Épinal - Strasbourg (23 août 2009)

 

Match amical comptant pour l'Eurotournoi de Colmar.

L'Étoile noire aux points, les Dauphins aux poings

Premier épisode en ce début d'après-midi ensoleillé du "feuilleton de la rentrée" entre Épinal et Strasbourg, la première des cinq rencontres prévues entre les deux clubs jusqu'au 19 septembre... L'an passé, cette même affiche clôturait le tournoi "Zoom Airlines" à Poissompré. Cette fois, c'est en lever de rideau de Freiburg-GCK Lions que ce derby de l'est est proposé. Un match qui amorce déjà un tournant dans la préparation d'avant-saison, autant d'un côté que de l'autre. Et pour cause, après les adversaires étrangers, Vosgiens et Alsaciens ont l'occasion de briser la glace une première fois et, surtout, de tirer quelques enseignements substantiels avant de chaudes retrouvailles en septembre. Car quoi qu'on en dise, un Épinal-Strasbourg, même en pré-saison, c'est toujours instructif.

C'est d'autant plus vrai que l'Étoile noire, si brillante l'an passé, a dû se restructurer cet été. Une fin de cycle marquée par des départs symboliques. Daniel Bourdages a donc dû s'activer pour compenser ces pertes, activant ça et là ses habituelles filières. Reste à voir si les Riendeau, Martin et autres Cayer, qui formaient un trio aussi complémentaire qu'efficace, ont bien été remplacés. C'est dire les attentes placées en Brennan Sarazin et Tomy Joly, deux trouvailles dont Daniel Bourdages a le secret.

Les Spinaliens, après la douche froide zurichoise de la veille (5-7), entendent bien fructifier leur week-end par un succès encourageant. Un petit esprit de revanche, cultivé par deux défaites crève-cœur l'an passé (3-4 à Poissompré et 0-6 au retour), ne serait pas de trop pour réveiller l'instinct belliqueux des Vosgiens d'autant que l'Étoile noire, tombée la veille sur plus forte qu'elle (1-4 face à Freiburg), ne manque pas de caractère. Elle aborde d'ailleurs cette "petite finale" en appliquant un pressing très haut. Pendant dix minutes, les temps forts sont donc essentiellement strasbourgeois sans pour autant susciter de réelles situations dangereuses. C'est toutefois suffisant pour garder Petrik sous pression d'autant que Tomy Joly et Brennan Sarrazin sont à surveiller comme le lait sur le feu.

Vu sa faible marge de manœuvre, l'ICE n'a que de rares contres à se mettre sous la dent et laisse passer l'orage, le temps de se dépatouiller du fore-checking alsacien. Progressivement donc, les rapports de force s'équilibrent et les Dauphins gèrent de mieux en mieux les espaces. Parmi les bonnes pioches du recrutement spinalien, Niko Mäntyla figure en bonne place. Solide dans sa zone et très mobile, le Finlandais peut se montrer très percutant vers l'avant et sonne la charge d'une montée rageuse vers la cage. Sa passe en retrait vers Tomi Karlsson est parfaite, mais la finition de son compatriote, à bout portant, laisse à désirer (12'17"). C'est symptomatique d'une deuxième ligne très entreprenante, certes, mais aussi très brouillonne. Malgré toute sa bonne volonté, Jussi Haapasaari n'a pas encore l'impact escompté aux côtés d'un Guillaume Chassard également en deçà de ses possibilités. Mieux vaut donc se tourner vers les valeurs sûres du moment, Tarik Chipaux par exemple. Le Belfortain ne se fait pas prier pour glisser le palet entre les bottes de Gilles Beck, préféré à Vladimir Hiadlovsky sous le "cagnard" de Colmar (0-1 à 13'47").

La réponse du berger à la bergère attendra : Petrik veille au grain. Gilles Durand aussi, lui qui sifflera la première pénalité du match après que Maxime Mallette a accroché Michal Petrak (16'50"). La tendance s'est bel et bien inversée mais le jeu de puissance balbutiant des Vosgiens n'est pas en mesure d'exploiter cette supériorité numérique. Comme toutes celles qui suivront d'ailleurs...

L'opportunisme de Sarrazin...

Après un premier acte plaisant mais d'un niveau technique assez quelconque, Strasbourg repart sur les mêmes bases qu'en début de match. Attendu comme une curiosité du championnat, le géant slovaque Miroslav Stolc n'a pas spécialement convaincu à ses premières prestations. Grand échalas parfois un peu gauche, Stolc tire souvent plus vite que ombre. Bien lui prend d'adresser un petit shoot à ras de glace, subtilement dévié par Brennan Sarrazin (1-1 à 21'07"). L'autre grand gabarit en difficulté dans ce tournoi, n'est autre que Borislav Ilic. Si l'on ne peut pas changer le plomb en or, le Franco-Serbe parvient à transformer une occasion de relance en pénalité mineure (25'29"). Par chance, le duo Plch-Petrak va ensuite redoubler d'efforts en échec-avant pour contrarier au maximum l'élaboration du powerplay alsacien. Les valeurs sûres, qu'on vous dit...

