NHL 1938/39
Les Maroons de Montréal étaient en difficulté notoire depuis plusieurs années avec des affluences basses, des résultats faibles et une situation économique critique. Ils demandent un temps un déménagement à Saint-Louis dans le Missouri, ce que refuse la ligue échaudée par le précédent des "Eagles" cinq ans plus tôt (les Ottawa Senators avaient déménagé à Saint-Louis mais n'avaient tenu qu'une seule saison). Les Maroons suspendent donc leurs opérations et la NHL continue avec sept équipes, en poule unique.
Saison régulière (48 matches)
Pts V VP N DP D BP-BC Diff 1 Boston Bruins 74 34 2 2 1 9 156-76 +80 2 New York Rangers 58 25 1 6 2 14 149-105 +44 3 Toronto Maple Leafs 47 18 1 9 1 19 114-107 +7 4 New York Americans 44 15 2 10 0 21 119-157 -38 5 Detroit Red Wings 42 18 0 6 0 24 107-128 -21 6 Canadiens de Montréal 39 13 2 9 1 23 115-146 -31 7 Chicago Black Hawks 32 12 0 8 3 25 91-132 -41
Il n'y a plus qu'une équipe qui sera éliminée des play-offs, et pourtant la saison est fatale à deux entraîneurs. Le caractériel propriétaire des Black Hawks, Frederic McLaughlin, vire Bill Stewart - qu'il avait appelé le coach le plus génial de tous les temps neuf mois plus tôt - avant la mi-saison alors que son bilan est juste légèrement négatif. Une des pommes de discorde vient du fait que McLaughlin voudrait que son entraîneur américain dirige son équipe depuis les tribunes pour mieux voir le jeu. Pour Stewart, s'éloigner de ses joueurs et du banc n'a aucun sens : il redevient alors arbitre dans la NHL (fonction qu'il continue également d'occuper dans le baseball). Paul Thompson lui succède comme entraîneur en gardant un temps son rôle de joueur, mais l'équipe n'obtient plus que 13 points sur les 27 parties restantes et finit bonne dernière, moins d'un an après avoir soulevé la Coupe Stanley. L'auteur du but gagnant du titre, Carl Voss, aura manqué : le centre a dû mettre un terme à sa carrière après une blessure au genou au camp de pré-saison le 24 octobre.
L'écroulement des Black Hawks sauvera les Canadiens de Montréal, eux-mêmes à la peine alors qu'ils pourtant récupéré les joueurs des Maroons (qui appartiennent au même propriétaire qu'eux, la Canadian Arena Company qui développe des patinoires dans tout le pays). L'entraîneur et gérant montréalais Cecil Hart - dont le père a donné le trophée de meilleur joueur de la ligue - démissionne mi-janvier : Jules Dugal lui succède dans ses deux fonctions et ramène l'équipe parmi les qualifiés en engrangeant 21 points en 18 matches.
Meilleurs marqueurs de la saison régulière
MJ B A Pts Pén 1 Toe Blake Montréal 48 24 23 47 10' 2 Sweeney Schriner NY Americans 48 13 31 44 20' 3 Bill Cowley Boston 34 8 34 42 2' 4 Clint Smith NY Rangers 48 21 20 41 2' 5 Marty Barry Detroit 48 13 28 41 4' 6 Syl Apps Toronto 44 15 25 40 4' 7 Tommy Anderson NY Americans 48 13 27 40 14' 8 Johnny Gottselig Chicago 48 16 23 39 15' 9 Paul Haynes Montréal 47 5 33 38 27' 10 Roy Conacher Boston 47 26 11 37 12' 11 Lorne Carr NY Americans 46 19 18 37 16' 12 Neil Coville NY Rangers 47 18 19 37 12' 13 Phil Watson NY Rangers 48 15 22 37 42' 14 Syd Howe Detroit 48 16 20 36 11' 15 Bryan Hextall NY Rangers 48 20 15 35 18'
Meilleurs gardiens
MJ Min Moy. 1 Frank Brimsek (USA) Boston 43 2610 1,56 (Vézina) 2 Dave Kerr NY Rangers 48 2970 2,12 3 Turk Broda Toronto 48 2990 2,15 4 "Tiny" Thompson Detroit 39 2397 2,53 5 Mike Karakas (USA) Chicago 48 2990 2,61 6 Claude Bourque Montréal 25 1560 2,65 7 Earl Robertson NY Americans 46 2850 2,86 8 Wilf Cude Montréal 23 1440 3,21
Les trophées
Meilleur joueur (trophée Hart) : Toe Blake (Canadiens de Montréal).
Meilleure recrue (trophée Calder) : Frank Brimsek (Boston Bruins).
Fair-play (trophée Lady Byng) : Clint Smith (New York Rangers).
Meilleur entraîneur : Art Ross (Boston Bruins).
Première équipe all-star : Frank Brimsek (Boston) ; Dit Clapper (Boston) - Eddie Shore (Boston) ; Toe Blake (Montréal) - Syl Apps (Toronto) - Gordie Drillon (Toronto).
