Épinal - Chamonix (28 février 2009)

 

Premier tour des play-offs de Ligue Magnus, match 3.

Mission accomplie !

Fini le hors-piste, les Dauphins ont rectifié le tir (8-5). Les voilà partis pour un match sans lendemain, qui ouvrira les portes des quarts de finales face à Rouen. Une partie où la pression va s'exercer des deux côtés, et plus seulement chez les Spinaliens comme c'était le cas la veille. Pour les Chamois aussi il est question de survie...

Shawn Allard persiste et signe dans ses choix tactiques. Les blocs sont donc inchangés avec, notamment, les mêmes associations défensives. Lionel Simon, par exemple, s'est finalement bien intégré aux côtés de Stéphane Gervais, avec qui il forme une paire complémentaire. Un duo qui ne donne pas sa part au chien dans le défi physique.

S'ils ont repris l'ascendant psychologique, les Dauphins sont loin d'avoir maîtrisé leur sujet la veille. Une tendance qui se confirme dès les premiers instants avec une troisième ligne locale déjà dépassée par les événements. Une perte de palet de Borislav Ilic profite ainsi à Chad Euverman mais le Canado-Néerlandais, connu pour sa polyvalence, rate la cible (02'20"). Hormis ces quelques péripéties, les Spinaliens redoublent de vigilance. Car ce soir, malheur au vaincu, et l'enjeu prend logiquement le pas sur le jeu.

Emballé...

Partant du principe que la meilleure attaque reste la défense, l'ICE soigne ses placements et prend le temps de s'appliquer dans ses relances. Une façon de surveiller ses arrières, d'autant que "Cham" reste très brouillon dans la construction. Les hommes d'Alan Jacob vont même ouvrir quelques brèches en concédant deux pénalités coups sur coups. Deux pensums pas exploités par un powerplay se heurtant déjà à Sami Heinonen. Impeccable sur les lancers à ras de glace, le Finlandais semble posséder toute une panoplie. Il sort ainsi sa plus belle mitaine devant Petrak (08'36") mais ne peut rien sur un slap de Slovak repoussé par son poteau. En découle une belle mêlée d'où s'extrait Sundqvist pour déflorer la marque (1-0 à 09'20").

Cela ressemble à s'y méprendre au scénario de la veille. Comme hier, Chamonix étale ses lacunes en supériorité numérique et prend une leçon de box-play. Les Dauphins, consciencieux et toujours en mouvement, privent l'adversaire de solutions et complètent chaque forecheck d'une mise en échec. Ils font même tourner la rondelle, libérés qu'ils sont par l'ouverture du score. Leur potentiel s'exprime donc de mieux en mieux, à l'image d'un axe Plch-Salmivirta à surveiller comme le lait sur le feu (13'23"). Rien ne semble les contrarier, pas même cette pénalité qui fleure bon la compensation (Quessandier à 14'03").

Tout est plus simple quand chacun répond présent. Petrik est là quand il le faut. Gervais aussi lorsque Cesky se présente en un contre un suite à une interception de Tobiasson-Harris. Lancé dans l'axe, Jaroslav Cesky est stoppé net par le Franco-Ontarien mais répond aussitôt d'un cinglage (16'32"). Le jeu de puissance revient donc aux affaires et Chassard, décalé côté gauche par Gervais, y va d'une reprise gagnante (2-0 à 16'51").

Jusque là, tout va bien dans le meilleur des mondes. Sauf que la table de marque a "effacé" d'un coup les deux pénalités en cours de Veydarier et de Cesky. Comme les arbitres ne s'en étaient pas rendu compte, le jeu se poursuivait comme si de rien n'était. Après de longues palabres, une "solution" est finalement trouvée. Celle de stopper le chrono pendant 1'40" pour ensuite le réactiver manuellement. Folklorique !

