Top/Flop : octobre 2007

 

 Acroni Jesenice (SLO)

Après sa première saison dans le championnat autrichien, Jesenice a été pillé par des clubs plus riches, mais s'en est remis puisqu'il conteste actuellement la tête du classement à Vienne (l'équipe qui lui a piqué sa première ligne). Les étrangers engagés à l'intersaison par le club slovène sont efficaces, et le seul qui ne l'a pas été, l'ex-international japonais Chris Bright, a été viré sans hésitation. À sa place, l'attaquant suédois Conny Strömberg, habitué des divisions inférieures allemandes, a été pris pour quatre semaines à l'essai. Et dans ses deux premières sorties, il a marqué à chaque fois le tir au but vainqueur. Il faut dire que c'est la grande force de Jesenice : cinq rencontres ont déjà été gagnées aux penaltys. Vu qu'il a marqué également 4 autres buts "dans le jeu" et 6 assistances en six matches, le moins que l'on puisse dire est que l'essai de Strömberg est réussi.

La Suède est d'ailleurs le bon filon pour Jesenice. En plus du buteur expérimenté Markus Matthiasson, le gardien slovène Robert Kristan revient en effet d'une année en Elitserien, et ce sont ses performances qui constituent le progrès le plus notable par rapport à l'an passé. Jesenice a réussi de bonnes performances à l'extérieur, par exemple à Villach où, après un match houleux marqué par une bagarre entre les deux gardiens, les visiteurs ont eu la mauvaise surprise d'être arrosés de bière par des spectateurs locaux puis de voir l'eau chaude curieusement coupée dans leurs vestiaires... L'Acroni a déposé une plainte à la direction de la ligue.

En Slovénie, on sait mieux recevoir : c'est uniquement sur la glace que les hôtes risquent de prendre froid. Jesenice a gagné ses sept matches à domicile, le dernier en date en infligeant un 5-0 à une équipe de Salzbourg à nouveau en déroute, que l'on ne va même pas inclure dans cette rubrique... par charité envers les millionnaires.

 Trinec (TCH)

En mai dernier, l'imprévisible gardien international tchèque Roman Cechmanek, encore convoité notamment en Russie (Omsk), avait resigné pour deux années supplémentaires à Trinec. Arrivé en janvier, il s'y était fait adopter en quelques semaines en qualifiant son équipe en quart de finale, et il semblait être celui qui mettrait enfin un terme à la faiblesse habituelle de ce club dans les cages. Ce n'est pas pourtant pas tout à fait le cas. Si Trinec vient de remporter neuf victoires en dix journées dans ce mois d'octobre, il ne le doit en effet pas à Cechmanek, blessé. C'est sa doublure Martin Vojtek qui tient la baraque, et il épate tout le monde avec 96,2% d'arrêts. Certains médias ont même critiqué que ce Vojtek, qui a été n°2 ou au mieux n°1-bis toute sa carrière, ne soit pas testé en équipe nationale au prochain tournoi Karjala. Ne s'enflamme-t-on pas un peu vite pour un seul - très bon - mois ?

Le potentiel de l'autre révélation du moment, David Kveton, est moins sujet à caution. Ce joueur formé à Novy Jicin est passé par toutes les équipes nationales de jeunes, et on le verra encore à la fin de l'année au Mondial junior puisqu'il a 19 ans. Jouant depuis quatre ans à Vsetín (hormis quelques mois en junior majeur), il s'est retrouvé le bec dans l'eau lorsque le club morave a été recalé par la ligue en août et contraint de démanteler son équipe senior. Il a retrouvé une place à Trinec, et on pouvait craindre qu'il ait moins de temps de jeu que dans une équipe aussi affaiblie que Vsetín. C'est le contraire : Kveton progresse vite et a déjà marqué sept buts, démontrant une fois de plus ses belles qualités offensives.

