URSS - Canada (6 octobre 1974)

 

Huitième et dernier match de la série "WHA" de 1974.

Cette dernière rencontre, qui ne changera plus rien à la série, se tient le jour de l'anniversaire de Boris Mikhaïlov. Ce dernier ne joue pas et Boris Kulagin se permet de ne pas le faire jouer, pas plus que Vasiliev, Tsygankov, Petrov et Tretiak (remplacé devant les filets par Sidelnikov). Après avoir un temps menacé de boycotter la dernière partie, l'entraîneur Billy Harris a fait voter ses joueurs qui ont décidé unanimement de jouer par respect pour les spectateurs, pour leurs fans et par professionalisme.

L'URSS attaque tout de même la cage adverse dès le début du match. Kharlamov parvient à s'infiltrer entre deux joueurs, mais Maltsev qui hérite de la rondelle butte sur un Gerry Cheevers sorti bien loin de ses cages, comme à son habitude. Les Soviétiques impriment le rythme et crée le jeu face à une défense canadienne rigoureuse. La belle impression de domination se désagrège avec la prise de confiance canadienne. Pendant que Yakushev est en prison (faire trébucher), Tremblay envoie le puck, de la bleue, qui est dévié par Backstrom. Hull n'a plus qu'à propulser le rebond dans les cages (0-1). Gordie Howe rate une cage ouverte quelques secondes plus tard. Sur un nouveau temps fort soviétique, Shadrin s'échappe et Cheevers le contre d'un cross-check violent mais sans que l'arbitre n'y voie une faute. Hamilton écope d'une pénalité pour un coup de coude, le Canada tient bon et rentre au vestiaire sur cette bonne impression.

En début de deuxième période, le même schéma reprend avec un Canada entreprenant. Webster s'infiltre entre deux joueurs et contourne Sidelnikov qui sauve d'un lancer de bottes. Après avoir vendangé des tirs en première période, le duo Yakushev-Shadrin exploite à fond le jeu collectif et égalise. Au second poteau, Yakushev, dans le dos du défenseur, pousse le palet dans la cage (1-1). Les Soviétiques proposent alors un efficace jeu de conservation de la rondelle et gagnent les duels pour conquérir le palet. Il faut quand même souligner que les Canadiens ne joue absolument pas physique sur cette partie. Les menaces de voir ce match 8 annulé en cas de violence par les autorités soviétiques y est aussi pour beaucoup. Jim Harrison collectionne quand même les pénalités dans cette deuxième période avec pas moins de trois sanctions, dont une majeure pour avoir fait saigner Lutchenko au visage par un coup de crosse. Mark Howe le rejoint en prison pour une charge avec la crosse et l'URSS finit la période à 5 contre 3... mais se fait siffler par les spectateurs à la pause parce qu'elle n'a pas converti cette occasion.

Au troisième tiers, le public a à peine le temps de s'asseoir que les Soviétiques inscrivent le deuxième but. Viktor Shalimov reprend un énorme rebond de Cheevers, sur un puissant tir de Kutznetsov (2-1). Un nouveau fait de jeu provoque une crise lorsqu'une crosse haute de Shadrin coupe Pat Stapleton au niveau du visage. Le Canadien va montrer son visage à l'arbitre allemand Josef Kompalla et essuie le sang sur le visage de l'officiel. Il prend dix minutes de méconduite et le Soviétique hérite de cinq minutes de pénalité majeure. Sidelnikov, au passage de Stapleton, lui transmet un petit coup de crosse amical, en soutien, et le regarde de longues secondes quitter la glace derrière les cages pour rejoindre le vestiaire. Comme si la compassion s'exprimait ainsi. Un petit instant d'humanité et de fraternité entre joueurs dans cet affrontement dirigé depuis les hautes sphères politiques.

Pendant cette supériorité, Maltsev adresse un caviar à Anisin qui rate totalement la cage. Malgré l'infériorité, Bernier est parfaitement décalé et trouve la barre transversale sur sa reprise. Même en infériorité, les Soviétiques donnent du patin et de la vitesse et Shalimov qui conclut une attaque à deux contre un (3-1). C'est leur premier but en désavantage numérique pendant cette série. Les Canadiens ne relâchent pas leur effort, Gordie Howe déborde et transmet à Backstrom pour la conclusion (3-2). Les efforts se paient et la fatigue est bien présente. Gordie Howe est pénalisé pour un petit accrochage en fin de match. Dans la dernière minute, Harris tente le tout pour le tout en sortant Cheevers mais à dix secondes de la fin Gordie Howe revient sur la glace ainsi qu'un autre joueur. C'est une pénalité pour surnombre qui conclut cette série.

