Grenoble - Épinal (24 janvier 2009)

 

Ligue Magnus - Vingt-deuxième journée.

La demi-finale de coupe de France disputée mardi contre Rouen a fait couler beaucoup d'encre avec notamment une réclamation posée par le RHE auprès de la fédération suite à plusieurs décisions d'arbitrage contestées. À peine le temps de savourer leur qualification pour Bercy, les Brûleurs de Loups doivent pourtant replonger dans le quotidien de la Ligue Magnus avec un affrontement difficile face aux Dauphins d'Épinal, sixièmes au classement, une formation qui a montré à plusieurs reprises sa capacité à contrarier les desseins des "gros" du championnat.

Les Grenoblois débutent sur les chapeaux de roues. La tactique de Mats Lusth est visiblement de faire la différence rapidemement et la pression est énorme sur les cages d'Eero Väre, préféré ce soir à Petrik. Le palet va très vite dans la zone offensive, la défense vosgienne est souvent en retard face à la rapidité d'exécution des attaquants grenoblois. Ces derniers se procurent quelques occasions énormes dès les premières secondes et malgré les efforts du portier spinalien, l'ouverture du score de Sivic sur un tir excentré n'en est que plus logique, même si cette occasion n'est pas forcément la plus nette dans ce début de match tout fou (1-0, 01'38"). On s'attend à ce que les Dauphins passent une soirée difficile car les Brûleurs de Loups ne relâchent pas leur étreinte au cours des cinq premières minutes. Väre multiplie les exploits dans sa cage et préserve l'essentiel.

Deux pénalités grenobloises de Nilsson puis Moisand permettent aux Spinaliens de réaliser quelques incursions dans la zone grenobloise, à l'image de Petrak, mais guère plus. Car les hommes de Shawn Allard peinent à trouver leurs marques et se font régulièrement renvoyer dans leur zone par le killing play grenoblois, très efficace ce soir. Les locaux manquent en revanche singulièrement de réalisme. Fleury ne cadre pas son tir en break tout comme Krayzel en échappée quelques minutes plus tard. Forsander échoue à son tour face à Väre au cours d'un tiers-temps qui sera celui des occasions manquées pour Grenoble.

Les minutes défilent et le score reste inchangé, ce qui tient du miracle pour les visiteurs. Et à force de croire au miracle, ils s'enhardissent en tentant quelques coups en attaque : un 2 contre 1 mené par Sundqvist et Plch est tout près de réussir mais Ferhi veille. Sur une action en zone offensive, Jan Plch décale Benoît Quessandier à la ligne bleue et ce dernier transperce Eddy Ferhi d'un tir précis (1-1, 17'28"). Les Brûleurs de Loups ne se démontent pas et tentent de faire la différence, d'autant que Petrak est envoyé en prison dans la dernière minute. Mais rien à faire pour les Grenoblois qui ne parviennent pas à déjouer la vigilance du portier finlandais, lequel permet à son équipe de revenir au vestiaire à égalité, un score loin de refléter la physionomie du premier tiers-temps.

Bis repetita au début de la deuxième période, avec une équipe grenobloise aux avant-postes qui réinstalle son campement dans la zone vosgienne. Krayzel se signale à nouveau mais une nouvelle fois Väre s'impose, préservant les chances de son équipe. Les dix premières minutes du tiers sont 100% grenobloises avec une nouvelle tentative de Krayzel puis un autre de Forsander, toutes stoppées par Väre. Les Spinaliens, disciplinés ce soir, finissent par concéder leur deuxième pénalité par Leroy, mais les attaquants isérois manquent décidément cruellement de réussite, en particulier lorsqu'un tir de Broz trouve le poteau sur sa trajectoire. Les hommes de Mats Lusth peuvent avoir à juste titre l'impression d'avoir la poisse qui les poursuit car à la mi-match, le score est toujours de parité.