 

 Brynäs IF (SUE)

Dans le jeu très commun en Suède qui consiste à parier sur le premier entraîneur viré d'Elitserien, il n'y avait pas grand monde pour penser qu'il s'agirait Leif Boork. En deux ans, il avait en effet acquis un statut important à Brynäs. Trois mois après son arrivée, il avait viré deux des vedettes du club qui ne lui convenaient pas, marquant immédiatement son territoire. Mais en contrepartie de ses relations souvent difficiles avec les joueurs, il avait obtenu des résultats, avec deux qualifications en play-offs. Deux victoires en entrée de championnat, dont un 9-1 contre Linköping, avaient suggéré que le club de Gävle pouvait viser haut. Mais huit défaites dans les neuf journées suivantes ont coûté sa place à Boork, remplacé par son assistant Olof Östblom.

Leif Boork n'a encore jamais été viré en quarante ans de carrière, et cette fois encore il a réussi à s'en sortir avec une séparation par accord mutuel. Sa réputation, acquise depuis les finales de Djurgården en 1983 et 1984, divise la Suède en deux camps irréconciliables : ceux qui considèrent qu'il est l'entraîneur le plus surcoté du pays, et ceux qui admirent les méthodes sans concession de celui qui se définit comme "un cœur chaud et une main ferme". Même au sein des supporters du BIF, les avis sont mitigés sur ce changement d'entraîneur. L'avenir dira si Brynäs a eu raison... En attendant, l'effet immédiat du changement a été positif : deux victoires et un nul.

 Ak Bars Kazan (RUS)

Treizième : c'est la place actuelle du champion d'Europe en titre en Superliga russe. Écart avec le leader Ufa : 27 points. Écart avec le dernier : 6 points. Le plus étonnant dans ce début de saison complètement raté de Kazan, c'est que, malgré les relations qu'on dit glacées avec son centre Zinoviev, la star Aleksei Morozov arrive quand même à apparaître en première position au classement des marqueurs !

Les Tatars sont en véritable crise de confiance, et on sait que la confiance d'une équipe commence par le gardien. Or, le portier finlandais Mika Noronen vient tout juste de se faire enlever les broches de sa clavicule. Celui qui paraissait capable d'assurer au moins l'intérim, Vassili Koshechkin, a totalement raté sa première expérience hors de son club formateur de Togliatti. "Pas prêt psychologiquement pour un poste de n°1 dans un grand club", selon son entraîneur Bilyaletdinov, Koshechkin va devoir partir à la trêve. Le souci, c'est que le salaire qui lui a été offert cette année est aussi imposant que sa taille (2 mètres). Aucun club ne semble prêt à le reprendre à ce prix. De toute façon, il ne fera pas long feu à Kazan qui, en plus du retour espéré de Noronen, a engagé Robert Esche. Le gardien américain, qui avait joué le premier - et le meilleur - match de sa carrière internationale contre la Russie, tentera de s'y relancer alors que sa cote a terriblement décru depuis deux ans.

Les autres recrues de l'intersaison ont fait un flop tout aussi retentissant que Koshechkin. Le centre canadien Cory Larose (83 points en 63 matches d'AHL l'an passé) a été totalement invisible et renvoyé au bout de quatre matches. Nikita Alexeïev (23 points l'an dernier en NHL, 2 points en 17 matches avec Kazan) connaîtra le même sort à la prochaine trêve.

Il faut faire de la place aux nouveaux arrivants, et ils sont nombreux. L'international tchèque Petr Cajanek arrive des Blues de Saint Louis (NHL), mais c'est surtout en LNA suisse qu'Ak Bars Kazan est allé faire son marché : Jukka Hentunen à Lugano, Oleg Petrov à Zoug et Christian Berglund à Berne... Ah, non, pas Berglund. Les Bernois se sont rebiffés et n'ont pas voulu laisser partir leur joueur à ce prix-là. Le club russe s'est donc rabattu sur Roman Voloshenko, l'ex-espoir des Krylia Sovietov qui a claqué la porte de l'AHL. Il devra progresser en patinage pour se relancer en Superliga. Si on fait l'addition des noms, tout cela est bien joli, et on ne doute pas qu'Ak Bars a payé très cher ce nouvel arrivage. Mais la dernière fois que les Tatars avaient mis le paquet (de roubles), c'était pendant le lock-out NHL et ça n'avait pas vraiment fonctionné. Il y a juste un petit détail gênant dans ce recrutement, pour une équipe qui a actuellement une des moins bonnes défenses de Superliga : où sont les arrières ?

 

 

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