Montpellier - Cergy (14 mars 2009)

 

Championnat de France de division 1, vingt-cinquième journée.

Avec, à la même heure, un stade de rugby Yves-du-Manoir, dégoulinant de monde pour un Montpellier - Biarritz (le BO cher à Lionel Bilbao) d'affiche en Top 14, on aurait pu croire que Végapolis soit désertée. Pas du tout, encore plus de 1100 spectateurs s'étaient donnés rendez vous à Odysseum pour voir les Vipers en découdre avec les Jokers de Cergy. Le match démarrait sur les chapeaux de roue.

David Lapierre profitait d'une énorme bévue de Stanislas Vernikov pour lui dérober le palet et filer seul au but d'un Robert Marton incapable de stopper l'attaquant québécois (0-1, 0'50). Le temps de se mettre en jambe, c'est Alexis Billard qui terminait par un tir lumineux dans la lucarne de Sylvain Michaud l'excellent travail de ses compères de trio, Julius Malcek et Matus Hanes (1-1, 3'56). Les hommes de Cédric Boucamus répliquaient par Roland Fontaine qui profitait de la bourde défensive de la ligne Urusev-Vernikov, exploitée par David Lapierre et Milan Sejna (1-2, 7'30).

Lorsque Guillaume Barthe, le juge de ligne, demandait une fois de plus à Jonathan Dick de céder sa place à Sébastien Aris pour engagement non conforme (...), il ne se doutait pas que Sébastien Gauthier s'emparerait du palet à la mise au jeu et parviendrait à le glisser sous la jambière du gardien slovaque (1-3, 11'34). Un but qui faisait doublement mal, d'abord parce qu'il était marqué en infériorité pour Cergy et ensuite parce qu'il mettait un terme à l'excellent travail du cerbère depuis 5 matchs.

Lionel Bilbao avait bien compris la détresse de son équipe et appelait un temps mort, inusité à ce moment de la partie. L'entraîneur basque avait pris une décision lourde. Malgré l'absence de Marcel Simak, il décidait de coller au banc celui qu'il jugeait coupable de négligence, Stanislav Vernikov, et de modifier ses paires de défenseurs en intégrant Marek Michalovic, le joker des Vipers.

Ilya Urusev, paniqué par l'absence de son mentor, rejoignait le banc des pénalités. Un palet dégagé, mais stoppé par l'arbitre posté le long de la bande, fournissait à Olivier Viennot l'occasion de trouver Sébastien Gauthier qui surprenait Marton (1-4, 15'12). Celui-ci quittait instantanément le match pour donner sa place à Fabrice Agnel.

Le premier qui embouchait le clairon de la remobilisation était Sébastien Aris : sur une belle ouverture de Marc-André Allard, l'énergique attaquant forçait le verrou Michaud (2-4, 15'22) et laissait ses coéquipiers rentrer au vestiaire avec deux buts de retard, certes, mais avec une marge de manœuvre suffisante pour revenir.

La marge s'amenuisait dès l'entame. Au premier engagement, les Vipers laissaient les Cergypontains s'enfoncer dans leur zone de défense. Le premier sur le palet était Édouard Outin, qui le récupérait dans le coin pour le remettre devant le slot. C'est Sébastien Gauthier qui s'en emparait pour le glisser dans la cage de Fabrice Agnel (1-5, 20'15). À peine réinstallés en jeu de puissance, les Jokers aggravaient le score quand Olivier Viennot parvenait à transmettre le cylindre noir à Sébastien Gauthier. Sa passe à Edouard Outin était transformée en or par une reprise dans le mouvement qui ne laissait aucune chance au gardien des Vipers (2-6, 21'51).

Même le DJ en restait comme deux ronds de flan, oubliant de briser le silence sépulcral par une musique appropriée. Le naufrage semblait alors total et les nuques ployées des Montpelliérains en disaient plus long que tout autre discours. Avec quatre buts à remonter, la messe était dite...

C'est Sylvain Michaud qui permettait aux Vipers de trouver dans l'humiliation la rage nécessaire pour renverser le cours des choses. Ses sorties de cage, ponctuées de jeux avec la crosse loin de ses bases, de longues passes sous le nez des attaquants, avaient quelque chose de profondément méprisant, comme si l'adversaire était devenu quantité négligeable. Grosse erreur !

Julius Malcek lui rappelait le sens des convenances). Matus Hanes avait justement récupéré un palet perdu par le gardien et le donnait au centre slovaque qui passait en revue toute la défense pour le glisser sous des bottes pas assez rapides pour lui (3-6, 28'36). Un autre qui lui faisait savoir que le respect de l'adversaire et l'humilité restait une vertu majeure dans le sport, Marc-André Allard finissait une action de Josse Mielonen et Jonathan Dick par un tir foudroyant (4-6, 30'10).

Le vent de révolte passait par Thomas Duménil qui n'hésitait pas à sévir pour garder les Vipers dans le momentum du match. Les débats se tendaient de plus en plus, intelligemment régulés par l'arbitre, sans excès, mais avec fermeté.

