Vítkovice - Slavia Prague (14 mars 2009)

 

Extraliga tchèque, quarts de finale, match 6.

Mardi, l'hebdomadaire allemand Eishockey News affirmait qu'Alois Hadamczik, actuel entraîneur de Vítkovice, était le favori pour prendre en charge Cologne en 2009-2010, les Haie ayant réalisé leur plus mauvaise saison depuis longtemps (avant-derniers de la saison régulière et évidemment éliminés des playoffs).

L'ancien sélectionneur tchèque n'a pas démenti mais répété qu'il était pleinement concentré sur les playoffs avec Vítkovice. Si le sujet alimente les conversations, il n'a pas semblé avoir d'influence sur les résultats de son équipe qui, le même mardi, battait le Slavia 7-2 pour mener trois manches à un. Jeudi cependant, le Slavia l'emportait sur sa petite glace pour revenir dans ce quart de finale.

Cette sixième manche devrait être décisive : soit Vítkovice y fait la différence dans sa CEZ Arena surchauffée, soit le Slavia revient à égalité et n'aurait plus qu'à achever son adversaire devant le public praguois, confiance décuplée par ce retour du néant.

Vladimir Ruzicka avait partagé le temps de présence entre Dominik Furch et Stanislav Neruda lors des deux rencontres précédentes et l'excellente performance du second lors de sa dernière sortie (aucun but encaissé) lui offre le droit de démarrer la rencontre. Le choix est judicieux car le cerbère praguois est ferme sur ses deux premières interventions. Le Slavia secoue ensuite sa migraine et se rappelle qu'il doit marquer, donc attaquer et prendre des lancers. Ce que font Micka et David Hruska, profitant de la première prison bleue, sans inquiéter Stepanek dans un premier temps. Masqué par ses défenseurs, le jeune gardien va ensuite concéder un mauvais but en relâchant un lancer balayé de Micka. Le recours à la vidéo ne fait que confirmer ce que tout le monde avait vu : le Slavia ouvre le score (0-1, 07'24").

La réponse de Vítkovice est rapide (lancer de Kvapil) mais éphémère. Neruda étouffe leurs maigres initiatives et, cinq minutes après l'ouverture du score, la ligne Vondrka-Bednar-Cervenka déroule un tic-tac-toe d'école (tchèque). Le premier nommé, à l'aile droite, transmet derrière la cage à Bednar qui remet à Cervenka, planté dans le slot comme un réverbère. Ça va trop vite pour Stepanek (0-2, 12'03") qui sort dans la foulée, remplacé par Marek Pinc, décision surprenante de la part d'Hadamczik. La CEZ Arena se tait et seuls résonnent les "Slavia Praha" des aficionados de la capitale. Même une prison infligée à Ruzicka junior ne les fait pas taire puisqu'elle est neutralisée par une pénalité de banc morave.

Le ronron ambiant sera interrompu à deux minutes du buzzer par un accrocher inutile de Vondrka. L'occasion pour les Moraves de finir le tiers en surnombre et, surtout, de se relancer avant la pause. La sanction tombe vite : Neruda laisse un rebond sur un slap de Jurecka et Ujcik n'a plus qu'à battre le gardien déjà couché (1-2, 17'55").

Le Slavia semble en avoir perdu son patin si bien qu'à l'entame du deuxième tiers, il n'exploite pas une minute trente de double supériorité due aux prisons de Stefanka et Barinka. À trop chercher la position parfaite, les hommes de Ruzicka perdent une superbe occasion de reprendre leurs distances. Au contraire, c'est Stefanka qui, dès sa sortie de geôle, s'offre un tour de cage sans succès. Partie remise, Juraj...

Cette résistance au sort contraire dope les Moraves qui accélèrent et grattent de plus en plus de palets le long des bandes. En réponse, le Slavia panique et c'est à son tour d'essuyer un trois contre cinq (Kolarik puis Vasicek). Alois Hadamczik sollicite un temps mort mais sans effet, le Slavia fait front et Neruda preuve de son sang-froid. La tempête passée, la fatigue fait son œuvre à mi-match, modérant le rythme jusqu'ici élevé et encourageant les Praguois à baisser leur vigilance.

Grave erreur. Stefanka avait échoué, en début de tiers, dans sa tentative de tour de cage ? Qu'à cela ne tienne, il recommence, traîne Zizka en plus de son propre quintal et place un lancer du poignet en haut de la cage de Neruda, impuissant sur le coup (2-2, 32'22"). Le Slovaque de Vítkovice, qui n'avait inscrit que quinze points sur la saison régulière, en est à cinq depuis le début des playoffs.

Comme un certain type de bonbons, ce but a un double effet. En plus d'égaliser, Vítkovice a repris l'ascendant moral sur son adversaire qui voit grandir le spectre d'une élimination d'entrée, un mal qui semble récurrent cette année chez les lauréats de saison régulière (Berne en Suisse, Ufa en Russie).

Neruda, qui dispute à bientôt 35 ans (qu'il fêtera le 17) ses premiers playoffs d'Extraliga et ne sait même pas ce qu'est un spectre, maintient son équipe dans le match par ses brillants arrêts, notamment en contrecarrant un breakaway de Krenzelok au prix d'un vrai arrêt de gardien de foot. À 37'04", le poète Angel Krstev prend deux minutes et le Slavia se saisit de cette occasion. Lancer de Cervenka depuis la bleue, Pinc ferme mal son coin gauche et les Praguois reprennent l'avantage contre le cours du jeu (2-3, 37'48"). Le dernier tiers s'annonce chaud.

