Bordeaux - Valence (21 mars 2009)

 

Championnat de France de division 1, match en retard de la dix-huitième journée.

Dans la nuit du 23 au 24 janvier 2009, la tempête Klaus s'est abattue sur le Sud-Ouest, emportant avec elle un bout du toit de la patinoire de Mériadeck. Un arrêté préfectoral avait empêché la tenue de la rencontre qui a dû être reportée au 22 mars. Les Valentinois se sont donc déplacés une seconde fois dans la capitale girondine pour un match qui pourrait leur permettre de se rapprocher des play-offs. Pour cela, il leur faut s'imposer dans une antre où seul Gap est venu glaner les deux points. Pour les Bordelais, la victoire est impérative pour pouvoir espérer grappiller la deuxième place au cours de la dernière journée, face à Caen. Mais les rencontres entre Bordeaux et Valence ont toujours eu un goût amer pour les Girondins. Il y a deux ans, les Lynx étaient venus s'imposer 1-3, empochant la dernière place qualificative pour la poule de promotion, au nez et à la barbe des promus bordelais. L'an passé, alors qu'ils menaient 5-1 à six minutes de la fin au Polygone, les Boxers s'étaient écroulés et fait rejoindre par des Lynx euphoriques. Le scénario fut quasiment reproduit à l'identique lors du match retour à la différence près que les Bordelais, dans un dernier sursaut d'orgueil, avaient propulsé le palet dans la cage vide par Stéphan Tartari. Autant dire que les Boxers sont prévenus...

Les Bordelais voient le retour au jeu de leurs défenseurs blessés, Jan Majercak et Mickaël Wiart. De leur côté, les Lynx multiplient les absences. Entre les blessés, les suspendus et les indisponibles, il ne reste plus que trois défenseurs valides et un seul gardien pour tenir en respect la sixième attaque de la division. Les Valentinois semblent détendus, ils s'amusent dans les vestiaires et abordent le match sans pression... Peut-être la bonne recette !

Et en effet, dès le coup d'envoi, ils s'installent en zone locale. Les Bordelais ne parviennent pas à gagner la moindre mise en jeu et sont contraints de patiner derrière le palet et de mettre en place un jeu physique pour pourvoir contrer les velléités offensives de Valence. C'est d'ailleurs sur une mise en jeu que les Lynx se montrent les plus dangereux : Medeiros passe à l'arrière à Manon dont le lancer est détourné du bouclier par Burnet. Il faut attendre cinq minutes pour voir les Bordelais se porter à l'avant. Jef Savage, en solitaire, déborde, repique au centre et oblige Valentin à se détendre pour capter le puck. On croit les Bordelais enfin dans le bon sens mais ils sont vite freinés par une pénalité sifflée contre Cyril Boubé pour une charge avec le coude pourtant joliment effectuée à l'épaule... Le premier shift de Valence est dirigé de main de maître par Medeiros qui, dans son rôle de chef d'orchestre, distille les bonnes passes et prends les bonnes décisions. Heureusement, la défense locale veille au grain et laisse passer l'orage. Les deux autres lignes valentinoises se montrent moins dangereuses et se contentent de shoots lointains et peu dangereux.

À égalité numérique, les Boxers retrouvent des couleurs. Courally s'infiltre le long de la bande, fait une passe dans le dos à Patard qui attend que Cyril Lambert arrive au second poteau. La passe transversale est précise, la reprise instantanée et la rondelle au fond des filets (1-0, 08'04"). Les Bordelais ne sont pas malheureux sur le coup : même si l'action est limpide, la physionomie du match n'est pas vraiment en leur faveur. Mais ce but les transcende, Lecompère se lance dans un coast-to-coast qui lui permet de se présenter devant Valentin, mais son tir n'accroche pas le cadre. Les locaux jouent plus haut mais, pour la seconde fois, se font sanctionner. Du coup, la tendance s'inverse et Valence reprend du poil de la bête. Antoine Pélisse, Savajol et Medeiros mettent en place un jeu en triangle ponctué d'un tir non cadré. Les Boxers laissent passer l'orage, mais à peine revenus à cinq, c'est Xabi Lassalle qui rejoint le banc des pénalités. Et pourtant, c'est dans cette situation que Bordeaux trouve la faille ! Gautier Lafrancesca et Jill Cauly bloquent le palet le long de la bande gauche, le premier nommé passe à Boubé, à la bleue, dont le shoot laisse un rebond gagné par Lafrancesca. La reprise de l'attaquant bordelais est freinée par les jambières de Valentin. Le palet s'arrête quelques centimètres avant la ligne mais c'est Cyril Boubé qui arrive le premier et pousse la rondelle au fond (2-0, 14'20"). Quatre tirs, deux buts, on peut dire que les Bordelais rentabilisent leurs actions !

