Épinal - Rouen (6 mars 2009)

 

Quart de finale de Ligue Magnus, match 3.

Les Dragons font échec et mat

Si les Dauphins ont banni toute forme de complexes cette saison, ils ont dû se rendre à l'évidence. Ce Rouen-là, parfois suffisant en championnat, dispose d'une expérience incomparable en playoffs. C'est d'autant plus vrai que les Normands ont un titre à défendre. Pour la première manche à l'Ile-Lacroix (6-3), ils ont fait le métier. Pour la seconde, ils ont déroulé (7-1). L'ICE fait donc face à l'élimination avec une seule alternative possible. Se transcender comme jamais pour signer le match parfait.

Un Rouen à la canadienne

Mais les Dragons veulent que leur plan se déroule sans accrocs. Pour ce faire, ils s'engagent à fond dans les duels et s'octroient rapidement le contrôle du disque. Le ton est donné. Il faut deux minutes à Édouard Dufournet, sur la mise au jeu en zone offensive, pour exploiter les largesses du troisième bloc maison et servir Strozynski dans le slot (0-1 à 02'28").

Conformément aux souhaits de Shawn Allard, ses "boys" ont du répondant mais un surnombre (05'44") vient annuler leur première supériorité numérique (04'31"). C'est-là qu'entre en jeu le redoutable powerplay normand, qui s'articule autour de Peltola et Thinel avec l'appui de Jean-François David. Le tireur d’élite canadien fait parler la poudre par deux fois en touchant notamment le montant de Stan Petrik (9e). Eero Väre étant blessé de longue date, le Slovaque était attendu devant le filet ; Shawn Allard étant mécontent du travail (et des rebonds) fourni par le Finlandais mercredi.

Rouen poursuit sur sa lancée des deux premiers matchs et ne lésine pas sur le défi physique. Les contacts sont très rudes et l'agressivité permanente. C'est notamment le cas d'Olivier Bouchard, au jeu très direct et ponctué de solides mises en échec. L'ailier canadien, très intimidant, s'en donne à cœur joie contre la bande et joue des coudes sur Chassard pour écoper d'une pénalité qui lui pendait au nez (09'20").

Les Rouennais payent donc le prix de cette intensité mais ne semblent pas courir de réels dangers. Il est vrai qu'à l'arrière leurs armoires à glace (les David, Glad, Virolainen et Carlsson) font le métier grâce à une couverture leur permettant de maîtriser les lignes de passes et de verrouiller leur zone. Enfin jusqu'à ce palet perdu par Niskavaara et ce lancer spontané de Simko sur la barre (11'01").

Malmenés contre les balustrades, les Vosgiens ont toutefois le mérite de garder leur sang-froid malgré d'incessantes provocations. Stéphane Gervais reste diplomate avec Jérémie Romand tandis que Tarik Chipaux, qui n'a pas froid aux yeux, se contente de toiser Marc-André Thinel (10'19"). Car les  Dragons se dispersent, à l'image d'un Julien Desrosiers résolument chambreur.

Comme Ramon Sopko fait bonne garde et couvre bien ses angles (quitte à multiplier les sorties audacieuses), cela devient vite frustrant pour les Dauphins. Ce sentiment est amplifié par la sortie prématurée de Jan Simko, qui souffrait des cervicales avant le match (16'04"). Plus de peur que de mal en revanche pour Jan Plch, touché par un dégagement de Petri Virolainen (17'36").

Ces deux pertes (même si celle de Plch n'est que momentanée) n'aident pas à franchir ce fameux rideau défensif, transformé en rampe de lancement pour des attaquants toujours disposés à jouer les contres. Aussi Doucet exploite-t-il une approximation de Chassard pour s'amener aux avant-postes. Desrosiers, le deuxième larron, est aussitôt mis sur orbite pour fixer la lucarne. Sans réussite (18'20"). Son ancien coéquipier Benoît Quessandier, lui, avait les coudées franches pour égaliser mais pêche faute de lucidité (19'29").

N'est pas buteur qui veut. C'est le principal enseignement d'un tiers médian où les deux cerbères vont tenir un rôle majeur. Tour à tour Petrik (sur un débordement de Dufournet, 22'21") puis Sopko (sur une échappée de Chipaux, 23'24") se mettent en évidence. Stanislav Petrik est même "petrikéen" d'un lancé de bottes enrayant le break-away d'Eric Doucet (25'36"). Il faut bien ça pour retarder l'échéance, d'autant que ses partenaires ne prennent pas l'ascendant sur un box-play très rigoureux et restant une source inépuisable de récupérations et de contre-attaques.

Le poteau de Gervais, l'opportunisme de Thinel

S'ils laissent davantage d'initiatives aux Dauphins, les Dragons se montrent contrariants dans leur échec-avant en pressant efficacement le porteur du palet. Éric Doucet s'y collenotamment, mais n'obtient pas la réussite escomptée. Les Normands s'exposent du coup à de sévères représailles. On y retrouve forcément Jan Plch, qui fait suer Sopko malgré l'opposition de Thinel (35e). On y voit également Salmivirta, qui enrhume son vis-à-vis sans plus de réussite (36'22"). Sans oublier l'inévitable Gervais, dont les slaps sont entrés dans la légende de Poissompré. Le tir croisé du Canadien aurait pu être de ceux là s'il n'avait trouvé le montant (38'18"). Mais au lieu de cela, c'est Marc-André Thinel, à bout portant, qui va doubler la mise (0-2 à 38'31"). L'instinct du buteur...

