Bordeaux - Viry-Châtillon (3 janvier 2009)

 

Championnat de France de division 1, quinzième journée.

Ledoux parfum de la reprise

À peine trois jours après le réveillon de la Saint-Sylvestre, voilà les hockeyeurs de D1 de nouveau sur la glace. Du côté de Bordeaux, on a procédé à de nombreuses retouches : changement de composition des lignes, modifications des unités spéciales, nouvelles tactiques sur les mises en jeu, on profite de la nouvelle année pour tester de nouvelles situations de jeu. Nicolas Courally et Gautier Lafrancesca en profitent pour faire le retour dans l'effectif après une longue absence alors que Vincent Mary apparaît pour la première fois sur une feuille de match, lui qui souffrait d'une pubalgie depuis le premier match de pré-saison.

Côté castelvirois, quelques petites retouches ont été apportées également. C'est surtout la défense qui a dû être revue et corrigée puisqu'en plus de l'absence d'Hugo Astic (parti vivre à Montpellier), il faut conjuguer l'absence habituelle en déplacement de Jérémy Buigues. Du coup, il n'y aura que deux lignes de défense qui devront s'aligner sur les trois lignes d'avants de ce soir. Offensivement, le principal changement intervient sur une nouvelle séparation du duo Ledoux / Marouillat. Enfin, Geoffroy Marcon a dû se déséquiper afin de faire office de coach sur le banc des Jets.

Dès l'entame du match on se rend compte que les Boxers n'ont pas encore gommé tous leurs défauts. Comme souvent face à une équipe réputée plus faible, les Girondins ont tendance à tomber dans le rythme, forcément plus lent, de leur adversaire. Du coup, on a plus l'impression d'assister à un match de tennis qu'à une partie de hockey : le palet passe d'une zone à l'autre au rythme d'une balle de tennis. À ce petit jeu ce sont les Jets, profitant d'une supériorité, qui se mettent en évidence en premier : Kévin Ledoux récupère le palet à la neutre et slalome entre les défenseurs locaux pour aller adresser un slap non cadré. Cette première frayeur a pour effet de réveiller aussitôt les Boxers : Cyril Lambert, à la bleue, adresse une passe à Nicolas Courally qui perd son face-à-face avec Francis Larrivée. Puis, c'est au tour de Yann Lecompère de se créer une belle occasion en reprenant en one-timer un travail derrière la cage de Courally. Mais comme toujours, Viry joue son rôle de trublion : pourtant en infériorité, Ledoux récupère le palet, chute, glisse mais parvient néanmoins à passer le puck à Kerneis qui adresse un missile que Burnet capte de sa mitaine sûre.

Petit à petit, Bordeaux pose son emprise sur la partie. Les gestes techniques se succèdent sans pour autant apporter la concrétisation. Il s'en est fallu d'un cheveu lorsque Lafrancesca, servi de la droite par Lambert, trouve le poteau à la dixième minute. Dans la foulée, sur une mise en jeu, les Boxers mettent en place un alignement agressif où les joueurs sont tous sur la même ligne, laissant un trou béant en cas de perte du palet. Bien sûr, Ledoux gagne la mise en jeu et sert Lelièvre qui a un boulevard devant lui : Burnet est encore là pour stopper la progression.

On assiste ensuite à une nouvelle démonstration de la théorie de la gravité qui règne parfois sur les terrains de sport : suite à un attroupement devant la cage des Jets, Lafrancesca et Larivée s'échange gentiment des baffettes avant que ce dernier ne soit brutalement rappelé par cette fameuse gravité... Le jeu reprend avec un avantage numérique en faveur des Boxers mais la partie de tennis continue. On a même l'impression de voir Nadal contre Federer ! D'un côté les Boxers s'inspirent du Majorquin en envoyant des missiles par Savage puis Grenier alors que les Jets jouent plus en "toucher de palet" avec une maligne déviation de Ledoux sur un tir de Kerneis puis un tour de cage de Litim qui finit sur le poteau de Burnet. La pression des Jets se fait de plus en plus forte avec un une-deux Marouillat-Morette sur lequel Burnet doit s'y prendre à deux fois. Et pourtant c'est à ce moment-là que les locaux se réveillent : Vincent Cadren déboule sur la droite, repique vers la cage et tire sur la jambière de Larivée ; Nicolas Mariage est au rebond et pousse le palet dans la cage grande ouverte (1-0, 16'48").

On croit la partie enfin lancée pour les Boxers mais il ne faudra que quinze secondes aux Castelvirois pour égaliser : Lelièvre gagne la mise en jeu, parvient à conserver le palet malgré deux défenseurs sur lui, et sert Ledoux qui envoie la rondelle en plein dans la lucarne de Burnet (1-1, 17'03"). Un bel exploit du jeune Lelièvre, tout en finesse, qui permet à Ledoux de marquer son traditionnel but à Mériadeck. Le tiers se termine de manière toujours aussi brouillonne : Boubé a une double occasion de marquer mais son premier lancer est repoussé par le portier adverse alors que le second est non-cadré.

