Suisse - Grande-Bretagne (12 mars 1951)
Match comptant pour les Championnats du monde 1951.
La foule est venue en nombre au Palais des Sports de Grenelle pour cette soirée de lundi qui ne manque pas d'ambiance. Les supporters suisses, assez nombreux à Paris, ont amené des cloches pour évoquer leur pays, et la petite colonie britannique est bien en peine pour rivaliser avec ses "come on".
Ce rapport de force dans les tribunes se vérifie aussi rapidement sur la glace. Discrète au premier match, la ligne d'Arosa, composée de Trepp et des frères Poltera, démontre ce soir toute l'étendue des possibilités. C'est Gebi qui ouvre le score en attaquant en compagnie d'Uli. Le gardien s'attend à à une passe, et Gebi en profite pour marquer lui-même. Le premier trio sera impliquée sur tous les buts. L'autre joueur du match est le défenseur bâlois Emil Handschin, dont les lancers de la ligne bleue sont redoutables de puissance et de précision. Il est ainsi à l'origine de deux buts pendant une même supériorité numérique, le second bénéficiant d'un écran d'Uli Poltera venu gêner le gardien au point de dévier le palet. Handschin signera ensuite un second but personnel en s'appuyant sur Gebi Poltera pour l'entrée de zone, tout en continuant son mouvement vers l'avant pour recevoir le palet en retour et feinter le gardien.
Ce Handschin sort nettement du lot chez les arrières suisses. Son collègue Hans Heierling est plus défensif dans l'âme mais semble loin de son meilleur niveau et se rend souvent coupable d'erreurs de positionnement (sachant que les alternatives Dürst et Schläpfer sont des attaquants reconvertis et pas de vrais défenseurs). C'est d'ailleurs une inattention helvétique (une contre-attaque après une mise au jeu faisant suite à un hors-jeu de Delnon) qui permet à John Rolland de marquer le seul but anglais, au rebond d'un tir puissant de Tom Paton.
Les Britanniques, au jeu décousu et désordonné, se distinguent un peu par leur bonne qualité de tir, et beaucoup par leur impact physique. Mis en confiance par leur but, ils donnent des mises en échec à tout va et font même passer Trepp par-dessus la balustrade (photo). Cette action irrite ses compagnons, les frères Poltera, qui finissent à leur tour en prison. Aucun d'eux ne peut cependant égaler la rudesse du défenseur Doug Wilson, dont la violence semble un palliatif à la faiblesse de son jeu. Pas habituée à tant de brutalité, la Suisse lève le pied après avoir inscrit le 7-1 en début de troisième période.
Commentaires d'après-match
Bibi Torriani (entraîneur de la Suisse) : "Les Anglais ont trop joué sans palet et étaient vraiment trop brutaux. Mais la belle victoire de notre équipe m'a donné courage pour le match face à la Suède. Je suis sûr qu'une victoire est du domaine du possible. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas faire aussi bien contre la Suède que l'an passé."
Suisse - Grande-Bretagne 7-1 (2-0, 4-1, 1-0)
Lundi 12 mars 1951 à 21h45 au Palais des Sports de Grenelle, Paris (FRA). 6000 spectateurs.
Arbitrage de MM. Ahlin et Sandö (SUE).
Pénalités : Suisse 10', Grande-Bretagne 22'.
Évolution du score :
1-0 à 08' : G. Poltera assisté de U. Poltera
2-0 à 16' : Trepp assisté de U. Poltera
3-0 à 23' : Handschin (sup. num.)
4-0 à 24' : U. Poltera assisté de Handschin (sup. num.)
5-0 à 26' : Handschin assisté de G. Poltera
5-1 à 28' : Rolland
6-1 à 33' : Trepp assisté de U. Poltera
7-1 à 41' : U. Poltera assisté de Trepp
Suisse
Attaquants :
Gebi Poltera (4') - Uli Poltera (4') - Hansmartin Trepp
Reto Delnon - Wilhelm Pfister - Fredy Bieler (C)
Défenseurs :
Hans Heierling - Emil Handschin
Walter Dürst - Otto Schläpfer (2')
Gardien :
Hans Bänninger
Remplaçants : Walter Guggenbühl (A), André Favre (A), André Bazzi (A). En réserve : Jean Ayer (G), Milo Golaz (D), Otto Schubiger (A).
Grande-Bretagne
Attaquants :
John Carlyle - Kenneth Nicholson (C) - Ian Forbes (8')
Tom Paton - Robert Smith (2') - John Rolland (4')
William Crawford - John Quales (2') - David MacCrae
Défenseurs :
Lawson Neil - Doug Wilson (6')
James Mitchell - Roy Shepherd
Gardien :
Stan Christie
En réserve : H. Smith (G), Georges Watt (D).