Toujours sur la brèche, Tarik Chipaux provoque lui l'incarcération d'Hugues Cruchandeau (28'41") mais la vista de Michal Petrak n'est hélas pas contagieuse à ses partenaires, toujours aussi fébriles en supériorité numérique. Un soucis que n'a pas les Strasbourgeois d'autant que ceux-ci n'ont aucun mal à prendre la position préférentielle dans le slot. Faute de "déblayeurs" devant Petrik, Sarrazin est à l'affut d'un rebond en or (2-1 à 31'49").

... l'œil du tigre de Simko...

Sprinteur de nature, vendangeur à ses heures, Jan Simko possède aussi quelques gènes de boxeur. Pour preuve le Slovaque s'explique aux poings avec un Hugues Cruchandeau n'ayant visiblement pas la même allonge (32'29"). Pour la peine, le Strasbourgeois devra se faire aider d'un coéquipier pour remettre son maillot pendant que Simko s'en va goûter au "repos du guerrier" sous la douche !

... et le sang-froid d'Hagelberg

Après son doublé de la veille, Jan Hagelberg confirme tout le bien que l'on pense de lui. Le Finlandais possède un style bien à lui, totalement différent de Stéphane Gervais, certes, mais tout aussi efficace. Lancé en profondeur par Petrak, Hagelberg ne tremble pas pour fixer l'angle droit de Beck (2-2 à 33'06"). Après son passage à vide du deuxième tiers-temps la veille face aux GCK Lions, Épinal connaît un nouveau coup de barre, tout aussi rédhibitoire au retour des vestiaires. Cette fois c'est Fabien Leroy qui s'y colle en trébuchant à sa ligne bleue, ouvrant ainsi la porte à Brennan Sarrazin, qui file côté droit. Son compère n'étant jamais très loin, il n'est pas étonnant de retrouver Joly à la finition (3-2 à 41'47"). Il y a un sillon à creuser pour l'Étoile noire et ce diable de Sarrazin en remet une couche, idéalement décalé au second poteau (4-2 à 44'22").

Présenté comme un solide finisseur à sa sortie de NCAA, Brennan Sarrazin semble, à l'instar de Tomy Joly, taillé pour le championnat français. C'est deux-là sont d'ailleurs dans tous les bons coups. Les doutes sont (encore ?) permis concernant Miroslav Stolc, le troisième larron d'une première ligne tournant subitement à plein régime. Du haut de son double mètre, le colosse slovaque peut signer quelques séquences, comme sur cette temporisation derrière la cage assortie d'une offrande à l'inévitable Sarrazin (5-2 à 47'04"). Le tout sans grande opposition, Petrik restant livré à lui-même... au contraire d'un Beck assurant jusqu'au bout l'écart. L'ICE, physiquement émoussée, a depuis longtemps perdu sa lucidité face à une ligne de parade alsacienne qui a fait feu de tout bois.

Comme l'an dernier à pareille date (mais du côté de Poissompré), Épinal boucle l'Eurotournoi à la dernière place, sans le moindre succès. On retiendra de ce week-end colmarien quelques circonstances atténuantes (reprise récente, absente préjudiciable de Quessandier), quelques inquiétudes aussi (powerplay inconsistant, deuxième ligne poussive, baisses de tensions imputables à une condition physique encore précaire) et, surtout, quelques belles satisfactions. Jan Hagelberg et Niko Mäntyla sont déjà performants tandis que Tarik Chipaux est en train de franchir un palier. Tommy Andersson peut maintenant dresser un premier état des lieux mais l'équipe a encore du pain sur la planche et doit gagner en consistance. Deuxième et troisième acte du "feuilleton" spinalo-strasbourgeois dès la semaine prochaine. La suite au prochain numéro, comme dit l'autre...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Strasbourg - Épinal 5-2 (0-1, 2-1, 3-0)

Dimanche 23 août 2009 à 14h00 à la patinoire de Colmar.

Évolution du score :

0-1 à 13'47" : Chipaux assisté de Ganz

1-1 à 21'07" : Sarrazin assisté de Stolc et Joly (sup. num.)

1-2 à 31'49" : Sarrazin assisté de Raymond et Stolc (sup. num.)

2-2 à 33'06" : Hagelberg assisté de Petrak

3-2 à 41'47" : Joly assisté de Sarrazin

4-2 à 44'22" : Sarrazin assisté de Stolc

5-2 à 47'04" : Sarrazin assisté de Stolc et Joly

 

Strasbourg

Gardien : Gilles Beck.

Défenseurs : Hugues Cruchandeau - David Striz ; Michal Cesnek - Bobby Raymond ; Julien Burgert - Maxime Mallette.

Attaquants : Miroslav Stolc - Brennan Sarazin - Tomy Joly ; Juho Lehtisalo - Édouard Dufournet - Heikki Laine ; Cyril Trabichet - Élie Marcos (C) - Pierre Antoine Devin.

Remplaçant : Vladimir Hiadlovsky (G).

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Borislav Ilic - Niko Mäntyla ; Jan Hagelberg - Peter Slovak ; Fabien Leroy - Lionel Simon.

Attaquants : Tomi Karlsson - Jussi Haapasaari - Guillaume Chassard ; Jan Simko - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Erwan Agostini - Tarik Chipaux - Kévin Benchabane [en alternance avec Nathan Ganz et Anthony Rapenne].

Remplaçant : Henrik Tojkander (G). Absents : Benoît Quessandier, Guillaume Papelier.

 

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