Suisse - France (24 avril 2009)

 

Championnats du monde, premier tour, groupe B.

Jouer avec les nerfs suisses

Avant de viser haut dans ce Mondial à domicile, la Suisse doit procéder étape par étape et battre son premier adversaire, l'équipe de France. Il est loin, le temps où celle-ci lui faisait peur et la bousculait. Aujourd'hui, c'est à l'aune des meilleurs nations mondiales que veut se jauger la Nati. Les Bleus ne doivent lui aucun poser problème, et c'est justement là son seul problème.

La pression est en effet sur les épaules suisses, et cela se sent dans une nervosité évidente en début de match (une nervosité sensible dès la cérémonie d'ouverture où le populiste Ueli Maurer, censé donner les voeux du Conseil fédéral, s'est fait copieusement siffler). La France fait donc bonne figure pendant les premières minutes, jusqu'à deux pénalités rapprochées de Treille et de Hecquefeuille. À 3 contre 5, Laurent Meunier perd ses mises au jeu dans sa zone, la Suisse met une grosse pression, mais Fabrice Lhenry est parfait dans ces déplacements.

De retour au complet, les Français tentent de placer quelques offensives : un décalage de Bellemare pour Hecquefeuille sur la gauche dont le revers touche le le masque de Gerber, et surtout une passe de Damien Raux pour Laurent Meunier dans le slot. Mais sur l'action suivante, Meunier est sanctionné pour avoir percuté Gerber, qui se fait déjà justice lui-même d'un coup de crosse sur le capitaine français venu dans ses filets. Et cette pénalité sévère coûte cher : le tir du poignet de Martin Plüss va en lucarne grâce à un écran du géant Ryan Gardner (1-0).

À leur tour en infériorité, les Suisses maîtrisent la situation : ils gênent la construction française et récupèrent systématiquement le palet dans leur zone. La comparaison est cruelle avec la pénalité d'Amar, pendant laquelle les Bleus subissent une énorme pression et peinent à sortir la tête de l'eau. Tant que les Suisses gagnent les palets dans les bandes, la soirée sera longue, très longue. Le poteau sauve Lhenry sur un nouveau tir de Plüss

Au deuxième tiers-temps, la Suisse attaque d'entrée, et derrière la cage française, Bachet accroche Paterlini qui se venge : situation de 4 contre 4. Si Desrosiers était là, la France pourrait peut-être profiter de la situation, mais il est blessé et les espaces sont eux aussi utilisés par les rouges : centre de Plüss pour Ivo Rüthemann qui arrive lancé pour une reprise à bout portant, et sauvetage miraculeux de Lhenry qui détourne sur le poteau.

Le pressing de Bellemare provoque une obstruction de Sannitz. La France envoie au fond mais ne garde pas la possession du palet bien longtemps. Encore une fois, son jeu de puissance ne s'installe que dans les trente dernières secondes, trop tard pour être dangereux. Elle subit forcément plus le jeu après un dégagement hors limites de Lussier, mais Laurent Meunier et Yorick Treille sont valeureux et se couchent devant les lancers. Lussier ne ressort de prison que pour être propulsé contre la bande par le toujours énergique Anders Ambühl, qui frappe à la porte par un tour de cage. Le point positif de cette mi-match, c'est que les Français résistent de mieux en mieux en infériorité.

L'indiscipline change de camp quand Mathias Seger donne un cross-check en zone neutre à Sacha Treille à quatre minutes de la fin de la deuxième période. La France n'arrive toujours à rien en supériorité numérique, mais quand celle-ci se termine, Laurent Gras prend de la vitesse en zone neutre, poursuit son action jusqu'à la cage et se fait accrocher par Furrer. Les Bleus termineront donc le tiers à cinq contre quatre... Ils auraient aimé bien ne pas finir le tiers dans cette situation, d'ailleurs, en marquant tout de suite. Ils l'ont fait, sur un lancer de la bleue de Baptiste Amar, mais l'arbitre refuse le but en signalant que Yorick Treille est entré dans la zone du gardien en venant faire écran. Quelques minutes plus tôt, Gerber avait protesté contre la présence de Treille dans son aire réservée, et cette petite réclamation a sans doute eu une incidence. Laurent Meunier râle, lui aussi, mais en vain.

Dès le début de la troisième période, Mathieu Mille accroche Déruns qui fait le tour de la cage. Pendant l'infériorité, deux Suisses ratent leur contrôle sur un engagement gagné en zone neutre, et Kevin Hecquefeuille peut surgir pour partir seul face à Gerber, mais il ne cadre pas son tir. Au moins gagne-t-il quelques secondes sur une pénalité qui ne donnera rien.

On ne rejoue pas longtemps au complet car Laurent Meunier a nettement pris de vitesse Goran Bezina, qui accroche donc le capitaine français lorsque celui-ci reçoit le palet après une bonne montée collective. Cette supériorité numérique est la meilleure de la soirée pour les hommes de Dave Henderson, qui restent enfin installés longtemps, avec une bonne présence devant la cage, mais toujours pas de réussite. Par la suite, Martin Plüss surgit seul dans l'axe et pousse trop son palet, initiant toutefois une bonne pression de sa ligne.

