États-Unis - France (1er mai 2009)

 

Championnats du monde, deuxième tour, groupe E.

Hégémonie américaine

La deuxième phase commence, et avec elle, les renforts autorisés, deux par équipe. Les Américains ont fait venir deux attaquants, Joe Pavelski et Chris Higgins, et le second débute ce soir. Sans surprise, le "bouche-trou" Harrold en fait les frais. Mais la vraie nouveauté dans le camp américain, c'est le changement de gardien. On pensait qu'Al Montoya ne verrait pas le jour après sa piètre prestation dans le match de préparation contre la Suisse. Mais le titulaire Robert Esche a pris un mauvais but contre la Suède, comme cela lui arrive parfois, coûté la victoire et perdu son poste. Le champion du monde junior 2004 aura donc sa chance.

Pour les Bleus, les remplacements ne sont pas dûs à des renforts providentiels mais à la blessure à l'épaule de Damien Raux, blessé pour la suite du championnat du monde. C'est donc le moment pour Stéphane Da Costa de se mettre en évidence, dans ce deuxième tour "bonus" abordé sans pression. Mais pour estimer ce que vaut l'inclusion de Da Costa en première ligne, encore faudrait-il évoluer à égalité numérique pour qu'il joue... Après trois minutes à peine, Zwikel perd un duel dans le coin et accroche Stafford pour un premier avantage numérique américain. David Backes entre en zone sur la droite et centre devant le but où Kyle Okposo, accroché par Bachet et déséquilibré, parvient à glisser le palet du bout de la palette dans les filets - photo de droite - alors que Fabrice Lhenry avait anticipé du mauvais côté. Comme un arbitre avait signalé la pénalité différée, les Français restent en infériorité numérique. Ils ne reviennent pas longtemps à cinq, car Nick Foligno file seul au but et se fait à son tour accrocher par Mille, pénalité sans conséquence.

La faute suivante est différente : Manavian n'est pas en retard, mais il fait obstruction sur le joueur américain parti droit à la cage dès l'entrée de zone sur l'aile. Les Bleus ont du mal à défendre face au jeu direct américain et Roussel fait trébucher Jason Blake. À cinq contre trois, David Backes dévie le centre d'Oshie entre les jambières de Fabrice Lhenry. Déjà 2-0, et cela aurait pu faire encore plus mal sur une déviation de Ryan Shannon qui passe à quelques centimètres de la cage.

Combien restent-ils d'arrières français à ne pas encore être allés s'asseoir en prison ? Plus que deux : Baptiste Amar et Benoît Quessandier. Et ce dernier n'ira pas y poser son postérieur... car il prendra directement le chemin du vestiaire ! Une pénalité très sévère, pour un coup de crosse involontaire au visage dans un duel contre la bande. Conséquence de cette exclusion, Gary Levêque, inclus comme réserviste pour la seconde phase, fait son entrée dans la compétition. Les Bleus réussissent à tenir bon jusqu'à la pause et en terminent avec un premier tiers-temps où ils auront passé la majeure partie du temps à 4 contre 5.

Ils tuent le reste de pénalité en début de deuxième période et se montrent motivés en étant à l'affût du moindre palet. Sur un contre tricolore, Shannon fait obstruction sur Bellemare. En supériorité numérique, au moment où Amar envoie de la bleue, Yorick Treille est mis au sol sans palet dans l'enclave sans que les arbitres ne bronchent. Les Américains se dégagent et mettent la pression dans la zone française, et dès que Shannon sort de prison, il vient prendre une passe de derrière la cage de Backes, à la suite d'un lancer de la bleue de Niskanen sur lequel deux tricolores étaient montés, dépeuplant le bas de la zone. L'addition devient encore plus salée, 4-0, après un tir du poignet de la ligne bleue de Keith Ballard, en lucarne. Lhenry était masqué.

Cependant, Drew Stafford donne un coup de crosse sur le gardien, et cette pénalité relance l'équipe de France. Elle était la dernière équipe du championnat du monde à ne pas avoir marqué en supériorité numérique, et elle met fin à cette stastique de belle manière : passe aveugle de Laurent Meunier pour Jon Zwikel dans l'axe qui tire du revers dans son dos pour la petite déviation de Yorick Treille - photo de gauche - entre les jambières de Montoya. Malheureusement, la joie ne dure que cinquante secondes. Patrick O'Sullivan a trop de facilité à mettre un rebond devant Mille et Lussier trop passifs. Après ce but, Mathieu Mille sera remplacé par Kévin Igier...

Sacha Treille, qui peut être si maladroit quand il veut, trébuche sur le patin de Stafford et obtient une pénalité... Pendant un changement de ligne, Fabrice Lhenry effectue une superbe relance vers Laurent Meunier seul à droite à la bleue. Le capitaine français feinte le lancer pour que le défenseur américain se couche et sert Pierre-Edouard Bellemare qui reprend dans le haut du filet. Lhenry devient donc le premier gardien de ce Mondial à marquer un point ! L'essentiel de son travail se situe cependant sur sa ligne. À une minute de la fin du tiers, il bloque sans l'arrêter une reprise de Higgins dans l'enclave et doit se coucher sur le dos. Il est sous pression jusque dans les dernières secondes mais on en reste à 5-2.