Le temps s'arrête donc, à 18'08" et à cinq contre quatre. Mais tous ne l'ont pas compris. C'est le cas de Sami Heinonen, qui s'agite comme un beau diable et commence même à s'énerver avant qu'il ne pige le truc. Le plus incroyable dans tout cela, c'est qu'il n'est même pas sorti de son match. Le protégé d'Alan Jacob est vite remis de ses émotions en signant deux belles parades à bout portant. Un premier réflexe devant Salmivirta à bout portant (à 18'08"...) avant de faire le show en cueillant de sa mitaine un essai de Petrak.

"Un tiers pour creuser l'écart et l'autre pour les renvoyer dans les Alpes" ! La voix-off de Poissompré ne croyait pas si bien dire. Mais l'ICE, en tombant dans un faux-rythme, retarde cette "prophétie" et se met en danger. Par chance, le jeu de puissance des Chamois se cherche désespérément et reste une proie facile pour la boîte vosgienne. C'est-là qu'arrive Jan Plch, dont le tir excentré à ras de glace fait mouche (3-0 à 25'06"). Sami Heinonen passe-là un sale quart d'heure et manque même de se faire dégommer par un plomb d'Ilpo Salmivirta (25'16").

On se dit alors que "Cham" a laissé beaucoup de forces dans la bataille hier. On les sent même dans le dur tant ils peinent à contenir une activité locale se déclinant en longues séquences offensives. Mais voilà, une poignée de coups de sifflets redistribue les cartes. À l'écart tout au bout du banc, l'introverti Eero Väre regarde d'un oeil distrait son concurrent Stanislav Petrik réaliser un sans-faute. Du moins jusqu'à cette double infériorité numérique où il laisse filer un tir à la pointe d'Emil Tobiasson-Harris (3-1 à 28'19"). Dès lors, les Spinaliens sentent le vent du boulet et Fabien Leroy manque même de dévier contre son camp un centre d'Aram Kevorkian (28'43"). Sans la présence d'esprit de Petrik, le but était assuré. Mais la réussite le fuit, comme sur ce tir contré de Kara revenant sur un Aimonetto opportunément placé au premier poteau (3-2 à 29'31"). Il n'en fallait pas davantage pour relancer Chamonix. L'ICE, elle, semble perdre le fil du match...

Les Dauphins frisent plus d'une fois la correctionnelle dans ce tiers médian, où les Chamois ont repris du poil de la bête. Totalement requinqués, ces derniers retrouvent leur agressivité sur le porteur du palet en maîtrisant de la zone neutre. Incapables de prendre la vitesse nécessaire à l'élaboration de leurs schémas, les Vosgiens subissent. Leur seul réconfort est la perspective d'amorcer le dernier acte en supériorité numérique avec une crosse haute signalée à l'encontre de Patrick Mbaraga, le stabilisateur de la défense (39'51").

Tout reste à faire au retour des vestiaires, à commencer par installer le jeu de puissance. C'est chose faite malgré la ténacité alpine et les arrêts répétés d'Heinonen sur deux missiles de Salmivirta (40'44") et Petrak (40'50"). La pression, omniprésente, s'accentue donc sur les gardiens, qui détiennent le sort du match entre leurs mains. Ou sur leurs poteaux, comme ce contre initié par Kevorkian côté droit et conclu par Kara d'un tir sec (43'17").

De son côté, Heinonen se démultiplie pour retarder l'échéance. Car l'horloge tourne et ses partenaires confondent parfois vitesse et précipitation sur leurs contre-attaques. Ils misent beaucoup sur l'entente régnant entre Cesky et Tobiasson-Harris, deux attaquants sans cesse sur la brèche. Et que dire d'Aram Kevorkian, insaisissable et tout bonnement remarquable sur l'ensemble de la série.

Lorsque Tarik Chipaux, pendant local de Kevorkian, lance Guillaume Papelier dans le dos de la défense, Sami Heinonen n'a qu'à serrer les bottes (51'03"). En revanche, quand Jan Plch se présente, c'est-là une toute autre chanson. C'est bien connu, les grands joueurs savent se faire oublier pour mieux se retrouver dans les moments-clés. Le premier dribble du Slovaque fait la différence et lui permet de prendre le repli à contre-pied pour mieux ajuster la lucarne (4-2 à 51'49").

