Top/Flop : février 2005

 

 Francfort (ALL)

"Si nous devions le payer à sa valeur réelle, il serait hors de prix". La confession de Lance Nethery, le manager de Francfort, juste après avoir prolongé le contrat de Pat Lebeau pour deux saisons supplémentaires, montre en quelle estime il tient son joueur-vedette. Le Canadien est si important pour les Lions que parfois les équipes adverses (Cologne récemment) sont accusées de le "chasser". Élu meilleur joueur de la DEL la saison dernière, Lebeau a encore confirmé cette année. Il est en tête du classement des marqueurs avec 29 points d'avance (!) sur Mike York, et reste l'alpha et l'oméga du championnat malgré l'arrivée de quelques grandes vedettes dans le championnat du fait du lock-out. Mais Lebeau aussi aura maintenant la chance d'en avoir une à ses côtés. Doug Weight, considéré comme un des meilleurs passeurs de NHL, vient en effet d'être recruté pour l'alimenter en bons palets, c'est-à-dire pour reprendre en fait le rôle tenu par Jesse Bélanger l'an passé. Mais le vétéran américain est contrariant. Weight a en effet endossé un costume inhabituel pour ses débuts en Allemagne, celui de buteur, lui qui n'en a jamais été un. Il a marqué à son premier match, et pour sa première sortie à domicile, où le leader Francfort recevait son dauphin Ingolstadt, il a carrément réussi un hat-trick. Les Lions se retrouvent maintenant avec deux armes offensives de premier ordre à l'heure d'aborder les play-offs. Après un début de saison ratée où ils étaient englués au fond du tableau, ils trônent maintenant en tête du classement, et s'ils n'ont pas fait une bonne promotion du championnat allemand à la Coupe des Champions, ils en sont au moins les maîtres incontestés.

 Berne (SUI)

L'annonce du départ de Dany Heatley, qui a cassé son contrat moyennant cent mille dollars de dédommagement pour rejoindre l'effectif très coûteux mais très impressionnant d'Ak Bars Kazan, aurait pu démoraliser Berne. Toujours pas assuré de sa qualification en play-offs, le tenant du titre suisse voyait en effet partir son joueur le plus célèbre, qui avait signé un hat-trick pour son dernier match juste avant la trêve. Mais en réalité, la perte a été presque imperceptible. Car Berne l'a remplacé par Jean-Pierre Dumont, qui présentait l'inestimable avantage de s'entendre lui aussi très bien avec Daniel Brière, qui était son coéquipier aux Buffalo Sabres. Et le nouveau a marqué deux buts dès sa première sortie sur le sol suisse. Il faut dire que les quinze mille spectateurs de Berne, plus que jamais les plus nombreux en Europe, en ont eu pour leur argent, avec vingt-quatre inscrits par leur équipe dans ses trois dernières représentations à domicile ! Le tout couronné par un 10-1 à la dernière journée contre Kloten (avec un hat-trick de Sébastien Bordeleau) pour arracher à l'adversaire du jour la huitième place tant convoitée. Celle-ci ne donne pourtant droit qu'à affronter le terrible Lugano, sans l'avantage de la glace. Mais les Bernois ont déjà battu les hommes de Larry Huras en finale l'an dernier, et ils veulent rééditer l'exploit dès les quarts de finale cette année. Dès la première manche, sensation à la Resega, où Lugano n'avait perdu qu'une fois cette saison : deux fautes inutiles de Maneluk ont abouti à deux buts en supériorité numérique de Dumont et de Rötheli, le vétéran qui venait de prolonger son contrat d'une année supplémentaire un peu plus tôt dans la journée. Maintenant, Lugano va devoir venir gagner une fois à la BernArena, qui sera pleine à chaque match. Les mois très difficiles que vient de vivre Berne seront oubliés si le champion sortant, revenu des abysses, parvient à conserver son titre. Cela n'a plus rien d'impossible.

 

 Severstal Cherepovets (RUS)

Cette saison s'annonçait décisive pour le Severstal Cherepovets. Soit il retournait dans le wagon des grosses équipes de la Superliga russe, soit il rentrait définitivement dans le rang. Il avait fait illusion en commençant le championnat par huit victoires, mais il a depuis lors entamé un déclin inexorable, malheureusement attendu de la part d'une équipe vieillissante dont tous les cadres sont trentenaires. Il risque fort de rater les play-offs, et son entraîneur Sergueï Mikhalev se désole de ne pas sentir de révolte chez ses joueurs qui semblent accepter cette situation d'échec, y compris les roustes mémorables (4-13 et 3-8, scores très inhabituels dans un championnat russe défensif) contre le Metallurg Magnitogorsk, où même le très bon gardien tchèque Dusan Salficky a fini par craquer. Alors, Cherepovets est-il le club d'une petite ville condamné à être lâché par les puissants ? Pas si sûr. Car le club est possédé par la compagnie sidérurgique Severstal, dont le président Alekseï Mordashov est le neuvième homme le plus riche de Russie selon le magazine Forbes. Voilà un oligarque qui n'a rien à envier à d'autres. En tout cas pas les quatre milliards et demi de dollars sur son compte en banque. Cela doit sûrement suffire pour s'acheter de bons joueurs un peu plus jeunes la prochaine fois...

 Esbjerg (DAN)

Un champion en titre qui n'arrive pas à se qualifier pour les play-offs, cela peut arriver. Demandez à HV 71 en Suède. Mais dans un championnat à neuf équipes où une seule est éliminée à l'issue de la saison régulière, cela fait un peu tache. C'est pourtant bien ce qui est arrivé à Esbjerg au Danemark. L'équipe championne a pourtant été peu modifiée, mais il y avait quelques joueurs majeurs à remplacer, et surtout le pilier de l'équipe, l'arrière finlandais Ismo Kuoppala. Le défenseur letton Kaspars Astachenko, qui avait joué quelques matches de NHL avec Tampa Bay, n'a pas réussi à faire oublier le meilleur joueur de la saison passée. L'autre problème est qu'Esbjerg n'a pas réussi à se trouver un vrai leader offensif. Comme nouveau buteur, Esbjerg ne comptait évidemment pas sur Martin Prihoda, l'attaquant tchèque arrivé d'Amnéville en division 1 française, mais sur Ivo Prorok, son compatriote nanti d'une expérience de plus dix ans en Extraliga. Las, après avoir fait illusion en marquant 10 points lors des 6 premières rencontres, le vétéran n'en a plus fini de décevoir (13 points dans les 25 matches suivants), et il a finalement été viré à la mi-janvier. Le comble, c'est que Prorok est ensuite rentré dans son club de Litvinov... qu'il a alors aidé à qualifier pour les play-offs tchèques en tournant à plus d'un point par match (en grande partie parce qu'il était le compagnon de ligne de l'intenable Jan Caloun). La principale conséquence de l'échec d'Esbjerg, outre le prévisible licenciement de l'entraîneur Jukka Vilander, c'est que le gardien international danois Jan "Sild" Jensen, très marqué par la lourde défaite éliminatoire 8-1 à Frederikshavn à la dernière journée de championnat, a décidé à trente-trois ans de mettre un terme à sa carrière. Il souhaite maintenant se reconvertir comme directeur sportif.

 

 

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