L'arbitrage, anormalement faible ce soir pour un match de championnat du monde, interrompt une situation de 6 contre 5 des Français (pénalité différée contre Blake pour une obstruction sur le gardien) alors qu'ils se sont bien installés en zone offensive et qu'aucun Américain n'a touché le palet. L'arbitre s'excuse aussitôt de cette étrange confusion entre le maillot bleu et le maillot blanc. La supériorité numérique, après un bon rebond de Bellemare, est surtout marquée par une douloureuse perte : Laurent Meunier, dans un contact de dos avec Sacha Treille, glisse vers la balustrade qu'il heurte violemment avec le bras gauche. Le capitaine français rentre aux vestiaires en faisant des mouvements avec son épaule endolorie. La première ligne française, qui a maintenant perdu deux de ses trois membres, se compose maintenant de Stéphane Da Costa et des frères Treille (avec double présence pour Sacha)...

Bellemare prend une pénalité en zone offensive et Bachet accroche Liles qui déborde : une minute et demie à 3 contre 5. Notons que sur les six joueurs qui avaient joué la double infériorité en début de match, deux sont en prison et deux aux vestiaires (Meunier blessé et Quessandier exclu). D'autres prennent leur place, comme Roussel qui débarrasse le slot de Higgins, mais la chute de celui-ci trouble Lhenry, trompé par le lancer précis de Jack Johnson depuis la ligne bleue (6-2).

Une bonne percée de Pierre-Édouard Bellemare à la cage oblige Brown à le faire trébucher, mais la pénalité ne sera pas exploitée malgré deux bons tirs de ce même Bellemare. Le score reste honorable pour les Bleus, compte tenu d'un total de tirs (41 à 16) vite conditionné par les pénalités.

Cette avalanche de coups de sifflet précoces explique peut-être que les Français aient été un peu timorés physiquement, comme s'ils pensaient qu'il existait une loi interdisant de charger un Américain contre la bande comme on le faisait avec les Allemands. Ce manque d'agressivité s'est propagé dans le slot et les États-Unis s'en sont régalés. On avait connu la France moins respectueuse et plus frondeuse face à l'hégémonie américaine...

Vu que Montoya n'a été sûr ni dans ses sorties ni sur sa ligne, on peut parier que le gardien numéro 1 des États-Unis pour la suite du tournoi s'appellera Scott Clemmensen, le joker qui arrive au bon moment après être enfin sorti de l'ombre cette saison en se montrant solide pendant la blessure de Martin Brodeur. L'éternel remplaçant a d'ailleurs été nominé pour le trophée de la persévérance par la NHL, et pourrait écrire une nouvelle page de sa belle histoire.

Pour la France, il s'agit maintenant de récupérer avant d'affronter la Lettonie demain. Récupérer, et puis aussi récupérer Laurent Meunier, ce serait bien aussi...

Désignés joueurs du match : David Backes pour les États-Unis et Pierre-Édouard Bellemare pour la France.

Compte-rendu signé Marc Branchu / photos de Caroline Landré

 

États-Unis - France 6-2 (2-0, 3-2, 1-0)

Vendredi 1er mai 2009 à 20h15 à Berne. 4213 spectateurs.

Arbitrage d'Ole Stian Hansen (NOR) et Sami Partanen (FIN) assistés de Christian Kaspar (AUT) et Daniel Wirth (SUI).

Pénalités : États-Unis 10' (0', 6', 4'), France 39' (8'+5'+20', 0', 6').

Tirs : États-Unis 41 (20, 13, 8), France 16 (3, 7, 6).

Évolution du score :

1-0 à 04'02" : Okposo assisté de Backes (sup. num.)

2-0 à 10'38" : Backes assisté d'Oshie et Suter (double sup. num.)

3-0 à 24'51" : Shannon assisté de Backes et Niskanen

4-0 à 27'29" : Ballard assisté d'Okposo et Bogosian

4-1 à 29'41" : Y. Treille assisté de Zwikel et Meunier (sup. num.)

5-1 à 30'31" : O'Sullivan assisté de Brown

5-2 à 31'47" : Bellemare assisté de Meunier et Lhenry (sup. num.)

6-2 à 49'55" : Johnson assisté de Liles et Brown (double sup. num.)

 

États-Unis

Gardien : Al Montoya.

Défenseurs : Ryan Suter - Ron Hainsey (A) ; John Michael Liles - Jack Johnson ; Keith Ballard - Matt Niskanen ; Zach Bogosian.

Attaquants : Jason Blake (A) - Patrick O'Sullivan - Dustin Brown (C) ; Kyle Okposo - David Backes - T.J. Oshie ; Christopher Higgins - Ryan Shannon - Drew Stafford ; Colin Stuart - Colin Wilson - Lee Stempniak ; Nick Foligno.

Remplaçant : Robert Esche (G). En réserve : Peter Harrold, Joe Pavelski, Scott Clemmensen (G).

France

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Vincent Bachet (A) ; Mathieu Mille - Antonin Manavian ; Thomas Roussel - Benoît Quessandier puis Gary Levêque à 15'49" ; Kévin Igier.

Attaquants : Stéphane Da Costa - Laurent Meunier (C) - Yorick Treille ; François Rozenthal - Laurent Gras - Anthoine Lussier ; Pierre-Édouard Bellemare - Kévin Hecquefeuille - Damien Fleury ; Sacha Treille - Jonathan Zwikel - Luc Tardif jr.

Remplaçant : Eddy Ferhi (G). Absents : Henri-Corentin Buysse (G), Cyril Papa (en réserve), Damien Raux (épaule).

 

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