Rouen - Martin (18 janvier 2009)

 

Coupe Continentale, superfinale, troisième journée.

Que ce dernier match du tournoi soit décisif pour l'attribution du titre est déjà une belle victoire pour Rouen. Bien sûr, battre Martin est une autre paire de manches. Une paire de taille XXL depuis la victoire de Bolzano dans l'après-midi. C'est en effet par quatre buts d'écart que Rouen doit maintenant gagner !

La pilule est un peu grosse contre une équipe slovaque qui a fait forte impression sur le public normand. Une amitié est toutefois née pendant le week-end, et les supporters slovaques, qui avaient déjà scandé "merci" pour les encouragements de la fin de match contre Bolzano, font le tour de la patinoire avec une banderole en français pour saluer leurs hôtes rouennais. On en oublierait presque qu'on n'en est pas encore aux cérémonies d'après-match.

Dans ce défi monumental, Rouen a l'avantage de ne pas partir dans l'inconnu. Outre que le gardien Ramon Sopko est ravi d'affronter des compatriotes, les Dragons ont joué un tournoi de pré-saison en Slovaquie et ont déjà rencontré des clubs d'Extraliga slovaque (2-6 contre Kosice, l'actuel leader, et 2-3 contre Poprad, mal classé derrière Martin).

Martin prend logiquement le contrôle, obligeant Rouen à des dégagements interdits après de longues séquences dans leur zone. Mais les Dragons n'ont pas l'intention de se laisser faire et y vont au culot, à l'image de leurs jeunes. Édouard Dufournet, intégré seulement à partir de la fin de match hier à la place de Strozynski, va presser Peter Klepac qui fait une glissade en contournant sa cage et offre littéralement le palet à Lionel Tarantino face au but, mais celui-ci bute sur Vlastimil Lakosil vite avancé. La première pénalité est sifflée contre Martin Cech en zone offensive. La plus belle occasion de la supériorité numérique est encore pour un junior, Loïc Lampérier, qui dévie entre les cercles une bonne passe de Jarkko Glad, mais Lakosil ferme la porte entre ses bottes.

Olivier Bouchard prend la première prison rouennaise, mais à quatre contre cinq, Julien Desrosiers intercepte le palet à la ligne bleue et décoche un tir du poignet dans la lucarne droite (1-0). La crosse du buteur Desrosiers accroche cependant l'aisselle de Cech en zone neutre, et une seconde infériorité s'enchaîne. Daniel Carlsson parvient à contrer Ivan Dornic en position idéale devant la cage et provoque même la faute du Slovaque en poursuivant son effort en zone neutre. Datelinka accroche ensuite Thinel qui travaille dans le coin, et Rouen se retrouve à 4 puis à 5 contre 3 au retour au jeu de Desrosiers. Celui-ci tente un slap, contré au départ par Vantroba, et redirige alors le palet à droite à Marc-André Thinel qui parvient à marquer dans un angle très fermé (2-0). Aussi incroyable que cela paraisse, Rouen a déjà fait la moitié du chemin...

Ramon Sopko se fait pénaliser pour retard de jeu à sa grande colère, indiquant que son dégagement a touché le plexi avant de sortir. Une décision lourde de conséquences, puisque le lancer de la ligne bleue de Jiri Polak, légèrement dévié par le patin de Doucet, lui passe sous les jambières (2-1).

Martin met la pression d'entrée en deuxième période, avec toujours des lancers excentrés dès que possible et des mises au jeu qui se succèdent en zone rouennaise. Lukas Riha fait le tour de la cage et sa passe du revers, touchée par deux crosses arrive quand même au poteau opposé à Lukas Havel, mais Sopko se détend pour un bel arrêt. Les Rouennais se distinguent par leur solidarité : quand un joueur commet une erreur, il s'en trouve toujours un pour la rattraper, à l'instar d'un admirable Daniel Carlsson qui intervient d'un poke-check assuré alors que Martin partait à quatre contre un.

Mais la pression est de plus en plus forte, et juste après avoir sauvé un palet de but derrière Sopko en infériorité, Jarkko Glad dégage dans les tribunes. Rouen se retrouve à 3 contre 5. Le lancer de Havel vise l'épaule gauche de Sopko qui laisse un rebond sur le côté et David Appel reprend le palet de volée juste avant qu'il ne touche la glace (2-2). Rouen n'abdique pas pour si peu. Dans la suite de l'infériorité, Desrosiers part pour son second breakaway, mais ce coup-ci Lakosil est agressif avec la crosse et fait barrage à l'attaquant qui se laisse emporter par sa feinte.

C'est la troisième ligne des jeunes Français qui est récompensée de ses étonnantes performances ce soir. Loïc Lampérier gagne la mise au jeu et travaille derrière la cage, Dufournet ressort le palet à la ligne bleue, Jean-François David lance au but pour chercher un rebond, et Lionel Tarantino, cette fois, ne manque pas sa chance (3-2). Un avantage au score qui ne dure pas longtemps. Jarkko Glad part en prison, Jean-François David se fait contrer dans sa zone en tentant la longue passe pour Desrosiers, et le palet arrive à David Appel en plein élan qui tire sans opposition entre les jambières de Sopko (3-3).

Du bonus en vue de la troisième période : Miroslav Vantroba prend une pénalité à la dernière minute, plus une méconduite pour un geste d'énervement, et en tentant une dernière contre-attaque, Dornic commet un cinglage vraiment malvenu en zone offensive.