Stéphan Tartari avait prévenu ses troupes et avait eu un discours sévère dans le vestiaire mais cela n'a pas porté ses fruits. On sent les Boxers supérieurs, tant techniquement que physiquement, mais les beaux gestes sont souvent les gestes de trop et l'efficacité est la grande perdante du jeu présenté dans le premier tiers. En face, les Jets luttent avec leur effectif réduit mais aussi avec leurs qualités traditionnelles : ça patine vite, ça ne lâche rien et ça travaille partout... Résultat, une première période qui se termine sur un score de parité logique.

Le deuxième tiers s'annonce pourtant mieux pour Bordeaux : on se doute qu'ils sont remontés après ce premier tiers mitigé et ils bénéficient de l'absence prolongée d'Harond Litim qui a pris une méconduite en fin de tiers, ce qui lui permettra de faire plus ample connaissance avec la mascotte de Mériadeck... Et pourtant, ce sont les Jets qui vont encore s'affirmer : Marouillat, en fin renard, récupère un palet dans la neutre et s'en va tout seul tromper Christophe Burnet (1-2, 21'12"). À peine le temps de réengager que Ledoux se lance dans un nouveau slalom qui donne le tournis à la défense, il passe sur la droite à Kodyjasz qui envoie le palet dans la mitaine de Burnet. Les Bordelais semblent tétanisés et doivent attendre une supériorité pour enfin se montrer. Ils parviennent à s'installer dans la zone des Jets : Patard remet à la bleue à Pérez dont le lancer est astucieusement dévier par Mariage dans les buts de Larivée (2-2, 28'44"). Pour l'instant, c'est donc la troisième ligne, celle des travailleurs, qui permet aux Boxers de rester dans le match.

Quelques secondes plus tard, Arnaud François part à son tour visiter la prison de Mériadeck. L'occasion pour la table de marque de réveiller le public en annonçant une pénalité contre l'équipe de... Verrue ! Ha, les joies du direct ! Ces deux minutes vont se traduire par une grosse domination des locaux qui tirent et passent dans tous les sens. Larivée, en confiance, repousse tout ce qui passe, le plus souvent dans un style peu académique, mais le résultat est là, Viry est toujours dans le coup. Au fur et à mesure, c'est le physique qui fait la différence. Cela aurait pu venir du tir dévié de Christophe Pérez mais le palet virevoltant dans les airs finira par s'écraser sur la transversale. Ensuite, c'est un nouveau débordement de Cadren qui sert au centre son compère Mariage qui, dans le slot, échoue deux fois sur les bottines du portier québécois.

Alors qu'on semble s'acheminer vers un but bordelais attendu par tous, les Jets prennent tout le monde à contre-pied en se remettant d'aplomb. Dave Grenier est contraint d'effectuer un retour sublime, au dernier moment, sur une offensive de Foata. Puis c'est un défenseur qui va venir suppléer Burnet... Sur cette action, Mlle Picavet est alertée par son accesseur, Mlle Girard, que le défenseur en question a gelé le palet avec son gant, ce qui signifie un tir de pénalité en faveur des Jets. Il s'agit sans doute là du tournant du match ! Kévin Ledoux s'élance, mais arrivé devant le but, il semble changer d'avis à l'ultime moment, et dans ces cas-là, ça offre l'arrêt au portier bordelais qui n'en demandait pas tant. Finalement, après cette frayeur, les Boxers vont enfin parvenir à prendre l'ascendant au score : Larrieu, sur la gauche, décide de ne pas se lancer dans une passe improbable. Il prend ses responsabilités, repique au centre et glisse malicieusement la rondelle entre les jambes de Larivée (3-2, 39'16"). Enfin, par ce geste simple et emprunt d'intelligence, les Bordelais virent en tête.

Le prochain but s'avère primordial : soit les locaux enfoncent le clou, soit les Jets égalisent mettant les Boxers dans une position bien inconfortable. Heureusement pour les Bordelais, le sort du match sera plié en trois minutes. Après tout juste quarante secondes de jeu, Ledoux est sanctionné d'une charge incorrecte. Sur l'engagement, Patard récupère le palet sur la droite : son premier lancer est contré par un Kerneis qui s'est sacrifié en plongeant, mais le second file droit dans la lucarne de Larivée (4-2, 40'57"). Remise en jeu au centre, et une action déjà vue des centaines de fois : Vincent Cadren lance... Nicolas Mariage, bien sûr, qui feinte le tir, se décale sur la droite mais rabat trop le palet qui finit sa course sous la jambière d'un Larivée pourtant battu. Mais finalement la délivrance viendra d'un but québécois : Savage remet à la bleue à Grenier qui, de son inévitable lancer vicieux, bat le portier adverse, québécois lui aussi (5-2, 43'00").

