Amiens - Dijon (27 février 2009)

 

Premier tour des play-offs de Ligue Magnus, match 2.

Dijon met la pression...

Malmené en Bourgogne, Amiens n'a déjà plus le choix. Alors que les clignotants étaient au vert en début de semaine, à l'heure de prendre la route pour affronter des Ducs fraîchement défaits à Bercy, les vieux fantômes de l'élimination prématurée subie en 2008 planent au-dessus du Coliseum.

Un accrochage sur Luc Mazerolle, au centre de la glace, permet aux Ducs d'acculer d'entrée leurs adversaires, par des essais de Sabol et de Mazerolle lui-même, servi par Séguy. Gêné par la vitesse d'exécution de Miroslav Kristin, intercalé entre Roussel et Bachet, Amiens réagit toutefois par un lancer excentré de Béron et une accélération de Pazak côté gauche, ponctuée d'un essai vers la lucarne, sur lequel Radovan Hurajt se troue et récupère la rondelle de justesse. Cette poussée gothique aboutit à la première faute dijonnaise, vivement contestée par Stephen Dugas, puni pour dix minutes.

Le jeu de puissance se met en place difficilement, jusqu'à une passe de Pazak vers le deuxième poteau, que son nouveau compagnon de ligne Pierre-Luc Émond ne peut rediriger. Il s'agit de la seule frayeur pour les Dijonnais, que Luc Mazerolle tente par deux fois de soulager, avant de parvenir à trouver Kevin Dugas, seul devant Henri-Corentin Buysse, dont il rate la cage. À son tour en avantage, Dijon se montre plus percutant, grâce à Senko, de la ligne bleue, pour une parade acrobatique de Buysse, longtemps applaudie par une assistance un peu plus clairsemée qu'à l'habitude (09'53").

Appliqués et accrocheurs, les Dijonnais récupèrent plusieurs palets en zone neutre et résistent à Amiens sur le retour à cinq. Cette solidité permet à ses avants de continuer à prendre d'assaut une cage parfaitement gardée face à Miroslav Kristin, à l'affût du danger causé par une accélération d'Erik Bochna face au revenant Vincent Bachet.

Cependant, l'indiscipline joue encore des tours aux hommes de Daniel Maric, particulièrement conspué à l'annonce des deux équipes. Ils sont secourus par leur gardien sur les tirs lointains de Kowalczyk et Glaude. La défense orchestrée par Aymeric Gillet et rarement prise à revers - un changement d'aile rapide de Vincent Bachet mis à part - fait le reste : le grand Jancek écarte le danger et Kristin contraint Pazak à revenir du diable vauvert pour épargner son gardien.

La fin de tiers confirme l'incertitude : au contre de Yannick Offret face à Vladimir Sabol, terminé par un lancer sur le poteau gauche, répond un festival de Luc Mazerolle face à deux adversaires. Le Québécois se déporte sur la droite, résiste finalement à Thomas Roussel et trouve la lucarne (0-1 à 19'47").

La pause ne coupe pas l'élan du numéro 91, à l'origine du grabuge derrière le but de Buysse. Sur la mise au jeu, le palet est exploité sans ménagement par Aymeric Gillet (0-2 à 20'51"). Amiens n'a toutefois pas le temps de gamberger car Tomas Janak envoie la rondelle en dehors de l'aire de jeu. L'occasion est belle de recoller quelque peu à la marque. Martin Paquet, au menton amoché, ne la laisse pas passer, reprenant un centre d'Amado, monté sur la droite face à un Martin Balcik étendu sur la glace (1-2 à 22'46").

Fautifs sitôt leur deuxième but, les Bourguignons se retrouvent dans la situation inverse en voyant Kowalczyk et Bachet accrocher successivement Kristin et Mazerolle, parti en accélération défier Buysse. La double supériorité numérique ne tournant pas comme il le souhaite, Daniel Maric s'emporte alors envers ses joueurs. Le message est parfaitement entendu par Aymeric Gillet, dont le tir de la droite est détourné par Mazerolle (1-3 à 25'44").

