Montpellier - Annecy (28 février 2009)

 

Championnat de France de division 1, vingt-troisième journée.

Crispés. Les joueurs de Lionel Bilbao abordaient ce match d'une bien curieuse façon, comme tétanisés par l'enjeu. Où était l'équipe conquérante qui avait su faire exploser le Drakkar par le pire score subi par les Normands cette saison ?

Certes, les équipiers de Sébastien Aris, encore indisponible, étaient dominants en ce premier tiers-temps, mais les quelques occasions franches obtenues ne servaient qu'à mettre le gardien Joffrey Pingrit en confiance. Un gardien habitué des exploits à Végapolis, lui qui était déjà venu contrarier les plans des Héraultais l'an dernier. On savait la formation de Franck Murgier particulièrement solide en défense. Outre les gardiens, l'expérience de Jean-François Bonnard a apporté à cette équipe un incontestable réalisme défensif, ombré de Ligue Magnus. Les Vipers butaient donc sur un portier littéralement en transe et une défense qui sait resserrer les rangs quand il faut.

Le suspens montait d'un cran, ravissant les spectateurs nombreux qui étaient venus garnir copieusement les travées de Végapolis. Parmi ceux-ci on notait la présence des jeunes U9 de Narbonne, invités à supporter les Vipers, porte-couleurs en Division 1 de la Ligue Régionale Languedoc-Roussillon. Une Ligue à l'honneur en cette soirée, puisque les Aigles des Pyrénées de Font-Romeu allaient se qualifier pour les play-off de division 2.

Les débats reprenaient, tendus, crispants, étouffants, entre deux équipes qui semblaient s'annihiler l'une l'autre. Des Chevaliers du Lac, jouant là leurs dernières cartouches pour une participation en play off, on comprenait bien qu'ils soient tendus comme une corde à violon, mais, pourquoi donc les Vipers ânonnaient-ils ainsi leur hockey ?

Avec comme seule ambition de trouver un coéquipier démarqué au plus profond de la zone adverse, les Montpelliérains s'épuisaient en stériles ouvertures qui ne provoquaient que des revirements propices aux Hauts-Savoyards pour de plus en plus d'occasions nettes et dangereuses contre le gardien.

Robert Marton tient visiblement la corde depuis un match référence, celui de Caen. C'est donc lui que Lionel Bilbao avait choisi pour affronter les hommes du président Golaz. Les Hauts-Savoyards finissaient par trouver la faille sur un engagement raté par les Montpelliérains. Le palet sorti vers l'arrière se trouvait comme aspiré par la palette de Romain Laplace. Le jeune homme ajustait la cage du gardien montpelliérain. C'est une autre palette qui allait faire la décision, celle de Bastien Sangiorgio qui déviait le palet à côté de la botte tendue de Robert Marton (0-1, 26'43).

Les Vipers, piqués au vif, tentaient de reprendre la main. C'était compter sans le gardien d'Annecy. Julius Malcek décidait d'imprimer du rythme et le magicien slovaque faisait se lever les spectateurs avec des feintes de haute volée et un maniement de bâton décidément hors du commun. Mais le talent ne suffisait pas suffire. Accablé de coups, d'entraves diverses et variées, le talentueux attaquant ne pouvait pas compter sur la compréhension de l'arbitre. Julien Avavian avait décidé que les gestes à son encontre ne justifiaient pas la sanction et les Vipers perdaient là l'un de leurs atouts majeurs.

Mais ils n'avaient qu'à s'en prendre à eux-mêmes. Stérile, voire stéréotypé, leur jeu n'avait pas à en appeler aux coups de sifflet de l'arbitre pour créer le surnombre. Les maladresses se succédaient jusqu'à cette contre-attaque de Marc-André Allard qui se présentait seul devant le gardien, alors que les Vipers avait un homme au cachot (31'13). Le jeune Québécois échouait et l'on se demandait bien comment les Vipers allaient se sortir du piège qui se refermait inexorablement sur eux.

Le retour des vestiaires ne laissait en rien présager que la physionomie du match puisse tourner en faveur des locaux. À nouveau empruntés, les hommes de Lionel Bilbao tournaient autour du pot, faisant craindre le pire aux partisans du club. Mais pas à son coach...