Ce second but semble un peu assommer les visiteurs et les Boxers peuvent gérer tranquillement leur avance. Il faut dire qu'avec les quelques difficultés qu'ils éprouvent, ils ne peuvent se permettre de se lancer dans des grandes offensives qui seraient bien risquées. Valence les aide bien dans leur tâche lorsque Damien Cabaré fait une obstruction idiote sur Savage dans la neutre. Les Boxers tentent de mettre en place leur jeu de puissance mais Valence parvient à se dégager. Yann Lecompère récupère le palet dans le coin droit de sa zone défensive ; il se fait lourdement charger par Gaulier mais parvient à conserver la maîtrise du palet. Il tente alors de faire une passe mais celle-ci va finir sa course entre le patin et le poteau de Burnet (2-1, 16'14")... Le but sera accordé à Thomas Gaulier mais c'est vraiment ce qu'on peut appeler un but-gag...

Les Boxers reviennent sur la glace en supériorité numérique. Celle-ci est marquée par l'importance nouvelle prise par Mickaël Wiart dans ce secteur du jeu : il est à l'origine des deux premiers lancers, le premier dévié par Courally, le second qui laisse un rebond pour Patard, mais aucun des deux ne fait mouche. Pas plus d'ailleurs lorsque Wiart passe à Patard derrière la cage, qui remet plein axe à un Courally seul mais trop près de Valentin pour pouvoir le tromper. Passé ce moment de frayeur, les Valentinois recommencent leur pressing haut, bien aidés en cela par des Bordelais trop lents à se relancer. Du coup, les Lynx s'installent dans le camp opposé : Mathieu Bidoli, à la bleue, lance en direction de Thomas Gaulier dont la fine déviation fait passer le puck entre les jambières de Burnet (2-2, 23'56"). S'ensuivent quelques minutes de flottement et d'échange de pénalités. Medeiros part en prison pour une charge avec la crosse puis est rejoint par Patard, coupable d'une crosse haute sur un attaquant blanc très bon simulateur. Cette pénalité semble révolter les Boxers, et ce, dans le bon sens du terme. La première ligne semble enfin se trouver, autour d'un Larrieu efficace. Malheureusement, cette action se conclut par un plongeon de Xabi Lassalle, qui espérait peut-être que l'arbitre serait tenté par une compensation. C'est manqué et c'est Valence qui en profite puisque dans la continuité, Sébastien Savajol, en solitaire, prend un shoot excentré que Burnet repousse bien.

La révolte bordelaise finira par se concrétiser. Et quel meilleur symbole que celui de voir Christophe Pérez à la conclusion ? Depuis quelques temps, plus la situation est compliquée et plus Pérez prend ses responsabilités et tente de faire bouger son monde. Lorsqu'il récupère un palet abandonné dans la neutre, il franchit la ligne bleue, regarde s'il trouve une solution sur les côtés et, ne voyant rien, continue à progresser puis loge le puck dans la lucarne gauche de Valentin. Poteau rentrant, Bordeaux reprend l'avantage (3-2, 27'50"). Profitant d'un surnombre des locaux, Valence s'installe dans la zone offensive, le capitaine Medeiros reçoit le palet derrière la cage, en fait le tour et loge le palet dans l'espace non-couvert par Burnet (3-3, 29'51"). Puis ce sera le retour des pénalités : Lafrancesca puis Medeiros viennent prendre place sur le banc. De retour à cinq, les Boxers tentent d'en profiter : Lecompère effectue une passe à destination de Boubé, seulement la passe est trop molle et elle passe devant les buts de Burnet. Placé sur la trajectoire, Alexis Pélisse n'a plus qu'à tranquillement tromper le portier local (3-4, 33'34"). Deuxième grosse erreur défensive, c'est décidément pas une bonne soirée pour les arrières girondins.