Ce filet a le don de couper net tout élan amiénois. Les essais d'Émond, en force puis au ras du but, ne mettent pas Hurajt en difficulté, et c'est même son opposant qui est le plus employé aux abords de la mi-match. Buysse doit en effet s'opposer à Miroslav Kristin, qui repique de l'arrière du but, pour empêcher la marque d'évoluer (29'44"). Le travail de Dauphin ou Séguy, bien positionnés, porte en outre toujours ses fruits face à une formation poussée à concéder plusieurs dégagements interdits.

Martin Paquet s'échine à montrer la voie à suivre, sur un palet envoyé dans le coin par son capitaine, en rendant la pareille à Amado, dont la reprise est manquée, mais il est retenu par Sabol. Le jeu de puissance est cette fois plus létal. Amiens retrouve sa vitesse d'exécution sur une relance rapide vers Miroslav Pazak et Loïc Sadoun, qui envoie la rondelle sur la barre. Dans la continuité de l'action, Julian Marcos expédie le palet, de la droite, vers une cage grande ouverte mais superbement sauvegardée par un retour spectaculaire du gardien slovaque (33'00"). La faute de Luc Mazerolle est celle de trop, occasionnant une nouvelle alerte sur la reprise lointaine de Sadoun, de la ligne bleue. Quelques secondes plus tard, c'est l'autre artilleur, Pavel Kowalczyk, qui parvient à transpercer la forteresse dijonnaise, sur un lancer puissant dont il a le secret (2-3 à 34'23").

Un essai d'Offret, du bout de la crosse pour reprendre une action percutante de Martin Paquet, met encore à contribution Hurajt, mais le Canadien commet une faute susceptible de briser net l'élan de ses partenaires (35'23"). Inspiré dans sa propre zone, Aymeric Gillet peut prendre d'assaut l'autre extrémité de la patinoire, à la recherche désespérée d'une déviation, mais retrouve vite sa position de dernier défenseur en plongeant face à Béron. Il est imité par Juraj Senko, qui préserve l'avance sur une passe vers Yannick Offret.

L'équation est simple pour les joueurs d'Antoine Richer : parvenir à remettre les pendules à l'heure ou voir se terminer prématurément une saison imaginée comme celle du renouveau. Les premiers indices dévoilés par la dernière période ne sont pas réjouissants : la mitaine de Radovan Hurajt est toujours aussi solide, sur un tir de Sadoun, quand sa défense ne contre pas les assauts d'adversaires parfois contraints à lancer à côté de la cage.

... mais s'incline face à un ancien de la maison

Toutefois, Amiens fait preuve d'une capacité à contre-attaquer, surtout soupçonnée chez son adversaire et illustrée par Miroslav Pazak. Lancé par Pierre-Luc Émond, au contre devant Gillet, le Slovaque initie un 2 contre 1 avec Loïc Sadoun, néanmoins annihilé par Hurajt. En partant de son but, Thomas Roussel passe ensuite en revue l'ensemble d'une arrière-garde poussée à la faute (49'54"). Sur l'avantage numérique subséquent, Julian Marcos parvient difficilement à contourner la tour de contrôle Jancek pour inquiéter le gardien de près, mais s'essaie ensuite de plus loin, avec succès, sur un lancer frappé en hauteur (3-3 à 52'53").

La rencontre n'étant pas à un retournement de situation près, c'est au tour des Gothiques de tester la solidité du banc de la prison suite à une incursion de Stephen Dugas aux abords de la cage, d'où il est renvoyé virilement par Pavel Kowalczyk. Le maillot tâché de sang, le capitaine est contraint de regagner le banc et d'emprunter la tunique dévouée au défenseur junior Daniel Masik... Les derniers conseils ayant été distillés par Daniel Maric, la défense picarde est prise d'assaut à la fin du temps réglementaire, par Martin Balcik et Thomas Decock, à la réception d'une passe croisée de Gillet. Le poteau, sur un lancer de Kevin Dugas positionné à droite, vient même au secours de Gothiques toujours en course.

