Top/Flop : février 2007

 

 Acroni Jesenice (SLO)

C'est un exploit probablement jamais vu dans le hockey mondial à un niveau de compétition sérieux : Tomaz Razingar, la star de Jesenice, a profité des mauvaises relances adverses pour marquer deux buts à trois contre cinq à 23 secondes d'intervalle dans une victoire 4-3 à Vienne ! Un exploit qui symbolise bien la superbe saison de la meilleure équipe de Slovénie, invitée comme huitième participant dans le championnat autrichien. Avec son hockey très technique, Jesenice est souvent reconnu comme l'équipe la plus plaisante à voir jouer par les supporters autrichiens. Et l'Acroni est en position de se qualifier pour les play-offs (qui réunissent les quatre premiers), alors que son entraîneur Matjaz Kopitar déclarait en début de mois que lui-même n'y croyait pas (!). Il expliquait en effet que son équipe n'avait pas sa place en demi-finale dans la mesure où la somme des salaires de ses trois étrangers (Aaron Fox, Jean-Philippe Paré et le gardien Seamus Kotyk) est inférieure au salaire d'un étranger de Salzbourg. Une auto-dévaluation peut-être destinée à préparer le terrain en cas d'échec, mais qui a été critiquée y compris en Slovénie.

Avec tous ses internationaux, il n'est après tout pas si étonnant que Jesenice soit compétitif... mais jusqu'à quand ? Car en intégrant le championnat autrichien, Jesenice est rentré dans la fosse aux lions en ce qui concerne les transferts. Le joueur-culte Tomaz Razingar, celui dont les supporters ne peuvent pas imaginer qu'il pourrait renforcer un concurrent dans un même championnat, partirait à Innsbruck, comme par hasard un concurrent direct pour l'accès aux play-offs. La rumeur annonce même toute la première ligne, avec Fox et les frères Rodman, en partance pour Vienne, qui est au cœur de la polémique après avoir affirmé dans une lettre ouverte son intention d'aligner des joueurs européens au-delà de la limite des étrangers, et donc de casser le gentleman-agreement actuel. Dans une ligue à nouveau en crise existentielle, Jesenice pourra-t-il survivre avec son budget de 1,5 millions d'euros si les autres clubs plus riches font la chasse à ses joueurs ? La réussite actuelle des Slovènes, qui les met sous les feux des projecteurs, n'est-elle pas un piège ?

 Lokomotiv Yaroslavl (RUS)

Après avoir accueilli deux entraîneurs canadiens, la Superliga russe a franchi un nouveau pas en faisant venir son premier coach de nationalité américaine - bien que né au Canada - Paul Gardner. A priori, la mission qui lui était confiée n'avait rien de facile : redresser le Lokomotiv, un ancien champion désespérément englué dans le ventre mou du classement, sans connaître rien du championnat ou de la langue russe, et avec comme traducteur l'entraîneur qui l'a précédé. Gardner n'a pas une grande réputation et n'officiait plus depuis deux ans. Il a simplement été entraîneur-adjoint de Nashville, responsable de la partie offensive et du jeu de puissance, lors des premières saisons de NHL de la franchise du Tennessee. Il a laissé de bons souvenirs en tant que boute-en-train, amateur de déguisements et de dessins pour surprendre ses joueurs et mettre une bonne ambiance. Une séduction par l'humour qu'il est plus difficile de mettre en place avec la barrière de la langue.

Pour corser un petit peu la tâche, le calendrier offrait à Gardner d'affronter en "hors-d'œuvre" les quatre meilleures équipes de Superliga. Et pourtant, ce fut un triomphe ! Ils furent défaits tous les quatre, y compris le champion d'Europe Kazan qui n'avait plus été battu depuis près de deux mois. Qu'a donc fait Gardner de si magique ? Il n'a pas eu le temps de modifier radicalement le style de jeu de l'équipe, il a simplement programmé des entraînements deux fois moins longs mais deux fois plus intenses. Sa série de victoires s'est poursuivie en février et ne s'est arrêtée qu'au dixième match sur la glace du Dynamo. Il lui reste maintenant à confirmer sur la durée, car les débuts des entraîneurs canadiens en Superliga ont souvent été réussis. Mais c'est en play-offs que Dave King avait échoué.