Deuxième équipe all-star : Earl Robertson (NY Americans) ; Art Coulter (NY Rangers) - Earl Seibert (Chicago) ; Johnny Gottselig (Chicago) - Neil Colville (NY Rangers) - Bobby Bauer (Boston).
Play-offs
Tour préliminaire (21, 23 et 26 mars 1939)
Toronto - New York Americans 4-0 (1-0,2-0,1-0) New York Americans - Toronto 0-2 (0-0,0-0,0-2) Montréal - Detroit 2-0 (0-0,2-0,0-0) Detroit - Montréal 7-3 (1-1,2-2,4-0) Detroit - Montréal 1-0 a.p. (0-0,0-0,0-0,1-0)
Le gardien Turk Broda dégoûte les Americans en n'encaissant pas le moindre but. La formule, qui oppose le cinquième au sixième, pourrait permettre aux Canadiens de Montréal de sauver leur saison, mais ils sont victimes de leurs pénalités. C'est en situation d'avantage numérique que Marty Barry qualifie les Red Wings en prolongation.
Demi-finale entre les deux premiers de saison régulière (21, 23, 26, 28, 30 mars, 1er et 2 avril 1939)
New York Rangers - Boston 1-2 a.p. (0-0,1-0,0-1,0-0,0-0,0-1) Boston - New York Rangers 3-2 a.p. (2-0,0-1,0-1,1-0) Boston - New York Rangers 4-1 (1-0,1-1,2-0) New York Rangers - Boston 2-1 (1-1,1-0,0-0) Boston - New York Rangers 1-2 a.p. (1-1,0-0,0-0,0-1) New York Rangers - Boston 3-1 (0-0,1-1,2-0) Boston - New York Rangers 2-1 a.p. (2-0,1-1,0-0,0-0,0-0,1-0)
Pour l'affrontement entre les deux équipes les mieux classées (et ensuite pour la finale), la NHL inaugure une formule au meilleur des sept manches, qui existe depuis des décennies dans les World Series de Baseball. Et pour une première, c'est une grande première : la série aboutit effectivement à un septième match après que les Rangers ont remonté le handicap de leurs trois défaites initiales. Mieux encore, ce match 7 haletant ne se décide - comme le premier - qu'en troisième prolongation. Mel Hill, buteur à 119'25" au match 1 puis à 68'24" au match 2, gagne le surnom de "Sudden Death" en inscrivant son troisième but en mort subite, cette fois après exactement 108 minutes de temps de jeu effectif, en reprenant comme au match d'ouverture une passe décisive de Bill Cowley. Si l'on prend en compte la durée cumulée des parties, les deux équipes auront disputé l'équivalent de plus de neuf rencontres (en treize jours)...
Demi-finale de repêchage entre les vainqueurs du tour préliminaire (28, 30 mars et 1er avril 1939)
Toronto - Detroit 4-1 (2-0,2-1,0-0) Detroit - Toronto 3-1 (3-1,0-0,0-0) Toronto - Detroit 5-4 a.p. (2-1,0-1,2-2,1-0)
Tiny Thompson, qui avait vu Boston recruter Frank Brimsek pendant sa blessure et n'avait pu récupérer sa place ensuite au vu des performances du prodige, aurait sans doute bien aimé affronter le rookie en finale. Peine perdue : l'équipe vers laquelle il a été échangée, est éliminée en prolongation par Toronto sur un but décisif de Gordie Drillon.
Finale (6, 9, 11, 13 et 16 avril 1939)
Boston - Toronto 2-1 (1-0,0-0,1-1) Boston - Toronto 2-3 a.p. (0-2,2-0,0-0,0-1) Toronto - Boston 1-3 (0-0,0-0,1-3) Toronto - Boston 0-2 (0-1,0-0,0-1) Boston - Toronto 3-1 (1-1,1-0,1-0)
Les Bruins ont eu trois jours pour se remettre de leur série-marathon avant d'aborder la finale. Leur défaite en prolongation à domicile au deuxième match pourrait faire craindre que le temps ne joue pas en leur faveur. Mais ce sont deux débutants dans la ligue qui amènent la Coupe Stanley à Boston : le gardien Frank Brimsek poursuit ses performances impressionnantes et l'ailier gauche Roy Conacher - le benjamin et le moins connu des trois frères nés à Toronto mais le meilleur patineur car il a commencé le hockey plus tôt - marque le but gagnant dans les trois rencontres qui suivent !
Meilleurs marqueurs des play-offs (tous canadiens)
MJ B A Pts Pén 1 Bill Cowley Boston 12 3 11 14 2' 2 Gordie Drillon Toronto 10 7 6 13 4' 3 Roy Conacher Boston 12 6 4 10 12' 4 Mel Hill Boston 12 6 3 9 12' 5 Syl Apps Toronto 10 2 6 8 2' 6 Charlie Conacher Detroit 5 2 5 7 2' Erwin Chamberlain Toronto 10 2 5 7 4' 8 Nick Metz Toronto 10 3 3 6 6' Milt Schmidt Boston 12 3 3 6 2'
La saison précédente (1937/38)