La prolongation est dominée par ces derniers, à la faveur d'une pénalité infligée au patron de la défense des Ducs. Comme devant Strasbourg, les arrières jouent un rôle important dans cette domination, notamment Glaude par deux fois et Kowalczyk, pas plus heureux à distance que Martin Paquet aux abords du but. Toutefois, la plus belle opportunité est dijonnaise, sur une sortie de palet de Gillet bien suivie par Kristin, qui feinte le lancer, contourne la défense par la droite et tente sa chance du revers, en vain. Henri-Corentin Buysse s'oppose également à Stephen Dugas, venu soutenir son talentueux partenaire.

La décision se fait donc aux tirs au but. Décisif pour Dijon au cours du deuxième match des quarts de finale du Super 16 en 2004, Miroslav Pazak est l'homme du match... pour les Gothiques. Il réussit en effet ses deux essais au cours d'une séance bien lancée, d'un lancer net et précis sur la gauche, par Anthony Guttig, et est donc le seul à tromper la vigilance de Radovan Hurajt.

À la faveur d'un jeu de puissance efficace et de la présence d'un joueur hors pair, le Coliseum respire. Comment les Dijonnais, qui ont mené et cru à la qualification, réagiront-ils dans la troisième manche ?

Désignés meilleurs joueurs du match : Miroslav Pazak pour Amiens et Luc Mazerolle pour Dijon.

Compte-rendu signé Mathieu Hernaz

 

Amiens - Dijon 3-3 (0-1, 2-2, 1-0,0-0) / 2-1 aux tirs au but

Vendredi 27 février 2009 à 20h00 au Coliseum. 2400 spectateurs.

Arbitrage de Nicolas Barbez assisté de Matthieu Loos et Yann Furet.

Pénalités : Amiens 16' (4', 6', 6', 0'), Dijon 28' (8'+10', 6'+10', 4', 2').

Évolution du score :

0-1 à 19'47" : Mazerolle

0-2 à 20'51" : Gillet assisté de Séguy

1-2 à 22'46" : Paquet assisté d'Amado (sup. num.)

1-3 à 25'44" : Mazerolle assisté de Gillet (sup. num.)

2-3 à 34'23" : Kowalczyk assisté de Pazak et Sadoun (sup. num.)

3-3 à 52'53" : Marcos assisté de Roussel et Pazak (sup. num.)

Tirs au but :

Dijon : Guttig (réussi), Mazerolle (arrêté), Kristin (arrêté) / Gillet (arrêté)

Amiens : Émond (arrêté), Pazak (réussi), Amado (arrêté) / Pazak (réussi)

 

Amiens

Gardien : Henri-Corentin Buysse.

Défenseurs : Vincent Bachet (C) - Pavel Kowalczyk ; Thomas Roussel - Jean-Philippe Glaude ; Julian Marcos (A).

Attaquants : Loïc Sadoun - Pierre-Luc Émond (A) - Miroslav Pazak ; Matt Amado - Yannick Offret - Martin Paquet ; Grégory Béron - Brian Henderson - Simon Petit.

Remplaçants : Adrien Fénart (G), Maxim Belov, Kévin Hamon, Romain Bault, Jonathan Boehrer. Absent : Anthony Mortas (pied).

Dijon

Gardien : Radovan Hurajt.

Défenseurs : Martin Balcik - Aymeric Gillet (A) ; Juraj Senko - Vladimir Sabol ; Marek Jancek.

Attaquants : Kevin Dugas - Luc Mazerolle - Thomas Decock ; Stephen Dugas (C) - Erik Bochna - Mathieu Séguy ; Tomas Janak ou David Dauphin - Anthony Guttig - Miroslav Kristin (A).

Remplaçants : Julien Roullier (G), Daniel Masik, Antoine Cohen, Loïc Chabert.

 

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