Si chaud que la balustrade ne résiste pas à une... mise en échec de Krstev sur Bednar et vole en morceaux. Cinq minutes sont nécessaires pour débarrasser le verre pilé et remplacer la vitre. Brisure de plexi et de rythme, c'en est trop pour les Moraves qui décrochent soudainement. Sur un contre, Vondrka met Bednar en position et celui-ci ne se prive pas de battre Pinc côté plaque d'un joli lancer balayé (2-4, 45'39"). Le Slavia est enfin sûr, très sûr, à l'image de Neruda qui cueille dans sa mitaine un lancer mi hauteur de Kvapil. Il peut se permettre d'essuyer une prison (inexplicable) de Sloboda et y répond par un cinquième but (Micka pour le 2-5 à 49'27"). Et si une nouvelle prison, justifiée, cette fois, de Sloboda pour cross-check permet à Hubacek de réduire le score en surnombre (3-5, 51'46"), Cervenka réplique en solo (3-6, 52'38"). Hadamczik ne sortira même pas Pinc puisque ce dernier encaissera un septième but en laissant un rebond sur lancer de David Hruska, aussitôt exploité par Dolezal (3-7, 59'05"), rendant caduc tout espoir de retour.

Vítkovice combat et fait preuve de courage mais un détail majeur le différencie du Slavia : la classe. Quand Cervenka, Bednar & cie jouent leur musique à plein volume, les Moraves lâchent prise. Si le champion en titre ne se perd pas en route lundi pour la partie décisive dans sa Sazka Arena, il se qualifiera pour les demi-finales.

Compte-rendu signé François Borel-Hänni

 

Commentaires d'après-match (sur les sites officiels des clubs)

Juraj Stefanka (attaquant de Vitkovice) : "C'est clairement notre faiblesse : on prend deux buts rapides et on doit les remonter. Quoi, une raison psychologique ? On entend ce genre de conneries en Slovaquie, que l'on a un syndrome avec les Tchèques ou des conneries dans le style. Je ne crois pas. Pour faire court, on a pris deux buts et on devait les remonter... Merci aux gens qui sont partis après le quatrième but. Bien sûr qu'on l'a remarqué. Quand autant de gens partent au début du troisième tiers, ça se voit. Mais je ne veux pas juger le public. Je suis content que le match se soit joué à guichets fermés, mais nous n'avons pas su en profiter. Nous étions en avantage et maintenant nous avons tout à perdre."

Roman Cervenka (attaquant du Slavia) : "L'année dernière, j'avais marqué d'une feinte du revers contre Pinc, j'ai donc juste répété le même geste. Ce n'est pas donné de marquer trois buts, je suis bien sûr content de cette première en play-offs pour moi, surtout dans un match si important pour l'équipe. Nous avons fait ce qu'il fallait dès le début, sauf au deuxième tiers où nous avons été dominés mais où nous avons sauvé le 2-3 en supériorité. Nous apprenons à jouer sur petite glace chez nous et sur grande glace à l'extérieur, peu importe pour nous. Je pensais depuis la fin du match 4 que nous réussirions à égaliser dans la série. La dernière marche est toujours la plus dure, et même si Vitkovice est maintenant au plus bas mentalement, ils viendront sans pression chez nous parce qu'ils n'auront rien à perdre."

 

Vítkovice - Slavia Prague 3-7 (1-2, 1-1, 1-4)

Samedi 14 mars 2009 à 17h00 à la CEZ Arena d'Ostrava. 9398 spectateurs.

Arbitrage de Milan Minár et Roman Polák assistés de Petr Blümel et Stanislav Barvir.

Pénalités : Vitkovice 12' (6', 4', 2'), Slavia 12' (4', 4', 4').

Évolution du score :

0-1 à 07'24" : Micka assisté de Vasicek et Dolezal (sup. num.)

0-2 à 12'03" : Cervenka assisté de Vondrka et Bednar

1-2 à 18'46" : Ujcik assisté de Jurecka et Burger (sup.num.)

2-2 à 32'22" : Stefanka assisté de Krenzelok et Krstev

2-3 à 37'48" : Cervenka assisté de Kadlec (sup. num.)

2-4 à 45'39" : Bednar assisté de Vondrka

2-5 à 49'27" : Micka assisté de Jelinek et Kadlec

3-5 à 51'46" : Hubacek assisté de Jurecka et Ujcik (sup. num.)

3-6 à 52'38" : Cervenka

3-7 à 59'05" : Dolezal assisté de Beranek et D. Hruska

 

Vítkovice

Gardien : Jakub Stepánek puis Marek Pinc à 12'04".

Défenseurs : Michal Barinka - Petr Jurecka ; Petr Kubos - Richard Stehlik ; Pavel Trnka - Angel Krstev (A) ; Ctirad Ovcacik [à 54'].

Attaquants : Lukas Krenzelok - Juraj Stefanka - Lukas Klimek ; Petr Hubacek - Jirí Burger (C) - Vaclav Varada ; Marek Kvapil - Lubomir Hurtaj - Petr Strapac ; Vladimir Svacina - Radim Hruska - Viktor Ujcik.

Remplaçants : Marek Pinc (G), Zdenek Ondrej.

Slavia Prague

Gardien : Dominik Furch.

Gardien : Stanislav Neruda.

Défenseurs : Jiri Vasicek - Pet Kadlec (A) ; Tomas Zizka - Jiri Drtina ; Pavel Kolarik - Karol Sloboda.

Attaquants : Michal Vondrka - Roman Cervenka - Jaroslav Bednar (A) ; Marek Tomica - Josef Beranek (C) - David Hruska ; Tomas Micka - Vladimir Ruzicka Jr - Jiri Dolezal ; Miloslav Cermak - Petr Jelinek ; Lukas Endal [à 28'].

Remplaçants : Dominik Furch (G), Lukas Spelda, Michal Vyhlidal.

 

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