Comme le dira l'entraîneur, à l'issue du match, s'il est bien un pan du jeu des Vipers où ils sont en constante progression, c'est la gestion du troisième tiers-temps. À bien y regarder, voilà quatre matchs où pas un but n'est pris dans l'ultime période. Dans ces quatre rencontres, les Vipers ont connu toutes les configurations à l'entame du troisième tiers. Mener au score, comme devant Caen et Valence. Être à égalité comme à Reims. Restait le dernier cas de figure : être mené...

C'est Matus Hanes qui levait l'hypothèque prise par les Chevaliers sur la poursuite des bons résultats montpelliérains. Le virevoltant attaquant profitait du travail de Julius Malcek et Alexis Billard pour inscrire d'un magistral revers le but de l'égalisation (1-1, 47'51). Devant une foule en délire, l'attaquant slovaque montrait en empoignant le maillot à la place du cœur avec ses collègues de trio que rarement l'orange et bleu avait été aussi bien porté que cette saison. Ce n'était pas assez. Une petite poignée de secondes plus tard, alors que les deux équipes étaient réduites à 4 contre 4, l'ailier mystifiait toute la défense savoyarde en débordant de l'arrière de la cage, dribblant le gardien... Matus Hanes, tout seul, donnait l'avantage à son équipe (2-1, 49'11).

Une pénalité tuée par les Savoyards et c'était la troisième ligne qui pénétrait sur la glace pour le retour à parité. Bien alerté par Mathieu Hottegindre, Yann Fornaguera débordait sur la gauche de la cage et faisait se coucher Jeoffrey Pingrit pour une estocade qui délivrait les 1100 poitrines qui retenaient leur souffle (3-1, 56'18).

Dès lors, les chevaux étaient lâchés. Marc-André Allard s'y reprenait à deux fois, poteau sortant inclus, pour glisser la palet au fond de la cage (4-1, 56'57). Le valeureux Jean François Bonnard se retrouvait au cachot pour une charge incorrecte réprimandée par Julien Avavian. Stanislav Vernikov réceptionnait dans le dos une passe d'Alexis Billard pour un pivot à ras du poteau (5-1, 58'42). Jonathan Dick ne laissait à personne le soin de clôturer les débats. Sur réception de Matus Hanes, il tirait sur le gardien qui avait le malheur de ne pas assez geler le palet sous son gant. Une faute que le vif attaquant ne pardonnait pas en étant le premier pour chiper le palet et l'envoyer au fond (6-1, 59'48).

C'est une véritable foule en liesse qui acclamait les Vipers pour ce final de rêve. Des Vipers qui sacrifiaient encore une fois au rituel de l'exécution en série et qui voyaient les pom pom girls les rejoindre pour un "haka" final sur la glace... Sacrée soirée !

En écartant les Chevaliers de la course aux Play Off, les Vipers ont démontré une belle force de caractère. Le cœur de Matus Hanes et de ses compères de trio a été la bougie d'allumage après laquelle leurs coéquipiers se sont engouffrés. Cette équipe pleine de talent est maintenant aussi pleine de volonté et de hargne. Elle doit surtout réduire son avenir au prochain samedi et ne penser qu'à ça.

Compte-rendu du site officiel de Montpellier

 

Montpellier - Annecy 6-1 (0-0, 0-1, 6-0)

Samedi 28 février 2009 à 19h30 à Végapolis. 1169 spectateurs.

Arbitrage de Julien Avavian assisté de Guillaume Fontaine et Adrian Popa.

Pénalités : Montpellier 8' (2', 4', 2'), Annecy 12' (4', 2', 6').

Évolution du score :

0-1 à 26'43" : Sangiorgio assisté de R. Laplace

1-1 à 47'51" : Hanes assisté de Malcek et Billard

2-1 à 49'11" : Hanes

3-1 à 56'18" : Fornaguera assisté de Hottegindre

4-1 à 56'57" : Allard assisté de Sandsjö et Dick

5-1 à 58'42" : Vernikov assisté de Billard (sup. num.)

6-1 à 59'48" : Dick assisté de Hanes

 

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