Rouen reprend donc le jeu à 5 contre 3. Julien Desrosiers prend un lancer bas de la ligne bleue dans le but de donner un rebond au maître du slot Olivier Bouchard (4-3). Les Dragons se sacrifient pour préserver cette avance. Petri Virolainen et Julien Desrosiers prennent chacun le palet dans la cheville pendant la même infériorité numérique en faisant front devant un lancer.

La vitesse du trio tchèque Appel-Riha-Havel reste une menace constante, et Olivier Bouchard se fait pénaliser en chargeant contre la cage rouennaise un David Appel dangereusement infiltré. En supériorité numérique, Lukas Riha attire la défense derrière le but et passe en retrait à Lukas Havel qui contourne tranquillement Sopko (4-4). En plus, Jean-François David se fait envoyer en prison pour une faute hors du jeu après le but. Thinel intercepte quand même un palet en zone neutre, sans pouvoir battre Klepac en un contre un par sa palette technique.

Julien Desrosiers n'en a pas fini de son festival, il prend de vitesse tout le monde et met totalement dans le vent Datelinka en un contre un avant que le gardien n'arrête son tir. À deux minutes de la fin, Doucet envoie au fond et Appel fait obstruction sur lui à la ligne bleue. Rouen bénéficie donc d'une supériorité numérique pour remporter au moins la victoire, ce qui permettrait de passer devant Bolzano au classement. Le contrôle du palet est parfait, dans l'attente d'une solution. La passe de la bleue de Desrosiers est magnifiquement déviée dans le slot par Doucet en direction de Thinel seul en angle à droite (5-4).

Les joueurs de Martin lèvent les bras un peu tôt, puisque les arbitres tiennent à siffler la dernière faute de Virolainen sur Riha et à faire jouer la dernière seconde inutile. Les Slovaques fêtent leur titre, mais les Rouennais se congratulent après cette magnifique victoire, la plus belle et la plus significative d'un club français depuis la victoire de Reims à Ambrì en 1999 au temps de la défunte Ligue Élite.

En général, enchaîner trois matches en trois jours est un challenge pour les clubs français. Rouen, au contraire, a impressionné par la capacité de tous les joueurs - de l'ancien Carlsson aux plus jeunes - à élever leur niveau de jour en jour. Les Dragons ont renoué avec leurs grandes heures continentales et y ont repris goût. De quoi donner envie de faire partie de la Ligue des Champions avec des qualifications en "format élargi" pour des défis de ce genre contre un grand d'Europe.

Compte-rendu signé Marc Branchu (photos Thierry Frechon)

 

Commentaires d'après-match

Dusan Gregor (entraîneur de Martin) : "Nous avons remporté cette Coupe Continentale. Ce tournoi, cependant, a montré que nous n'étions pas si loin d'eux, donc nous ne pouvons pas parler de façon méprisante du hockey italien, français ou biélorusse. Notre équipe a montré deux visages. Le meilleur, avec du beau jeu et un hockey solide et agréable, et le pire, quand nous avons manqué de discipline. Je regrette beaucoup ce dernier match, où l'équipe locale a fait preuve de plus de détermination. Elle nous a fait défaut aujourd'hui."

 

Rouen - Martin 5-4 (2-1, 1-2, 2-1)

Dimanche 18 janvier 2009 à 19h30 à l'île Lacroix. 2747 spectateurs.

Arbitrage d'Antonin Jerabek (TCH) et Aleksei Ravodin (RUS) assistés de Peter Bedo (HON) et Daniel Zosso (SUI).

Pénalités : Rouen 22' (6', 6', 10'), Martin 26' (6', 6'+10', 4').

Tirs : Rouen 22 (4, 8, 10), Martin 35 (11, 16, 8).

Évolution du score :

1-0 à 10'24" : Desrosiers (inf. num.)

2-0 à 14'37" : Thinel assisté de Peltola et Desrosiers (double sup. num.)

2-1 à 16'41" : Havel assisté de Klepac (sup. num.)

2-2 à 27'12" : Havel assisté d'Appel et Macho (double sup. num.)

3-2 à 30'23" : Tarantino assisté de David

3-3 à 33'39" : Appel (sup. num.)

4-3 à 40'45" : Bouchard assisté de Desrosiers et David (double sup. num.)

4-4 à 52'16" : Havel assisté de Riha

5-4 à 59'11" : Thinel assisté de David (sup. num.)

 

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Petri Virolainen - Jarkko Glad ; Daniel Carlsson (A) - Jean-François David.

Attaquants : Olivier Bouchard - Éric Doucet (C) - Marc-André Thinel (A) ; Julien Desrosiers - Mikko Peltola - Jérémie Romand ; Lionel Tarantino - Loïc Lampérier - Édouard Dufournet.

Remplaçants : Ronan Quemener (G), Cédric Custosse, Thomas Baubriau, Sébastien Strozynski, Peter Bourgaut. Absents : Carl Mallette (déchirure abdominale), Jaako Niskavaara (infection ayant atteint l'oreille interne, vertiges).

MHC Martin

Gardien : Vlastimil Lakosil.

Défenseurs : Peter Klepac (A) - Jiri Polak ; Ivan Datelinka - Adam Drgon ; Miroslav Vantroba - Marek Kolba.

Attaquants : David Appel - Lukas Riha - Lukas Havel ; Michal Macho - Michal Beran (C) - Miroslav Skumat ; Martin Cech - Ivan Dornic - Jaroslav Török (A) ; Guntis Dzerins.

Remplaçants : Michal Dzubina (G), Peter Trokan, Kamil Mahdalik, Andrej Themar. Absent : Daniel Babka (genou).

 

Retour à la Coupe Continentale