France - Lettonie (2 mai 2009)

 

Championnats du monde, deuxième tour, groupe E.

Les Bleus ont craqué

C'est comme une malédiction qui poursuit le capitaine français Laurent Meunier. Le maillon essentiel de la remontée des Bleus dans l'élite s'était déjà blessé l'an passé au Québec et avait manqué le barrage de maintien. Cette fois, alors que son équipe peut jouer avec les meilleurs, il est de nouveau à l'infirmerie, touché à l'épaule. Hecquefeuille et Bellemare montent donc en première ligne "épauler" le seul rescapé du trio, Yorick Treille. Cyril Papa fait sa première apparition du tournoi.

Il n'y a pas que leur capitaine qui manque aux Bleus. Ils ont joué la veille au soir, et il est clair qu'avec moins de 24 heures de récupération, les jambes sont lourdes. Les Lettons profitent de cette fatigue adverse pour chercher rapidement cette victoire qui les enverrait vers leur Graal, les quarts de finale. La France paye cash sa première pénalité, contre François Rozenthal. Avec un peu de réussite, Nizivijs n'a qu'à mettre le rebond dans la cage ouverte en récupérant un lancer non cadré. La France rééquilibre ensuite les débats dans la seconde moitié de la période et donne espoir pour la suite, avec un bon revers de Yorick Treille bien capté par Masalskis.

Le début de deuxième période fait l'effet d'une douche froide. Zwikel perd sa crosse le long de la bande et, le temps qu'il la ramasse, Vasiljevs peut donner à Nizivjs qui a la voie libre pour centrer. Martins Cipulis s'est reculé dans l'enclave pour une reprise directe. Puis c'est le gros coup de chance - ou de malchance suivant le camp - avec un centre de Lauris Darzins qui ricoche sur le patin de Bachet et lobe Lhenry ! Même le buteur regarde le ralenti sur l'écran géant d'un air totalement incrédule (3-0). Dave Henderson utilise son temps mort pour que ses joueurs ne gambergent pas de leur déveine.

Les Bleus repassent donc à l'attaque. Antoine Lussier trouve l'extérieur du poteau. La crosse de Jerofejevs touche le visage de Rozenthal, et le lancer de la bleue de Baptiste Amar atterrit sur la transversale de Masalskis. La France souffre ensuite pendant deux infériorités, avant que les inévitables Bellemare et Amar ne dégagent la zone.

La France essaie encore de se relancer. Stéphane Da Costa n'arrive pas à dribbler les défenseurs baltes mais prend tout de même un lancer dans la botte droite de Masalskis, avec un rebond pour François Rozenthal. La meilleure occasion arrive à six minutes de la fin du deuxième tiers : bonne conservation du palet de Hecquefeuille puis une bonne passe en retrait de Yorick Treille pour Thomas Roussel monté dans l'enclave, mais celui-ci doit contrôler du patin et son revers manque de précision. La fin de période est encore en faveur des Lettons.

Dave Henderson et Pierre Pousse choisissent de jouer à trois lignes au troisième tiers-temps. Lussier, Papa et Fleury en font les frais, tandis que Da Costa est promu sur le deuxième trio. La modification fonctionne : les Bleus mettent du rythme et multiplient les offensives... Tout ça pour encaisser deux buts sur deux occasions baltes. Deux buts qui ont la même origine, une mise au jeu perdue par Laurent Gras dans sa zone défensive. D'abord, Karlis Skrastins se débarrasse du marquage de François Rozenthal, reçoit le palet de Karsums et vient dribbler le gardien de près. Ensuite, le tir du poignet dans le trafic d'Aleksandrs Jerofejevs vient se loger dans la lucarne opposée.

Il y a de plus en plus de brèches dans la défense française : Gary Levêque accroche Sprukts sur un 2 contre 1 letton. Sur une nouvelle contre-attaque, Guntis Dzerins se trouve même seul face au but. Stéphane Da Costa récupère pourtant le rebond et signe le seul éclair de la soirée : il remonte la glace, dribble le défenseur d'AHL Oskars Bartulis, vient solliciter Masalskis et est suivi par Luc Tardif qui inscrit son troisième but du tournoi.

