URSS - Tchécoslovaquie (1er septembre 1981)

 

Match comptant pour la première journée de la deuxième édition de la Coupe Canada.

URSS-Tchécoslovaquie, le duel majeur de chaque championnat du monde, ne déplace que trois mille cinq cents spectateurs à Winnipeg. Une affluence décevante qui était malheureusement prévisible après un similaire échec pour les deux matches de préparation joués dans cette patinoire (Canada - Suède et États-Unis - Tchécoslovaquie). L'organisateur du tournoi Alan Eagleson, de plus en plus conscient qu'il ne pourra pas rééditer les bénéfices exceptionnels (100% de marge) de la première édition du tournoi et ramener la même manne financière dans les caisses de la NHLPA, a d'ailleurs envisagé de remplacer Winnipeg en catastrophe par une autre ville, mais la télévision canadienne s'y est opposée, parce qu'elle s'est engagé à des locations assez coûteuses pour installer les moyens techniques nécessaires sur place.

Ce sont donc des initiés qui assistent à un duel plutôt fermé, avec deux équipes cherchant avant tout à éviter toute erreur défensive. C'est surtout l'attitude assez repliée des Soviétiques qui surprend. Durant tout le premier tiers-temps, ils subissent le jeu d'une équipe sans complexes. La Tchécoslovaquie vient en effet de procéder à une véritable cure de jouvence. Elle avait déjà commencé à y être forcée quand Nedomansky et les Stastny ont fui le pays, mais cette fois le rajeunissement a été volontaire et assumé. On a mis en retraite internationale certains vétérans tout en leur permettant de s'expatrier en tant qu'ambassadeurs du hockey tchécoslovaque, à partir du moment où ils ont atteint l'âge critique. Jiri Bubla et Ivan Hlinka vont ainsi rejoindre Vancouver en NHL pour y brûler leurs derniers feux, alors que Vladimir Martinec a préféré l'Allemagne et Kaufbeuren.

Il y a donc beaucoup de nouveaux visages dans cette équipe tchécoslovaque. Parmi les figures marquantes de ces dernières années, il n'en reste plus qu'une, le centre d'exception Milan Novy, qui est encore à un an de la quille. Son timing parfait et son sens du but lui permettent encore de se démarquer par rapport à la jeune génération, peu efficace en première période malgré ses occasions et ses supériorités numériques. Dès la reprise, c'est le légendaire Novy qui ouvre le score en déviant fort à-propos un service de Pavel Richter sous un Tretiak en train de plonger. Encore un but de Novy pour une victoire 1-0 face à l'autre grand du hockey mondial, comme en 1976 contre le Canada ?

Non, car l'URSS a elle aussi un peu de sang neuf. Après la catastrophe des Jeux Olympiques de 1980, Nikolaï Drozdetsky a été amené de Leningrad pour être intégré au CSKA dans l'idée de le préparer à prendre la relève de la sélection nationale. Troisième marqueur du championnat soviétique dès sa première saison dans le club de Viktor Tikhonov, il a vite utilisé ses qualités de puissance et de vitesse. Et c'est ce jeune joueur encore peu connu qui marque le but égalisateur, par un tir du poignet dans le haut du filet à 15 mètres de distance, sur un palet transmis comme un flambeau entre les générations par le glorieux vétéran Aleksandr Maltsev qui a intercepté une passe tchèque en zone neutre.

Les Soviétiques auraient aussi pu l'emporter. Ils ont eu les occasions les plus dangereuses en troisième période. Le gardien Karel Lang y a tenu bon face à quelques séquences dynamiques de la ligne du Spartak (Kapustin-Shepelev-Shalimov) et a réssi une belle parade de la crosse devant Zhlutkov avant de résister dans la dernière minute pendant que son équipes jouait en infériorité numérique (Svoboda étant en prison pour retenir).

Le public de Winnipeg n'était pas nombreux, mais il n'a eu aucun mal à choisir son camp et a encouragé les Tchécoslovaques avec ferveur. Il leur réserve une standing ovation à la fin du match et ceux-ci le remercient en envoyant leurs crosses dans les tribunes, pour en faire cadeau aux spectateurs.

Élus meilleurs joueurs du match : Vladislav Tretiak pour l'URSS et Milan Novy pour la Tchécoslovaquie.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Viktor Tikhonov (entraîneur de l'URSS) : "Je suis déçu, et mes joueurs ne peuvent trouver aucune excuse. C'était un match dur mais pas sale. Quand nous nous affrontons, il y a toujours beaucoup de tension. Je n'ai pas été surpris par les Tchèques, mais par nous-mêmes. Ils ont jouét tout le match, mais notre première période est à oublier."

Ludek Bukac (entraîneur de la Tchécoslovaquie) : "Nous sommes dans une phase de reconstruction où notre priorité est la jeunesse, la vitesse, le patinage et la technique. Le match d'aujourd'hui a confirmé que nous sommes sur la bonne voie. C'est normal s'il y a eu des mauvais coups, c'est toujours comme ça contre les Soviétiques, mais d'habitude ils gagnent largement. Je suis surpris de la discipline dont on a fait preuve durant tout le match, car nous sommes jeunes et émotifs. Mon plus gros problème va maintenant être de sortir mes gars de leur euphorie. Les Soviétiques sont une équipe exceptionnelle, et on peut être fier quand on arrive déjà à obtenir un match nul contre eux. Mais nous devons oublier ce match aussi vite que possible et nous concentrer sur l'avenir, où d'autres matches difficiles nous attendent."

 

URSS - Tchécoslovaquie 1-1 (0-0, 1-1, 0-0)
Mardi 1er septembre 1981 à la Winnipeg Arena. 3516 spectateurs.
Arbitrage de Dag Olsson (SUE) assisté de Bob Luther (USA) et Lasse Vanhanen (FIN).
Pénalités : URSS 14' (8', 4', 2'), Tchécoslovaquie 12' (4', 6', 2').
Tirs cadrés : URSS 16 (5, 6, 5), Tchécoslovaquie 24 (11, 8, 5).

Évolution du score :
0-1 à 21'57" : Novy assisté de Richter et Dudacek
1-1 à 29'34" : Drozdetsky assisté de Maltsev
 

URSS

Attaquants :
Vladimir Krutov - Igor Larionov (4') - Sergei Makarov
Nikolaï Drozdetsky - Vladimir Golikov - Aleksandr Maltsev
Sergei Kapustin (2') - Sergei Shepelev (2') - Viktor Shalimov
Aleksandr Skvortsov - Viktor Zhlutkov - Andrei Khomutov (2')

Défenseurs :
Aleksei Kasatonov (2') - Vyacheslav Fetisov
Zinetula Bilyaletdinov - Vassili Pervukhin
Sergei Babinov - Valeri Vassiliev (C, 2')

Gardien :
Vladislav Tretiak

Remplaçant : Vladimir Myshkin (G).

Tchécoslovaquie

Attaquants :
Pavel Richter - Milan Novy (C) - Jiri Dudacek
Jaroslav Pouzar (2') - Darius Rusnak (2') - Dusan Pasek
Frantisek Cernik - Norbert Kral - Jaroslav Korbela
Lubomir Penicka - Jindrich Kokrment - Jiri Lala

Défenseurs :
Radoslav Svoboda (2') - Miloslav Horava (2')
Arnold Kadlec - Stanislav Hajdusek (2')
Milan Chalupa - Miroslav Dvorak

Gardien :
Karel Lang (2')

Remplaçant : Jiri Kralik (G).

 

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