 

 Frölunda (SUE)

Même après son catastrophique début de saison, on ne pensait que le meilleur club d'Europe d'il y a deux saisons tomberait aussi bas. Tout ce qui pouvait être tenté a pourtant été tenté : le classique changement d'entraîneur et le changement des joueurs qui étaient censés poser problème. On a mis au rancart le gardien Tommy Salo, qui a décidément fait la saison de trop et qui regarde maintenant du banc le junior Joel Gistedt qui a pris sa place. On s'est débarrassé de Tomi Piettinen et de Johan Fransson, les deux preuves du recrutement raté en défense. On a fait revenir Magnus Kahnberg, déçu de son expérience outre-Atlantique, à la fois du jeu lent et ennuyeux de l'AHL et de la petite ville américaine de Peoria, où il se plaignait d'être obligé de prendre sa voiture pour simplement promener son chien ! Il a quitté la civilisation automobile pour revenir dans la ville écologique de Göteborg, mais il n'a jamais retrouvé son hockey d'avant et a progressivement glissé de la deuxième à la quatrième ligne. On a aussi essayé de dynamiser l'attaque avec l'international finlandais Sean Bergenheim, il a été efficace mais a un peu pris le pli de sa nouvelle équipe en ne mettant pas autant de mises en échec qu'il en a l'habitude.

Rien n'a donc vraiment changé : Frölunda reste une équipe talentueuse, mais désespérément irrégulière et défensivement friable. Avec deux victoires 8-2 à l'extérieur à la suite, à Jönköping et à Skellefteå, les Indians ont montré qu'ils pouvaient encore évoluer à un niveau très haut. Malheureusement, ces coups d'éclat entrecoupaient de piètres prestations à domicile. Frölunda, onzième, ne risque pas seulement de rater les play-offs, mais aussi de jouer les barrages de relégation !

 Krylia Sovietov Moscou (RUS)

Il ne semble plus y avoir de limites à la lente déchéance des anciens champions d'Europe. Le club moscovite est à la dérive sans plus personne à bord. Le président Rafil Safin a été vu pour la dernière fois dans ses locaux en août et laisse depuis ce temps son manager Khaïretdinov répéter que, oui, les salaires vont bientôt être versés. Bientôt... Sous peu... Cela ne saurait tarder... C'est imminent... Et ça fait des mois que ça dure. En réalité, la situation est toujours bloquée : Safin n'a rien l'intention de verser tant qu'il n'aura pas la garantie de récupérer la propriété de la patinoire. Il attend toujours un geste de la mairie de Moscou (la même mairie qui n'avait rien fait pour sauver le Spartak, qui devrait revivre l'an prochain après une année sabbatique en senior) pour qu'elle rachète les lieux puis les lui rétrocède.

La patience du personnel est à bout, et une grève générale a été annoncée pour le match contre Ufa, qui a bien failli ne jamais avoir lieu. Safin a alors débloqué les salaires des employés de la patinoire, pour qu'ils permettent la tenue du match, mais pas ceux des hockeyeurs. Ceux-ci ont accepté de jouer cette rencontre, après l'intervention du président du syndicat des joueurs Anatoli Bardin qui cherchait à éviter le scandale de l'annulation. Après tout, les visiteurs s'étaient déplacés au cas où pour ne pas risquer le forfait. Mais il s'agissait juste de faire une pause, et les joueurs ont reconduit leur grève pour toute la fin du championnat. Ils ont ainsi obligé les dirigeants à aligner l'équipe-réserve. C'est donc avec un effectif de seize joueurs emmené par un capitaine de 19 ans que les Krylia Sovietov veulent terminer la saison. Ils ont changé d'entraîneur en même temps : comme leur entraîneur Vyacheslav Anisin ne connaît pas les joueurs de la réserve, il a cédé sa place à Aleksei Tkachuk. Mais le problème, c'est que l'équipe B doit jouer à la fois son championnat usuel et les matches de Superliga, dont le calendrier accorde déjà peu de relâche. Les jeunes joueurs résistent comme ils peuvent, mais pour leur sixième match en dix jours, ils ont fini par encaisser un 1-13 contre le Khimik. Courage, plus que trois matches... dont un chez le leader Kazan pour finir !

 

 

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