces gelées pour jouer au hockey sur glace, et que le Minnesota est donc depuis toujours le principal bastion de ce sport aux États-Unis. En concentrant les matches américains de la Coupe du monde à St. Paul, les organisateurs savaient qu'ils pouvaient compter sur un public fidèle. Pourtant, le quart de finale entre les États-Unis et la Russie ne s'est pas joué à guichets fermés, et c'est la première fois que ça arrive dans le Xcel Energy Center depuis le retour de la NHL au Minnesota il y a deux ans. Il faut dire que même à Toronto, le fief du hockey canadien, il y avait quelques places invendues lors du quart de finale contre la Slovaquie. Les prix astronomiques n'y sont pas pour rien.

Mais si le public canadien a suivi de près la compétition, il n'en va pas de même aux États-Unis, où les audiences télé ont été décevantes. Et le lendemain de la défaite de leur équipe en demi-finale contre les Finlandais (qui peuvent en plus crâner parce que les fameux "1000 lacs" ne sont qu'une expression et que le Minnesota est battu à plate couture au comptage exact, même pas de consolation...), les amateurs américains de hockey sur glace - car ils existent même s'ils sont minoritaires - voyaient leur frustration amplifiée le lendemain. Alors qu'ils s'apprêtaient à vivre le dénouement d'une magnifique demi-finale entre le Canada et la République Tchèque (le plus beau match du tournoi avec Suède-Finlande et les dix premières minutes de la finale), la chaîne "sportive" ESPN décidait de ne pas retransmettre la prolongation, histoire de ne pas rater le coup d'envoi d'un match de football américain... Ce n'est pas demain que le hockey s'implantera profondément aux États-Unis, et le lock-out en NHL ne sera pas fait pour arranger les choses.

Peur de l'avion

La veille du déplacement chez le champion en titre Omsk, le gardien Oleg Glebov, jusque là titulaire au Spartak Moscou, a été victime d'un "syndrome Bergkamp" (du nom du footballeur néerlandais Dennis Bergkamp qui a depuis vaincu son aérophobie). Il a refusé de se rendre en Sibérie en raison de la peur de l'avion qui le tenaille depuis quatre ans et qui s'est encore ravivée avec le climat de crainte du terrorisme régnant en Russie et les crashs simultanés de deux avions de ligne revendiqués par un groupe islamiste fin août. Mais si, dans un club de football anglais, les voyages en avion ne sont pas si fréquents et peuvent être substitués par d'autres moyens de transport, ce n'est sûrement pas le cas en Superliga russe où ils sont presque systématiques vu la taille du pays. C'est donc à regret que le gardien de 31 ans, qui n'en pouvait plus de lutter contre sa phobie, a décidé du jour au lendemain, en accord avec sa famille, de mettre un terme à sa carrière. C'est sans lui que le Spartak a obtenu à Omsk sa première victoire en championnat.

Enfin des patins pour Peter Forsberg

Hardy Nilsson peut se consoler. Enfin, il pourrait l'être s'il n'avait pas déjà été viré. On a en effet trouvé une explication scientifique au raté de la Suède à la coupe du monde : des médecins et des kinésithérapeutes ont calculé que la performance de Peter Forsberg était diminuée de 60% car un de ses talons n'était pas en contact avec le patin. Il y avait un gouffre de 2,3 cm qui l'empêchait d'exprimer pleinement son patinage. Voilà l'explication de sa détresse, de son incapacité à jouer comme il y était habitué. Le feuilleton des patins de Forsberg aura finalement duré un mois. Car les patins qu'il portait à la Coupe du monde, ils avaient été confectionnés sur mesure fin août à Ottawa lorsqu'il avait quitté momentanément l'équipe de Suède en pleine préparation pour se rendre spécialement aux usines Bauer. Or, ils n'étaient toujours pas adaptés à son pied, qui a pas mal souffert au cours de sa carrière. Ce n'est qu'à la troisième journée de l'Elitserien, contre Timrå, qu'il a enfin chaussé des patins qui lui allaient. Le changement a été spectaculaire, il a effectué son meilleur match de hockey depuis plus d'un an, il a inscrit un but et une assistance, et il a pris la tête du classement des marqueurs du championnats de Suède, se déclarant soulagé d'en avoir enfin fini avec ses problèmes de patins.

 

 

Les citations du mois

 

"J'aime les publics qui suivent le jeu et soutiennent leur équipe. En NHL, les spectateurs quittent parfois leurs sièges au milieu d'un jeu de puissance pour aller acheter un hot-dog. Cela n'arrive pas ici."

Peter Forsberg (MoDo), après ses débuts en Elitserien sur la glace de Brynäs, bien que des spectateurs aient lancé des programmes de match sur lui alors qu'il rejoignait prématurément les vestiaires à deux minutes de la fin après avoir été puni de 2'+10' pour une mauvaise charge dans le dos sur Malmström.

"Il a mérité le prix du joueur le plus bête du championnat."

Lance Nethery, manager de Francfort, à propos de Peter Ratchuk, auquel il a infligé en même temps une amende de trois mille euros. Alors que le match de la troisième journée à Krefeld était terminé (par une défaite 4-1) et que la sirène finale venait de retenir, le défenseur américain, furieux d'avoir pris une méconduite, a frappé rageusement sa crosse contre la balustrade... et a pris une seconde méconduite. Du coup, il a été suspendu pour le match suivant contre Hambourg, Francfort a perdu, et le champion en titre retrouve son classement final de l'année précédente : il est dernier !

"Je pense que si l'on prend chaque joueur individuellement dans l'effectif de NHL des Vancouver Canucks et chaque joueur ici à Linköping, le niveau technique est probablement un peu plus haut à Linköping, comme les fondamentaux tels que le patinage et la maîtrise du palet [...] Les enfants doivent s'ajuster à cause du décalage horaire. Ils sont debout de deux heures à cinq heures du matin, et ils veulent jouer !"

Brendan Morrison, à la télévision suédoise SVT. Le Canadien joue en Elitserien pendant le lock-out, et il ne se dit pas du tout pressé que ça se termine car il se plaît bien en Suède.

"La LNA est désorganisée et son niveau n'est pas plus haut que celui de l'East Coast Hockey League."

Joe Thornton, dans la version suisse du quotidien gratuit 20 Minuten. Le Canadien joue en LNA pendant le lock-out, et il se dit très pressé que ça se termine car il ne se plaît pas en Suisse.

 

 

Le mois précédent (juillet-août 2004)

Le mois suivant (octobre 2004)

 

Retour au sommaire