L'URSS remporte son défi. Le Canada, de son côté, a démontré des valeurs de courage et un très haut niveau de jeu. Les conditions techniques n'ont pas rendu cette série très équitable à certains points. Malgré tout, les Canadiens avaient les capacités de remporter plus qu'une seule partie dans ces huit rencontres.

Kulagin a choisi les trois étoiles de chaque équipe. Il a désigné Pat Stapleton, Gordie Howe et Bobby Hull dans le camp canadien, Vladislav Tretiak, Valeri Vasiliev et Valeri Kharlamov chez les siens. Pour sa part, Billy Harris a choisi Vladislav Tretiak et Gerry Cheevers pour les gardiens, Maltsev pour "nous avoir fait autant de mal" et Backstrom pour sa constance.

Damien Kuster

Commentaires d'après-match

Gordie Howe (attaquant du Canada) : « Je suis content que ce soit fini. Ils ont juste joué trop bien. Le contrôle de la rondelle a été l'enjeu majeur et ils ont été excellents dans ce domaine. »

Bobby Hull (attaquant du Canada) : « Il y avait beaucoup de pression dès le début. Mais nos gars avaient quelque chose à prouver. Et je pense qu'ils ont joué magnifiquement jusqu'au bout. Je sentais que nous avions fait nos preuves au Canada. Je pense que nous avons prouvé à tous ceux qui disaient que nous ne pourrions pas jouer au niveau des Soviétiques que nous pouvions le faire. Nous les avons surpassés dans trois des quatre matchs au Canada. Mais nous n'étions pas tous là, ici. Je ne sais pas, peut-être qu'ils se sont améliorés. Ici nous avons dû faire une partie d'enfer pour espérer marquer. »

URSS - Canada 3-2 (0-1, 1-0, 2-1)
Dimanche 6 octobre 1974 à 18h00 à la Luzhniki Arena de Moscou. 16 000 spectateurs.
Arbitrage de Josef Kompalla (RFA).
Pénalités : URSS 13' (4', 2', 2'+5'), Canada 31' (4', 8'+5', 4'+10').
Tirs cadrés : URSS 33, Canada 26.

Évolution du score :
0-1 à 13'47" : Backstrom assisté de Tremblay et Hull (sup. num.)
1-1 à 26'27" : Yakushev assisté de Shadrin (sup. num.)
2-1 à 40'53" : Shalimov (sup. num.)
3-1 à 46'59" : Shalimov assisté de Yakushev (inf. num.)
3-2 à 52'42" : Backstrom assisté de G. Howe
 

URSS

Attaquants :
Valeri Kharlamov - Aleksandr Maltsev - Vladimir Vikulov
Aleksandr Yakushev (2') - Vladimir Shadrin (5') - Viktor Shalimov
Sergei Kapustin - Vyacheslav Anisin - Sergei Kotov
Vladimir Popov (2')

Défenseurs :
Aleksandr Gusev - Vladimir Lutchenko
Yuri Liapkin - Viktor Kuznetsov
Yuri Shatalov - Yuri Tyurin (4')

Gardien :
Aleksandr Sidelnikov

Remplaçants : Vladimir Polupanov (G), Vladimir Petrov. En réserve : Vladislav Tretiak (G), Valeri Vassiliev, Guennadi Tsygankov (D), Boris MikhaïlovKonstantin Klimov, Yuri Lebedev, Aleksandr Bodunov (A).

Canada (2' pour surnombre)

Attaquants :
Bobby Hull - André Lacroix - John McKenzie
Mark Howe (2') - Ralph Backstrom - Gordie Howe (2')
Marc Tardif - Serge Bernier - Réjean Houle
Paul Henderson - Jim Harrison (4'+5') - Tom Webster (2')

Défenseurs :
Pat Stapleton (10') - Al Hamilton (2')
Jean-Claude Tremblay - Rick Ley (2')
Marty Howe - Brad Selwood

Gardien :
Gerry Cheevers

Remplaçant : Don McLeod (G). En réserve : Gilles Gratton (G), Paul Shmyr, Rick Smith, Barry Long, Pat Price (D), Frank Mahovlich, Bruce MacGregor, Mike Walton, Wayne Dillon, Ron Chipperfield, Dennis Sobchuk (A).

 

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