La première pénalité contre les hommes verts donnait le ton des intentions montpelliéraines en troisième période. Bombardé de toutes parts, le cerbère des Jokers paraît au plus juste pour éviter que la vague orange et bleue ne submerge son équipe. C'était reculer pour mieux sauter. À peine revenu à parité, Josse Mielonen passait par Marc-André Allard qui donnait le disque à Jonathan Dick dont le poignet ne laissait aucune chance à Sylvain Michaud (5-6, 44'47).

Mais l'exploit, c'est Marc-André Allard qui allait le signer... Posté derrière la cage, il se penchait pour ramasser le palet sur sa palette. D'un mouvement fluide il transportait le cylindre dans le creux de la courbe de sa crosse pour le déposer derrière l'épaule de son compatriote. Un tel move digne des plus beaux "hightlights", à ce moment de la partie, faisait se lever toute la patinoire qui explosait autant à l'égalisation qu'à la prouesse technique (6-6, 47'17).

L'exploit allait laisser la place à la stupéfaction. Roland Fontaine remettait sur orbite les hommes de Cédric Boucamus lorsqu'il logeait le palet entre les jambières de Fabrice Agnel (6-7, 50'20). Un autre Viper se levait alors, Matus Hanes, pour y aller de ses feintes magiques et loger le palet sous la barre de Sylvain Michaud (7-7; 52'16). P... ! 7-7 ! Les spectateurs encore debout pour cette égalisation applaudissaient à tout rompre.

Avec près de huit minutes à faire, l'on se disait que tout était possible et cette double remontée ne pouvait s'arrêter là. Les Vipers multipliaient les occasions (24 tirs dans le seul troisième tiers), mais les Jokers parvenaient à s'en sortir et comme d'habitude l'équipe menée dans le jeu prenait les devants. Olivier Viennot se trouvait à la réception d'un palet transmis par Édouard Outin. Malgré la tentative désespérée de Jérôme Catil, le Cergypontain crucifiait les 1100 spectateurs en passant dans le trou de souris laissé par Fabrice Agnel (7-8, 59'28). Un Fabrice d'autant plus malheureux qu'il avait multiplié les gros arrêts.

C'est là que l'inexplicable se produisait... Cédric Boucamus, auteur jusque là d'un plan de match parfait, donnait à Lionel Bilbao l'occasion d'un temps mort (59'35) que celui ci avait déjà "grillé" au premier tiers-temps. Le plus incompréhensible est qu'il demandait ce temps mort alors que les Vipers avaient un engagement dans la zone de Cergy. Le coach montpelliérain profitait de l'occasion pour conférer avec ses troupes et organiser la mise au jeu. Il sortait Fabrice pour donner un sixième homme...

C'est comme au ralenti.... L'engagement gagné par Jonathan Dick parvenait à Marc-André Allard. Celui-ci lançait sans se poser de question. Le palet ricochait par Ilya Urusev et par Julius Malcek (8-8, 59'39). Un homme rachetait alors son début de match : Stanislav Vernikov quittait doucement sa ligne bleue pour se positionner devant le gardien, son imposant gabarit masquant le cerbère pour l'égalisation.

Bien sûr, on ne retiendra pas de ce match de folie la faillite défensive des deux équipes. On constatera la formidable volonté des deux formations de ne pas laisser un centimètre à l'autre. Revenus de nulle part, les Vipers auront démontré qu'à la volonté, ils savaient ajouter la rage. D'excellent augure pour des play-off où l'on connaît maintenant leur adversaire pour les quarts de finale : les Castors d'Avignon qui n'ont pu passer chez eux l'obstacle des Galaxians d'Amnéville et qui sont désormais à un point des Montpelliérains...

Compte-rendu du site officiel de Montpellier

 

Montpellier - Cergy 8-8 (2-4, 2-2, 4-2)

Samedi 14 mars 2009 à 19h30 à Végapolis. 916 spectateurs.

Arbitrage de Laurent Vaissaire assisté de Guillaume Barthe et Patrick Peythieu.

Pénalités : Montpellier 12' (2', 10', 0'), Cergy 8' (2', 4', 2').

Tirs : Montpellier 43 (10, 9, 24), Cergy 42 (9+4, 17, 12).

Engagements : Montpellier 31 (9, 10, 12), Cergy 26 (4, 14, 8).

Évolution du score :

0-1 à 00'50" : Lapierre

1-1 à 03'56" : Billard assisté de Hanes et Malcek

1-2 à 07'30" : Fontaine assisté de Lapierre et Sejna

1-3 à 11'34" : Gauthier (inf. num.)

1-4 à 15'12" : Gauthier assisté de Viennot (sup. num.)

2-4 à 15'22" : Aris assisté d'Allard

2-5 à 20'15" : Gauthier assisté d'Outin

2-6 à 21'51" : Outin assisté de Gauthier et Viennot (sup. num.)

3-6 à 28'36" : Malcek assisté de Hanes

4-6 à 30'10" : Allard assisté de Dick et Mielonen

5-6 à 44'47" : Dick assisté d'Allard et Mielonen

6-6 à 47'17" : Allard

6-7 à 50'20" : Fontaine assisté de Hostein et Lapierre

7-7 à 52'16" : Hanes assisté de Billard et Vernikov

7-8 à 59'28" : Viennot assisté d'Outin et Konopka

8-8 à 59'39" : Malcek assisté d'Urusev et Allard

 

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