Les répliques bordelaises ne sont pas tranchantes, les Boxers jouent même contre-nature. Alors qu'ils ont d'ordinaire un jeu tout en patinage, en débordement, ils usent et abusent ce soir de passes longues. Bien sûr ces passes permettent de gagner du terrain, mais elles finissent invariablement par des actions confuses. Ils vont un peu plus se compliquer la tâche lorsque Xabi Lassalle écope de dix minutes de méconduite. Il faut dire qu'il s'est un peu écroulé tout seul dans la zone du gardien adverse, s'est relevé pour distribuer un bourre-pif à un défenseur valentinois puis s'est mis à se plaindre auprès du head et enfin par repousser le juge de ligne qui tentait de le faire revenir au banc... Signe de toute l'impuissance bordelaise ce soir...

Et pourtant, les Boxers sont parfois capables de jolies choses. Comme lorsque Gautier Lafrancesca effectue une de ses percées tranchantes. Il se veut alors altruiste et tente de passer le puck à Mariage, seul et lancé plein axe. Un défenseur a le bon réflexe et se couche pour stopper la passe. Mais ça n'est que partie remise : Courally, à son tour, s'infiltre dans la défense adverse et ce coup-ci, il trouve Nicolas Mariage, au second poteau, qui glisse le puck au fond des cages de Valentin (4-4, 18'57"). Les Bordelais auraient même pu reprendre l'avantage lorsque Lafrancesca, encore lui, part seul au but et se retrouve dans les filets de Valence, fauché par le retour désespéré de Dan Alvarez. Mais Monsieur Garbay ne bronche pas et le tiers se termine sur ce score de parité.

On espère que le troisième tiers verra le réveil des locaux, mais c'est toujours dans la plus grande confusion que les Boxers tentent de se porter à l'avant. La meilleure action intervient sur une pénalité différée : Jan Majercak conserve le palet derrière la cage jusqu'à l'arrivée de Gautier Lafrancesca, envoyé comme sixième homme, dont le lancer oblige Valentin à une parade réflexe. Les Boxers bénéficient même d'une double supériorité pendant plus d'une minute et demie mais rien n'y fait. Au contraire, Yann Lecompère est envoyé sur le banc pour une charge contre la bande pendant que la palette que Cyril Boubé a reçu dans le visage passe inaperçue. Encore un peu de contestation, mais l'arbitre n'a rien vu et Bordeaux doit jouer à un de moins. Et comme à la parade, Gaulier décale Oliver qui centre pour la reprise victorieuse de Medeiros (4-5, 50'04"). La fin du match est une longue procession d'actions toujours aussi peu construites malgré la bonne volonté évidente de certains. Dave Grenier parvient à transpercer le pressing haut des Lynx et à servir Larrieu dont le superbe tir oblige Valentin à une extension de la jambière toute aussi superbe.

Les dernières minutes sont l'occasion de faire un triste constat : sans grain de folie, sans accélérations, Bordeaux regarde le chronomètre défiler, impuissant, dans un silence de cathédrale. Valence n'a plus qu'à canaliser les rares occasions de Bordeaux et même la sortie de Christophe Burnet, à une minute de la fin, ne changera rien... Dernier signe de l'impuissance bordelaise : au buzz final, les Boxers ne trouvent rien de mieux que de tenter de déclencher une bagarre avec leurs adversaires... Mais ceux-ci s'en moquent éperdument, ils ont réussi leur pari et se jettent ventre le premier sur la glace.