Ce but français ne règle en rien l'effondrement défensif : Vasiljevs passe à travers Levêque qui s'est couché naïvement dans l'enclave et sert au poteau opposé Girts Ankipans. Sur l'engagement, perdu par Hecquefeuille, la Lettonie repasse à l'attaque, et Nizivijs fixe Quessandier pour décaler Martins Cipulis dans une position identique (7-1). Les Bleus attaquent jusqu'au bout et finissent avec 28 tirs, en vain. Le 3 contre 1 laissé à la Lettonie à vingt secondes de la fin prouve que la concentration défensive n'est pas revenue.

La Lettonie est toute proche des quarts de finale qui constituent son objectif. Les Français, qui ont déjà atteint le leur, semblent un peu perdus dans cette seconde phase, pas encore préparés à enchaîner des matches de ce niveau. La fatigue physique et mentale les a usés, et ils se sont lancés à l'abordage en oubliant tous les fondamentaux défensifs. Par son ampleur, cette défaite fait tache et fera dire aux observateurs que l'équipe de France n'a pas le niveau, alors qu'elle était si fière d'avoir rabattu le caquet de la presse helvétique. Cette défaite ne reflète pas sa bonne première phase.

La vérité, c'est que la France a tout à réapprendre. Depuis que le Mondial est passé à 16 équipes il y a 11 ans, c'est la première fois qu'elle se retrouve dans le top-12. Il faut engranger de l'expérience, à l'instar d'un Stéphane Da Costa qui apprend très vite et qui est le seul joueur français positif du match (+1). Maintenant, les Bleus doivent se remobiliser pour finir la tête haute contre la Suède.

Désignés meilleurs joueurs du match : Baptiste Amar pour la France et Aleksandrs Nizivijs pour la Lettonie.

Compte-rendu signé Marc Branchu / photos de Caroline Landré et Stéphane Matthey

 

France - Lettonie 1-7 (0-1, 0-2, 1-4)

Samedi 2 mai 2009 à 16h15 à la Postfinance Arena de Berne. 6472 spectateurs

Arbitrage de Sami Partanen (FIN) et Vladimir Sindler (TCH) assistés de Petr Blümel (TCH) et Anton Semionov (EST).

Pénalités : France 10' (2', 6', 2'), Lettonie 6' (2', 2', 2').

Tirs cadrés : France 28 (8, 6, 14), Lettonie 38 (14, 13, 11).

Évolution du score :

0-1 à 07'29" : Nizivijs assisté de Galvins (sup. num.)

0-2 à 21'19" : Cipulis assisté de Nizivijs et Vasiljevs

0-3 à 23'55" : Darzins assisté de Sotnieks et Lavins

0-4 à 46'39" : Skrastins assisté de Karsums

0-5 à 48'18" : Jerofejevs assisté de Sirokovs

1-5 à 51'38" : Tardif assisté de Da Costa

1-6 à 52'24" : Ankipans assisté de Vasiljevs et Karsums

1-7 à 52'39" : Cipulis assisté de Nizivijs et Vasiljevs

 

France

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Vincent Bachet (C) ; Thomas Roussel - Benoît Quessandier ; Gary Levêque - Antonin Manavian.

Attaquants : Pierre-Édouard Bellemare - Kévin Hecquefeuille - Yorick Treille ; François Rozenthal - Laurent Gras - Anthoine Lussier [puis Zwikel à 40'] ; Sacha Treille - Jonathan Zwikel [puis Da Costa à 40'] - Luc Tardif jr ; Cyril Papa - Stéphane Da Costa - Damien Fleury [jusqu'à 40'].

Remplaçant : Eddy Ferhi (G), Mathieu Mille, Kévin Igier. Absents : Henri-Corentin Buysse (G), Laurent Meunier (épaule), Damien Raux (épaule).

Lettonie

Gardien : Edgars Masalskis.

Défenseurs : Karlis Skrastins (C) - Krisjanis Redlihs ; Rodrigo Lavins (A) - Kristaps Sotnieks ; Georgijs Pujacs - Guntis Galvins ; Oskars Bartulis - Aleksandrs Jerofejevs.

Attaquants : Martins Karsums - Janis Sprukts - Girts Ankipans ; Mikelis Redlihs - Armands Berzins - Lauris Darzins ; Aleksandrs Nizivijs - Herberts Vasiljevs (A) - Martins Cipulis ; Aleksejs Sirokovs - Aigars Cipruss - Guntis Dzerins.

Remplaçant : Sergejs Naumovs (G). En réserve : Olegs Sorokins, Roberts Jekimovs.

 

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