Suède - États-Unis (3 septembre 1976)

 

Match comptant pour la première journée de la Coupe Canada 1976.

L'équipe des États-Unis est loin de valoir celle de ses voisins du nord. Les Canadiens forment encore une très large majorité des joueurs professionnels du continent nord-américain, et les grands noms sont rares dans la formation à la bannière étoilée. Comme de plus certains joueurs comme Tim Sheehy, Gordie Roberts, Jim Niekamp, mais aussi Mark et Marty Howe (les fils de Gordie Howe sont nés à Detroit et ont la nationalité américaine) ont décliné la sélection, les Américains n'ont pas les faveurs des pronostics, car ils ont dû compléter leur effectif avec des joueurs peu expérimentés ou issus de ligues mineures.

En plus, à Toronto, ils n'évoluent pas du tout à domicile pour ce premier match. Le public local prend parti pour la Suède, dont deux joueurs portent depuis trois ans les couleurs des Maple Leafs : l'ailier Inge Hammarström et surtout Börje Salming. Le défenseur suédois est le premier Européen à être devenu une star en NHL, et lorsqu'il pénètre sur la glace habillé du maillot aux trois couronnes, il est salué par une standing ovation de plusieurs minutes qui le surprend lui-même.

Les Américains, eux, ont des intentions moins amicales. Leur stratégie n'est que trop évidente dès les premières minutes. Ils essaient d'intimider physiquement les Suédois, de ne lésiner sur aucune méthode pour leur faire regretter d'être venus. Les purs et durs de la NHL considèrent en effet les joueurs scandinaves comme des mauviettes incapables de supporter le jeu dur.

Mais la tactique des États-Unis se retourne contre eux comme un boomerang : non seulement les Suédois restent calmes et comprennent assez vite leur intérêt à garder leur sang-froid, mais pire, les pénalités concédées dans l'affaire coûtent très cher aux Américains. Börje Salming lui-même rend justice à l'hommage du public en ouvrant le score à cinq contre trois, d'un lancer de la bleue à ras la glace. La Suède ajoute quatre autres buts dans cette période, et seulement un n'est pas marqué en supériorité, celui de Juha Widing, un joueur né en Finlande mais ensuite formé en Suède avant de partir au Canada à l'âge de dix-sept ans, un cas quasi-unique à cette époque. Il compte alors 499 matches de NHL, paradoxalement plus que n'importe qui dans l'équipe américaine. Au sein de la sélection suédoise, il n'est cependant qu'un joueur parmi d'autres, pas le plus en vue.

Au sortir de la première période, les Américains se rendent évidemment compte qu'ils font fausse route. Avec quatre buts en six supériorités, le jeu de puissance suédois a parfaitement exploité les occasions qu'ils lui ont offert. Après avoir totalisé huit pénalités mineures en vingt minutes (plus une méconduite de Mike Milbury qui s'est emporté après le deuxième but), les États-Unis ne prendront plus une seule prison pendant les deux tiers-temps restants. Il est malheureusement trop tard, car on ne remonte pas cinq buts de retard comme ça, surtout face une équipe qui sait contrôler le score comme la Suède. Même si les Américains se retrouvent à leur tour trois fois en supériorité numérique au cours de la deuxième période, ils ne parviennent pas à tromper Hardy Åström, qui apporte un démenti à ceux qui prétendaient que le poste de gardien était le point faible de la Suède.

Dean Talafous, le grand ailier du Minnesota, est un de ceux qui a le plus à se faire pardonner : il en était déjà à sa deuxième pénalité lors de l'ouverture du score de Börje Salming. Il s'est parfaitement racheté au troisième tiers en réduisant le score par deux slaps, le premier sur une mise au jeu en zone offensive gagnée par Robbie Ftorek, le second alors qu'il a été lancé en contre par ce même Ftorek. Cela suffit à rendre la défaite américaine moins lourde, mais pas à rattraper la soirée. L'unique bonne surprise pour les États-Unis aura été le gardien Mike Curran, révélation du match avec quelques superbes arrêts.

Élus meilleurs joueurs du match : Börje Salming pour la Suède et Mike Curran pour les États-Unis.

Commentaire d'après-match

Bob Pulford (entraîneur des États-Unis) : "Ce tournoi est une grande contribution au hockey mondial. Approfondir les connaissances entre l'Amérique et l'Europe ne peut qu'aider ce sport. En ce qui concerne notre équipe, nous sommes entrés dans ce tournoi sans illusions. Mais nous ne voulons pas jouer avec timidité. Je crois que notre performance va s'améliorer. Je pronostique une finale Canada-Suède."

 

Suède - États-Unis 5-2 (5-0, 0-0, 0-2)
Vendredi 3 septembre 1976 au Maple Leaf Gardens de Toronto (CAN). 12211 spectateurs.
Arbitrage de Bill Friday (CAN).
Pénalités : Suède 12' (6', 6', 0'), États-Unis 26' (16'+10', 0', 0').
Tirs cadrés : Suède 37 (23, 8, 6), États-Unis 29 (5, 13, 11).

Évolution du score :
1-0 à 06'56" : B. Salming assisté de B. Johansson et Hammaström (double sup. num.)
2-0 à 07'39" : R. Eriksson assisté de Hedberg et Waltin (sup. num.)
3-0 à 14'16" : Hedberg assisté de Bergman et R. Eriksson (sup. num.)
4-0 à 15'45" : Widing assisté de Lundström et Hammarström
5-0 à 19'27" : Lundström assisté de Widing et B. Salming (sup. num.)
5-1 à 44'21" : Talafous assisté de Ftorek
5-2 à 58'24" : Talafous assisté de Ftorek

 

Suède

Attaquants :
Tord Lundström (2') - Juha Widing - Inge Hammarström
Roland Eriksson - Ulf Nilsson (2') - Anders Hedberg
Kjell-Arne Vikström - Per-Olov Brasar - Willy Lindström (2')
Lars-Erik Ericsson - Mats Åhlberg - Dan Labraaten

Défenseurs :
Björn Johansson - Börje Salming
Mats Waltin - Thommie Bergman (2')
Lars-Erik Sjöberg (2') - Stig Salming (2')

Gardien :
Hardy Åström

États-Unis

Attaquants :
Mike Polich - Curt Bennett - Fred Ahern
Alan Hangsleben - Robbie Ftorek - Dean Talafous (4')
Gerry O'Flaherty - Joe Noris (2') - Craig Patrick
Steve Jensen - Doug Palazzari - Dan Bolduc

Défenseurs :
Lou Nanne (2') - Bill Nyrop
Rick Chartraw (2') - Mike Milbury (2'+10')
Gary Sargent - Mike Christie (2')

Gardien :
Mike Curran

 

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