Les Jets à bout de force doivent désormais se contenter de défendre, espérant une possibilité de contre... Mais ils sont vraiment au bout du rouleau, à l'exception de l'infatigable Kerneis, et le palet est plus souvent qu'à son tour dans leur zone. Lassalle s'infiltre et sert au second poteau Lafrancesca, contraint de se jeter pour reprendre un palet qui passe finalement à quelques millimètres du but. Ensuite, il y aura ce magnifique jeu en triangle initié par Pérez : Horrut-Cadren-Mariage font tourner les têtes mais Larivée est encore là...

Le match finira sur ce constat d'échec (symbolique ?) : devant une cage désertée, les Boxers seront incapables de mettre le palet au fond : Lambert, Courally puis Lafrancesca rateront l'immanquable, non, ça ne voulait pas sourire ce soir.

Pour un match de reprise, dont on sait qu'il s'agit souvent d'un match piège, les Boxers ont ramené l'essentiel, les deux points de la victoire. Il y eut quand même de jolis moments de hockey ce soir, de part et d'autres d'ailleurs, et les Boxers ont quand même quelques motifs de satisfactions à afficher : les nouvelles lignes paraissent plus équilibrées désormais, avec trois lignes toutes aussi capables de marquer ; une efficacité maintenue sur les power-plays ; un repli défensif du troisième homme très bien réalisé. Reste maintenant à travailler la concrétisation et le réalisme devant le but ainsi que le mental qui semble parfois fébrile à domicile.

Du côté des Jets, là aussi des motifs de satisfaction : l'entente du nouveau duo Lelièvre-Ledoux ; un Larivée jamais vu à ce niveau à Mériadeck ; une évidente cohésion du groupe et des cadres toujours aussi présents (Marouillat, Ledoux, Kerneis...). De quoi donner des ambitions aux deux équipes pour la suite de la saison (chacun dans leur domaine).

Élus hommes du match : Francis Larivée à Viry et Nicolas Mariage à Bordeaux.

Compte-rendu signé Alex Mondin

 

Bordeaux - Viry-Châtillon 5-2 (1-1, 2-1, 2-0)

Samedi 3 janvier 2009 à 18h15 à Mériadeck. 1848 spectateurs.

Arbitrage de Marie-Tjana Picavet assisté de Charlotte Girard et de Guillaume Barthe.

Pénalités : Bordeaux 10' (4', 2', 4'), Viry 28' (8'+10', 4', 6').

Tirs : Bordeaux 52 (19, 18, 15), Viry 29 (11, 10, 8).

Évolution du score :

1-0 à 16'48" : Mariage assisté de V. Cadren

1-1 à 17'03" : Ledoux assisté de Lelièvre

1-2 à 21'12" : M. Marouillat

2-2 à 28'44" : Mariage assisté de Pérez et Patard (sup. num.)

3-2 à 39'16" : Larrieu assisté de Lassalle et Grenier

4-2 à 40'57" : Patard assisté de Wiart (sup. num.)

5-2 à 43'00" : Grenier assisté de Savage

 

Bordeaux

Gardien : Christophe Burnet.

Défenseurs : Jan Majercak - Dave Grenier ; Cyril Boubé - Yann Lecompère (C) ; Mickaël Wiart - Christophe Pérez ; Alexandre Boirie.

Attaquants : Raphaël Larrieu (A) - Xabi Lassalle - Jean-François Savage ; Cyril Lambert [ou Romain Horrut] - Nicolas Courally - Gautier Lafrancesca ; Nicolas Mariage - Jérôme Patard (A) [ou Horrut] - Vincent Cadren.

Remplaçants : Julien Leclerc (G), Vincent Mary. Absents : Sébastien Cadren, Thomas Giraudau (cervicales), Jill Cauly (suspendu deux matchs pour coup de tête).

Viry-Châtillon

Gardien : Francis Larivée [sorti de 57'14" à 58'01" puis de 59'26" à 59'59"].

Défenseurs : Yann Morette - Guillaume Jeannette ; Virgile Ponticelli - Yvan Kerneis.

Attaquants : Giovanni Lelièvre - Kévin Ledoux - Victor Peduzzi ; Anthony Kodyjasz - Michaël Marouillat - Arnaud François ; Harond Litim - Romain Costes - Fabien Foata.

Remplaçant : Geoffrey Marcon (G, en coach). Absents : Hugo Astic (déménagement à Montpellier), Jérémy Buigues (raisons professionnelles), Tyler Shedden, Alexis Gautron, Robin Chrétien.

 

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