Les Spinaliens se permettent même plusieurs charges dans les bandes, infligeant une domination physique à des Brûleurs de Loups qui ne savent plus comment se sortir du piège qui leur est tendu. Väre continue de dégoûter un à un les attaquants grenoblois et le score paraît bloqué. Pourtant, sur un tir anodin en coin de Jan Hammar, près du banc grenoblois, le portier des Dauphins va s'incliner, surpris par la légère déviation d'Anders Nilsson (2-1, 36'45"). Ce but venu de nulle part provoque un immense soulagement dans les rangs grenoblois qui voyaient arriver la fin du tiers avec angoisse. Pourtant, les soucis grenoblois ne sont pas terminés car Ludek Broz se fait sanctionner pour une crosse haute sur Guillaume Chasssard, ce qui lui vaut une double pénalité mineure. Seulement une moitié de la pénalité est réalisée lors du deuxième tiers-temps, sans danger particulier pour Eddy Ferhi, le power-play vosgien ayant toujours autant de difficultés à s'installer.

Grenoble aborde la dernière période en infériorité numérique avec un petit but d'avance, pas cher payé compte tenu de la domination grenobloise au cours des deux premiers vingts (39 tirs cadrés contre... 9 !). Une fois la pénalité de Broz tuée, les Brûleurs de Loups se montrent cette fois plus prudents, avec l'ambition principale de protéger l'avantage acquis et de ne plus trop s'exposer. Du coup Épinal en profite pour s'enhardir et les Dauphins posent de plus en plus de problèmes à leurs hôtes dans leur zone défensive. Ferhi a plus de travail, sort un gros arrêt devant Jan Plch et n'est pas malheureux lorsqu'il est suppléé par son poteau sur un tir de Gervais. Grenoble en profite pour développer une contre-attaque menée par Damien Fleury qui déborde sur le flanc droit avant de s'offrir un face à face avec Väre conclu cette fois par un magnifique tir en lucarne (3-1, 46'31").

Avec ce but, Grenoble se donne de l'air mais une fois encore l'indiscipline remet les locaux dans l'embarras. Bergström puis Rouleau se relaient tour à tour en prison et même si le jeu de puissance spinalien est toujours aussi inefficace, le danger autour de la cage de Ferhi commence à se faire plus pressant. Les Brûleurs de Loups parviennent malgré tout à tuer les pénalités spinaliennes et se croient sortis d'affaire mais Jan Plch parvient à maintenir le palet dans la zone grenobloise et sert à la ligne bleue Stéphane Gervais. Ce dernier feinte le tir, efface Forsander et décoche ensuite un tir placé en lucarne (3-2, 54'46")... Du grand art !

Les cinq dernières minutes sont donc plus tendues que prévues. Les Grenoblois sont contraints de retourner au charbon, se contentant d'effectuer le plus proprement possible les tâches défensives, mais c'est bien Épinal qui domine ce troisième tiers-temps. Dans la dernière minute, Shawn Allard sort son gardien puis demande un temps mort. Krayzel s'échappe et centre trop tard pour Forsander, trop avancé pour mettre le palet dans la cage vide. Sans conséquence puisque Grenoble parvient à préserver l'avantage au score jusqu'au coup de sirène.

Difficile victoire pour Grenoble qui a pourtant très largement dominé les débats pendant quarante minutes. Mais les Brûleurs de Loups ont vraiment pêché dans la finition et ont buté sur un excellent Väre. Les nouvelles lignes offensives, essayées pendant un tiers à Rouen, ont donné satisfaction sur un match complet. Forsander trouve plus d'options aux côtés du duo tchèque Broz-Krayzel, même si cette ligne n'a pas été récompensée de ses efforts ce soir, tandis que la ligne Hammar-Tartari-Nilsson est une ligne défensive de qualité qui a su aussi se montrer dangereuse aux avant-postes. Fleury et Sivic sont toujours aussi complices et ont marqué deux buts. On regrettera en revanche un certain manque de discipline qui aurait pu coûter cher sans l'excellent jeu en infériorité numérique des Isérois. Une fois encore, les Brûleurs de Loups se contentent d'une victoire d'un but, faute d'avoir su mettre les palets au fond. Il faudra essayer de se faire moins de frayeurs mardi à Morzine dans un autre match important dans la course à la deuxième place.

