NHL 1924/25

 

On a joué 19 fois à guichets fermés dans la Boston Arena de 6000 places lors du championnat amateur américain 1924. De telles foules intéressent le hockey professionnel. La NHL coupe court aux projets de ligue professionnelle en s'implantant elle-même aux États-Unis pour la première fois. Charles Adams, qui incarne le rêve &américain puisqu'il a commencé adolescent comme employé de l'épicerie du coin avant de bâtir une chaîne de supermarchés (First National Stores) au logo jaune et marron, est le propriétaire de la nouvelle franchise des Bruins qui adopte donc les mêmes couleurs. Adams confie la vice-présidence et la direction opérationelle de l'équipe, en coulisses comme sur le banc, à Art Ross, qui a déjà entraîné Hamilton deux saisons plus tôt.

Adams paye 15 000 dollars de droits d'entrée, tout comme l'autre nouveau menu, le "Montreal Professional Hockey Club". Les bailleurs de fonds du nouveau club - de riches hommes d'affaires anglophones - font construire en un peu plus de 5 mois et pour 1 million de dollars le "Forum" rue Sainte-Catherine (photo), une patinoire artificielle qui permet de commencer la saison de hockey dès novembre. C'est du jamais vu à Montréal, où les Canadiens jouaient encore sur une piste de glace naturelle au Mont-Royal. Les Habs ne s'opposent pas à l'implantation de ce concurrent, leur dirigeant Léo Dandurand voit plus loin et regarde d'un bon oeil l'implantation de ce Forum moderne qui peut contenir 9000 places et où ils jouent leur premier match devant 8000 personnes avant la mise en glace de l'Aréna Mont-Royal... qui a peur de perdre son locataire et met en place aussi des installations de réfrigération pour 40 000 dollars. En acquérant la nouvelle franchise, James Strachan, le fondateur des défunts Wanderers de Montréal (disparus en 1918 après l'incendie de sa patinoire), veut en fait recréer son ancien club, mais il ne parvient pas à utiliser l'ancien nom dont il n'arrive pas à établir les droits de proprieacute;té. Ce n'est qu'au bout de quelques mois que la nouvelle équipe de Montréal sera peu à peu baptisée Maroons en référence à sa couleur de maillot (maroon signifie bordeaux en anglais).

Classement (30 matches)

                           Pts    V VP  N  DP D    BP-BC  Diff
1 Hamilton Tigers           39   19  0  1  0  10   90-60  +30
2 Toronto St. Patricks      38   19  0  0  0  11   90-84  +6
3 Canadiens de Montréal     36   17  0  2  1  10   93-56  +37
4 Ottawa Senators           35   17  0  1  0  12   83-66  +17
5 Montreal Maroons          20    9  0  2  1  18   45-65  -20
6 Boston Bruins             12    4  2  0  0  24   49-119 -70

Après une victoire initiale (2-1) dans le duel des deux nouvelles franchises, les Bruins de Boston (photo) enchaînent une série record de 11 défaites de suite. Ils ont débuté avec uniquement d'anciens amateurs et manquent un peu d'expérience jusqu'à ce qu'ils achètent quelques anciens pros. Les Maroons ont été plus rapides pour utiliser leur portefeuille - bien garni. Ils ont acquis d'Ottawa les droits de Punch Broadbent et du gardien de référence Clint Benedict (que les Senators ne peuvent plus garder depuis la mauvaise publicité des derniers play-offs) puis, au bout d'une semaine de championnat, achètent à Toronto pour 8000 dollars l'ex-capitaine Reg Noble. En fin de saison, Broadbent (20 points) et Noble (19) seront les meilleurs marqueurs des Maroons devant Sammy Rothschild (seulement 9), le premier joueur juif de NHL, fils des premiers habitants juifs de Sudbury (Ontario) où ils tenaient une boutique de chapeaux, valises et autres accessoires.