Roman Wick prend une mauvaise pénalité en zone offensive en faisant trébucher Baptiste Amar dans le coin. Cette fois, il faudrait conclure, mais le jeu de puissance tricolore semble revenu à la case départ. Le déménageur Ryan Gardner écarte du bras les défenseurs en protégeant son palet et initie une longue période dans la zone française, obligeant Mille à un dégagement interdit alors que Plüss avait de nouveau porté la menace dans le slot.

Le jeu est un peu haché, d'autant que l'arbitre Rick Looker sort blessé. Son collègue finit seul le match. À sept minutes de la fin, Jonathan Zwikel prend sa seconde pénalité du match pour une mauvaise charge contre la bande. Sur un lancer de la bleue de Sandy Jeannin, le palet repoussé par Lhenry touche le patin de Quessandier et meurt à l'extérieur du poteau. Roman Wick se jette sur le rebond mais Thomas Roussel plonge devant lui et ne le laisse pas faire. Bellemare vient ensuite perturber la construction suisse et chiper le palet à Bezina avec l'aide de Meunier. Martin Gerber doit repousser le tir de l'attaquant de Leksand.

Les minutes filent et les Français n'arrivent plus à construire, contrés directement dans leur zone à l'instar de Roussel. C'est à ce moment que l'organisation défensive helvétique est particulièrement redoutable. Il est temps pour Dave Henderson de demander son temps mort, mais son équipe peine toujours à sortir de son camp. C'est finalement le duo Meunier-Treille qui renverse le jeu et obtient un engagement en zone offensive. Le capitaine français le gagne, mais le palet est vite ressorti. La Suisse évite le dégagement interdit et remet le palet devant la cage vide, où Bachet plaque Romy pendant que l'arbitre ferme les yeux. La France obtient une dernière mise au jeu à quatre secondes de la fin, mais Sandy Jeannin se couche avec métier devant Meunier pour l'empêcher de tirer directement.

La France a tenu son plan de match, rester à portée le plus longtemps possible, mais cela n'a pas suffi. Elle pourra regretter le but refusé et l'échappée manquée de Kevin Hecquefeuille. Dans un match de ce niveau, les occasions ne se présentent pas souvent. Il est quand même satisfaisant d'avoir usé les nerfs suisses jusqu'à la fin. Face à une équipe prévisible offensivement comme la Suisse, les qualités de positionnement de Fabrice Lhenry ont fait merveille. Le gardien de Rouen a poussé le vice jusqu'à recevoir 42 tirs, son numéro de maillot. Pour que lui ou Ferhi aient moins de travail, il faudra impérativement prendre moins de pénalités. Cela évitera aussi d'user les unités spéciales jusqu'à la lie, car Baptiste Amar a passé 30 minutes sur la glace ce soir...

Désignés joueurs du match : Martin Gerber pour la Suisse et Fabrice Lhenry pour la France.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Ralph Krueger (entraîneur de la Suisse) : "Les trois points étaient importants pour commencer le tournoi. Maintenant il faut oublier ce match et penser à la suite. Nous savions que ce ne serait pas facile. En plus, la France a joué avec beaucoup de rebéllion et nous avons eu plus de problèmes que prévu avec son style de jeu. L'avantage de la glace s'est plutôt révélé un désavantage dans ce premier match, que nous n'avons pas pu préparer comme nous le voulions."

 

Suisse - France 1-0 (1-0, 0-0, 0-0)

Vendredi 24 avril 2009 à 20h15 à Berne. 11417 spectateurs.

Arbitrage de Rick Looker et Thomas Sterns (USA) assistés de Miroslav Valach (SVK) et Chris de Haan (CAN).

Pénalités : Suisse 14' (2', 8', 4'), France 18' (8', 6', 4').

Tirs : Suisse 42 (14, 10, 18), France 14 (6, 3, 5).

Évolution du score :

1-0 à 11'33" : Plüss assisté de Streit (sup. num.)

 

Suisse

Gardien : Martin Gerber.

Défenseurs : Severin Blindenbacher - Mark Streit (C) ; Félicien Du Bois - Goran Bezina ; Roman Josi - Mathias Seger ; Philippe Furrer.

Attaquants : Martin Plüss - Ivo Rüthemann (A) - Ryan Gardner ; Romano Lemm - Sandy Jeannin (A) - Thomas Déruns ; Thierry Paterlini - Thomas Ziegler - Raffaelle Sannitz ; Andres Ambühl - Roman Wick - Julien Sprunger ; Kévin Romy.

Remplaçant : Ronnie Rüeger (G). En réserve : Daniel Manzato (G), Rafael Diaz, Thibaut Monnet.

France

Gardien : Fabrice Lhenry [sorti de 59'26" à 59'47" et de 59'55" à 60'00"].

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Vincent Bachet (A) ; Thomas Roussel - Benoît Quessandier ; Mathieu Mille - Antonin Manavian.

Attaquants : Damien Raux - Laurent Meunier (C) - Yorick Treille ; Pierre-Édouard Bellemare - Kévin Hecquefeuille - Damien Fleury ; François Rozenthal - Laurent Gras - Anthoine Lussier ; Sacha Treille - Jonathan Zwikel - Luc Tardif jr.

Remplaçants : Eddy Ferhi (G), Kévin Igier, Stéphane Da Costa. En réserve : Henri-Corentin Buysse (G), Cyril Papa, Gary Levêque.

 

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