... c'est pesé !

"Cham" ne s'en relèvera pas, d'autant que Michal Petrak enfonce le clou en éliminant à son tour l'homme masqué (5-2 à 52'58"). Au four et au moulin, le Tchèque abat un travail colossal dans les deux sens. On ne peut pas en dire autant de Ryan Caicco, même si l'Italo-Canadien signe le but de sa vie en jaillissant à sa ligne bleue pour filer côté gauche et trouver le petit filet opposé d'un maître-tir des poignets (6-2 à 56'55"). On aura tout vu !

Passablement démobilisés, les Haut-Savoyards laissent des espaces et terminent en roue-libre. Un poil frustrés tout de même, malgré le goal anecdotique de Dorian Duchosal (6-3 à 57'52"). Un but suivi d'un petit brassage entre le buteur et Bora Ilic. Qu'importe, les Chamois sont éliminés. Il ne leur manqua pourtant pas grand chose pour déjouer des pronostics qui les donnaient battus d'avance une semaine auparavant. S'ils se sont transcendés en offrant une belle résistance, les Alpins n'ont pas tenu sur la durée. Les yeux dans le vide malgré l'hommage du public, les "boys" d'Alan Jacob ont dû trouver la route bien longue.

Les Spinaliens, eux, ont appris que les qualités intrinsèques ne suffisent pas sans une certaine rage de vaincre. C'est ce qui aura fait la balance de leur côté. Pour eux, Rouen, c'est déjà demain !

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Chamonix 6-3 (2-1, 1-2, 3-1)

Samedi 28 février 2009 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1188 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de David Courgeon et Adrien Ernecq.

Pénalités : Épinal 12' (4', 6', 2') ; Chamonix 10' (8', 2', 0').

Tirs : Épinal 38 (14, 9, 15) ; Chamonix 25 (8, 8, 9).

Évolution du score :

1-0 à 09'20" : Sundqvist assisté de Slovak et Simko (sup.num.)

2-0 à 16'51" : Chassard assisté de Gervais et Petrak (double sup. num.)

3-0 à 25'06" : Plch assisté de Salmivirta

3-1 à 28'19" : Tobiasson-Harris assisté de Cesky et Torgersson (double sup. num.)

3-2 à 29'31" : Aimonetto assisté de Kara (sup. num.)

4-2 à 51'49" : Plch

5-2 à 52'58" : Petrak

6-2 à 56'55" : Caicco (inf. num.)

6-3 à 57'52" : Duchosal assisté de Slupski (sup. num.)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Lionel Simon - Stéphane Gervais (A) ; Benoît Quessandier - Peter Slovak ; Fabien Leroy - Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko - Alexander Sundqvist - Jan Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Michal Petrak - Guillaume Chassard (A) ; Guillaume Papelier - Tarik Chipaux - Erwan Agostini [ou Ryan Caicco].

Remplaçants : Eero Väre (G), Anthony Pernot, Nathan Ganz. Absent : John Paulson (genou, saison terminée).

Chamonix

Gardien : Sami Heinonen.

Défenseurs : Patrick Mbaraga (A) - Fabien Veydarier ; Damien Torfou - Anders Torgersson ; Maxime Claret-Tournier - Kaupo Kaljuste.

Attaquants : Vincent Kara - Richard Aimonetto (C) - Aram Kevorkian (A) ; Jaroslav Cesky - Emil Tobiasson-Harris - Thibault Geffroy ; Chad Euverman - Alexandre Audibert - Erwan Pain ; Dorian Duchosal, Marc Slupski.

Remplaçants : Tom Charton (G), Valérian Croz. Absents : Kristian Kovac (parti début février à Budapest).

 

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