Mulhouse - Brest (18 avril 2009)

 

Finale aller du championnat de France de division 2.

Un sacré bouquet final !

Il n'y a pas si longtemps, les Galarneau, Takala et autres Koivisto expédiaient une finale de division 1 à sens unique face à leurs rivaux mulhousiens. C'était il y a presque dix ans... Depuis, pas mal d'eau a coulé sous les ponts mais ces deux-là se retrouvent en finale de la division 2. Un titre rendu honorifique par la promotion automatique des deux finalistes.

Cette remontée donne aux Brestois un sentiment du devoir accompli. Moins suffisants que l'an passé, ils n'ont pas fait de quartiers en première phase avant d'écarter d'ambitieux Lyonnais en demi-finale, rectifiant le tir au match retour (6-1) après avoir concédé leur seule défaite de la saison à Charlemagne (1-2). Enfin à la hauteur de ses ambitions, Brest retrouvera donc l'an prochain un statut plus digne de ses prétentions. On connaît la musique, c'est l'énième retour des Albatros...

Les Scorpions, eux, ne voient pas aussi loin. Cette finale, cerise sur le gâteau d'une saison réussie, les comble au-delà de toute espérance. C'est même la récompense des efforts fournis par un groupe monté en puissance au fil des playoffs. Malgré les pépins semés sur sa route, Mulhouse a puisé sa force dans un collectif soudé, inébranlable, où chacun prend ses responsabilités. On pense notamment à Marc-André Martel, devenu impérial devant le filet. Mais s'ils récupèrent David Croteau, absent depuis un bon mois (pour une mononucléose), les Alsaciens doivent se passer des services de Lukas Hanzal. Le même qui, deux ans plus tôt du côté de Belfort, avait joué un bien mauvais tour aux Bretons avec Jan Zakovsky et Vaclav Lukes...

À perdre haleine

Les Alsaciens s'attaquent ce soir à de drôles d'oiseaux. Pourtant ce soir, parmi ces as des filets garnis manque Guillaume Fournier, le meilleur passeur du championnat. Une absence que tente de compenser Serge Toukmatchev, assigné aux côtés de Matej Kiska et Mathieu Brunelle. Mulhouse, de son côté, marque d'amblée son territoire et semble décidé à leur "voler dans les plumes". Ajoutant au besoin une touche de défi physique, ce qui accentue l'intensité de ce début de partie.

Dès leur première sanction (03'31"), les Scorpions sont pourtant tenus à bout de bras par Marc-André Martel. Le Canadien, sur la lancée de ses dernières sorties, reste seul garant de leur intégrité après ce long siège. Mais avec des gaillards de la trempe de Timkin, le danger n'est jamais écarté. Aussi l'Ukrainien poursuit-il son effort derrière la cage pour trouver le relais de Juraj Ocelka au premier poteau, suivi d'un décalage vers Tomas Kaspar à l'opposé. Manque de chance, le Slovaque envoie la rondelle dans les nuages (05'44"). David Croteau, surmotivé à l'idée d'affronter son ex-futur employeur, a lui plus réussite. Sur une action de rupture, le Canadien déborde côté droit et se joue de Bozik dans un angle impossible (1-0 à 06'20"). Une fébrilité inhabituelle pour ce gardien qui fut une référence de la division 1 du côté d'Avignon.

Cette finale, digne des grands soirs, se joue sur un rythme effrené. Pour preuve, les représailles sont immédiates. Timkin flaire le bon coup et lance Kaspar dans le dos de la défense. Le Slovaque loge cette fois le disque en lucarne (1-1 à 07'28"). Bousculés par l'engagement des locaux, les Albatros s'activent donc sur ce genre de contre-attaques fulgurantes. Une aubaine pour Matej Kiska, que la vivacité transforme en prédateur au moindre espace. Un palet égaré dans le slot suffit à son bonheur mais Martel veille au grain face à l'ancien de Font-Romeu.