Rouen a fait le plus dur. Reste maintenant à contrôler le rythme, à gérer tout en restant à l'affût de chaque opportunité. Trop brouillons, les Spinaliens sont ainsi piégés par une accélération de Thinel côté droit. Olivier Bouchard, qui avait bien suivi, profite du décalage pour marquer en bout de course, au second poteau (0-3 à 47'11"). On connaît les propensions qu'ont les hommes d'Alain Vogin à bonifier ces petits riens qui font toute la différence. Et même si les Dauphins sont dans les cordes, ils ne veulent pas rendre les armes sans un baroud d'honneur. Problème, Ramon Sopko fait son match devant le filet et se dresse en obstacle infranchissable.

Si un Spinalien aura tapé dans l’œil d'Alain Vogin cette saison, c'est bien Ilpo Salmivirta. Ce grand gabarit ne brille pas seulement par ses placements dans le slot, où il reste un prédateur aux rebonds ou aux déviations. Le Finlandais est surtout doté de bonnes mains, ce qui lui permet de temporiser pour servir Jan Plch dans un fauteuil (1-3 à 54'27").

L'ICE retrouve du poil de la bête mais a laissé passer sa chance depuis longtemps. Les "boys" d'Allard avaient peut-être un bon coup à jouer mais Rouen a fait la différence en deux temps trois mouvement. Lancé dans le dos de la défense, Jarkko Glad échoue sur Stan Petrik, avant que Ramon Sopko ne brandisse sa mitaine sur un plomb de Stéphane Gervais (58'38"). Deux actions aussi anecdotiques que le dégagement gagnant de Marc-André Thinel dans une cage désertée (1-4 à 59'29").

Surprendre Rouen en saison régulière est une chose. Battre les Dragons en playoffs en est une autre. S'ils ont calmé leurs ardeurs à la mi-match, les Rouennais ont tiré profit d'une solide assise défensive qui n'aura laissé que des miettes au jeu de puissance local. Et comme leur potentiel offensif ne s'est pas exprimé en supériorité numérique, les unités spéciales se sont neutralisées. Le vétéran Mikko Peltola, le plus saignant des avants, n'est pas étranger à ces constats tant il a pesé sur le jeu par son abattage de tous les instants.

Même s'ils sortent blanchis de leur série, les Spinaliens peuvent sortir la tête haute. Leur saison, marquée d'une sixième place historique et d'une poignée d'exploits retentissants fut tout bonnement exceptionnelle. C'est plus qu'assez pour soulever une ovation bien méritée de Poissompré. Shawn Allard dans son discours de clôture, pouvait être fier de ses troupes qui, au prix d'un travail acharné, auront bien résisté à l'ogre normand.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Rouen 1-4 (0-1, 0-1, 1-2)

Vendredi 6 mars 2009 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1276 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Bourreau assisté de Yann Furet et Matthieu Loos.

Pénalités : Épinal 8' (4', 2', 2') ; Rouen 16' (10', 2', 4').

Tirs : Épinal 29 (8, 12, 9) ; Rouen 33 (12, 11, 10).

Évolution du score :

0-1 à 02'08" : Strozynski assisté de Dufournet et Lampérier

0-2 à 38'31" : Thinel

0-3 à 47'11" : Bouchard assisté de Thinel et Peltola

1-3 à 54'27" : Plch assisté de Salmivirta et Sundqvist

1-4 à 59'29" : Thinel assisté de Glad et Virolainen

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik [sorti de sa cage à 58'38"].

Défenseurs : Benoît Quessandier - Stéphane Gervais (A) ; Peter Slovak - Fabien Leroy ; Borislav Ilic - Lionel Simon.

Attaquants : Jan Simko [puis Ilpo Salmivirta à 16'04"] - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Ilpo Salmivirta [puis Chipaux à 16'04"] - Alexander Sundqvist - Guillaume Chassard (A) ; Guillaume Papelier - Ryan Caicco - Tarik Chipaux [ou Erwan Agostini jusqu'à 16'04"].

Remplaçant : Mathieu Perrin (G). Absents : John Paulson (entorse du genou), Eero Väre (genou).

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Petri Virolainen - Jarkko Glad ; Jaako Niskavaara - Jean-François David ; Daniel Carlsson (A).

Attaquants : Olivier Bouchard - Mikko Peltola - Marc-André Thinel (A) ; Julien Desrosiers - Éric Doucet (C) - Jérémie Romand ; Édouard Dufournet - Loïc Lampérier - Sébastien Strozynski.

Remplaçants : Ronan Quemener (G), Cédric Custosse, Peter Bourgaut, Thomas Baubriau. Absent : Carl Mallette (opéré de la paroi abdominale).

 

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