Épinal a pour sa part beaucoup de raisons de rentrer satisfait dans les Vosges même s'il manque peut-être la principale : ramener au moins un point de son déplacement en Isère. Car pour le reste, la défense spinalienne fut héroïque, regroupée autour d'un excellent Eero Väre qui a fait souvent office de muraille infranchissable ce soir, retardant sans cesse l'échéance. Et si les Spinaliens n'ont pas montré grand chose offensivement, ils ont pu compter sur l'incontournable Jan Plch pour mettre en position de tir idéale deux défenseurs à la ligne bleue avec deux buts à la clé, dont un très subtil de l'excellent Stéphane Gervais. Le taux de réussite est élevé et il a permis d'entretenir l'espoir jusqu'au bout, permettant même à Allard de sortir son gardien. Seul déception ce soir côté spinalien, le power-play, très médiocre. Un défaut à corriger pour vaincre Chamonix dès mardi.

Désignés meilleurs joueurs du match : Damien Fleury (Grenoble) et Eero Väre (Epinal)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré) :

Baptiste Amar (capitaine de Grenoble) : "On a fait un match complet, en dominant notre adversaire. J'aime bien comment cette équipe se comporte mentalement. Par rapport à la réclamation de Rouen ? Je peux comprendre leur frustration mais ça va loin. Si on doit rejouer un match pour des erreurs d'arbitrage, on va en refaire beaucoup dans ce championnat."

Nicolas Tomasini (manager général de Grenoble) : "On subit le fait que Rouen porte plainte. Personnellement, j'ai été tellement déçu et surpris que j'aurais fait rejouer le match tout de suite. Nous, on ne discute plus avec la fédération, on applique."

 

Grenoble - Épinal 3-2 (1-1, 1-0, 1-1)

Mardi 20 janvier à 20h à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Damien Velay assisté de Anne-Sophie Boniface et Alexis Grabit.

Pénalités : Grenoble 12' (4', 4', 4'), Épinal 4' (2', 2', 0').

Tirs cadrés : Grenoble 47 (19, 20, 8), Épinal 20 (5, 4, 11).

Engagements gagnés : Grenoble 38, Épinal 34.

Évolution du score :

0-1 à 01'38" : Sivic assisté de Masa

1-1 à 17'28" : Quessandier assisté de Plch et Sundqvist

2-1 à 36'45" : Nilsson assisté de Hammar et Bergström

3-1 à 46'31" : Fleury

3-2 à 54'46" : Gervais assisté de Plch et Petrak

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Alexandre Rouleau - Maxime Moisand ; Viktor Wallin - Antonin Manavian ; Baptiste Amar (C) - Calle Bergström.

Attaquants : Martin Masa - Mitja Sivic - Damien Fleury ; Ludek Krayzel - Ludek Broz (A) - Johan Forsander ; Jan Hammar - Christophe Tartari (A) - Anders Nilsson.

Remplaçants : Lucas Normandon (G), Julien Baylacq, Raphaël Papa, Nicolas Arrossamena, Jason Crossman. Absents : Teddy Trabichet (blessé), Martin Jansson (genou, saison terminée), Mathieu Frecon (blessé).

Épinal

Gardien : Eero Väre [sorti à 58'59"].

Défenseurs : Benoît Quessandier - Stéphane Gervais (A) ; Peter Slovak - Fabien Leroy ; Lionel Simon - Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko - Alexander Sundqvist - Jan Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Michal Petrak - Guillaume Chassard (A) ; Guillaume Papelier - Ryan Caicco - Tarik Chipaux.

Remplaçants : Stanislav Petrik (G), John Paulson. Absent : Erwan Agostini (blessé).

 

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