Les attaquants mulhousiens donnent tout autant de fil à retordre à une défense qui semble être dans ses petits souliers malgré le métier de Lilian Prunet (le "régional de l'étape") et d'Ivan Borzik. Cette arrière-garde frise même la correctionnelle sur un deux contre un mené par Croteau, mais enrayé in extremis par Volkov. Mais avec les Albatros, le danger n'est jamais bien loin. Redoutables en supériorité numérique, ils excellent tout particulièrement dans le jeu en transition, facilité par la vitesse d'exécution de leurs individualités. C'est d'ailleurs le cas sur un enchaînement gagnant en une touche de puck, conclu par Ocelka d'un tir en pivot instantané sur une remise astucieuse de Brunelle (1-2 à 17'42").

22, v'là Timkin

L'acte médian reprend sur des bases toutes aussi élevées. Le Suédois Eddie Stahre s'enflamme même en sortie de zone, là où l'attendait Matej Kiska. L'ailier slovaque part aussitôt à l'abordage, suivi comme son ombre par un Mathieu Brunelle butant finalement sur Marc-André Martel (20'19"). C'est que le danger se conjugue dans toutes les langues à Brest, et notamment en russe avec un raid d'Aleksei Timkin (20'55"), suivi d'un bon tir des poignets (23'52"). Il suffit toutefois d'un instant d'inattention pour que le repli oublie Mikko Eloranta, démarqué au second poteau (2-2 à 26'25").

À Mulhouse, on n'a ni Timkin, ni Kiska, mais on a Croteau. Mis sur orbite par Ruokamo, le Canadien file côté droit. Une fois encore, Aleksei Volkov vient à la rescousse mais Romain Pierrel a finalement le dernier mot (3-2 à 27'39"). Cette fois c'est sûr. Brest perd le fil du match. Un surnombre le confirme (29'30"). L'occasion est trop belle pour B.J. Quinto, la révélation de ces playoffs, qui se jette au rebond (4-2 à 29'54"). Mille sabords !

Le chassé-croisé peut commencer. Malgré ses prouesses, Marc-André Martel plie sous les coups de boutoirs de Borzik (4-3 à 31'04"). Un but de raccroc pour l'ancien Dijonnais qui relance totalement les Albatros. Car les valeureux Scorpions s'exposent aux contres. Le genre d'exercice où brille ce diable de Timkin, qui en met plein la vue à une défense aux abois sitôt qu'il s'amène aux avant-postes. L'ailier recruté de Vysshaïa Liga, savant mélange de technique et de puissance, n'a pas son pareil pour désorienter ses vis-à-vis avec son sens du dribble.

Mathieu Brunelle en a aussi sous le patin vu son gabarit imposant et sa maîtrise du palet. Pourtant, l'ancienne étoile du junior majeur ne pèse pas vraiment sur le jeu. L'absence de Guillaume Fournier se fait sentir et la réussite le fuit désespérément. Même s'il prend l'intervalle grâce à un caviar de Kiska, Brunelle ne peut déjouer Martel du revers (39'00"). Restent les coups de génie de Timkin, qui s'en va slalomer dans la défense pour déjouer Martel au ras du montant (4-4 à 39'52"). Un sacré numéro celui-là !

Les mouches ont subitement changé d'âne. Même en supériorité numérique, les Scorpions restent à la merci des contres. Le vétéran Bruno Maynard, repositionné en défense, sert de rampe de lancement à Mathieu Brunelle, qui s'exporte à gauche, repique dans l'axe et s'en vient mystifier Martel (4-5 à 42'20").

Et l'Illberg s'enflamma

L'opération commando a du plomb dans l'aile mais ces Scorpions-là sont du genre tenaces en plus d'être réalistes. Des qualités propres au "lutin" Nicolas Maindron, qui n'a décidément pas froid aux yeux. Sans parler du capitaine Julien Aubry, qui initie un mouvement à trois conclu par Pierrel, au nez et à la barbe d'un Bozik décidément peu inspiré (5-5 à 43'59").

Dès lors, les deux équipes se rendent coups pour coups et l'action va d'une cage à l'autre. À ce petit jeu, Brest dispose d'un bel arsenal grâce aux accélérations (presque décisives) de ses gros bras. Mais voilà, ce bouquet final va finir prendre des allures d'apothéose après qu'Olli Ruokamo ait repris à bout portant une passe de Romain Pierrel, décidément dans tous les bons coups ce soir (6-5 à 49'02").