Les Lynx sont à la fête, ils viennent de se qualifier pour les play-offs en venant une nouvelle fois à bout d'un Bordeaux mal bouchonné ce soir. Le plus rageant pour les Bordelais, c'est qu'ils savent que contre Valence, il faut tout donner car le jeu simple produit par les Valentinois est toujours efficace. Alors, certes, les erreurs défensives des Boxers ont bien aidé l'adversaire mais l'inefficacité offensive peut également être pointée du doigt. La meilleure illustration est la stérilité ce soir de la première ligne. Elle qui est concernée par 60% des buts de l'année 2009 n'a pas réussi à inscrire le moindre point. Du coup, les Bordelais disent adieu à la deuxième place mais ils leur restent une occasion de se racheter en recevant la semaine prochaine le dauphin du championnat. On le sait, ces Boxers là ont de l'orgueil et ils vont avoir l'occasion de le prouver. Seulement, il va encore falloir faire avec l'emploi du temps de la patinoire... En plus des deux matchs à domicile joués à l'extérieur, les Boxers ont dû se passer d'entraînement la semaine passée et n'auront qu'une heure pour se préparer à recevoir Caen... Dans ces conditions, comment prétendre être dans au top pour affronter les phases finales ?

Compte-rendu signé Alex Mondin

 

Bordeaux - Valence 4-5 (2-1, 2-3, 0-1)

Samedi 21 mars 2009 à Mériadeck.

Arbitrage de Laurent Garbay assisté de Vincent Champion et Guillaume Barthe.

Pénalités : Bordeaux 24' (6', 6'+10', 2') ; Valence 14' (4', 4', 6').

Tirs : Bordeaux 33 (5, 13, 15) ; Valence 33 (12, 15, 6).

Engagements : Bordeaux 44 (18, 16, 10) ; Valence 27 (12, 8, 7).

Évolution du score :

1-0 à 08'04" : Lambert assisté de Patard et Courally

2-0 à 14'20" : Boubé assisté de Lafrancesca (inf. num.)

2-1 à 16'14" : Gaulier (inf. num.)

2-2 à 23'56" : Gaulier assisté de M. Bidoli et Ant. Pélisse

3-2 à 27'50" : Pérez

3-3 à 29'51" : Medeiros assisté de Savajol (sup. num.)

3-4 à 33'34" : Al. Pélisse (inf. num.)

4-4 à 38'57" : Mariage assisté de Courally et Boubé

4-5 à 50'04" : Medeiros assisté d'Oliver et Gaulier (sup. num.)

 

Bordeaux

Gardien : Christophe Burnet [sorti à 58'55"].

Défenseurs : Dave Grenier - Jan Majercak ; Yann Lecompère (C) - Cyril Boubé ; Mickaël Wiart - Christophe Pérez ; Alexandre Boirie.

Attaquants : Jean-François Savage - Xabi Lassalle - Raphaël Larrieu (A) ; Cyril Lambert - Nicolas Courally - Jérôme Patard (A) ; Jill Cauly - Gautier Lafrancesca - Nicolas Mariage.

Remplaçants : Julien Leclerc (G), Thomas Giraudau, Sébastien Cadren. Absents : Vincent Mary (pubalgie), Vincent Cadren (obligations scolaires), Romain Horrut (obligations personnelles).

Valence

Gardien : Jérémy Valentin.

Défenseurs : Damien Cabare - Samson Samson ; Dan Alvarez - Mathieu Bidoli.

Attaquants : Sébastien Savajol (A) - Eric Medeiros (C) - Alexis Pélisse ; Benjamin Oliver - Antoine Pélisse (A) - Thomas Gaulier ; Adryan Serrano - François Hernandez - Geoffrey Bidoli ; Jonathan Manon.

Absents : Lucas Fournier (obligations personnelles), Jimmy Josseaume, Simon Pélisse (épaule), Cyril Josseaume (genou), Quentin Fournier (obligations personnelles), Olivier Lyon (suspendu 2 matchs pour altercation contre Reims), Mickaël Bouvier (a quitté Valence pour raisons personnelles)

 

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