Les deux nouvelles équipes sont de toute façon hors course. Menacés par la remontée d'Ottawa dans le sprint final, les Canadiens de Montréal sauvent leur place en play-offs par une ultime victoire 4-1 sur Hamilton. Les Sénateurs se consoleront en fin de saison avec un trophée à l'origine étonnante : Lady Byng, femme du Gouverneur général du Canada et naturellement supportrice d'Ottawa, invite le défenseur Frank Nighbor à Rideau Hall (la résidence du gouverneur), lui demande s'il pense que la NHL accepterait de reconnaître le trophée qu'elle lui montre pour récompenser le joueur le plus gentleman... et le lui remet aussitôt quand il acquiesce ! Le second trophée individuel de la NHL, le trophée Lady Byng, est né. Sa donatrice souhaitait favoriser le beau jeu et en a eu l'idée en raison du hockey brutal incarné par Sprague Cleghorn la saison dernière.

Meilleurs marqueurs de la saison régulière

                                    MJ    B   A  Pts   Pén
 1 Cecil "Babe" Dye    Toronto      29   38   8   46   41'
 2 Cyril Denneny       Ottawa       28   27  15   42   16'
 3 Aurèle Joliat       C. Montréal  24   29  11   40   85'
 4 Howie Morenz        C. Montréal  30   27   7   34   31'
 5 Redvers Green       Hamilton     30   19  15   34   81'
 6 Jack Adams          Toronto      27   21  10   31   67'
 7 Billy Boucher       C. Montréal  30   18  13   31   92'
 8 Billy Burch         Hamilton     27   20   7   27   10'
 9 "Shorty" Green      Hamilton     28   18   9   27   63'
10 Jimmy Herbert       Boston       30   17   5   22   50'
11 Clarence "Hap" Day  Toronto      26   10  12   22   33'

Les trophées

Meilleur joueur (trophée Hart) : Billy Burch (Hamilton Tigers).

Fair-play (trophée Lady Byng) : Frank Nighbor (Ottawa Senators).

 

 

Demi-finale (11 et 13 mars 1925)

Canadiens de Montréal - Toronto St. Pats 3-2 (0-1,2-0,1-1)  Morenz (O. Cleghorn), Morenz (Mantha), Boucher (S. Cleghorn) / McCaffrey, Adams 
Toronto St. Pats - Canadiens de Montréal 0-2 (0-1,0-0,0-1)  S. Cleghorn, Morenz (S. Cleghorn)

Les Canadiens de Montréal, qui ont insisté contre le président de la ligue pour jouer le match aller à Mont-Royal devant leurs partisans et non au Forum, frustrent Toronto au match retour par une prestation défensive parfaitement maîtrisée. Les défenseurs Sprague Cleghorn et Billy Coutu excellent devant le gardien Georges Vézina qui est l'étoile de l'équipe.

 

Finale : annulée (Hamilton exclu)

Les derniers seront les premiers... Derniers dans leurs quatre premières saisons de NHL, les Tigers de Hamilton ont fini en première position de la saison régulière et ont ainsi obtenu leur qualification directe en finale. Mais pendant que Montréal et Toronto se disputaient le droit des les affronter, les joueurs de Hamilton réclamaient à leur directeur Percy Thompson une prime de 200 dollars. Leur capitaine Wilfred "Shorty" Green - si populaire dans la ville de l'Ontario que les fontaines publiques y sont appelées shorty greens parce qu'elles sont petites et vertes - fait valoir que leurs salaires n'ont pas bougé malgré le rallongement de la saison de 24 à 30 matches. Leurs contrats prévoyaient en effet une rémunération fixe de décembre à mars indépendamment du nombre de rencontres jouées... sauf que la saison a débuté le 29 novembre, et le camp d'entraînement deux semaines plus tôt. C'est la première grève de joueurs dans l'histoire de la ligue. Le président de la NHL Frank Calder s'en mêle en déclarant que les joueurs seront suspendus et mis à l'amende (de 200 dollars...) s'ils ne cèdent pas. Comme les hockeyeurs restent sur leurs positions, Calder met ses menaces à exécution. La finale est annulée et les Canadiens de Montréal accèdent à la finale de Coupe Stanley. La justice donnera finalement raison aux joueurs et les propriétaires doivent les payer... mais annoncent qu'ils revendront tous les mutins.

 

 

La saison précédente (1923/24)

La saison suivante (1925/26)

 

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