Toutefois, il reste encore quelques atouts dans le jeu brestois. Cependant le powerplay, cette arme fatale, n'a pas son rendement habituel. Pire que ça même, Vychodil, pressé par Eloranta, s'embrouille dans sa zone. Bozik, complètement à l'ouest sur ce coup, rate totalement sa sortie et manque de se faire hara-kiri (51'40"). Comme ça sent le sapin pour les Albatros, Vincent Bringuet, en embuscade, en remet une couche (7-5 à 54'15"). Temps-mort Brest...

Le piège s'est depuis longtemps renfermé sur les protégés de Briec Bounoure, contraient de griller leurs dernières cartouches. Sur l'une d'entre elle, Aleksei Timkin touche pourtant la cible (7-6 à 59'28") et réduit l'écart en vue du match retour. Un moindre mal pour des Brestois ayant souffert d'une perméabilité défensive accentuée par la méforme de Mojmir Bozik. Qu'importe, les Scorpions ont régalé un public enchanté par ce match riche en rebondissements. Le titre est encore envisageable mais désormais à ne pas rester en rade dans le Finistère...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Commentaires d'après match (d'après L'Alsace) :

Laurent Arnaud (entraîneur de Mulhouse) : "Ce sera très très dur là-bas mais avoir réussi à battre Brest, chez nous, ça fait vraiment plaisir. C'était vraiment un très beau match et on a rien lâché. La seule petite chose qui m'embête un peu c'est d'avoir encaissé le dernier but à trente secondes de la fin du match."

Emmanuel Mouget (président de l'ADHM) : "Cette saison se termine de la plus belle des manières avec une victoire à domicile. La présence du public qui nous a soutenu toute la saison nous donne envie de continuer. Mulhouse est vraiment une ville de hockey et les joueurs avaient du cœur à donner du plaisir au public."

 

Mulhouse - Brest 7-6 (1-2, 3-2, 3-2)

Samedi 18 avril 2008 à 17h40 à la patinoire de l'Illberg. 1600 spectateurs.

Arbitrage de Stéphane Rousselin assisté de Geoffrey Barcelo et Benjamin Gremion.

Pénalités : Mulhouse 10' (4', 2', 4') ; Brest 12' (4', 2', 6').

Évolution du score :

1-0 à 06'20" : Croteau assisté de Ruokamo

1-1 à 07'28" : Kaspar assisté de Vojtek et Timkin

1-2 à 17'42" : Ocelka assisté de Brunelle et Timkin

2-2 à 26'25" : Eloranta assisté de Quinto

3-2 à 27'39" : Pierrel assisté de Croteau et Ruokamo

4-2 à 29'54" : Quinto assisté de Tremellat et Croteau (sup. num.)

4-3 à 31'04" : Borzik (sup. num.)

4-4 à 39'52" : Timkin assisté d'Ocelka

4-5 à 42'20" : Brunelle assisté de Maynard (inf. num.)

5-5 à 43'59" : Pierrel assisté de Stahre et Aubry

6-5 à 49'02" : Ruokamo assisté de Pierrel

7-5 à 54'15" : Bringuet assisté d'Eloranta et Aubry

7-6 à 59'28" : Timkin assisté de Volkov et Kiska

 

Mulhouse

Gardien : Marc-André Martel.

Défenseurs : Eddie Stahre - Vincent Da Silva ; Jan-Peter Järvenpää - Adrián Durta ; Franck Herbrecht (A).

Attaquants : Olli Ruokamo - David Croteau (A) - Romain Pierrel ; Nicolas Maindron - Berardino Quinto - Mikko Eloranta ; Vincent Bringuet - Julien Aubry (C) - Lucas Tremellat.

Remplaçants : Sylvain Haenlin (G), Timo Preuss. Absents : Lukás Hanzal (blessé), Tomás Tupý (suspendu).

Brest

Gardien : Mojmir Bozik.

Défenseurs : Peter Vojtek - Aleksei Volkov ; Lilian Prunet - Ivan Borzik ; Bruno Maynard - Filip Vychodil.

Attaquants : Mathieu Brunelle - Serge Toukmatchev - Matej Kiska ; Tomas Kaspar - Juraj Ocelka - Aleksei Timkin ; William L'Arvor - Jérémy Cormier - Julien Le Gall.

Remplaçants : Antoine Olivet (G), Maxime L'Arvor. Absents : Guillaume Fournier, Nicolas Médina, Clément Gonzales.

 

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